Auteur Sujet: Convenances (sans convens)  (Lu 25009 fois)

Héraut Irmingarde

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #45 le: 16 avril 2020, 18:09:20 »
Beltran lui dit qu'elle était belle, et Mina rougit un peu comme une gamine. Elle n'était absolument pas coquette, mais elle aimait lui plaire, et encore plus lui entendre dire.

"Tu es très élégant aussi" répondit-elle en passant la main sur son veston.

Elle le pensait, bien sûr. Ce n'était pas son physique qui l'avait fait tomber amoureuse de lui, mais il était clair que ça ne gâchait rien. Les années auprès de lui - et sa probation auprès de Méra, il fallait bien l'avouer - l'avait un peu décoincé et Mina savait apprécier ce qu'elle voyait.

Mais cela ne l'aida pas à moins angoisser quand Beltran la serra un peu plus fort. Elle ne le sentait pas, mais elle s'était engagée à l'écouter, alors, elle le fit. Si elle avait su...

Dès ses premières paroles et l'emploi du terme "officiellement", Mina fut parcourue d'une sueur froide. Elle vit arriver la catastrophe comme on voit un accident de chariot, la subissant presque impuissante. Elle eut la furieuse envie de poser ses mains sur sa bouche et lui dire se taire, pitié de se taire avant de dire une chose que tu regretteras, mais c'était déjà trop tard, et le mot "époux" fut prononcé.
Si lui avait rougit, Mina avait blanchit petit à petit. Il était heureux qu'elle ne porte pas son uniforme finalement, car elle se serait confondu avec. Elle était consternée, triste, gênée, en colère, perdue.
Elle recula. Ils s'étaient arrêtés de danser et ils se retrouvaient face à face, stupidement immobiles au milieu de danseurs qui ignoraient tout de ce qui venait de tomber sur Mina.
Une demande en mariage.
Merde.
Merde, merde, merde, merde.

Comme à chaque fois qu'elle se retrouvait en détresse, Mina chercha le secours d'Ezarel, mais elle ne la trouva pas. Ou plutôt, le Compagnon était si choquée qu'elle était incapable de quoique ce soit.

Une chose était sûre, ils ne pouvaient pas rester là, plantés en plein milieu de la place. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle se serait tout simplement enfuie. Ou elle aurait hurlé. Mais elle ne pouvait pas mettre les De Girier dans l'embarras, pas encore une fois. Pourquoi à chaque fois qu'elle participait à une fête de famille chez les Orfèvres était-elle incapable de ne pas provoquer de catastrophe ?!

Ah il plaisantait en plus sur le fait qu'ils étaient observés ? Fort bien, elle leur ménagerai un espace privé dans ce cas !
Elle attrapa le poignet de Beltran et tira dessus, l'obligeant à la suivre dans un coin tranquille, ce qui n'était pas simple à trouver vu le monde présent. Au passage, elle attrapa une coupe de vin qu'elle bu presque d'une traite. Le verre finit vide, posé sur un autre plateau. En route, elle croisa Lucile De Girier, et du faire appel à toute sa discipline pour ne pas lui hurler "Ah ben bravo ! Bravo, et merci hein!". A la place, elle lança un regard furibond à Isabeau en lui montrant des yeux sa mère, puis finit par trouver une zone provisoirement vide de monde.

Elle fit demi-tour pour faire à nouveau face à Beltran. A présent, en plus de tout le reste, elle était triste. La dernière chose qu'elle voulait, c'était faire de la peine à l'homme qui partageait sa vie, et pourtant, elle savait qu'elle allait le faire. Malgré elle.
Elle regarda à droite, vers une route pavé permettant de sortir. Elle hésita vraiment à s'enfuir sans lui donner d'explication et le laisser se débrouiller, après tout, il l'avait cherché. Il devait se douter que ça ne sentait pas bon pour lui. Les jeunes femmes qui attendent un mariage accueillent en général une demande avec force joie, voire larmes de bonheur.
Elle ouvrit plusieurs fois la bouche, mais aucun son ne sorti. Elle ne savait pas quoi dire. Ou plutôt si, elle avait des tas de choses à dire, il fallait qu'elles les ordonne mais n'y arrivait pas. Ça allait sortir pèle-mêle

"Beltran. Beltran je..."

Mina soupira profondément.

"Je pensais que... que tu me connaissais mieux que ça. Après tout ce temps. Je ne sais pas quel genre de fadaise a pu te sortir Lucile de Grier, mais telle que je la connais... Déshonneur, vraiment ? C'en est un, pour toi, que de m'aimer sans devoir répondre à tout ce... cirque?"

Elle montra du doigt les mariés.

"Quelque chose t'arriveras! Et moi aussi ! Tu es Commandant des Armées Valdemarannes, et je suis la seule Héraut Boutefeu du royaume, tu crois que c'est quoi notre espérance de vie?! Et tu penses que je voudrai quoi, être reconnu comme Veuve Greenhaven hein ?! Mais je n'ai pas besoin de ça ! Je suis un Héraut, c'est ça mon titre, mon rang et mon honneur ! J'ai un logement au Collegium, des émoluments, et des besoins simples, pourquoi aurais-je besoin de quelque chose si tu disparaissais ? Je n'ai pas besoin d'autre chose pour connaître ma valeur, et ma valeur ne devrait rien avoir à voir avec le nom que je porte ! Quoiqu'en pense Lucile de Girier ou même... ta mère."

Mina avait toujours soigneusement réussit à échapper aux présentations avec la mère de Beltran, ayant toujours refusé de l'accompagner à Greenhaven. Elle aurait pu demander des congés - Alem aurait adoré de ne pas avoir à courir après les Hérauts pour ça - elle aurait pu même en profiter pour aller saluer les Sadare au passage, mais elle avait toujours réussi à s'échapper. Elle ne savait même pas jusqu'à aujourd'hui que Janine Greenhaven jugeait si important que son fils l'épouse. Assez important visiblement pour passer sur sa bâtardise, même si elle était un Héraut.

"Tu n'as pas besoin d'officialiser notre amour, tu l'as fait le jour où tu es venu t'incliner devant moi au détriment de tout protocole, au retour de la guerre. Et moi quand j'ai arrêté de te rejoindre tes appartements en me cachant. Je n'ai pas besoin d'un nom, je n'ai pas besoin d'un rang. Je serai... bon sang Beltran je serai bien incapable de l'assumer ! Non mais tu m'imagines, moi, Irmingarde De Greenhaven ? Je ne sais même pas écrire deux lignes sans faire trois fautes, je n'ai absolument pas reçu l'éducation pour ça, je n'en ai même reçue aucune jusqu'à mes seize ans ! Je serai au mieux ridicule, au pire une honte pour le nom que tu portes."

Le ton de sa voix était monté crescendo et elle espérait qu'on ne les entendait pas. Elle cacha son visage de ses mains et gémit, puis fit quelques pas de gauche à droite, pour résister à l'envie de le secouer pour lui faire entendre raison.

"Je... je pensais que je te suffisais. Que c'était suffisamment honorable de s'aimer simplement. "

Ses épaules s’affaissèrent brusquement. Mina ne pleurait presque jamais, et là, ses yeux se remplirent de larmes. Parce qu'elle savait que ce qu'elle avait dit aurait des conséquences. Parce qu'elle avait peur. Parce que ce serai difficile d'oublier ça, et même impossible.

 
« Modifié: 17 avril 2020, 08:37:35 par Héraut Irmingarde »

Beltran

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Re : Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #46 le: 16 avril 2020, 19:55:17 »
Tout avait bien commencé. Elle était belle, il était élégant, et ils formaient un beau couple sur la piste de danse.
Puis tout se détraqua. Avant même d'ouvrir la bouche, Beltran sut qu'il avait fait une erreur. Il n'était pas doué dans la danse des sentiments et si ses pas le faisaient se mouvoir avec grâce entre les autres couples, et il sut qu'il aurait dû ne rien dire, profiter et peut-être, dans la soirée, faire l'amour à sa demoiselle. Mais il ouvrit la bouche et les mots qui en sortirent scellèrent son sort pour la soirée. Pour la décade. Pour la vie?

Rouge comme un homard, Beltran contrastait avec la paleur de Mina. Ils s'étaient arrêtés de danser, et on commençait à les regarder en coin. Le fringant Commandant se retrouvait dans une situation qu'il ne maîtrisait absolument pas et au fond de sa gorge grandissait une boule brûlante de détresse. Il se laissa entraîner à l'écart, la voyant s'abreuver brièvement et ils arrivèrent dans un endroit calme. Beltran nota aussi la présence de la route mais il se devait de faire face au feu qu'il avait provoqué. La boule dans son estomac se transforma en boule de fonte  en fusion.

Irmingarde semblait perdue. Beltran ne pouvait pas l'aider puisque ce silence gêné venait de lui. Le Capitaine regardait sa dulcinée, incapable de débloquer la situation. Il savait que lorsqu'elle ouvrirait la bouche il en prendrait pour son grade.
Et ce fut la tempête. D'abord concernant Lucille de Girier, le déclencheur de cette situation, même si le commandant ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Mina continua sur leurs statuts respectifs, répétant sans hésitation ... tout ce qui avait fait hésiter Beltran jusque là. Il s'était voilé la face, imaginant un futur plus serein. Il ignorait encore ce qu'ils auraient à subir mais il voulait être avec elle. Vint ensuite l'évidence: la déclaration d'amour de Beltran faisait encore piailler dans les chaumières. Puis Irmingarde conclut sur l'évidence: elle ne serait jamais Dame de Greenhaven, quoi qu'en rêve Beltran. La boule dans son ventre remonta dans sa gorge, provoquant des sentiments inconnus chez Beltran. Il tenta d'avaler sa salive - échoua et recommença. Il reconnut l'émotion qui l'envahissait. Beltran de Greenhaven, Commandant des troupes de Valdemar, avait envie de pleurer. Il  battit des cils pour écarter une première larme sachant que s'il la laissait couler, d'autres suivraient.

"Mina. J'ai grandi éduqué comme ça. Toutes tes remarques, tous tes sentiments à propos d'un mariage, je les partage. Ma mère veut me marier. J'ai voulu prendre les devants. La seule personne avec qui je me vois... passer ma vie, c'est toi. Je n'ai pas besoin d'un Lien pour la Vie pour le savoir. Je n'ai pas besoin d'un anneau pour te le prouver. Je t'aime. Je t'aime et ça me fait chaque jour aussi peur qu'au début de notre relation.. que tu te rendes compte que je suis tellement plus âgé que toi, que nous pouvons mourir à n'importe quel moment, ... Rien, rien Mina ne passera avant toi à part Valdemar. Tu es mon ancrage, ma force et je préférerai le suicide plutôt que de te mettre dans de tels états."


Beltran prit les mains de la jeune femme sur son visage et les tint avec ferveur.

"Tu me suffis. Toujours."

Mina fit quelques pas et Beltran la laissa revenir vers lui et lui reprit les mains.

"Que puis-je faire pour me faire pardonner?"

Il baissa la voix pour en cacher les accents brisés mais ne put empêcher une larme de briller brièvement au coin de sa paupière:

"Dis moi au moins que tu réfléchiras à me pardonner..."

Héraut Irmingarde

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #47 le: 16 avril 2020, 21:54:32 »
Mina se pensait affreuse.
Elle se sentait affreuse.
Elle devait l'être, assurément.
Comment pouvait-on être aussi... ingrate?
Cependant, alors qu'elle voyait Beltran se décomposer, sa colère ne s'atténuait pas. Aussi amoureux soit-il, et même porté par l'ambiance festive, comment avait-il pu penser à la demander en mariage, en plein milieu d'une danse, au beau milieu d'une foule ?! Qu'est-ce qu'il lui été passé par la tête ?
A travers ses yeux humides, elle vit combien il était blessé, et elle comprit que lui aussi luttait contre ses larmes. Elle ne l'avait jamais vu pleurer, mais elle savait qu'il le ferai sans honte. C'était d'autant plus dur.

"Beltran, je t'aime aussi, je ne te le dis jamais, mais je t'aime."

Deux fois en une seule phrase, c'était probablement plus que toute la dernière année ensemble. Elle mêla ses doigts aux siens quelques secondes dans une caresse qu'elle aimait. Elle avait découvert que c'était une zone érogène chez elle. Mais elle finit par les retirer et soupira :

"Mais ça t'étonne que je rejette le rang que tu veux m'offrir? Beltran tu as quarante ans passé, et tu estimes que tu dois encore obéir à ta mère?!"


Oui, Mina, quand elle était en colère, se comportait comme une parfaite idiote.
« Modifié: 17 avril 2020, 06:31:51 par Héraut Irmingarde »

Beltran

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Re : Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #48 le: 17 avril 2020, 11:49:31 »
Pendant qu'Irmingarde se trouvait affreuse, Beltran, lui, se trouvait minable. Il avait vraiment choisi les bons mots, le bon endroit et le bon moment, c'était sûr. Mais le pire arriva après sa diatribe. Mina lui dit, mot après mot, qu'elle l'aimait. Ils étaient un couple qui ne se disait jamais des choses aussi officielles que "je t'aime", et qu'elle utilise  ces mots dans sa colère les rendait d'autant plus précieux.

Beltran garda la main de Mina dans la sienne jusqu'à ce qu'elle la lui reprenne et lui pose la question la plus difficile de la conversation. Il hésita.

"C'est la dame de Greenhaven. Elle nous a élevés dans l'honneur et l'obéissance."
et encore, Beltran était son préféré... il avait donc subi encore plus les humeurs de sa mère. "Elle me fait toujours peur." avoua-t-il.

Beltran reprit délicatement la main d'Irmingarde:

"Je suis prêt à désobéir et à la décevoir tant que je ne te déçois pas plus..."

Plus de larmes dans les yeux du Capitaine - mais une lueur décidée. Mina aurait le dernier mot et il était prêt à l'entendre. A ce moment précis il se désola de ne pas avoir la Parole par l'Esprit pour lui montrer toute la sincérité de ses propos.

Héraut Irmingarde

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #49 le: 17 avril 2020, 13:14:41 »
Honneur et obéissance...
L’obéissance, Mina avait connu ça, enfant. Mais certainement pas celle qu'on inculquait chez les Greenhaven, plutôt celle qu'on se prend à coup ce ceinture dans le dos. Quant à l'honneur, c'était la seule chose qui lui avait permis de se reconstruire à peu près.
Ce qui n'avait rien à voir avec son enfance à lui.
Et c'était ça qu'il voulait d'elle en la faisant Dame de Greenhaven à son tour ? Qu'elle fasse sienne ces valeurs familiales, et puis quoi ensuite, qu'elle les transmette, mais à qui? Est-ce qu'il se lèverait un matin en décidant qu'il voulait des enfants ?
Si Liane ne pouvait prétendre à cette succession, et que se marier était si important, alors ce serait une suite logique.

Tout s'embrouillait dans l'esprit de Mina, malgré toute la ferveur de Beltran qui avait l'air de souffrir presque plus de ce qu'il avait dit que de ce qu'elle lui avait dit elle. 

"Je veux... je veux pas que tu ailles à l'encontre de ce que tu es, Beltran."


Elle récupéra sa main, doucement.

"Je ne suis pas déçue, je suis... je ne sais même pas. J'ai besoin de... de faire le point ? J'ai besoin de réfléchir. Je vais avoir besoin de temps, je crois. Je vais rentrer. Au Collegium."

Ca voulait dire beaucoup, tant Irmingarde passait peu de nuit dans sa chambre et s'était plus ou moins fait une place dans les appartements spacieux du Capitaine.

"Quant à toi, réfléchis aussi. Tu n'as qu'à inviter Ingrid De Girier à danser. Exactement le genre de fille qui souhaite épouser l'héritier d'un grand nom, non ? Lucile adorerait ça"

C'était cruel, et gratuit de sa part de lui dire ça. Mais pas que. Au fond, elle pensait vraiment ce qu'elle lui proposait. Si répondre aux vœux de sa mère était si important à ses yeux, peut-être que Beltran devait s'ouvrir aux autres femmes pour constater que sa compagne depuis quatre ans était décidément une emmerdeuse, et que le bonheur pouvait se trouver ailleurs au bout du compte. Même si elle en creverait de jalousie.

Elle fit un pas de côté et pris la fuite pour de bon cette fois-ci, et finalement, c'est vers le Champs qu'elle se dirigea, pour rejoindre Ezarel et se mettre à pleurer pour de bon contre elle.
Elle était partie du mariage comme une voleuse et fit passer des excuses via Ezarel/Bethaniel/Isabeau.
« Modifié: 17 avril 2020, 13:30:49 par Héraut Irmingarde »

Beltran

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Re : Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #50 le: 17 avril 2020, 16:49:23 »
Les mots de Mina frappèrent Beltran au plexus." je veux pas que tu ailles à l'encontre de ce que tu es, Beltran." Elle enleva sa main de celles du Capitaine et enfonça le clou: elle avait besoin de distance, de réflexion et de temps... Tous les mots sonnaient comme ceux d'une rupture. Mais Irmingarde finit sa propre tirade par la pire phrase qu'elle ait prononcée. Inviter Ingrid de Girier? Mais qu'est-ce qui passait par la tête d'Irmingarde pour suggérer une telle chose - bien qu'elle ait raison, ce qui faisait d'autant plus mal.

Beltran ne répondit pas. Il resta immobile mais soudain son visage se fit dur, loin des larmes et tout dans la maîtrise. SOn regard se perdit dans le vide quelques secondes. Quand il battit des paupières, le Commandant des armées de Valdemar était présent. Et célibataire car il n'avait pas de temps à perdre dans la romance ( ou plutôt des miettes qu'il en restait).

"Très bien..". murmura-t-il.

Il prit une inspiration et c'est un noble fringant qui arriva à côté d'Ingrid de Girier... ayant avant bu une sacré quantité d'alcool. Il savait qui elle était par principe d'élimination - et à la gueule joyeuse de la demoiselle. C'était ça qu'Irmingarde suggérait de mettre dans son lit? Elle n'était pas à la hauteur. Et il ignorait si elle savait danser - sûrement, vu son statut. Beltran repéra Isabeau. ELle savait sans doute déjà le drame familial. Liane devait être déjà au courant.
Beltran finit de s'approcher d'Ingrid qui était entourée de la Kestra'chern- qu'il salua galamment - et s'inclina devant Ingrid.
"Beltran de Greenhaven, Commandant des armées de Valdemar. Puis-je vous proposer une danse? Si bien sûr vous acceptez que je vous écrase les pieds... Je vous ferai bien danser aussi ma Dame, si vous en avez l'envie."



Les talents de danse de Beltran étaient bien connus à Haven mais peut-être qu'Ingrid n'en avait pas entendu parler. Très élégamment il s'inclina, la main en avant devant INgrid... et faillit tomber, l'alcool lui étant monté subitement à la tête.

"Oups.. Désolé" fit-il avec un grand sourire.

D'un signe, il fit signe à un serveur qui proposa des boissons alcoolisées au petit groupe. Beltran ignorait combien de verres il avait pris. normalement il tenait bien l'alcool mais l'usage de la petite fiole de Whisky dans son costume avait aidé.
Toujours genre prince charmant, il attendit de voir s'il se faisait rabrouer, auquel cas il fuierait la fête, ou Ingrid acceptait de danser - Ou Pluiechantante. Connaissant cette dernière, il y avait des chances que son masque d'homme fier de lui-même s'ébrèche facilement.

Alors Ingrid?
« Modifié: 17 avril 2020, 17:13:39 par Beltran »

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #51 le: 18 avril 2020, 16:42:34 »

Les paroles de la nouvelle venue étaient toutes empreintes d’exotisme. Le nom de l’Empire, la mention de l’ouest, l’évocation de la mer… Tant de choses dont Ingrid ne connaissait que ce qu’elle avait pu en lire ou en entendre parler – c’est-à-dire pas grand-chose. Néanmoins, elle ne put que hocher la tête quand la femme évoqua la difficulté de trouver les bons tissus ou les bons motifs pour réaliser une tenue de chez elle. Elle, elle n’avait jamais fait dans l’exotisme, évidemment, mais elle avait bien remarqué que certaines vieilles robes n’étaient pas faite de la même matière que celles à la mode. Et, parfois, ce n’était pas facile à adapter. Pourtant c’était des toilettes valdemaranes, même si elles dataient de plusieurs décennies… Alors avec un continent de distance, elle n’imaginait même pas le problème. Mais, bien sûr, elle se garda bien de dire tout ça. Pas question que l’étrangère – ou qui que ce soit à proximité – puisse faire des déductions.

« Je ne connais pas la mode de chez vous, je ne peux donc pas dire si elle est fidèle au modèle ou pas, mais c’est sûr que cette robe vous va très bien, » se contenta donc de répondre la blondinette.

Elle ne put s’empêcher de sourire lorsque la femme raconta qu’elle avait modifié une vieille robe pour la remettre au goût du jour et qu’elle avait trouvé ça amusant.

« J’imagine. »

Elle se mordit l’intérieur des joues pour se retenir de surenchérir. Amusant n’était certainement pas le terme qu’aurait utilisé Ingrid en premier, mais c’était vrai que ça l’était au fond. Elle aimait coudre et broder, les travaux d’aiguille la détendaient et l’occupaient tout en lui donnant l’impression d’être un peu utile. Mère n’avait pas l’intention de lui laisser mettre le nez dans la gestion autrement que pour regarder – dommage, elle aurait pu faire faire des économies au domaine, elle – et les journées à la maison pouvaient vite être longues quand on était désœuvrée. Et puis, voir son travail progresser de jour en jour, jusqu’au résultat final, c’était quand même très gratifiant.

Quand le sujet dévia vers son lien avec les mariés, Ingrid était un poil plus détendue. Mais elle ne put s’empêcher de hausser un sourcil quand la femme nomma sa profession. Kestra’chern ? Ça ne lui disait rien. Mais ça sonnait exotique aussi, comme son accent, comme sa robe, et c’était donc certainement un métier de là-bas loin à l’ouest. La blondinette hocha donc simplement la tête à l’explication qui suivit – masseuse et oreille attentive, ma foi, pourquoi pas – mais la vraie surprise vint après. La mage Sourcedésert, sa compagne ? C’était probablement une faute de valdemaran, n’est-ce pas ? Parce que toute autre explication était au mieux absurde au pire complètement scandaleuse.

Instinctivement, Ingrid chercha la femme aux cheveux blancs et à la robe criarde dans la foule, tandis que ses lèvres répondaient machinalement à la question. On lui avait appris les bonnes manières depuis sa naissance, elles lui étaient chevillées au corps. Et elles étaient bien utiles quand le reste de son cerveau se déconnectait.

« Non, pas encore. Je m’appelle Ingrid, Ingrid de Girier, » ajouta-t-elle puisque l’étrangère s’était présentée et que la moindre des politesses était de lui rendre la pareille.

Elle allait ouvrir la bouche pour demander plus de détails à la kestra’chern sur sa relation avec la mage – oui bon, ça ne se faisait pas, mais mais… soupçonner quelqu’un sans preuve non plus, n’est-ce pas ? – quand un homme de belle prestance se matérialisa soudain près d’elles. Et se présentait comme ça, de lui-même, de la plus cavalière des façons ! Avant de l’inviter à danser !

Incrédule, presque choquée, Ingrid dévisagea le nouveau venu en silence pendant au moins quelques secondes. Le nom de Beltran ne lui était évidemment pas inconnu – même si elle n’avait aucune idée de ses compétences de danseur – mais comment l’héritier de la grande famille de Greenhaven, a fortiori Commandant des armées, pouvait-il se comporter avec si peu de correction ?! Et voilà qu’il s’inclinait devant elle… et manquait de tomber ?! Ça ne présumait pas bien de ses capacités de danse. Et, lorsqu’il fit signe à un serveur de s’approcher, elle comprit. Il était ivre. Les lèvres de la blonde se pincèrent et elle refusa d’un signe de tête l’offre du serveur. Bien sûr, elle avait bu un verre un peu plus tôt, lorsqu’elle avait grignoté, mais s’enivrer, c’était… un manque total de savoir-vivre !

Malheureusement, ivre ou pas, le Commandant avait de la suite dans les idées et semblait vraiment tenir à l’inviter à danser. Et Ingrid n’avait clairement pas envie d’accepter. Plutôt rester assise sur son banc pendant encore des heures que de danser avec un tel homme. Mais c’était un Greenhaven. Et un homme important. Si elle lui refusait une danse, ça risquait de rejaillir sur sa famille, non ?

« Je suis loin d’être la meilleure des danseuses, Messire, » répondit-elle donc, pour se donner du temps, mais sachant qu’elle devrait accepter s’il insistait.

Sa réponse aurait pu passer pour une minauderie et elle tâcha d’y mettre le ton… mais le regard un peu perdu qu’elle jeta à Pluiechantante la trahissait sans doute.

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #52 le: 18 avril 2020, 17:59:22 »

Liselle, ménestrelle

Du côté de l'orchestre, tout se passait bien. Liselle était ravie de l'ensemble qu'elle était parvenue à mettre sur pied. Seul bémol, le luthiste semblait parfois oublié qu'il n'était pas seul sur scène s'emportait, en entraînant les autres musiciens. Heureusement pour tout le monde, personne à part un musicien très entraîné n'aurait pu remarquer la chose. Liselle profita néanmoins d'une pause entre deux airs pour aller le rappeler à l'ordre.

«Je te rappelle que j'ai accepté que tu viennes à la condition que tu restes à ta place...»
«Je sais, Liselle. Mais tu sais, ce n'est vraiment pas évident de contenir... mes élans. Je fais de mon mieux...»
«Je le sais, Ronan... mais fais attention. Et si c'est trop fatigant, fais une pause, et nous jouerons des airs où ton instrument ne manquera pas de trop.»
«Non, non, je vais... me contenir.»
«Ok... je te fais confiance, alors.»

Les autres musiciens étaient de retour, la musique allait bientôt reprendre.



PNJ: Firen, Barde

Firen avait été très vexé de ne pas être invité au mariage de Micha. N'avait-il pas été le Barde de la famille de Girier jusqu'à ce que ce petit poseur de Raimon d'Armentières intrigue pour l'éloigner? Il n'avait aucune preuve, mais il était persuadé que c'était cet arriviste d'Yvelin qui avait manigancé pour l'évincer. En vain, vu qu'il n'avait pas été engagé par la famille de Girier. Ce qui n'avait absolument pas surpris Firen. Yvelin était un Barde médiocre. Certes, ses petites ritournelles étaient intéressantes, mais son goût pour la musique surannée était le signe d'un manque de sophistication flagrant. Et franchement, même avec beaucoup d'imagination, il ne parvenait pas à comprendre que quiconque puisse vouloir coucher avec lui. Il avait de beaux yeux, mais pour le reste...

Il avait bien tenté de faire courir quelques rumeurs déplaisantes sur le jeune Barde, mais celui-ci semblait toujours avoir une longueur d'avance sur lui. Quand il avait essayé de le faire passer pour un arriviste prêt à tout pour se faire une place au soleil, on disait déjà partout qu'il était le Barde préféré des vieilles bourgeoises un peu esseulées. Et personne ne semblait intéressé par des ragots sur sa sexualité. Yvelin, dans l'esprit de la plupart, était un être asexué qui ne vivait que pour sa musique.

Firen avait donc abandonné le combat, pour un temps. Et dès l'annonce du mariage, il avait réfléchi à un plan pour ridiculiser Micha et Yvelin. Il savait que ce dernier était en charge de la musique du mariage. Il l'avait observé fouiller les partitions avec la jolie ménestrelle qui lui servait toujours de laquais. Il comptait bien dévoiler sa médiocrité sur la place publique! Quant à Micha... ce serait amusant.

Firen se joignit aux convives alors que le bal battait son plein. Il avait pris soin d'éviter soigneusement les membres de la famille de Girier et s'était avancé jusqu'à l'orchestre. Quelle déception se fut pour lui de réaliser qu'Yvelin n'était pas là, que c'était cette petite poseuse de Liselle, avec un ensemble de ménestrels bouseux, qui animaient le bal. Humilier Yvelin n'était donc plus d'actualité, mais sa meilleure amie ferait l'affaire.

L'orchestre fit une pause. Parfait. Il était temps de mettre son plan à exécution. Liselle, en pleine discussion avec un ménestrel blond (*Quels beaux cheveux! Visage intéressant! Je me demande si...*) ne le vit pas approcher et prendre place sur le podium.

« Mes Dames, mes Seigneurs, je voudrais dire quelques mots...» Il offrit aux spectateurs son sourire le plus radieux et le plus charmant. « Ahh... l'Amour! si insaisissable et pourtant si célèbre! Combien de guerres a-t-il provoqué? Combien de jeunes gens a-t-il réjoui? Combien de cœurs a-t-il brisé? Combien de chansons a-t-il inspiré? L'amour, dames et seigneurs, est le sujet de prédilection des musiciens depuis que l'homme sait chanter. C'est un ritournelle connue de tous, et dont les variations sont infinies. Qu'on la pratique en monodie parfaite ou en polyphonie raffinée, agrémentée de contrepoints, de modulations, de doubles, chaque cœur la connait et le reconnait. L'oreille exercée en reconnait les différentes formes : passacailles, chaconnes, musettes, menuets, passepieds, gigues, loures, sarabandes. Mais les cœurs eux se rient de ses différences et dansent dans l'insouciance, mus par l'instinct sûr de celui qui ne doute pas.» Il fit une petite pause dramatique «L'Amour, belles âmes, est ce qui nous rassemble ici. L'amour d'un père ou d'une mère, qui, telle la basse continue, offre à son enfant un foyer solide et aimant où retourner quand, dans ses envolées lyriques, il s'égare au gré des notes. L'amour entre deux amis, deux frères qui, comme le hautbois et le luth, dialoguent en égaux. L'amour enfin entre deux âmes qui nous offre les contrepoints les plus magnifiques, les variations les plus délicieuses, où deux violes se cherchent et s'évitent, où leur mélodie de croisent, se lient, se séparent et finalement créent ensemble la plus belle des musiques. C'est à cet amour que je voudrais rendre hommage.» Il leva son verre. «Puissent vos partitions, Micha et Kateerid, toujours concorder.»

La foule applaudit bruyamment. Firen était persuadé que personne ou presque n'avait compris son discours. Mais sa voix de Barde, chaude et travaillée, ses talents d'orateur, sa beauté, tout cela rendait son discours inoubliable.

«Ceux qui me connaissent savent que je me suis donné pour mission de célébrer l'amour. Aussi, charmé que je le suis  par celui qui unit Micha et Kateerid - une amitié si forte qu'elle a su se défaire de tous les obstacles pour grandir et devenir Amour - je me dois de leur offrir un présent à la hauteur de leur amour. Moi... ou plus précisément, mes talents de Barde! Je leur offre de devenir leur Barde attitré, de consacrer mon talent et mon temps à écrire des musiques à la hauteur de leur couple!»

Des "ooohhh" et des "aaahhh" parcoururent la foule. Comment décliner publiquement une telle offre? C'était impossible. Pas sans faire de scandale. Pas sans révéler pourquoi ils refusaient son cadeau. S'ils essayaient, Firen comptait bien révéler les petits secrets de Micha.




PNJ: Ronan, Ménestrel (?)

Ronan s'était senti mortifié quand il avait réalisé qu'au cours d'un ou deux morceaux, il s'était laissé aller. Il jouait un jeu très dangereux et le moindre faux pas pourrait le révéler aux yeux de tous. Or, s'il ne regrettait pas d'être venu, il ne voulait pas mettre Liselle dans l'embarras. Pas après qu'elle ait si gentiment accepté son offre.

Liselle ne tarda pas à venir lui remonter les bretelles. Et il le méritait. Il lui promit de faire attention. Il s'apprêtait à reprendre sa place quand une voix forte se fit entendre derrière lui.

Firen! De quel droit osait-il s'inviter à ce mariage!

Ronan l'écouta, chaque minute plus consterné par le discours du Barde. Il lança à Liselle un regard paniqué. Jamais il ne pourrait égaler une telle éloquence...

Et le cadeau de Firen qui était en fait un piège. Comment les mariés pourraient-ils se sortir de là? Ce serait une véritable offense à la bienséance s'ils refusaient. Et s'ils le limogeaient par la suite, quel scandale cela provoquerait!

Il devait faire quelque chose. Mais quoi?

«Quel magnifique cadeau!»

Il avait le cœur au bord des lèvres, mais sa voix, parfaitement habituée à fonctionner même enrouée par un trac profond, résonna parfaitement.

«C'est que vous m'avez pris de vitesse, noble Barde, je comptais moi-même offrir mes services aux mariés dès que l'occasion se présenterait!»

Ce qui était un énorme mensonge. Il était là incognito et il prenait un risque inconsidéré en attirant l'attention sur lui. Heureusement, à cette distance, personne ne pourrait l'identifier.

«Toi?» Le ton était un rien méprisant, amusé surtout. «Ménestrel, je crois que tu présumes de tes droits.»

«Ménestrel? Je suis Barde, et je peux le prouver.» Il se tourna vers la foule. « L'agilité de ma langue ne saurait tenir la comparaison avec celle de messire Firen. Je ne suis qu'un jeune Barde qui souhaitait offrir ses talents, certes moins renommés mais non moins nombreux, aux mariés. Je ne ferai aucun grand discours sur l'amour, car, à mes yeux, l'amour se passe de belles déclarations. L'amour se niche dans les mots du quotidien, dans les gestes partagés, dans les sourires, les silences, on l'entend dans le bruit des draps froissés, on le perçoit dans la douce odeur d'une gaufre chaude, on l'effleure sur les motifs d'une tunique...» Il laissa mourir sa voix. Et il réalisa subitement qu'en parlant avec son cœur, il en avait trop dit sur lui-même. Il se força à ignorer le regard que son amant lui lançait forcément et continua. «Je ne pense pas que l'amour mérite des mots savants ni des mélodies sophistiquées. La mélodie de l'amour est aussi douce et simple que le bruit de la pluie dans la gouttière, que le murmure du vent dans l'herbe, que le chant des insectes dans les prés. L'amour n'a nul besoin de hérauts, car il arrive partout inopinément, prenant jeunes et moins jeunes, hommes et femmes par surprise. Il porte en lui-même sa propre histoire, ses propres aventures, et les raconter, c'est risquer de le priver de son aura de magie.» Il adressa un sourire radieux à la foule. «Non, bonnes âmes, un Barde est inutile pour parler d'amour, car vous avez tous, au fond de vous, la plume pour coucher ses mots.» Il se tourna vers le couple fraîchement marié, mais regarda au-dessus d'eux. «Je ne promets nul récit épique pour raconter votre amour, nulle saga pour porter votre légende. Je vous offre le chant de la vie, du quotidien, de l'amour du travail bien fait, de la peur, de la peine, des enfants qui naissent et grandissent, des aînés qui vieillissent et se fanent. Je vous offre un air pour chaque étape de votre vie, une mélodie pour chaque rêve, une danse pour chaque réjouissance.»

Le silence se fit dans la foule. Puis quelqu'un commença à applaudir, et tous suivirent le mouvement. Ronan s'inclina, peinant à cacher l'immense sourire qui s'étalait sur son visage.

*Prends ça, Firen!*

Liselle s'avança et fit taire la foule.

«Serait-ce un défi que vous lancez, Barde Ronan?» Il acquiescça. « Un défi de Bardes a été lancé, Firen, vous êtes tenus de de le relever sous peine de perdre la face.» Firen fit signe qu'il acceptait. «Je tiendrai lieu d'arbitre impartial et je choisirai les modalités du duel.» Elle réfléchit quelques instants. «Mais puisque nous sommes à un mariage, et qu'il s'agit de rester dans un esprit festif, je laisserai la foule décider du thème sur lequel vous vous opposerez. Je vous donnerai un thème musical et chacun à tour de rôle devra proposer un couplet. Si la première chanson ne devait ne pas être suffisante pour vous départager, une seconde épreuve, consistant en une improvisation sur un air connu, sera organisée.» Elle se tourna versa la foule. «Je passerai parmi vous pour prendre notre de vos idées de thèmes, et la plus populaire serait utilisée pour le défi.»

Elle fit signe à l'orchestre de reprendre et tira Ronan à l'écart.

«Tu es complètement fou! D'accord, tu arrives à parler en contrefaisant ta voix, mais chanter?!?!»

«Je ne pouvais pas le laisser faire ça! Et les gens ne voient que ce qui les arrange. En plus, je t'assure qu'il ne dira rien, s'il m'a reconnu.»

«D'une certaine manière, tu es encore plus cinglé que Firen!»

[ Merci de préciser le thème que vous donnez à Liselle lors de votre prochain post.]
« Modifié: 18 avril 2020, 19:17:06 par Conteur »

Pluiechantante

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #53 le: 18 avril 2020, 18:33:32 »
«Merci! J'avais peur qu'elle soit trop exotique les goûts d'ici.»

En fait, Pluiechantante aurait été ravie de choquer. Elle était d'humeur à réformer la société valdemaranne à elle seule. Cette robe n'était qu'un premier modeste pas vers ce but.

La jeune femme se présenta, raidement. La kestra'chern avait-elle commis un impair? Sans doute. Les règles régissant la vie publique à Valdemar étaient aussi nombreuses qu'absurdes, surtout chez les nobles.

Puis soudain, le Commandant Beltran fit irruption dans la conversation. Il était manifestant ivre. Il invita Ingrid à danser, ou tout du moins, c'est ainsi que Pluiechantante l'interpréta. Elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils. N'était-il pas en couple avec une Héraut. Liane en parlait souvent. Peut-être s'étaient-ils séparés...

Quand Beltran manqua de basculer en avant, elle eut presque pitié de lui. Pauvre homme. Sa vie devait être bien compliquée pour le pousser à se mettre dans des états pareils. Il était à deux doigts de se ridiculiser, même selon les standards plutôt permissifs de Pluiechantante.

Finalement, Ingrid lui lança un regard implorant. Elle ne savait pas comment refuser. Visiblement, on ne lui avait pas appris à rembarrer quelqu'un d'un rang aussi élevé.

«Commandant, j'ai peur que la danse ne soit pas très bonne pour votre... équilibre. Et Ingrid et moi étions en pleine discussion. Par contre, je suis sûre que Sourcedésert sera très contente si vous lui parlez. Je crois qu'elle m'en veut de l'avoir fait venir. Mais je voulais danser... et sans ma cavalière préférée, ce bal aurait été bien triste.»

La musique s'était tue, sans doute les musiciens faisaient-ils une pause. Mais soudain, le silence se fit parmi les invités. Un homme se tenait sur le podium de l'orchestre et s'adressait aux invités. Pluiechantante l'écouta, perplexe. La rhétorique de l'homme était bien trop enlevée pour son niveau de valdemaran. Et il faisait appel à des notions totalement étrangères à la kestra'chern. La musique, elle n'y connaissait pour ainsi dire rien.

Puis un deuxième Barde se mit à parler. Elle trouva son intervention bien plus touchante et vraie que les fanfaronnades du premier. Et un duel de Bardes fut décidé. Elle ne savait pas si elle devait être heureuse ou pas, mais elle se réjouissait d'assister pour la première fois de sa vie à un de ces fameux duels.

«Ingrid, lequel a le mieux parlé? Moi je préfère le deuxième. Il parle avec le cœur, et ça s'entend.»

« Modifié: 18 avril 2020, 19:24:16 par Pluiechantante »

Kateerid de Girier

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #54 le: 18 avril 2020, 21:02:45 »
Micha a un mouvement pour aller chasser Firen. Ce serait pas très prudent, mais c'est son premier mouvement
Kate le prend par la main pour l’en empêcher.
Ils parlent à voix basse.

"Je vais le buter. Lui faire boire de l'or en fusion et enterrer son cadavre sous mon atelier"
"Ce serait gâcher de la matière première!"
"Rien ne m'empeche de l'ouvrir pour récupérer mon or, une fois qu'il est mort."
"Ah oui... Je viens de lier ma vie à la tienne, je dois donc te porter assistance, ça me semble évident. Le parjure c'est mal"

Micha ricane et revient a coté de Kate en attendant la fin du discours de Firen.
Puis Firen propose de devenir leur barde. Et là il boue de rage.
Puis Ronan intervient et il s’arrête.

"C'est qui celui-là?"

Kate plisse les yeux, perplexe.

"Il ne me dit rien. Rien du tout. C'est curieux tout de même. En soi, je préférerais un simple apprenti ménestrel à Firen, bien sûr, mais il y a quelque chose qui m'échappe. Par exemple pourquoi il fait ça. Pourquoi il prend ce risque. Firen est un connard, mais un connard célèbre."

"On le perçoit dans la douce odeur d'une gaufre chaude, on l'effleure sur les motifs d'une tunique..."

"Oh l'imbécile..."

Trop en colère par la suffisance éhontée de Firen, Kate ne "lit" pas entre les lignes.

"C'est cet abruti masochiste d'Yvelin! Putain, il avait une invitation, quel besoin il avait de venir caché?"

Kate tourne son visage au ralenti vers Micha, puis vers Ronan, puis de nouveau vers Micha.

"Micha, je n'ai rien contre Yvelin, mais je déteste qu'on me prenne pour une idiote."


Elle aurait déjà trouvé stupide de sa part de venir en tant qu'invité, mais intriguer pour se glisser sur scène, et finalement ne pas pouvoir s'empêcher de jouer le chevalier servant...

"On aurait réussi à se débrouiller pour se débarrasser de cette face de rat magouilleur, là les choses se compliquent, et c'est entièrement sa faute."
"On aurait put. Peut-être. Mais les choses sont telles qu'elles sont... Putain, il va pas invoquer un duel de bardes, quand même?"
"..............."
"Oh putain les cons."
"Tu as assez d'or pour les deux?"
"On ne manque jamais d'Or chez les De Girier"
"Je savais que j'avais bien fait de t'épouser"

Lucinda Brolin

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #55 le: 20 avril 2020, 22:42:19 »
Lucinda avait fini de converser tranquillement avec Kate quand le bal avait été lancé. Elle avait alors retrouvé son époux le temps d'une danse, puis d'une deuxième, mais ensuite, elle avait été s'assoir, son état ne lui permettant pas de danser davantage, chose qu'elle adorait. La Barde en profita pour observer l'orchestre, le sourire aux lèvres. Elle avait reconnu Liselle bien sûr et quelques-uns des musiciens présents. L'atmosphère qui régnait était agréable, tout ce qu'on pouvait attendre d'un mariage. Elle fut occupée ensuite à discuter avec quelques personnes intéressées par le vin, qu'elle redirigea vers Joshua. Celui-ci les accueillit volontiers. Distraite, la jeune maman observa le Héraut... Irmingarde, oui c'était cela, et le Capitaine Beltran, quittant la salle en trombe. Elle se demanda quelle mouche pouvait les avoir piquée. Plus loin, elle avisa deux Tayledras dans des tenues somptueuses de couleurs et de travail rafiné. Elle apprécia la diversité qu'elles amenaient au mariage.

La musique s'arrêta un petit instant et Lucinda vit Firen s'avancer devant l'orchestre et prendre la parole. Elle l'écouta les sourcils froncés. Certains passages de son discours lui parurent étranges, ou en tous cas, elle n'auraient pas forcément formulé les choses ainsi, mais dans l'ensemble elle trouvait qu'il avait su arranger ses phrases par de jolies tournures pour se mettre en valeur. Elle applaudit avec la foule, et jeta un oeil aux mariés... qui n'avaient pas l'air de sauter de joie. Peut-être était-ce une surprise à laquelle il ne s'attendait pas ?

Et non content de s'arrêter là, un second Barde, qu'elle ne reconnut pas, pris à son tour la parole. Elle se retrouva beaucoup plus dans ce qu'il disait de l'Amour et se dit qu'il avait su trouver les mots justes. En tous cas, qui correspondaient plus à ce qu'elle en vivait. Il était doué. Un duel était donc lancé. Vu le talent des deux hommes, cela promettait une bonne joute verbale. Elle avait hâte de les entendre s'affronter.

Alors que la ménestrelle passait prendre les thèmes dans la foule, elle lui fit un petit signe. Elles s'étaient déjà croisées quelques fois au Collegium, mais ne se connaissaient pas plus que ça. Elle la salua et lui proposa la thématique du changement de saison. Ce n'était pas trop large, tout en offrant divers axes poétiques selon les saisons choisies. La Barde se dit que ce genre d'exercice lui manquait parfois. Curieuse, elle laissa son regard errer sur la foule, observant la réaction des personnes présentes à cette joute verbale.

Beltran

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Re : Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #56 le: 21 avril 2020, 10:20:09 »
Beltran était saoule mais pas assez pour comprendre qu'Ingrid lui soumettait un refus. Mais comment allait-il rendre Mina jalouse si il n'arrivait pas à séduire une noble donzelle. Il s'en voulait déjà mais il avait l'alcool triste. Il capta bien le regard entre Ingrid et Pluiechantante et ça éveilla un soupçon de self-estime en lui. Il était en train de se ridiculiser. Parce que Mina n'était pas là. Elle lui aurait passé un savon, si elle savait à quel point il avait bu.

Beltran allait s'excuser et s'enfuir quand Pluie prit la parole. Là, Beltran haussa un sourcil. Lui, aller voir une mage. ll était saoul pas fou.

"Je m'excuse mes Demoiselles..." finit-il par dire pour conclure. "Profitez bien du duel, c'est très.. instructif".

Il salua maladroitement et laissa les deux femmes ensemble à discuter du duel. Lui, il en avait déjà vu et l'appel d'un bain chaud et d'un lit frais lui faisait plisser des yeux dans la lumière du jour. Il fit le chemin en titubant le moins possible, priant qu'il n'y ait personne pour s'adresser à lui sur le chemin. Finalement il atteignit ses appartements. Une fois la porte refermée, le Commandant des armées de Valdemar regarda autour de lui: tout semblait vide. TRop vide. Alors il se mit à pleurer.

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #57 le: 21 avril 2020, 20:38:16 »

Ça pour être exotique, la robe de la jeune femme l’était. Mais pas « trop » aux yeux d’Ingrid, dont les compliments étaient sincères. Si elle avait dû commenter la robe de la femme aux cheveux blancs, en revanche, les « trop » auraient sans doute fusé. Mais elle n’allait certainement pas critiquer à haute voix la toilette criarde d’une personne qu’elle ne connaissait pas, surtout qu’elle ne connaissait pas non plus son interlocutrice. Du moins, jusqu’à ce qu’elle se présente et présente ladite personne comme sa compagne.

La cadette des de Girier n’eut cependant pas le temps d’investiguer ce que le terme « compagne » signifiait dans la bouche de la Kestra’chern qu’elles étaient interrompues par le Commandant des Armées. Choquée, désemparée, perdue, la blondinette oublia complètement ce qui lui posait question un peu plus tôt. Les fautes (éventuelles) de valdemaran de Pluiechantante n’étaient rien comparées au manque de manière de Beltran. On ne lui avait appris ni à rembarrer quelqu’un de si haut rang ni à gérer un homme ivre. Les hommes bien élevés ne devaient pas s’enivrer ! Surtout en public ! Heureusement la Kestra’chern semblait avoir compris le regard qu’elle lui avait lancé et elle répondit de façon plus catégorique qu’elle au Commandant.

Soulagée, tant par l’intervention de Pluiechantante que par l’abandon de Beltran, Ingrid loupa complètement la nouvelle formulation un peu étrange de son interlocutrice. Et aurait-elle eu l’esprit en mesure de noter que la mage était « la cavalière préférée » de l’étrangère, le remue-ménage et les discours des deux Bardes auraient de toute façon détourné son attention.

« Bonne soirée, Messire, » répondit-elle toutefois lorsque le Commandant pris congés.

Elle était polie et elle avait des manières, elle.

Mais elle était comme tout le monde, captivée par les paroles des deux Bardes. Le premier maniait l’art de la parole comme personne. Il était beau, il parlait bien, il mettait l’emphase où il fallait, ménageait des pauses captivantes et, si Ingrid ne comprenait pas la moitié des mots qu’il utilisait, elle était subjuguée et forcément d’accord avec lui. Lorsqu’il se tut enfin, elle fit comme la majorité des invités : elle applaudit. En revanche, elle ne put s’empêcher de hausser un sourcil à la proposition qui suivit. S’offrir comme Barde attitré de Micha et sa femme ? D’un couple d’artisans ? Riches, certes, mais artisans quand même. Et sans qu’ils aient rien demandé, en plus ? Ça sonnait louche, ça. La blondinette n’eut pas le temps de formuler consciemment la pensée que l’homme en voulait sans doute à l’argent de ses cousins – il ne serait pas le premier, après tout, il suffisait de voir ses parents… – que le deuxième Barde prenait la parole.

Instinctivement, la préférence d’Ingrid allait au premier. Il avait meilleure allure, plus de prestance, plus de… ce truc-là qui fait les Bardes. Mais le second n’était pas en reste tout de même. Et son attitude était moins celle d’un poseur… Et le commentaire de Pluiechantante lui fit remarquer que, effectivement, ses paroles sonnaient plus justes. En fait, elle était incapable de se rappeler vraiment les mots du premier. Aussi applaudit-elle également le second.

« Je ne sais pas, répondit-elle à la question de la Kestra’chern. Le premier parle bien, mais je ne suis pas sûre d’avoir tout compris. »

Elle ne dit rien de ses soupçons quant à sa vénalité. Surtout que le deuxième avait renchéri. Deux Bardes pour un ménage d’artisans ? Absurde.

« Le second semble plus sincère, oui. En tout cas, ses mots sont plus simples. Mais les Bardes sont censés utiliser des images, non ? »

Lorsque la ménestrelle s’avança dans la foule pour collecter les propositions de thèmes, Ingrid ne prit même pas le temps de réfléchir.Les méfaits de l’alcool s’échappa de ses lèvres avant même qu’elle ne le réalise.

Pluiechantante

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Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #58 le: 24 avril 2020, 09:12:01 »
Dès que le commandant fut parti, Pluiechantante adressa un chaleureux sourire à Ingrid. Elle était rassurée d'avoir pu éviter la corvée de danser avec un homme ivre à la demoiselle. Surtout cet homme ivre. Elle comprenait suffisamment bien les rouages de la politique valdemarane pour avoir conscience de la position dominante qu'avait Beltran et de la difficulté pour une jeune fille peu expérimentée de se refuser à lui, même pour une danse.

Puis le duel de Bardes s'annonça et la kestra'chern en profita pour tenter de dérider un peu la demoiselle. Que la vie devait être ennuyeuse quand on s'imposait un tel carcan!

«Je crois que les Bardes doivent utiliser les mots qui vont au cœur, et que ces mots-là dépendent du cœur qui les entend.» Elle, en tout cas, préférait les paroles simples aux métaphores alambiquées. «Je pense que le premier est plus expérimenté. Il sait comment mettre la foule avec lui. Le deuxième est plus dans la spontan...» Le mot lui échappait. «Spontanité? Il agit et réfléchit moins.»

Quand Liselle arriva près d'elle, Pluiechantante suggéra un thème très à propos dans ce mariage: l'or.

Elle ne put s'empêcher de lancer un coup d'œil à la mariée, qui semblait atterrée de la situation. Sans doute un duel de Bardes n'était pas ce qu'on attendait pour un mariage? Elle s'excusa auprès d'Ingrid et parcourut agilement la foule pour rejoindre Kateerid.

«Ton mari est très beau, toutes les filles doivent être jalouses. Tu es contente du mariage?»

Micha de Girier

Re : Convenances (sans convens)
« Réponse #59 le: 24 avril 2020, 10:58:35 »
Micha était attéré par ce qui venait de se passer. Un mariage jusque là paisible et sympathique, bien qu'un peu lointain, de son point de vue, qui tournait maintenant au cauchemar. Heureusement, il avait bien choisi son épouse, car en quelques mots de plaisanterie, elle réussit à dénouer le noeud qu'il avait à l'estomac.

N'empêche, est-ce que c'était cher, un tueur à gages?

Là-dessus une splendide étrangère en robe dorée et violette s'approcha d'eux. Putain, encore des mondanités. Micha soupira et enfila sa personna publique. L'étrangère s'adressa à Kate en déclarant Micha beau. Celui-ci adressa à la Kestrachern un clin d'oeil:

"Beau et fier de l'être, Dame."

Liselle passa ensuite près d'eux pour demander un thème. La Trahison avait envie de répondre Micha. Mais il se retint et proposa L'espoir de devenir parents.