[justify:3ngitmya]La tension était palpable dans la cuisine ; même une Saskia épuisée pouvait le sentir plutôt aisément au point qu'elle ne s'en sente un peu mal... Isabeau avait l'air d'attendre quelque chose, son regard passant d'Arthon à elle... Avait-elle fait une bourde qui les avait trahis tous les deux ? Saskia porta son bol à ses lèvres après avoir hoché la tête à la réponse d'Arthon : il n'y avait rien d'étrange à ce qu'un héraut s'occupe de son Compagnon aussi tard, même si la jeune fille comprenait ce qu'il ne disait pas... Saskia avait été voir Ryis aussi, quelques jours auparavant, et si elle l'avait trouvé en meilleur forme, elle ne pouvait s'empêcher de penser, parfois, que c'était injuste que ce que les Compagnons avaient tenté pour sauver Antéa avait échoué pour elle, et réussi pour Ryis. Ce n'était pas une pensée digne d'un futur héraut, et Saskia le savait - elle avait bien le droit, pour l'instant encore, de penser de telles sornettes, n'est-ce pas ?
D'ailleurs, tout le temps que cela lui prit de réfléchir à cela, Saskia n'avait pas quitté l'Héritier des yeux... Et la réflexion d'Isabeau lui fit avaler une gorgée de son lait de travers ; Arthon, lui, en avait fait tomber son bol, et Saskia luttait pour reprendre son souffle en toussant. Bizarres, eux ? Ils faisaient tout pour le paraître encore plus ! Niveau discrétion, c'était loupé ! Le Héraut tentait de plaisanter, pendant que la Bleue, elle, finissait par reprendre son souffle, une respiration vaguement régulière, et son joli minois abrorait une couleur des plus rouges, rivalisant avec celui de sa comparse. Saskia regarda Isabeau, aussi gênée qu'elle, le nez dans son bol. La DeFeriel se tourna alors vers celui qui faisait autant battre son coeur. Lui demander, d'un simple regard, si elle avait fait quelque chose de mal - et quoi ? - si elle les avait trahis sans le vouloir. La simple pensée de devoir "rompre" avec lui, malgré l'absence d'engagement réel et tangible, rendait Saskia tout bonnement malade. Elle ne pouvait pas, c'était aussi simple que cela. Arthon était aussi important pour elle que...
En un battement de cil, il se passa quelque chose. Leurs regards restèrent scotchés ce qui sembla une éternité bien trop courte pour la jeune fille. Soudain, Saskia eut l'absolue certitude que l'Hériter unique de Valdemar était autre chose qu'un béguin d'adolescente et le meilleur parti de Haven ; il lui était devenu aussi indipensable qu'aurait du l'être Antéa. Elle hoqueta de surprise, face à cette pensée si... Terrifiante, il fallait l'avouer, mais ô combien ennivrante et grisante. En même temps que lui, elle détourna le regard, trouvant soudain la mosaïque du carrelage sur les murs, bien intéressante...
Pourtant, elle finit par se tourner à nouveau vers Arthon, les yeux interrogateurs... Avait-il ressenti la même chose ? Saskia pensa qu'elle avait terriblement besoin de sa chaleur, de ses bras. Le silence, lui, devenait pesant, la situation critique. Saskia se leva brusquement. Elle resta un instant ainsi, bête à vrai dire, avant de pointer du doigt une corbeille de fruits.
- J'ai... Je... Quelqu'un veut me manger ? Non ! Non. Manger un fruit ?
Elle avait envie de pleurer tellement elle se sentait gênée et ridicule ![/justify:3ngitmya]