Thalyana ne dirait rien à Grand-père. À ces mots, une vague de soulagement submergea Dyalwen qui sentit ses épaules se détendre et les larmes lui monter à nouveau aux yeux. Elle baissa aussitôt le nez pour éviter le regard de la Guérisseuse tout en battant des paupières pour refouler l’humidité. Son interlocutrice lui avait dit qu’elle pouvait pleurer mais là, fatigue ou pas, c’était juste ridicule. Même Derlyth ne pleurait pas pour si peu. Il n’y avait rien de triste, c’était plutôt une bonne nouvelle. Elle se sentait toujours aussi inutile mais, au moins, Grand-père ne le saurait pas et ne serait pas fâché.
Il ne serait pas fâché même s’il savait, soupira Tisia.
Tu n’en sais rien.
Le Compagnon ne répondit rien mais la Grise perçut sans mal son désaccord. Heureusement, Thalyana reprenait la parole, la dispensant de poursuivre la conversation avec Tisia. Et cette fois encore, le discours de la Guérisseuse était sensé et raisonnable. Dyalwen se sentait presque idiote de ne pas y avoir pensé toute seule et, surtout, elle était incapable de trouver le moindre contre-argument. Qu’il s’agisse de la dispense d’entraînement ou de la nécessité de passer quelques nuits à la Maison de Guérison. Elle n’avait aucune envie de dormir là, de prendre la place d’un éventuel malade – Tu ES malade. – ou de donner du travail supplémentaire aux Guérisseurs – C’est leur métier.
Les yeux sur ses mains, la rouquine se mordit les lèvres pour tâcher de reprendre contenance, au moins un peu, avant de relever les yeux sur Thalyana.
« D’accord. »
De toute manière, ce n’était pas comme si elle avait vraiment le choix, hein ? La Guérisseuse semblait lui demander son avis, mais Dyalwen avait comme l’impression que Tisia ne comptait pas lui laisser une autre alternative. Et, puisqu’Alemdar lui avait ordonné d’aller voir Thalyana, suivre les recommandations de la jeune femme allait sans doute de pair.
En parlant d’Alemdar d’ailleurs…
« Est-ce que je peux retourner à mes corvées en attendant ce soir ? »
Ou comment ne pas dire qu’elle avait surtout envie que l’entretien se termine pour pouvoir quitter la Maison de Guérison. Même si ce n’était que pour quelques heures.