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- Owen de Trevale -
Owen aimait manger et boire, sa jolie femme, et dépenser de l'argent. Du coup, le bal était arrivé à point nommé pour rassembler ses centre d'intérêts.
Il avait fait confiance à sa femme pour sa tenue, comme pour tout le reste. La seule chose qu'il ne lui déléguait pas était une tâche pourtant toute féminine, l'établissement des menus avec l'intendante de leur maison. En dehors de ça, il se laissait totalement guider.
Il se sentait tout de même un peu engoncé dans sa tenue, qui le grattait aux entournures. Cela n'arrangeait pas sa démarche, qui n'avait pas besoin de ça.
Sa femme en revanche était très belle, et il se réjouissait de l'avoir rien que pour lui après les festivités. C'était une des grandes qualité de sa femme, elle était toujours enthousiaste avec lui.
Une fois sur place, il échangea quelques mots avec son beau-père concernant sa santé. Puis il salua Dame de Horn, qui l'avait tant régalé chez elle il y a quelques décades. Il reviendrait certainement vers elle plus tard, pour la remercier d'avoir envoyer son cuisinier échanger des recettes avec le sien, mais pour le moment, il avait faim, et il venait d'apercevoir un invité avec qui il avait grandement envie de converser. Kyle de Greenfield, le producteur d'un vin de glace dont tout le monde parlait.
Les choses étant bien faites, celui-ci se trouvait près du buffet. Il le rejoignit et se présenta:
"Bonsoir, je suis Owen de Trevale, vous êtes Kyle de Greenfield je crois?"
Au temps pour les présentations protocolaires...
"Je suis heureux de vous rencontrer, j'ai beaucoup entendu parler de votre vin."
Puis il attrapa quelques feuilletés qu'il commença à manger en laissant quelques miettes tomber sur sa chemise.
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- Owen de Trevale -
Quand Kyle parla de son vin de glace, Owen sourit largement, le genre de sourire carnassier qu'il arborait quand il était question de boissons ou de nourriture.
"Absolument. Il ne se passe aucune soirée que chaque cercle que je fréquente où je n'entende parler de votre vin."
On en disait beaucoup de bien, malheureusement...
"Le succès est tel que je n'ai pas encore eu l'occasion d'y goûter, malgré tous mes efforts pour m'en procurer, aussi je suis ravi de vous rencontrer ce soir!"
Oui, pour un bon vin, Owen savait se montrer bien élevé et améliorer son élocution, même si ça ne durait pas bien longtemps.
"Je suis marié depuis peu de temps avec..."
Il chercha des yeux sa jeune femme, qu'il trouva au milieu de la pièce, se dirigeant vers une femme exotique.
"... la charmante femme que voilà."
Il se perdit quelques secondes à admirer les courbes de Fleur avec une expression tout sauf bienséante et qu'il n'était pas très délicat d'aborder en société. Pour un peu il en baverait.
"Bref, nous aimons recevoir dans notre maison de ville, et je dois dire que s'il manque quelque chose à notre table, c'est bien votre vin. Je pense que nous pourrions faire affaire." proposa-t-il. "Bien sûr, je ne suis pas aussi idiot que Sieur de Trière, je ne cherche pas à vous acheter de telles quantités!"
Entendre Owen affirmer qu'il n'était pas si idiot valait son pesant d'or!
"Juste ce que vous consentirai à me vendre." ajouta-t-il d'un ton presque suppliant. "Votre prix sera le mien, bien entendu!"
Le problème des Trevale était que le régisseur du domaine demeurait à Trevale et non à Haven. Et l'intendante, qui gérait normalement la négociation avec les fournisseurs de la Capitale, s'était vu déposséder de ce rôle en partie par Owen. Owen qui ne comptait pas quand il désirait quelque chose.
Et ce soir, il voulait ce vin. Et le stratagème de Kyle marchait parfaitement avec lui!
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- Owen de Trevale -
Owen avait vanté les mérites de sa femme et apprécia qu'on partage son avis en sachant que la femme en question était à lui, et qu'il n'y avait que lui qui pourrait en profiter. Il était d'un naturel jaloux mais ne se vexait pas qu'on admire son épouse - quoi de plus normal, elle était magnifique - du moment ou l'admirateur en question ne tentait pas de la séduire. Même s'il était peu probable que le futur Sieur de Trevale sache reconnaitre la séduction tant le concept lui était étranger.
Le petit manège de Kyle était très efficace sur le jeune homme. Il avait entendu parler du vin comme étant une merveille, et apprendre que la seconde cuvée serait encore meilleure l'enchanta au plus haut point. Il en resta la bouche entrouverte quelques secondes.
Et il proposait de lui fournir des bouteilles dès à présent! Fabuleux!
"Je pense que j'aurai la patience, oui, je crois même" répondit-il (un peu) bêtement.
Quant au prix, Owen ne tiqua même pas. Il faut dire que le principe de l'offre et de la demande lui échappait totalement. Quand il achetait de la nourriture et du vin de qualité, il ne regardait jamais la facture. Ce qui expliquait l'accueil que lui réservaient les commerçants et négociants des hautes quartiers de Haven.
"Je suis même près à payer un supplément si j'ai la garantie d'acheter plus que quelques bouteilles."
Tout en "négociant", Owen mangeait des feuilletés. Son regard tomba sur le Sieur Ashkevron et il frissonna, n'osant plus poser les yeux sur lui. Dire que cet homme élevait des chevaux, grands dieux!
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- Owen de Trevale -
Quand Kyle lui proposa un rendez-vous, Owen acquiesça:
"Dans deux jours, à la troisième marque de l'après-midi, c'est entendu"
Grâce à sa mémoire, et son goût des bonnes choses, Owen se souviendrai ce de rendez-vous.
"J'en parlerai à ma femme oui, nous aimons recevoir, comme je vous l'ai dit, elle sera ravie."
Il se frotta les mains, ravi de la perspective d'obtenir ce vin dont tout le monde parlait tant. S'il en avait, Fleur adorerait pouvoir inviter des amis et connaissances avec la promesse d'un repas aussi bien arrosé. De plus, quand elle avait trop bu, Fleur était encore plus... agréable.
"C'est elle qui se charge souvent des négociations" ajouta-t-il sans honte.
Owen aimait en effet parler d'acheter, et acheter tout court, mais pour les détails plus pécuniaires, il s'en remettait aux autres.
Mais les choses se compliquèrent quand il vit son interlocuteur inviter Sieur Ashkevron à les rejoindre. Le jeune homme était un bien piètre acteur et menteur, et son déplaisir, ou plutôt sa peur, se lit sur son visage. Son sourire joyeux s'affaissa brutalement, et il se tendit, ce qui se traduisait, sur un corps aussi massif que le sien, par un léger balancement sur ses pieds.
Et le pire, c'est que cet homme totalement fou - il élevait des chevaux de guerre bon sang! - lui adressa la parole. En temps normal, Owen serait tout bonnement parti, peu soucieux des bonnes manières. Mais les leçons prodiguées par sa femme avaient finies par rentrer dans son crâne épais, aussi resta-t-il sur place, au prix d'un gros effort - et d'un grand verre de vin.
Il lança un regard de détresse à sa femme qui ne le vit pas, toute occupée à parler avec une exotique invitée, et finalement, répondit d'une voix tendue:
"Bonsoir."
Il ne prononça pas son nom car cela lui faisait invariablement penser aux chevaux du même nom. Brr... Son père avait de bien curieux amis!
"Si, Fleur est ici, là-bas."
Il fit un léger signe de tête avec elle. Pour une fois, il n'avait pas envie de faire chorus sur l'admiration suscitée par son épouse. Il avait juste envie que cet homme s'en aille aussi vite qu'il était venu!
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- Owen de Trevale -
"Surtout que les gens ont l'habitude, si ils doivent faire face à une femme, à négocier avec une grosse marchande ou une vieille douairière!" plaisanta grassement Owen à la remarque de Kyle. "Ma femme, c'est un autre niveau, personne ne lui arrive à la cheville" continua-t-il, un peu rêveur.
Nul doute que Fleur aurait apprécié ce compliment, mais peut-être moins le regard clairement concupiscent qu'il posa sur elle, devant tout le monde.
Mais il ne resta pas bien longtemps dans cet état d'esprit, dérangé, bouleversé même par l'arrivé du Sieur Askhevron. Il fut sauvé par le genre même de personne dont il se moquait quelques minutes plus tôt, la veuve Villier.
Il ignorait ses rapports avec l'éleveur de chevaux, mais du moment où elle lui offrait une autre personne avec qui converser, elle était la bienvenue!
Il lui serra la main - un peu trop fort. Ce ne devait pas être très agréable pour la dame, surtout qu'il avait les mains moites.
"Dame de Villier, c'est un plaisir!"
Plaisir meilleur encore quand il comprit que les relations entre elle et Ashkevron étaient assez tendues pour que celui-ci décide de s'en aller. Owen ne lui dit pas au revoir, juste satisfait de le voir s'éloigner.
Quant la nouvelle arrivée se fendit d'une remarque moqueuse, Owen lui fit un large sourire et rebondit immédiatement:
"Ridicule, tout à fait, tout à fait! As-t-on idée de faire tourner sa vie autour d'un cheval?"
Il attrapa un verre de vin qu'il tendit à son interlocutrice pour l'inviter à rester avec lui.
"Les hérauts hein? Comment peut-on penser être en sécurité avec des gens qui consacrent plus de temps à leur maudits Compagnon qu'à leur pays?" enchaina-t-il, heureux de trouver quelqu'un partageant son point de vue.
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- Owen de Trevale -
Kyle abonda dans le sens d'Owen au sujet de sa femme. En même temps, qui pourrait prétendre le contraire?
Puis il choisi d'aller trouver d'autres personnes à qui parler, et Owen lui rappela:
"A très bientôt Greenfield, pour ce dont on a parlé!"
Il n’oublierai pas de si tôt qu'il lui avait promit du vin!
Il se tourna vers Dame de Villiers et l'écouta avec attention (ce qui revenait à dire qu'il avait le regard un peu moins éteint qu'à l'ordinaire)
"Je n'avais pas vu les choses de ce côté ma chère Dame de Villiers, mais vous avez raison!"
Fallait-il qu'il soit heureux de dire du mal des Héraut pour reconnaître une once de raison à Ashkevron!
Ce que lui dit don interlocutrice ne manqua pas de l’intéresser. Pas que le jeune homme soit avide de pouvoir, mais l'idée de pouvoir peser sur la décision d'évincer les Hérauts du gouvernement du royaume, ça avait un certain charme!
"Ma chère femme avait envie de revenir dans le capitale pour retrouver ses amies, et j'ai été heureux de la suivre."
Ou comment avouer à quel point il était aux bottes de sa femme!
"Effectivement, mon père a été conseiller, quand il avait encore l'énergie pour ça. Lui succéder serait logique, mais on ne m'a rien demandé malheureusement..."
Brave Owen qui pensait que les postes politiques s'obtenait juste en les attendant, et pas en louvoyant et trafiquant pour les avoir!
Lucinda avait froncé les sourcils à la réponse de Lynn. Que voulait-elle dire ? Peut-être que sa première expérience n'avait pas été des plus agréables ? Ou la première expérience n'était en général pas agréable ? Lynn était une femme que Lucinda admirait dans sa force de caractère et sa liberté et elle ne doutait pas de son vécu et des sages conseils qu'elle pouvait lui apporter.
Mais pour l'heure elle avait mis ça de côté, concentrée sur une mission plus importante et plus délicate aussi. Mais avec sa mère, elle savait faire semblant d'écouter, tandis que son esprit vagabondait. La jeune femme secoua la tête et confirma :
-Mère, nous ne sommes pas encore fiancés. Et nous ne nous sommes pas encore croisés ce soir, mais ça ne devrait pas tarder à arriver. N'ayez crainte, je vous le présenterai en temps voulu.
Comme prévu, Dame De Vaum trouva un sujet de conversation qui prêtait bien à un hochement de tête de temps en temps, tandis que sa concentration se tournait vers la conversation qui avait lieu dans son dos. Effectivement, le sujet, bien qu'évoqué à demi-mots, ne concernait pas la décoration de la salle de bal. Les hommes parlaient bas, si bien que Lucinda avait du mal à saisir ce qu'ils disaient mais elle réussit à attraper quelques mots au vol : attendre, guerre, suicidaire, incompétence, De Feriel, perdu la tête, Héraults, impuissants, tenter, peu nombreux… Ils semblaient débattre de la capacité du roi à gouverner, et ça sentait le complot à plein nez. Le fait que les De Feriel s'élevaient contre la couronne n'était pas nouveau, mais là, ça prenait une ampleur inattendue. On n'était pas encore au coup d'état, mais il faudrait surveiller ça de près, de très près même.
Sieur De Vaum interrompit Lucinda dans son écoute attentive, lui étant absorbé par toute autre chose. Elle mit un moment à comprendre de quoi il parlait, jusqu'à ce que son regard tombe sur une Tayledras et Joshua, en train de discuter. Elle fit une moue amusée et répondit à son père :
- C'est une Tayledras père. Certes ils ont des coutumes différentes des nôtres, mais je vous assure qu'ils sont tout aussi humains que nous.
Un sourire taquin s'était dessiné sur ses lèvres, tandis qu'elle haussait les épaules avant de poursuivre :
-J'avoue que nous n'avons pas parlé de ce sujet avec Joshua pour l'instant. Mais c'est quelqu'un qui a le sens des affaires vous savez, donc j'imagine que s'il s'entretient avec elle, c'est qu'il doit y avoir une bonne raison.
Trouver Lynn, lui transmettre les informations. Elle resta encore un peu pour voir si elle pouvait encore apprendre quelque chose d'utile.