Auteur Sujet: Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman  (Lu 18492 fois)

Dunwyd

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Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« le: 14 janvier 2017, 23:02:55 »
[Hiver, 6ème jour de la 1ère décade, piste de patin à glace de la Foire]

C'était enfin LE jour ! Dunwyd avait été réveillé tôt, évidemment, et avait traîné d'un côté et de l'autre toute la matinée, en attendant que le temps passe. Il était prêt, mais non, il était encore bien trop tôt, il n'allait pas déjà partir… Oh, et puis, finalement, il n'avait rien d'autre à faire, et surtout, il n'était bon à rien : il pouvait bien y aller, non ? Pour éviter de se poser trop de questions, il avait finalement opté pour son uniforme du Collegium, qui était certes particulièrement laid, mais aussi repérable, et lui empêchait de devoir choisir dans quels vêtements il allait se présenter à l'étrangère qui l'avait mis au monde.

Et donc, en fin de matinée, il était déjà sur place. Il avait tourné en rond dans les alentours (au moins, ça changeait de tourner en rond dans sa chambre), avait regardé ceux qui s'entraînaient aux glissades sur la glace de la Terilee, et s'était même aventuré jusqu'à quelques unes des tentes les plus proches, mais son attention restait ailleurs. Et il ne s'était jamais bien éloigné du lieu de rendez-vous. D'ailleurs, à mesure que le milieu de journée approchait, il revenait piétinait de plus en plus auprès de la rivière gelée. Par où allait-elle arriver ? Se reconnaîtraient-ils immédiatement comme le supposait Yvelin ? Il fallait que cette attente cesse, oui, bientôt, il serait fixé, sûrement…

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #1 le: 17 janvier 2017, 13:56:08 »

Penthésilée, mage (?), 40 (?) ans

Penthélisée attendait cette journée avec impatience. Elle allait enfin voir le fils qu'elle avait abandonné il y avait dix-sept ans de cela. D'après les dires du Barde, c'était un mage prometteur et un jeune homme tout à fait avenant, toujours prêt à rendre service.

Quelle chance d'avoir rencontrer le jeune Yvelin par hasard dans cette auberge! Il lui avait épargné la difficile tâche de rechercher elle-même le fruit de ses entrailles. Grâce à lui, elle avait gagné plusieurs décades, ce qui arrangeait ses affaires. Elle n'aurait même pas à se séparer de ses compagnons de route. Peut-être même repartirait-elle en compagnie de son fils. C'était en tout cas ce qu'elle espérait.

Car elle n'avait pas de disciple ces temps. Son fils pourrait prendre place à ses côtés surtout s'il était aussi doué qu'annoncé.

Et puis... et puis c'était son fils. Quand elle se l'autorisait, elle éprouvait une joie sans arrière-pensée à l'idée de revoir le petit bébé qu'elle avait dû laisser derrière elle. Lorsqu'elle s'était découverte enceinte, cela avait été la fin du monde. Puis elle s'était attachée à l'être qui grandissait en elle, et la séparation avait été particulièrement difficile. Elle avait toujours caressé l'idée de revenir le chercher, mais le projet avait été sans cesse repoussé, car elle avait des devoirs à accomplir.

Elle avait dû demander son chemin plusieurs fois pour sortir de la ville. En voulant éviter les grandes rues, elle se retrouvait invariablement dans des petites ruelles étroites qui ne menaient nulle part. Mais elle détestait les grandes rues pavées de Haven. Elle lui rappelait, par leur architecture, son pays natal. Pays qu'elle abhorrait.

Enfin, elle arriva sur le lieu de la foire. Elle sourit involontairement, contaminée par l'ambiance détendue et chaleureuse (malgré le froid polaire) des lieux. Elle décida de prendre deux thés, qu'on lui servit dans de petites gobelets de papier ciré et se dirigea vers le lieu de rendez-vous.

L'uniforme jaune du jeune homme se détachait nettement dans la foule. Son cœur s'accéléra. Quel instant étrange! Elle prit le temps de détailler la chair de sa chair. Oui, ils se ressemblaient. Yvelin avait raison, ils avaient les mêmes cheveux.

Doucement, elle s'approcha.
«Un thé? Il fait plutôt froid ici.»

Dunwyd

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #2 le: 19 janvier 2017, 22:29:01 »
Un moment, son regard glissait d'un côté sur l'autre, cherchant sans trouver. Et puis, le suivant, il s'était accroché à une grande dame blonde qui se tenait fièrement, et semblait venir dans sa direction. Était-ce possible que ce soit elle ? Plus elle s'approchait, plus la question à se poser semblait l'inverse : était-ce possible que ce ne soit pas elle ? Lorsqu'il fut certain qu'elle se dirigeait bel et bien vers lui, il laissa un sourire s'afficher lentement sur son visage, et fit les derniers pas qui les séparaient encore, sans hâte cependant. C'est qu'il ne faudrait pas qu'elle s'enfuie en courant, non plus…

Elle le regardait, et il lui rendit la pareille, curieux de cette étrangère qui lui était pourtant si proche, et ne sachant quels mots prononcer. Il n'y avait pas d'erreur sur la personne, de cela, il était certain. Mais, comment pouvait-il l'aborder ? Elle lui épargna cette peine en étant la première à briser le silence, avec des mots quotidiens.
« Oh, oui, merci, je… c'est gentil, et puis, euh, vous… enfin, je veux dire… »
Il finit par dissimuler sa gêne derrière un petit rire, et se saisit de l'un des gobelets.

« C'est vraiment bizarre. J'imagine que pour… vous ? »
reprit-il avec une pause interrogative sur la forme à employer. C'était étrange de vouvoyer quelqu'un qui aurait dû lui être aussi proche que Gwyon, mais pouvait-il faire autrement alors qu'il la rencontrait pour la première fois ?
« Enfin, j'imagine que c'est pareil. On peut aller plus vers là-bas, pour avoir plus chaud. Il y a des stands de grillades, alors ils ont des feux. Enfin, moi ça me dérange pas, c'est un hiver normal pour ici, mais, c'est comme… comme vous voulez. »
acheva-t-il après avoir montré la direction, toujours pas bien certain de la manière dont il devait s'exprimer. Son sourire, par contre, revint, et il n'était pas forcé.
« Modifié: 19 janvier 2017, 22:39:23 par Dunwyd »

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #3 le: 22 janvier 2017, 15:16:26 »

Penthésilée, mage (?), 40 (?) ans

Pauvre enfant! Il sembla perdre tous ses moyens quand elle lui adressa la parole. Elle trouva ses bafouillages touchants.

«Tu peux me tutoyer, je crois.»

Penthésilée était aussi mal à l'aise que Dunwyd, cela ne faisait aucun doute. Mais elle savait mieux cacher ses émotions et paraissait parfaitement calme et détendue.

«C'est vrai que cela ne m'arrive pas très souvent, de rencontrer mon fils longtemps perdu de vue. Mais ce n'est pas désagréable.»

Elle parlait avec un léger accent chantant, mais sans commettre de faute ou hésiter sur les mots. Elle pratiquait visiblement la langue depuis longtemps.

Elle acquiesça à la proposition de Dunwyd et se laissa guider vers les échoppes. Elle désigna un banc qui semblait libre et s'y installa, faisant signe au jeune mage de prendre place à ses côtés.

«C'est un peu étrange, mais peut-être devrais-je me présenter correctement.» Elle sourit. «Je suis Penthésilée et je suis ta mère. Enfin... je ne voudrais pas prendre la place de celle qui t'a élevée. Je suis ta génitrice, plutôt. Et je suis très heureuse de te revoir.»

Elle lui prit la main dans un geste affectueux, mais plein de pudeur. Elle ne voulait pas se montrer trop entreprenante avec ce fils qu'elle ne connaissait pas.

«Parle-moi de toi. Je veux savoir qui tu es.»
« Modifié: 23 janvier 2017, 13:46:21 par Conteur »

Dunwyd

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #4 le: 31 janvier 2017, 23:01:49 »
Le jeune homme continuait à regarder la femme qui, en d'autres circonstances, aurait été « maman », tout simplement. Il accepta d'un signe le tutoiement, ayant pour une fois des difficultés à continuer de discuter avec naturel. Un petit rire ponctua la déclaration suivante de la blonde.
« Oh, vraiment ? Est-ce que ça veut dire que je n'ai pas de frères ou de sœurs ? Moi qui aurait rêvé avoir une petite peste qui passe ses nerfs sur moi, mais que j'adorerais quand même… »

Ils se rendirent donc là où il faisait un peu moins froid, et ne reprirent la parole qu'une fois installés. Dunwyd observait avec attention cette étrangère qui devait avoir du sang bleu dans les veines, vue son allure. Sa tentative de retrouver un terrain un peu plus convenu fonctionna, et mit l'apprenti un peu plus en confiance. De nouveau, il lui sourit.
« Et moi, je suis très content de… te rencontrer. Je n'y comptais pas, à vrai dire, c'est un sacré coup de bol qu'Yvelin se soit trouvé sur… ta route. Oh, mais il n'y a personne à cette place-là. »
Il n'y avait ni tristesse, ni regrets dans cette constatation faite avec une certaine désinvolture. Feinte ou profondément vraie pour lui, là était la question, et sans doute aurait-il du mal lui-même à y répondre en toute honnêteté.

« Je crois pas que grand-mère puisse passer pour ce rôle-là, et papa… ne s'est pas marié. A propos, je lui ai rien dit… »
continua-t-il, hésitant visiblement. Avait-il bien fait ? Il espérait que sa mère l'éclaire à ce sujet sans qu'il n'ait besoin de poser crûment la question. En attendant, il lui rendit son geste léger d'une pression tout aussi subtile.
« D'accord, mais toi aussi, il faudra me raconter qui tu es, alors, »
posa-t-il comme condition, mais avec un sourire qui montrait qu'il ne prenait pas la chose trop au sérieux.

« Eh ben, je sais pas trop par quoi commencer… Yvelin t'a dit que j'étais au Collegium des Mages, non ? Ce qui me permet de porter ce magnifique uniforme. Avant, j'étais en apprentissage chez un bourrelier de Haven. Et encore avant, avec papa. Mais je suis plutôt content, maintenant. La magie… c'est quand même plus intéressant. Elle me vient de toi, non ? Parce que du côté de papa, il n'y a pas l'air d'y en avoir eu trace dans les générations d'avant. »
Il arrivait déjà un peu mieux à parler sans hésiter à chaque forme de tutoiement, c'était un progrès.

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #5 le: 07 février 2017, 08:20:37 »

Penthésilée, mage (?), 40 (?) ans

La conversation était surréaliste, il fallait en convenir. Mais Penthésilée fut ravie de découvrir que son fils avait suffisamment d'humour et d'aplomb pour rire de la situation.

«Je suis désolée, je n'ai pas eu d'autre enfant» lâcha-t-elle, un sourire aux lèvres.

Une fois installée devant les échoppes de nourriture, Penthésilée se présenta correctement. Puis Dunwyd loua l'intervention du Barde qui les avait réunis. La mage acquiesça doucement alors qu'il parlait.

«Il a facilité nos retrouvailles, c'est vrai. Mais il était prévu de longue date que je vienne à Haven cet hiver. Je comptais profiter de mon temps libre pour te chercher. Il m'a épargné des recherches, c'est certain. Mais j'aurai commencé par le Collegium...» Elle eut un sourire triste quand il parla de l'absence d'une mère dans sa vie. «M'en voudrais-tu si je te disais que je suis heureuse qu'aucune femme n'ait pris ma place? C'est très égoïste, j'en ai conscience.»

Au fond d'elle-même, elle était ravie qu'il n'ait pas parlé à son père de son arrivée. Elle n'avait rien contre le fait de revoir l'aubergiste, mais finalement, cela l'intéressait assez peu. C'était Dunwyd qu'elle voulait rencontrer et connaître. Il était unique, il était son fils. Des hommes, par contre, elle en avait connu beaucoup à la fois tous différents et tous semblables.

«Je comprends. Avais-tu peur de sa réaction? Ou de le blesser?»

Dunwyd accepta ensuite de lui raconter sa vie, si elle faisait de même. Elle acquiesça d'un sourire et l'écouta parler. Son histoire ne dura pas longtemps, car il se concentra sur l'essentiel.

«Oui, la magie vient de moi. Et j'avais espéré que tu hériterais de mes Dons.» Elle sourit. «Et cet Yvelin, tu le connais de tes études? Je ne savais pas que les mages et les Bardes avaient des cours en commun. J'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir correspondu avec lui plutôt que directement avec toi. Mais... je trouvais cela peu délicat de t'écrire sans même te connaître.» Elle soupira. «Alors c'est ta grand-mère qui t'a élevé. Si je me souviens bien, c'est une femme formidable. Et pourquoi un apprentissage chez le bourrelier? La vie d'aubergiste ne t'attirait-elle pas?»

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #6 le: 12 février 2017, 18:27:30 »
Sous couvert d'humour, sa mère lui confia qu'il était le seul être né de sa chair. Il continua sur le même ton, exprimant malgré tout une part de vérité :
« Bon, au moins, je serai pas obligée de te partager à peine retrouvée... »
La suite l'étonna. Il avait vraiment cru qu'il devait la rencontre présente uniquement au hasard ayant réuni Penthésilée et Yvelin sous le même toit. Ce qu'elle annonçait indiquait plutôt qu'il l'avait juste accélérée. Ce qui était déjà pas mal, après tout.
« Oh, c'est vrai ? Mais tu fais quoi, en fait, tu es... mage itinérante ? Ou alors, dans la diplomatie ? Je suis à côté de la plaque ou pas ? »
C'étaient ces deux fonctions qui lui semblaient les plus probables, étant donné le peu qu'il savait. Mais il pouvait tout aussi bien se tromper complètement.

« Tu pensais que j'y serais ? Mais, j'aurais pu aussi pas avoir de don, ou alors qu'il soit pas encore éveillé. Déjà, ça a été assez, euh... dans des circonstances particulières. Il y avait un mage noir dans l'auberge, »
expliqua-t-il, les sourcils hauts, se souvenant de son étonnement et de sa peur,
« et il s'est battu avec... bah, un mage d'ici. C'est pour ça qu'ils se sont rendus compte que mes biefs s'étaient ouverts. Parce que je sentais ce qu'ils faisaient... »
termina-t-il avec un genre de grimace. Ce n'était pas un souvenir agréable en lui-même. Et pourtant, il avait marqué le début de son intégration au collegium, ce qui avait été une excellente nouvelle.

Il secoua la tête alors qu'elle semblait presque se culpabiliser de se satisfaire de sa situation sans mère, et lui renvoya un sourire. Lui prenait les choses bien plus comme elles se présentaient, en ne se posant pas autant de questions.
« Mais non, c'est pas grave. De toute façon, c'est comme ça, alors il vaut mieux que tu en sois contente. Et moi… bah, ça a été bizarre des fois, mais au final, ça s'est bien passé quand même. Et puis, je peux te rencontrer maintenant. C'est pas comme tous les petits orphelins qui auront jamais l'occasion de connaître leurs parents... »
De nouveau, il fit montre de sa simplicité en haussant les épaules à la question suivante. Il ne répondit pourtant pas immédiatement, cherchant sa réelle motivation dans l'omission qu'il avait faite à son père.
« Je sais pas trop, je crois que... comme c'était toi qui venais, c'était à toi de décider si tu voulais lui parler ou pas. Moi, je pouvais pas décider là-dessus. »
Ça lui épargnait aussi d'assumer la décision en question, et ses éventuelles conséquences.

Elle évoqua « ses dons », mais il ne releva pas, préférant la laisser prendre l'initiative de ce qu'elle voudrait révéler, et quand. Parler de ses proches était bien plus simple.
« Oh, non, c'est qu'il est du quartier d'à côté, Yvelin. Donc, on se connaît depuis presque toujours. Il était apprenti Barde avant que je rentre moi aussi au Collegium. Bah, c'est vrai que j'aurais bien aimé avoir une lettre directement, mais ça aurait fait bizarre aussi... »
Et comme tout était bien qui finissait bien, avec cette rencontre, il n'allait pas se plaindre. Il hocha la tête au sujet de grand-mère Keridwen, visiblement heureux qu'elle reconnaisse son mérite, et s'expliqua sur ses choix d'apprentissage précédents :
« En fait, y'a des trucs que j'aimais bien, à l'auberge, mais... tout ce qui est registre, comptabilité, tout ça... j'ai vraiment du mal. J'arrive mieux à faire des trucs, plutôt qu'à en écrire ou en compter. Papa était déçu, mais il a bien été obligé de s'y faire. »
« Modifié: 12 février 2017, 18:30:11 par Dunwyd »

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #7 le: 18 février 2017, 08:45:45 »

Penthésilée, mage (?), 40 (?) ans

Malgré tout, malgré la crainte, l'angoisse de faire un faux pas, Penthésilée prenait plaisir à discuter avec son fils. Et elle se sentait heureuse quand il lui posait des questions, s'intéressait à elle.

«Actuellement, je suis en... comment pourrait-on dire? En voyage d'études? Je mène des recherches sur les lieux de puissance. Avec des confrères, nous avons entrepris de visiter les plus grands nodes de Valdemar, afin de nous documenter. Nous avons commencé par l'Est, puis le Nord et l'Ouest. Le sud nous est resté inaccessible jusqu'à l'automne passé à cause de la guerre. C'est donc là que nous nous rendrons après notre séjour ici... Qui risque de durer d'ailleurs! Il y a tant à étudier ici. Cette ville est magnifique. Et je suis certaine que le Palais regorge d'artefacts magiques anciens et très puissants. Et oubliés, sans doute, vu le peu d'affinités qu'à ce peuple avec la magie. Ne trouverais-tu pas cela amusant, de tomber sur un objet exceptionnel en te promenant dans les combles du Palais?»

Elle-même adorerait explorer les recoins oubliés de cette bâtisse chargée d'histoire.

Dunwyd lui raconta ensuite comment la magie s'était manifestée en lui la première fois. La mage écouta attentivement. Pour la plupart des gens, elle se manifestait de manière presque brutale, sous le coup de la peur ou de la colère. Mais Dunwyd n'avait pas mis le feu à une nappe ou fait exploser une cruche, pas d'après son récit.

«Ah? Comment ont-ils réalisé que tu voyais les énergies? Parce que ça ne saute pas aux yeux!» Elle ponctua son commentaire d'un haussement de sourcil. «Et ce mage noir, était-il effrayant? J'imagine que par ce terme, tu désignes un mage du sang?» Elle sourit avec indulgence. «L'autorité qualifie de "noir" tout ce qui ne rentre pas dans son carcan étriqué, j'imagine. Un mage ne devrait pas être jugé selon la magie qu'il pratique, mais selon ses actes. La magie du sang n'est pas intrinsèquement mauvaise. C'est son usage détourné et les motivations de ses usagers qui lui ont donné cette mauvaise réputation.»

Réalisant qu'elle faisait la leçon à son fils, elle eut un petit haussement d'épaules gêné. Elle préféra reprendre sur un sujet plus léger.

«Quant à mes recherches te concernant... Évidement que ton Don aurait pu rester latent, ou ne jamais exister, mais c'est plus simple de commencer les recherches par un lieu où se concentrent bon nombre de jeunes de l'âge qui t'intéresse. Donc le Collegium. Ensuite j'aurais sans doute parcouru les temples. Je pense que j'aurais fini par retourner à l'auberge, si je ne t'avais pas trouvé.»

Penthésilée était de l'avis de tous une femme très froide et pondérée. Elle avait toujours vécu avec la culpabilité d'avoir abandonné son enfant, mais elle avait profondément enfoui ce sentiment. Or là, devant la chair de sa chair, elle sentait les émotions l'étreindre de manière violente. Elle avait peur, mais en même temps était rassurée de voir qu'il s'en était bien sorti sans elle.

«Je suis heureuse de voir que... tu n'as pas trop souffert de mon absence. Je savais en te laissant chez Gwyon que tu serais entre de bonnes mains. Cet homme a un cœur rare.»

Que Dunwyd ait caché sa venue arrangeait vraiment la mage. Elle avait aimé Gwyon, en son temps, suffisamment en tout cas pour entretenir une liaison. Mais à présent, elle ne pouvait se permettre de s'égarer dans le passé.

«Tu es vraiment gentil.» Elle soupira. «J'ai un peu peur de sa réaction. Car je lui ai imposé une situation qui n'était sans doute pas confortable. Je n'avais pas le choix, mais... peut-être aurais-je dû tenter de faire différemment» conclut-elle, d'une voix où transparaissait le regret.

La conversation avait gentiment dérivé sur Yvelin, le barde ébouriffé grâce auquel cette rencontre pouvait avoir lieu.

«Ah, un ami d'enfance! Ça explique qu'il te connaisse aussi bien. Il m'a raconté une ou deux histoires de ton enfance.»

Puis Dunwyd expliqua pourquoi avant le Collegium il avait commencé un apprentissage de bourrelier.

«Les chiffres! Moi non plus, je ne m'y entends guère. Pourtant, certains te diront que la magie c'est presque des mathématiques. C'est en tout cas comme cela qu'on la voit, là d'où je viens. Mais ce sont des mathématiques... appliquées. Il est bien plus simple de mémoriser des règles que tu peux appliquer de manière pratique.»

Dunwyd

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #8 le: 20 février 2017, 21:22:43 »
Dunwyd ouvrit les yeux un peu plus ronds quand sa mère lui expliqua son activité présente. Il ne cacha pas son intérêt.
« Waouh, ça doit être passionnant, ça ! Voyager et en même temps, étudier. Voir comment ça se passe sur le terrain... j'ai hâte d'avoir fini ma période d'apprenti pour aller un peu ailleurs, moi aussi... »
Il pensa à ce que lui avait dit Yvelin, mais n'osa pas immédiatement faire la proposition. Tout se passait bien jusqu'à maintenant, mais il avait envie que ça continue, donc inutile de précipiter les choses. Les compliments sur sa ville tirèrent un large sourire au jeune homme, mais la suite l'étonna un peu plus.

« Ah oui, tu crois ? A part la pierre cœur, j'ai jamais entendu parler de trucs comme ça... C'est sûr que ce serait terrible, de trouver quelque chose par hasard, mais ça ressemble un peu trop à une histoire de barde, non ? Sûrement que tout est bien rangé et bien répertorié. Ah oui, vous avez pas le même rapport à la magie par chez toi ? C'est vrai qu'on n'en entend pas tout le temps parler si on n'est pas mage, ici, mais je croyais pas qu'il y avait quelque chose de spécial à ici. »
Il lui restait encore beaucoup de questions, comme par exemple, d'où exactement venait-elle. Son ami en rouge lui avait donné quelques indications, mais cela restait peu. Enfin, il ne connaissait pas non plus si bien la géographie des contrées lointaines pour que des précisions signifient grand chose pour lui... et puis, ça aussi, il pourrait le demander plus tard. Il ne voulait pas l'assommer de questions, la discussion présente faisait déjà avancer leur connaissance mutuelle à grande vitesse.

« Bah, en fait, c'est plutôt que j'avais ressenti les échanges entre les deux mages... et comme ils s'attaquaient, c'était franchement pas agréable. Du feu contre de la glace... Heureusement que depuis, j'ai jamais été près de trucs pareils. Enfin, j'espère que je saurais me protéger assez maintenant. Oui, c'est ça, un mage du sang... »
Lui restait marqué par les opinions véhiculées au Collegium, et dans son environnement en général, donc la magie du sang, c'était très, très mal. Sauf que la manière dont Penthésilée présentait son objection la faisait passer sans trop de difficultés. Au moins pour qu'il ne la rejette pas en bloc immédiatement. Ça le dérangeait un peu, mais ça ne lui semblait pas non plus faux.
« Je l'ai pas trop bien vu, en fait. La garde l'a emmené tout de suite, et puis moi, l'autre mage me testait, alors je me suis pas trop occupé de ce qui se passait à côté... enfin, normalement, c'était un de ceux qui avaient essayé d'attaquer la pierre-cœur, un truc comme ça. Il devait pas être bien clair de toute façon. »

Il hocha la tête lorsqu'elle justifia son choix de commencer par le chercher au collegium. L'auberge aussi, c'était logique, même si la possibilité semblait assez peu l'enthousiasmer.
« Les temples ? Pourquoi ? J'ai jamais vraiment été attiré par ce genre de trucs... »
La magie divine, quelque chose à voir avec ça peut-être ? Ou tout autre ? Il lui sourit sereinement, parce que, c'était vrai, sa situation lui convenait ainsi, et ce n'était pas désagréable de l'entendre complimenter son papa. Il posa légèrement une main sur l'avant-bras maternel, dans l'espoir de la rassurer tout à fait. Pas la peine qu'elle se fasse de mouron pour ça.
« Il m'a jamais beaucoup parlé de toi, mais, franchement... je crois vraiment pas qu'il t'en veuille. Je veux dire, ça lui a sûrement fait une sacrée surprise au début, mais... maintenant, c'est plus pareil. Et puis, finalement, ça s'est bien passé. Moi, je crois que tu as fait au mieux. On peut pas t'en demander plus, hein ? »

Il sourit de nouveau à l'évocation d'Yvelin.
« Rien de trop compromettant, j'espère ? »
lâcha-t-il, l'air faussement inquiet, bien plus à l'aise quand sa mère n'évoquait pas ses regrets le concernant.
« Alors, je dois avoir hésité ça de toi aussi. Papa maîtrise tous ces trucs-là comme si c'était enfantin, alors je l'ai pas mal désespéré. Ah oui, c'est vrai qu'il y a pas mal de trucs qui sont très réguliers, comme les formes géométriques dans la matière. Moi aussi, j'arrive bien mieux à me souvenir quand j'ai testé, sinon, pour la mémoire par cœur, je suis vraiment pas bon. Et c'est où, d'où tu viens ? »
Décidément, ils avaient beaucoup de points communs. Et il avait réussi à la caser, cette question-là...
« Modifié: 20 février 2017, 21:32:30 par Dunwyd »

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #9 le: 23 février 2017, 17:28:53 »

Penthésilée, mage (?), 40 (?) ans

«Ah? Ça signifie que tu seras bientôt libre de choisir ta voie? C'est intéressant. Mais je crois que le Collegium offre une bonne formation de base,malgré un collège professoral plutôt éclectique.» Elle sourit.«Voyager c’est passionnant. Mais parfois le coeur aspire à se poser quelque part.»

Parfois, elle regrettait les choix qui l’avaient contraintes à quitter son pays. Avoir une vie tranquille, normale, à quoi cela ressemblait-il? Vivre en sachant de quoi lendemain serait fait, sans doute était-ce agréable.

«Oh tu sais, dans une ville aussi grande, je pense qu'il est très aisé d'égarer des choses. Surtout quand on s'est fermé à la magie pendant un millénaire. Combien d’artefacts ont dû être confondus avec des objets de décoration? La magie ancienne se pratiquait volontiers avec des objets… des pierres de focalisation, des miroirs de vision, des armes… Depuis les tempêtes,bien des choses sont devenues inutiles, faute d’énergie pour les nourrir. Sans parler de ceux qui ont perdus tout pouvoir à cause des contrecoups.»

Penthésilée était persuadée que de tels objets existaient encore. Tout tendait à le prouver. Quelque part dans cette ville se cachait ce qu’elle recherchait.

Elle n’aurait pas dû aborder le sujet de la magie du sang, elle avait pris le risque de le braquer. Mais elle voulait aussi tester son ouverture d’esprit. Elle aurait du mal à fréquenter des gens aux vues étroites.

«J'imagine, s'il a déclenché un combat au milieu de la foule! Je ne doute pas qu’il ait eu de mauvaises intentions s’il a été arrêté. Valdemar n’est as connue pour ses arrestations arbitraires.»

La réaction de Dunwyd quand elle abordé la question des temples l'amusa.Valdemaran jusqu'au bou des ongles! Un tel dédain pour la religion, on ne voyait ça nulle part ailleurs.

«Oui, mais après le Collegium, c'est là qu'on trouve le plus de jeunes gens en formation! Nombre de congrégations forment de futurs lettrés! Je ne pensais même pas à une quelconque vocation.»

La fausse gêne que le jeune homme évoqua, quand elle mentionné des anecdotes de son enfance, l’attendrit. Visiblement, il ne prenait pas trop mal le fait que son ami ait raconté des souvenirs privés à une parfaite inconnue.

«Non... enfin, je ne crois pas. Yvelin me semble un jeune homme bien trop pudique pour raconter des histoires embarassantes.»

Puis ils parlèrent de la formation de Dunwyd, et celui-ci pointa leurs lacunes communes. Puis il finit par la questionner sur ses origines. Elle était admirative qu’il ait tenu si longtemps sans rien lui demander sur son passé. Avait-il peur de savoir?

«De Taymyrr... Stormhaven, la capitale, plus précisément. C'est très loin à l'Est.» Elle s’interrompit, songeuse. «Cela fait longtemps que je l’ai quitté. Sans doute est-ce très différent maintenant. Peut-être y retournerais-je un jour. Suis-je encore capable d’en parler la langue? J’imagine que ce genre de choses ne s’oublient pas.»
« Modifié: 07 mars 2017, 14:01:55 par Conteur »

Dunwyd

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #10 le: 02 mars 2017, 21:23:02 »
" Oh, oui, "
abonda-t-il dans le sens maternel, pour ce qui était de l'intérêt de faire ses propres choix. Non qu'il ait envie de devenir absolument le seul maître à bord, il aimait bien aussi se laisser aller avec la vague, mais un peu de changement ne lui déplaisait pas. La critique du Collegium lui tira un sourire amusé, et il confessa son ignorance.
" J'ai l'impression aussi que c'est pas mal. Mais bon, je peux pas trop dire, je sais pas comment ça peut se faire ailleurs… Justement, c'est ce genre de choses que je voudrais voir en voyageant. Qu'est-ce que d'autres gens ont pu trouver comme solutions différentes pour les mêmes questions ? Et puis, visiter des endroits qui ressemblent pas à ici, où il doit y avoir d'autres plantes, d'autres animaux, d'autres habitudes… Mais je saurai toujours que je peux revenir ici. "

La question des objets magiques oubliés l'intriguait beaucoup. Et au final, sa mère justifiait suffisamment bien son affaire pour qu'il se dise qu'elle pouvait avoir raison.
" C'est vrai que ça se pourrait… je trouve ça un peu triste. Alors que ces objets pourraient être utilisés pour faire de grandes choses, sûrement… Mais, c'est bizarre que personne ait déjà eu cette idée-là. Sûrement qu'on pourrait faire des recherches, pour voir ce qu'on peut trouver, et qu'on finirait par mettre la main sur quelques trucs, non ? Si tout le monde était bien prévenu. "
C'était sans doute une vision un peu naïve des choses, mais ainsi était Dunwyd. Tout comme il opina sans en rajouter sur le mage de sang. Valdemar avait trop mis ces individus au ban pour qu'il puisse être à l'aise sur un tel sujet.

L'évocation d'Yvelin lui tira cependant un petit rire spontané.
" Ah, mais avec les bardes, on ne sait jamais ! "
contra-t-il avec un large sourire, avant de redevenir un peu plus sérieux :
" Nan, c'est vrai, il irait pas raconter n'importe quoi, surtout sur un ami. Ça lui est arrivé d'écrire des chansons un peu moqueuses, mais je suis pas sûr qu'il en soit vraiment fier, et c'était pas sur des gens qu'ils connaissait. "

Il apprit enfin quel était le pays, et la ville d'origine de sa génitrice. Cela ne lui évoquait pas grand chose, il se contenta donc de hocher la tête.
" Une fois remise dans le bain, tu retrouveras sûrement tes mots… Ça fait si longtemps que ça que tu en es partie ? Et tu n'y es jamais retournée depuis ? "
C'était étrange pour lui, dont la famille n'avait jamais quitté Haven. Un soupçon d'inquiétude passa dans son regard, et il baissa la voix :
" Yvelin m'a dit que… quand tu as rencontré papa, ici, tu étais… poursuivie ? Est-ce que c'est à cause de ça que tu as dû partir de chez toi ? Et maintenant… j'espère que c'est réglé, cette histoire, que tu n'as plus de problèmes ? "
« Modifié: 02 mars 2017, 21:26:28 par Dunwyd »

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #11 le: 07 mars 2017, 14:04:27 »

Penthésilée, mage (?), 40 (?) ans

À force de parler d'artefacts enfouis et perdus, Penthésilée avait réussi à intéresser Dunwyd. Celui-ci semblait maintenant s'enthousiasmer pour cette idée et proposait même une chasse au trésor! La mage ne put s'empêcher de rire de plaisir.

«Quelle bonne idée! Une petite séance d'exploration dans les réserves du palais, je suis certaine que ce serait amusant!» Sa voix était enjouée et de petites rides s'étaient formées au coin de ses yeux. «Évidemment, il faudrait demander la permission. Tu penses que tu pourrais le faire? Parce que j'imagine qu'on risque d'assez mal le prendre, si on nous trouve en train de fouiner sans en avoir la permission. Mais cela ne devrait pas poser de problème. Surtout si tu présentes les choses comme un exercice pratique destiné à accroître ta maîtrise de la perception magique. C'est très difficile d'identifier un objet magique inactif, ou dont le sort est presque épuisé. Il existe des méthodes pour s'aider, évidemment, et ce serait l'occasion de les mettre en pratique.»

En parlant du Barde avec son fils, Penthésilée réalisa qu'elle était encore loin de connaître toute la culture valdemarane. Certes, les Bardes composaient des chansons, c'était évident. Mais le ton de son fils suggérait qu'il était plutôt commun de le faire sur des gens réels, des gens que l'on fréquentait, et de le faire pour s'en moquer.

«Ah?» Elle avait l'air sincèrement surprise. «Tu veux dire que d'autres ne se privent pas de le faire? Ce n'est pas très gentil. Enfin, j'imagine qu'il s'agit ici d'une de ces différences culturelles qui font le charme des voyages dans d'autres contrées. Je ne pense que dans mon pays, ce serait envisageable d'écrire une chanson même gentille sur quelqu'un sans que celui-ci ne le prenne très mal.»

Parler de son pays lui procurait un sentiment bizarre. Elle n'en parlait normalement jamais. Elle préférait éviter, car malgré les années, elle souffrait encore énormément de son passé.

«Cela fait... eh bien... un peu moins de vingt ans. J'étais toute jeune quand j'ai quitté le pays.» Elle se força à sourire. «Oui, tu as raison. On ne peut pas oublier sa langue maternelle. Quelques phrases, et tout me reviendra.»

Par son ton, sa posture, Dunwyd montrait que le sujet qu'il abordait maintenant le mettait mal à l'aise, voire lui faisait peur. Qu'avait donc bien pu lui raconter Yvelin à ce sujet? Elle ne devait pas oublier qu'il était Barde, et qu'il n'avait sans doute pas pu s'empêcher d'enjoliver les choses, de les rendre plus dramatiques, plus intéressantes.

«Poursuivie... oui, c'est sans doute le terme que j'ai utilisé. Poursuivie par mon passé. Par mes devoirs. Par celui que j'ai bafoué.» Elle eut l'air soudain lasse. «J'ai refusé un mariage arrangé... au dernier moment. J'ai humilié sa famille, j'ai humilié la mienne... je me suis retrouvée dans une situation... compliquée. J'aurais dû mieux gérer les choses, en parler avant, ou accepter mon sort. J'aurais dû... j'aurais dû avoir le recul d'une adulte plutôt que la fougue d'une adolescente.» Elle soupira. «Me faire un ennemi de cet homme et de sa famille n'était pas très sage. Il était... il est toujours le descendant d'une des familles de mage les plus puissantes de mon pays. De notre mariage auraient dû naître les détenteurs d'une puissance magique formidable. Mes parents, les siens aussi, avaient des visées hégémoniques. Lui... lui aussi. Il se voyait... peut-être pas roi, non, mais père du consort du futur souverain. Et moi... moi je voulais explorer le monde, je voulais étudier la magie, les magies, toutes celles qui existent. Pourquoi se limiter? Cet avenir étriqué n'était pas pour moi. Alors j'ai fui. Et j'ai voyagé. Je pensais que disparaître suffirait à faire oublier mon affront. Mais il a fini par me retrouver. Grâce à ses pouvoirs, puis, quand j'ai appris à m'en prémunir, par des gens qu'il payait.»

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #12 le: 12 mars 2017, 20:59:59 »
Sa mère s'enthousiasma pour aller fureter dans les coins oubliés du palais, et il en fut ravi. Ça leur ferait une activité ensemble, et puis, il y avait moyen que ce soit rigolo, voire instructif. Aussi ne lui fallut-il qu'un instant pour y penser avant d'assurer qu'il ferait le nécessaire :
" Oh, je peux toujours demander, oui. Je pense pas non plus qu'on nous refusera ça, de toute façon, si on va que dans des coins où plus personne sait ce qu'il y a vraiment, ou alors où les trucs ont l'air d'avoir aucune valeurs. Ah ouais, je pourrais dire ça, que c'est un exercice… mais du coup, tu vas aller te présenter au Collegium, ou… on peut y aller ensemble, si tu veux ? En fait… "
Bon, c'était peut-être le moment de placer ce qu'il avait retenu plus tôt. Il hésita encore un peu, et se lança :
" Je suis en fin de troisième année, là, et j'ai pas encore choisi de maître pour la suite… peut-être que ça fait un peu tôt pour penser à ça, mais… je crois que j'adorerais que ce soit toi qui continues à m'apprendre des trucs de magie. Ça a l'air chouette, ce que tu étudies, et puis tu as sûrement un autre point de vue que celui d'ici, peut-être d'autres méthodes, et… enfin, si ça te dit, bien sûr ? "

Ses yeux se firent amusés à propos des Bardes. Il y avait de tout parmi eux, forcément, même si cela étonnait visiblement sa mère.
" Oui, certains sont spécialisés là-dedans. Oh, c'est pas toujours vraiment méchant non plus, des fois c'est juste pour rire… mais enfin, avec eux, on sait pas toujours trop si c'est du lard ou du cochon. Le pouvoir des Bardes… "
La contrée d'origine de Penthésilée semblait la laisser bien songeuse. Elle lui en dit un peu plus sur son départ de là-bas, et surtout, les raisons qui l'y avaient poussée. Dunwyd resta scotché pendant son récit, soulagé malgré tout qu'il ne se soit agi de rien de ce que son imagination avait pu supposer, et finit par lui offrir un de ses sourires spontanés.
" Oh, je suis presque déçu. J'avais supposé quelque chose de super épique, avec un grand méchant très puissant poursuivant la noble héroïne, tout ça. Enfin, ça a pas dû être drôle quand même, mais si c'est fini maintenant, eh ben l'essentiel, c'est que tu as réussi quand même à faire ce que tu voulais, au final ? Puis moi j'existerais pas sinon. "

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #13 le: 19 mars 2017, 11:43:41 »

Penthésilée, mage (?), 40 (?) ans

«Me présenter au Collegium?» Elle ouvrit grand les yeux. «Est-ce nécessaire? Je pensais qu'être ton amie suffisait à me faire entrer. Ce n'est pas que je ne veux pas, mais... je ne voudrais pas déranger. Je pense que tous ces gens ont plus intéressant à faire que de me recevoir. Et tu sais, j'ai été questionnée à l'entrée de la ville, déjà.»

Elle était réticente à l'idée de demander la permission. Elle n'avait pas spécialement envie de se faire remarquer. Elle était une mage étrangère dans un pays connu pour ses réticences à l'endroit des jeteurs de sorts étrangers. Elle n'allait pas prendre de risques.

Puis on parla de la formation de Dunwyd, et celui-ci évoqua son parcours, et ses envies pour la suite. Il lui demanda sans détour qu'elle devienne sa professeur.

«Oh, Dunwyd.» Elle porta la main à sa poitrine. Elle était sincèrement touchée qu'il veuille d'elle comme maître. Elle n'avait osé y songer, de son côté. Comment aurait-elle pu se montrer si présomptueuse, elle qui l'avait abandonné. «Évidemment! J'en serai absolument ravie! Je ne pensais pas que tu voudrais.» Elle sourit, radieuse. «Mais tu sais, si tu veux apprendre la magie avec moi, il faudra te débarrasser de tes préjugés. Et te préparer à travailler dur. Je suis une maîtresse exigeante.»

C'était parfait. Absolument parfait. Elle était venue à ce rendez-vous préparé à devoir négocier, flatter, s'excuser pour peut-être reconquérir son fils. Or celui-ci semblait tout prêt à accepter cette inconnue qui était sa mère. Sans rancœur, sans critique.

Penthésilée peinait à comprendre l'utilité des Bardes dans la société valdemarane. Elle savait bien l'importance de la musique, mais elle en comprenait pas pourquoi ici les bardes possédaient un statut similaire aux Guérisseurs et aux Hérauts. D'autant qu'ils semblaient aussi travailler pour eux et gagner leur vie comme n'importe quel artisan.

«Spécialisés? Des gens paient pour qu'on écrive des vers satiriques sur eux? Ah non... je comprends. Ils paient pour qu'on écrive des vers satiriques sur leurs ennemis.» Elle sourit. «Quant à leur Don, je dois avouer que je ne suis pas certaine de comprendre en quoi il consiste. J'avais remarqué que ce sont de talentueux musiciens, mais en quoi se différencient-ils de ménestrels?»

Yvelin avait effectivement enjolivé le récit de sa vie, si on se basait sur la réponse de Dunwyd. Satané Barde! Ils étaient partout les mêmes, à vouloir rendre exceptionnel ce qui n'était que banal!

«Oh... il y a en effet un grand méchant. Mais il ne l'est que si tu écoutes l'histoire de mon point de vue. Si tu écoutes sa famille, il a sans doute parfaitement raison d'agir comme il le fait.» Elle soupira. «J'espère que ça l'est. Terminé, je veux dire. Il me laisse en paix depuis quelques années. Peut-être s'est-il lassé.» Elle sourit chaleureusement à Dunwyd. «Mais oui, si j'étais resté là-bas tu ne serais jamais né.»

Dunwyd

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Re : Je m'appelle Dunwyd, j'aime ma maman
« Réponse #14 le: 23 mars 2017, 20:48:33 »
" Oh, c'est sûr, tu peux entrer sans ça ! Mais je pensais que pour aller farfouiller comme ça… enfin bon, c'est sans doute pas obligatoire non plus. On verra bien si quelqu'un trouve à y redire. "
A croire que le mode de pensée d'Elke l'avait contaminé : on pouvait bien y aller, et il serait encore temps de s'excuser ensuite le cas échéant. Et puis, il n'avait pas envie de mettre sa mère mal à l'aise, ce que ferait apparemment une telle présentation officielle. En outre, il était encore moins enthousiaste à l'idée qu'elle le croie suspicieux. Déjà qu'elle pensait nécessaire de se justifier de ses questionnements à l'entrée de Haven…

Puis son sourire fit écho à celui du visage maternel. Lui aussi, avait craint que sa proposition ne semble pas appropriée à Penthésilée.
" On a du temps ensemble à rattraper, alors, ce serait le meilleur moyen, non ? "
La mise en garde qui suivit ne l'effraya pas vraiment. Il se sentait prêt à des concessions pour passer du temps avec cette mère qu'il souhaitait vraiment connaître, et était de toute manière quelqu'un de très tolérant. En plus, si l'apprentissage était aussi intéressant que les travaux pratiques du collegium, il n'aurait pas trop de mal à faire des efforts.
" Tu vas avoir plein de choses à m'apprendre. Je ferai au mieux pour être à la hauteur. "
Il n'avait pas envie de la décevoir, ça, c'était certain. Avoir un professeur qui était en même temps sa mère retrouvée, voilà qui allait l'obliger à se surpasser.
" Après, je sais pas du tout comment ça se fait. Je veux dire, en pratique, avec le Collegium, tout ça. Mais bon, si on est tous les deux d'accord, je vois pas pourquoi ça leur poserait problème. "

Dunwyd opina d'un air entendu alors que la blonde étrangère touchait la vérité concernant les bardes. Quoique quelque chose lui échappait encore, visiblement. Ravi de la renseigner, il expliqua :
" En fait, les Bardes ont un don spécial, qui fait que ce qu'ils jouent, eh ben… on le ressent vraiment, comme eux le ressentent, enfin je suppose que c'est ça. C'est dur à expliquer comme ça, mais… c'est plus fort qu'avec un simple ménestrel, en gros. Si un Barde chante quelque chose sur le parfum des roses, disons, eh ben tu vas vraiment avoir l'impression de sentir ce parfum. Ce genre de trucs. Et puis, ils sont aussi un peu plus officiels, genre, sur l'histoire par exemple. Enfin, c'est comme ça que je les vois, en tout cas. "

La partie du récit de son ami qui avait initialement inquiété le jeune homme était maintenant bien éclaircie, et il hocha la tête, compréhensif, avant de reprendre avec un enthousiasme un peu surfait :
" Bon, alors c'est bien comme ça, hein, ça aurait été dommage sinon. Le monde n'aurait jamais su ce qu'il manquait, à ne pas me connaître, mais quand même ! "
plaisanta-t-il afin, il l'espérait, de voire toute trace de ces anciens soucis quitter le visage maternel.
« Modifié: 23 mars 2017, 20:50:57 par Dunwyd »