Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets scénario => Discussion démarrée par: Héraut Aranel le 14 février 2010, 14:39:32
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Comme tous les mois, le roi accordait une audience à toute personne désirant se présenter devant lui. Cette scéance de doléances et de discussions était l'occasion de prendre la température auprès du peuple valdemarien et d'informer officiellement les habitants de Haven des occupations officielles de l'armée et des Hérauts.
Avec les derniers événements, le peuple était agité. Les fièvres ravagaient encore les faubourgs, la menace des Marches était parvenue aux oreilles des artisans et les premiers réfugiers étaient arrivés à la capitale. Avec le problème des Compagnons malades, le roi se doutait que la scéance serait longue et mouvementée. Mais il fallait à tout prix rassurer les esprits et calmer le jeu. Le problème était endigué, c'était la version officielle.
Le roi se tenait donc sur son trône, son héritier à sa droite et le Héraut du roi à sa gauche. Il était également entouré du Sénéchal et de son Héraut, du Marshall, et de plusieurs doyens.
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En tant qu'enfant de la Baronnie DeFeriel, Saskia se devait d'être présente à chacune des sessions publiques du Conseil. Une excuse pour sécher les cours, certes ; mais jamais la noble demoiselle n'aurait pensé préférer suivre et essayer de comprendre l'intérêt de batailles du passé -l'histoire était vraiment la matière qu'elle détestait le plus- Pourtant, aujourd'hui, elle savait ce qui risquait de se passer. Elle était droite, debout derrière sa mère assise, les mains croisées sur son ventre, ou plutôt, emmêlées et trahissant toute sa nervosité. Son Père avait cette posture si noble, si sûre de lui, qui faisait frissonner la jeune fille. Saskia leva les yeux pour voir Arthon, l'air un peu plus en forme que ces derniers jours -Saskia ne remarqua même pas qu'elle sourit légèrement- puis son regard coula pour aller retrouver celui du Héraut du Souverain. Aranel pouvait se vanter d'avoir tenu son pari de changer la Noble Peste, et Saskia pensait souvent avec un sourire que cette femme devait être un démon pour avoir brisé en si peu de temps tous les tics et réflexes que la jeune fille avait mis tant de temps à adopter.
Pourtant, Aranel pouvait aussi se vanter d'être la seule personne en qui Saskia avait une confiance aveugle -enfin, du moins, la jeune fille avait vaguement émis l'hypothèse que bon, oui, elle l'aimait bien, elle lui faisait un peu confiance... Rien de plus. Pas question qu'elle se rende compte qu'elle avait une telle emprise sur la jeune noble. Aussi, la DeFeriel avait évoqué, à demi mots, les rumeurs qui circulaient dans la Haute Noblesse, celle qui n'aimait pas que le roi s'entoure de paysans habillés en blanc plutôt de personnes dignes de confiance comme eux, les Nobles. Aussi, le Baron DeFeriel, pas forcément apprécié par le cercle Héraldique et la royauté, se leva. Sa barbe sel et poivre parfaitement taillée en pointe, ses yeux sombres regardaient droit devant lui, trahissant l'arrogance de celui qui a été désigné comme le porte parole de ses pairs. Il s'avance vers le roi, ne pose pas un genou à terre, mais incline légèrement le buste pour le saluer.
Saskia lance un regard affolé à Aranel, avant de baisser la tête pour éviter de trop se trahir -elle espère que personne n'aura remarqué son petit manège dans l'assemblée.
Le Baron Tomaz DeFeriel parle fort, pour bien se faire entendre de toute la salle, et clairement. Il pue la confiance en lui à plein nez... et l'hypocrisie aussi. Il ampoule ses phrases au maximum, les termine par des "avec tout le respect que je vous dois, Votre Majesté." Le Baron précise qu'il parle au nom de nombreuses familles Nobles. Que cette histoire de Compagnons malades est une tragédie, certes... Mais que leur jugement à Choisir les hérauts devrait être remis en cause ! Comment peut-on, à la base, faire confiance à un cheval, "avec tout le respect que je vous dois, Votre Majesté", si en plus, ils tombent malades et qu'ils n'ont pas les idées claires ? Et bien entendu, c'est tout le Cercle Héraldique qu'il finit par remettre en cause, mais ça, c'était parfaitement prévisible ; il ne se passerait pas une session du Conseil, où Tomaz prendrait la parole, sans évoquer que les Hérauts ont trop d'importance dans l'entourage du Roi, "avec tout le respect que je vous dois, Votre Majesté".
Saskia serre ses mains si fort qu'elles en tremblent et en blanchissent. Elle souhaiterait partir. Son père n'a eu vent que de Compagnons malades, et encore, ses sources sont loin d'être vérifiées. La jeune fille a pris des précautions presque maladives pour ne pas trahir ce qu'elle savait - surtout en ce qui concernait Ryis : qu'aurait fait son père s'il avait su que le Compagnon de l'unique Héritier de Valdemar était mal en point ? Saskia en avait la nausée, à mesure du discours de son père ; elle ne le détestait pas, non... Mais il y avait dans tout ce qu'il disait, cette manière de tout ramener à lui, comme s'il était le centre du monde -juste à côté du Roi, quand même... La jeune fille eut un pauvre sourire pour le sol qu'elle fixait quand elle pensa qu'elle avait été comme ça. Pourtant, elle n'avait pas l'intention d'intervenir, elle ignorait totalement ce qu'elle aurait pu faire de toute façon. Aranel avait été prévenue de ce que ferait son Père, et elle avait eu le temps, même en moins d'une semaine, de préparer une quelconque contre-attaque, planifiée peut-être même avec le Roi Uriens lui-même. Pourtant, Saskia espérait qu'ils ne seraient pas trop sévères avec le Baron ; il restait malgré tout son père...
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Arthon avait eu le droit à un siège à la droite du trône de son père. Encore malade, il n'avait pas la force de rester debout toute la séance. Mais il n'en était pas moins en train de faire son travail de Héraut et d'Héritier: il observait la salle, notait les expressions, les murmures, les regards. Il notait les absents, les désertions, le mépris ou l'adoration, prévoyait les mouvements et cherchait Saskia du regard.
En même temps il prêtait une attention particulière à ce qui se disait près de lui. Non qu'il n'était pas au courant (il reparticipait aux séances officielles depuis quelques temps) mais pour savoir finalement qu'elle était la version officielle des faits.
Puis vint l'heure des doléances. Et comme souvent, le père de Saskia décida de faire son numéro. L'Héritier se força à ne pas hausser les yeux au ciel et préféra laisser son père répondre. Quant à lui, il haussa un sourcil méprisant face à l'homme, et garda un air impénétrable. Il ne voulait discuter de tout ça en public, lui qui vivait la maladie au jour le jour, de peur de s'énerver, et se disait que se mettre son père à dos n'était pas très utile pour le moment. Surtout que Saskia semblait gênée. Oh, quelqu'un qui ne la connaitrait pas aurait plutôt dit énervée et d'accord avec son père... Mais pour Arthon qui commençait à mieux la cerner, c'était plutôt un air qui disait : « je suis la Grande Peste mais je suis aussi Saskia au grand coeur ». Bref deux personnalités qui s'opposaient.
Arthon regarda Aranel et d'un léger signe de tête lui signifia que si elle répondait à sa place, cela l'arrangerait beaucoup.
Il reprit son observation de la salle avec une minuscule ébauche de sourire vers sa protégée.
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Aranel semblait parfaitement sereine. Près de son roi et ami, elle avait l'air d'être parfaitement inébranlable. L'intervention du Baron était prévisible et avec la relation qu'elle entretenait maintenant avec Saskia elle avait eu le temps de s'entretenir avec le roi de la situation actuelle et de la meilleure façon de communiquer sur ce propos.
Elle ne regarda pas la jeune fille, debout derrière la chaise de sa mère de peur de la trahir mais le sourire au coin de ses lèvres comme posé là négligemment était assez confiant pour rassurer l'adolescente.
Elle effleura le bras du roi de la main afin de lui indiquer qu'elle ne parlerait pas à sa place. Uriens pouvait être son propre porte-parole et serait certainement plus respecté qu'elle même qui n'était après tout "que" la plus proche conseillère du roi. Elle s'était également entretenu avec le père Janus, le plus haut dignitaire valdemarien dans le domaine religieux. Elle lui jeta un coup d'oeil et le vit incliner la tête dans leur direction.
Arthon semblait tenir le coup. Aranel était plus inquiète pour ce dernier que pour la réponse à faire à la caste noble du royaume. Il était comme un frère pour elle, un amour fraternel qu'ils semblaient partager. Leur âge proche, leur évolution similaire, leur élection par un Compagnon et bien sûr l'affection d'Uriens les avaient rapproché très tôt. Elle aurait aimé être loin de cette salle pleine de bruits, d'odeurs et d'hypocrisie pour le bousculer de l'épaule ou déclencher une bataille d'eau comme lorsqu'ils avaient 13 ans. Mais ils n'avaient plus 13 ans.
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Une autre jeune fille n'était présente que pour observer. Enora avait décider elle aussi d'aller au conseil, non pour supporter quelqu'un, mais bien pour voir à quoi ressemblait ce genre d'événement. Elle n'était qu'un petite noble de peu d'importance, sans héritage aucun, mais elle avait l'espoir, sinon de de venir Hérault, au moins d'obtenir par le travail et la loyauté à la couronne, une place au conseil ou dans quelque entreprise profitable au peuple.
Ainsi donc, celle qui contribué à sauver une ambassadrice se tenait assise seul dans le rangs des nobles. Personne de sa famille ne se trouvait au palais en ce moment. Cependant, elle n'était pas vraiment triste, elle était venue ici pour y être éduquer, pas pour courir se réfugier sous les jupes de ses parents. Elle désirait faire ses preuves et se faire une vie pour elle-même.
Elle fut cependant très choqué par le discourt d'un des nobles. Comment pouvait-il parlé ainsi des Hérault !! Il était l'incarnation de la noblesse d'âme et de la loyauté au Royaume. Ils étaient ce qui avait fait de Valdemar un royaume à part et si grandiose et beau. Et elle fut plus choqué encore quand elle remarqua que la plupart des nobles semblait être en accord avec les parole DeFeriel. Elle n'en revenait pas de voir autant de duplicité et de fausse loyauté. C'était impensable pour une jeune femme à l'âme aussi chevaleresque qu'Enora. Elle dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas se lever et s'indigner devant un tel discourt. Elle n'était après tout personne, si ce n'était du sang qui coulait dans ses veines. Cependant, au visage réprobateur qu'elle aperçu autour d'elle, ses pensées devait se lire sur son visage. Elle soutint cependant ses regards sévère avec fierté. Elle était fière de ce qu'elle pensait et préféra le montrer plutôt de leur faire croire qu'elle avait honte d'être une femme droite et loyal.
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Uriens ne jeta aucun coup d'oeil, ni à droite ni à gauche. Il se tenait légèrement voûté sur son trône, portant comme à son habitude sa tenue de Héraut à peine plus travaillée que celle de ses homologues. Seul un cercle d'or enserrait son front et trahissait sa position.
Sa moustache tressaillit lorsqu'il esquissa un sourire presque amusé. Son visage trahissait son âge mais son regard n'avait rien perdu de son pétillant.
"Merci Baron. Que ferions-nous sans vos judicieuses observations ?"
Les Hérauts et leurs sympathisants présents dans la salle rirent brièvement à la raillerie. Uriens n'était pas du genre à se moquer des doléances qu'on lui présentait mais sa patience avait des limites et ce noble là avait épuisé les réserves de sympathie depuis plus d'une dizaine d'années.
"Nos Compagnons sont autant des chevaux que vous êtes philantrope, mon cher. Et je suis certain qu'Elias, mon Compagnon, serait très honoré de vous confier son point de vue sur la question. Néanmoins..."
Le roi marqua une pause et le brouhaha sourd qui régnait habituellement se tut presque instantanément. Il avait l'air plus grave que jamais. Ce qu'il s'apprêtait à dire était des plus sérieux et Aranel à ses côtés l'encouragea d'un signe de tête discret.
"Néanmoins certains Compagnons sont effectivement malades."
Ceux qui n'étaient pas au courant ou qui ne croyaient pas aux rumeurs écarquillèrent les yeux. Les voix enflèrent, des cris même s'élevèrent dans l'assistance. C'était dit. La chose était à présent officielle.
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La jeune page déambulait dans la salle sans vrai but. La politique ne intéressait pas. Malgré le peu que son père s'efforçait de lui inculquer. Mais Aranel était là et la fillette faisait en sorte d'être le plus souvent là ou se trouvait la Héraut. Le début du discours de DeFeriel lui passa donc au dessus de la tête jusqu'à ce qu'elle surprenne les mines dégoutées de certaines personnes de l'assistance. Elle stoppa donc sa marche et écouta. Et ses sourcils se froncèrent, sa bouche prit un pli mécontent et son attitude se fit tendue.
Comment donc cet homme osait-il attaquer les Hérauts. Surtout en présence de nombre d'entre eux. Se rendait-il compte que les trois personnes les plus importantes du royaume étaient eux-même des Hérauts. Comment osait-il s'attaquer à Aranel. Cet homme était bouffi de sa suffisance et de sa pseudo importance. La petite se promit se faire payer son arrogance à DeFeriel.
Lorsque le roi prit la parole Liliany reprit le sourire.
"Et toc !" Ne put-elle s'empêcher de dire tout haut à la mention d'Elias. L'idée que ce noble arrogant puisse s'abaisser à adresser la parole à un "cheval" était risible.
La suite était moins risible elle. Liy ne pouvait s'empêcher d'être triste pour les Compagnons et les Hérauts. Et puis cela minait tellement Aranel.
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Tomaz DeFeriel avait l'habitude de se faire "ridiculiser" ainsi. Il ne le prenait pas mal, disons que c'était comme une tradition à chacune des sessions du Conseil. Le Baron eut un regard entre la désolation et l'exaspération quand le Roi lui proposa d'en parler à son Compagnon. Rien n'aurait jamais pu convaincre le Baron DeFeriel que les Compagnons étaient autre chose que des chevaux qui avaient reçu un excellent dressage. Si l'un d'eux lui parlait par l'esprit, il ne douterait pas que c'était un coup de son Elu. Et quand le Roi fit tomber la nouvelle de la maladie des Compagnons, cela sonna comme une sentence ; douce mélodie aux oreilles du Baron, qui sourit et s'inclina avant de rejoindre sa place. A présent que la nouvelle était officielle, nul doute qu'on cesserait de voir en lui seulement une haine farouche pour les Hérauts ; enfin, on allait accorder du crédit à ses accusations ! Comment un Compagnon malade pouvait Elir quelqu'un de confiance - comme si un canasson pouvait le faire en temps normal, mais inutile d'en rajouter une nouvelle couche. Le doute risquait d'être semé dans les esprits, et c'est tout ce qui comptait pour le Baron.
Saskia aurait voulu pleurer. Elle s'imprégna de sa frustration, de sa colère, pour se composer un masque de froide indifférence. Elle évita de regarder vers le trône, parce qu'elle ne voulait pas qu'Aranel ou Arthon croisent le visage de la Peste. Au contraire, elle regardait les sympathisants de son père, avec un sourire qui se voulait victorieux. Et à ceux qui doutaient, ils pouvaient lire sur son visage suffisant : "Bande d'ignares ! Regardez donc la vérité en face !"
Et intérieurement, elle voulait seulement s'enfuir et vomir de son attitude. Mais la jeune noble n'était pas encore prête à se dévoiler alors que ses parents étaient présents. Si elle faisait des efforts, Saskia ne pouvait pas se permettre d'être répudiée pour sa famille parce qu'elle a voulu braver son père en public.
Et Saskia avait peur de la suite des événements. Et si le Conseil décidait de réellement prendre en compte, pour UNE fois, les remarques de son Baron de Père ? Que le jugement d'un Compagnon malade devait être remis en question ? Et surtout... Le visage de la jeune fit frissonna : que se passerait-il si son père apprenait que Ryis était malade ? Les DeFeriel avaient suffisamment d'influence sur de nombreuses familles Nobles pour persuader le Roi de destituer Arthon de son titre d'héritier ou de se trouver avec une autre guerre sur les bras...
Pourtant, nul doute que si ça devait se passer, Saskia serait la première à se rebeller contre son Père...
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Enora fut consterné d'apprendre ce qui ce passait avec les Compagnon, c'était une nouvelle si triste, si... il n'y avait pas vraiment de mot pour décrire une tel nouvelle celon la jeune noble. Cependant, le regard triomphant du Baron deFeriel la dégouta complètement. Cet homme était immonde.
Cependant, un petit quelque chose la poussa à jeter un regard à sa fille, Saskia, qui était de quelque année plus vielle qu'Enora. Elle semblait sourire et triomkpher, mais quelque chose dans son regard sonnait faux. Enora n'aurait put dire quoi, mais elle ses yeux ne semblait pas reflété le triomphe du reste de son visage.
Enora cependant était loin de la jeune fille et le moment était mal choisis pour tenter d'appronfondir une tel question.
De plus, quelque chose d'autre accaparait l'esprit de la jeune femme. Quelque chose qu'elle ne put contenir malgré toute la bonne éducation qu'elle avait reçu de son père. Elle se leva et prit la parole avant même d'avoir réalisé ce qu'elle faisait.
"Mais vous les guérirez n'est-ce pas ? Les héraults vont continuer leur travail ?"
Ce n'était pas la peur qui étraignait le coeur de la jeune fille c'était une grande tristesse et aussi un peu de désespoir, ne rêvait-elle pas, secrètement, de devenir elle aussi une hérault.
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Soudain, dans le calme de la salle que l'annonce du Roi avait provoqué, on put entendre des trompettes d'annonce. On ne les faisait sonner que pour les personnages importants qui venait en visite et cela ne pouvait annoncer qu'une seule personne, Melarianne de Garsenc, Princesse de Rethwellan était arrivé au Château. Voilà quelques jours déjà qu'on savait son arrivée imminente, mais avec les pluies des derniers jours et les troubles dans le royaume, on n'avait pu prévoir l'heure de son arrivée exacte.
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Melarianne avait attendu ce moment depuis ses douze ans. Pouvoir enfin sortir de l'ombre dominatrice de son père. Depuis trois ans dont elle travaillait à obtenir ce voyage et surtout, le papier que son page personnel tenait avec les lettres de noblesse. Pourtant, elle en avait laissé paraitre peu de ce que toute cette pompe représentait, sachant depuis longtemps qu'elle était destinée à un mariage de convenance, elle avait tout fait pour qu'il soit le meilleur possible et voilà qu'elle avait un espoir de voir son rêve secret se réaliser.
La princesse descendit de son carrosse avec une grâce exquise, tout en finesse et en douceur. Il n'y avait rien en elle de lubrique ou d'aguicheur et pourtant, toutes les têtes se tournaient vers elle et sa beauté rayonnante. Elle était vêtue de blanc et d'argent, pour symbolisé sa pureté, mais aurait-elle été vêtu de haillon que son charme aurait quand même transparu. Elle savait que sa suivante la suivrait, cette intrigante qu'on lui avait fournie comme Dame de compagnie. Elle avança la tête haute, à pas mesurer et souple, dans le château en direction de la salle du trône. Elle savait que tous les nobles qui le pouvaient assistaient aux doléances, elle avait fait ralentir son escorte un peu avant la ville de façon à faire une entrée remarquer. Il fallait que le Roi ne puisse revenir sur la décision qu'il prendrait et surtout, que tous sachent qui elle était et ce qu'elle demandait, en son nom et en celui de son oncle, le Roi de Rethwellan. Devant les portes de la salle, elle fit signe aux gardes de l'annoncer et les trompettes sonnèrent.
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En même temps que les notes claires et fortes se firent entendre, les portes de la salle s'ouvrir sur la plus belle femme qu'on eu put voir, une beauté, non pas aguichantes, mais qui semblait douce et gracieuse. Ses cheveux blond presque roux avec l'éclairage était coiffé par une couronne de perle et d'argent, mais de sorte qu'il puisse cascadé presque librement dans son dos. Sa robe tissée d'argent et décorée de perle laissait entrevoir toute la noblesse de sa silhouette et son maintient noble pouvait rivaliser avec n'importe quelle dame de l'assembler. Mais son regard d'Émeraude, douce et pourtant remplie d'une volonté ferme, était fixé droit devant elle. Son charisme, magique et apprit, était tel, que la plupart des gens retinrent leur souffle la seconde qu'elle leur permit de l'observer. Cette seconde passée, elle commença doucement à marcher, si on pouvait appeler ses pas si légers qu'elle semblait voler, marcher. Lentement, elle fit son entrer dans la salle, suivi de sa Dame de compagnie et de son page, un jeune garçon assez vieux pour le voyage, mais suffisamment jeune pour être encore un page et qu'elle l'accepte dans sa suite.
[Son charisme se déploie dans la place, laissant une impression de noblesse et de magnificence, en plus d'une beauté délicate à couper le souffle.]
http://www.closermag.fr/storage/images/ ... xlarge.jpg (http://www.closermag.fr/storage/images/news-people/dernieres-news/quand-joss-stone-se-prend-pour-une-reine/2675918-1-fre-FR/Quand-Joss-Stone-se-prend-pour-une-Reine_closer_news_xlarge.jpg)
Le temps qu'il lui fallut pour se rendre devant le Roi lui sembla interminable, elle sentait le regard des gens sur elle, ce qu'elle avait voulu, mais n'enlevait rien à la pression. La tête droite, sa couronne n'ayant pas frémit une seule fois, elle
arriva enfin devant le Roi, qu'elle regarda de son regard vert si profond, une fraction de seconde avant de se fendre de la légère révérence que son rang lui dictait de faire, et qu'elle fit avec la grâce qui lui valait son titre de Reine de la Cour d'Amour en Rethwellan. Pendant qu'elle faisait sa révérence, son jeune page porta ses lettres de noblesse au Roi, en gardant la demande en mariage, comme elle le lui avait demandé. La tête légèrement incliner en se relevant, elle se permit une fraction de seconde, de regarder l'Héritier, non pas d'un regard comme sa Dame devait l'avoir gratifié, mais d'un regard franc et sincère, doux et rempli de tout le respect et la compassion qu'elle éprouvait pour lui. Durant cette fraction de seconde, son pouvoir se concentra naturellement vers le prince, libérant la légère tension qui avait été créé dans la salle, sans pour autant diminuer son aura naturelle. Après cette fraction de seconde, elle concentra son attention vers la Roi Urien, car ce qu'elle s'apprêtait à faire requérait toute son attention, mais son pouvoir, qu'elle ne contrôlait qu'instinctivement, resta légèrement plus concentrer sur le prince que sur le roi.
[Son charisme se délite un peu laissant l'impression de beauté délicate et de noblesse, mais de façon presque diffuse et en arrière plan. Arthon: son charisme c'est concentrer sur toi par l'échange de regard, c'est un charisme lumineux et doux, délicat comme elle, mais puissant.]
"Votre Majesté, je vous apporte les salutations sincères de mon oncle, et son affirmation profonde des liens d'amitié qui ont uni nos royaumes autrefois et qu'il aimerait voir se ressouder dans ses temps difficiles."
Ce n'était pas des temps difficiles pour Rethwellan, mais les difficultés qu'avait actuellement Karse et Valdemar était de notoriété publique. Le fait qu'elle soit envoyée avant la fin des conflits était faire montre d'une grande confiance et surtout, d'un profond respect. Son oncle aurait pu attendre de voir comment Valdemar se sortirait de cette guerre, mais elle l'avait convaincu de tendre la main avant, même si s'était risqué, pour ne pas avoir à accepter les brigands qui désirait se tailler un royaume dans le sang et qui se moquait de se fait, de se que représentait la royauté et la noblesse. Son cœur avait prévalu tout autant que sa tête dans ses manigances pour arrivé à cet instant. On pouvait dire ce qu'on voulait de Melarianne, mais elle avait la noblesse de toute les femmes de la royauté de Rethwellan, la vrai noblesse, celle du cœur.
"Pour vous démontrez sa bonne foi et surtout, tout le respect qu'il a pour votre royaume, il m'a envoyée, non pas seulement comme ambassadrice, mais comme gage de paix pour ressoudez les liens qui ont naguère uni nos deux royaumes dans le mariage."
Elle savait avoir retenu l'attention de tous ceux qui comprenaient les subtilités de ce genre de négociations, car ce qu'elle venait de formuler en des termes subtils était la demande en mariage pour laquelle elle avait travaillé si fort au fil des ans. Elle tendit alors sa main fine et le jeune page lui remit la demande en mariage qu'elle s'avança pour remettre au Roi, inclinant encore une fois, mais plus légèrement, la tête. Attendant la réponse du Roi devant tout, attendant son bonheur ou son humiliation. Elle savait pourtant que le Roi ne pourrait refuser cette offre, sans s'exposer à d'autre problème, d'un allié qui leur était acquis depuis plusieurs générations, avant même le mariage royal dont elle avait fait allusion.
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Le voyage avait été long...mais long. Au moins la calèche était confortable, mais il avait fallu gérér tout le train de Son Altesse à chaque halte, et organiser le déballage et le remballage de tout ce dont elle avait eu besoin. Elle avait enduré tout ça une fois, deux fois, et puis était allée chuchoter aux palefreniers et aux valets ce qu'elle pensait de leur lenteur et comment elle pensait y rémedier. Tout était allé beaucoup mieux par la suite.
Mais elle avait profité du voyage pour mieux étudier sa "protégée", dans tous les sens du terme. La princesse était trop précieuse pour Rethwellan et sa famille, et devait être sous la protection d'un mage, en permanence. Valdemar était un allié, certes, mais hors de question de prendre des risques. Elle s'était rendue compte que Karilien n'avait pas vu ce qu'il avait dans les mains.
Pauvre Karilien pensa-t-elle, amusée. Tout dans l'action, et pas grand chose dans la réflexion, à part ses manigances dynastiques, il avait toujours été comme ça, impatient. Bien dirigée, sa fille était un atout précieux, et tout ce qu'il avait réussi à faire, la braquer, et lui donner envie de fuir pour Valdemar. D'ailleurs, Mélarianne lui ressemblait en cela. Elle était belle, et avait cette douceur pure qui savait souvent captiver les hommes ( mais les retenir ? ). C'était maintenant qu'elle devait en profiter. Elle était indispensable à Rethwellan, et au lieu d'en jouer, elle se contentait de sourire et d'amener sa demande en mariage. Mais après tout, la stratégie n'était pas bête pour amadouer le vieil Uriens. On ferait peut être quelqu'un de bien de cette petite, si les petits cochons ne la mangeaient pas en route. Vu le sang qui coulait dans ses veines, il n'y avait pas de raison.
Elle descendit lentement de la calèche après la princesse, réarrangeant les plis de ses robes de soie, et ordonnant d'un geste et quelques mots brefs que tous les effets de Son Altesse devraient être installés dans ses quartiers avant la fin de son entrevue. Il y avait assez de domestiques pour que ce soit fait. Elle se rapprocha de sa protégée, veillant à renouveller le bouclier magique qui l'entourait, avant de glisser à sa suite, dans le bruissement de ses jupes, et le léger tintement de ses boucles d'oreilles, perdu dans le brouhaha.
D'un coup d'oeil expert, elle embrassa la salle du trône, le vieux roi Uriens, son fils, l'assemblée des nobles. Cet Arthon était un morceaux de choix...Bel homme et héritier du trône..Et la princesse savait sûrement que si elle ne mettait pas la main dessus, elle devrait retourner à Rethwellan. Son père ne serait pas enchanté, et ne se laisserait pas amadouer par de quelconques chatteries. Son regard glissa ensuite sur l'assemblée des nobles, avant de s'incliner à la suite de Mélarianne devant le roi, puis devant l'héritier ensuite, l'observant un instant à travers ses cils, son visage toujours souriant.
La princesse ne l'avait pas présentée, sans doute ne la jugeait-elle pas d'assez haute noblesse pour cette tâche, mais sa réputation avait du la préceder, probablement, alors peu lui importait. Elle écouta attentivement son petit discours, qu'elle avait du longtemps répéter. Mais c'était qu'elle était rouée la petite ! Un petit sourire entendu aux lèvres, elle attendait elle aussi de voir si le roi succombait au charme de cette délicieuse biche aux abois. Et l'héritier, qu'en penserait-il ? On le disait habile à éviter toute tentative de mariage, il avait du voir défiler, des prétendantes de haut rang..
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Enju n'était à Haven que depuis deux jours, et s'était tant bien que mal habituée à sa nouvelle fonction. Chelmak était le meilleur maître qu'elle aurait pu rêver d'avoir ; le vieux prêtre pouvait parfaitement s'occuper de lui, et Enju n'avait qu'à remplir la tâche d'être sa secrétaire. Ici, son fauteuil attirait les regards - tout comme il avait été la source de toutes les messes basses à une époque dans le Temple. Pourtant, à Sunhame, on avait fini par s'habituer ; et nul doute que les gens de Haven y arriveraient aussi. La jeune prêtresse Karsite s'était organisée pour avoir toujours avec elle le matériel dont elle avait besoin... Surtout pour un jour comme celui-ci : son premier Conseil Officiel ! Et comme il était public, aucun moyen de demander du matériel à un éventuel autre secrétaire - même si emprunter du matériel n'aurait jamais traversé l'esprit de la jeune femme. Son handicap en a fait une scribe remarquable, puisqu'elle ne pouvait vraiment faire que ça en dehors de ses prières.
Ce matin là, Enju s'était donc minutieusement préparée, demandant à Vkandis de réussir à servir Chelmak et priant pour faire de son mieux. Elle avait prit davantage de matériel que d'habitude, pour être sûre de ne manquer de rien. Enju était arrivée en avance, pour être là quand on annoncerait les dignitaires, et noter leurs noms de son écriture italique légèrement arrondie. Elle gratifiait certains noms de remarques qui se voulaient souvent objectives ; untel lui semblait digne de confiance, tel autre, elle n'en doutait pas une seule seconde, n'était qu'un Noble arrogant - cette remarque se retrouva tout naturellement devant le nom du Baron DeFeriel. Quand Chelmak se retrouva à ses côtés, Enju lui sourit, le gratifia d'un "Vkandis illumine notre journée" en joignant les mains, et elle déplia entièrement sa table d'écriture, pour être à l'aise. Il s'agissait d'une simple planche de bois, avec un trépied pliable, qu'elle rangeait derrière son fauteuil. Parfois, elle mettait simplement la planche en travers de ses genoux, mais pour une session dont elle ignorait la durée, elle préférait être à l'aise, le plus possible. Enju vérifia ses plumes, remua son encre.
Elle avait une écriture pour ce qu'elle écoutait, une pour ses remarques et encore une autre pour celles de son mentor. Enju écrivait religieusement, rapidement, pour ne pas en louper une miette. Elle fut gênée par le discours du Noble DeFeriel, davantage par le Roi qui annonça officiellement la maladie des Compagnons. Elle se demanda, sans le noter, si les Chats de Feu pouvaient tomber malade. Elle en avait vu un une fois, et c'était son souvenir le plus précieux. La prêtresse pouvait imaginer la douleur que pouvaient ressentir les Hérauts de voir leurs moitiés malades. Elle avait eu occasion de parler avec le Héraut du Sénéchal et son Compagnon, sur la route de Sunhame à Haven, et elle avait appris des tas de choses qu'elle avait soigneusement consignées. D'un côté, Enju pouvait comprendre le point de vue du Baron : un Compagnon malade avait-il les idées assez claires pour Elir un Héraut ? Pourtant, tout le ton du Noble était empreint de cette haine qui déformait son jugement à lui, ce que la prêtresse nota en marge. Chelmak était à la Cour depuis plus longtemps qu'elle, et il pourrait sans doute juger sa capacité à observer les autres par ces simples remarques en marge...
Pourtant, le débat qui s'annonçait sur la maladie des Compagnons fut coupé court par l'arrivée d'une Haute Dignitaire, Princesse de son état. Enju avait levé les yeux au son des trompettes, et suivit malgré elle des yeux la princesse Rethwellane, comme hypnotisée par sa beauté... La prêtresse Karsite fut presque choquée par sa propre réaction ! Pourtant, si elle ne pouvait lutter contre l'aura de grâce de la princesse, sa façon de parler lui laisser un goût amer, elle était si protocolaire ! Cela cassait toute la magie qui s'était installée, et la jeune femme en fauteuil en fut presque déçue. Il fallut une légère secousse sur son épaule de la part de son mentor pour la ramener à la réalité. Enju quitta Mélarianne des yeux pour se concentrer à nouveau, se demanda comment allait réagir l'assemblée... Et surtout le roi Uriens ! Qui devait passer de la Maladie à une demande en mariage des plus osées ! La prêtresse leva la tête vers Chelmak pour demander à voix basse :
- Est-ce que ceci était prévu ?
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Un léger soupir puis un autre jusqu'à ce qu'un petit coup de coude la rappelle aux convenances. Morag se redressa tout en feignant de s'intéresser terriblement à la discussion qui avançait assez péniblement tout en jetant un léger regard à son père qui venait discrètement de la rappeler à l'ordre. Toute son attitude criait la profonde attention qu'il portait à cette affaire...Pour les autres. La jeune fille, elle, l'avait entendu dire qu'il regrettait de ne pouvoir aller à la course de chiens pour un de ces sempiternels conseils. Cette façon de s'ennuyer sans en avoir l'air ébaudissait terriblement la jeune fille qui cacha son sourire derrière sa main. Non pas qu'elle se désintéresse du sorts des Compagnons, elle était pleine de pitié et de bonté pour ces pauvres créatures. Mais bon, les palabres n'étaient jamais bonnes quand elles ne débouchaient sur rien de concret. Bon sang ne saurait mentir. "Le concret, ma fille, toujours le concret !".
Bref, les Seigneurs d'Hortness, père et fille, s'ennuyaient ferme en cette mâtinée. Le paternel s'imaginait sans doute comment il allait pouvoir rattraper le temps perdu en visitant quelques filles de joie ou en participant à une chasse dans l'après-midi. Sa fille, elle, maudissait tout simplement sa mère qui méritait simplement que le soleil des Karsites s'écrase sur son carrosse pour la longue pénitence qu'elle lui infligeait. C'était tout de même la deuxième fois dans le mois que le prétexte de la vieille amie malade à visiter fonctionnait tout à plein avec son père.
*Bon, si elle s'arrête m'acheter quelques pierres pour monter en collier, je lui pardonne.*
Voilà toute la hauteur de pensée de la jouvencelle alors que l'on débattait d'un sujet sérieux. Mais à quoi bon écouter le baron DeFeriel déblatérer encore une fois au sujet des compagnons tout juste bons à ravaler au rang de percherons. Selon le Comte d'Hortness, c'était là un sport national chez les DeFeriel : se ridiculiser en conseil et devant le roi en personne. Aussi les deux représentants de la noble famille participèrent-ils aux éclats de rire suite à la saillie d'un des Hérauts. Évidemment, Morag n'avait pas retenu son nom mais son père le lui rappellerait en même temps qu'il la remercierait d'avoir bien voulu jouer les potiches pendant des heures.
Alors que la discussion se poursuivait autour du même thème - *Pourquoi ne pas tout simplement envoyer ces pauvres compagnons goûter le bon air du Nord au lieu de papoter en se lamentant ?* - la jeune femme, elle, se concentrait sur l'image qu'elle renvoyait aux autres participants. Sans doute celle d'un visage inexpressif voire passablement ennuyé - remerciant quand même les Dieux d'être assise, cela avait son prix comme chacun sait - qui se forçait à exprimer un semblant d'attention aux palabres. Elle poserait ses questions ensuite à son père, pour le moment, il ne s'agissait que d'écouter sans se laisser circonvenir par l'éclat chatoyant d'un brocard ou d'un collier. *Celui-ci m'irait quand même à ravir !*
Enfin, l'animation tant attendue arriva au grand soulagement des nobles d'Hortness qui commençaient à sentir de désagréables fourmillements leur remonter le long des mollets. Le son des trompettes, l'éclat des plumes, les valets et les princesses. Rethwellan arrivait ! Enfin ! La partie de rires allait pouvoir commencer. Une nouvelle prétendante à la main du Prince Arthon arrivait mais le fumet de la cour de Petras frétillait délicatement aux narines délicates de la petite Morag. Elle regarda, but intensément du regard. Jusqu'à ce que la grande princesse ouvre la bouche. C'était bien loin de ce qu'elle attendait d'une telle réputation de lettrée. D'une platitude extrême. "Épousez-moi, j'apporte l'alliance." On n'était pas certes de grands lettrés chez les Hortness mais on savait au moins trousser un sonnet que diable.
"Espérons au moins qu'elle ait les hanches larges..." susurra son père dans sa barbe ce qui obligea la petite comtesse à fermer les yeux quelques secondes pour ne pas à nouveau se risquer à l'hilarité publique.
Ainsi étaient-ils ces vaillants Hortness : amoureux des plaisirs simples, des saillies de corps de garde et autres mascarades ! Bien entendu, leur intérêt pour les conseils était assez limité mais ils le compensaient à la guerre. Le Comte d'Hortness n'avait pas plus tôt le cul en selle que les Karsites en étaient encore à se tenir l'étrier. Ils avaient taillé leurs domaines par les armes sans jamais démériter. C'était d'ailleurs une sympathique lignée dont l'aïeul, désormais décédé, répondait au doux nom de Caradoc dit "Jambe pourrie", Comte d'Hortness (et toutes les autres terres dont on n'avait perdu le compte). Il avait gagné son surnom dans le sac d'un château frontalier où il avait retenu une porte enfoncée avec sa jambe...Bref l'odeur lui avait été un souvenir certes puant mais glorieux à n'en point douter.
Finalement, Morag prit en pitié l'étrangère qui venait avec tant de bonté d'âme se livrer corps et âme (enfin surtout corps) pour le bien du Rethwellan. Fallait-il que leurs voisins du Sud fussent désintéresser pour leur livrer ainsi dans un écrin immaculé d'argent leur précieuse perle, leur Dame, leur Reine d'Amour. Elle n'aurait pas aimé être à sa place. Tout quitter pour ne rien trouver d'autre au bout du chemin que l'incertitude. Quel malheur.
Finalement, elle toucha légèrement sa coiffure ouvragée et tendue d'épingles serties essayant de détendre ses racines capillaire mises à mal par le caractère tout à fait fasciste de ce chignon protocolaire dont on avait décidé qu'il irait à merveille pour ce genre d'occasions.
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Alors que tout se passait encore relativement bien ( c'est à dire pas de morts, juste des mécontents, des imbéciles et quelques bousculades), alors qu'Arthon avait repéré à peu près tous ceux qui posaient / poseraient problèmes... Et alors qu'il commençait sérieusement à chercher pour trouver un moyen de ne pas annoncer que Ryis aussi était malade... Tout tourna au cauchemar.
Cette Princesse qui débarquait arrivait vraiment au moment le plus mal choisi.
Elle arriva avec annonce de trompette, belle suite, belle robe, et air sûr d'elle. Pleine de charisme aussi, et une tête tout à fait royale. Elle était belle et certainement intelligente (n'ayant en tout cas pas le regard bovin de certaines filles qu'il avait réussi à éviter ) mais la langue qu'elle parlait ( la politique et le mariage) n'était pas de celle que préférait le Prince. Ce qui gâcha à ses yeux tout ce que le mâle en lui avait repéré.
Dès les premiers mots, il sut ce qu'elle venait faire à Haven. L'ambassadrice de Rethwellan venait se sacrifier sur l'autel de la politique. Et ce ne devait pas être pour épouser Uriens ( quoi qu'une jolie belle mère comme ça...)
Quand elle tendit le papier officiel, Arthon se leva. Il salua galament la jeune femme:
" Soyez la Bienvenue à Valdemar, Demoiselle Melarianne. "
Une révérence et il lui proposa de s'installer, elle et sa suite, sur des fauteuils (et tabourets) qu'on venait de leur amener. Dans le même temps, il récupéra le papier qui lui brûla la main jusqu'au plus profond de lui. Il alla l'apporter à son père, respectueusement, mais lors du court instant où le Roi fut le seul à voir son visage, toute son expression prévenait qu'il faudrait discuter.
Il laissa ensuite son père prendre la parole, gardant un air amical et sérieux, mais en réalité complètement déconnecté de la réalité. Son regard chercha cependant une Noble Peste et y resta accroché un long moment, sans s'occuper des autres personnes dans la salle malgré les yeux fixés sur lui.
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[Petit rappel des tours de jeu, c'est à dire l'ordre dans laquelle les personnages doivent intervenir : Saskia, Arthon, Aranel, Uriens, Kelom, Enora, Liliany, Melarianne, Bronwyn, Enju, Morag. Si vous désirez qu'on saute votre tour, merci de le préciser !]
L'annonce de la maladie des Compagnons avait soulevé de nombreux émois dans l'assistance. Aranel se leva et fit signe aux plus excités de se calmer d'un geste de main ferme. Sa voix avait du mal à couvrir les questions qui fusaient et les remarques parfois acerbes. Elle tourna la tête vers Arthon et haussa presque les épaules avant d'attendre tout simplement bras croisés que le silence revienne.
Lorsque ce fut fait, elle s'adressa aux plus récitents, le Baron DeFeriel en tête qu'elle transperça d'un regard sans émotion.
"Je comprend vos craintes et je tiens à préciser certains détails qui sauront, j'en suis sure, vous rassurer. Tout d'abord il n'y a aucun risque d'un Compagnon malade élise une personne qui n'est pas digne de confiance parce qu'un Compagnon malade sans Elu n'Elit pas. Même dans les situations les plus désespérées."
Aranel jeta un coup d'oeil furtif à Saskia. Elle faisait bien entendu allusion à Antea qui était morte dans les bras de l'adolescente en mettant son poulain au monde des décades plus tôt. Le cas s'était renouvellé une fois, un Compagnon très jeune mais en âge de Choisir qui avait succombé.
"De plus, vous serez sans doute heureux d'apprendre que nous savons dépister la maladie dès ses premiers symptomes et que les Hérauts dont le Compagnon est touché sont immédiatement retirés du service."
Le cas de Ryis était un secret d'état. Les personnes connaissant la situation pour le Compagnon de l'Héritier se comptaient sur les doigts de la main et c'était mieux ainsi. Les opposants au roi auraient tôt fait de demander la destitution du prince en prétextant que comme tout Héraut il devait être écarté de la vie politique, diplomatique, défensive et juridique.
Retirer les Hérauts du service était une évidence qui coulait de source. Ces derniers, préoccupés par l'état de leur Lié ne pouvaient plus assumer leur rôle et passaient le plus clair de leur temps avec lui. On avait réussi à démontrer qu'un contact quasi permanent entre le Héraut et son Compagnon dès les premiers signes de la maladie en ralentissaient l'avancée. Depuis, les écuries accueillant les malades étaient prévues à cet effet.
Une voix fluette demanda avec tristesse si les Hérauts continueraient leur travail et si les Compagnons allaient être soignés. Aranel chercha des yeux la personne à l'origine de ces questions et découvrit une jeune fille aux cheveux blancs et aux yeux bleus qu'elle avait déjà aperçu dans les couloirs du Collegium. Elle lui adressa un sourire en se rasseyant avec simplicité.
"Fort heureusement, tous les Compagnons ne sont pas touchés, loin de là. Il y a donc encore de nombreux Hérauts pour servir le royaume. Quant à soigner ceux qui sont touchés hé bien... On fait de notre mieux."
Le Héraut du roi se renfrogna légèrement et n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce fut car on sonnait les trompettes et des bruits de pas s'approchaient de la salle du trône. La princesse de Rethwellan arrivait.
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Uriens écouta son Héraut personnel parler, les doigts posés sur les lèvres et les yeux tournés vers le sol sans réellement le fixer. Il prenait garde d'acquiescer de temps à autre pour marquer nettement son approbation mais il avait déjà l'esprit fixé sur le prochain problème: quoi dire si l'on découvrait que le Compagnon de son fils, Ryis, avait atteint la phase terminale de la maladie.
La salle semblait coupée en trois grands mouvements : les sympathisants aux Hérauts dont l'inquiétude et la sollicitude faisaient chaud au coeur, les opposants qui ne manquaient pas de faire sentir leur mécontement à différents degrés allant de l'ennui profond aux vindicatives injonctions et les observateurs, les badauds, ceux qui écoutaient avec de grands yeux ronds en essayant de comprendre. De nombreux paysans et membres du personnel du Collegium étaient là, massés au fond de la salle debout près de la porte. Ils avaient retiré chapeaux et foulards par respect pour le roi et se regardaient tous en son rongeant les ongles.
Le bruit des trompettes interrompit le fil de ses pensées et Uriens redressa vivement la tête. Sa barbe frémit alors qu'il s'humidifait les lèvres et un seul coup d'oeil suffit au Chambellan pour se précipiter dans le couloir afin de s'assurer que toutes les dispositions avaient été prises pour accueillir l'invitée de marque qui arrivait. Cette dernière fit son entrée en grandes pompes, suivie probablement d'une dame d'honneur à l'air digne. Le vieux roi se leva respectueusement et inclina la tête à son tour lorsque la jeune Melarianne le salua. Elle semblait familière du protocole. Sa beauté et son charisme irradiaient dans la pièce, si bien qu'il ne manqua pas de lui adresser un sourire appréciateur. Mais en vieux singe d'une grande sagesse, Uriens n'était pas du genre à se laisser tourner la tête. Plus d'un jeune blanc bec dans l'assistance léchait déjà le plancher derrière elle mais il n'avait aucun doute sur les sentiments qui animaient son fils. Aussi lorsque ce dernier alla à la rencontre de la princesse pour l'accueillir et la faire asseoir puis se tourna vers lui, il ne fut pas étonné de lire dans ses yeux une certaine contrariété.
Le roi mit un certain temps avant de s'adresser à l'assistance. Il attendait que le bruit des frous-frous et le babillement des courtisans ne cessât. Il prit alors la parole, de sa voix encore claire et s'exprima en des termes simples.
"C'est avec une grande joie que nous vous accueillons Dame Melarianne de Garsenc. Vous ne manquerez pas de saluer votre oncle de ma part dans votre prochain courrier, ce polisson me doit encore une visite et une partie de chasse."
Uriens sembla rire doucement à un souvenir que lui seul pouvait se remémorer avant de poursuivre. Il n'y avait qu'un roi pour pouvoir traiter publiquement un autre monarque de polisson sans rougir ! Mais les deux rois avaient entretenu des relations amicales dans leur jeune temps et gardaient l'un pour l'autre de saines relations.
La lettre que lui remit son fils, cette demande de mariage officielle couchée sur le papier était une toute autre affaire. Il s'attendait à cela depuis plus d'un an. Il semblait évident que Rethwellan proposerait une prétendante au trône de Valdemar ce n'était qu'une question de temps. Aussi, Uriens inclina la tête en la recevant et l'ouvrit pour la parcourir brièvement. Il choisit ensuite de s'adresser à l'assistance toute entière.
"Sa majesté le roi, instance suprême du royaume de Rethwellan, propose à notre royaume d'unir le prince Arthon de Valdemar à sa nièce, la princesse Melarianne de Garsenc de Rethwellan."
Ca c'était pour les lents d'esprit qui n'avaient pas encore compris de quoi il s'agissait. Certaines familles nobles s'agitèrent sur leur siège. L'idée de mettre l'une des leurs sur le trône leur avait vaguement traversé l'esprit et de nombreuses intriguantes se massaient toujours autour d'Arthon. Il y eut sur le visage de nombreuses jeunes filles de l'indignation voire même... du désespoir. Oui, le prince avait le don de susciter les émois.
"Sachez avant toute chose que je nous sommes honorés de cette proposition. Devant l'importance d'une telle alliance et les diverses implications qu'elle engendrerait, je pense qu'il serait sage que nous nous réunissions ultérieurement pour nous entretenir de cette affaire, Ma Dame. Je ne puis prendre une décision politique telle que celle-ci sans l'accord de mon Conseil. En attendant, vous êtes la bienvenue à Valdemar. J'espère que vous apprécierez votre séjour parmi nous."
Cette déclaration était la promesse de longues, d'interminables négociations. Uriens en avait mal au crâne d'avance. Le roi tourna les yeux vers une petite page non loin, adorable dans son costume bleu et argent et lui fit signe d'approcher. Il lui confia avec un sourire les lettres de noblesse et la demande de mariage que l'enfant devrait conserver puis apporter à l'archiviste à la fin de la scéance.
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Kelom était en retard, très en retard.
En même temps, c'était un peu complètement de sa faute, comme aimait le faire remarquer Azurétoile, sa trondi'irn. Certes un petit entrainement matinal, cela permettait de bien commencer la journée, mais une très violente bourrasque de vent (il fallait bien ça pour faire dévier l'énorme griffon de sa trajectoire...) l'avait envoyé bouler queue par dessus tête et il ne devait qu'à des années d'expérience et une dose monstrueuse de chance de ne pas avoir fait une rencontre très violente avec le sol.
Le temps de la K'leshya lui remette toutes les plumes dans le bon sens, la séance de doléance avait débuté depuis un bon moment.
Ce fut donc un griffon en retard et de relative mauvaise humeur qui parcourait les couloirs du palais de Haven en direction de la salle du trône. Il fit claquer son bec avec irritation, effrayant un malheureux page qui avait le malheur de traverser le corridor en sens inverse. Il faisait pourtant un point d'honneur d'être présent à toutes ces réunions, montrant à tous que Valdemar ne comptait pas uniquement des nobles mielleux et des souverains plus occupés à caser leur progéniture qu'à régler des crises mondiales dans leurs alliés. Dans l'Alliance, on trouvait aussi des guerriers, et des gens capables. Au moins un peu.
Bien sur, cet avis était un peu trop tranché, et Kelom le savait. Mais il fallait les supporter, ces nobles, et croyez le ou non, l'hypocrisie donne envie de mordre aux griffons, de préférence ceux qui en font l'usage: quand cela était impossible, on se rabattait sur le mobilier ou sur le vol.
Kelom passait beaucoup de temps en l'air. Quant à ertains des coussins qui étaient à sa disposition, disons qu'ils avaient connu une fin tragique.
Un bruit de trompette le tira de ces pensées moroses et il tourna vivement la tête vers l'origine du son. La Princesse de Rethwellan, il semblerait. Avec un nouveau claquement de bec, il pressa le pas, sans pour autant trottiner: c'était indigne de sa position, mais très tentant.
Il atteint la salle du trône quelques secondes seulement après que la princesse ne se soit installée. Il attendit patiemment que le Roi Uriens ai fini de parler à la jeune humaine avant de s'avancer lui-même, le claquement sec de ses serres résonnant sur le sol lisse les seules trompettes dont il eu besoin.
Déployant légèrement ses ailes, il s'inclina à la mode griffon, le cou tout d'abord, puis une légère torsion du poitrail alors que sa patte antérieure droite se pliait. C'était un exercice assez peu naturel pour quelqu'un de sa race, mais Kelom avait mis un point d'honneur à le maitriser: bien assez de personnes pensaient qu'il n'était qu'une grosse bête la première fois qu'il les rencontraient. Et bien, tant qu'à faire, autant être une grosse bête bien élevée.
-" Roi Uriens," fit le griffon de sa puissante voix grave en se relevant "Je vous prie de pardonner mon retard. Les vents d'altitude sont puissants en cette saison et m'ont retardé."
Laissons les penser que je me suis battu comme un tigre contre des tornades, plutôt que d'avouer que j'ai fait une erreur d'oisillon tout juste éclos.
Avec un mouvement fluide, il se tourna vers la princesse et inclina la tête en un salut courtois.
-"Les salutations de Griffon Blanc à l'ambassadrice de Rethwellan. J'espère que vous ne me tiendrez pas rigueur de mon retard, et que nos relations n'en seront en rien entachées."
Avec une nouvelle révérence, le griffon alla regagner sa place, un peu en retrait de la foule des courtisans. Sa haute taille lui permettait de voir tout en restant à l'écart, un fait qui rassurait plus les courtisans que lui-même. Il s'assit, les ailes à demi déployées, aussi expressif qu'une statue de marbre, mais plus que jamais attentif.
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Enora se sentait un peu dépasser par tous les rebondissement qui avait semblé pleuvoir sur la cours depuis l'annonce de la maladie des compagnons. Elle n'avait pas vraiment eu le temps de rougir de son impulsivité que des trompette haute et clair se faisait entendre et que la femme la plus belle qu'Enora est jamais vu avança vers la famille royale. La jeune noble en resta bouche-bée. Pendant quelque instant furtif, elle se surpris à espéré un jour ne serais-ce que lui ressembler un tant soit peu. Elle était si belle, si charismatique et si gracieuse. Enora se sentait maintenant comme une jeune paysanne en haillons comparé à la princesse de Rethwelan. Et ensuite, pour ne rien arranger, la Hérault Aranel, la conseillère personnelle du Roi la regarda directement et répondit même à sa question quelque peu impertinente.
Piquant un fard, la jeune noble se tassa sur son siège en souriant timidement à la Hérault. Elle se sentait maintenant très mal à l'aise de son éclat et espérait vivement qu'on l'oublie au plus vite, surtout que Saskia ne manquerais surement pas de lui faire remarquer cet éclat à tous moment juste pour l'humilier. L'inimité entre elle deux ne semblait que grandir et Enora en était un peu peiné. Pas qu'elle aimait ou non la jeune femme, mais Enora détestait tout simplement les conflit et elle aurait préféré pouvoir faire ses études dans la tranquillité. Seulement, comme chez leur ainés, les études des nobles n'était que politique et la jeune adolescente était bien décider à se faire sa place. Elle ne s'était jamais laissé marché sur les pieds et elle continuerait de prôner les valeurs qu'elle croyait juste.
Comme si ses pensée l'avait réconforté et encouragé, elle releva la tête quelque seconde après l'avoir baissé. Au diable ce que penserait les autres. Une noble n'avait pas à rougir de ses actes. Elle n'était peut-être pas quelqu'un d'important, mais au moins, elle avait le cœur à la bonne place.
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Comme elle était triste la maladie des Compagnons. Liy avait beau avoir été au courant depuis quelques temps. Elle avait beau avoir chercher avec Aranel une solution. Elle n'en était pas moins triste.
Les trompettes sortirent l'enfant de ses sombres pensées. Sa curiosité se réveilla de nouveau et elle se fraya un passage dans la foule pour se rapprocher. La vue de la princesse et de sa suite l'ébahie. Certes la princesse était belle mais son cortège l'intéressait tout autant. Liliany ouvrait de grands yeux. Dans ses jeux elle imaginait qu'elle était cette princesse, grande, merveilleuse, venant épouser un prince charmant. Mais ce n'était que des jeux, des rêves d'enfants éveillé. Il était certains qu'elle et ses amis se plairaient dans les semaines à venir à reconstituer à leur façon l'entré de la rethwellienne et de sa suite. Ainsi que de nombreuses variantes.
L'attitude tranquille du prince, les paroles sages du roi déçurent l'enfant qui aurait aimer voir le prince et la princesse avoir un coup de foudre ou le roi décider de célébré le mariage de suite. Décidément les adultes étaient parfois bien trop raisonnables.
Tout à ses pensées elle faillit ne pas voir que le roi la regardait. Elle prenait à peine conscience de cette attention qu'il lui fit signe. Étonnée mais tout à coup très fière que Uriens l'ai choisit elle s'approcha en toute hâte. Heureusement pour elle sa maladresse la laissa en paix et elle prit d'une main tremblante le document d'un roi à un roi. Elle réussit même à sourire à son souverain avant de se reculer. Réussissant le tour de force d'avoir l'air à la fois aussi ravie que si elle avait été Elue et aussi farouche qu'un Héraut protégeant son Compagnon. Hors de question que quelqu'un touche à ces documents.
Lia se posta pas trop loin du roi, au cas ou il aurait encore besoin d'elle.
Tout à son ravissement elle ne vit tout d'abord pas l'arrivée de Kelom. Se régalant du toucher du papier fin et détaillant les sceaux et l'écriture gracieuse, sure que ses amis lui poseraient des questions. La voix du griffon lui fit relever la tête. Et ses yeux brillèrent un peu plus. On lui en avait parler mais elle n'avait pas eu l'occasion de voir l'ambassadeur. Tout de suite elle voulu connaitre cette merveilleuse créature. Elle se promit d'oser aller lui parler. Peut-être même qu'elle pourrait toucher ses plumes ou son bec.
Elle allait d'émerveillement en émerveillement. Et la journée était loin d'être finie... Et ça c'était génial !
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Le sourire de la Noble Dame s'accentua quand le Roi lui parla de son oncle. Elle se souvenait de la visite de ce dernier qui lui valait cette déclaration. Elle avait huit ans à l'époque et sa mère était morte quelques mois auparavant et c’était la première fois qu'elle revenait à la cour depuis. Le prince avait été le premier à lui démontrer un peu de gentillesse. C'était se souvenir autant que l'espièglerie dont faisait preuve le roi qui lui amena un petit éclat dans ses yeux, de ses éclats qu'elle gardait cacher au fond de son cœur.
"C'est avec grand plaisir que je lui rappellerai, Votre Majesté, et j'espère que vous aurez autant de plaisir à sa visite que vous nous aviez faites il y as plusieurs années."
Melarianne avait vu, du coin du regard, les serviteurs apportés des tabourets pour sa suite et sur des fauteuils pour elle et la Dame qui l'accompagnait et la protégeait. Elle les remercia d'un très discret hochement de tête et d'un regard. Elle n'était pas de ses Dames qui croit que tout leur est dû parce qu'elles sont belle et de haute naissance, mais bien qu'être une dirigeante c'était être responsables de ceux qui les servaient. Puis elle tourna son attention de nouveau vers le Roi pour faire sa demande et son regard glissa vers le Prince quand il vint prendre les derniers papiers de ses propres mains et son cœur manqua un battement. Ce regard si perdu, comme si elle l'avait trahi. Elle se doutait bien qu'il en se souviendrait pas d'elle, une petite morveuse envers qui il n'avait fait qu'être polie et lui-même, mais se moment lui avait donner un refuge durant toutes les années qui avait suivi jusqu'à se jour et son expression, lui planta une lame de douleur dans le cœur et si quelque chose paru, seuls le roi et surtout le Prince purent le remarquer. Entrainer à remarquer les liens entre les gens, elle le vit regarder quelqu'un qu'elle ne pouvait voir sans se retourner. Elle n'avait pas cru qu'il pourrait l'aimer, mais elle n'avait pas cru que le mariage lui ferait tant horreur. Elle parvint malgré tout à se ressaisir et à se reconcentrer sur la réponse du roi.
"Je vous remercie de l'honneur que vous me faites, à moi et au Rethwellan que je représente, en accordant autant d'attention à cette demande."
Toute ses années d'intrigue et de manigance, mais surtout sa force reprirent le dessus, repoussant la douleur dans son jardin secret, ferment de nouveau son cœur, pour que tous ce à quoi elle avait travailler ne soit pas balayer en un instant par ses sentiments. Mais en elle, l'Amère douleur de la solitude était plantée. Et seul son contrôle sur ses émotions apparentes lui permit de garder le contrôle de son pouvoir, dont elle ne connaissait même pas l'existence.
"Je serai à votre disposition et à celle de votre héritier quand il vous plaira pour en discuter et répondre à toutes vos questions."
Dans ses yeux, quelques secondes, passa une supplique silencieuse. Qu'il l'écoute au moins avant de prendre quelque décision que se soit. Elle avait travaillé si fort pour être là, trop pour être éconduite comme ses idiotes qui ne voyaient que le trône et le pouvoir dont elle ne savait rien.
Elle fut presque reconnaissante à l'Ambassadeur Griffon de détourné l'attention générale vers lui et lui permette de fermer les yeux quelque secondes pour se remettre sur ses bases et enfermer définitivement ses sentiments dans une partie de son esprit, avec la honte et tout ce que son père lui avait fait subir. Enfermant avec elle les quelques rêves qui lui restait, ne gardant que le désir de liberté pour elle et pour les autres qui la poussait à vouloir aider son symbole, Valdemar. Elle sourit donc au griffon, un sourire qui se reflétât presque dans ses yeux verts.
"L'honneur est partager seigneur Kelom, voir un être d'une telle magnificence est un baume pour l'âme. Il n'y a aucune faute, nul ne peut aller contre les forces de la nature, pas même quelqu'un comme vous, je serais bien mesquine de vous en tenir rigueur, alors que vous les avez bravés pour être à mon arrivé."
Elle savait qu'elle lui donnait bien plus de crédit qu'elle ne l'aurait dût avec ses paroles, retournant son retard pour en faire un haut fait de civilité et d'estime pour elle-même et son pays. Mais cela apportait aussi, car elle savait que le griffon ne pourrait démentir ses paroles après sa tirade, et que ce retournement ajouterait à son prestige, à son arrivée calculer et à la demande en mariage qu'elle amenait. Elle aurait aimé pouvoir discuter de toute l'affaire seule avec le Roi et l'Héritié avant de la présenter, mais elle ne pouvait permettre à son oncle une échappatoire si jamais son père se rendait compte qu'il ne pourrait jamais manipuler Valdemar à travers elle et qu'il la perdrait dans ce mariage. Elle n'avait pas eu le choix de faire la demande officiellement et ne pouvait espérer que le Roi Urien y verrait son profond désir de les aider, dans les limites de ses faibles moyens. Car en vérité, elle était bien plus prisonnière de sa nature qu'un condamné à mort, car lui au moins pouvait y échapper, elle savait que son père continuerait ses manigances si elle se tuait et qu'alors personne ne pourrait rien faire pour le contrer juste un peu.
[Son pouvoir diminue encore un peu, même si sa présence reste comme un parfum envoutant, pour ne plus en faire le point de mire de la réunion.]
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Elle s'installa sur le tabouret qu'on leur avait amené, laissant glisser ses robes autour d'elle et promenant à nouveau son regard sur la salle. L'arrivée du griffon avait été impressionante, et malheureusement, avait quelque peu eclipsé l'aura de Mélarianne. Elle allait devoir faire feu de tout bois si elle voulait arriver à quelque chose. Tous étaient des courtisans consommés sachant se tenir à la cour, certes, mais elle ne put que remarquer que l'Héritier ne frétillait pas non plus d'enthousiasme face à la requête de la princesse. D'ailleurs, comme elle s'y attendait, le roi temporisa, évoquant de longues discussions et négociations préalables.
Pourquoi l'Héritier se montrait-il donc si réticent ? Elle était bien jolie, et il ne serait pas bien difficile de faire son devoir pour le royaume, quand même ? A moins qu'une autre raison ne le retienne ? Elle tâcherait d'en savoir plus. D'ailleurs, malgré son expression polie et aimable, il lui semblait qu'il cherchait quelqu'un du regard.Elle laissa errer son regard dans la même direction, atterrissant ainsi sur une fraiche demoiselle. TIens donc, ce serait dans cette direction que le vent soufflerait ? Elle se souviendrait de la jeune fille en question pour essayer d'en savoir plus sur elle. Sa princière maîtresse ne rentrerait pas au pays sans au moins un traité et des fiançailles...Mélarianne était normalement assez convainquante pour donner à un rocher ou à une bûche l'envie de l'épouser, il faudrait peut être aborder les choses sous un autre angle.
Elle en profita alors pour lancer une discrète et banale sonde magique, celles que n'importe quel mage lancerait pour en savoir un peu plus sur son environnement. Et si elle pouvait glaner quelques informations au passage, elle ne viendrait pas s'en plaindre.
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Enju fut impressionnée, presque tétanisée, à l'arrivée de l'Ambassadeur de Griffon Blanc. Elle avait devant elle une des créatures non humaines qui vénérait le même Dieu qu'elle. Dans ses rêves les plus fous, jamais elle n'avait imaginé en côtoyer un d'aussi près. Et si le Griffon ne pouvait la voir, Enju joignit les mains et inclina le buste vers lui, et murmura :
- Que le Soleil éclaire toujours votre ciel.
Mais la secrétaire dut rapidement reprendre le dessus. Elle reprit sa plume et repéra les personnages importants de la Suite de la princesse de Rethwellan rien qu'à la place qu'ils occupèrent. Elle mit plusieurs notes personnelles, toujours pour que Chelmak puisse juger réellement ses compétences. Et quand Enju reporta le regard vers le trône, elle fut surprise de voir que le Prince ne regardait pas en direction de sa future épouse, mais qu'au contraire, il semblait fixer quelqu'un parmi les Nobles. Enju ne voyait pas qui, et après tout, peu lui importait. Elle n'était pas là pour jouer la commère !
Alors la prêtresse karsite reporta son attention vers Kelom le Griffon, et un sourire naquit sur ses lèvres. Elle espérait de tout coeur qu'elle pourrait trouver une occasion de parler avec le Griffon...
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[Morag saute son tour. On enchaîne ! ;) ]
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Le regard bleu-gris de la Bleue s'illumina quand elle entendit les trompettes, et se dirigea aussitôt vers l'entrée principale de la Salle du Conseil. La jeune Noble fut tout bonnement bluffée, bouche bée face à l'arrivée en fanfare de cette Noble. Même le raclement de gorge discret de son père n'arriva pas à lui faire relever la mâchoire, tant elle était éblouie par la magnificence et la grâce de la femme. Sa mère tira un peu sur son bras pour qu'elle se penche vers elle - Yoannie DeFeriel était confortablement assise, car on la soupçonnait d'être à nouveau enceinte au vu de sa soudaine fatigue récente. D'une oreille distraite, elle écoutait sa mère, de l'autre, le discours de la Princesse Rethwellane.
La Princesse Rethwellane ?! Alors que sa mère distillait du poison dans son oreille, que cette Dame serait un excellent professeur pour Saskia, mais aussi un tremplin pour se rapprocher de la couronne, le visage de la jeune fille se décomposait alors que cette femme qu'elle avait admirée il y a encore quelques secondes apportait une demande en mariage. Totalement contre son gré, Saskia gémit de désespoir et baissa la tête. Sa mère posa une main sur son épaule et ramena ses cheveux derrière son oreille.
- Saskia ?
- Je vais bien, Mère. J'ai eu une drôle de douleur foudroyante. C'est passé. Excusez ma faiblesse, Mère.
Mais la douleur était loin d'être passée. Elle lui broyait le cœur et lui tordait les entrailles. Si Saskia se redressa, son regard restait définitivement collé au sol. Même le délai que le Roi accordait à son fils - elle n'en doutait pas un instant ! - ne serait jamais assez long. Finalement, cette discussion avec Ryis n'avait servi qu'à faire souffrir la jeune fille pour rien ; elle était sûre de ses sentiments pour l'Héritier, et elle allait à présent devoir continuer à sourire à la Cour en le voyant au bras d'une autre.
L'arrivée fracassante du Griffon qu'elle apercevait parfois n'arriva même pas à lui faire redresser la tête. Saskia se torturait intérieurement. Peut-être que le soir même, elle devrait évoquer à table qu'il était temps de la marier... A quelqu'un qui vivait très loin de la Cour de Haven, de préférence, pour ne plus revoir un certain Héritier...
Saskia, le regard toujours empreint de douleur qu'elle tente de dissimuler derrière un visage froid, relève la tête... Sans doute pour se faire mal davantage : elle espère voir Arthon regarder sa future épouse, désespérément amoureux l'un de l'autre. Ça aurait l'avantage de lui faire un choc suffisamment important pour, sans doute, l'oublier lui, oublier à quel point elle aime sa présence, et surtout, oublier qu'elle l'aime désespérément et qu'elle a adoré un certain baiser... Pourtant, la scène qu'elle espérait voir n'a pas lieu, et son regard capte immédiatement les yeux posés sur elle. Saskia se raidit, son cœur part dans une course folle. Elle veut lui sourire ; elle n'y arrive pas. Elle veut baisser la tête pour fuir son regard, en vain. Sa mâchoire se serre quand elle pense :
"Je t'ai sans doute tant fait souffrir... Ne me regarde pas... C'est insupportable !"
Le monde entier qui l'entoure cesse pourtant d'exister, il n'y a que lui et elle. Le brouhaha du Conseil parvient aux oreilles de la jeune fille en un écho lointain. Qu'importe ce qu'il adviendra. Comme l'a dit Ryis, rien ne pourra avancer si elle ne lui dit rien, et la façon dont elle a réagit dans le Champ des Compagnons, quand il lui a avoué des sentiments qu'il avait pour elle, la jeune fille se demande si elle a le droit de faire ce qu'elle va faire. Saskia ignore si Arthon sait lire sur les lèvres, où même si elle articule suffisamment pour qu'il comprenne ce qu'elle lui dit, ce qu'elle aurait du lui répondre après ce baiser dans le Bosquet.
- Je t'aime.
Pas un souffle n'aura franchi ses lèvres, de peur de se trahir, et de rendre la chose trop réelle. Ou peut-être de peur que malgré le brouhaha, quelqu'un puisse l'entendre, suivre son regard, et faire un scandale public. C'était bien la dernière chose dont aurait eu besoin Arthon...
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Arthon sut immédiatement qu'Uriens avait saisi son malaise et son refus catégorique d'accepter publiquement un mariage sans en discuter – et de préférence pendant de très longues périodes, ce qui retarderait une décision sûrement inévitable. Un éclair passa dans le regard de l'Héritier. Il avait peut-être une solution. Il faudrait qu'il y réfléchisse, soit sûr.
Mais Uriens déclarait déjà avec emphase ce que seuls les plus bouchés de l'assistance n'avaient pas compris, et le Héraut de Ryis dut se retenir de grimacer, et garda un sourire calme et accueillant. Ce n'était pas cette pintade au charme magique qui allait lui gâcher (encore plus) sa soirée.
Elle était sûrement très agréable, peut-être même intelligente, et gentille, mais elle n'avait pas le droit de tenter avec ses charmes peu naturels de lui ravir un coeur qui ne lui appartenait pas.
Le regard d'Arthon se souda sur son autre problème. Cette gamine qu'il n'arrivait pas à comprendre et dont il avait tant besoin. Mais il se rendit rapidement compte que d'autres regards allaient vers elle, et il détourna rapidement les yeux. Comme indifférent. Mais pas assez vite pour ne pas voir le “Je t'aime” sans paroles. Il se redressa, réconforté, et se força à être agréable: il proposa d'un geste le meilleur fauteuil à Melarianne et la salua poliment.
Mais heureusement, son Sauveur arrivait. Le seigneur Griffon lui remonta le moral rien qu'en apparaissant. Pas parce que c'était une créature magique avec qui il pourrait discuter des heures, … simplement parce qu'il détournait l'attention de Mélarianne, de Saskia et de lui-même.
Arthon le salua avec politesse, et plus de chaleur qu'il n'en avait mis pour la délégation Rethwellan, et prit son ton protocolaire:
“La Cour de Valdemar ne peut qu'être honorée et non fâchée de votre présence.”
Mais Melarianne monopolisait déjà l'autre Ambassadeur, et c'était bien ainsi.
Arthon alla se rasseoir à sa place, et murmura sans bouger les lèvres, grâce à des heures d'entrainement:
“Il faut que cela finisse vite, Père. Je n'ai plus de forces.”
Effectivement, le pauvre Héritier sentait sa migraine revenir, ses nerfs lâcher et l'envie de voir Ryis de plus en plus forte. Encore affaibli par la dernière crise, il sentait qu'il ne contrôlerait bientôt plus ses barrières et risquait de déclencher un problème diplomatique.
Son regard chercha le soutien d'Aranel: il fallait qu'elle annonce les prochains aspects de ce Conseil Public. Et à bas les Nobles récalcitrants, les demandes en mariage et les fauteuils inconfortables pour les royaux derrières.
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Aranel se leva pour accueillir dignement le représentant de Griffon Blanc. Elle connaissait les griffons grâce à Tendran, le professeur de magie et descendant des très célèbres Treyvan et Hydona. Mais celui-ci était totalement différent : il avait plus l'air d'un aigle que d'un faucon. Elle prit donc un instant pour l'admirer puis inclina la tête. Aussitôt plusieurs valets se précipitèrent pour proposer à Kelom d'énormes coussins moelleux afin de mieux l'installer. Les dalles de la salle du trône étaient connues pour être particulièrement froides. Arthon l'ayant accueilli, elle ne le fit que par l'entremise de son sourire chaleureux. Elle n'avait pas manqué le visage de son ami Héritier, fatigué et légèrement crispé qui signifiait qu'il fallait faire accélérer les choses au maximum.
"Nous avons également l'immense honneur d'accueillir ici l'ambassadeur de Karse, Chelmak ainsi que son assistante. Puissions nous maintenir les excellentes relations que nous entretenons depuis plusieurs générations. Bienvenue."
Elle s'inclina très bas dans leur direction avec un sourire aimable avant de poursuivre tranquillement mais fermement.
"Nous avons reçu récemment les rapports de nombreuses régions de Valdemar. Il semblerait que l'épidémie de fièvres qui sévit depuis la fin de l'automne recule enfin. Nous n'allons pas pour autant relâcher nos efforts. Vous avez été nombreux à prêter votre aide ou des moyens matériels pour subvenir aux besoins des guérisseurs et des malades. Je sais que vous êtes nombreux aujourd'hui à être venus pour présenter de vive voix vos remerciements au roi."
Aranel fit signe à un groupe d'artisans et de paysans qui s'approchèrent l'air intimidés. Ils portaient des paniers chargés de fruits et de céréales qu'ils déposèrent au pied d'Uriens avec humilité. Le plus âgé enleva son chapeau et parla avec simplicité. Aranel laissa Uriens intervenir en son propre nom et se réinstalla, lançant un fugace regard d'encouragement à Arthon.
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Uriens adressa un sourire bienveillant aux paysans et vint lui-même chercher les présents. Il posa la main sur celui qui avait parlé, l'air sympathique comme à son habitude.
"Merci mon ami. Cela me touche énormément."
C'était vrai. Ces gens n'avaient pas grand chose. Les cadeaux qu'ils avaient apporté étaient certainement une partie importante de ce qu'ils gardaient pour leur famille. Ils avaient choisi les fruits les plus beaux, les légumes les plus gros et Uriens n'attendit pas la fin du Conseil pour choisir une pomme et mordit dedans à belles dents. C'était peu protocolaire mais le sourire qui illumina leur visage traduisait bien l'effet que ce geste leur fit. Ils s'éloignèrent ensuite, racontant déjà à tous ceux qu'ils croisaient et qui n'avaient pas vu la scène que le roi avait accepté les cadeaux de ses mains et "attaqué" le présent sans attendre.
Le roi reprit sa place avec dignité et ne manqua pas d'adresser aux nobles les plus réfractaires un regard qui voulait dire bien des choses. Les personnes les plus proches purent même l'entendre rire légèrement. Mais les sujets qu'il fallait encore aborder étaient assez graves pour lui faire perdre son air amusé.
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Le roi allait enchaîner. Le Sénéchal lui tendait déjà le parchemin contenant le prochain sujet à aborder. Les auditeurs n'en avaient pas fini de parler de la maladie des Compagnons et ils ne laisseraient pas le roi s'en tirer à si bon compte. Les discussions enflaient de nouveau et plus personne ne faisait attention à l'estrade sur laquelle le roi et ses conseillers se tenaient.
C'est dans cette ambiance qu'apparut en plein milieu de la pièce une enfant aux cheveux blonds et aux grands yeux noirs portant dans les bras un énorme chat au regard intensément bleu. Elle se tenait bien droite, face au public, sans sourire ni expression notable sur le visage. Elle ne semblait pas avoir plus de 8 ans. La queue de l'énorme chat battait contre sa jambe. Son regard balaya la pièce, clignant des yeux comme s'il somnolait ou était en pleine réflexion.
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Kelom observait avec attention toute l'assemblée devant lui, irrité, mais sans le montrer. I avait parfaitement compris la tentative de Mélarianne pour renforcer son prestige: c'était le jeu de la diplomatie, certes, mais même après toutes ses années, il n'avait pas appris à l'aimer.
Et surtout, surtout, cet usage de son pouvoir le mettait en rage.
Kelom était un griffon, par nature méfiant, créature magique de surcroit, et possesseur d'un Don de magie mentale relativement puissant. Aussi, quand Mélarianne déploya son Don pour gagner l'assemblée, il sentit toutes ses plumes se hérisser. Un Don ne s'utilisait qu'en cas de nécessité absolue, pas pour draguer subtilement! Heureusement, le prince ne sembla pas atteint par ce charme magique et le grand griffon se promit de garder un œil sur cette autre ambassadrice. Si elle tentait quelque chose "d'irrégulier" elle allait vite se prendre 150 kilos de muscles, de serres et de plumes en travers de la figure. Quand un ambassadeur de Griffon Blanc se mettait au service d'un autre pays, il ne le faisait jamais à moitié!
Jerod, un de ses hertasis serviteurs, surgit des ombres pour se saisir des coussins que le Héraut Aranel lui avait fait porter, et les installa à sa propre convenance. Kelom ne s'asseyait jamais sur des coussins, par un vieux réflexe de guerrier: s'il lui fallait bondir, il ne voulait pas se prendre les serres dans le tissu.
Si l'attention du griffon resta sur le Roi et le Prince, celui du petit lézard commença à fouiller la foule, à la recherche de quoi que ce soit d'inhabituel. Nul doute que le rapport qu'il ferait ensuite à sa tête de piaf favorite vaudrait le détour!
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Enora était heureuse d'être venue, elle avait assisté à des arrivé magnifique, mais surtout au différent courant politique en place et elle avait trouvé cela rageant certaine fois, amusant d'autre, et elle était passé par plein d'émotion différente, mais surtout, cela avait été instructif pour la jeune noble. Tous les embassadeurs qu'elle avait vu défiler, toute les courbette et les paroles, mais plus encore les non-dit et les demi-mots l'avait fasciné. Elle n'était pas encore capable d'une tel finesse, mais elle savait désormais ce à quoi elle devait ressembler plus tard si elle voulait que son code morale survivre à cette cours majoritairement peuplé d'opportuniste et de requin.
Enora avait suivis avec le sourire le défiler des paysans. Elle était heureuse de voir les gens qui aimait le Roi et lui démontrait. C'était peut-être des gens frustre, mais pour Enora, il avait du cœur et c'était une des qualité qu'elle trouvait la plus importante dans la vie. C'était ce que ses parents lui avait enseigner. Son devoir, c'était de rendre heureux les gens qui dépendait-elle. Sa mère disait souvent qu'on jugeait les gens non pas à la façon dont il traitait leur égaux, mais comment il traitait leur subalterne. Ce conseil était pour la jeune fille la preuve vivante de ce que disait sa mère et elle était fière de faire parti de la cour d'un tel Roi.
Cependant ce qui étonna le plus la jeune noble fut l'arrivé si étrange d'une fillette en plein milieu de la salle. Elle était tout simplement apparut de nulle part et elle était très mignonne aussi. Comment une fillette avait tel fait pour arrivé ainsi, et surtout, pourquoi ?
Enora aurait bien aimé se précipiter vers la jeune fille pour la questionner ou la défendre, elle ne savait trop lequel des deux elle aurait fait, mais elle se força à tenir son rang et elle resta à sa place, attendant avec impatience de voir la suite des événements.
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Liy souriait aux anges en dévorant des yeux le griffon. C'était une bête... non une personne... si fabuleuse à ses yeux. Elle n'aurait jamais cru en approcher un de si près. C'était presque aussi génial que de voir un compagnon. Sauf que les compagnons étaient des créatures mystique, mystérieuses et surtout sacré et révéré à Valdemar. Elle avait eu bien des occasions d'en voir et d'en approcher. Le griffon lui était une nouveauté et surtout il avait cette aura de force et de puissance qui l'attirait. L'envie de voler, de découvrir cette sensation merveilleuse, y était aussi pour beaucoup. Voir le monde d'en haut, sentir le vent, tout cela la faisait rêver.
La délégation des paysans la tira de ses rêveries d'envol. Elle leur sourit même si elle doutait que l'un d'entre eux fasse attention à elle. En d'autres temps, d'autres lieux, son propre père aurait peut-être mener la procession. Un noble-paysan cela faisait rire certains autres nobles, comme ce DeFeriel. Ces fats estimaient que prêter main forte aux champs, venir en aide aux nécessiteux et aux malades, parler de ses problèmes avec un commerçant ou un artisan... étaient au dessus de leur condition. Avant de venir à Haven elle pensait que toute la noblesse était comme ses parents. Hélas ce n'était pas le cas. Heureusement Aranel, et le Uriens lui démontraient chaque jour que c'était les Hauts-Bruissants qui avaient raison. Elle en tirait une grande fierté.
Elle surprit l'arrivée de la nouvelle venue. Un instant plus tôt il n'y avait personne à cet endroit. Cela ébahi Liy. Comment cette fillette avait bien pu faire pour se matérialiser au beau milieu de la pièce sans que personne ne la remarque ? Était-ce de la magie ? Elle portait un chat presque aussi grand qu'elle et cela fit doucement rire l'enfant. Pourtant l'attitude de la fillette rendait nerveuse Liy. Elle était trop figée et sans expression. Liy songea à une statue. Son chat semblait presque plus vivant qu'elle.
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[Avec l'autorisation de Melarianne, vous pouvez sauter son tour de jeu ! C'est donc à toi Bronwyn ;) ]
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[Finalement j'ai 2hrs à tuer, alors je vais prendre mon tour malgré tout et prendre du papier pour ne rien dire ;)]
La princesse, magnifique dans la cour, doré et blanche, n'avait rien manquer des salutations des uns envers les autres. Ni la chaleur dans le ton du prince, qui n'avait été que protocole et froideur avec elle, en saluant le griffon, ni le regard de l'être qui ne la quittait jamais totalement. C'était la première fois qu'une autre personne que son père ou son frère la regardait ainsi, elle pouvait presque sentir quelques chose contre elle, alors qu'elle n'avait rien faire. Elle avait remarquer la faiblesse de l'héritier et regrettait presque d'être arrivé ainsi durant la cour, sans avoir rencontrer le Roi et le prince avant, sans lui avoir donné le temps de se préparer.
Elle fut heureuse de savoir que l'épidémie qui avait sévi était en passe de devenir un mauvais souvenir. Elle sourie avec chaleur au gens du peuple qui vinrent porter des fruits au roi, même si elle en éprouva un pincement au cœur. Rethwellan était depuis si longtemps perdu dans les méandres de sa propres politique que se genre de manifestation était trop rare, cette bonté spontané des pays pour leur dirigeant. Cela était l'une des raisons majeur pourquoi elle tenait tant à cette alliance, pourquoi elle avait tant travailler pour dépoussiéré et souder les dames de la Cour rethwellanaise. Pourquoi elle s'était accrocher bec et ongles à sa nature profonde, et qu'elle avait assimiler en elle l'âme des Cours d'Amour, au lieu d'en faire un simple masque et un moyen d'arrivé à ses fin. Pourquoi elle se sacrifiait sur l'autel de la politique, dans se mariage loin de tous ce qu'elle connaissait.
Mais avant que ses pensée puisse aller plus loin, une fillette apparu, littéralement, dans le centre de la salle. Elle portait l'un des plus grand chat que la princesse eu jamais avec des yeux bleu qui pourrait presque rendre jaloux un compagnon. Une enfant menu, qui ne devait avoir plus de huit et Melarianne ne put que la regarder avec compassion. Quoi que soit cette enfant, pour apparaitre ainsi, il devait se passer quelques chose de capital et elle lui semblait presque trop jeune pour en faire partie. Par tous les dieux, l'enfant ne devait pas être plus âge qu'elle-même quand elle avait perdu sa mère. Qu'elle soit ici toute seule... Melarianne fut rempli de tristesse pour l'enfant, bien que rien ne montrât qu'elle avait vécu quelques chose de traumatisant, mais elle ne fit aucun geste, elle ne donnerait pas d'autre raison d'utiliser l'enfant comme un enjeux. Elle regarda plutôt autour, pour voir la réaction des autres et pouvoir agir en conséquence.
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L'attention de l'Héritier était distraite, elle aurait pu en jurer. Son regard était posé sur une petite blonde, encadrée de ses parents. Il s'en détourna assez vite, comme s'il ne voulait pas qu'on puisse le surprendre à le faire. En tous cas, elle ne put que remarquer le prince n'avait eu pour la princesse que les stricts égards protocolaires. Cette attitude avait beau être tempérée par celle du Roi, le griffon avait été traité avec plus de sincérité que la jeune dame. Il faudrait vraiment qu'elle se batte pour obtenir ce mariage, et il faudrait la jouer fine. Avec l'arrivée de ces délégations de Karse et des griffons, il serait facile au Prince de vouloir reculer les négociations jusqu'à ce que Rethwellan se lasse. Même s'il exposait par la même à perdre un allié. Et peut être que le pays n'était pas en position de traiter ses alliés avec légèreté.
Les délégations de paysans qui entraient dans la salle du Trone avec leurs présents en étaient le temoin : même si plusieurs régions du pays avaient été touchées par les fièvres, la situation demeurait précaire, et le pays s'en trouvait affaibli. Entre ça et les autres rumeurs qui couraient, Valdemar finirait par être plus vulnérable à une attaque, si les choses continuaient...Elle attendait avec impatience la suite des discussions quand une étrange petite fille fit son entrée. Blonde, avec de grands yeux noirs, et un énorme chat aux yeux bleus dans les bras. Un chat de feu ? Et d'ou arrivait-elle ? Ceci était plus intéressant pour elle que la délégation paysanne de Valdemar. Tous ses sens en alerte, elle se tourna vers cette apparition au visage de petite fille, intriguée.
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Enju profita du moment que le roi accueille les paysans pour remettre un peu d'ordre dans ses notes ; c'était une pause que la secrétaire mettait à profit pour changer de plume, ouvrir une nouvelle bouteille d'encre fraîche. Et puis, il se passa quelque chose, comme un frisson qui parcourut la jeune femme handicapée. Quelque chose qui la poussa à lever la tête, et à observer un endroit bien précis... Et ses yeux captèrent aussitôt ce qui lui avait donné ce frisson.
- Un Chat de Feu ! murmura-t-elle, émerveillée.
La secrétaire karsite en resta bouche bée, souriante malgré tout, et elle était tellement surprise d'une telle apparition dans un lieu comme la Salle du Trône de Valdemar, qu'elle en fit tomber la bouteille d'encre qu'elle remuait. Le bruit de verre se brisant au sol lui fit reprendre pied dans la réalité. Enju sursauta et évalua les dégâts, en grande partie sur son fauteuil, mais la robe de la courtisane qui était près d'elle était à présent légèrement parsemée d'éclaboussures d'encre. La jeune femme se confondit en excuses distraites, avant de prendre sa table d'écriture, et de la faire aller en avant pour que le trépied glisse et qu'elle atterrisse doucement à plat au sol. Elle releva la tête vers son mentor, et répéta :
- C'est un Chat de Feu. Ici, à Valdemar !
Enju reposa son regard sur le messager de Vkandis, et elle sembla voir la petite fille pour la première fois ; à coup sûr, elle n'était pas faite sur le moule karsite ! La secrétaire fit pivoter son fauteuil pour contourner sa table d'écriture et avança vers Maya - ou plutôt, vers le Chat de Feu, il fallait être franc ! Elle s'arrêta près d'eux en souriant, joignit les mains se pencha autant qu'elle pût :
- Vous nous faites un immense honneur par Votre présence, Messager de Sa Lumière.
Quelques murmures s'élevèrent, et Enju prit conscience que beaucoup la voyaient, elle, pour la première fois ; que son fauteuil roulant était tout aussi inédit, même à Haven, où il avait été construit ; et puis, certains (ceux qui ne savaient pas ce qu'était un Chat de Feu) trouvaient étonnant qu'une Karsite s'incline devant autre chose qu'une statue du Dieu Solaire ! Alors la prêtresse se redressa, sourit encore au Chat de Feu, comme si elle était soulagée de le voir encore présent. Elle fit pivoter son fauteuil vers la trône : la belle bourde ! Elle n'aurait pas du s'approcher, c'était à Chelmak de le faire ! Enju s'inclina vers l'estrade pour saluer Uriens et les deux Hérauts qui l'entouraient - elle avait déjà vu Aranel rapidement, et avait deviné que l'autre était l'Héritier...
- Veuillez excuser mon impolitesse, Votre Majesté, de m'être ainsi présentée devant vous sans y être invitée.
Pourtant, le sourire qui exprimait sa joie de voir un Chat de Feu ne quitta pas son visage ; certains auraient pu croire qu'elle s'excusait juste pour la forme... Enju ne connaissait pas grand chose à la vie de Cour, et aux apparences... Elle désigna le Chat de Feu d'un mouvement gracieux de la main et son sourire se fit un peu plus éclatant :
- Je crois que Vkandis souhaite aujourd'hui se manifester devant vous. Je suis Enju, la nouvelle assistante de Chelmak, et si vous me le permettez, je vous transmettrai Son message.
Elle se tourna vers le Chat de Feu, s'inclina devant lui et ajouta :
- Si vous voulez bien me faire cet honneur.
Lehru, le Chat de Feu qui accompagnait Sa Sainteté le Fils du Soleil, n'avait jamais parlé autrement que par l'esprit au représentant de Vkandis. Enju n'imaginait pas qu'il en serait autrement avec celui-ci. Brillante Flamme !! Elle ferait n'importe quoi pour qu'il lui fasse l'honneur d'être celle qui délivrerait le Divin Message que Vkandis délivrait à Valdemar... Nul doute qu'elle serait profondément blessée s'il s'exprimait par la bouche de la petite fille.
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Des paysans étaient entrés afin de proposer des offrandes à la couronne valdemarienne. Certes, la jeune femme connaissait sa place mais elle ne put s'empêcher de se dire que le roi avait bien de la chance. Non pas d'être aussi cordialement traité par ses gens mais bel et bien de pouvoir croquer ainsi, sans attendre, dans ces fruits à l'air plus qu'appétissants. Son estomac gargouilla sans grâce alors qu'elle se plongeait dans la contemplation des corbeilles champêtres. Cela lui rappelait Hortness et le temps où elle courrait dérober des prunes chez sa nourrice. Elle pianota avec ennui sur la balustrade avant de voir apparaître soudainement une enfant affublée d'un chat énorme. Bien entendu, elle se mêla de bonne grâce aux "oh" et aux "ha" de la foule sans toutefois quitter les fruits juteux du coin de l'œil.
Les Karsites, quant à eux, semblaient subjugués par l'apparition. Mais qu'est-ce qu'un chat pouvait bien avoir de plus intéressant qu'une poire franchement. C'était à se demander quels pouvaient bien être les terrains d'entente de leurs deux peuples. Et en plus, ils avaient de biens étranges fauteuils qui roulaient, étaient-ils donc si fainéants ? Un nouveau coup de coude de son père lui imposa le silence et elle attendit de voir tranquillement ce que le Chat allait bien pouvoir leur dire. Elle y trouverait sans doute moins d'intérêt que dans ces fruits qui la faisaient saliver.
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Saskia aurait pu, une fois de plus, tout interpréter de travers. Elle aurait pu croire qu'à la façon dont Arthon s'était détourné, il l'ignorait simplement, qu'il n'avait pas compris ce qu'elle venait de lui dire... Pourtant, son attitude changea : plus droit, peut-être un peu plus aimable envers la Princesse Rethwellane... Et puis, Saskia n'avait pas l'impression d'être trahie, cette fois. Et bien, la conversation qu'ils devaient avoir risquait d'être prometteuse, et la jeune fille se demanda si c'était une bonne idée que de l'avoir... Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué avec son premier amour ?
La suite de l'audience était d'un ennui mortel, et la jeune fille s'amusa à nettoyer ses ongles... Histoire de passer le temps. Elle relevait la tête de temps en temps pour surveiller l'Héritier - elle se demanda un instant s'il ne présumait pas de ses forces ; il devrait se reposer, mais son absence aurait sans doute fait enfler les rumeurs - même son Père aurait profité du moindre signe de faiblesse de l'une des trois personnes à la tête du Royaume, combinée à l'annonce de la maladie des Compagnons, pour... Pourquoi ? Saskia n'arrivait même plus à penser comme son Baron de Père. Elle lance un regard légèrement courroucé à Aranel :
"Tout ça, c'est de sa faute."
Mais elle ne lui en veut pas une seconde (Enfin, presque pas...)... Les exclamations dans la salle lui font lever les yeux de ses ongles, et Saskia ne comprend pas l'agitation qui règne... Elle voit la petite fille blonde de dos, et ce n'est que l'intervention de la secrétaire karsite qui lui fait prendre conscience qu'effectivement, près de la jambe, il y a une queue de chat qui remue...
- Et voilà, il faut que les Karsites ramènent tout à leur Dieu. C'est qu'un chat !
Saskia a murmuré cette phrase en roulant des yeux. Bien sûr, elle n'a pas vu la taille de la bête... Elle reporte son attention sur l'étrange fauteuil et se penche à nouveau vers sa mère :
- Vous plairait-il que je sache où cette fille à trouvé un tel fauteuil roulant ? Cela pourrait vous être utile si vous êtes enceinte, Mère...
- Saskia, quelle horreur ! Je refuse de faire confiance à quelque chose de Karsite.
La jeune fille roule des yeux : sa mère aime trop être traitée en reine, hors de question de se débrouiller toute seule... En tout cas, Saskia a hâte de voir la suite des événements...
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Il fallait cependant tenir. Aranel avait compris le message et annonçait la suite. Des paysans approchèrent. Arthon garda son masque poli, et leur sourit avec gentillesse et reconnaissance. Il aimait leur simplicité criante face au faste ostentatoire des nobles, et se sentait bien mieux avec eux qu'au sein du Conseil.
Arthon retint un nouveau soupir. Et sursauta légèrement: que faisait une gamine inconnue en plein milieu de la Salle du Trone, un Chat de Feu dans les bras...? Un Chat de Feu dans les bras!
L'Héritier récupéra des forces, empli d'espoir: si le Dieu Solaire intervenait, tout s'arrangerait? Avant de se rappeler que les Dieux ont tendance à parler quand tout va mal... Et s'il disait la même chose que ses rêves? S'il disait la même chose que la Déesse Etoilée? S'il minait encore un peu plus le moral de tous?
Il fallait espérer, et ce genre de considération ne semblait pas effleurer la petite secrétaire karsite en fauteuil. Tout le monde l'avait repérée, ce n'était guère étonnant, mais Enju n'était pas réputée pour un enthousiasme débordant, un visage si rayonnant et une impulsivité si flagrante qu'on la traiterait sûrement plus tard d'impolie.
Arthon lui sourit:
"Si ce Noble invité veut parler par votre bouche, Enju de Karse, il le fera. S'il est là pour Chelmak, il le montrera aussi. Vous savez qu'un envoyé du Soleil parle à qui il veut, quand il le veut. Nous n'avons pas notre mot à dire. Et moi j'aurais une question."
L'Héritier se leva, et s'approcha d'Aranel, avant de s'adresser à la gamine:
"Seigneur Chat de Feu, et vous, mon enfant, que nous vaut l'honneur de votre présence ici?"
Tous ces envoyés de différents pays en si peu de temps. Oui, Arthon se sentait malgré lui prit d'espoir. Ensemble, ils trouveraient une solution. Sans épouser la Princesse trop imbue d'elle-même.
Saskia le rejoindrait après le Conseil, il le lui demanderait en tout cas, et ça aussi, cela l'aidait à tenir.
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[Petit rappel des tours de jeu, c'est à dire l'ordre dans laquelle les personnages doivent intervenir avec notre invitée intégrée dedans: Saskia, Arthon, Aranel, Uriens, Maya, Kelom, Enora, Liliany, Melarianne, Bronwyn, Enju, Morag. Si vous désirez qu'on saute votre tour, merci de le préciser !]
Aranel jeta une fois de plus un regard vers l'héritier qui semblait tenir bon. Il avait compris qu'on tentait d'accélérer les choses pour lui éviter de s'écrouler en public ce qui aurait fait désordre et Aranel sourit avec sincérité aux démonstrations de respect des paysans. Ils avaient une simplicité rafraichissante et à entendre les commentaires de certains nobles, elle avait très envie de se lever et de les suivre dehors pour laisser tous ces pédants se noyer dans leur faste. Cette pensée virulente déclencha le commentaire quelque peu réprobateur de son Compagnon :
Il y a du bon en chacun mon Elue. Ne l'oublie pas.
Aranel fit la moue à la remarque de Gaetan. Il avait raison mais sa patiente avait des limites. Elle supportait ces gens depuis trop longtemps pour continuer à être optimiste. Mais c'est vrai qu'il y avait parfois de bonnes surprises... Aranel tourna la tête vers Saskia. La noble peste avait prouvé sa valeur et les regards qu'elle lançait à Arthon prouvaient que ses dernières barrières cèderaient prochainement. Elle n'avait pas discuté avec l'un ou l'autre depuis longtemps, trop souvent retenue par ses obligations. Elle prendrait le temps, c'était promis. Son regard divagua vers l'ambassadeur de Griffon Blanc qui semblait contrit. Enfin... Autant qu'un griffon pouvait sembler l'être. La jeune femme se demanda ce que l'émissaire pouvait bien avoir. Elle remarqua quelques regards furtifs vers l'ambassadrice de Rethwellan sans comprendre d'où pouvait venir cette animosité. N'ayant pas le don de Magie Véritable, un don d'Empathie ou une sensibilité très développée, elle n'avait pas senti le pouvoir de Melarianne se déployer bien qu'elle eut perçu l'incroyable charisme de la jeune femme.
Mais ses réflexions furent interrompues par l'apparition d'une petite fille très étrange portant dans ses bras... UN CHAT DE FEU ! Aranel écarquilla les yeux. Elle chercha des yeux les ambassadeurs karsites, se demandant s'ils étaient au courant de cette intervention. A l'expression de la jeune Enju, il était clair que non. La jeune femme en fauteuil s'approcha de l'enfant au chat et s'adressa directement au félin. Aranel haussa un sourcil. Bien qu'elle comprenne que le chat de feu fut autre chose qu'un simple animal, elle trouvait ça presque grossier de ne pas saluer l'enfant qui le tenait dans les bras. Ce n'était certainement pas une simple servante si elle était venue de Karse en compagnie du messager de Vkandis.
Arthon s'approcha d'elle et la devança en saluant les nouveaux venus d'un air poli. Elle inclina la tête pour appuyer ses paroles, attendant avec angoisse de savoir pourquoi ils avaient fait tout ce chemin. Ayant déjà des émissaires sur place, la situation était certainement grave.
Aranel se mordit la lèvre et se pencha vers l'oreille du roi pour lui glisser quelques mots.
"Comment réagir si le Chat de Feu décide de parler par la bouche de l'enfant ? La secrétaire karsite risque d'être fortement désappointée..."
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Uriens n'en revenait pas non plus. Il pensait que rien d'autre ne pourrait arriver durant le reste du Conseil. Lorsqu'on avait accueilli une princesse, reçu des présents et excusé un griffon en retard, on avait fait assez d'agitation pour faire jaser le palais pendant une semaine au moins.
Cette enfant au chat était la goutte d'eau. Le souverain toussa et regarda les personnes environnantes éberlué. Le comportement de l'enfant était peu habituel. Elle était si immobile qu'on l'aurait cru faite de marbre. Seul le Chat de Feu remuait la queue et la tête. Enju, la secrétaire karsite faisait preuve d'une effronterie qui ne lui ressemblait pas. Uriens était prêt à intervenir mais son fils le fit et il en fut parfaitement satisfait. Aranel soulevait un problème qu'il s'était lui-même posé : effectivement, la jeune femme semblait mettre tant de coeur et de dévotion qu'elle serait certainement déçue et offensée tout ça en public devant des nobles qui ne portaient pas les karsites dans leur coeur.
Uriens fronça les sourcils et acquiesça imperceptiblement la tête aux mots de son Héraut personnel. A son tour il se pencha à son oreille pour répondre.
"Hé bien, nous tenterons de noyer le poisson."
Puis il reporta son attention sur l'enfant, espérant obtenir une réponse à la question d'Arthon à savoir la raison de sa présence à Haven.
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L'enfant n'avait pas bougé. Malgré les cris, les interrogations, les questionnements elle était restée parfaitement immobile. Lorsqu'Enju s'approcha, Maya tourna doucement la tête et la regarda avec étonnement, penchant légèrement la tête sur le côté. La karsite ne s'adressait pas à elle aussi n'ouvrit-elle pas la bouche.
Le Chat de Feu quant à lui fixa Enju de ses grands yeux saphir et sembla incliner la tête d'une manière peu féline. Il sauta souplement des bras de l'enfant, atterrit sur le sol et renifla le fauteuil de la secrétaire avant de s'adresser par l'esprit à toute l'assistance :
Je suis Hindra.
Sa voix était digne et légèrement hautaine. Ce fut les seules paroles qu'il consentit à communiquer à tous. Il poursuivit en s'adressant uniquement à Enju.
Où est celui qu'on nomme Chelmak ?
Maya s'était approchée du trône, à la fois étonnée et très à l'aise. C'est vrai qu'elle n'avait pas le type karsite. Pourtant elle en était une de pure souche. Lorsqu'elle ouvrit la bouche, sa voix était enfantine mais ses paroles étrangement adultes.
"Je vous salue, souverain de Valdemar. Moi, Elue des Nouveaux Prophètes je viens te porter un message."
Elle cligna des yeux et poursuivit tranquillement.
"Lorsque la Lumière de Vkandis se retire du monde, Elle me parle. Et voici qu'elle approche pour choisir des Elus."
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Enora avait regarder avec attention tout ce qui c'était passé depuis l'arrivé de l'enfant et de son gros chat.
*Un chat de feu*
Se nom lui disait quelque chose, elle avait lut ses mots dernièrement à la bibliothèque, mais elle ne se souvenait pas de grand chose sur le sujet. Seulement que c'était Karsite. Comme de fait, la secrétaire dans la chaise qui roule s'avança et parla avec une grande déférence... au chat ! Elle fit comme si la petite fille n'existait même pas. Enora trouvait que c'était assez mesquin de sa part. Pauvre petite fille, se retrouver ainsi entouré, sans personne.
Puis, elle alla de surprise en surprise. Le chat leur parla à tous dans leur tête. Enora en fut surprise et retournée. C'était la première fois qu'une tel expérience lui arrivait. Au début, elle n'avait pas trop comprit ce qui ce passait. C'était quand la petite fille c'était mise à parler, qu'elle avait tout compris, à part les paroles de cette dernière.
Il semblerait que se conseil se fasse très très mouvementer, cette fois-ci. Enora espérait seulement que tout finirait bien. Elle se prépara mentalement à se porter à la défense de la fillette si quelque chose tournait mal.
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[Liliany est en vacances, vous pouvez sauter son tour. A toi Melarianne !]
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Melarianne observait les différente réaction des gens dans la salle à l'arrivé de la jeune fille. La réaction qui la surprit le plus fut celle de la jeune Karsite. Elle pouvait comprendre que ses gens vénère les chats de feu, elle en avait entendu parler, mais la conduite était presque inqualifiable. En plus de passer devant l'autorité du roi, elle était grossière envers l'animal, exigeant d'être son interprète plutôt que l'enfant qu'il avait amener et dont on ne savait rien. Qui pouvait être une personne très importante. Bien élevé pourtant, elle ne pouvait rien faire, puisqu'elle était autant invité que l'impolie demoiselle. Malgré ses excuses, elle garda un regard de grand reproche sur la jeune femme. Son choix pour aidé le représentant de Karse était une grave erreur selon elle et la pauvre enfant risquait de voir sa place compromise.
Devant la réponse du Prince, il augmenta dans son estime, qui avait beaucoup redescendu avec son attitude précédente. Elle lui lança un regard d'appui, espérant qu'il comprendrait que Rethwellan les appuierais dans cette situation plus qu'improbable. Elle failli manquer la petite passe entre le Roi et sa conseillère et nota qu'ils était rester discret. Avant qu'elle puisse se poser plus de question, le chat fit entendre sa voix dans sa tête et avec le regard de tous les autres de l'assistance, elle sut que tous l'avait entendu. Elle n'avait jamais entendu parler d'un tel précédent, un représentant d'un Dieux qui parlait sans intermédiaire à tous, même si ce n'était que pour se nommer. Hindra... elle devrais consigner ce fait dans son journal pour ensuite le faire inscrire dans les annales de la famille.
Son attention fut de nouveau attiré vers l'enfant qui se déplaça et se proclama des nouveau Élus. Les chats de feu avait des Élus? C'était une nouvelle de grande importance. 'Anne se demanda sincèrement ce qui se passait. Le monde ne cessait de changer, le chaos était en train de s'installer. Déjà avec les problèmes entre Karse, Valdemar et les mercenaires renégat faisait beaucoup de remous. Si Vkandar se mettait de la partie et changeait les règles, cela promettait beaucoup de problème à venir et il faudrait envoyer quelqu'un se renseigner sur les conséquences probables pour les voisins du pays. Est-ce que la paix qui s'était installer depuis longtemps allait être briser pour que le nouveau pouvoir puisse fédéré plus facilement le pays autour du Dieux et d'une cause commune? Ou au contraire, est-ce que cela apportera une stabilité réel à se pays qui avait trop longtemps été soumis au pouvoir des démons?
Et pourquoi lorsque la lumière de son dieux se retirait plutôt que de lorsqu'elle illuminait le monde? C'était une formulation plus qu'étrange. Généralement, lorsqu'il y avait une tel contradiction, il pouvait y avoir une tentative de manipulation, même si la présence du chat de feu laissait croire que l'enfant parlait réellement au nom du dieux... Mais il y avait trop de question soulever par cette arrivé, beaucoup trop. Elle en venait à croire que c'était réellement le destin qui l'avait poussé à se trouver dans cette salle en cet instant. Pourtant, il lui fallait attendre la réaction des autorités pour pouvoir poser des question, ce n'était pas sa juridiction. Mais il lui faudrait faire parvenir les nouvelles informations au plus vite à son oncle.
Elle continua donc à écouter, avec attention. Parce qu'il lui faudrait le plus d'information possible, y comprit les réactions des différents dignitaire et mouvement de valdemar.
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Vous pouvez sauter ce tour ci, pour moi, je posterai au prochain ^^
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[justify:2bj5zl18]Si son sourire ne déserta pas son visage, toute la joie que la Karsite éprouvait se retira au fond de son cœur blessé. Elle s'inclina très bas devant Hindra quand il donna son nom, et derrière ses paupières closes tremblantes, les larmes menaçaient. Enju était si heureuse de voir le Chat de Feu, et il l'avait remise à sa place sans aucun tact. Et si après tout, par le biais de Son messager, Vkandis lui signifiait qu'elle avait mal agi ? Que finalement, Il ne lui pardonnait pas ses erreurs passées ?
La secrétaire fit pivoter son fauteuil, regagna sa place auprès de Chelmak et lui murmura en baissant la tête, dans une attitude qui se voulait digne :
- C'est avec vous qu'il souhaite s'entretenir.
Et si elle avait toujours ce sourire qui flottait sur ses lèvres, Enju était profondément blessée. On l'aida à ramasser sa table d'écriture, qu'elle cala de nouveau pour pouvoir reprendre sa tâche, la seule qu'elle devait avoir : être la secrétaire de l'ambassadeur Karsite. Et Enju se concentra sur son travail : elle aurait bien le temps de pleurer sur sa mésaventure plus tard...
Les paroles de la petites fille, qui s'était approchée du trône, ne l'aidèrent pas... Elle les écrivait pourtant, de manière peut-être trop saccadée, tant la prêtresse se trouvait effrayée par de tels propos. C'était tout bonnement impossible ! Comment Sa Lumière pouvait disparaître de ce monde ? La Karsite était révoltée par les paroles de Maya. Blasphématrice !! Mais à peine eut-elle pensé ce seul mot qu'elle secoua la tête. Non. Elle a été Choisie par Vkandis Lui-même pour délivrer Son Divin Message. Hindra était là, de toute façon, pour attester sa légitimité. Enju ferma les yeux. Elle avait honte d'avoir pensé cela de la petite fille, et elle en était même un peu jalouse : Enju aurait tué pour être à sa place ! La jeune femme était obsédée par l'idée de se acheter devant Son Seigneur. Et il lui semblait tout bonnement impossible que Sa Lumière disparaisse. Enju fit le serment silencieux qu'elle ferait tout ce qu'il faudrait pour que ça n'arrive jamais.[/justify:2bj5zl18]
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[HJ : N'hésitez pas à sauter mon tour]
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Cette Session du Conseil devenait du gros n'importe quoi. Au moins, Saskia n'avait pas le temps de s'ennuyer, et de trop réfléchir à la façon dont elle devrait agir, la prochaine fois qu'elle se retrouverait face à face avec Arthon... D'abord une Princesse Rethwellane qui s'avèrerait être une terrible rivale, un Griffon en retard qui fait un boucan de tous les diables dans un tourbillon de plumes, et maintenant, un gros matou Karsite livré en kit avec une gamine qui parle trop bien et une Karsite sur roues qui se croit tout permis ! Au moins, Saskia avait finit par se lasser du curage de ses ongles ! Elle n'avait pas sursauté quand Hindra s'était présenté par l'esprit à l'assemblée - après tout, elle avait à présent l'habitude que Ryis lui parle ainsi...
Mais plus dérangeant que la Karsite sans gêne qu'était Enju, ignorante des protocoles et de la politesse que l'on doit adopter à une Cour - elle fait d'ailleurs bien de retourner se cacher à sa place ! - c'est le langage, et les paroles de Maya, qui s'est approchée du trône. Yoannie DeFeriel a un reniflement dédaigneux pour la petite blonde :
- Ces Karsites ! Ca se permet même de tutoyer Sa Majesté ! Quel manque de politesse ! Même lorsque l'on se prétend envoyée par un Dieu imaginaire, cela ne se fait pas !
Quelques courtisans acquiescent autour d'elle. Elle ne s'est pas exprimée très fort - comprenez, la Baronne est peut-être enceinte, élever la voix serait mauvais :roll: . Saskia hausse les épaules, et ne dit rien. Elle n'aime pas les Karsites, encore une merveille de l'éducation de son Père. En fait, elle a toujours été mal à l'aise avec les religions. Alors elle murmure simplement :
- Ca fait quand même froid dans le dos, cette histoire de lumière qui se retire du monde, vous trouvez pas ? Cette gosse est malsaine, je crois qu'il lui manque une case.
- Comme à tous les Karsites, Saskia. Taisez-vous, si vous n'avez rien d'intelligent à dire.
Voix neutre de Tomaz, son Père, sur sa gauche. Saskia n'aura même pas tourné la tête pour le regarder le temps qu'il lui parle. Lui-même n'a pas du bouger un cil pour lui accorder ne serait-ce qu'un léger intérêt. Alors elle roule des yeux et commence à tresser ses cheveux pour occuper ses mains.
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Arthon commençait à ne plus du tout avoir les idées claires. Une Princesse qui le demandait en mariage. Un Griffon. Un Chat de Feu dans les bras d'une Fillette qui disait des choses dont il ne voulait sûrement pas connaitre la suite. C'était déjà assez inquiétant. Qui était Elle? Pourquoi recrutait-elle des Elus? Qui étaient les Nouveaux Prophètes?
Arthon avala sa salive, et d'un regard s'excusa auprès de son père et s'assit, sentant qu'un choc de plus et il ne pourrait plus se relever.
Ce fut pourtant lui qui s'adressa d'abord à l'Enfant:
"Viens plus près de nous, Elue. Il faut que tu nous en dise plus. Préfère tu être assise et laisser le Noble Hindra choisir s'il désire être sur le siège près du Grand Prêtre ou près de nous?"
Être poli alors qu'il avait envie qu'on la prenne, lui fasse un calin... Mais la voix, trop adulte, confirmait qu'elle n'était pas normale, et qu'elle le prendrait peut-être comme une insulte.
Nouveau regard vers Aranel: "Une chose de plus de ce genre, et vous avez un Héritier à enterrer" semblait dire son regard. Enfin, seule Aranel ou Uriens pouvaient le voir ainsi. Les Observateurs extérieurs ne voyaient qu'un regard un peu vide ou las, mais certainement pas si expressif.
Il attendait la suite.
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Aranel fronça les sourcils. Non seulement cette enfant la mettait très mal à l'aise mais l'intervention du chat de feu n'avait pas été des plus diplomates. Contrairement aux Compagnons qui semblaient toujours d'une grande douceur, le Chat était plus hautain et imbu de sa personne. Il fallait bien connaître ces êtres pour qu'ils vous dévoilent leurs faiblesses.
Elle rendit son regard interloqué à Arthon et attendit de savoir ce que Maya avait décidé. Elle espérait en savoir plus rapidement sur leur venue à Haven.
De son côté, Hindra se dirigeait vers Chelmak d'un pas digne. Il ne faisait aucun bruit en se déplaçant.
Enju, alors que tu as repris ta place près de ton maître, le Chat de Feu saute souplement sur tes genoux et s'y installe confortablement. Tu sens son corps chaud contre ton corps et ses grosses pattes se calent rapidement, sa queue battant contre ton fauteuil. Il se met à converser avec Chelmak, tu en es persuadée car ils échangent d'intenses regards et hochent la tête par moment. Mais tu ne fais pas partie de la conversation. Néanmoins, si tu passes la main sur son dos, tu pourras ressentir l'équivalent d'un ronronnement apaisant à ton égard. Tu n'es pas rejetée par Vkandis, seulement l'histoire ne te concerne pas. Pas encore.
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Uriens agita légèrement la main et plusieurs domestiques s'approchèrent de Maya et du Chat de feu pour leur proposer un siège ou un coussin ainsi que de quoi se restaurer. Quelques fruits et du pain, de la viande fraîche pour le Chat, rien de bien consistant car il y aurait certainement un repas ensuite. Mais si ces deux là venaient de Sunhame, ils aimeraient peut-être restaurer leurs forces.
Le roi reposa sa tête dans sa main, les sourcils légèrement froncés. Il n'aimait pas beaucoup cette idée d'élus et de divinités. Mais il devait être confiant et son Compagnon ne semblait pas alarmé. Simplement surpris.
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Maya déclina le siège et la collation. Elle secoua simplement la tête et tourna la tête d'un air curieux vers Morag. Parmi tous ceux qui se trouvaient là, elle choisit de se diriger vers elle et lui prit la main. Elle la tira légèrement de côté sans un mot.
Intervention MJ : Morag à peine la gamine t'a t-elle poussée de côté qu'un noble s'écroule lourdement à la place où tu te trouvais juste avant. Le vieil homme gras s'est assoupi et aurait pu te faire mal en te tombant dessus. Se prendre la chaise dans les gencives le réveille brusquement et il se lève en se confondant en excuses lorsqu'il se rend compte que tout le monde le fixe. Il sort rapidement par la porte ouverte en se tenant la bouche.
Maya revint s'installer auprès du roi et s'assit à ses pieds. Elle regarda Arthon de ses immenses yeux sombres sans ciller.
"Ne vous en faites pas pour Hindra. Il saura se manifester s'il a besoin de quoi que ce soit."
Le dit Hindra conversait avec Chelmak. Il avait d'importants messages pour lui de la part du Fils du Soleil. Car à Sunhame, le lien de certains prêtres avec Vkandis avait faibli dangereusement. L'ambassadeur devait savoir et rester sur ses gardes. Le Chat de Feu de sa Sainteté était mourant.
Maya, reprit de sa voix enfantine et posée. Les gens les plus proches d'elle pouvaient voir dans son expression qu'elle était lasse mais outrancièrement courageuse.
"Une grande menace s'étend sur le monde. Vos chevaux démons en ressentent les effets et nos Chats de Feu également. Je sais que vos prêtres font des rêves étranges car les nôtres en font des similaires. Lorsque les rayons de Vkandis vont baigner l'autre partie du monde, que les étoiles s'allument dans le ciel et que la lune envahit le firmament, il nous faut redoubler d'attention ou elle étend la main et frappe."
L'enfant sauta sur ses pieds et regarda Saskia.
"Vous le savez n'est ce pas ? Vous rêvez vous aussi."
Intervention MJ : Saskia, à ces mots tu revois des flashs d'un rêve survenu peu après l'apparition d'Antea. L'image d'une femme translucide d'une grande beauté, au regard plus dur que le métal et plus terrible que le feu. Elle t'es apparue dans une pluie d'étoiles filantes, les mains tendues vers le ciel. Et à ses pieds, des âmes perdues forment une brume dense. Tout cela est confus, ça te donne la migraine.
Puis elle s'adressa à Melarianne.
"L'épée à t-elle chanté ces dernières décades ? Votre souverain a t-il senti le souffle régulier et rassurant de la terre ?"
Et enfin à Kelom.
"Et vous seigneur des cieux, le vent a t-il toujours la même odeur délicieuse ?"
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[N'ayant pas de nouvelles de Kelom, nous sautons son tour de nouveau. A toi Enora !]
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Enora écoutait tous cela avec grande attention. Elle ne comprenais pas ce que voulait dire la fillette en parlant aussi énigmatiquement, mais elle se doutait que ce devait être important. Le peu qu'elle compris suffisait à l'alarmé. La maladie des compagnons serait en lien avec quelque chose de divin, et cela faisait peur. De même que de savoir que cet ennemie sévissait partout, pas seulement à Valdemar. La jeune fille retint un frisson d'horreur, il aurait été mal vu par ses pairs.
Elle fut soulager qu'on ne lui demande rien, et triste pour ceux à qui la jeune fille c'était adressé. Bien que rivale avec Saskia, la jeune albinos ne lui voulait en réalité aucun mal. Elle essayait juste de survivre tant bien que mal au aléa du collegium des bleu. Ce n'était pas évident quand on a pas de titre et trop d'honneur pour s'avilir à faire ce que dicte les puissant sans scrupules.
Elle avait aussi de la compassion pour cette fillette qui était très courageuse, ce n'était qu'une enfant, et malgré tout, elle n'avait pas hésité à délivrer son message, ni a voyager si loin de chez elle pour venir le leur porter. Et elle se tenait droite et digne au milieu de tous. Enora l'en admira. Et quelque chose dans son apparence la fit légèrement sourire. Autant Enora pouvait ressembler a un compagnon à forme humaine, comme quelque personne de sa connaissance se plaisait à la taquiner, autant la fillette semblait être une incarnation du soleil. Ses yeux, sa peau et même ses cheveux était comme doré et presque étincelant. Cela la lui rendait sympathique aussi et elle espéra avoir la chance de discuter avec elle et de lier contact.
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Melarianne assista au sauvetage d'une noble par la jeune fille avec beaucoup de surprise. L'enfant semblait tour à tour trop sage ou trop jeune et la princesse, qui avait du prendre son rôle très tôt, avait énormément de compassion pour l'enfant qu'elle entrapercevait fugitivement dans les yeux de l'envoyer de Vkandis. Elle l'observa revenir vers le roi comme si tout cela était normal et s'installer au pied du trône, sans trop de formalité. Elle osait à peine respirer et faisait très attention à ne pas faire quoi que se soit qui puisse détourné l'attention de l'assembler de la jeune fille, par politesse et par compassion. L'enfant, si s'en était vraiment une, n'avait pas besoin qu'une personne vienne troubler l'assembler plus qu'elle ne le faisait déjà. Quand elle parla du chat de feu, Melarianne jeta un regard en coin au félin qui semblait bien installer sur le genou de la Karsite qui avait interrompu leur arrivé. Elle remarqua combien la jeune enfant semblait fatiguer, elle connaissait cela trop bien, son père avait exiger la perfection depuis son enfance, jamais moins et elle n'en ressenti que plus de compassion pour la jeune Maya. Pourtant, elle ne fit pas un geste, elle aurait aimer enfant pouvoir se blottir dans les bras de sa mère ou avoir de l'affection en publique, mais elle savait combien cela l'aurait simplement déconcentrer ou fait faiblir sa volonté si on lui en avait démontrer, elle resta donc à sa place, la compassion dans son seul regard.
Elle fut surprise des paroles énigmatiques que la jeune fille prononça, Melarianne, comme ceux de la famille royal, savait que quelques chose se préparait. Elle se mordit presque les lèvres pour éviter de trahir ses pensée, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à son jeune cousin qui était en passe de perdre la raison quand elle était parti. Elle qui avait toujours déplorer de ne pas avoir le don de la terre, aujourd'hui ne pouvait qu'y voir un signe des Dieux quand elle pensait à ceux de sa famille qui le possédait. Comme elle pensait à sa famille, la jeune fille se tourna vers elle et, oh trahison, parla de l'épée. Et la princesse ne put que regarder l'enfant sans sourciller et sans montrer sa détresse. Il n'était pas temps de donner une raison au noble de Valdemar de ne pas vouloir de l'alliance. En privé, si le Roi posait des questions, il serait toujours temps d'avisé, mais ne publique, elle devait donner l'image même de la Princesse Rethwellane. Elle regarda donc l'enfant avec une expression royal et attentive, sans rien d'autre. Elle attendit que l'attention de tous se soit tournée vers d'autre pour s'autoriser à fermer les paupières quelques secondes avec un petit espoir en son coeur de pouvoir aider, pouvoir faire une différence.
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Elle ecouta le discours de l'enfant qui portait un chat de feu dans les bras. Mais est ce que c'était une enfant, ou simplement un réceptacle pour autre chose ? Car elle semblait savoir bien des choses, et ses paroles n'étaient pas celles d'une enfant. Des Elus ? Mais quel genre d'Elus pouvait-elle bien parler ? Son visage ne trahissait rien de ce qu'elle ressentait, mais elle posa son regard sur Mélarianne, mais la princesse soutint calmement le regard de l'enfant au chat. Pour qu'elle parle de l'épée, et du don de la terre...Elles étaient parties au bon moment de Rethwellan alors, mais dans un tel contexte, il serait difficile d'insister et préparer le terrain pour une alliance, elle le savait.
L'enfant s'approcha de Saskia et lui parla de reves qu'elle devait faire...Beaucoup de choses tournaient autour de cette demoiselle De Feriel visiblement, et il faudrait qu'elle se renseigne. Mais en attendant, elle retourna son attention méditant les dernières paroles de la petite fille "Lorsque les rayons de Vkandis vont baigner l'autre partie du monde, que les étoiles s'allument dans le ciel et que la lune envahit le firmament, il nous faut redoubler d'attention ou elle étend la main et frappe."
Quelle serait la réaction du roi à cette visite énigmatique, elle serait bien curieuse de le savoir.
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Enju avait été blessée par l'attitude du Chat de Feu, mais pourtant, son cœur bondit dans sa poitrine quand elle Le vit la suivre, et elle eut à peine le temps de pousser la table d'écriture de ses genoux pour que Hindra puisse s'y installer. Une bouffée de joie, de fierté, l'envahit peu à peu. Le Chat de Feu n'était pas aussi antipathique qu'il avait paru au premier abord, et le sourire d'Enju exprima tout son soulagement. Oui, la situation était visiblement terrible pour Valdemar, avec leurs chevaux qui tombaient malades, et les paroles de Maya, Son envoyée, n'étaient pas les meilleures nouvelles du monde. Mais Karse avait et aurait toujours ses Chats de Feu. Jamais Sa Lumière Divine ne disparaitrait. Et cette seule pensée rassura égoïstement la prêtresse karsite. Quoi qu'il arrive, Vkandis protègera toujours ses fidèles. "Repentez-vous !!" scandait déjà son esprit. Rapidement suivit de "Protégez-nous, protégez-les, Ô ! Divine Flamme ! Eux aussi méritent de vivre. Ils ont déjà suffisamment de problèmes à régler..."
Enju tentait de se concentrer sur autre chose que Hindra. Ce qui se disait, par exemple. Sa planche d'écriture n'était pas aussi stable qu'elle aurait du l'être, mais la secrétaire tentait de faire au mieux son travail. Ce qui se disait entre Chelmak et le Chat de Feu ne la concernait pas. Son Mentor lui demanderait de coucher sur papier cette conversation s'il le fallait. Et comme l'ambassadeur était concentré sur sa conversation, il était du devoir d'Enju de lui rapporter ce qui se passait au Conseil pendant ce temps ! D'autant que le comportement de Maya était étrange. Elle épargna à une jeune noble de se faire écraser par un homme assoupi - quel manque de respect outrageux envers son souverain !
Et puis, ce qui avait rassuré la jeune femme quelques instant auparavant vola en éclats. "Nos Chats de Feu en ressentent également les effets"... Sa plume se suspendit au-dessus de la feuille, et elle dévisagea Hindra. Il semblait en si bonne forme !! C'était impossible ! Enju ignorait si elle devait dire que les Hérauts avaient exagéré sur la maladie de leurs chevaux démons, où si Hindra était épargné par la menace qui frappait le monde. Aussi, quand Maya désigna une personne dans l'assistance, la karsite du rapidement relever la tête pour tenter de la voir ; elle faisait partie d'une groupe de Nobles sur sa gauche, mais impossible de voir Saskia. Et heureusement, parce que la Karsite aurait été la voir et aurait exigé de connaître le contenu des rêves qu'elle faisait, quitte à la menacer de lui rouler dessus !
Décidément, le monde allait mal. D'abord la princesse Rethwellane incapable de répondre, et le Seigneur Griffon qui ne disait rien non plus... La main d'Enju, inconsciemment, eut le réflexe de se poser sur la fourrure du Chat de Feu, comme s'il n'était qu'un vulgaire chat qu'on caresse pour se rassurer. C'était là un sacrilège inconscient, et pourtant, elle trouva dans ce simple geste le plus grand réconfort que dans n'importe quelle prière. Alors elle posa la plume sur sa table d'écriture et leva la main pour que Maya la voie dans la foule.
- Envoyée de Sa Lumière.
Elle l'a prononcé avec tout le respect qu'elle ne lui a pas donné quand elle s'était approchée, plus tôt.
- Que peux-tu nous dire sur cette menace qui affecte Ses Messagers sur Terre, ainsi que les... Compagnons de Valdemar ? Qui donc tend la main ? La Déesse Shin'a'in, ancienne compagne de Vkandis ? Que puis... pouvons-nous faire ?
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Morag s'était peu à peu prise à la discussion à laquelle elle ne comprenait strictement rien, il fallait bien l'avouer. La Lumière qui se retirait du monde ? Du charabia pour Karsites convaincus voilà tout. Y allait-il avoir une éclipse solaire ? Et quel rapport avec les Compagnons ? La jeune femme n'était pas aux faits de toutes ses choses dont son éducation l'avait séparée mais elle ne comprenait pas l'attitude défaitiste qui s'abattait sur le conseil de Valdemar. Certes la situation était grave mais ne s'étaient-ils pas relevés de pire ? Bien entendu, le temps des héros légendaires était révolu mais chacun avait acquis suffisamment pour faire face. Elle aurait bien pris la parole pour leur faire remarquer mais cela aurait été faire honte à ses parents, finalement elle n'osa pas. Cela aurait d'ailleurs été indélicat.
La jeune fille au Chat s'approcha d'elle pour la prendre par la main et Morag suivit le mouvement de bonne grâce légèrement étonnée de cette attention particulière. Le bruit qui suivit lui fit comprendre le reste. Si elle s'était prise cet énorme nobliau sur la tête, elle aurait très certainement souffert. Elle retînt un sourire en le voyant se tenir la bouche mais se tourna vers Maya qui déjà repartait vers les sièges des DeFeriel.
"Merci, Enfant. Je pense que je serais bien arrangée si tu ne m'avais pas prévenue."
Elle resta debout appuyée sur la rambarde en regardant la jeune fille s'approcher de Saskia et de bien d'autres en prononçant quelques paroles énigmatiques. Seule l'allusion à l'épée qui ne chantait plus la fit tiquer, elle savait qu'il s'agissait pour Rethwellan du moyen pour désigner son souverain. Mais elle ne put se retenir de poser la question qui lui brûlait les lèvres à la suite de la Karsite.
"La secrétaire de l'ambassadeur a raison. Qui est cette "elle" ?"
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C'était de loin le Conseil le plus intéressant auquel Saskia avait participé. Au moins, il se passait des choses. Beaucoup trop, certes, mais il fallait bien équilibrer avec l'ennui mortel de toutes les précédentes sessions. Pourtant, il y avait quelque chose qui gênait la jeune DeFeriel dans ce Conseil : le silence. Même les Nobles semblaient parfois retenir leur souffle. Il y avait eu des moments où elle s'était attendu à entendre la voix de son père pour lancer quelque réplique cinglante, mais rien. Elle lui jeta d'ailleurs un bref coup d'œil, comme pour s'assurer qu'il était encore là, et pas évanoui. Mais Tomaz DeFeriel était là, bien portant, et peut-être un peu plus tendu que d'habitude. C'était étrange de voir que quelque chose pouvait à se point rendre le Baron... Humain. En fait, c'est ce qui choqua presque Saskia. Plus elle l'observait, plus elle voyait pour la première fois quelque chose passer dans ses yeux, et dans ses traits. La courtoisie avec laquelle agissaient le Roi et son Héritier envers une inconnue, une simple gamine, et Karsite de surcroit ? Ou alors, peut-être était-ce le discours de cette même gosse ? Alors ainsi, même le Baron DeFeriel pouvait être "inquiet" de la fin du monde annoncée par cette fanatique Karsite ?
"Et bien ! Il va se mettre à pleuvoir du vin."
L'assistance toute entière retint son souffle quand Maya écarta Morag du gros Duc qui s'écroula. En voilà un qui nourrirait les conversations pendant un moment... Au moins, peut-être avait-il loupé l'annonce de l'apocalypse prochaine ; quelqu'un dormirait sur ses deux oreilles, ce soir à Haven... Car il n'était pas nécessaire de croire en une quelconque divinité pour voir que la gamine, cette Maya, avait quelque chose dans son regard ou dans son attitude qui montrait qu'elle était l'envoyée de quelque chose de supérieur. Saskia frissonna : la petite fille lui faisait froid dans le dos, en fait. Et quand Maya bondit sur ses pieds, la jeune baronne sursauta. Avant même que l'envoyée Karsite ne parle, elle savait qu'elle allait s'adresser à elle. Saskia serra les dents et attendit : alors, quelle malédiction allait lui jeter la gamine sorcière de Vkandis ?
- Vous le savez n'est ce pas ? Vous rêvez vous aussi."
Saskia aurait voulu avoir le temps de penser à quelque chose. Au lieu de ça, un battement de cils suffit à lui faire revoir des choses. Un rêve qu'elle avait oublié. Les flashs qui s'imposèrent dans son esprit arrivaient dans un ordre chaotique, par forcément chronologique. Comme l'assemblée silencieuse, Saskia dut retenir sa respiration, et une ride barrait son front. A côté, elle pouvait sentir le regard froid et dur de son père, et celui, interrogateur de sa mère. Maya, de son côté, était passé à autre chose. Mais les flashs ne cessaient pas. Et ces bribes de souvenir avaient la même consistance que les rares rêves prémonitoires qu'elle avait fait jusqu'à présent. Combattant la migraine qui lui martelait la tête, il n'était pas nécessaire qu'elle se donne en spectacle devant son Père. Saskia ne se voyait pas faire comme la Karsite en fauteuil et s'avancer à la vue de tous, et faire tout un discours sur ce rêve-là en particulier. Alors la Peste DeFeriel mit les mains sur les hanches, et lança, acide :
- Ouais, je fais des rêves. Comme tout le monde. Cette nuit, je rêvais justement que les Karsites étaient des timbrés.
Pourtant, il y avait toujours cette ride sur son front qui trahissait sa migraine. La princesse Rethwellane ne répondit rien, et une fois de plus, c'est la secrétaire Karsite qui s'agita et rompit le silence, suivie de Morag. Saskia voulait partir : elle avait l'impression qu'on lui tapait sur la tête avec un énorme marteau. Pourtant, il suffit de regarder Tomaz DeFeriel du coin de l'oeil pour voir qu'il la surveillait aussi. Au moindre signe de quelconque faiblesse, nul doute qu'il lui tomberait dessus comme un vautour sur un cadavre. Alors Saskia endura en silence, mâchoire serrée.
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Le monde devenait fou. Ou alors, on l'avait drogué, et il ne voyait que ce que son imagination produisait. En fait, la princesse, le Chat, l'enfant, tout cela n'était que pure chimère et il était assis sur son trône, en fait tellement ennuyé par le Conseil qu'il s'était endormi.
Il se pinça discrètement, pour se réveiller. Une deuxième fois. Soupira. Non, il ne rêvait pas. Ce qui n'excluait cependant pas la drogue. Une légère bourrade mentale de Ryis acheva de confirmer que l'étrange scène était belle et bien réelle.
Les yeux de l'Héritier passèrent de Maya à Morag - qui échappa à la mort par étouffement. A Saskia. A Enju. A Aranel... Pour finir leur tour sur le Chat et Chelmak. Mais dans quel monde était-il tombé?
Surtout que ses oreilles captèrent des mots que son cerveau refusa d'abord d'analyser. Mais la gamine était à ses pieds et le rassurait sur la possibilité de son ami poilu de se faire servir si besoin.
L'avertissement qui vint ensuite le frappa de plein fouet. Il avait senti, au plus profond de ses entrailles, mille fois amplifié quand son Compagnon avait failli mourir, que la Terre, les Dieux, tout partait en sucette. Mais qu'une gamine vienne, telle une prophétesse, annoncer ce genre de chose ( des Compagnons malades, des Chats de Feu guère plus en forme et une Déesse en colère), cela le laissait sans voix.
Qu'elle affirme que Saskia avait des rêves le fit frissonner. Lui aussi avait ces rêves depuis la maladie de Ryis. Personne n'avait pu l'aider, il avait fini par ne rien en dire de plus. Mais là...
Le pire restait à venir. Les questions que Maya posa achevèrent l'héritier. Il savait quelles seraient les réponses rien qu'à la manière de poser la question.
Mais Enju avait décidé d'en savoir plus, malgré les chocs successifs qu'elle, comme eux tous, avait subi. Morag renchérit. Saskia... était Saskia. Bizarrement, Arthon aurait cru qu'elle baisse ses barrières face à l'innocence dangereuse de Maya. Mais la Peste resurgit, insultant leur invitée. Arthon devait intervenir. Elle allait lui en vouloir à mort. Il faudrait vraiment qu'ils discutent.
Le Masque de l'Héritier s'installa. A son tour, Arthon rassembla ses forces et se leva. Il aurait aimé porter assistance à son amie DeFeriel mais pas devant tout ce monde. Pas devant ses parents. Ni devant la Cour. Il devait la punir d'être insultante face à une invitée de haut rang. Haut rang divin apparemment.
"Demoiselle DeFeriel... La prochaine insulte à nos alliés et amis Karsites, et la Couronne se verra obligée de vous interdire d'assister à de telles réunions."
Se tournant vers la délégation Karsite et Maya, il présenta officiellement ses excuses pour un tel comportement.
L'Héritier regarda enfin Aranel et demanda à son tour à la petite Karsite:
"Qui est cette Elle... Et pourquoi nous en veut-Elle autant? Pourquoi t'envoie-t-Elle à nous en ce jour? Que pouvons nous faire? Tout le monde ici se pose cette question... Trop d'implications viennent de tes paroles, de tes actions, et de ce que tu nous as appris. As-tu de vraies réponses?"
Et lui, avait-il la force de rester plus longtemps? Il se rassit, avec un gémissement inaudible. Uriens et Aranel devaient prendre le relais, désormais. Il semblait qu'il n'ait plus de forces du tout. Sa vision s'épaississait, et même cligner des yeux ne l'éclaircissait pas. Il voulait cependant rester. Tout ceci était trop important. C'était la vie de tous - son pays, leurs pays, leurs proches- qu'une gamine venait de menacer par l'intermédiaire de ses révélations.
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Aranel suivit des yeux le manège de l'enfant sans faire montre d'un étonnement démesuré. Elle avait appris à cacher ses sentiments à force d'intrigues politiques. Mais ce que disait la petite fille au chat la déstabilisait. Avec ses recherches, elle avait découvert qu'une divinité était impliquée dans leurs problèmes. Mais elle n'avait rien trouvé de plus. Elle jeta un coup d'oeil vers la petite Liliany qui l'avait aidé lorsqu'elle fouillait les archives et lui adressa un petit sourire rassurant. Pour une enfant de son âge -une enfant normale- tous ces événements devaient être très angoissants.
Aranel croisa les mains sur ses genoux, tranquillement, puis inclina la tête vers la gamine pour l'inviter à répondre aux questions.
Le comportement de Saskia n'était pas passé inaperçu. Qu'Arthon la remette en place était une très bonne chose et elle soutint le regard de l'Héritier pour le conforter dans sa décision de respecter et de tenter de réparer l'affront fait à la jeune karsite. Car si elle était l'Elue d'un dieu et envoyée de Vkandis, il n'était pas bon de se la mettre à dos quelque soit son âge apparent. Elle ne manqua pas non plus de hausser les sourcils lorsque Maya parla des rêves de Saskia. Le Héraut du roi transperça la jeune noble d'un regard pénétrant. Si c'était vrai, elle se sentait malgré elle un peu blessée qu'elle ne soit pas venue lui en parler.
Saskia, ta tête continue à tourner. Un flash t'assaille, le souvenir de ton rêve d'Antea. Lorsque tu te regardes autour, tu remarques que le Chat de Feu a les yeux braqués sur toi sans ciller. Ce regard bleu te donne la mordante impression que le Compagnon disparu n'est pas très loin. Si tu tentes de saisir quelque chose, tu pourras remarquer que tes mains tremblent.
Bronwyn, si tu tentes de détecter la magie, tu pourras percevoir que l'enfant au Chat en est imprégné jusqu'à la racine des cheveux. Mais une magie que tu n'as encore jamais croisé. D'ailleurs, te concentrer sur elle brouille tes sens extrasensoriels.
Aranel eut également un regard curieux en direction de la princesse de Rethwellan. Elle n'avait pas répondu à Maya et ce silence ne laissait rien présager de bon. Si l'Epée qui Chante et le Sens de la Terre se détraquaient dans son pays, c'est que la situation était plus qu'alarmante pour l'Alliance.
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[Je rappelle les tours de jeu, ça fait pas de mal, les personnages absents en sont évincés : Saskia, Arthon, Aranel, Uriens, Maya, Enora, Melarianne, Bronwyn, Enju, Morag. Pour Kelom et Liliany qui manquent à l'appel, on les réintègrea en cours de route au besoin !]
Uriens était inquiet, inquiet comme il ne l'avait jamais été. Non seulement les Compagnons disparaissaient mais selon les paroles de cet enfant, ses alliés les plus proches étaient en train de s'étioler. le souverain frappa le bras de son fauteuil du poing discrètement et sans violence. Il fallait convoquer une session extraordinaire du Conseil de l'Alliance pour tenter de comprendre et de mesurer l'impact de cette nouvelle. Ils avaient été tant occupés par leurs problèmes qu'il n'avait pas réellement porté attention à ceux qui étaient -à n'en pas douter- dans la même galère qu'eux. Si un royaume belliqueux décidait de les attaquer maintenant, il risquait de faire de sacrés dégats.
Uriens releva la tête et balaya la salle du regard. Ils se battaient contre un ennemi invisible et c'était déjà assez pénible comme cela. Alors que tous avaient leur attention braquée sur l'enfant, il prit la parole d'une voix claire.
"Plus que jamais aujourd'hui il nous faut rester unis et resserrer les liens de la collaboration. Ce que nous apprenons me conforte dans l'idée qu'il nous faut absolument éviter les conflits internes."
Le roi jeta un coup d'oeil vers les nobles récalcitrants. Les DeFeriel en tête, la cour était loin d'être unie. Il fallait absolument trouver le moyen de s'assurer la loyauté de ces familles puissantes. Uriens réfléchissait à toute allure. Il faudrait qu'il parle à Aranel. Et à son fils.
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Maya était toujours d'un calme anormal. Pourtant, même elle ne put s'empêcher de bailler discrètement. Ce fut suffisant pour Hindra qui interrompit sa discussion avec Chelmak. Il se redressa, toujours sur les genoux d'Enju, et lui adressa son noble regard bleu.
Je vais vous quitter. Mais je reviendrai plus tard. Nous discuterons Enju.
Le félin sauta souplement à terre et trottina jusqu'à Maya. Protecteur il vint se placer près d'elle et adressa à l'Héritier -qui semblait s'exprimer pour toute l'assistance- une demande audible par tous.
Maya est fatiguée. Elle a besoin d'aller se reposer.
Mais la petite fille effleura les moustaches d'Hindra ce qui eut le don de lui faire remuer le nez d'un air presque courroucé.
"Je vais bien, je peux répondre."
le Chat de Feu ignora superbement sa petite protégée et s'installa simplement sur les marches menant à l'estrade, la queue battant d'agacement contre la pierre.
La petite Maya se leva et adressa à tous les curieux un sourire calme. Morag, Enora, Melarianne, Saskia, Arthon, Aranel, Uriens et puis Enju bien entendu. D'autres nobles et des Hérauts. Tous étaient pendus à ses lèvres.
"Je ne connais pas son nom. Elle ne me l'a pas révélé. Mais je puis dire avec certitude qu'il ne s'agit par de Celle-aux-yeux-étoilés."
L'ambassadrice shin'a'in présente au fond de la pièce soupira de soulagement. Elle n'avait jamais douté de l'innocence de sa déesse mais devoir en débattre publiquement ne l'intéressait guère.
"En réalité, Celle qui nous cause autant de trouble est bien loin de son cercle d'influence. Elle se meurt."
Maya baissa la tête avant de la relever.
"Et elle est bien décidée à attirer l'attention. Sa colère et son désespoir font trembler les cieux et la terre. Car là d'où elle vient, personne ne l'adore plus."
L'enfant se tourna vers Arthon et ses épaules semblèrent se secouer brièvement.
"Je ne puis vous en dire plus."
Elle se rassit et tendit la main vers Hindra qui l'ignora. Ce dernier boudait ! Cela la fit sourire. Le Chat de Feu avait son petit caractère.
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Enora continuait de suivre avec attention tous ce qui ce passait. Elle fut contente que Saskia soit remise à sa place. Elle donnait un si mauvais exemple de la noblesse Valdemarienne. Les gens autour d'elle le commentait d'ailleurs à mi-voix, mais tous se turent bientôt quand la discutions repris. Personne ne voulait manquer une miette de ce qui se disait, Enora pas plus que les autres. Elle aimait sa patrie et elle aimait la vie. Il lui était presque souffrance de savoir que leur malheurs n'était pas terminé, et plus encore de savoir que d'autre aussi souffrait autant qu'eux.
Elle était aussi un peu effrayé. Comment combattre une Déesse en colère ? Avait-il la moindre chance ?
Enora chassa vivement ses pensées. Il fallait rester positif pour avoir une chance. Et quand bien même elle serait mince, Enora se résolut de toute faire pour aidé de son mieux. Elle était une battante.
Puis, elle remarqua la lassitude de l'enfant, et son courage aussi de vouloir continuer. Pendant une bref seconde, elle envia aussi le lien qui semblait être tissé entre l'enfant et le chat de feu, mais sa nature n'en était pas une d'envie, si bien que ce sentiment ne resta pas, mais laissa de l'admiration en la jeune albinos pour un tel liens.
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Melarianne regarda l'enfant, si forte et si jeune, malgré tout ce qu'elle portait sur ses épaules. Elle même ne montra que son visage officielle, mais son regard ne pouvait cacher la tendresse que la jeune fille lui inspirait. Tant de chose en même temps, la Rethwellan commencer à espéré la fin des révélations, mais si elle ne pouvait se permettre de poser des questions, elle ne pouvait pas plus se permettre de ne pas écouter les réponses. Maya en savait trop pour que tout ce qu'elle raconte soit faux.
Malgré le soulagement de l'Ambassadrice Shin'a'in, Melarianne aurait presque préféré que se soit la Déesse au yeux étoilée, au moins elle était connu, certain pouvait savoir comment elle pouvait fonctionner. Mais elle ne pouvait pas non plus s'en remettre toujours à ses espoirs, elle devait faire avec ce que la vie offrait et Maya leur offrait peut-être une chance de régler les problèmes. Une porte ouverte sur une recherche de solutions. Melarianne se permit une petite parole, elle était une ambassadrice, mais Maya aussi. Et elle ne se leva pas pour usurper la place du Roi Urien, elle parlait simplement pour son Roi.
"Mon pays et mon Roi te remercie pour les renseignements que tu nous as donner avec tant de courage."
Il y avait beaucoup de douceur dans son ton, se ton qui montrait combien elle pouvait être humaine. Elle n'était pas seulement un objet politique, elle avait aussi un cœur derrière tout ses frou-frou de cour.
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Enju inclina la tête quand Hindra lui fit l'immense honneur de lui signaler son départ. Bien entendu, elle aurait aimé qu'Il laisse Maya parler, révéler ce qu'elle pouvait faire. La secrétaire karsite envia presque la complicité que la petite fille avait avec le Chat de Feu, mais cette jalousie, elle la balaya, et préféra plutôt se réjouir que Maya ait un tel soutien auprès d'elle. Car la petite fille portait sur ses épaules un poids énorme que ne lui enviait pas la secrétaire. Enju cala à nouveau la planche d'écriture sur ses cuisses, et reprit sa prise de notes, consciencieusement.
Elle nota d'ailleurs un nom, en marge : encore DeFeriel ! Ce sale caractère était donc de famille ? Pourtant, quand Enju suivit le regard du Prince Héritier, il semblait se diriger là où Maya avait regardé plus tôt. Ce pouvait-il que cette sale gamine si insultante envers sa patrie, et Vkandis, puisse être d'une quelconque utilité ? Enju nota donc en marge qu'il fallait se renseigner sur la fille DeFeriel, avant de se concentrer à nouveau et complètement sur ce qui se disait, son regard parcourant l'assistance, notant quelques détails qui pouvaient être insignifiants, mais qui pourrait peut-être lui servir. La place des gens, par exemple, pour essayer de comprendre les différents groupes, savoir qui côtoyait qui. Elle venait à peine d'arriver à Haven, et elle avait beaucoup de choses à apprendre - et peu de temps pour le faire. Il fallait profiter de ce genre de réunion.
Mais les pensées d'Enju se transformèrent rapidement en entendant Maya. Un instant, celle qui était si dévouée à Vkandis prit cette Déesse solitaire en pitié.
"Pauvre âme. Pourquoi a-t-elle perdu tous ses fidèles ?"
Mais Enju ne dit rien. Maya venait de dire qu'elle ne pouvait en dire plus. Inutile de l'assommer de questions et la mettre dans l'embarras. Enju joignit les mains, ferma les yeux :
"Vkandis, qui que cette Déesse soit... Puisses-tu lui transmettre ma prière. Si Elle a perdu Son peuple, qu'Elle puisse retrouver des fidèles. Et même si c'est Elle qui a exigé leur sacrifice, elle ne devrait pas souffrir aussi longtemps. Puisse-t-Elle trouver la paix. Déesse Sans Nom, cesse donc de faire ainsi souffrir Nos Chats de Feu, les Compagnons, et la Terre. Nous t'aiderons. Je t'aiderai."
Enju resta un instant immobile, mais finit par rouvrir les yeux, et reprendre sa plume. Elle nota des questions qui lui passaient pas la tête. Il fallait faire des recherches sur cette Déesse, et tenter de l'aider. Coute que coûte. Parce que si les Chats de Feu devenaient malades, que la Lumière de Vkandis s'éteignait, le monde risquait d'aller très mal.
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[Morag ayant prévenu de son manque d'inspiration, nous sautons son tour ! A toi Saskia]
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Si Saskia n'avait pas aussi mal à la tête, sans doute aurait-elle mal pris la remarque d'Arthon - c'était une réflexion blessante venant de sa part ! Pourtant, la Noble jeune fille essaya d'agir en conséquence - enfin, elle essaya. Qu'est-ce que Père lui aurait dit de faire, en public ? La ride, sur le front de Saskia, se creusa un peu plus, et elle opta pour une légère révérence polie pour le Prince. Sa longue blonde cacha un instant son visage. La Peste ne se priva pas pour laisser un instant son visage exprimer toute la douleur qu'elle ressentait. C'est rapide, et quand elle se redresse, il ne reste que cette ride sur son front, à peine moins prononcée. Saskia n'ose pas relever les yeux vers l'Héritier.
La suite du conseil laissa une étrange impression de flou à Saskia. Elle savait que les gens parlaient, mais elle ne comprenait pas ce qui se passait. Son mal de crâne semblait occulter tous ses autres sens de perception. Elle se permit l'immense faiblesse de fermer les yeux quelques secondes, respirant calmement, pour essayer de faire refluer la douleur. Ca marche bien quelques secondes.
Saskia rouvre les yeux, pensant enfin avoir la paix : stupide sorcière karsite ! Quoi que soit cette gosse, elle lui a jeté un sort - c'est évident ! Pourquoi ce souvenir, enfoui au plus profond de son esprit, aurait ressurgi juste au moment où Maya en parlait ? Décidément, cette gamine était réellement terrifiante.
Les flashs se calment enfin, au grand soulagement de la DeFeriel. Adieu, pitoyable Déesse à genoux ! Si tu te retrouves seule, c'est que tu le mérites. Et surtout :
"C'est à cause de toi que Ryis et Arthon sont malades. Saleté de divinité à la noix."
Mais comme pour la dissuader d'avoir de telles pensées, Antéa s'impose à son esprit. Elle pourrait presque entendre le Compagnon lui dire qu'elle ne devrait pas penser ça. Saskia sait bien que c'est impossible - Antéa est morte, et il n'y a aucun retour en arrière possible. La jeune fille a déjà réussi à occulter complètement ces voix qui semblent l'appeler, et elle arrive à peu près à dormir. Elle essaye de chasser le Compagnon de son esprit, et de se concentrer sur ce qui se passe près du trône. Ses oreilles bourdonnent toujours, à cause de la migraine qui reste en arrière plan. Et elle pose les mains sur le dossier de la chaise de sa mère - ou plutôt, elle s'y appuie, car elle commence à se sentir tremblante - au moment où elle capte le regard bleu du chat sur elle.
Le même regard azur que le Compagnon. De façon absolument mature, Saskia lui tire la langue et détourne la tête - assez rapidement pour que la douleur lui écrase à nouveau le cerveau et l'occupe encore un bon moment.
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Saskia ne réagit pas violemment ou insolemment. La Peste avait perdu de sa vigueur. Elle salua simplement, et se cacha derrière ses cheveux. Mais Arthon avait déjà détourné son attention d'elle, gêné de l'avoir réprimandée ainsi et réservant son attention et ses dernières forces pour les gens "importants", karsites ou non.
La Princesse Melarianne remerciait l'enfant. Arthon hocha doucement la tête. C'était son devoir, sûrement, mais c'était une bonne idée de la remercier. Au moins, ils savaient désormais plus ou moins pourquoi il fallait s'inquiéter encore plus.
Le Chat de Feu voulait que son Elue ( comment disait-on? ) aille se reposer mais la gamine avait bien un tempéramment de jeune fille et se rebella. Elle n'avait pas fini. Et les paroles qu'elle avait dites n'étaient pas faites pour rassurer. Une Déesse inconnue qui se mourrait et dont les sursauts de vitalité étaient des appels au secours apparemment, encore plus dangereux que la colère.
L'Héritier se rappela ses étranges rêves... Est-ce que ça avait un rapport? A son tour, Arthon remercia l'enfant avec chaleur.
Regardant Aranel, il profita de ses dernières forces pour s'adresser à elle grâce à la Parole par l'esprit - ça ne marchait plus avec Ryis mais avec les humains, bien qu'épuisant, ça allait encore:
Je dois m'en aller, je vais m'effondrer. Je te confie l'enfant si tu veux bien, il faut la soustraire aux curieux, elle ne reste qu'une enfant. Pourrais-tu faire appeler un guérisseur pour moi, je t'en prie... Je vais rejoindre Ryis si je le peux encore.
Une fois la conclusion donnée par Maya, Arthon attendit le signal d'Uriens et salua gracieusement les nouveaux ambassadeurs avant de s'excuser et de partir, proposant à Maya et au Chat de venir avec lui. Mais heureusement le Héraut du Roi et le Roi lui-même accaparaient l'attention de la salle échauffée. D'ailleurs leurs propres bavardages les intéressaient plus que les paroles des représentants de Haven.
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Aranel se leva à la suite d'Arthon mais sans bouger de sa place. Un simple regard de la part d'Uriens lui suffit. Ils pouvaient à présent fermer cette scéance. Riche en rebondissements et assez étoffée pour permettre aux plus bavards d'en discuter pendant des jours, ils avaient largement de quoi réfléchir et de nouvelles pistes à fouiller. Cette petite Maya leur serait certainement utile les jours à venir.
"C'est sur ces paroles que nous concluons cette scéance publique. Nous vous remercions de votre présence et de votre participation."
Elle inclina la tête une fois en direction des familles nobles conservatrice, une fois en direction des différents ambassadeurs et une dernière en direction des paysans, guildes et artisans. Elle fit venir Deoris et lui donna quelques instructions à l'oreille. Cette dernière vint jusqu'à Maya et la prit par la main. Elles devaient avoir à peu près le même âge ce qui leur permit de bien s'entendre dès le premier contact.
"Ambassadeur Chelmak, secrétaire Enju, nous allons faire conduire la jeune Maya jusqu'à des appartements attenants aux votres. Puis-je compter sur vous pour veiller sur elle à court terme ?"
Le Chat de feu semblait satisfait de cette décision et trottina derrière l'enfant qui quittait la salle à la suite de la jeune Page.
"Dame Melarianne, vos affaires ont déjà été conduites jusqu'à vos quartiers qui j'espère vous conviendront."
Liliany s'approcha à son tour, et sourit au roi qui lui lança un clin d'oeil. Puis elle alla jusqu'à l'ambassadrice de Rethwellan pour la conduire. Elle s'inclina et invita Melarianne à la suivre de sa petite voix timide mais néanmoins affirmée, fière de sa mission. Elle avait toujours dans la poche les lettres que cette dernière avait donné au roi et irait les déposer précautionneusement dans le bureau d'Aranel ensuite.
"Seigneur Kelom, je crois qu'un de nos apprentis aimerait énormément s'entretenir avec vous."
Aranel désigna de la tête un jeune garçon en gris qui se tortillait maladroitement sur le pas de la porte. Kelom tourna son regard perçant en direction de l'adolescent, se leva et inclina la tête vers le roi, prenant congé à son tour.
Pour les autres, Aranel n'eut qu'un sourire chaleureux. Déjà la salle se vidait. Le Héraut du roi se tourna vers le souverain et posa une main bienveillante sur son épaule.
"Tu es épuisé, je t'ordonne d'aller te reposer."
Ce dernier ne répliqua même pas. Il connaissait trop bien Aranel pour protester. Elle avait pris des dispositions pour qu'un bain chaud l'attende à son retour de conseil. Ils avaient tous deux besoin de se délasser. Pour sa part, elle sauta souplement de l'estrade après s'être assurée qu'Uriens quittait la salle et prenait la bonne direction et prit le chemin du Champ des Compagnons.
[Clos ! Vous pouvez poster la sortie de votre personnage. je verrouillerai ensuite. pas la peine de respecter les tours de jeu dans cette dernière intervention]
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puisque personne ne veut poster, je clos....