Valdemar RPG

Haven => Haven => Discussion démarrée par: Conteur le 19 mai 2014, 14:25:26

Titre: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 19 mai 2014, 14:25:26
5e jour de la 6e décade 1481

Nom du PNJ: Dame Belinda de Horn
Âge: 30 ans

Dame Belinda avait été ravie d'apprendre le retour à la cour de Fleur Arkadia... qui s'appelait maintenant Fleur de Trevale. Elle avait évité un méchant mariage avec l'odieux Arsène Krop, et bien que son mari ne soit pas non plus le prince charmant, au moins la traitait-il bien. Il était de toute manière trop bête pour faire autrement. Elle avait dont invité le couple à venir boire un thé dans son manoir imposant à deux pas du Palais. Ce serait l'occasion de discuter des derniers potins et de critiquer tout et tout le monde.

Belinda attendait le couple pour la fin de l'après-midi, et elle avait mis les petits plats dans les grands. Elle avait fait sortir son plus beau service à thé, avait demandé à son cuisinier les meilleurs pâtisseries de son répertoire et avait décoré la pièce de fleurs fraîchement coupées qui embaumaient l'air. Elle-même avait fait quelques efforts en passant une jolie robe et en s'apprêtant avec soin. Il n'aurait pas fallu qu'elle fasse tâche tout de même.

Enfin l'heure dite arriva, et Belinda ne fut aucunement surprise que personne ne se présentât à la porte. Les gens civilisés savaient se faire attendre. C'étaient les péquenots qui arrivaient à l'heure.

Après un quart de marque, la cloche de l'entrée sonna enfin. Le valet-de-pied alla ouvrir, puis on introduisit le couple dans le petit salon.

«Fleur! Quel joie de vous voir à nouveau! Mais vous êtes rayonnante! C'est grâce à votre très cher mari, cela ne fait aucun doute»
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 20 mai 2014, 00:13:00
"Sommes-nous très en retard?"
"Juste assez, ne vous en faites pas." répondit Fleur à son mari avec un sourire.

Owen avait hâte d'arriver. Il faut dire que quand on a une phobie des chevaux comme lui, les voyages étaient compliqués. Être dans une voiture tirée par un cheval, quelle expérience désagréable! Plus jeune, il avait fait un caprice à ses parents pour qu'ils fassent acquisition d'animaux autres, fussent-ils fantastiques et magique, mais autres, pour leur permettre de voyager. Mais ses parents avaient refusés, on n'allait pas changer, avaient-ils objectés, leur façon de voyager dans Valdemar juste pour une petite phobie de rien du tout. Une petite phobie? Une petite phobie! N'importe quoi!
En désespoir de cause, il s'était fait créer une voiture spéciale, avec un espace beaucoup plus grand entre elle et les chevaux, et les fenêtres étaient placées tout au fond, pour ne pas risquer de voir ces animaux démoniaques. Quant à prévoir une place pour un voyageur autre que le cocher derrière l'animal, il ne fallait pas y penser! Owen se demandait - parfois - comment un homme pouvait-il décemment accepter de passer ses journées à quelques centimètres du cul d'un cheval.
Enfin, en général, en voyant un attelage si original, on n'avait pas besoin d'identifier les armes de la famille de Trevale pour savoir qui se trouvait à l'intérieur.

Fleur supportait cet état de fait avec complaisance. S'il fallait ça pour pouvoir voyager! Car, par la force des choses, Owen voyageait peu, et le convaincre de l'accompagner aujourd'hui lui avait demandé des trésors de patience. Ils auraient pu croiser des Hérauts!
Ah les Hérauts... Le seul regret de Fleur quant à son mariage. Difficile en effet d'admirer ces justiciers blancs sans s'attirer les cris scandalisés de son mari. Elle se consolait en se disant qu'une femme mariée ne devait pas reluquer d'autres hommes que celui avec qui elle avait uni sa vie. Même si Owen ne tenait pas tellement la comparaison avec le plus simple des Gris.

Mais aujourd'hui, Fleur était très reconnaissante envers son époux. Grâce à lui, au statut qu'il lui avait donné, elle allait être reçu par Dame Belinda de Horn, chez elle, comme une grande dame. Encore jeune fille, elle n'avait pas le droit de rendre des visites aux femmes mariés, et c'était tout un monde de potin qui lui était refusé! Mais là, grâce à son statut, grâce à son nom, les portes s'ouvraient grandes devant elle.

La jeune femme pénétra dans le salon luxueux de Dame Belinda, suivi par Owen dont la démarche était gauche.
Elle plongea dans une révérence délicieuse - Fleur avait toujours eut de la grâce - et offrit son plus beau sourire à son hôte:

"Dame Belinda, c'est un plaisir d'être ici, afin de fêter notre retour à Haven avec vous, nous n'aurions pu rêver meilleur accueil! Votre compliment me touche beaucoup, toute femme aime entendre qu'elle n'a pas changé!"

Oui parce qu'il était évident qu'avant son départ, elle était tout aussi jolie! De plus, depuis son mariage, le coût des tenues dont se parait la jeune mariée avait bien augmentée, et aujourd'hui, elle portait une robe d'excellente facture dans un camaïeu de rose délicat.

"J'ignore si vous avez déjà eu l'occasion de rencontrer mon époux, aussi, permettez-moi de vous présentez Owen de Trevale!"

Une femme présentant son mari, ce n'était pas vraiment très protocolaire, mais en ce qui concernait les bonnes manières en société, il valait mieux laisser les rêves à Fleur, ce que son mari admettait volontiers.
Celui-ci se courba dans un salut maladroit:

"Enchanté Dame Belinda."

Et il ne rajouta rien, parce qu'il n'avait rien à dire. Il regarde la décoration du salon, puis ses yeux se fixèrent sur les pâtisseries. des pâtisseries, quelle femme de goût, il allait l'apprécier!
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 20 mai 2014, 10:58:10
Dame Belinda se fendit à son tour d’une petite révérence - à peine avait-elle plié les genoux et incliné très légèrement la tête. Elle était légèrement désappointée de n’avoir pas reçu de compliment en retour du sien, mais Fleur était encore une toute jeune fille, et on pouvait lui pardonner ce genre de faux pas.

Elle s’inclina aussi avec élégance devant Owen. Le pauvre avait vraiment une tête de bovin. On le disait débile, et il en avait au moins l’apparence. Fleur avait de la chance, elle pourrait le mener à la baguette et se faire offrir tout ce qu’elle désirait. Si la politique la tentait, elle pourrait s’y essayer en guidant habilement son mari. Bref, avec un peu de doigté, elle pourrait devenir une femme d’importance à Valdemar.

«Mais quel délicieux jeune homme! Je n’avais guère eu l’occasion de vous voir, très cher Owen, vu que vous ne quittez que peu votre domaine. Ce qui est parfaitement compréhensible, vu la beauté des lieux.» Elle adressa un sourire à Fleur. «Mais les jeunes filles comme Fleur préfèrent l’excitation de la capitale. Les activités y sont plus nombreuses. Sans parler des ragots.»

Belinda fit sonner une petite clochette et le valet-de-pied fut de retour. Il tira un fauteuil pour chacun, prit les vestes et capes qui auraient pu nuire au confort des hôtes, et les confia à une bonne qui alla les déposer avec grand soin dans une autre pièce.

«Asseyez-vous je vous en prie. On va vous servir le thé. Très cher Owen, je vois que les œuvres-d’art de mon cuisinier ont l’air de vous intéresser. Désirez-vous qu’on vous serve une petite assiette de dégustation? Et vous Fleur? Pour ma part, je ne prendrai qu’un tout petit bout de cette tarte aux fraises. Ma ligne, voyez-vous. Malheureusement, les grossesses ont laissé sur moi leur marque.  Ahhh, je vous envie tellement votre taille si fine, Fleur! »

Vu l’épaisseur du noble, la petite assiette aurait tout du plat de service. Belinda indiqua d’un geste que l’on pouvait procéder au service de cet en-cas qui promettait d’être délicieux. Elle s’assit à son tour dans son fauteuil, arrangea sa jupe autour d’elle et prit avec élégance la tasse de thé qu’on lui tendait.

«Alors, très chère, racontez-moi un peu votre vie à la campagne? Cela doit être absolument pa-ssio-nnant! Cela a dû vous changer de la ville!»

 Belinda savait pertinemment que la famille Arkadia faisait partie de la noblesse de cour, et non pas de la noblesse de terre. Fleur n’avait donc jamais vécu à la campagne. Belinda était elle aussi née au sein de la noblesse de cour. Mais contrairement à Fleur, elle n’avait jamais vécu à Horn. Son mari venait au Palais quand on requérait ses services au conseil (comme ces jours), et il séjournait alors avec sa femme. Le reste du temps, il faisait la navette entre le manoir de Haven et la gigantesque demeure familiale dans laquelle vivaient encore sa vieille mère et la famille de son frère cadet, qui lui servait d’intendant.

Belinda était ravie de pouvoir vivre en ville, aussi près du Palais et tout ce qui s’y passait d’intéressant.

«Au fait, vous avez entendu la dernière nouvelle? Il paraîtrait que l’ancienne Héraut du Roi soit enfin morte, et qu’à la place, ils aient choisi un bâtard de Rethwellan. Franchement, on se demande pourquoi on se laisse encore diriger par cette bande de clown!»
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 20 mai 2014, 23:56:37
Les longues phrases étaient compliquées pour quelqu'un comme Owen. Tout naturellement, il resta silencieux plus longtemps que la normale, le temps pour lui d'assimiler le sens de la remarque que lui fit Dame Belinda. L'ennui, c'est que dans ces cas là, il arborait une expression... éteinte. Comme si il s'était mis en veille. Pourquoi elle lui disait qu'il était délicieux? Il n'était pas une pâtisserie!

"J'aime beaucoup Trevale, oui, c'est joli"

C'est joli... Owen parlait souvent avec autant de vocabulaire qu'un enfant. Cela amusait beaucoup sa femme d'ailleurs.
Celle-ci sourit à la remarque de son hôte:

"Trevale est un endroit délicieux, vraiment, mais vous savez raison, je préfère l'agitation de la ville. Il y a tellement à y apprendre! Et j'ai appris une foule de chose depuis mon retour, que de choses ais-je manqué!"

Sur l'invitation de Dame Belinda, Fleur s'assit dans un fauteuil confortable, indiquant le siège voisin à Owen où celui-ci s'installa docilement. D'autant plus qu'il gardait l'oeil sur la nourriture qu'on lui proposait si gentiment. La perspective de manger lui arracha un compliment pas trop mal tourné, pour une fois:

"Ce serait très courtois de votre part, merci."

Quant à Fleur, elle suivit le régime de Belinda, bien évidemment. Ce serait tellement mal élevé de la part d'une femme de s’empiffrer dans un salon luxueux!  Et comme elle avait conscience d'avoir manqué de politesse précédemment, elle en profita:

"Vous avez entièrement raison, et je vais suivre votre exemple, car vous me voyez dans l'obligation de vous dédire, vous êtes une femme magnifique, un modèle pour les femmes comme moi!"

Voilà, un compliment bien tourné pour amadoué son interlocutrice, qui, de toute façon, n'avait pas l'air de devoir être suppliée pour se montrer bavarde.
Elle but quelques gorgées de son thé, pendant qu'Owen dévorait son assiette. Fort heureusement, si la plupart du temps son mari était un très mauvais élève, Fleur avait réussit à lui inculquer quelques leçons de savoir-vivre à table. Du moins, il y avait un léger mieux.

"Ma vie à la campagne?"

Passer toutes ces décades à Trevale avaient été d'un ennui sans fin, après les premières à découvrir son nouveau rôle. La campagne, ce n'était pas fait pour elle. Sa famille possédait un manoir dans un coin reculé du pays, histoire de dire qu'il avait un bien à la campagne, mais aucune terre. Elle avait grandit à Haven, alors le bucolique, ça allait, mais pour un temps seulement. Bien sûr, si c'était une chose que son hôte avait compris, elle ne pouvait tout simplement pas le dire à voix haute. Et puis, Owen aimait beaucoup Trevale, c'était son monde, son enfance de laquelle il n'était jamais vraiment sorti.

"Comme je vous disais, Trevale est un endroit charmant, nous y avons passé une délicieuse lune de miel, n'est-ce pas mon ami?"

Owen regarda sa femme avec étonnement, la bouche pleine. Puis il acquiesça, puisque visiblement, c'est ce qu'elle attendait de lui. Il mangeait pour deux, elle pensait pour deux, un mariage équitable.

"J'ai pu mettre à l'épreuve l'apprentissage que l'on m'a inculqué depuis ma naissance, mon futur rôle, celui de maîtresse d'un domaine, grâce à l’extrême bienveillance de mes beaux-parents, c'était passionant!"

Et ce n'était pas un mensonge. Fleur s'était bien rendu compte qu'une fois ses beaux-parents disparus, elle serait la maîtresse d'un immense domaine riche et prospère, et toute cette perspective de pouvoir et bien... cela avait un grand attrait sur un esprit aussi jeune et épris de liberté que le sien.
Il fut heureux que Belinda change de sujet car la jeune femme n'avait pas vraiment autre choses à ajouter sur son séjour à Trevale. Elle s'y était marié, et y avait appris à connaître son mari, et, avant même ses devoirs de maîtresse de domaine, ses devoirs de femme mariée. A la grande joie d'Owen, Fleur s'était révélé une femme au tempérament lascif que le devoir conjugal état loin de répugner. Bien sûr, elle n'avait pas, et n'aurait jamais, de point de comparaison. Mais son mari, s'il y avait peu de domaines dans lesquels il se distinguait, s'en sortait plutôt bien. Et cela avait créée des liens supplémentaires entre eux.

L'idée d'échanger des potins la fit donc se dandiner sur son fauteuil.

"Ouiiii, bien évidemment, je l'ai su rapidement. La mort du Héraut Aranel n'est pas passé inaperçue vous pensez!"

Fleur ne releva pas la remarque sur les Hérauts. Sur ce point, elle restait prudente, et en désaccord avec Owen. Son père avait toujours accepté l'autorité ancestrale de Valdemar, celle d'un Roi Héraut, et, immuable, il avait conservé sa place au Conseil, ce qui n'était pas le cas des De Feriel par exemple. C'était un terrain dangereux sur lequel elle ne s’aventurait pas, pour le moment.
En revanche, Owen réagit au quart de tour. Une femme honorable, qui lui offrait de bons gâteaux et détestait les Hérauts? Sa nouvelle meilleure amie!

"Je suis entièrement d'accord avec vous Dame Belinda, entièrement d'accord! Des hommes partageant leur tête avec des chevaux pensants, a-t-on déjà vu quelque chose de si absurde chez nos voisins?!"

Il avala une autre bouché de gâteau et continua:

"Non, bien sûr que non, c'est totalement ridicule!"

Fleur posa sur son mari un regard neutre et essaya de dévier la conversation:

"Savez-vous qu'on raconte que ce nouveau Héraut du Roi, quel est son nom déjà..?"
"Alemdar" récita de façon automatique Owen.
"Alemdar, oui, merci. Bref, on raconte qu'il fréquente... la Doyenne des bardes!"
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 21 mai 2014, 11:14:27
Belinda rosit de plaisir au compliment si charmant que Fleur venait de lui faire. Elle minauda un peu avant de s’attaquer à sa petite part de tarte aux fraises. Elle écouta attentivement les paroles (et les non-dits) de la jeune noble concernant son séjour à la campagne.

«Que cela a dû être enrichissant!»

Enfin, si on aimait s’occuper de la domesticité sous le regard peu amène de ses beaux-parents. Mais au moins Fleur avait-elle pu admirer ce qui lui reviendrait quand Owen hériterait.

«Et quelle chance vous avez de bien vous entendre avec vos beaux-parents. Ce n’est de loin pas toujours le cas. Moi, par exemple, je ne pourrai supporter de vivre avec Mme de Horn. Elle est si... hautaine.»

Heureusement, elle était aussi très vieille, et sa mort ne tarderait sans doue plus. Belinda deviendrait alors la seule femme à diriger la vie de son époux. Cela ne la ferait pas déménager dans le domaine familiale, mais au moins, pour les rares fois où elle s’y rendrait, elle pourrait se pavaner en maîtresse de maison.

La jeune Fleur semblait ravie que l’on passe aux potins. Elle sembla impatiente de déballer tout ce qu’elle avait pu entendre, pour le plus grand plaisir de Belinda.

Owen, soudain, leva la tête de son assiette déjà bien entamée pour acquiescer à ses propos. Cependant, ce que savait Belinda du gouvernement de leurs voisins ne lui inspirait guère plus de confiance. Elle n’aimait pas spécialement les Hérauts, désapprouvant (et jalousant) leur mode de vie, mais elle trouvait la situation presque pire ailleurs. Ce qu’aimait Belinda, c’était se plaindre, sans pour autant désirer que les choses fussent différentes. Elle apprécia donc le discret recadrage que Fleur imposa à la conversation. On ne parlerait pas politique, simplement des derniers potins.

« Sérieusement? Mais... on la disait alitée? Se fréquentaient-ils avant qu’elle ne tombe malade? Je croyais que cet homme était une espèce de paria que son jeune frère, fort charitable, trainait partout avec lui comme un boulet? Et Riannon a déjà un enfant. Elle n’a aucun pudeur celle-là. Pondre un gamin de père inconnu, et ensuite se mettre en couple avec un bâtard? Vraiment, ils n’ont aucune décence parmi ces gens. Savez-vous qu’en plus elle est noble?»

Elle avala une petite gorgée de thé. Riannon ne l’intéressait que moyennement, en fait. Non, c’était le nouvel Élu qui avait toute son attention. S’il était beau, ou simplement acceptable, elle pourrait peut-être tenter de le charmer pour faire pencher la politique fiscale en faveur de son mari.

«Et vous l’avez vu, ce nouveau Héraut? Est-il... beau? Impressionnant? J'ai entendu dire qu'il a les cheveux de la famille Jadrevalyn...»
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 23 mai 2014, 00:51:28
Le compliment de Fleur fit son effet. C'était tellement facile de contenter les autres, il suffisait de leur dire ce qu'on avait soi-même envie d'entendre. En revanche, l'enthousiasme qu'elle prônait pour l'apprentissage de son futur rôle ne fut pas très communicatif. Il faut dire que d'après ses renseignements, les beaux-parents de Belinda s'accrochait désespérément à la vie, et donc à son héritage, toutes ces années sans vraiment être maîtresse des richesses de sa famille avaient du l'aigrir un peu, elle pouvait le comprendre. Et visiblement, Mme de Horn était un sacré personnage.

"Fort heureusement pour vous, votre mari possède ce magnifique manoir où il doit être très agréable de vivre, il faut dire que vous avez un goût si sûr pour la décoration."

Pendant que Fleur déballait ses compliments, Owen continuait de manger. Au moins avec lui, on ne gaspillait rien.
La discussion autour des Hérauts et de la politique fut aisément écartée au profit des potions, ce qui convenait parfaitement à la jeune femme.

"Être alitée ne l'empêche de toute évidence pas de compter fleurette! Je ne sais pas, si ils se voyait avant, malheureusement, Riannon est quelqu'un de très secret..." soupira Fleur avec regret.

Ne pas savoir qui était le père de l'enfant la rendait folle. Mais l'enquête faisait des bonds en avant:

"Ce que je sais en revanche, c'est que le père de son enfant est un soldat, comment expliquer autrement que l'enfant soit en garde à la caserne pendant la convalescence de sa mère? Pour le moment, je ne sais pas qui c'est, mais ça ne saurait tarder. Les secrets ne le restent pas longtemps dans cette ville. Il est même étonnant que celui-ci en soit encore un!"

Sa frustration serait de courte durée, elle en était certaine. Si elle arrivait à voir l'enfant en question, elle était sûre que la petite se trahirait. Elle ne pouvait pas compter sur le bavardage des soldats. Avant son mariage, elle aurait pu aller en rencontrer quelques uns, minauder, faire du charme. Actuellement, alors qu'elle n'avait même pas fêté ses noces ce coton, c'était impossible. Dommage.

"En ce qui concerne le bâtard, Owen en sait plus que moi, n'est-ce pas?"

L'histoire de Alemdar avait vite fait le tour des salon, et la mémoire prodigieuse d'Owen avait bien sûr tout enregistrée.
Celui-ci raconta ce qu'il savait, et que Belinda savait sûrement en partie:

"Il est le bâtard du feu roi de Rethwellan, avant le mariage politique de celui-ci. On dit qu'il est jaloux de ne pas avoir pu hériter du trône, il a du se contenter d'être le chef des armées, un poste qu'il ne méritait pas, d'après ce qu'on raconte. C'est comme ça qu'il a acquis une grande influence auprès de son frère cadet, et qu'il l'a poussé à s'enfuir quand son oncle s'est emparé du pouvoir."

Bien sûr, Owen ne réfléchissait pas tellement au sens de de discours. Il répétait juste ce qu'il avait entendu, il ne l'analysait pas.
Fleur prit sa suite:

"Nous sommes ici depuis trop de peu de temps, je ne l'ai pas encore vu, il est remarquablement discret. Mais on dit qu'il est bel homme, bien qu'austère, pas le genre de personne à qui on aurait envie de faire la conversation..."
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 23 mai 2014, 11:01:52
Belinda accepta le compliment de bonne grâce. Elle passait un temps impressionnant à assortir les tissus, les rideaux, les vases, les tapis pour chaque pièce du manoir. Et elle refaisait la décoration tous les trois ans environ.

Reportant ses attentions sur les potins, Belinda ne put que convenir que oui, la Doyenne était bien trop secrète. Cette manie de vivre un peu à l’écart, de répondre à toutes les questions de manière détournée...

«Chez les soldats? Vraiment? Riannon est une dame, j’espère qu’elle a au moins eu le goût de choisir un officier, un noble. Certes, je sais qu’ils sont maintenant envahis de manants et d’étrangers, mais il doit bien rester quelques fils de bonnes familles. Tiens... pourquoi par le Capitaine? Il est plutôt bel homme, bien qu’un peu austère. Sinon... je ne sais pas. Je pense qu’ils sont tous un peu jeunes pour elle. Évidemment, je doute que ce genre de choses l’arrêtent. Ils sont tellement impudiques, tous ces Bardes, Guérisseurs, Hérauts... Ils couchent à qui mieux mieux sans se soucier aucunement de pudeur. J’ai entendu dire qu’ils organisaient des soirées... vous savez, à plusieurs... plusieurs hommes, plusieurs femmes, tous dans la même pièce, parfois même dans le même lit!»

Elle ne se rappelait plus qui lui avait raconté ça, mais vraisemblablement un noble très renseigné se rendant souvent au Palais. Était-ce Dame De Feriel peut-être?

« Heureusement, je crois que le Roi - vous savez comme il est pudique - ne s’est jamais adonné à ce genre de pratique. Je suis certaine que ce sont ces étrangers, là, ceux avec des oiseaux ridicules, qui ont initié de telles abominations. Il y en a un surtout, avec des cheveux ridiculement longs, j’ai entendu dire qu’il couchait avec ses élèves. Ses élèves, vous imaginez? C’est révoltant. Il pourrait au moins s’attaquer à des femmes de son âge!»

Comme Belinda. Elle avait vu l’homme en question. Il était certes un peu empâté, mais il était assez beau, exotique avec ses cheveux noirs et sa peau mat.

«Son nom, par contre... je ne parviens pas à m’en souvenir.»

Elle écouta ensuite Owen faire son rapport sur Alemdar, le nouveau Héraut du Roi. Cet homme n’avait pas une once de cervelle, mais on ne pouvait qu’admirer son impressionnante mémoire. Il était capable de réciter ce qu’il avait entendu à la virgule près. C’était en tout cas ce qui se disait. S’il n’était pas né chez les hommes, il aurait probablement fait un remarquable messager... du moment qu’on ne le forçait pas à monter à cheval.

Fleur compléta encore ce portrait de ses propres observations, et Belinda ne peut que s’extasier devant un couple si bien assorti.

«Quelle redoutable paire vous faites! Vous Owen, si talentueux pour vous remémorer les moindres de détails, et vous Fleur, si juste dans vos appréciations!»

Elle sourit.

« Discret? Est-ce une bonne chose? Les gens discrets sont plus difficiles à cerner, et donc à manipuler. Quoi qu’il en soit, j’ai hâte de le rencontrer. J’espère qu’une fête sera bientôt donnée au Palais! Comme ça nous pourrons voir cet homme.»

Elle fit signe à son valet-de-pied de resservir du thé.

«En parlant de fête. Savez-vous où en sont les projets de mariage entre les Armentières et les de Girier? Cela fait maintenant deux ans qu’ils sont fiancés, et on ne voit toujours rien venir. Seraient-ce les Hérauts qui font barrage à ce mariage? Car  ils ont été tout deux Élus, n’est-ce-pas? Je parie qu’ils refusent les mariages dynastiques au nom de leur sacro-sainte liberté. Pourtant, ils sont si bien assortis, ces deux-là. Ne trouvez-vous pas, très chère Fleur? Vous avez fréquenté mademoiselle de Girier, il me semble, à l’époque où vous étudiiez au Collegium.»
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 23 mai 2014, 21:08:58
"Le Capitaine Beltran? Grand dieux non, je doute qu'il ai une vie sentimentale, bien que... avez-vous entendu comment il a traité la délégation venue l’accueillir au retour du front? Il les a tout bonnement ignoré, et le Roi avec par dessus le marché pour aller faire la cour à une gamine en gris! Ils ont même passé la nuit ensemble! Elle doit avoir la moitié de son âge, vous rendez-vous compte?! Et elle n'est rien, même pas de son rang, puisqu'il est noble, et ne vient pas de n'importe quelle famille! Je suis entièrement d'accord avec votre sentiment, tout ces gens sont vraiment dévergondés! Le genre de soirée que vous évoquez, par tous les Dieux... quelle déchéance, quel manque d'éducation, de tenue... C'est sûrement dans ce genre de divertissement scabreux qu'un des Lieutenant a mis enceinte une Guérisseuse du Palais!"

Quand Belinda se posa la question sur l'identité de l'étranger exotique aux cheveux longs, Owen répondit encore une fois automatiquement:

"Vous parlez de Fiersaule"

Fleur fit un grand sourire quand Dame Belinda complimenta leur couple.

"Merci beaucoup, je dois dire qu'il est assez rare d'arriver à une telle symbiose dans un mariage, n'est-ce pas mon ami?"
"Une sym-quoi?" demanda celui-ci en écarquillant les yeux d'incompréhension.
"Une symbiose, c'est... Dame Belinda disait que nous allions bien ensemble. Que nous formions un joli couple."

Owen comprit ce que disait sa femme et lui fit un sourire niais mais sincère, illustration de l'amour qu'il portait à sa jeune épouse.
La discussion roula ensuite sur le Héraut du Roi.

"Il ne pourra rester dans l'ombre très longtemps, il va devenir un personnage de premier plan, vous pensez bien. A ce moment là, nous saurons de quel bois il est fait."

Elle avait hâte de pouvoir le passer au grill.

"Une fête, vous pensez que le Roi à la tête à ça? On dit qu'il est anéanti de chagrin après la mort de Aranel et qu'il boude son nouveau Héraut, alors lui organiser une fête. Peut-être... Oh j'aimerai tellement! Une fête à la cour, ce serait fantastique! Du faste, de la musique... des ragots!"

La jeune femme battit des mains d'impatience.
Enfin, elle enchaîna sur le cas d'Isabeau, un peu plus prudente.

"Isabeau est une très bonne amie, et elle a été d'un grand soutien et d'une grande aide pour moi à une époque. Je lui souhaite de tout mon coeur de voir se réaliser ce mariage, c'est une fille de bonne famille avant d'être une apprentie Héraut, je suis certaine qu'elle rêve de se marier. Malheureusement, j'ai été prise dans un tel tourbillon à notre retour que je n'ai pas encore eu l'occasion de la voir, pourtant, il faudrait qu'elle rencontre Owen!"

Puis Fleur se pencha et se renseigna:

"Et vous Dame Belinda, vous savez peut-être des choses qui ne sont pas remonté jusqu'à moi?"

Quand elle essayait d'arracher des confidences, Fleur employait une voix caressante, persuasive.
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 26 mai 2014, 12:56:15
« Vous voyez bien! C’est un petit cachottier. Je suis certain qu’il a une vie amoureuse bien plus riche que ce qu’il laissa paraître. Quant à son rang... j’ai l’impression que le sang n’a aucun importance parmi ces gens. »

Ce qui était évidemment un scandale. Comment justifier son statut supérieur aux autres si on diluait le sang noble avec la première gamine venue?

«Et ce Lieutenant... j’imagine qu’il n’a pas assumé sa paternité? Il n’a même pas eu la décence de demander cette Guérisseuse en mariage? Pauvre fille...»

D’après ce qui se racontait, les enfants sans père étaient légion parmi les gens qui travaillaient au Palais. C'était proprement révoltant!

«Tout à fait! Mais quelle mémoire, c’est tout bonnement stupéfiant!»

Belinda admira quelques instants la complicité touchante entre ses deux invités. Ils étaient vraiment adorables, tous les deux. Il était surprenant qu’une jeune fille aussi gracieuse que Fleur ait pu s’accommoder d’un mari aussi lourdeau. Mais il était clair que leur couple était une réussite.

« Oui. J’ai même entendu dire qu’il ne parvient à remplir ses obligations que parce qu’il boit. Il n’aurait pas dessaoulé depuis la mort de son ancien Héraut. Cependant, il va bien devoir passer à autre chose. Et faire une fête permettrait d’intégrer rapidement Alemdar à la cour. Et sinon, le futur héritier a maintenant un an, non?  J’espère qu’à défaut de fêter le nouveau Héraut, ils organiseront un bal pour Kelian. Évidemment, ce serait peut-être de mauvais ton avec la guerre qui arrive, mais... ce serait tellement amusant!»

La guerre était quelque de d’abstrait pour la plupart des nobles de Haven. Aussi ne comprenaient-ils pas l’austérité prônée par la couronne.  Les rares qui avaient conscience de la réalité de la situation étaient au Conseil. Et ils freinaient des quarts fers devant cette guerre.

« Ce serait une magnifique occasion de faire la fête! On la dit amie avec le couple royale. Peut-être nous gratifieront-ils de leur présence!» Elle sourit. «Et je suis certaine qu’elle sera ravie de rencontrer Owen. Il est si charmant.»

Elle but quelques gorgées de thé avant de répondre à la question de Fleur.

«Oh, j’ai entendu des tas de choses. Quant à savoir si elles sont intéressantes pour vous.» Elle minauda. «Vous n’étiez pas encore revenu en ville, je crois, quand nous avons eu le droit à une véritable transhumance de ces drôles de bestiaux. Vous savez, ceux qui ressemblent un peu à des cerfs, mais avec des cornes torsadées. Je ne sais pas pourquoi, mais le troupeau installé près du Palais a été déménagé en dehors de la ville. J’imagine que l’odeur devait commencer à incommoder les gens. Je ne comprends pas pourquoi ils ont gardé ces animaux au Palais. Ont-ils des chèvres ou des vaches? Non. Alors pourquoi garder ces bêtes-là? J’imagine que leur chair doit être délicieuse, et que l’ancien Roi en était friand.»
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 03 juin 2014, 23:52:16
"Il faut croire qu'être élu accorde une place plus importante dans notre société que le sang..." répondit philosophiquement Fleur.

Il n'y avait pas vraiment d'analyse profonde derrière cette remarque, encore moins une critique du système, juste un constat.
Et puis quant au Capitaine Beltran, savoir qu'il avait une vie amoureux l'amusait beaucoup. Elle le trouvait si ennuyeux, si guindé!

"Vous pensez bien que non, ils ne sont pas mariés! Mais en ce qui concerne le guérisseuse, je ne la plains pas, elle s'affiche avec son ventre de femme enceinte, comme si elle en était fière, alors..."

Là en revanche, la réprobation était claire dans sa voix. Qu'elle ait un homme ou pas dans sa vie, Thalyana serait fille-mère, et ça, dans son éducation, c'était choquant, extrêmement choquant.

Quand Belinda félicita Owen pour sa mémoire, celui-ci lui sourit d'un air un peu absent, puis la conversation roula sur l'état du Roi Arthon et son chagrin manifeste.

"Une fête royale n'est jamais de mauvais ton, surtout quand cela fait si longtemps! Si il y avait vraiment la guerre, nous ne serions pas si nombreux à nous ennuyer non?" répondit la jeune femme avec insouciance. "Mais pour ce qui est de l'héritier... J'ai entendu dire que le couple royal songeait à déclarer leur fils adoptif modifié éligible au trône, vous imaginez? Il est même pas entièrement humain!" s’offusqua-t-elle.

Ici, Owen eut un frisson d'horreur. Puis il continua de manger.

"Oui, Isabeau est proche du couple royal" confirma Fleur. "Malheureusement, elle n'est pas bien bavarde de ce côté là. Mais le mieux encore, ce serait une grande fête, pour le nouveau Héraut du Roi, l'anniversaire de l'héritier, et un mariage, ah ça, ce serait fantastique!"

De nouveau, face au compliment de leur hôte, Owen sourit sans rien dire. A vrai dire, il ne savait pas trop quoi répondre au qualificatif de "charmant". La dernière fois qu'on avait usé pour lui de ce sobriquet, il devait avoir cinq ans. Ensuite, on s'était rendu compte qu'il était définitivement idiot, et on disait de lui qu'il était "gentil".

Fleur, elle, ouvrait grand ses yeux et ses oreilles pour écouter des ragots inédits. Dame Belinda avait des choses intéressantes à dire! Quand elle buta sur le nom des créatures, ce fut encore Owen qui l'éclaircit:

"Des Dyhelis."

Fleur avait mis quelques décades à s'habituer aux réponses courtes de son époux. Il ne brodait pas, ne construisait rien autour de ce qu'il avait à dire, parce qu'il n'avait pas l'imagination pour ça. Elle avait du comprendre que s'il ne disait que peu de chose, c'est qu'il n'avait que ça à dire de plus. Tout simplement. Et elle savait que ça pouvait être déconcertant de se retrouver face à une honnêteté aussi désarmante.

Owen connaissait les Dylehis, parce que c'était précisément ces créatures qu'il avait voulu que ses parents "achètent" pour remplacer les chevaux. C'était tout à fait stupide bien sûr. Il ignorait les pouvoirs de ces créatures, sinon il en aurait aussi peur que des chevaux, mais il se souvenait de leur nom, bien entendu.

"Vous avez raison, pourquoi ces bêtes n'étaient-elles pas aux Fermes Royale, comme les autres? Vous pensez vraiment que Uriens? Ooooh... Notre roi Arthon serait-il végétarien?"
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 04 juin 2014, 10:11:58
Belinda ne put qu’acquiescer à la constatation de Fleur. Dans tous les autres pays, la noblesse avait le statut le plus envié, le plus élevé dans la société. Mais à Valdemar, c’était les Hérauts qui paradaient au sommet. Certes, elle ne regrettait aucunement de pouvoir admirer tous ces magnifiques jeunes hommes tout de blanc vêtus, mais elle aimait se plaindre de la condition des nobles dans ce pays.

« J’imagine que ces Guérisseurs sont aussi dépravés que les autres. Ils sont bien évidemment indispensables par leur travail. Mais je crains que leur trop grande connaissance de corps leur ait donné un trop grand sentiment de liberté. Bien évidemment, j’ai utilisé les herbes, comme tout le monde, pour espacer mes grossesses. Mais en profiter comme eux pour coucher avec tout le monde. Les Dieux cependant se sont montrés fermes en punissant l’une des leurs d’avoir ainsi bafoué leurs lois ! »

Elle ressortait en partie le discours enflammé qu’un prêtre avait fait une fois à l’une des soirées mondaines du Palais. Elle n’était pas certaine d’être d’accord avec tout, mais c’était tellement bien formulé qu’elle n’avait osé en modifier trop la teneur.

« Quel âge a-t-elle ? Si c’est une paysanne, elle a simplement suivi les habitudes de sa classe. Ils se marient le plus tôt possible et se reproduisent à une vitesse folle. »

La question d’un bal royal semblait motiver Fleur autant que Belinda. Elle était par contre plus dubitative quant à la guerre. Son mari semblait bien convaincu qu’elle aurait lieu.

« Et même s’il y a la guerre, elle n’aura pas lieu ici. Nous autres serons condamnés à nous ennuyer et à nous inquiéter sans rien pouvoir faire. Organiser une fête permettrait de montrer que tout est bien sous contrôle. »

Ses yeux s’agrandirent à la révélation de Fleur sur le petit modifié.

« Vous devez plaisanter ? Comment peut-être envisager de mettre une abomination pareille sur le trône ? Ce serait la guerre civile, forcément. »

Elle frissonna théâtralement. Aucun noble n’accepterait comme Roi un enfant adopté modifié.

Puis la conversation revint sur la fête et elle approuva avec excitation.

« Un gigantesque bal. Ce serait merveilleux ! Je vais en glisser un mot à mon mari. Peut-être pourra-t-il convaincre qui de droit. »

Owen lui donna ensuite le nom de ces drôles de créatures cornues, et elle le remercia d’un sourire. Quel brave garçon. Sa prodigieuse mémoire rendait décidément bien des services.

« Un Roi, végétarien ? Je ne pense pas. Je me souviens de l’avoir vu manger de la viande à un banquet. Non, je crois simplement qu’il a estimé que les désavantages d’avoir ces créatures au Palais étaient plus grands que les avantages. Et puis, cela ne fait pas sérieux d’avoir un troupeau de ruminants qui broutent au milieu des jardins. »

Belinda fit resservir Owen qui arrivait déjà au bout de sa gargantuesque assiette. Elle se fit apporter un second morceau de gâteau et en proposa un à Fleur.

« Dites-moi... j’y repense à l’instant. J’ai cru entendre dire que c’était une drôle d’étrangère qui était responsable de l’état de Riannon. Que les deux femmes s’étaient battues presque à mort et que seule l’intervention musclée d’un Guérisseur avait pu les séparer. Attendez, j’ai son nom sur le bout de la langue... Pluievibrante ? Quelque chose du genre. Le connaissez-vous ? D’après ce que je sais, cela fait un moment maintenant qu’elle vit au Palais. »
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 10 juin 2014, 00:40:04
Fleur acquiesça avec vigueur à la diatribe de Belinda sur le manque de tenue totale des Guérisseurs en renchérissant avec emphase:

"Vous avez parfaitement raison! Et s'il ne s'agissait que des Guérisseurs, mais les Bardes aussi! Il y en a, dans leurs rangs, qui profitent de leurs jolis minois et leurs voix ensorcelantes pour piéger des jeunes filles innocentes! En particulier un, dont j'entendais déjà parler avant mon mariage, Keldran. Fort heureusement, ce n'était pas aussi dissipé chez les Bleus, sinon on aurait pu croire que fréquenter les Collegia était dangereux pour la vertu!"

Oui enfin, c'était un pieux mensonge. Si Fleur ne s'était jamais écarté du droit chemin, consciente de la valeur de son innocence conservée pour son futur époux, ce n'était pas le cas de tous ses condisciples! Il y avait beaucoup d'histoires scabreuses qui circulaient dans les couloirs, souvent colportées par elle-même en plus, mais là, tout de suite, ce n'était pas vraiment la peine de le rappeler.

"Quel âge a-t-elle? Je ne sais pas, Owen, vous en souvenez-vous?"
"Pardon?"
"L'âge de la guérisseuse enceinte?"
"Mhh, dix-neuf ans."
"Merci mon ami. Dix-neuf ans donc, et pas mariée. Une paysanne oui, c'est tout à fait ça. Espérons qu'elle ne répande pas son comportement léger dans la capitale."

A l'entendre parler ainsi et faire de la morale, on aurait pu croire qu'elle était de l'âge de Belinda, et pas du sien. Oui, mais dans la société qu'elle entendait fréquenter, dans ses salons dont son mariage lui ouvrait grand les portes, on ne disait pas n'importe quoi, n'importe comment. Pas qu'elle approuve en réalité le comportement de Thalyana, surtout pas, mais avec des gens de son âge, encore jeune fille, ils en auraient aussi - et surtout - plaisanter grivoisement.

La conversation roula sur la guerre imminente, et encore une fois, Fleur hocha la tête:

"Je suis bien de votre avis. Un royaume sûr de lui et prospère le célèbre pour le montrer à ses voisins."

Oulà, c'est que Fleur s'essayait à l'analyse politique! Il n'était pas certain qu'elle mesure parfaitement le sens de ce qu'elle disait. Même si elle avait raison.

"Je vous assure que c'est une rumeur qui se répand rapidement en société. Le Roi semble très proche de cet enfant adoptif, trop disent certain. Il est plus âgé que l'héritier légitime de plus."

Ici, Owen intervint timidement.

"Qui sait si cet enfant n'a pas de pouvoir caché pour ensorceler ses parents, non?"

Il se contentait en fait de répéter ce qu'il avait entendu, hypothèse à laquelle il croyait cependant.

"Quoiqu'il en soit" continua Fleur "si vous pouviez appuyer cette idée, ce serait vraiment fabuleux! Nous ferions savoir que vous êtes à l'origine des festivités, et je ne serai pas la seule à vous en être gré."

Et la promesse de faire courir un bruit favorable sur le compte de Belinda n'était pas à négliger, venant de Fleur!

La suite de la discussion concerna les habitudes alimentaire du Souverain, et ce n'est pas Fleur qui commenta, mais Owen:

"Il y a déjà bien assez de troupeau au Palais. Comme les Compagnons..."

Il eut un frisson d'horreur en y pensant.
Fleur accepta avec politesse la seconde assiette, même si elle ne fit que picorer quelques miettes. Elle avait toujours fait attention à sa silhouette. Elle écouta la question de Belinda et lui répondit:

"Pluiechantante! Oui, vous avez entendu vous aussi?! On les a trouvé, l'une collées à l'autre dans une situation... équivoque si vous voyez ce que je veux dire, il y avait du sang, des larmes, des dégâts. c'est précisément la guérisseuse enceinte qui les a découverte. Et depuis, Riannon est alitée. Et Pluiechantante est toujours là, pas le moins du monde inquiétée par ce qu'elle a fait à la doyenne des Bardes! Vous ne connaissez pas son métier? C'est vraiment très exotique, et positivement choquant. Elle est Ketras.... ksetrach... kertch..."
"Kestrachern" corrigera Owen.
"Oui merci. Kestrachern. Vous savez, ces étrangers qui, sous prétexte de guérir et masser pour détendre, font beaucoup plus de choses en réalité! Des choses tout à fait scandaleuses..."

Elle roula des yeux pour appuyer sa remarque tandis qu'Owen observait sa jolie femme en se disant qu'il lui ferait bien des choses scandaleuses aussi.
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 10 juin 2014, 09:15:31
« Oh oui, j’ai entendu parlé de cet oiseau-là. Un vrai coureur ! Aucune jeune fille n’est à l’abri avec lui dans les parages. »

Elle se souvenait bien de l’énergumène. Un vrai charmeur, avec un sourire à faire fondre le mur de glace du nord.

« Bien évidemment que les Bleus se tiennent mieux. Déjà, la gouvernante est bien plus stricte là-bas, sans compter qu’il s’agit en majorité d’enfants de la noblesse, donc avec une morale des plus élevées et une conscience de leur rang et de leur devoir bien supérieure. »

Belinda avait elle aussi étudié au Collegium, dans ses jeunes années. Elle avait adoré la liberté dont elle avait bénéficié durant sa scolarité. Quand elle était partie pour se marier, elle avait souvent regretté sa petite chambre et ses amies.

« Les Collegia sont pleins de paysans. Après tout, les Compagnons choisissent leurs Élus dans toutes les couches de la société, et on trouve, étonnement, des gens Doués partout. J’aurais pensé que des Dons aussi nobles ne se trouveraient que chez des gens ayant l’élévation morale nécessaire à leur usage. Mais non. La nature est mal faite. »
 
Belinda enviait quelque peu les gens possédant des Dons. Elle aurait aimé avoir la voix ensorcelante des Bardes, l’Empathie des Guérisseurs et surtout la Parole par l’Esprit des Hérauts. Elle aurait adoré pouvoir médire avec ses amies en toute discrétion.

C’était décidé, Belinda parlerait à son mari de cette fête. Fleur avait raison. Cela ne pourrait que servir le pays si on montrait partout sa prospérité et son assurance. Elle lui demanderait aussi, pour cette histoire de modifié. Si c’était vrai, il serait de son devoir de tout faire pour l’empêcher.

« Des pouvoirs cachés ? Je ne sais pas. Je pensais que les Compagnons pouvaient protéger leurs Élus de ce genre de choses. Je pense simplement que c’est l’amour qu’il porte à sa femme qui obscurcit son jugement. N’était-ce pas elle qui avait ramené cet... enfant ? En même temps que son ventre distendu de femme enceinte. »

Belinda approuva d’un sourire la remarque de Owen. Elle ne savait pas si elle pouvait considérer les Compagnons comme un troupeau, mais il était certain qu’il vivait là-haut une véritable ménagerie.

Elle fut cependant déçue d’apprendre que ce n’était pas un puissant Guérisseur qui avait sauvé Riannon, mais une petite gamine enceinte. Elle s’était imaginé la scène avec un grand plaisir, et maintenant cela perdait tout son intérêt.

« Je me demande ce qui s’est passé. Saurons-nous un jour ? Je suis certaine que cette étrangère a bénéficié d’un traitement de faveur. Peut-être a-t-elle fait profiter de ses services les bonnes personnes ? Il paraît que cela ouvre des portes... D’après ce que je comprends de votre description, elle s’adonne à la prostitution sous le couvert d’une activité plus honorable ? Bien que je ne trouve pas la profession de masseuse honorable, à bien y réfléchir. »

Elle était à la fois outrée et curieuse. Certes une femme Kestra’chern ne l’intéressait pas. Mais un homme ? S’il était bien mis ?

« J’y pense soudain. Et si elles s’étaient battues pour cet homme-là, le nouveau Héraut du Roi ? Peut-être l’étrangère l’a-t-elle séduit et et qu’elle le pensait sien. Quand elle a découvert qu’il entretenait une relation avec la Doyenne des Bardes, elle est allée régler ses comptes ? »

Quelle passionnante histoire ! Digne d’une chanson de Barde..
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 17 juin 2014, 15:41:13
"Je ne l'ai pour ma part encore jamais vu, ça ne saurait tarder je pense."

Quelqu'un n'appartenant pas au même monde aurait été choqué que Fleur puisse parler aussi légèrement de quelqu'un qu'elle n'avait jamais rencontré. Mais c'était pourtant normal. Fleur avait rencontré nombre de personne dont elle connaissait déjà mes histoires et les secrets. C'était pratique. Elle avait ainsi dès le départ une certaine longueur d'avance.
En ce qui concernait le brassage social des élections de Compagnon, Fleur acquiesça:

"Oui, si seulement les personne qui possèdent le pouvoir de par leur naissance étaient ceux qui étaient choisis pour l'exercer, les choses seraient certainement différentes.."

Elle ne rajouta pas qu'elles seraient un peu plus ennuyeuses aussi. Parce que une bonne partie de ces nobles n'étaient pas franchement beaux à regarder, alors que prenez un Héraut classique, élu dans son coin reculé de campagne, et bien il était tout de suite plus appétissant!

"Oui, elle est partie en mission, puis revenu enceinte jusqu'aux yeux et avec cet enfant bizarre trouvé en plein milieu de nulle part." confirma ensuite Fleur au sujet de Saskia.
"Et les Compagnons peuvent être bernés aussi, ils ne sont pas tout puissant." rajouta Owen.

Le jeune homme préférait en effet se persuader des faiblesses possibles des Compagnons.

La conversation roula ensuite sur l’intéressante confrontation entre Riannon et Pluiechantante.

"Vous comprenez bien. Les défenseurs de cette profession arguent que les rapports charnels ne sont là que pour guérir, mais je n'y crois pas une seconde. Quelle genre de maladie serait guérit par ça, je vous le demande!"

L'hypothèse émit ensuite par Belinda fit briller les yeux de Fleur, qui faillit en sautiller sur son fauteuil avant de se souvenir que ça ne se faisait pas.

"Vous croyez? Oh Dame Belinda, c'est là une explication tout à fait possible, presque certaine! Après tout, le Héraut est aussi un étranger, quoi de plus normal qu'il s'accoquine avec une non-Valdemarane? Experte en la matière, qui plus est! Quant à Riannon, on dit qu'elle a un épouvantable caractère, rien d'étonnant qu'elle en vienne aux mains. C'est sûrement pour ça que le père de sa fille n'est pas resté avec elle, séduit par sa beauté mais dégouté par son caractère."

Elle but une gorgée de thé et failli étouffer avec quand une autre idée traversa son esprit:

"Ou alors... Vous savez, nous venons de nous entendre sur le fait que les Bardes étaient souvent des pervertis, et le cas de Pluiechantante, vu son métier, est aussi assez clair, elles sont peut-être des passe-temps charnels violents et attendaient que le nouveau Héraut les rejoigne dans une affreuse orgie!"

Des images indistinctes lui venaient en tête pour illustrer ses propos et elle rougit un peu.
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 18 juin 2014, 09:18:17
Dame Belinda, comme la plupart de ses compatriotes, était persuadée de la nature profondément mystérieuse et magique des Compagnons. Certes, ils étaient des chevaux, avant tout. Mais ils étaient dotés de toute la sagesse des esprits de la nature, à n’en point douter. Ils n’étaient probablement pas aussi intelligents que ce que prétendaient les Hérauts, mais certainement bien plus qu’un cheval normal. Ils n’étaient pas infaillibles, mais Belinda refusa à croire qu’on pût les berner si facilement. Après tout, un chien sait quand on cache sa peur, il la sent. Il perçoit la duperie, le mensonge. Il devait en être de même pour les Compagnons.

Elle répondit donc avec prudence.

« Bernés ? Je ne sais pas. Mais peut-être n’ont-ils pas l’éducation nécessaire pour réaliser ce qui contrevient aux bonnes mœurs... »

Elle passa avec soulagement à un sujet plus croustillant, laissant définitivement là ce qui concernait les Compagnons.

« Les rapports charnels ? Guérir ? Quelle idée saugrenue ! Effectivement, on peut se demander quelle affection justifierait un traitement aussi scandaleux. J’imagine donc qu’elle ne soigne que des hommes ? Il serait inimaginable qu’elle fasse profiter des femmes de ses attentions ! »

Son hypothèse lui avait déjà semblé à la fois scandaleuse et passionnante, mais la supposition de Fleur était d’un tout autre niveau. Imaginer deux femmes se faire du mal pour avoir du plaisir, se faire saigner et se blesser gravement pour quelques instants volés au temps... Elle répondit d’un ton faussement outré.

« Vous pensez qu’elles se faisaient mal exprès ? Et que la Guérisseuse qui les a séparés a fait du zèle ? » Elle s’interrompit, songeuse. « En fait, probablement que c’était au Héraut de venir les séparer, dans une mise en scène grotesque et révoltante, et qu’elles se seraient alors jetées sur lui pour l’attacher et lui faire subir les pires sévices ! Et depuis on tient Riannon à l’écart, à cause de son comportement, et on justifie cela en prétendant qu’elle est gravement malade... C’est vraiment inadmissible ce qui se passe là-haut. Penser que le Palais couvre de tels débordements, de telles atteintes aux bonnes mœurs ! »

Bien évidemment, Belinda ne croyait pas un mot de ce qu’elle venait de dire. Elle estimait que l’explication la plus probable était sans doute la bonne, et que les deux femmes s’étaient simplement battues pour un homme. Mais tel était le jeu des ragots. On racontait, déformait, enjolivait, transformait tant les histoires qu’elles en devenaient irréelles et bien plus intéressantes.

« Donc notre nouveau Héraut du Roi serait un adepte des sensations fortes ! Ce qui explique qu’il ne parvienne pas à s’intéresser aux femmes ordinaires. J’ai entendu dire qu’on le surnommait ‘‘le Moine’’. Je comprends maintenant que ce surnom n’est que de la poudre jetée aux yeux du monde pour cacher ses penchants malsains ! Que va-t-il advenir de notre beau pays, maintenant qu’il est aux mains d’un homme soumis, d’une femme débauchée et d’un dépravé violent ? » s’émut-elle d’un ton artistiquement désespéré. « Notre pauvre souverain, si calme et doux, ne manquera pas de se faire déborder par deux personnalités aussi mauvaises ! Et alors, qui nous protégera ? »
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 29 juin 2014, 23:15:28
Quand Belinda nuança la remarque d'Owen au sujet du caractère des Compagnons, celui-ci voulu répondre mais sa femme, d'un geste tendre de la main sur son bras, l'en dissuada. Ce n'était pas vraiment un débat à lancer dans un si élégant salon. Si leur hôte avait abondé dans son sens, cela aurait été possible, voire recommandé. Mais dans ce cas, le silence était la seule solution.
Le sujet de Pluiechantante était autrement plus simple à traiter, puisqu'il ne demandait qu'à critiquer la kestrachern le mieux possible:

"Oh non Dame Belinda, elle 'soigne' aussi des femmes!" répondit Fleur avec outrance.

Puis Belinda renchérit sur l'hypothèque que la jeune mariée avec formulé avec délectation. Fleur entendait bien dans sa voix qu'elle n'y croyait pas beaucoup, mais ce n'était pas tant de convaincre qui lui plaisait, mais plutôt d'en parler.

"Et oui, et nous en revenons toujours au même constat. La couleur de certains uniformes octroie une bien trop grande libéralité, approuvée qui plus est... voilà qui est regrettable."

Le sujet dévia sur le caractère du nouveau Héraut du Roi en particulier. En voilà un homme que Fleur brûlait d'envie de rencontrer!

"Oui, les surnoms sont parfois bien utiles pour s'inventer une réputation déméritée. Il faut que nous soyons très vigilants sur ce qu'il va se passer..."

Quand Fleur disait "nous", elle sous-entendait bien évidemment "les nobles". Pas qu'elle envisage une mutinerie, un coup d'état, surtout pas, mais:

"Imaginez quelle genre d'image nous donnerions aux autres pays si les royaumes voisins pensaient que nous sommes gouvernés par des personnes aux mœurs légères? Trevale commerce à l'étranger, comme beaucoup de grande famille, ce ne serait pas judicieux!"

Owen ne disait rien, car la conversation était devenu trop pointue pour qu'il la comprenne. Il se contentait donc de finir son assiette.

"Sans vouloir manquer de respect à notre Roi bien aimé" rajouta Fleur.
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 06 juillet 2014, 09:15:16
Belinda prit un air assez comique, entre dégoût, effroi et envie.

« Mais... comment cela se peut-il ? Je sais bien que certaines femmes préfèrent les femmes — elles ne savent pas ce qu’elles ratent — mais comment ce genre de rapports biaisés peuvent-ils guérir ? Un homme se sentira évidemment plus homme, plus fort, après avoir pris une jolie femme. Mais une femme ? Comment peut-elle se sentir mieux d’avoir sacrifié à des pratiques aussi dégoûtantes ? »

La noble dame savait bien que les comportements des Hérauts, Guérisseurs et Bardes n’étaient guère plus scandaleux que ceux des fils de bonne famille. Mais à la différence des nobles, les gens des Collegia n’éprouvaient aucune honte à se comporter ainsi et ils vivaient leur vie sans se soucier des ragots qui pouvaient circuler.

« Nous devons cependant admettre que les Hérauts, au moins, donnent suffisamment au pays pour se permettre d’être excentriques. Quant aux Bardes, je crois que tous seraient déçus s’ils se comportaient vertueusement. Vous savez, je connais une jeune Barde, noble, qui à l’âge respectable de vingt-six ans, se targue d’être encore vierge. Une Barde ! C’est difficile à croire, et pourtant, vu que cet état de fait la dessert, j’imagine que c’est vrai. Mais je dois avouer que je trouve cela presque gênant, une Barde aussi vertueuse. Elle chante des chansons sans les comprendre ! » Elle rit. « Les Guérisseurs, par contre, se devraient d’être un modèle de vertu et de droiture ! Comment confier nos corps à des gens sans retenue, sans décence ? Si on doit craindre d’être séduite, voire violée par l’homme censé vous soigner... comment oser encore aller les voir ? »

Belinda aurait adoré être séduite par un beau Guérisseur aux mains délicates et expertes. Malheureusement, chaque fois qu’elle devait en appeler un, on lui envoyait un membre du cercle, un vieux barbon si sérieux et professionnel qu’elle avait l’impression de n’être pour lui qu’un mannequin de paille.

« Les surnoms... après tout, ce sont des masques que l’on porte pour ne pas avoir à avouer sa vraie nature. Quel besoin de se dire “le brave” si effectivement, le courage nous habite ? Quant à ce “Moine”, je crois qu’il s’agit là d’un surnom humoristique que lui auront donné ses hommes à cause de sa trop grande fréquentation des “temples du plaisir”. » Elle soupira. « Je dirais à mon mari de le garder à l’œil. Après tout, il faut bien que ce Conseil serve à quelque chose, vu qu’il ne s’y passe pas grand-chose. »

Belinda obtenait habilement de son mari un compte-rendu de chaque séance du Conseil. Elle savait comment le flatter pour l’amener à lui parler de tout, même des discussions les plus confidentielles. Elle ne trahissait pour ainsi dire jamais les secrets qu‘elle apprenait, mais elle aimait être au courant. Et elle glissait des suggestions à son mari, pour son propre compte, ou celui d’amies proches qui avaient besoin d’aide pour leur époux.

« Vous savez, nos voisins prennent les Hérauts pour l’incarnation de la noblesse, de l’honneur et de la droiture. Ils sont persuadés qu‘un Héraut est incapable de duplicité. Ils ne voient que l’ouverture d‘esprit et élévation sociale du pays. Ils sont plus naïfs encore que nos concitoyens ! » Elle soupira avant de poser sa tasse de thé sur la petite table basse. « Le Roi lui incarne tous ces idéaux, heureusement. Mais bien peu à ses côtés ont un comportement digne de lui. »

Dame Belinda était repue à présent, de gâteau et de ragots. Elle était heureuse d’avoir pu remettre la jeune De Trevale en selle. Elle s’était fait une nouvelle alliée parmi les nobles dames de Haven, et elle savait maintenant que Fleur lui raconterait les nouveaux ragots en priorité.

« Mes enfants, ce fut vraiment un plaisir de vous avoir avec moi cet après-midi ! Je suis très heureuse d’avoir été celle qui vous a accueilli pour votre retour dans notre chère ville ! Mais j’imagine que vous devez avoir des projets pour ce soir, et je ne voudrais pas risquer de vous mettre en retard avec mon bavardage incessant. »

Elle fit signe au serviteur de préparer le départ des deux jeunes gens.


[Encore un tour après celui-là? tu postes, je poste et tu clos?]
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 11 juillet 2014, 21:01:14
Fleur était capable de palabrer sur tout, mais pas avec la même aisance à chaque fois. Aussi, quand Belinda commenta la vie sexuelle des personnes préférant le même sexe qu'eux, la jeune femme rougit et balbutia un peu:

"Vous... comprendrez que je n'ai pas de réponse à cette question, bien sûr... "

Elle préféra rebondir sur la vie libérée que menait les étudiants de certains Collegia à la vue et au su de tous, c'était un sujet plus à sa portée:

"Oui, les Hérauts ont bien le droit à notre indulgence après tout"
"Fleur!" s'offusqua Owen.

Ah, le sujet qui fâchait entre eux. Le seul qui lui donnait un peu d'éloquence face à sa jolie femme et au reste du monde d'ailleurs. On pouvait accorder à Fleur qu'elle avait beaucoup de chance de n'avoir que ce point de discorde dans son mariage, mais cela l'ennuyait beaucoup.
Elle était jeune, elle était encore assez frivole, elle était une femme... du coup, elle admirait les Hérauts, depuis son enfance. Contrairement à son époux, elle avait grandit à Haven, leur bastion. Et son père n'avait jamais critiqué leur pouvoir, jamais. Mais elle était mariée, à présent, et en théorie, elle devait suivre les opinions d'Owen plutôt que son père. Ou en donner l'impression, car dans la réalité, et personne ne s'y trompait, elle la première, c'était elle qui dirigeait leur ménage, et dirigerait l'avenir du nom des Trevale, quand ses beaux-parents disparaîtraient.

Owen n'avait pas conscience de tout ça, bien sûr, mais il ne désespérait pas la rallier à sa cause.
Et il pouvait raisonnablement espérer, car Fleur, d'un tempérament influençable comme lui, n'était pas hermétique à certaines arguments. Pas forcément ses arguments à lui, mais surtout ceux du milieu dans lequel elle entrait de plein pied, celui des nobles de Haven. Le temps, et leurs fréquentations mondaines feraient ce travail à sa place. Cela expliquait déjà les commentaires de Fleur sur la vie honteusement libérée des Hérauts malgré le crédit qu'elle leur accordait, et son opinion sur leur poids politique regrettable.
Bref, la jeune Fleur de Trevale goutait aux milliers de nuances de la politique avec encore beaucoup de maladresse.

Elle adressa un sourire séducteur à son époux qui fit la moue mais, sagement, ne rajouta rien. Pas d'éclat en société, elle l'avait bien chapitré là-dessus. Le débat houleux, ce serait pour plus tard, chez eux.
Elle rebondi sur la suite du commentaire de Dame Belinda:

"Vingt-six ans et toujours vierge? C'est curieux, vraiment... Eux qui parcourent le pays pour y chanter souvent l'amour... Une exception pour confirmer la règle, je suppose."

Quant aux guérisseurs, étant donné la santé fragile d'Owen, elle en voyait beaucoup et n'avait pas grand chose à leur reprocher si ce n'est:

"Le problème des guérisseurs est leur détestable manie à se sentir supérieur grâce à leurs compétences, surtout face à des personnes qui ont besoin de leur aide!"

Là, elle pensait aux nombreux Verts qui avaient conseillé à Owen d’arrêter de s’empiffrer toute la journée, lui qui trouvait dans la nourriture un tel bonheur. Le pire ayant surement été celui qui lui avait conseillé, pour sa santé, de se dépenser en plein air en faisant de l'équitation. Elle se souvenait encore de l'épouvante de son époux qui avait maudit le maladroit guérisseur.
Mais on ne parlait pas en public de la célèbre phobie d'Owen de Trevale, aussi, Fleur n'insista pas et réagit plutôt à l'analyse de son hôte sur les surnoms en général:

"C'est vraiment très bien dit Dame Belinda, vous avez tout à fait raison, les grandes qualités n'ont pas besoin d'être soulignées, elles sont évidentes chez ceux qui en sont pourvu."

Mais le sujet des Héraut revint sur le tapis, fort heureusement pour Owen, ce ne fut pas pour en dire du bien et il acquiesça:

"Quelle naïveté, oui!"

Cette remarque dans sa bouche avait de quoi faire rire, mais bien entendu, personne ne le fit. Fleur se contenta d’encenser le Roi, comme tout courtisant qui se respecte.

"Notre pauvre Roi est bien seul, oui, on ne peut que lui souhaiter avec des conseillers à sa hauteur, votre époux par exemple."

Il ne fallait toutefois jamais oublier de flatter aussi son interlocuteur quand on le pouvait!
La rencontre tirait à sa fin et Fleur se leva avec grâce pour remercier son hôte:

"Votre bavardage comme vous l'appelez ne sera jamais ennuyeux pour moi, et nous sommes encore plus heureux que vous nous ayez fait l'honneur de nous recevoir, on ne saurait avoir plus importante distinction dans notre société, n'est-ce pas mon ami?"

Owen regarda sa femme, et après une seconde d'absence, répondit:

"Tout à fait, et vous avez le don de savoir recevoir!"

Savoir recevoir voulait dire pour lui proposer une collation généreuse et goûteuse, ce qui avait été le cas. Il se leva et salua avec sa lourdeur naturelle Belinda. Fleur fit aussi une révérence, mais beaucoup plus élégante.

"Nous sommes attendus chez mon père pour le diner, je lui raconterai quelle délicieux après-midi j'ai passé en votre compagnie."

Sur ce, elle attendit qu'on lui ramène sa cape.
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Conteur le 12 juillet 2014, 11:13:23
Le pauvre Owen semblait vraiment ressentir une grande hostilité envers les Hérauts. Elle ne le croyait pas partisan des anti-Hérauts. Il était, avouons-le, trop bête pour cela. De plus, avec une épouse comme Fleur, élevée au Collegium, il ne pourrait s’engager ouvertement contre eux. Belinda estimait que cette inimitié n’était pas causée par de quelconques considérations politiques. Elle soupçonnait que la raison en était bien plus triviale. Un ancien différent avec un Héraut ? Un dépit amoureux ? Ou simplement de la jalousie ? Ou alors la raison était encore moins avouable, et les rumeurs qu’elle avait entendues étaient fondées. Souffrait-il vraiment d’hyppophobie ?

La jeune Fleur semblait en tout cas bien plus à l’aise dès que l’on s’éloignait de cet épineux sujet. Sans doute n’était-elle pas d’accord avec son époux et qu’il s’agissait là d’un point de discorde fréquent entre eux.

Belinda sourit. Elle était presque certaine que Fleur connaissait au moins de vue la Barde en question.

« Peut-être la connaissez-vous. Vous n’êtes pas si éloignées en âge après tout. C’est la jeune Lucinda de Vaum. Sinon je pense que vous la rencontrerez bientôt, à l’occasion d’un bal ou d’un concert. »

Belinda n’avait jamais spécialement remarqué que les Guérisseurs souffraient d’un quelconque complexe de supériorité. Mais elle n’avait fréquenté que les plus anciens et les plus sages, ceux qui n’avaient plus rien à prouver et aucun besoin d’étaler leur science. Elle répondit avec diplomatie :

« J’imagine que sauver des vies tous les jours finit par leur monter à la tête. Difficile d’être humble quand on tient la vie des autres dans ses mains... »

Elle était contente que sa grande vérité sur les surnoms (ou plutôt son beau poncif) ait convaincu ses hôtes. Elle adorait exposer ses opinions, et adorait plus encore qu’on les soutienne.

Belinda aimait vraiment le Roi. Elle lui trouvait un petit air triste tout à fait charmant, comme les héros tragiques des ballades anciennes. Elle était fière que son mari soutienne un homme aussi honorable.

« Oh oui, mon mari est très proche du Roi. Et il tente de l’assister au mieux de ses capacités. »

De fait, le mari de Belinda n’était pas plus proche du Roi qu’un autre membre du conseil, mais son siège était effectivement au plus près du Roi possible. Celui-ci siégeait entouré de ses Hérauts, et ensuite venaient les nobles, dont Sieur de Horn, qui s’asseyait toujours à côté du Héraut du Maréchal.

« Oh, mes enfants, vous me faites rougir ! » minauda-t-elle. « Ce n’était qu’un petit goûter entre gens de bonne compagnie. Et je me devais de vous accueillir aujourd’hui, ma très chère Fleur ! Car je sais bien que vous serez sollicitée de toutes parts dès demain, soyez-en certaine ! Il n’y aura pas un bal ou une réception où vous ne serez pas invitée ! » Elle se tourna vers Owen. « Si cela vous sied, je peux demander à mon cuisinier de transmettre au vôtre la recette de ce gâteau que vous avez semblé tant apprécier ! »

Belinda se leva à son tour et esquissa une légère révérence.

« Transmettez-lui mes salutations, ainsi que celles de mon époux. Il me semble que cela fait bien trop longtemps que nous ne nous sommes plus revus ! Il faut vraiment que j’organise un bal ou une petite fête ! Il y a trop longtemps que nous n’avons pu nous amuser ! »

Elle fit un léger signe de tête en direction du valet qui se tenait à côté de la porte. Réagissant au signal, le valet transmit l’ordre et un serviteur apporta les vêtements des invités. Le valet proposa ses services pour aider le couple à revêtir leur cape. Quand ils furent parés, Belinda s’approcha de Fleur, lui tendant les bras, et déposa une légère bise sur la joue. Puis fit une révérence un peu plus profonde que la précédente à Owen.

« Revenez me voir, mes très chers, quand vous aurez un peu de temps. Je serai ravie de vous recevoir à nouveau pour un petit goûter. »

Le valet les guida ensuite en dehors de la pièce, jusqu’à la porte d’entrée. Leur voiture leur attendait déjà au bas des marches.
Titre: Re: [Fleur] Retour en ville
Posté par: Fleur de Trevale le 13 juillet 2014, 12:39:55
Le sujet sensible des hérauts était écarté et Owen arrêta de bouder trop ostensiblement. Fleur rebondit sur le nom de la barde vertueuse dont lui parlait Belinda:

"Lucinda de Vaum, voyez-vous ça? Je la connais de vue, je l'ai déjà entendu chanter, une vraie merveille!"

Oui enfin c'était l'avis des personnes avec qui elle se trouvait à ce moment là, et elle était tenté de les croire puisque pour sa part, elle n'avait aucune culture musicale à part les balades romantiques chanté par des Bardes masculins, bien sûr.

"Elle est de bonne famille, je suppose que c'est son éducation noble qui veut ça, elle doit attendre le mariage. C'est curieux puisque son statut lui accorde une totale liberté sur sa vie mais les Bardes sont souvent originaux."

Puis Belinda accorda à son invité que le rôle de guérisseur pouvait en effet montait à la tête de certains, et Fleur acquiessa:

"J'en suis intimement persuadée."

Ce n'était toutefois pas une raison pour qu'elle les dénigre évidemment, juste un argument comme un autre pour en parler.
Son compliment habile sur l'importance de Sieur de Horn dans le gouvernement fit mouche, même si Fleur ne savait pas vraiment ce qu'il se passait pendant un conseil. Son père n'avait jamais rien voulu lui confier, et pourtant, elle avait tellement essayé de le faire parler!

"Je suis certaine que notre Roi rend honneur à l'importance de l'assistance que lui apporte votre époux." rajouta-elle alors.

Puis vint l'heure du départ. Quand Belinda lui dit qu'elle serait sollicité de toute part, ce fut à Fleur de minauder, tout en étant entièrement d'accord:

"Ah, j'espère que vous dites vrai et que j'ai autant manqué à la Capitale que celle-ci m'a manqué, en dépit de ma profonde affection pour Trevale, bien sûr."

Elle avait dit ça à l'intention d'Owen, mais celui-ci ne l'écoutait pas, l'esprit réjouit à l'idée que son cuisiner obtienne encore plus de recettes délicieuses.

"Mon cuisiner accueillera volontiers le votre pour des conseils, je vous remercie."

Dans la vie d'Owen à présent, il y avait deux personnes importantes pour lui. Sa femme, et son cuisiner. Et parfois, la cuisine était plus importante.
Heureusement, Fleur ne s'en souciait que peu.

"Je lui transmettrai bien entendu et je suis certaine qu'il pense la même chose. Mais vous savez ce que c'est, la vie à Haven, les devoirs, les occupations... J'ai hâte que vous donniez un bal, et je ferai certainement la même chose une fois qu'Owen et moi serons décemment installés, et que nous aurons refait la décoration."

Owen se laissa vêtir mais prit la cape de sa femme qu'il lui posa lui-même sur ses épaules. Ce n'était pas de la galanterie naturelle, c'était Fleur qui lui avait demandé de faire ça en public, elle trouvait que cela donnait une charmante image de bonheur conjugal.
Elle accueillit l'embrassade de Belinda avec un sourire ravi et répondit à son invitation:

"Nous n'y manquerons pas."

Puis elle prit le bras de son époux et ils sortirent. Leur voiture les attendait, et ils grimpèrent à l'intérieur.
Une fois installé, Owen se souvint de ce que sa femme avait dit au sujet des Hérauts et lui reprocha:

"Fleur vraiment, comment pouvez-vous dire que les Hérauts méritent de l'indi... indug..."
"Indulgence, c'est le mot que vous cherchez je suppose. Owen, nous en avons déjà parlé, et nous n'arrivons jamais à tomber d'accord..." soupira Fleur.
"Mais parce que vous avez tort" s'offusqua son époux.
"Owen, je ne pouvais décemment pas contredire notre hôte, vous le savez bien..." éluda-t-elle.

Celui-ci bougonna. Fleur prit sa main qu'elle posa sur sa cuisse et lui adressa une moue charmeuse et espiègle:

"Suis-je pardonnée tout de même?"

Toute fâcherie oubliée, Owen regarda sa femme avec un air gourmand. Ses mains baladeuses illustrèrent son pardon et Fleur eut un rire léger en chassant ses caresses maladroites:

"Owen! Pas ici, attendez-donc que nous rentrions chez nous!"
"Mais nous allons d'abord chez votre père..." se plaignit Owen.
"Un peu de patience alors." conseilla Fleur. "Et vous savez, vous ne le regretterez pas, nous mangeons toujours très bien chez mon père, non?"

[RP CLOS]