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« le: 15 décembre 2010, 21:29:05 »
[center:bq5z2d8i]Chapitre Premier[/center:bq5z2d8i]
[justify:bq5z2d8i]« La lune est pleine et le ciel étoilé ce soir. La virée va être magnifique… »
Artanis adorait sentir le vent sur sa figure et voir le paysage défiler comme si elle volait. Son cheval préféré, Volondil galopait égal à une flèche lancée. Les plaines de Nùmendil étaient d’une telle immensité qu’elles rivalisaient avec la majesté des cieux. On ne voyait que des masses d’herbes d’un vert profond à perte de vue. La jeune fille calma son étalon fougueux, et regarda tranquillement couler les flots du Findambar. Elle aimait ce fleuve, car son onde était apaisante, et il emportait son imagination dans des pays lointains. Après une heure de songe, elle pensa à rentrer. Artanis se permit un petit tour au galop et partit pour Keldel.
La ville était construite en différentes étapes. D’abord venait le quartier des pauvres et du marché, le plus grand. Ici, la nuit grouillait d’animations diverses. Mais les soldats de l’empereur étaient toujours là lorsque des hommes avaient trop bu… Puis petit à petit, les maisons se transformaient, évoluaient. On arrivait chez les bourgeois. Enfin le palais apparaissait. Somptueux, sa pierre restait toujours pure, d’un blanc éclatant. Il était constitué d’un nombre incalculable de tours et de fenêtres. Elle avança vers le pont-levis. Les gardes pointèrent leurs armes, puis la reconnaissant, les abaissèrent et la saluèrent. Elle entra alors dans l’enceinte du château.
Là encore, plusieurs bâtisses étaient érigées, servant surtout à la fabrication d’armes et d’objets de guerre, des forges. La jeune fille se dirigea vers les écuries. Personne ne l’attendait. Tant mieux. Elle pourrait s’occuper de son cheval. Artanis aimait ce moment particulier avec Volondil, car pour elle, il était plus qu’un moyen de transport, beaucoup plus même, il était son ami. Celui à qui elle s’était toujours confiée. Alors elle aimait le bichonner et parler en tête-à-tête avec lui. Après avoir souhaité bonne nuit à l’étalon, Artanis rentra au palais.
Tout était sombre. Evidemment, la nuit était quasiment à la moitié de sa course. Elle monta rapidement, mais discrètement à ses appartements. Seule sa sœur, Kellyan, était au courant de ses escapades nocturnes ; et la jeune fille ne tenait pas à ce que cela s’ébruite. Artanis ouvrit les fenêtres de sa chambre, la chaleur était étouffante, et entreprit de se déshabiller.
Elle sourit en pensant à la réaction de ses parents s’ils savaient… Ils lui reprocheraient sa conduite encore une fois… Elle avait toujours été à part : elle s’évadait facilement, elle était proche de la nature, elle avait un goût prononcé pour la dague et l’arc, elle montait comme un homme, elle allait souvent en ville… Et le pire pour son entourage, elle haïssait tous ces grands repas bourgeois, où chacun essayait d’avoir l’air plus riche et plus important que l’autre. Ils étaient tous à la botte de la reine, et ne savaient pas prendre de décision par eux-mêmes. Seule sa sœur aînée restait la plus sensée. Artanis était méprisée par tous ces gens, mais elle ne s’en souciait pas. Cependant, elle avait des qualités, et était aimée de la plupart des pauvres et du personnel du palais. Artanis était généreuse, elle savait écouter. Elle ne les méprisait pas et n’avait pas pitié d’eux. Lorsqu’elle leur parlait, c’était d’égal à égal. C’est pour cela qu’elle se promenait souvent. Elle aimait le contact avec ces gens qui n’étaient pas aveuglés par la richesse et l’orgueil…
La jeune femme se glissa entre les draps et s’endormit.
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Un rayon de lumière inonda la pièce et vint caresser Artanis. Celle-ci ouvrit doucement les paupières, et sourit en entendant la voix bourrue de sa gouvernante. Elle l’adorait. Eléonore était petite et bien portante, mais sa force était étonnante. On s’attachait facilement à elle. Elle avait toujours été bonne, sévère mais juste, envers Artanis.
- Allez ma fille, debout ! Vous allez être en retard ! N’oubliez pas que votre mère reçoit Prince Thalion au repas de midi !
- Oui Eléonore, je me lève… Quelle robe dois-je porter ?
- Eh bien je vous ai déjà tout sorti, sachant votre goût incontesté pour les habits élégants…
Artanis fit la grimace et enfila prestement la robe. Elle était d’un rouge bordeaux, avec des rubans de soie qui entouraient le bas, et le décolleté était vraiment serré.
- Oh Eléonore ! Suis-je vraiment obligée de porter cela ?
- Oui, je suis désolée, mais c’est une tenue de circonstances…
- De circonstances ? Comment cela ?
Une lueur de surprise traversa les yeux de la gouvernante, qui grommela :
- La reine vous expliquera… Il faut que vous soyez prête dans une quinzaine de minutes. Kellyan viendra vous chercher.
- Bien.
Artanis se coiffa. Sa longue chevelure brune tombait en cascade sur ses épaules, mais Giliane, sa mère, n’aimait pas la voir ainsi. Alors elle tressa ses cheveux sur un côté, et mis son diadème, qui était aussi simple que sa coiffure. Puis la jeune fille se leva et ajusta d’un geste ce qui n’allait pas. Des coups furent frappés à la porte. Artanis demanda :
- Qui est-ce ?
- Kellyan, je peux entrer ?
- Oui vas-y.
Kellyan poussa la porte et admira sa sœur.
- Tu es très belle comme cela. J’adore te voir coiffé ainsi, c’est magnifique et cela te ravi.
- Merci. Tu n’es pas mal non plus, ajouta Artanis après un coup d’œil.
La robe de Kellyan était d’un vert très doux, enrichie en décorations et en parures. Comme elle, le décolleté était voyant, mais cela ne semblait pas gêner sa sœur. Elle avait une coiffure très complexe qui mettait en valeur son visage. Son diadème était un peu plus recherché, car elle prendrait la tête de la ville à la suite de ses parents. Kellyan pressa sa sœur :
- Allez, on va être en retard !
- Oui… Tu sais qui est ce Prince toi ?
Kellyan eut un moment d’hésitation.
- Non… je sais juste qu’il habite la capitale des contrées de Damorzel : Hedertieht. Il est le fils de l’Empereur lui-même, et réside au Palais. Mais Mère t’en diras plus.
- Eh bien, allons-y !
Les deux jeunes femmes traversèrent une multitude de couloirs, tous richement décorés, et toutes les personnes qu’elles rencontraient sur son passage s’inclinaient. Artanis n’était pas dans son élément… Les sœurs arrivèrent à la salle du trône. Leurs parents, Giliane et Lenaik, les attendaient. Elles les saluèrent respectueusement. Puis Giliane prit la parole :
- Kellyan, va attendre ta sœur à la porte.
Elle eut l’air surprise, puis aquiesça et se retira. Seule avec ses parents Artanis était mal à l’aise… Sa mère reprit :
- Ma chère Artanis, il faut que je te dise deux choses très importantes. D’abord tu n’es pas notre fille naturelle. En effet, nous t’avons recueilli alors que tu étais encore bébé, tu avais été abandonnée près de la porte principale. Une lettre nous demandait de prendre soin de toi comme notre propre fille. Nous l’avons fait, nous t’avons soignée, nourrie, logée…
Tout se mélangea dans son esprit… Elle avait été adoptée… Cela expliquait beaucoup de choses ! La distance de ses parents envers elle, la préférence pour Kellyan, le fait qu’elle ne se sente pas chez elle… Giliane lui laissa le temps de tout assimiler, et continua :
- Dans l’enveloppe il y avait quelque chose que je devais te remettre le jour de ton départ. Tiens…
C’était une simple corde de cuir noir, avec au bout une pierre. C’était fascinant ; elle mélangeait les couleurs rubis et saphir, avec de l’or qui chatoyait par endroit, comme si elle était vivante. Artanis aima immédiatement la Pierre. Elle le mit autour de son cou. Puis quelque chose l’assaillit. « Le jour de ton départ… ». Elle demanda :
- Le jour de mon départ ? Il me faut partir ?
- Eh bien ma fille tu as atteint ta majorité, et nous ne te prendrons pas toujours en charge. Tu dois commencer à faire ta vie.
- Faire ma vie ? Je suis désolée mère, mais je crains de ne pas bien comprendre...
- Hum… En vérité, le Prince Thalion ne vient pas ici en simple visite, mais il m’a demandé ta main par écrit, et… hum… nous avons accepté… Il est ton fiancé.
La jeune fille fut prise de vertiges. Son sang bouillonnait dans ses veines tandis qu'un sentiment de colère montait en elle.
- Mais comment est ce que... Pourquoi ? Ne puis-je pas rester avec vous ?
- Désolée Artanis, mais nous sommes déjà engagés envers le Prince, et de plus tu devrais savoir que les mariages arrangés sont courants. On ne fait plus de mariage d'amour depuis longtemps. J'estime que nous avons accompli notre devoir, et tu devrais nous être reconnaissante : nous t'offrons un très bon parti, qui plus est, le fils de l'empereur.
Giliane acheva la jeune fille. Une quantité de sentiments la faisait frémir ; la colère, l'injustice, l'impuissance, la peur et... la haine. Artanis bouillait, mais elle se dit qu'il ne valait mieux pas dire tout ce qu'elle pensait... Elle laissa cependant échapper une infime partie de sa rage :
- Oui évidemment vu comme cela... ça vous arrange hein ?
Lenaik, qui était resté silencieux jusque là, explosa:
- Ecoute Artanis, nous avons eu beaucoup de mal pour arranger ce mariage, et tu viens nous dire que c'est juste pour notre propre intérêt ? Moi je ne crois pas, tu épouseras ce Prince. Tu m'as bien compris ?
La jeune fille inclina la tête.
- Oui Lenaik.
Sur ce dernier affront, il se leva, et lui administra une gifle magistrale.
-Bien, et ne t'avise plus de manquer de respect. Tu peux te retirer, mais sois à l'heure pour le repas.
Artanis lui jeta un regard brûlant de haine, et partit la tête haute. Elle franchit la porte d'un pas vif, Kellyan la rattrapa.
- Artanis ! Artanis attends !
La jeune fille s’arrêta et fixa sa sœur :
- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu ne crois pas qu’on ne m’en a pas déjà assez fait comme ça ? Tu veux en rajouter ?
- Ecoute Artanis, je crois qu’il est temps que nous ayons une discussion. Viens, allons marcher dans le parc.
Kellyan savait que c’était un des endroits préférés de sa petite sœur. Artanis hocha la tête et la suivit. Elles marchèrent en silence un moment, lui laissant le temps d’encaisser ce qu’elle venait d’apprendre. Le ciel était limpide, un soleil d’été venait éclairer une végétation luxuriante. Des arbres étaient plantés ici et là ; des buissons, des parterres de fleurs étaient disséminés dans tout le parc. Des oiseaux chantaient, et une masse de petits animaux vivaient tranquillement. Cet endroit inspirait la paix, et Artanis se calma assez vite. Elles allèrent s’asseoir devant le petit étang, et restèrent un moment à le contempler. Ce fut Kellyan qui rompit le silence :
- Je suis désolée…
- De quoi ? répondit la jeune fille amère. On ne peut rien changer.
- De tout. Tu sais j’étais au courant pour tout, mais je n’avais pas le droit de t’en parler, et ça me brisait le cœur de voir le comportement de nos parents. J’ai vraiment essayé d’être comme une sœur pour toi.
- Oui et tu as réussi. Tu es ma sœur et tu la resteras quoi qu’il arrive. Ce n’est pas après toi que j’en ai, tu sais… Je ne comprends pas comment est-ce qu’ils ont pu me faire ça. Tu m’excuseras mais je ne peux plus les considérer comme mes parents. Ils sont deux parfaits étrangers pour moi. Tu sais à quoi ressemble mon fiancé ?
- Non je ne l’ai jamais vu. Mais tu as raison, papa et maman ont été odieux. J’espère que vous pourrez être heureux… Garde espoir, je suis avec toi.
- Oui mais pour combien de temps ? Lorsque je partirai, tu ne seras pas avec moi… Et dire que je ne peux même pas aller faire un tour à cheval. J’en aurais besoin…
- Courage Artanis. J’entends un bruit de galop. Allez, viens, rentrons.
Kellyan serra sa sœur dans ses bras, puis elles partirent en direction du château. Artanis avait le cœur lourd. Elle était morte de peur ; ses mains tremblaient. Elle fut cependant étonnée de ne voir que deux chevaux, sans aucune suite et tout ce qui va avec. Alors son cœur se gonfla d’espoir. Les deux jeunes filles rentrèrent dans la salle ou les attendaient ses parents, avec deux hommes. L’un était habillé simplement, contrairement à l’autre que des habits élégants, sans toute fois être extravagants, rendaient charmant. Il plut tout de suite à la jeune fille ; cependant, elle restait méfiante. Elles s’inclinèrent et attendirent que leur mère fasse les présentations. Ce fut Lenaik qui prit la parole, froidement :
- Artanis, Kellyan, voici le Prince Thalion, dit-il en désignant le jeune homme raffiné. Prince voici votre fiancée, Artanis, et sa sœur Kellyan.
Thalion baisa les mains de deux sœurs, s’attarda un peu sur celle d’Artanis, puis parla à son tour :
- Je suis enchanté de faire votre connaissance. Malheureusement, comme je vous l’ai expliqué, je ne peux rester très longtemps, et je crains, que vous ne deviez préparer vos affaires Princesse Artanis. N’emportez que le strict nécessaire, nous passerons chercher le reste de vos biens. Nous partirons à cheval. Majesté, dit-il en se tournant vers Giliane et Lenaik, je suis désolé de ne pouvoir rester parmi vous.
- Je vous en prie Prince, répondit Giliane, nous comprenons. Artanis, va préparer tes affaires, dépêche-toi !
- Oui Mère.
- Je l’accompagne, ajouta Kellyan.
Elles saluèrent, tandis que Thalion leur renvoyait un sourire. Puis elles s’éclipsèrent. Perdue dans ses pensées, Artanis entendait sa sœur parler, sans l’écouter vraiment.
- Qu’est-ce qu’il est beau ! Il a l’air prévenant, tendre… Je suis sûre qu’il fera un très bon mari, non ? Artanis ? Dis, tu m’écoutes ? !
- Oh ! Euh… non excuse-moi Kellyan. Je pensais à ce départ précipité. Enfin, tu as raison, peut-être qu’il est bon, mais je me méfie. On verra bien.
Les deux sœurs arrivèrent dans la chambre d’Artanis. Elle prit le sac en bandoulière qu’elle emmenait toujours lors de ses promenades avec Volondil. Elle y introduisit de quoi écrire, quelques petits objets auxquels elle tenait beaucoup, dont un présent de sa sœur. Alors, elle entreprit de se déshabiller avec l’aide de Kellyan. Elle enfila sa tenue de cavalière, enroula ses cheveux en chignon serré et passa la Pierre autour de son cou. Les jeunes filles se regardèrent, puis s’étreignirent. La voix d’Artanis tremblait :
- Il faut y aller, tu vas me manquer. Mais je te promets de t’écrire
- Moi aussi tu vas beaucoup me manquer. Alors écris-moi autant que tu pourras !
- C’est juré !
Puis elles versèrent quelques larmes dans les bras l’une de l’autre. Ensemble, elles descendirent les marches qui menaient à la cour. En chemin Artanis confia ses affaires à sa sœur, en lui disant qu’elle pourrait garder quelques objets ou vêtements qui lui plaisaient, avant de les lui envoyer. La jeune fille s’aperçut que Volondil était déjà prêt, et qu’il l’attendait. Arrivée devant ses « parents », elle hésita de la conduite à tenir, puis finalement les embrassa tous les deux, mais ce fut froid et distant. Elle serra de nouveau Kellyan contre elle, qui, les yeux emplis de larmes, lui murmura d’une voix tremblante :
- Prends soin de toi, je t’aime
- Je t’aime aussi, tu seras une très bonne reine je n’en doute pas.
Sur ce, elles s’embrassèrent. Puis Artanis sauta sur son étalon, qui piaffait d’impatience, et après un dernier signe de la main se retourna, et suivit sa destinée. Mais ce n’était pas fini. La ville entière était venue assister au départ. Artanis les regarda longuement, et grava chaque détail, s’imprégnant d’une ville qu’elle ne reverrait sans doute jamais ! Cela faisait tellement de couleurs, d’odeurs, et de saveurs, qu’elle connaissait si bien ! Tout allait lui manquer ! C’est donc le cœur lourd qu’elle quitta définitivement Keldel.
Thalion se lança alors au galop suivit de son compagnon. Artanis les rattrapa facilement. Ils suivaient le fleuve. La jeune fille regardait ce paysage si familier défiler, puis lui échapper. Elle laissa alors son esprit vagabonder. Cela faisait déjà trois heures qu’ils chevauchaient, lorsqu’ils firent halte. Artanis attacha les bêtes puis s’assit, encore perdue dans ses pensées. Ce fut le compagnon de Thalion qui lui tendit son assiette avec un sourire. Elle le lui rendit, et mangea avec appétit, cependant les deux hommes respectèrent son besoin de silence, et parlèrent discrètement entre eux. Artanis posa une seule question :
- Pourquoi cette précipitation, Prince ?
- Je vous en prie appelez-moi Thalion. Et bien, disons que nous avions vraiment besoin de vous, mais je ne peux pas vous dire plus maintenant, je suis désolé. Je ne vous ai pas présenté mon compagnon de voyage, Eldarion.
- Je suis heureux de faire votre connaissance, dit celui-ci, visiblement à l’aise.
- Enchantée, répondit-elle un sourire aux lèvres. Hederthiet est-elle encore loin ?
- Eh bien, hésita Thalion, oui plus loin que vous ne le croyez. Mais je vous dirai tout dans trois jours. Nous devrions avoir atteint mon premier objectif, car nous avançons vite grâce aux chevaux. D’ailleurs il est temps de partir.
Il s’étira puis se leva. Les autres suivirent. Ils reprirent donc leur course. Chacun semblait apprécier le silence, et Artanis décida de profiter du galop. Plusieurs questions lui venaient en tête, toutes restaient sans réponses. Serait-elle heureuse ? Pourquoi tous ces mystères ? Et cette phrase… « Plus loin que vous ne le croyez… » la laissait perplexe. Enfin, elle prendrait les événements comme ils viendraient. La chevauchée dura tout l’après-midi, jusqu’à ce que la nuit commence. Là ils s’arrêtèrent, installèrent le camp et mangèrent, en parlant peu. Puis Thalion annonça :
- Je prends le premier tour de garde, et tu feras le suivant Eldarion.
- D’accord, dans ce cas je prends le troisième, répliqua Artanis, un sourire en coin.
- Et s’il n’y a pas de troisième ? insinua Thalion
- Il y en aura ! insista Artanis en riant.
- Bien, bien, je m’incline Princesse ! lança-t-il avec un clin d’œil.
Pour la première fois depuis longtemps, la jeune fille s’endormit, le sourire aux lèvres.
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Une main la secoua, doucement, mais fermement.
- Princesse Artanis ! C’est l’heure, levez-vous.
- Non Eléonore, encore un peu, grogna-t-elle encore endormie.
- Je ne crois pas m’appeler ainsi, et vous avez assez dormi !
La jeune fille se réveilla d’un coup, en se demandant où elle était. C’est lorsque qu’elle vit le visage moqueur de Thalion que tout lui revint. Une pensée fit intrusion dans son esprit alors qu’elle s’éveillait un peu plus.
- Mais il fait jour ! Et mon tour de garde !
- Eh bien, répondit Eldarion, vous dormiez si bien que je n’ai pas osé vous réveiller.
- Ah c’est fin ! bougonna-t-elle. Enfin merci quand même ! Mais par pitié cessez de m’appeler Princesse, et ce soir je prendrais le premier tour, puisqu’on a pitié de moi.
- Bien, à vos ordres, répliqua Thalion en riant. Venez donc manger !
C’est ce qu’elle fit. Pendant le repas, il lui posa une question, qui vint s’ajouter au mystère :
- Savez-vous vous battre ?
- Et bien, répondit-elle, en voilà une question surprenante. Oui je sais me battre, avec une épée et un arc, mais je suis meilleure à l’arc. Pourquoi ?
- Encore un peu de patience… Attendez deux jours.
La jeune fille grommela un peu, puis sourit.
- J’attendrais…
Ils rangèrent le camp, toujours la bonne humeur, puis repartirent. La journée se déroula sans incident, comme la précédente, le lendemain aussi. Cependant, Artanis bouillonna d’impatience toute la journée. En fin d’après-midi, ils atteignirent une forêt, et cela laissa une interrogation de plus à la jeune fille. Si c’était le premier objectif ? Elle restait septique. Elle attendit donc encore. Ils s’arrêtèrent pour la nuit dans une petite clairière. Ils avaient maintenant cessé de suivre le Findambar, ce fleuve qu’elle aimait tant. Tandis que les deux hommes installaient le camp, et cherchaient du bois, elle prépara le repas. Ils commencèrent à manger en silence, Artanis attendait que Thalion prenne la parole. Il la complimenta sur sa cuisine, parla de choses et d’autres. Enfin, il devint sérieux, mais, une lueur de malice brillait dans ses yeux.
- Vous voulez la vérité Artanis ? Bien. Je ne suis pas Thalion, et nous n’allons pas à Hedertieht.
Un sourire se dessina sur son visage.[/justify:bq5z2d8i]