Valdemar RPG

Haven => Haven => Discussion démarrée par: Fitz le 04 août 2014, 22:39:29

Titre: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 04 août 2014, 22:39:29
3eme Jour 5eme décade d'été


Bon, une mission pour Karse, un nouveau pouvoir qu’il apprenait à maîtriser, une femme dont il devait prendre soin, un nouveau grade de Capitaine. Les choses changeaient dans la vie du gamin au dos lacéré de coup de fouet, et il avait pris une décision.

Le matin même avant de se rendre en ville il avait accroché en face de son lit son énorme hache de bûcheron au mur. Il estimait qu’elle avait le droit à un repos bien mérité, il la récupérerait le jour où tout cela sera fini, et qu’il pourrait accomplir son rêve : se trouver une petite mansarde à l’orée d’un bois, où il pourrait élever ses enfants avec Feuille, tout en taillant des jouets en bois qu’il irait vendre en capitale pour les gosses. Même si il n’avait pas encore parlé d’une éventuelle progéniture avec Feuille quand toute cette histoire de divinité sera conclue.

Depuis plusieurs semaines déjà il s’entraînait au maniement d’arme à une main, et il avait trouvé un équilibre dans l’utilisation simultanée de deux haches courtes. Il retrouvait les sensations lors de l’impact et les positions de combat de son ancienne arme, en gagnant en élégance et en rapidité d’action. Et puis il faisait moins brute mal dégrossie, ce qui était un plus si il devait se rendre auprès des Karsites… Il allait y représenter l’armée de Valdemar après tout. Et il avait du mal avec l’idée que les langues de vipères de la cour pourraient mentionner le fait que le roi avait envoyé un campagnard comme représentant de l’armée à Karse.

Le voilà donc de retour du marchand d’arme d’Haven, ses deux nouvelles armes attachées dans son dos. Il fallait qu’il s’habitue à les avoir sur lui, et les haches à la ceinture c’était la meilleur façon de s’entailler la moitié de la cuisse au moindre mouvement d’urgence, et comme tout le monde le sait, la course à pied devient compliquée quand il ne reste plus qu’une jambe. Il ajustait donc soigneusement son harnais en cuir, déplaçant légèrement les haches pour gagner en mobilité. Même si la tout de suite ce qui le dérangeait le plus étaient ses épaulettes de Capitaine d’escadron. Il avait dû enfiler un uniforme correct pour pouvoir obtenir ses armes commandées par l’armée de Valdemar, et forcément son nouveau grade était bien voyant sur le haut de son veston.

Il dégaina les haches, vérifiant la facilité qu'il avait pour les enlever du harnais, et d'un mouvement vif du poignet fit tourner les haches autour de ses mains. Elles étaient légères, bien plus légère qu'il ne le pensait, le métal était magnifiquement travaillé. Il se souvint un peu tard qu'il était dans la rue, et le visage effrayé des passants ne laissait aucun doute: il leur avait foutu la trouille de leur vie.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 05 août 2014, 09:04:49
Pluiechantante avait besoin de prendre l’air. De sortir du Palais. Elle commençait à ressentir une pointe de claustrophobie chaque fois qu’elle levait les yeux sur les murailles qui entouraient le complexe palatial.

Il lui avait fallu du temps pour se remettre de son combat. Puis, pour aider sa guérison, elle s’était lancée avec bonheur dans un nouveau projet avec Sourcedésert, leur projet, leur futur enfant. Elle avait consacré tout son temps libre à s’informer sur des questions de fécondité, de Dons, d’hérédités, et elle avait vécu dans une bulle pendant plusieurs décades.

Quand enfin elle avait senti l’énergie familière revenir en elle, elle avait repris le cours normal de sa vie. Et là, il y avait eu les regards, les chuchotements, les gens qui s’écartaient sur son passage. Heureusement, Sourcedésert l’avait prévenue quant aux médisances ; elle s’amusait plutôt des histoires fantasques qui courraient à son sujet. Naïvement, elle avait pensé que le feu de la rumeur finirait par s’éteindre faute de combustible. Malheureusement, chacun de ses actes ne faisait que nourrir les ragots, sans qu’elle comprenne pourquoi. Ce qui l’avait d’abord énormément amusée finit par la lasser. Et elle tenta d’agir de manière à faire taire les murmures. Mais malgré sa volonté, sa joie, son insouciance, elle n’était pas parvenue à faire taire les ragots, ni même à les retourner en sa faveur. Et les chuchotements constants avaient commencé à déclencher chez elle des crises de claustrophobie.

Elle aurait aimé que quelqu’un fasse un démenti public, que quelqu’un expose les faits. Mais il semblait plus important aux yeux des dirigeants de garder le secret sur la trahison involontaire de Riannon que de rétablir la vérité. Au contraire, ce maelström de rumeurs leur rendait service, car il égarait les espions. Pluiechantante comprenait intellectuellement les raisons qui justifiaient l’absence de réaction officielle quant à cette question. Mais elle souffrait quand même du peu de valeur qu’on lui accordait. Évidemment, elle enfouissait profondément sa tristesse et sa rancœur. Et celles-ci s’exprimaient quand même par le biais des crises.

Tout en ruminant ses pensées, Pluiechantante marchait d’un pas tranquille dans la rue. Elle admirait le ciel, les reflets de la lumière sur les toits, les éclats verts que jetaient les arbres sur les pavés. Puis soudain, devant elle, ce fut la stupeur, la crainte, et le flot des passants s’écarta pour contourner le danger : un homme armé de deux haches, qui semblait se croire sur un terrain d’entraînement. Un homme que Pluiechantante connaissait.

« Salut, Fitz ! Tu vas bien ? Ça fait longtemps qu’on se voit pas, n’est-ce pas ? Tu fais peur exprès ou tu avais trop d’enthousiasme pour tes armes ? »
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 05 août 2014, 16:12:59
Dans ses yeux se lisait l’étonnement : il entendait des mots malgré ses armes sorties qui n’étaient pas des « à la garde », ensuite ces mots lui étaient directement adressés.  Le soldat rangea ses armes, et se frotta la tête, l’air désolé, comme un gamin pris en faute en train de voler une cuisse de poulet dans la cuisine.

 « Pluie ! C’est un plaisir de te voir ! Et pour répondre à ta question, je viens juste de recevoir ces deux nouveaux jouets, et j’avoue que j’ai peut-être, légèrement, était un peu trop exalté »

Il n’osait pas dire qu’il avait retenu son bras avant de commencer à faire des passes imaginaires au milieu de la rue, il se rendait compte qu’il devait être passé pour un fou, et que cela aurait été pire si il avait continué ses moulinets en pleine rue.

 « En effet ça fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de te croiser. Mais il faut dire que ces derniers temps je suis plutôt… Occupé quand je ne suis pas en service. »

Et voilà qu’il rougissait de nouveau. Il se souvenait très bien comment cela avait fini la dernière fois qu’il avait croisé la demoiselle, et il savait aussi qu’une autre personne actuellement comblé ces besoins-là.

 « Mais dis-moi que fais-tu donc dans les petites rues de Haven ? Et surtout comment vas-tu depuis tout ce temps, je suppose que ta vie au palais a pas mal évoluée depuis la dernière fois ? »
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 06 août 2014, 09:59:55
Fitz avait l’air désolé de s’être oublié au milieu de la rue, et son attitude fit rire Pluiechantante. Elle jeta un coup d’œil amusé aux badauds qui les regardaient d’un air courroucé.

« Un peu trop, oui... »

On aurait cru voir Liane avec un nouveau trésor, incapable d’attendre pour jouer avec, peu soucieuse du lieu où elle se trouvait. Les hommes étaient décidément de grands enfants.

Fitz n’était pas la seule personne qu’elle n’avait guère eu l’occasion de revoir. À cause de ses nombreuses occupations, elle n’avait plus guère le temps de prendre de nouveaux patients, et de revoir ceux qui n’avaient pas besoin d’elle. Cependant, elle nota le besoin du jeune homme de se justifier, en rougissant qui plus est. Un sourire s’épanouit sur ses lèvres.

« Tu as une amoureuse, n’est-ce pas ? C’est toujours ça qui occupe les hommes, oui. »

Pluiechantante s’étonnait encore de la gêne que pouvaient éprouver certains hommes à la revoir. Pensaient-ils qu’elle allait leur faire des avances à chaque fois ? Ou étaient-ils incapables d’assumer avoir eu des relations intimes avec elle ? La croyaient-ils jalouse ? Et c’était pire quand ils étaient engagés dans une relation amoureuse. Avaient-ils honte d’avoir une fois pris du bon temps avec elle ? La réponse la plus probable à toutes ces questions était sans doute “oui”.

Mais Fitz enchaînait déjà avec ses questions, inspirées par la gêne, ou par un intérêt réel ; c’était difficile de trancher.

« J’aère ma tête... non mon esprit. Je prends l’air, voilà. » Elle était contente d’avoir trouvé l’expression correcte. « Je marche en suivant mes pas. » Quant à savoir comment elle allait, c’était plus difficile de répondre. « Et je vais... » Elle haussa les épaules. « La vie au Palais... c’est plein d’ec... ec... de pièges et aussi de joies. C’est compliqué. » Elle sourit. « Mais tu as entendu, n’est-ce pas ? La folle Pluiechantante qui vole les enfants, qui blesse les belles dames. Non ? Tout le monde a entendu. Heureusement, c’est drôle, oui. Les histoires sont amusantes, parce qu’elles racontent faux. Mais c’est fatiguant un peu, le bruit tout le temps, partout où je vais. »
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 06 août 2014, 13:03:18
Il continuait à ajuster son harnais en écoutant la jeune femme. Entendu parler ? Fitz éclata de rire.

 « Je sais que tu n’as pas eu l’occasion d’énormément me côtoyer mais je vais t’apprendre quelque chose sur moi de capitale : je n’écoute JAMAIS ce qui se dit dans les couloirs du palais. Si je me mettais à écouter toutes les rumeurs alors je ne serai pas sorti de l’auberge, j’ai des informateurs bien plus fiables pour en savoir plus sur les gens. »

En général le capitaine écoutait les gosses. Ils en savaient bien plus sur tout le monde, et si on arrivait à trier et surtout à supprimer l’exagération de la vérité, on trouvait la plupart du temps les informations les plus fiables du collégium. En tout cas toujours plus fiable que ce qui sortait de la bouche des nobles. Adressant un de ses sourires sincère à la jeune femme il continua.

 « Franchement si on écoutait ces bruits, je serai une brute sanguinaire qui découpe des lapins pour le plaisir, et qui débauche toutes les femmes que je croise. Et tu me connais dans le domaine je suis plutôt du genre… Coincé. »

Et voilà qu’il rougissait encore. Non vraiment fallait qu’il trouve quelque chose pour modifier la couleur de ses joues à volonté. Y’a pas un don pour ça ?

 « Donc non je n’ai rien entendu sur les bruits qui courent sur toi, mais je peux comprendre que cela te pèse. Toutes ces langues de vipères peuvent très vite nous pourrir la vie. Mais je suis persuadé que les gens qui te connaissent un peu ne croient pas un mot de ces racontars. Tiens d’ailleurs même moi je ne crois pas ce que tu me dis. Toi blesser quelqu’un ? Et voler un enfant ? Franchement, je n’ai pas passé énormément de temps en ta compagnie, mais ce serait bien la chose la plus surprenante qui soit. »

Non il n’y croyait pas. Fitz choisissait toujours avec beaucoup d’attention les gens qu’il fréquentait, ami ou plus, et sa rencontre avec Pluie ne lui avait pas donné cette image. Jusqu’à  présent il avait toujours été un bon juge sur les gens, et il n’imaginait vraiment pas se tromper sur elle.

 Quand à ton autre question…. Oui en effet j’ai trouvé quelqu’un, une guérisseuse, quelque chose qui a été si rapide que j’en suis encore légèrement surpris. Elle m’a offert une plume de son oiseau lige. Je sais ce que cela signifie, et maintenant j’ai surtout peur de ne pas être à la hauteur.»

Ses yeux se perdirent un instant dans le vide. Il savait que Pluie comprenait la porté de l'acte de Feuille.

 « Mais explique moi donc avec tes mots, ce qu’est cette histoire d’enfant volé. Du moins si tu en as envie bien sûr, ça fait parfois du bien d’extérioriser ses problèmes, mais je ne t’apprends rien, tu en sais des choses sur  le bien-être du corps et de l’esprit. »

Il adressa un clin d’œil à la jeune femme.

 « Et même si je ne m’occuperai pas de la partie corporelle de la chose, en tant qu’ami je veux bien m’occuper de la partie esprit. »

Son sourire se fit enfantin, grand et large.

 « Et le mot que tu semblais chercher est « écueil » je suppose. En tout cas ta maîtrise de la langue a vraiment bien évolué, je suis impressionné.»
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 06 août 2014, 14:34:32
Cela faisait un bien fou de pouvoir parler librement à quelqu’un d’autre que Sourcedésert. Certes, il y avait les enfants. Mais le problème était là, c’étaient des enfants. Elle ne pouvait pas rire de la même manière avec Liane qu’avec Fitz. Elle avait besoin de rire avec quelqu’un qui comprenait les implications sans les dramatiser. Quelqu’un de simple et d’ouvert. Bref, quelqu’un comme Fitz.

Elle avait vu juste concernant les histoires de cœur du soldat. Elle se trompait rarement sur ces questions. En même temps, cela faisait partie de son métier. Et elle était plutôt douée. La description de Fitz lui fut même suffisante pour déterminer l’identité de la dame.

« Feuillemalice ? » Elle rit. Quelle drôle de coïncidence. « Je la connais, oui. Elle aide pour les questions de santé. Elle aide Sourcedésert, pour le bébé. Mais je la connais pas mieux. Juste pour la médecine. » Elle sourit.« C’est la seule Tayledras qui soigne ici. La seule qui pouvait comprendre et aider pour Sourcedésert et moi. »

Elle se demandait si la Guérisseuse avait parlé de ses drôles de patients à son amant, ou si elle avait gardé cela pour elle. Éthiquement, il lui était défendu de parler des gens qui venaient la voir. Mais souvent il était tentant d’anonymes les cas pour pouvoir en discuter avec une personne extérieure. Pluiechantante le faisait parfois. Mais il n’y avait qu’une seule personne à qui elle parlait, Sourcedésert, qui n’était pas la mieux placée pour la conseiller.

« Pour le corps, j’ai déjà quelqu’un oui. Même plusieurs quelqu’un si j’ai pas assez avec Sourcedésert. » Elle lui fit un clin d’œil. Puis elle revint au sujet initial avec un pincement au cœur. « Ils disent que je voulais voler Liane. Je m’occupe d’elle. Je lui apprends ce qui se fait ou pas. L’éthique dans ta langue. Je lui apprends aussi d’autres choses. Les Dons. » Elle haussa les épaules. « Je sais pas pourquoi ils disent ça. Peut-être parce que je suis pas d’ici. Ils disent ça aussi parce qu’il s’est passé quelque chose avec la maman de Liane. Je peux pas te dire quoi, ils veulent le secret. Si tu sais, alors tu comprends. Si tu sais pas, je peux dire que les yeux ont vu... ont été trompé par la scène. Et ça a donné des rumeurs ensuite. Elles sont drôles, oui. Mais un peu lassant enfin... à la fin. Je les laisse de côté, je les ignore. Mais je commence à trouver la vie dans les murs trop serrés. Comme chez moi, avant, à Griffon Blanc... Et comme je peux pas partir loin comme avant, je pars moins loin, juste pour quitter les murs un moment. »

Pluiechantante était ravie que Fitz constate ses progrès en valdemaran. Cela lui avait demandé beaucoup de patience et de travail pour parvenir à s’exprimer à peu près comme une adulte et plus comme une enfant attardée.

« Sourcedésert me corrige beaucoup. C’est important pour elle que je parle juste...  correctement. Mais elle,  elle a triché pour apprendre. Avec une magie, oui. Mais elle veut que je parle bien pour donner juste la langue au bébé. Même si il apprend d’abord le Tayledras. »
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 17 août 2014, 11:28:48
A l’évocation du prénom de son aimée, le capitaine se mit, comme à son habitude, à rougir… Il faudrait vraiment qu’il vérifie s’il n’existait pas un remède à ce problème de couleur de joue.

 « Tu as deviné juste c’est Feuille en effet. Ça s’est passé un peu à l’improviste, et j’avoue que je n’ai pas vu venir ce qui est arrivé. Mais elle compte tellement pour moi, que quasiment plus rien d’autre n’a d’importance. C’est étrange cette sensation non ? »

Un étrange sourire emplit de nostalgie se dessina sur ses lèvres. Puis il reporta son attention sur son agréable compagnie.

 « Tu vas donc avoir un enfant ? C’est vraiment une excellente nouvelle ! Mais il y a des complications pour que vous ayez besoin de l’aide de Feuille ? »

Oui Fitz n’y connaissait rien dans ce domaine, et encore moins quand il s’agissait de procréer sans l’aide d’un homme.
Il écoutait avec attention l’histoire de la jeune femme. Et connaissant sa façon d’être avec les autres, cela devait lui peser plus que de raisons.

 « Tu sais Pluie, les gens sont toujours médisants quand il s’agit d’étranger, et encore plus avec la guerre qui se profile. »

Adressant à la jeune femme son plus grand sourire il enchaîna.

 « Franchement, aller jusqu’à dire que tu as voulu voler un enfant, c’est quand même osé. Tu es là pour aider sa mère et éduquer la petite. Mais pour eux c’est plus facile de taper sur une étrangère, dont ils ne savent rien, que sur une femme du coin qui a une famille bien implanté dans la région. Crois-moi si j’entends quoique ce soit de médisant sur toi, ils rencontreront mon poing, et auront bien plus de grain à moudre dans les prochains jours que ton histoire ! »

Fitz était sincère, si il fallait qu’il crée une rumeur sur lui pour taire celle sur Pluie il le ferait. Il l’avait déjà fait au retour des troupes pour Beltran. Et lui avait l’avantage de sa position dans l’armée, et de son physique, bizarrement les rumeurs se tarissaient plus vite quand elles concernaient un homme qui se promenait avec des haches.

Il avait entendu des histoires sur Riannon, qu’il avait écouté vu son passé avec la doyenne des bardes, les bruits couraient vite entre les soldats, bruits qu’il faisait taire assez rapidement d’un raclement de gorge, et d’une phrase du type « on est des soldats, pas des péronnelles de la cours avec leurs chignons bien coiffés. Mais si vous voulez je peux vous obliger à porter des robes à la prochaine manœuvre.  »

 « J’ai entendu parler de tout cela sans en avoir les détails,  mais si tu es tenu au secret, je comprends qu’il te soit difficile de te défendre face aux racontars, je te plains Pluie. Et même si cela ne change pas grand-chose, soit assuré que je suis de ton coté, et que je te défendrai coûte que coûte.»

Il comprenait plus que personne les sentiments de la jeune femme. Lui le mercenaire qui rêvait régulièrement de reprendre la route. Mais il avait une mission à accomplir, des gens qui comptaient sur lui, et il ne pouvait pas partir.

 « Je ressens la même chose que toi, il est parfois oppressant de se retrouver bloquer entre les murs. Je rêve souvent de reprendre la route, retrouver le plaisir d’un champ de bataille, camper dans la forêt à la belle étoile, partir sur les chemins et arpentaient le monde. Tu n’as jamais pensé à quitter Haven, à reprendre la route loin de tout ça, si c’est aussi dure pour toi ? Qu’est-ce-qui t’en empêche finalement ? A part la petite Liane bien sûr, et ton rôle auprès d’elle.»

Le capitaine était ravie que la jeune femme ai fait des progrès, si elle se sentait exclue à Haven, la barrière de la langue risquait de ne pas aider son intégration, et il était important tout comme Sourcedésert le lui disait qu’elle brise cette limite.

 « Soucedésert à raison, et je sais que tu le sais, la langue est capitale pour être intégré dans une communauté. Vous êtes très proche toutes les deux, vous vous connaissez depuis longtemps ? »

Il n’avait que rarement entendu parler de deux femmes désireuses d’avoir un enfant ensemble, mais finalement Fitz n’était pas plus choqué que ça. Premièrement car il en fallait beaucoup pour choquer Fitz et son adoration du libre arbitre, ensuite il était enfant d’un couple hétérosexuel qui avait fini comme esclave, et que franchement, il aurait largement préféré grandir dans ce genre de couple atypique, au moins il aurait été aimé et désiré.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 17 août 2014, 14:59:30
Malgré son métier, Pluiechantante n’avait jamais aimé quelqu’un. Elle était tombée amoureuse comme n’importe quelle jeune fille, elle avait eu de nombreux béguins. Mais jamais personne n’avait réussi à prendre une place particulière dans son cœur. Personne n’avait jamais compté pour elle au point que le reste n’ait plus d’importance. Elle était donc incapable de répondre à Fitz et ne put que lui sourire.

« C’est bien si tu l’aimes alors... »

Fitz ne semblait pas particulièrement choqué d’apprendre que deux femmes pouvaient chercher à avoir un bébé. Mais il ne semblait pas pleinement saisir les implications d’un tel acte.

« Des complications ? Non... mais Sourcedésert aimerait que ça prenne tout de suite, n’est-ce pas ? Elle veut pas devoir recommencer encore et encore pour être fécondée. Le géniteur est gentil, oui, et beau. Mais elle ne veut pas profiter, n’est-ce pas ? »

Le Barde Keldran était beau, incontestablement. Il était probablement doué au lit. Mais Pluiechantante doutait que Sourcedésert ait envie de s’y reprendre à deux fois pour tomber enceinte. Elle avait mieux à faire que de passer son temps au lit.

Quant aux rumeurs... Pluiechantante était touchée par la réaction de Fitz. Mais elle n’avait pas très envie qu’il se batte pour elle. D’une part parce que c’était stupide, d’autre part parce qu’elle aurait honte d’avoir suscité des accès de violence.

« Non non... tu ne fais rien. C’est pas une bonne idée. Même très mauvaise. Bientôt il y aura de nouveaux sujets, pour les rumeurs. Et alors on m’oublie... oubliera. »

En fait, Pluiechantante n’avait jamais rien entrepris de concret pour démentir les rumeurs. Elle avait simplement repris le cours de sa vie, comme quelqu’un d’innocent l’aurait fait. L’aurait-on laissée vivre au Palais et s’occuper de Liane si elle avait été coupable de ce sont les rumeurs l’accusaient ? Évidemment pas. Elle pensait donc qu’en agissant conformément à son innocence, elle démentirait passivement les rumeurs.

C’était cependant agréable d’avoir quelqu’un de son côté, comme il le disait. Même si cela ne l’aidait pas beaucoup.

« Merci... »

Pourquoi la Kestra’chern ne pouvait-elle pas repartir ? Parce qu’elle en avait marre de fuir. Ou plutôt, maintenant qu’elle avait fait face, elle n’avait plus de raison de s’en aller. Certes, elle trouvait le Palais étouffant ces jours. Mais elle savait que c’était à cause de rumeurs, et quand elles se seraient tues, la vie serait à nouveau agréable.

« Il y a Liane, oui. Elle m’écoute. Elle écoute pas beaucoup d’autres gens. Et je dois lui apprendre l’éthique. Et je... il y a d’autres choses. Liane a besoin de moi pour d’autres choses. Et il y a Sourcedésert aussi. C’est mon amie... souvent plus. Elle a besoin de moi aussi. Et j’ai peut-être aussi besoin d’elle. Un peu. Et elle doit rester ici. Elle a une tâche à remplir. La Pierre-Cœur. Et peut-être autre chose si... elle reçoit un signe. Je sais pas. Et puis... » Elle soupira, leva la tête vers le ciel, huma l’air. « Je suis pas partie partie de chez moi parce que j’aime la route. Le voyage est bien, oui, intéressant. Mais le foyer, c’est mieux. Je suis partie parce que... » Elle haussa les épaules. Elle était incapable d’en parler, même à quelqu’un comme Fitz. Elle opta pour une demi-vérité. « Parce que je n’étais plus heureuse là-bas, chez moi. »

Parler de Sourcedésert était étrange. Cela lui donnait l’impression de former un couple avec la mage. Or, s’il fallait absolument mettre un nom sur leur relation, elle aurait plus volontiers parlé d’union libre, voire de “sororité d’écu” comme on disait dans certains pays, que de concubinage.

« Je la connais depuis le jour de mon arrivée dans cette ville. Je... suis tombée sur elle grâce à Liane justement. Au début, c’était pas facile entre nous. Elle... je crois qu’elle avait peur de moi. De ce que je pouvais lui faire. Puis ensuite... elle est devenue ma patiente. Puis mon amie, oui. Parfois, elle était plus. » Elle sourit. « Après l’év...évènement avec Riannon, elle est venue me voir. Elle a soigné mon cœur, un peu. »

Ce n’était pas facile pour Pluiechantante de reconnaître que parfois, elle aussi avait besoin qu’on s’occupe d’elle. Qu’elle avait aussi besoin d’être rassurée et aimée.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 18 août 2014, 19:18:13
Géniteur, gentil, beau, profiter, recommencer, féconder ? Les mots tournaient dans la tête de Fitz, aussi rapidement que ses joues s’empourpraient. Sur le coup un couple de femmes avec un enfant ne lui avait absolument pas paru étrange, il avait juste oublié que pour qu’une fleur pousse il faut bien quelqu’un pour planter une graine… Et dans ce cas précis, la graine ne pouvait pas juste arriver par magie car elles le désiraient.

 « Ha oui en effet je n’avais pas du tout réfléchis dans ce sens-là. Comme tu peux voir les détails et moi ça fait deux. Vous avez trouvé un géniteur qui vous convient alors ? C’est déjà un grand pas. »

Dans le domaine Fitz était toujours aussi empoté, ce n’est pas faute de s’entrainer ces derniers temps, mais il restait toujours très naïf dès qu’on abordait le sujet, oubliant chaque fois des détails qui pour lui ne semblaient pas capitaux.
Quant à la suite le soldat se mit à rire.

 « Ne t’inquiète pas, je n’utiliserai pas la force, mais si jamais tu as besoin un jour que l’on prenne ta défense, n’oublie pas que tu auras toujours un soldat prêt à répondre à l’appel. Ça peut toujours être utile d’avoir un bras sur lequel on peut compter. »

Mais elle avait raison sur un point.

 « Tu sais les rumeurs ça court vite, et sur ce point-là tu as raison. Ils auront certainement de nouvelles choses à dire d’ici peu, j’ai même entendu dire récemment que j’étais un massacreur de poulet effréné, et que mon grand plaisir était de me déshabiller devant les femmes innocente. Et puis tu sembles vraiment beaucoup tenir à la petite Liane, moi je pense qu'elle a vraiment de la chance d'avoir une préceptrice comme toi. »

Il avait entendu ces bruits de couloir durant ses tours de gardes. Lui ça le faisait rire, mais c’était toujours moins grave que d’être accusé de vol d’enfant.
 
  «  J’avoue que c’est un sentiment que j’ai du mal à comprendre, sans vouloir t’offenser. Je n’ai pas de chez moi, je ne sais pas ce que c’est de fuir un endroit que l’on a pu appeler « chez soi ». Parfois j’ai l’impression d’avoir eu de la chance comparé aux autres. Finalement je n’ai rien à regretter, je n’ai pas d’endroit qui me manque, et je n’ai pas de lieux auquel mes souvenirs veulent absolument me raccrocher. Ces problèmes je ne les connais pas. Par contre je connais très bien ce sentiment de se sentir… Déplacé, dans un lieu que l’on ne comprend pas tout à fait, dans un endroit où il nous manque quelque chose. »

Il tentait vainement de se rappeler son pays d’origine, mais il n’y voyait que des tortures, des violences, et une cage sombre. Ensuite une course effrénée jusqu’à la frontière. Son seul chez lui…

 « Le seul endroit que je pouvais appeler chez moi, j’y ai mis le feu il y a de cela un peu plus d’une décennie. Même si je voulais y retourner aujourd’hui je n’y trouverai que des cendres et un ancien charnier. »

Et la tombe d’Aed si elle avait résistait au temps. Il aimerait bien retourner là-bas juste une fois.

 « Je suis pas sûr que l’on puisse nommer une tombe un chez soi »

Cette dernière phrase ne devait pas être prononcée à voix haute au départ, mais l’entendre c’était comme l’exorciser. Et puis il appréciait assez la compagnie de Pluie pour se laisser aller à ce genre de réflexion un peu  déplacée en société.

 « Tu as l’habitude de t’occuper des autres, et je sais d’expérience que tu es plutôt douée dans ce domaine mais… Finalement je suis content que tu aies une personne pour te « soigner » toi aussi. »

Le soldat adressa un grand sourire à la jeune femme.

 « Et puis si je me souviens bien à notre première rencontre tu m’avais tapé sur les doigts pour la façon dont je traitais mon corps, m’oblige pas à te taper sur les doigts pour la façon dont tu te traites toi-même ! »

Il adressa un clin d’œil à la jeune femme.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 19 août 2014, 10:07:21
« Trouver un géniteur est pas difficile. Mais c’est difficile de trouver un qui aide à mieux transmettre les Dons de Sourcedésert. Et c’est aussi difficile de trouver un pas trop bête. Soit ils s’en fichent totalement du bébé, soit c’est contre leur morale de pas s’occuper du bébé. Ah... et il devait euh...chatouiller ? Non... émoustiller Sourcedésert. »

Sourcedésert qui lui avait d’ailleurs appris que certains mots, comme “exciter” par exemple, ne devaient être utilisés dans aucun contexte ou presque, parce qu’ils étaient à choix trop crus, trop connotés ou simplement inadaptés. Pluiechantante avait donc dû élargir considérablement son lexique du désir et de la beauté, ainsi que de l’amour et des sentiments en général. Elle avait découvert avec admiration et amusement la large palette d’euphémismes, d’édulcorations et de litotes que recelait la langue de Valdemar.

Pluiechantante accepta d’un signe de tête l’offre de Fitz. Elle doutait d’avoir un jour besoin d’un bras (surtout pour compter dessus)... et même de l’homme qui se trouvait au bout. Mais elle ne voulait pas le blesser en rejetant sa main tendue.

« Mais tu aimes te déshabiller devant les dames ! » affirma-t-elle avec un grand sourire. « Quand je t’ai rencontré, tu étais à moitié nu sur la neige, oui ? On m’avait dit qu’ici les gens ont peur de leur corps, alors j’ai eu une grande surprise quand j’ai vu un homme presque nu en public. » Elle reprit avec plus de sérieux. « Je sais pas si c’est de la chance, pour Liane. Mais c’est important pour elle d’apprendre bien et juste. Et elle m’aime beaucoup, n’est-ce pas ? C’est plus facile comme ça. »

Pluiechantante avait déterminé depuis longtemps déjà que, pour elle et beaucoup d’autres, le foyer ne se trouvait pas dans un lieu précis. Le foyer, pour elle, c’était un mélange de souvenirs d’amours et de bien-être, un endroit où quoi qu’il arrive, on se sentait en sécurité. Le foyer n’était pas à proprement parler un lieu. Cela pouvait aussi être une personne ou un groupe de personnes. Pendant longtemps, le foyer de Pluiechantante avait été la maison de ses parents, même alors qu’elle n’y résidait plus. Même après son départ, quand elle pensait à son chez-elle, elle voyait les bras aimants de sa mère, et les yeux teintés de regrets de son père. Elle ne se rappelait plus quand son foyer était devenu le rire d’une fillette et les sauts d’humeur d’une mage.

« Mais si, je suis certaine que tu sais ce que c’est, un chez-soi. Quand tu rentres et que tu retrouves ta belle, tu rentres chez toi. L’amour est le meilleur du foyer... »

Elle ne commenta pas les confidences de Fitz, mais elle les consigna soigneusement dans sa mémoire. C’était plus fréquent qu’on ne croyait, les gens qui détruisaient leur foyer avant de partir. C’était un moyen de s’obliger à regarder vers l’avant, mais c’était aussi une fuite.

Pluiechantante se demanda si Fitz pensait qu’elle avait besoin d’être soignée elle aussi. En temps normal, elle n’avait besoin de personne pour prendre soin d’elle. Et elle n’avait pas l’impression de mal se traiter. Elle mettait autant de soin que d’habitude à se parer et à se coiffer. Elle passait toujours plusieurs heures par jours à méditer et à se relaxer. Elle prenait le temps d’écouter son corps et de le soigner avant que le mal n’empire. Non, vraiment, la comparaison avec Fitz n’était pas flatteuse.

« Moi je laisse pas mon corps devenir tout récalcitrant. Je le soigne, je l’écoute. Je m’occupe très bien de moi. Tu compares bizarrement. Et puis... » Elle sourit. « J’ai l’habitude de m’occuper des autres. Je suis pas douée pour me laisser occuper... non... pour laisser quelqu’un s’occuper de moi. Tu sais, c’est fatigant pour moi. Donc au final, je m’occupe plus d’elle que le contraire. »
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 19 août 2014, 10:55:40
Fitz imaginait déjà la tentative de fécondation par chatouillage intense. Ca risquait de prendre plus de temps que prévu si elles s'y prenaient ainsi !

 « Les dons de Sourcedésert ? Je ne comprends pas très bien, tu veux dire que vous pouvez « choisir », je sais pas si ceci est le terme, le géniteur afin d'être certaine que le don sera transmis ? J'avoue que je suis assez ignorant sur ce point là, je pensais que les dons apparaissaient comme ca, par hasard si je puis dire, et pas que l'on pouvait prévoir, ou pas, leur apparition. »

Il ne s'attarda pas sur le coté émoustillant du futur géniteur. Après tout les jeunes femmes avaient le droit aussi d'en profiter pour choisir un géniteur qui leur plaise plutôt que le premier bonhomme du coin qui aurait fait l'affaire. Tant qu'à devoir passer par cet étape, autant qu'elle soit faite dans de bonnes conditions.

  « Ha bha voilà c'est comme ca qu'on fait naître les rumeurs ! »

Il adressa un clin d'oeil à la jeune femme !

  « Mais c'est vrai qu'ici les gens sont légèrement plus pudiques qu'ailleurs. Et pourtant crois-moi quand on est de garde de nuit dans les couloirs du collégium on en voit des vertes et des pas mûrs.... J'ai d'ailleurs toujours été étonné. Comment des gens aussi coincés sur certains détails peuvent avoir des mœurs aussi légères. Moi je suis pas d'ici, et je trouve qu'il est toujours plus facile de se recentrer sur soit, de faire le vide dans son esprit, quand le corps est directement en contact avec la nature. Et puis j'ai effectué des travaux de force dans mon jeune âge, et quand tu as découpé du bois pendant des heures, ta chemise te semble d'un seul coup bien lourde à porter. »

Le capitaine poussa un profond soupir.

 « Tu as raison, sur un point. L'amour est en effet là où se trouve notre foyer mais... Mais n'as-tu jamais eu envie d'avoir un vrai chez toi ? Un endroit où tu pourrais retrouver la personne qui compte le plus pour toi, loin de toute cette agitation ? Loin de tout ces gens qui empiètent en permanence sur ta vie personnelle ? Te ressourcer, te retrouver, pouvoir être toi et juste toi ? Tu comprends ce que je veux dire ? Cette sensation moi je ne la connais pas, je ne l'ai jamais connu, et parfois je me mets à rêver d'un endroit construit de mes mains, un endroit à nous. Je sais pas, bien sur qu'auprès d'elle plus rien d'autre n'a d'importance, mais je suis pas sur d'être fait pour ce lieu. Les conventions, les convenances. Je suis pas fait pour cette agitation. Regarde comment je me retrouve à passer pour un monstre sanguinaire au milieu de la rue ! »

La vie pour Fitz semblait si compliqué entre les murs d'Haven. Il n'aimait pas le paraître, et parfois il lui semblait que seul cela comptait. Il aimait être maître de son domicile, et ici il n'était maître de rien. Il aimait que les choses soient simple, et pourtant tout semblait si compliqué.

 « Je suis un mercenaire, je n'ai connu que la route et les batailles, l'agitation d'Haven n'est pas vraiment ce que je peux appeler une vie de tous les jours pour moi. »

Il regarda un instant la jeune femme de haut en bas, son sourire malicieux plaqué sur les lèvres.

  « Ho t’inquiète pas, je trouve toujours qu'au niveau purement physique, tu es toujours parfaite ! Et même si je fais plus attention depuis notre dernière rencontre, jamais il ne me viendrait à l'idée de comparer mon corps de soldat épuisé par les combats, au tien si bien entretenu. Mais... »

C'était compliqué pour Fitz de parler du reste à la jeune femme, il ne voulait surtout pas qu'elle soit vexée, ou qu'elle se sente jugée. Il prit donc un peu de temps pour choisir ses mots avant de continuer.

  « Mais le corps ce n'est pas tout. Je sais que sur ce point là tu es une excellente thérapeute, et que tu es plus que capable de prendre soin de toi. Pourtant si tu as ressenti ce besoin de sortir, ce besoin de fuir un instant les murs du palais, c'est bien que quelque chose te tracasse non ? Et parfois même si le corps est dans un état parfait, l'esprit lui ne l'est pas. »

Le jeune homme regarda sa main droite marquée un instant avant de continuer en la présentant à la jeune femme.

 « Tu m'as aidé à une époque à accepter mon corps, et à prendre conscience de ses faiblesses pourtant j'ai mis du temps à comprendre que mon esprit n'était pas tranquille, j'ai mis du temps à travailler sur l'acceptation de ce que je suis, de ce que je dois faire, et même si mon corps est loin d'être aussi sain et en parfait état que le tien, mon esprit lui a trouvé une tranquillité qui me permet d'être serein. On se moque de la barrière de la langue, il faut que tu apprennes à te laisser aller, à te confier, à parler de ce qui te tracasse. Une bonne conversation peut parfois avoir autant d'effet thérapeutique qu'autre chose. Je ne dis pas que tu en as besoin, et je ne te propose pas de tout me déballer, après tout, tu n'as pas à avoir confiance en moi, mais.... Je pense que tu as besoin de vider ton sac parfois, pour que ton esprit soit aussi sain et en paix que ton corps. »

Il soupira un instant, avant de revenir à la jeune femme son grand sourire toujours sur ses lèvres.

 « Mais je peux comprendre que ce soit difficile, quand on a pris l'habitude de s'occuper des autres, parfois il est compliqué de laisser quelqu'un s'occuper de soi. Pourtant peux tu aujourd'hui m'assurer sans mentir, que ton esprit est parfaitement en paix ? »
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 19 août 2014, 12:06:36
« Pas choisir... Mais deux parents avec le même Don le transmettront presque certainement à leur enfant. Et y a des Dons... c’est mieux de pas les mettre ensemble. Par exemple, imagine l’Empathie, qui permet de sentir les émotions des autres, mélangé avec le Don de quelqu’un qui peut lire en permanence les pensées des autres ? Ce serait affreux ! »

L’exemple n’était absolument pas pris au hasard, mais c’était le seul qui était venu à l’esprit de Pluiechantante.

« On peut pas vraiment prévoir. On peut rendre plus probable. Et surtout, on peut éviter les catastrophes. »

Fitz lui décrivit le foyer auquel il aspirait. Ce foyer parfait et inatteignable dans lequel il aimerait pouvoir se claquemurer le soir en rentrant chez lui. Pluiechantante eut un doux sourire.  

« Toi tu aspires à vivre en ermite, oui. Le foyer dont tu rêves, c’est pas réel. Les autres, ils parviennent toujours à s’infiltrer. Alors... il vaut mieux apprendre à ignorer le reste du monde, dans un lieu précis, ou avec une personne précise. Parce que le monde, lui, il va pas te laisser tranquille. » Elle sourit. Les réflexions de Fitz sur les convenances et les attentes des gens lui rappelaient une autre personne, qui se plaignait elle aussi bruyamment de devoir vivre selon des codes qu’elle trouvait absurdes. « Si ça te rassure, tu es pas seul, n’est-ce pas, à supporter mal les convenances. Et eux, ils ont pas grandi en ermite, juste dans un monde plus simple. » Elle soupira. « Le foyer comme tu l’imagines... il est idéal. Mais à part si tu vis tout seul au milieu des bois, c’est difficile de pas être touché par les autres. »

Le foyer dont Fitz parlait, ce lieu où elle ne pourrait être qu’elle, se retrouver et se ressourcer, au fond, elle l’emmenait partout avec elle, mais elle ne le considérait pas comme un élément de son chez-elle. C’était pour cela qu’elle méditait tous les jours, qu’elle continuait à porter des vêtements selon ses goûts, et qu’elle portait toujours ostensiblement ses nombreuses boucles d’oreilles, au mépris de la mode locale.

« Et pourtant, je suis certaine que si tu pars, le bruit te manquera. Moi, je trouve que tu vis bien dans le ville. Ton pas, c’est celui de quelqu’un à sa place, même si ton esprit lui, il refuse de s’installer. »

Malgré les progrès de Pluiechantante, elle peina parfois à exprimer des concepts abstraits. Son manque de vocabulaire et surtout sa mauvaise maîtrise de la grammaire donnaient à ses propos une forme enfantine très éloignée de leur véritable sens.

La Kestra’chern écouta avec attendrissement et plaisir Fitz qui tentait de lui faire admettre qu’elle avait peut-être besoin d’aide.

« Mon esprit est plus en paix qu’avant... plus qu’il l’était. »

S’être confié à Sourcedésert avait soulagé la jeune femme, et si elle souffrait et souffrirait toujours de sa blessure intérieure, c’était maintenant plus aisé de vivre avec.

« Avoir l’esprit en paix... Ce n’est pas possible pour un Kestra’chern. »

Soudain, elle prit conscience qu’ils étaient toujours au milieu de la rue, et que les gens devaient les contourner pour passer. Amusée par son étourderie, elle tira Fitz par le bras et le guida jusqu’à une fontaine. Elle s’assit sur le rebord et reprit.

« Mon métier... on ne peut pas le faire sans souffrance. Il faut être en accord avec cette souffrance, plus qu’elle est vive, juste présente, comme une vieille blessure qui fait mal quand il pleut. » Et là, elle savait de quoi elle parlait. « On dit chez moi, tu sais, que c’est cette blessure intérieure qui pousse à devenir Kestra’chern. Cette souffrance qui peut plus être réparée... elle pousse à guérir la douleur des autres avant que c’est trop tard. » Elle sourit. « Et pour comprendre la douleur des autres, il faut vivre avec soi-même. Tu comprends ? Jamais je ne pourrai avoir l’esprit parfaitement en paix, comme tu dis. Parce que alors, je ne pourrai plus aider les autres. »

Elle n’était pas certaine d’avoir été très claire. Mais il s’agissait là de concepts complexes très difficiles à rendre dans une langue autre que la sienne.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 19 août 2014, 13:51:06
Il écoutait avec attention les explications sur les dons, et fut surpris. En effet il n'avait jamais pensé que des parents avec des dons similaires pouvaient le transmettre à leurs enfants. Tout à coup il se mit à se demander si le don offert par la déesse serait transmis à sa progéniture ? Enfin déjà il faudrait qu'il le garde une fois tout cela finit. Il devrait en toucher deux mots à Ludmilla ou à Maya.

 «Je n'avais pas du tout pensé comme cela je l'avoue. Mais jusqu'à très récemment j'étais complètement étranger à l'univers des dons, alors il est vrai que je ne m'étais jamais posé de questions. »

Il faudrait peut être qui se pose la question sur les dons de Feuille et la compatibilité avec le sien, si ils ne voulaient pas se retrouver avec un gamin complètement taré enfermé toute la journée dans un placard.

 « C'est marrant, j'ai l'impression que j'ai plus appris ces derniers temps sur les dons que depuis ma naissance. »

Il ne savait que trop bien que le monde rattrapait l'homme où qu'il soit. Il se souvenait très bien des pillards qui avaient provoqué la descente de Fitz dans cette violence incontrôlable. Il voyait encore durant certaines nuits douloureuses le corps de son ami, de son père, pendu. Mais pourquoi ? Devrait-il perpétuellement vivre dans la peur que l'humanité les rattrape ?

 «En ermite peut être. Je serais heureux dans ce genre de vie. Mais Feuille s'ennuierait à mon avis. Et je ne pourrai pas lui imposer ce genre de vie. »

Il souriait sincèrement à la jeune femme.

 « Ce que j'aimerai réellement, ce rêve inaccessible comme tu dis si bien, serait de m'éloigner de la violence et de la méchanceté de l'humain. Tu en as fait les frais, les humains sont emplis d'une méchanceté envers leur prochain que je ne comprends pas. Les rumeurs c'est finalement qu'une manière édulcoré de faire mal. Mais depuis le jour où j'ai pris la route, je n'ai vu que violence, faiblesse, douleur, malversation, et tout ces vices que l'humain répand. Ce serait tellement agréable de savoir que l'on peut trouver un lieu où on est à l'abri de tout ca. Mais ce n'est qu'un doux rêve n'est-ce pas ? »

Même en vivant quasiment seul au milieu des bois l'humanité les avait rattrapé lui et Aed. Il savait que dans leur monde en perpétuelle mouvement il n'y avait plus de place pour les doux rêveurs qui ne souhaitaient que vivre une vie paisible sans le poids de la communauté.

 « Mes hommes me manqueraient, certaines personnes que j'ai appris à connaître aussi, des gens que je considère comme des amis. Peut être même égoïstement le respect que l'on me montre me manquerait. Je ne suis pas si différent, j'ai aussi mes vices, mais moi.... »

Il se mit à sourire bêtement, rougissant légèrement.

 « Moi je vais te dire un secret... Ne te moque pas mais... Je rêve de tailler des jouets en bois... C'est étrange non pour un homme qui se ballade avec des haches dans le dos, et qui taille à tour de bras sur les champs de bataille. Alors oui j'ai calqué mon pas sur celui des hommes de la ville, j'ai adopté leur posture, et ma carrure fait que je suis adapté. Mais je suis aussi adaptable. Tu comprends la différence ? Je suis un mercenaire, j'ai choisi cette voie il y a longtemps, et j'ai appris avec le temps à me fondre dans la masse, on me paye pour être quelqu'un et je le deviens. C'est ainsi que l'on survit dans mon univers »

Il en avait fait des choses dans le passé. Garde du corps, accompagnateur de caravane, guide, bras vengeur, soldat de première ligne.... Et chaque fois il avait l'impression qu'on nouveau Fitz prenait la place de l'ancien. Il espérait juste qu'à force l'ancien ne serait pas juste... Perdu.

Lorsque Pluie l’entraîna à sa suite, il la laissa faire. Il n'avait aucune conscience du fait qu'il pouvait gêner le passage, ou bloquer quoique ce soit. Il était là, c'était Fitz, le reste du monde pouvait bien s'écrouler autour de lui qu'il n'aurait pas bougé. Non définitivement l'ancien Fitz ne disparaissait pas.

Avec attention, réfléchissant en même temps il analysait la situation. Puis une fois qu'il fut sur d'avoir compris, il regarda la jeune femme, un sourire presque triste sur le visage.

 « Nous ne sommes pas si différent alors. Il y a des professions que l'on embrasse car nous avons une blessure qui ne guérira pas. Et je comprends parfaitement le besoin... Non... Plutôt le fait, que cette blessure restera quoiqu'il arrive. Mais ce n'est pas la peine de s'en rajouter d'autre. Tu as besoin de ce passé pour pouvoir faire ce que tu fais de mieux, tout comme j'ai besoin de me remémorer mes tourments pour pouvoir combattre et protéger ceux qui en ont besoin. Mais toi comme moi n'avons pas à nous en ajouter d'autres par dessus notre passé déjà envahissant. »

Il avait du mal à expliquer, le principe qu'il essayait de développer.

 « On est comme des vases Pluie. Il nous faut de l'eau pour pouvoir faire pousser les fruits de notre travail. Mais si on nous remplit trop, alors on déborde. Je suis juste très heureux de savoir que tu as trouvé une personne avec qui tu peux vider ce trop plein. Il faut juste que tu eai le courage de le faire régulièrement. Même si je sais que ce n'est pas évident pour une personne habituée à écouter plus qu'à parler. »

Fitz se pencha en arrière, laissant son regard se perdre un instant dans le ciel, il se remémorait Haven, toute l'histoire, tout ce qui s'était passé.

 « C'est marrant. Je me souviens de notre première rencontre. Tu venais d'arriver à Haven, tu commençais à t'occuper de Liane.  Ta maîtrise de la langue était loin de celle que tu as aujourd'hui, et tu ne connaissais que peu de monde. Moi je revenais d'une mission douloureuse, marqué à vie comme du bétail par des forces que je ne comprenais pas. Et regarde nous aujourd'hui. Tu prévois déjà un avenir à ta façon, tu réfléchis pour un enfant, et tu t'es rendu indispensable auprès de Liane et de sa mère. Moi j'ai accepté ce que je suis, et je m'engage dans une autre mission dont je ne reviendrai peut être pas. Beaucoup de choses ont changé dans nos vies, et pourtant comme la première fois, nous tombons de nouveau par hasard l'un sur l'autre. On dirait que je te croise uniquement lorsque j'arrive à un embranchement qui va de nouveau changer ma vie. »
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 20 août 2014, 10:35:08
Les Dons faisaient partie intégrante de la vie de Valdemar. Et malgré cela, ils restaient bien mal connus du grand public, et leurs porteurs étaient souvent entourés de superstitions idiotes et craints sans raison valable. Il n’était donc pas étonnant que Fitz connaisse mal cet univers. Même s’il était lui-même porteur d’un Don, celui-ci était d’une nature différente, d’après ce que Pluiechantante en savait. Le Don de Fitz était d’origine divine, contrairement aux autres. Certes, peut-être à l’origine les premiers Dons avaient-ils été donnés aux hommes par les Dieux, mais cela faisait bien longtemps qu’ils se transmettaient de mère à enfant, par le sang. La main des Dieux ne se posait plus sur l’épaule des porteurs. Fitz, lui, vivait sous le regard attentif d’une Déesse, voire même de plusieurs Dieux, et cela rendait son Don très très différent. Pluiechantante doutait qu’il le transmette un jour à ses enfants. Elle doutait même que ce Don perdure au-delà de sa finalité. Une fois la prophétie accomplie, le destin embrassé ou la même la volonté divine restaurée, le Don s’en irait probablement. Pluiechantante pouvait bien évidemment se tromper. Mais les Dieux laissaient rarement aux mortels les pouvoirs qu’ils offraient en temps de besoin. Car, dans leur sagesse, ils craignaient l’avidité de l’âme humaine.

« Ton Don... je ne crois pas qu’ils soient comme les nôtres. Il est... divin, non ? Il fonctionne peut-être pas tout à fait pareil que les Dons du sang... après, je sais pas. Je n’ai pas appris sur les Dons. Étudié. » Elle haussa les épaules. « Mais c’est toujours bien de se renseigner. Même si c’est pas pareil de la même manière pour ton Don, tu apprends quand même un peu. »

Pluiechantante était surprise de l’amertume du soldat envers ses semblables. Oui, les humains pouvaient être méchants. Mais ils pouvaient être bons aussi. Souvent, c’était la peur et l’incompréhension qui guidaient leurs actes.

« Mais tu as aussi rencontré la gentillesse, l’écoute, l’amitié, l’amour. » Elle fit claquer sa langue avec désapprobation. « Tu te plais dans... non. Tu te complais dans les mauvais sentiments. Je n’approuve pas. »

S’il y avait quelque chose qui exaspérait la Kestra’chern au plus haut point, c’était l’apitoiement sur soi-même et la complaisance envers les idées noires.

« On a tous des rêves. Et le tien, il me semble pas si difficile à faire. Tu as du temps libre, tes mains. Le bois tu peux acheter. Pourquoi tu commences pas maintenant ? Et dis pas que tu as pas le temps. On trouve le temps pour ce qui compte. Tu dis que tu es adaptable. Moi je dis que tu es malléable. On te met dans le moule, et toi tu prends la forme. Tu regardes même pas si le moule est pas plus mou que toi. Si tu peux pas l’adapter un peu à toi. C’est sûr, c’est plus facile de se laisser faire et de prendre la forme qui plaît, oui ? Mais c’est pas si difficile de... » Elle cherchait une expression qu’elle avait entendue quelque part. « De creuser ton trou à sa taille. Moi j’ai fait. Kestra’chern je suis. Ici on dit putain, fille de joie, et pour être poli, courtisane, belle-de-nuit — pourquoi belle seulement la nuit, d’ailleurs, je sais pas. Mais je soigne aussi. Je vis juste, honnêtement. Le moule, je pouvais pas entrer. Je ne suis pas une putain, une perchi, mais je ne suis pas non plus une Guérisseuse. Alors j’ai trouvé un endroit qui était bien, et j’ai creusé mon trou. Maintenant je fais ce que je veux faire librement. »

Pluiechantante aimait donner des leçons, c’était ce que Sourcedésert disait. Jamais la K’Leshya ne l’aurait nié. Mais quand elle le faisait, elle essayait de le faire au mieux. Elle tentait de doser au mieux la dureté et la brusquerie de ses propos pour faire réagir l’autre, sans le blesser réellement. Elle se basait aussi sur ses propres expériences, sur son vécu pour expliquer ses propos. Et jamais elle n’imposait son point de vue. Elle le donnait, le défendait, mais si l’autre le refusait, elle n’allait pas insister. C’était en tout cas ce qu’elle s’efforçait de faire. Parfois, sans doute, allait-elle trop loin. Mais elle était humaine, et c’était rageant de voir les gens s’entêter à suivre de mauvaises voies.

Une fois assise sur le rebord de la fontaine, Pluiechantante ne put s’empêcher de tremper ses doigts dans l’eau. Elle aimait l’eau. Elle aimait le bruit de l’eau. Elle aimait son odeur sur la pierre chaude. Elle trouvait cela amusant que Fitz la compare à un vase. C’était la vision de quelqu’un qui pensait en terme d’individus. Pluiechantante pensait en terme de clan.

« Et l’eau du vase, je la déverse où ? Elle ne va pas disparaître. Quelques gouttes vont tomber, mais le reste, il ira remplir le vase de la personne qui m’écoute. Et après, c’est le sien qui est plein. » Elle sourit. « Je ne suis pas un vase. Je suis la rivière. Parfois, je déborde quand il pleut. Mais je reviens toujours à ma place. Je suis toujours là pour recevoir l’eau qui déborde des vases des autres. L’eau... » Elle regarda l’eau s’écouler entre ses doigts. « L’eau de la rivière, elle nourrit la terre sur son passage. Et elle s’écoule vers la mer... » Pluiechantante ne parlait plus par métaphore, elle énonçait une évidence. « Mon vase n’a pas besoin d’être vidé. Il doit prendre le soleil, et l’eau, petit à petit, redescend. »


Il y avait des gens qu’on ne croisait que rarement, mais dont chaque rencontre laissait un souvenir vivace et agréable. Peut-être Fitz avait-il raison, et peut-être étaient-ils destinés à se croiser avant chaque nouvelle étape ? Mais Pluiechantante ne voyait pas la vie comme une succession de route à prendre, et de choix à faire.

« Ici, vous voyez tout carré, droit, organisé. Pour toi la vie, c’est une route avec des carrefours. Quand tu choisis, tu ne reviens pas en arrière. C’est pour ça, oui, que tu vois dans nos rencontres quelque chose de spécial. » Elle sourit. « Je suis le dernier panneau avant de devoir choisir ? » Elle eut un rire léger. « Moi je vois la vie en cercle, en courbe, en tourbillon. Je te recroise parce que je suis revenue au début d’une boucle, peut-être. Ou peut-être que je t’ai croisé. Toi tu suis le chemin bien droit. Moi je cours autour. » Elle fit une pause. « Tu sais pourquoi les boucles c’est mieux? Pas d’adieu, pas de choix définitif. Tu reviendras. Mes boucles et des virages rencontreront à nouveau ton chemin bien droit. »

La main dans l’eau froide de la fontaine, Pluiechantante fut prise d’une envie irrépressible de légèreté. Elle fit un clin d’œil à Fitz et l’aspergea d’une grande giclée d’eau froide.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 20 août 2014, 12:37:30
Divin. Ce mot résonnait toujours bizarrement dans la tête de Fitz. Pourquoi une déesse avait choisi un athéiste aussi forcené que lui pour en faire son arme. Peut être justement car il n'était influencé par personne, peut être aussi car son esprit était libre, et n'était soumis à aucun dogme. Ses choix n'étaient donc pas motivés par une quelconque force supérieure. Qui sait ?

  « Tu as sûrement raison. De toute façon cela m'étonnerait qu'on me laisse un pouvoir aussi... monstrueux entre les mains une fois tout cela fini. Imagine... Si je décide que je veux savoir quelque chose, je le sais, peu importe les barrières que tu lèveras.... Et si tu en lèves tu souffriras mille morts avant de tout me révéler. Ce pouvoir est bien trop.... Bref, si Dieu il y a derrière tout ça, et oui je doute encore de leur existence malgré tout ce que j'ai vu, il serait bien stupide de me laisser me balader dans la campagne avec ce genre de pouvoir. Mais je commence à le maîtriser, à le comprendre, c'est déjà un grand pas depuis la dernière fois où je t'ai vu, quand je n'osais toucher personne de ma main droite! »

Ho oui il avait évolué. Il restait têtu sur pas mal de point, mais celui là il avait décidé de prendre le parti de l'utiliser.

  « Ho mais je sais très bien que j'ai rencontré tout ca Pluie ne t'y trompe pas ! Et tu fais même partie de ces rencontres. Mais les cadavres se succèdent et ne se ressemblent pas, et parfois j'en ai marre de voir des gens découpés en morceaux. J'ai peur de ne jamais revoir mon capitaine. Et franchement Pluie... »

Il prit une profonde inspiration, et plaqua sur son visage son sourire le plus enjôleur.

 « ... C'est mon travail de penser à tout ce qui pourrait mal tourner. Toi ton travail c'est de soigner le corps des gens, moi mon travail c'est de faire en sorte que tu n'aies pas beaucoup à soigner. Je dois protéger, je dois penser à tout ce qui est mal pour pouvoir prévenir ce qui va arriver. Appelles ça une déformation professionnelle si tu veux, mais je ne peux pas me permettre de penser que tout va bien, c'est comme ça que les erreurs arrivent. La vie des gens dépend de ces erreurs, je ne peux pas me permettre d'en faire. Je n'en ai pas le droit. »

Le reste de la conversation le laissa légèrement songeur. Il souriait pourtant toujours à la jeune femme les yeux perdus dans le ciel d'Haven. Il aimait bien se retrouver ici avec elle, c'était agréable, et léger. Quand elle mentionna qu'il devait continuer, qu'il devait adapter le moule à lui et pas l'inverse, il se mit à rire, puis à fouiller dans la bourse attachée dans son dos. Il en sortit une figurine en bois, celle-ci représentait un loup, grossier pour l'instant, mais on pouvait voir aux coups de lames qui se dessinaient que le travail était encore en cours.

 « Je n’arrête jamais de tailler le bois Pluie, dès que j'ai un moment de libre. Mais c'est un hobby pour l'instant, le moule pour moi c'est l'état de Valdemar, ses instances dirigeantes, et des dieux. Ma seule marge de manœuvre est sur comment je fais la mission que l'on m'a assignée. Ni plus, ni moins. Mais un jour, peut être alors oui, je ferai ce que j'ai envie de faire. Et je suis différent de toi sur un point des plus important. Je suis un pur produit du moule. Les mercenaires sont créés par les combats, et les combats sont créés par les hommes, et ce sont les hommes qui ont fait le moule. Peut-être que je me mets trop de pression, peut être que je me bloque trop moi-même, peut-être aussi que j'ai un sens du devoir bien trop important pour l'homme que je suis. Mais j'ai pris un engagement comme toi auprès de Liane, et je ne peux pas abandonner, tu peux comprendre ça ?»

Il adressa un clin d’œil à la jeune femme.

 « Mais tu as raison sur un point très important....Tu es aussi magnifique de jour ! »

Leur différence de point de vue faisait rire Fitz.

 « C'est intéressant que tu dises ça ainsi. Pourtant il y a pas mal de gens qui déversent le vase avec toi, leurs problèmes ne le remplit pas forcément ? Par exemple quand tu as pris soin de moi, mes problèmes, mes peurs, mes angoisses, n'ont pas rempli ton vase ? » Il adressa son plus grand sourire à Pluie  « Je comprends ce que tu veux dire, de toute façon tu es aussi libre, sauvage, et imprévisible qu'une rivière. Et l'eau est bien le seul élément que l'homme ne parviendra jamais à domestiquer. Un peu comme toi au final. Pourtant je continue de penser que parfois la rivière est contente de trouver un endroit où se déverser. Mais tu sais... Étrangement c'est toi qui m'a fait penser ainsi. »

Il prit un peu de temps avant de parler de la suite, c'était compliqué à expliquer, surtout pour notre soldat aussi timide qu'une pucelle.

 « Avant de te rencontrer je ne m'étais jamais épanché, j'étais persuadé d'être assez fort pour tout supporter tout seul, j'étais persuadé que je n'avais besoin de personne d'autre que moi même. C'est toi qui a pris soin de moi en premier, c'est toi qui m'a poussé à me laisser aller, c'est donc assez drôle tu ne trouves pas ? »

Oui Fitz était persuadé qu'un choix était définitif, qu'une fois un chemin choisi il n'y avait pas de possibilité de retour. Il avait des difficultés à imaginer la vie autrement. Mais finalement...
Et alors qu'il réfléchissait à la façon d'appréhender la vie de Pluie, cette dernière décida de l'attaquer à l'improviste. Fitz partit d'un grand éclat de rire. De son bras droit il entoura la jeune femme par les hanches, plaquant son torse contre son dos, sans force il l'empêchait de s'enfuir, sa main gauche en coupe il ramassa de l'eau de la fontaine, qu'il laissa couler dans son cou. Le spectacle qu'ils donnaient était sûrement celui de deux enfants, ou de deux fous qu'il faudrait enfermer, mais il comprenait mieux pourquoi elle n'avait cure des rumeurs sur elle. Pluie vivait comme elle l'entendait.

 « Traîtresse va ! Le cercle te va bien, ça ne m'étonne pas de toi. Tu es aussi imprévisible qu'une route sinueuse. Si c'est le genre de choses que tu apprends à Liane on a pas finit d'en baver dans les couloirs du palais !  Moi je n'ai bizarrement jamais vraiment eu l'impression d'avoir le choix sur la route. On me disait d'aller à droite, ou à gauche, ensuite je devais faire avec ce que l'on m'a donné. Je suis les ordres, tu suis ton instinct. Mais tu as raison, il y a des gens qui jalonnent notre route, que l'on croise régulièrement, ou qui partagent un bout de chemin. »

Il était bien, posé comme ca, à simplement profiter de la vie, insouciant du reste. C'était tellement rare qu'il soit insouciant ces derniers temps. La mission à venir, le fait que Feuille l'accompagne sur le dangereux chemin qui se dessinait devant eux. Il s'inquiétait, mais il savait déjà que Pluie le gronderait en lui disant qu'il s'inquiétait trop.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 22 août 2014, 10:11:19
Pluiechantante ne savait trop que penser. À la fois, Fitz se plaignait de rencontrer partout autour de lui les misères les plus sombres du genre humain, et en même temps, il se refusait de voir les joies, car cela le déconcentrerait. Donc, Fitz se plaignait de quelque chose qu’il aurait pu changer, mais sans oser le faire, de peur de devenir moins performant. La kestra’chern ne voyait pas en quoi s’appesantir sur les vices de l’humain pouvait rendre plus performant un mercenaire. Se méfier de tout était sans doute indispensable. Mais ne relever que la noirceur de crainte que la lumière éblouisse, c’était stupide.

« Je te dis pas de penser que tout va bien. Mais que tu dois pas nier le bon que tu vois. Être amer ne rend pas plus efficace. Sauf pour se plaindre. »

Fitz semblait convaincu qu’il n’avait pas le choix. Qu’il devait agir conformément à ce qu’on attendait de lui. Qu’il n’avait aucune liberté. Si, comme il le claironnait, il était un pur produit du moule, pourquoi alors se sentait-il à l’étroit dedans ? Pourquoi aspirait-il à quelque chose de mieux, de plus élevé ? La plupart des mercenaires caressaient un jour le désir de se ranger, et de devenir aubergiste, commerçant, ou même paysan. Mais c’était rare qu’ils soupirent déjà après leur retraite à l’âge de Fitz. Clairement, il n’était pas si bien adapté qu’il le prétendait. Ou peut-être, songeait-elle, Fitz était vraiment bien adapté, mais ne l’acceptait pas. Et elle ne comprenait pas en quoi les engagements qu’il avait pris l’empêchaient d’être lui-même.

« Je comprends l’importance du mot dit. Mais je comprends pas le reste. Soit tu es issu du moule, et alors il est bien pour toi, à ta taille. Soit tu es mis dedans, et alors il est pas adapté. » Elle soupira. « Tu es pas heureux comme tu es, mais tu refuses de changer quelque chose, même un peu, pour rendre la vie meilleure. C’est ce que je comprends. Tu penses que tu dois pas être heureux pour faire ton devoir, ce que les Dieux veulent. Moi je pense que les Dieux ils donnent à une personne, pas à l’image de la personne. Enfin... »

Elle n’avait pas envie de prolonger cet épineux débat. Même quand elle pensait simplement avoir une conversation, elle se retrouvait presque toujours à faire son métier. Or, elle aimait son métier, mais elle aimait aussi pouvoir parler simplement.

Son métier, d’ailleurs, semblait difficile à comprendre pour Fitz. Il ne semblait pas réaliser qu’elle était une “oreille professionnelle” et qu’elle ne se laissait pas atteindre par les problèmes des autres. Elle avait été formée à écouter sans rien prendre sur ses épaules.

« Non. Mon vase ne se remplit pas par les autres. Car c’est mon métier. Je sais comment protéger mon cœur de ce qu’entendent mes oreilles. Moi, j’ai été formée à être kestra’chern. Comme toi, tu es formé à être soldat. Pour toi, c’est pas difficile de porter une arme, de t’entraîner tous les jours. C’est ton métier. Moi, une seule journée comme toi, et je suis complètement... euh... ramollie. Fatiguée. C’est pareil si toi tu essaies de faire mon métier. Ça te fatigue. Tu comprends ? »

Les gens ne la voyaient que comme une masseuse qui était à l’occasion de bon conseil. Ou alors comme une prostituée d’un genre particulier. Mais, avant tout, Pluiechantante était quelqu’un qui soignait, quelqu’un qui écoutait et qui conseillait, et parfois quelqu’un qui donnait des coups de pied aux fesses. Écouter, c’était la première chose que l’on apprenait à faire. Écouter sans se laisser affecter, écouter avec compassion, mais sans passion.

« La rivière, tu sais, elle se déverse par un bout, mais de l’autre, elle est remplie. La rivière est en mouvement continu, cyclique. » Elle sourit. « Je suis heureuse d’avoir aidé. Tu sais, c’est vraiment mon travail. Quand je t’ai dit, je soigne les cœurs, je disais vrai. Parlais... euh... disais la vérité. » Elle rit doucement. « Je suis pas malheureuse comme tu penses. Je suis juste un peu fatigué de la bêtise. Je suis là depuis deux ans au moins. Mais je souffre encore parfois du choc culturel. »

Après son attaque, Fitz décida de la rendre inoffensive en la ceinturant vivement. Pluiechantante haussa un sourcil amusé puis poussa un petit cri quand il lui fit couler de l’eau dans le cou. Elle fit semblant de se débattre un peu avant de répondre avec amusement.

« C’est comme ça qu’il y a des rumeurs. On voit Fitz et Pluiechantante enlacés, alors on dit que Fitz trompe Feuillemalice, et que la diabolique Pluiechantante a encore fait du mal. »

Tandis qu’il relâcha un peu son étreinte, la k’Leshya prit solidement appui sur ses jambes et poussa en arrière, pour le faire tomber dans l’eau. Elle espérait l’avoir pris par surprise, mais n’eut guère le temps de s’appesantir sur la question. Elle avait pris trop d’élan et perdit l’équilibre. Elle finit tout entière dans la fontaine, éclaboussant tout autour d’elle.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 27 août 2014, 13:34:10
Visiblement la vision de Pluiechantante et de Fitz était tellement différente qu’il se demandait même comment ils arriveraient à se comprendre.

  « Je vois ce que tu veux tenter de m’expliquer Pluie mais… On peut avoir accepté un moule, effectuer une profession issue de ce moule, sans forcément s’y sentir à sa place. Et à l’heure actuelle, là maintenant, tout de suite, sincèrement, je n’ai pas d’autres choix que de continuer à suivre le moule, si je veux qu’il continue à y avoir une chance qu’un jour je puisse en sortir. Enfin, je pense que nous sommes tous les deux les produits de notre propre histoire. C’est qui est intéressant c’est de voir qu’on arrive à se retrouver quand même ! Par contre mon avis sur les dieux est moins complaisant que le tien, personnellement je pense surtout que ce sont des enfants qui ne se rendent pas compte que leurs jouets sont des vies humaines.»

Il sembla réfléchir un instant à leurs vases respectifs, avant d’adresser un énorme sourire à la jeune femme.

 « Pourtant je suis persuadé qu’une arme t’irait super bien ! Mais sinon oui je vois ce que tu veux dire. Après c’est certain que la pression de la société ici est souvent plus forte qu’ailleurs. Et puis les gens ont tellement peu à faire qu’ils arrivent encore à trouver le temps de parler. Je me demande comment d’ailleurs, avec la guerre à nos portes, je pensais qu’ils s’occuperaient autrement. Mais visiblement non ! Et puis sache que si tu es fatigué… Tu trouveras toujours quelqu’un sur qui te reposer en venant me voir. »

Elle collée contre lui, en partie trempés, la réflexion de Pluie le fit éclater de rire. Oui ils devaient surement avoir l’air coupable, et il est certain que si une de ces nobles prétentieuses de la cours passait ici et maintenant, ils auraient le droit à leur lot de rumeurs bien salées.

 « Franchement je préfèrerai pas ! Si jamais Feuille l’apprenait imagine… Elle a accès à des plantes, et des remèdes que je ne peux même pas imaginer. Elle pourrait m’empoisonner avant même que je ne me rende compte. Avoues que c’est effrayant comme idée non ? »

Même si il se doutait que Feuille ne pourrait pas croire un mot de ce genre de balivernes. Elle connaissait son amant, elle savait que Fitz était incapable de penser ne serait-ce qu’une minute à la tromper.

 « Alors qu’en fait nous ne sommes que deux amis pas totalement adultes dans nos têtes, qui vivons simplement notre vie non ? »

Et alors qu’il continuait à rire voilà qu’elle le prenait de nouveau au dépourvu. En temps de guerre, sur un champ de bataille, il se serait écarté pour la laisser partir seule dans sa course folle. Sauf qu’il n’était pas en temps de guerre, et qu’aujourd’hui franchement, il n’avait pas envie de garder ses sens en alerte, il voulait juste… Etre Fitz.
Il se retrouva donc plongé dans la fontaine, avant même d’avoir eu le temps de dire quoique ce soit, ou de faire quoique ce soit. Sortant la tête de l’eau il fut heureux de se rendre compte que Pluie avait suivi son chemin.
 « Ha bha alors là ! La prochaine rumeur va surement être qu’en plus d’éventrer des lapins, et de se mettre à poil devant ses élèves, le capitaine Fitz tente de noyer des passantes innocentes ! Tu vas me mettre dans de beaux draps. »

Et alors qu’il éclaboussait un peu plus Pluie, en tentant tant bien que mal de sortir (trempé) de la fontaine, le mercenaire partit d’un rire profond et sincère, que seul les enfants peuvent encore avoir.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 01 septembre 2014, 08:35:45
La théologie et la cosmogonie n’avaient jamais tellement intéressé Pluiechantante. Les Dieux n’avaient jamais eu une place très importante dans sa vie. Contrairement à leurs frères éloignés tayledras ou shin’a’in, la Déesse ne leur avait confié aucune tâche sacrée. Elle n’était pas très présente dans leur vie.

En arrivant à Valdemar, Pluiechantante avait pensé qu’il en allait de même dans ce pays. Les Dieux étaient si nombreux, les cultes si variés, que les habitants ne semblaient guère s’en soucier au quotidien. Certains étaient plus pieux que les autres, et vénéraient profondément l’un ou l’autre des Dieux. Mais la majorité semblait estimer que croire en leur existence suffisait. Puis, Pluiechantante était arrivée au Palais, et là elle avait découvert que certains Dieux posaient fermement leur main sur l’épaule de quelques Élus, et qu’ils ne se contentaient pas d’une prière à l’occasion. Ils demandaient à être servis promptement et loyalement, et leur présence ne faisait aucun doute. Cette constatation n’avait pas modifié le rapport de Pluiechantante à sa Déesse, mais cela avait modifié la perception qu’elle avait des gens qui vivaient sous le regard constant des Dieux. Comme Fitz.

« Je crois pas. Les Dieux ont besoin des humains, sinon ils deviennent faibles. Et ils choisissent bien leurs Élus. Ils demandent beaucoup oui, mais pas plus que ce que l’humain peut donner. Et ils donnent aussi. Ce sont pas des enfants. Ils sont juste trop différents de nous. »

Fitz semblait (faussement) étonné que les gens trouvent encore le temps de colporter des ragots malgré la guerre. C’était pourtant un bon signe que les gens parlent encore. Cela signifiait que la situation n’était pas si mauvaise.

« Mais justement parce que c’est la guerre, ils parlent ! Ils sont inquiets, parler ça rassure, alors ils parlent. Si la guerre arrive jusqu’ici, alors ils se tairont. Et toi, tu regretteras qu’ils parlent plus. »

Elle était touchée qu’il tienne à ce point à lui expliquer qu’il était là pour elle. Mais elle savait que Fitz avait de nombreuses autres préoccupations, dont une mission sacrée, et qu’il serait cruel de lui imposer un fardeau supplémentaire.

« D’accord. Si j’ai besoin, je viendrai peut-être. »

Fitz ne semblait pas réellement inquiet des rumeurs qui pourraient engendrer s’ils étaient surpris par la bonne personne dans leur position coupable. Mais il plaisanta quand même sur ce que sa tendre pourrait lui faire par jalousie. Amusée, Pluiechantante enchaîna.

« Peuh, elle peut pas faire ça. Elle a prêté serment. Par contre, c’est vrai qu’elle peut s’amuser à te donner euh... la courante ? C’est facile et pas dangereux. Et c’est drôle. Pour les autres. »

Pluiechantante prit un air faussement outré quand le soldat prétendit qu’ils étaient simplement un peu attardés. Pourquoi savoir parfois s’amuser comme un enfant signifiait-il forcément ne pas être adulte ?

« Ah non, je suis très adulte moi ! Juste pas adulte comme ils le pensent ici. »

Elle fut surprise d’être parvenue à entraîner Fitz avec elle dans la fontaine. Elle aurait pensé qu’il s’esquiverait pour la laisser sombrer seule. Mais visiblement, soit elle l’avait vraiment pris par surprise, soit il avait préféré faire le fou avec elle.

Il revint sur les rumeurs amusantes qui courraient sur son compte, et sur celles qui n’allaient pas manquer de naître après cet épisode. Pluiechantante l’arrêta d’un doigt autoritaire et amusé.

« Tu prends tout le mérite, oui. C’est moi qui noie les vilains capitaines qui tripotent les passantes ! » Elle rit. « Quand on est trop bizarre, les gens savent pas quoi dire. Quand on est bizarre, c’est normal d’agir bizarrement. Donc on agit bizarrement, et les gens ont pas de raison de dire quelque chose. »

Quel raisonnement alambiqué !

Elle se hissa hors de la fontaine, emportant dans son pantalon resserré aux chevilles un volume prodigieux d’eau glacée. Elle l’essora tant bien que mal, les pieds levés au-dessus de l’eau avant de repasser ses jambes du bon côté du rebord. Elle tenta de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux et dans sa mise avant de poursuivre, sur un ton beaucoup plus sérieux.

« Tu sais quand tu repars ? Tu crois qu’après ce sera fini ? »
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 13 septembre 2014, 11:55:24
Il ne savait pas ce que voulait les dieux, et il ne prétendait pas imaginer à leur place les besoins qu’ils pouvaient avoir, c’est pour ça qu’il haussa les épaules à la remarque de la jeune femme.

 –  Tu as peut être raison. Quoiqu’il en soit, je trouve quand même que c’est bien trop facile de laisser le travail aux hommes. Franchement tu penses pas qu’on se tape déjà assez dessus entre nous, sans avoir besoin en plus de se taper dessus pour eux ?

Non sur ce point-là il était intraitable. Sa vision était brouillé par ce qu’il avait vu, par ce que ces entités avaient décidés pour lui, à sa place, le privant par la même de ce qu’il chérissait plus que tout : son libre arbitre.

Le reste se passait de commentaire. Il savait parfaitement ce que les gens pouvaient faire en temps de guerre, il déplorait juste qu’une telle énergie soit perdue à de telles futilités, alors qu’elle pourrait être si bien utilisée ailleurs. Mais bien sur cela n’était que son avis à lui. Son avis un peu faussé de mercenaire qui avait passé sa vie à combattre.
Assis dans la fontaine comme un enfant, il riait. Il en profita pour rebondir sur sa dernière affirmation, un énorme sourire sur les lèvres

 –  Oui oui, c’est sûr qu’on fait vachement adulte plongés dans l’eau tous les deux comme ça !

Cette femme avait ca de spécial qu’elle était capable de désamorcer des situations plus stressantes les unes que les autres.

 –  Tu vois, si les gens doivent continuer à parler alors qu’ils parlent. Et crois-moi même si Feuille a prêté serment, je suis sûr qu’elle me ferait payer mon infidélité avec bien pire qu’une simple courante. Quoique sur un champ de bataille cela pourrait s’avérer handicapant.

Ils étaient deux adultes, un peu fantasques, qui s’amusaient dans un temps où le rire finalement se faisait rare. Et ça… Toutes les rumeurs du monde ne pourraient pas leur enlever. Et alors que la jeune femme reprenait la parole, Fitz s’extirpait difficilement de l’eau froide. Regardant sa chemise collée à son torse, et passablement inutile maintenant, il riait. Doucement, comme si il venait d’entendre une bonne blague.

 –  Tu remarqueras que tu as précisé « qui tripote les passantes » ! Ce qui prouve bien qu’on va jaser sur moi !

Il éclata de nouveau de rire. Oui elle avait un don pour désamorcer des situations, et c’est aussi ce dont ils avaient besoin, l’un comme l’autre, comme surement tout un chacun aujourd’hui. Certains s’évadaient en colportant des rumeurs, d’autres dans l’alcool. Eux c’était dans le rire. Une manière comme une autre d’exorciser la violence de ce qui s’apprêtait à leur tomber sur la tronche finalement.  Sujet sur lequel elle revint assez rapidement. Oui il savait quand il partait, oui il savait pourquoi. Et cela ne lui plaisait pas.

 –  Bientôt. C’est pour ça que j’ai fait faire ces nouvelles armes.  il désigna les deux haches dans son dos  Ordre de l’armée de Valdemar. Je t’avoue que je ne sens pas cette mission… Il y a des gens avec moi… J’aimerai qu’on les tienne éloignés de tout cela, ils sont trop jeunes, trop inexpérimentés pour ça… Son regard se planta de nouveau sur Pluie, la tête légèrement penchée sur le côté  Quant à moi, je préférerai être sur le champ de bataille à protéger mes frères. Mais il y a certaines choses que je dois faire et…. Je pense qu’on n’a pour l’instant qu’à peine effleuré le début de cette sombre histoire.

Il soupira lentement, avant de braquer un sourire amusé sur Pluie.

 –  Tout ça ne fait que commencer, mais finalement qu’elle importance ? Nous sommes des humains, nous nous battons pour avancer, alors… Avançons.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 20 septembre 2014, 10:14:54
Éduquée dans la croyance d’une déesse plutôt raisonnable et pacifique, par un peu plutôt raisonnable et pacifique, Pluiechantante n’avait aucun goût pour la guerre. Elle ne lui trouvait aucune justification, ou alors si rarement que la guerre aurait dû être un évènement très rare dans l’histoire d’un pays. Bien souvent, les problèmes auraient pu être résolus par une discussion franche, en mettant de côté les a priori et les craintes irrationnelles.

« C’est pas de leur faute si les humains aiment se taper dessus sans raison. Même les dieux de la guerre, ils aiment pas la guerre pour rien. Et on fait souvent la guerre pour rien. Presque toujours. » Elle haussa les épaules. « Moi, j’aime pas la guerre. Je connais pas de bonne raison de faire la guerre. »

Pluiechantante ne voyait vraiment pas pourquoi les adultes eux aussi n’auraient pas le droit de s’amuser. Les jeux étaient-ils réservés aux enfants dans ce pays ? Elle se demandait comment faisaient les adultes ici pour évacuer la pression. En buvant ? En dansant peut-être ? Mais un bal à l’occasion ne pouvait suffire à se décharger de ses soucis.

« C’est l’été, il fait chaud. Ça me semble très adulte. Ici, vous connaissez pas la joie de se baigner en été, c’est pourtant très agréable. »

Et ça lui manquait. La mer, le bruit des vagues, l’odeur du sel, tout cela lui manquait parfois.

Fitz maintenait qu’on allait médire à son sujet. Avec un grand sourire, elle le détrompa.

« C’est tellement normal, les soldats qui tripotent les passantes ! Je pense pas qu’on dira quelque chose. Ce serait comme de dire qu’un Barde a encore faire la cour à une noble, oui.. »

Maintenant qu’elle était hors de la fontaine, elle continuait à se sécher un peu. Elle essora un peu sa tunique et fit encore sortir de l’eau de son pantalon. Ce faisant, elle écoutait Fitz répondre à sa question. Elle fronça d’abord les sourcils, intriguée pas son commentaire.

« Trop jeunes ? Tu es pas si vieux non plus ! » Elle fit une grimace amusée. « Tu veux dire que c’est des femmes ? Donc trop jeunes et inexpérimentées ! » Elle fit claque sa langue. « Pas bien. Tu penses que le sang et les larmes, c’est que pour les mâles ? »

Puis il parla de son désir d’être sur le champ de bataille, avec des frères. Pluiechantante ne comprenait pas l’envie qu’il avait d’aller mourir inutilement alors qu’une mission importante l’attendait.

« Je sais pas si la guerre dure si longtemps encore... Mais tu es plus utile à faire ce que tu dois faire qu’à rêver à une place qui te semble mieux. »

Heureusement pour tout le monde, Fitz était avant tout un soldat, il obéissait aux ordres, même à ceux qu’il n’appréciait pas. Il constata avec fatalisme qu’il ne pouvait que continuer à avancer, malgré les déconvenues. Pluiechantante sourit à la fois amusée et agacée.

« J’aime pas la vie comme une bataille. Mais comme un escalier. Des fois tu laisses des gens plus bas, des fois tu t’arrêtes un peu sur un palier. La bataille... la guerre c’est trop brusque, violent. Y a pas d’élévation dans la guerre. »

Elle regarda ses vêtements, encore complètement trempés, et soupira.

« On remonte vers le palais, oui. Il fait chaud, mais ça pèse lourd les vêtements mouillés. Tu viens ? »

Et elle se mit en route, laissant derrière elle une traînée d’eau.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 26 septembre 2014, 12:19:41
Il souriait. La jeune femme avait une vision bien à elle, et tellement réaliste de la chose. En soit ce qu'elle disait était vrai. Parfaitement vrai même... Et pourtant les choses ne changeraient pas. Les hommes étaient des hommes et rien que par ce fait ils feraient la guerre.

 - Tu as raison, il n'y a pas de bonnes raisons de faire la guerre. Mais les hommes sont avide de pouvoir, et rien que cela suffit à ce qu'ils déclenchent le mal.

Mais de cela ils auraient pu en discuter longtemps sans tomber d'accord. Fitz avait arpenté le monde, les contrats, les escarmouches, il savait que même le plus petit du coin espérait toujours obtenir plus, et ferait tout ce qu'il pouvait pour. Le monde n'était pas noir, n'était pas blanc, il était gris.  Rares étaient les humains qui comme Pluie avaient une vision si... Pure de la chose... Non, la plupart avaient assez de sombre en eux pour tenter un jour ou l'autre d'obtenir plus que ce que la nature leur avait donné. Et cela... Cela ne changerait pas, qu'ils réussissent leur mission ou pas.

- Se baigner en été bien sûr que c'est agréable! Se baigner dans les fontaines publique ma chère c'est déjà bien plus rare!!!! Et d'où c'est normal que des soldats tripotent des passantes???   il faudrait qu'il ait une discussion avec ses hommes en rentrant à la caserne lui  C'est pas parce qu'ils sont soldats qu'ils ont le droit de tripoter qui que ce soit, et si ils ont dit l'inverse, crois-moi, ils seront de corvée de patate pour les 6 mois à venir!

Manquerait plus que des hommes salissent la réputation de l'armée en outrepassant leurs droits dans la rue... Ca allait méchamment barder une fois qu'il serait rentré franchement. Le pays était déjà assez sous tension, pour pas qu'en plus une bande de soldats s'amusent à semer la terreur dans les rues de la ville. Il fallait qu'il s’entraîne avec ses nouvelles armes ca tombait plutôt bien!

 Tu as raison, je serai sûrement utile là-bas. Mais parfois, il est compliqué d'imaginer qu'on aurait pu sauver des gens en faisant ce qu'on sait faire, plutôt qu'à avoir du faire autre chose car on avait pas le choix tu ne crois pas?

Oui bien sûr qu'il fallait qu'il aille sur cette mission, chercher les artefacts, tuer le sombre, et je ne sais quoi encore... Mais d'un autre côté des gamins crevaient sur les champ de bataille, là où il aurait peut-être pu survivre, et cela le rendait chèvre.

Et alors qu'il acquiesçait à son idée de remonter pour se changer (faut dire qu'on aurait pu les suivre à la trace vu l'eau qu'ils laissaient derrière eux) il reprit sur son idée précédente.


- Et non ce n'est pas le fait que ce soit des femmes qui m'embêtent, je m'inquiète aussi pour les hommes qui nous accompagnent je te rassure... Et j'ai vu des dames plus effrayantes que moi sur les routes et parmi les mercenaires. Non le problème c'est leur expérience. Bien sûr que je suis pas vieux, mais j'ai fait cela toute ma vie. C'est mon pain quotidien. Pas eux... Ils découvrent à peine le plaisir d'être adulte qu'on les envoie déjà au casse-pipe. Et franchement, oui ca me désole.  il prit une profonde respiration  Je sais je sais, il les faut sur cette mission etc etc... Mais franchement Pluie.. On va détruire leur jeunesse, et je ne peux rien faire contre ça. On serait désolé pour moins.


Ce n'était pas tant leur faiblesse le problème finalement, c'était ce qu'ils allaient gâcher.

- Si ils doivent tuer? Si on doit se défendre? Les images d'une guerre, les images de violences... Elles te marquent à jamais, et contre ça, je ne peux pas les protéger. Je pourrai même difficilement leur faire accepter.
Titre: Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 18 octobre 2014, 10:17:46
Le mal... quelle drôle de manière de parler de la guerre. Quelle vision manichéenne et simpliste! Pour Pluiechantante, la guerre n'était pas le mal. La guerre, c'était la bêtise des hommes. Enfin, de certains hommes.

«Pas tous... c'est aussi culturel, je crois. Les tayledras, les shin'a'in, ils ne cherchent pas plus de pouvoir. La Déesse regarde qu'ils font juste ce qu'ils doivent faire. Et à Valdemar, en général, ils préfèrent la paix. Ils veulent juste vivre.»

Et d'après ce qu'elle avait pu constater, la grande majorité des gens préféraient la paix. Ceux qui souhaitaient la guerre, la déclenchaient et la vivaient pleinement, ceux-là étaient rares. Mais ils entraînaient souvent dans leur folie nombre de personnes prêtes à suivre n'importe qui, à croire n'importe quoi.

Laissant là ce sujet complexe, ils débattirent des baignades dans les fontaines publiques. Fitz semblait trouver cela un peu bizarre. Pluiechantante, elle, ne voyait pas spécialement le problème.

«Mais à part la rivière, c'est le seul endroit où se baigner dans cette ville!» Elle rit de l'indignation de Fitz quant au comportement de ses soldats. «Pourtant je crois que les jeunes filles elles aiment bien les soldats qui sifflent et qui tripotent, ça les rend jolies. Tu es trop sérieux toi. Tu vois le mal là où c'est la jeunesse.»

Pensait-il vraiment que les soldats étaient tous aussi coincés que lui, tous aussi timides face à la gent féminine? Celle-ci aurait été très déçue si les jeunes soldats en goguette ne lui avaient témoigné aucun intérêt. Il fallait bien que jeunesse se passe!

Quant à la future mission de Fitz, celui-ci semblait résigné. Mais il ne pouvait s'empêcher de chercher à excuser sa réticence. Cela devenait un peu agaçant, même pour la très patiente Pluiechantante.

«Tu te tortures trop à la tête. On peut pas se dire toujours: si j'étais là-bas plutôt qu’ici? Si je faisais ça plutôt que ça? C'est trop fatigant. Et ça sert à rien. Tu peux pas savoir si tu sauves des vies là-bas. Tu imagines ça, ça te donne raison de pas être content de partir en mission. Mais tu sais pas.»

À mesure que Fitz expliquait les raisons de ses craintes quant à ses compagnons, Pluiechantante sentit une grande lassitude, mais aussi un agacement croissant la gagner. Cet homme... Il était gentil, brave, dévoué. Cela ne faisait aucun doute. Mais sa propension à vouloir être le seul qualifié, le seul conscient des risques, le seul capable d'affronter les dangers, de faire la guerre, de protéger ses camarades, le seul à souffrir, cette propension le rendait aussi particulièrement agaçant.  

«Détruire leur jeunesse? Je sais pas qui part avec toi, mais... les Hérauts, les Guérisseurs, ces gens-là, ils ont pas la jeunesse comme tu rêves. Ils grandissent avec un devoir. Là, c'est toi qui colles tes regrets sur eux. Et je crois pas que partir en mission ça détruit la jeunesse. Ils sont formés pour ça. Ils attendent ça. Leur jeunesse, ils la vivent comme ça. Avec l'idée qu'ils doivent agir pour le pays. Tu veux les protéger contre quelque chose qui... contre un faux problème. S'ils partent avec toi, c'est qu'ils doivent voir ces choses-là. Tu ne dois pas les protéger. Arrête de penser que tu es un sauveur pour tout le monde. Pfff... Ici vous avez tous la pensée que vous êtes des héros. Vous devez sauver les autres. Protéger les autres. Tu rends pas service aux autres si tu les protèges comme ça. Tu rends leur courage petit en cherchant à les protéger trop. Tsss...»

Ne se rendait-il pas compte qu'il insultait ses compagnons? Qu'il les rabaissait? Il les voyait comme de pauvres êtres innocents qui allaient être sacrifiés sur l'autel du devoir. Mais sans doute ces gens-là ne rêvaient-ils que de servir leur pays. Sans doute étaient-ils beaucoup plus mûrs que Fitz ne semblait le croire. Cet aspect paternaliste du soldat énervait particulièrement Pluiechantante. Lui, il savait. Lui, il comprenait. Lui, il était capable. Les autres n'étaient que des enfants qu'il fallait protéger en dépit d'eux-mêmes.

«Tu n'es pas leur père. Tu n'es pas leur protecteur. Ils sont tes compagnons, adultes, choisis, formés. Tu arrêtes de les voir comme des enfants. Tu vas faire du mal sinon, à eux et à toi.»

Son ton avait été plus dur que prévu, et elle ne parvint qu'à esquisser un mince sourire. Pluiechantante aussi, parfois, pouvait se montrer froide.
Titre: Re : [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Fitz le 05 juillet 2016, 18:36:16
La jeune femme faisait des remarques qui étaient justes. Et il avait même fini par l'énerver ce qui était plutôt un bel exploit. Pourtant il le savait, et il l'avait toujours su, il ne serait jamais d'accord avec elle. Bien sûr qu'ils avaient choisi, quoique pour ceux nés avec un dons ou "choisis" soyons clair c'était quand même pas vraiment le cas mais est-ce-que cela voulait dire qu'on devait leur imposer de risquer leur vie ?

"Tu ne me comprends pas Pluie. Ce n'est pas que je les rabaisse ou que je doute de leur courage ni même de leurs compétences. Chacun des hommes ou des femmes qui va m'accompagner me vaut 1000 fois. Ce que je me demande c'est de quel droit peut on leur imposer cela ? " il prit les devants "attends avant de t'énerver que j'essaye de trouver les mots."

Le mercenaire laissa ses yeux vagabonder un instant dans le ciel, il cherchait comment dire, un moyen de faire comprendre son dilemme à Pluie. C'était bien plus compliqué à expliquer qu'il ne pensait. Il se faisait l'impression d'être une vache qui essaye de discuter avec le soleil (et vous remarquerez que dans sa comparaison il est la vache, et Pluie le Soleil, gentleman jusqu'au bout le Fitz)

"Comment dire ce que je voudrai dire, sans dire ce que j'aimerai pas dire..

Il prit une profonde inspiration et se lança au risque de recevoir un coup de Pluie sur la tête avant de pouvoir se protéger.

"En fait Pluie ce qui me dérange au fond de tout cela, c'est qu'on soit obligé de considérer ce sacrifice comme quelque chose de "nécessaire". J'ai fait ce choix depuis longtemps, je suis ce qu'on appelle sur un champ de bataille "une quantité négligeable". C'est ce que sont les mercenaires tu comprends ? Des pions sur une carte que l'on déplace. Jusqu'à présent je m'en moquais. Aujourd'hui ...."

Il prit une profonde inspiration avant de continuer

"Ce qui m'ennuie c'est de me dire que c'est devenu un fait. Quelque chose de banale, et qu'on en arrive à déplacer chaque être humain de cet façon là, oubliant que quelque part il a une mère, un père, un amant ou une maitresse qui l'attendent. Ne te détrompe pas je ne mets pas en doute les choix de nos dirigeants loin de là! Et je sais que chaque personne perdue sur le champ de bataille ou en mission sera pleurée, et que les plus grands honneurs lui seront rendus. Mais je me pose quand même cette unique question: depuis quand jouer la vie de ses proches est devenu une telle nécessité que ce simple fait ne puisse plus entrer en compte dans les choix que l'on fait ? Ou du moins, si il rentre en compte, qu'est ce qui a fait que cela est devenu une "quantité négligeable" ? "

Son regard se posa un instant sur la jeune femme. Il ne savait pas si elle avait raison, ou si elle était naïve, quelque part même ce n'était pas important, il aimait sa façon de voir les choses, mais il en avait finalement peut être déjà trop vu:

"Quand à me prendre pour le "protecteur" comme tu dis.... C'est vexant Pluie. C'est mon travail.
Tout comme le tien est d'écouter et de réconforter des vieux briscards comme moi qui n'ont rien dans le ciboulot. Tu ne peux pas t'empêcher d'écouter, guider ou réconforter ? Je ne peux pas m'empêcher de protéger. C'est ma fierté, ma vocation, ce que je fais sur terre, et que les dieux m'en soient témoin, je sais bigrement bien le faire. Cela tu peux le comprendre? "

Ils avaient avancé tout en discutant, il prit alors la main de Pluie avant qu'ils ne rentrent .

"Ne te détrompe pas Pluie. J'aime la vie, bien plus que je ne l'ai jamais aimé. Et je ferai tout ce que je peux pour rentrer en vie, et j’espère ramener le plus de mes camarades possibles avec moi. Mais je sais ce que c'est d'avoir une mission, ou un devoir comme tu le dis si bien, et je suis prêt à sacrifier ma vie, comme chacun de mes compagnons. Je trouve juste désolant qu'on en soit arrivé à une époque, où, finalement le sacrifice d'une vie, est devenu banal. Il y a comme une obligation pour tout un chacun d'être prêt à le faire"

Il savait pas vraiment si il avait compris ce qu'il tentait d'expliquer, même pour lui c'était compliqué. Pourtant un sourire espiègle se dessina sur son visage, et ses yeux riaient déjà avant de dire sa prochaine phrase à la jeune femme

"Et puis.... Je suis un martyr arrête d'essayer de me changer ! J'aime me dire que le destin du monde repose sur mes épaules, et qu'il est de mon devoir sacré de sauver chaque être vivant de cette planète" il s'arrêta un instant, sembla réfléchir "sauf les puces de lit. Je hais les puces de lit".
Titre: Re : [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
Posté par: Pluiechantante le 08 juillet 2016, 12:50:03
Pluiechantante laissa le mercenaire devenu soldat rassembler ses idées. Après tout, il n'était pas dans son habitude de couper la parole aux gens, et encore moins de les brusquer quand ils réfléchissaient. Au contraire, un blanc dans la conversation pouvait s'avérer bénéfique, laissant le temps aux interlocuteurs de rassembler leurs idées et d'élaborer un discours clair.

Fitz saurait toujours surprendre la kestra'chern. À présent, il ne parlait plus comme le soldat de métier, il parlait plutôt comme un idéaliste, voire comme un philosophe. À partir de quand la nécessité faisait-elle foi? À partir de quand le devoir était-il autorisé à prendre le pas sur l'envie? Que de questions sans réponse. C'était à chacun de décider de sa limite. À Valdemar, la nécessité ne faisait que rarement loi, en tout cas pas pour le commun des mortels. Ici, grâce aux Hérauts, les gens du commun étaient à l'abri de ce genre de choix la plupart du temps. Ils pouvaient vivre en paix pendant que d'autres sacrifiaient leur famille, leur temps, leur vie pour eux.

« Tu aurais pas dû être soldat. Tu aurais dû être pensant... non, philosophe...» Elle sourit. «Tout ça, la politique, la guerre, je comprends pas. Mais... toi tu vois toi-même comme seul qui "a fait le choix". Tu es un pion et tu es d'accord avec. Mais les Hérauts ils ont aussi fait le choix. Ils sont là pour être déplacés aussi. Les soldats aussi. Quand tu es soldat, Héraut, mercenaire, tu signes pour ça. Tu es d'accord. Personne impose cela. Pas ici à Valdemar. Maintenant, tu vois tout noir. Mais tout le monde est pas déplacé, est pas un pion. Et il faut des pions, comme ça les autres sont pas déplacés.» Elle soupira. «Ce que tu aimes pas, en fait, c'est la guerre. Tu veux pas la guerre. Pas la guerre comme là. Tu es idéaliste. Ou tu rêves. Les humains... ils font la guerre. Dans un monde parfait, ça servirait à rien les soldats, les Hérauts. Mais on est dans la réalité. Dans la réalité on fait la guerre.»

Ce qui était bien dommage, d'après Pluiechantante. La guerre était une notion étrangère à la Kaled'a'in. Elle en comprenait bien les principes théoriques, mais il lui était impossible d'imaginer qu'il existât une raison suffisamment impérieuse pour en déclencher une.

Intéressant comme ils en venaient toujours à comparer leurs deux professions. Pourtant, elles n'avaient rien en commun, à part dans l'esprit du mercenaire. Pluiechantante n'avait jamais vu sa profession comme une mission. Elle était devenue kestra'chern sans se poser de question. Cette profession était la sienne, et elle l'habitait totalement. Mais elle n'aurait jamais songé à imposer ses soins à des gens qui ne les désiraient pas et pire, qui n'en avaient pas besoin. Quand elle retrouvait Sourcedésert le soir, elle laissait son habit de kestra'chern dans son cabinet et elle se contentait d'être l'amie et la compagne de la mage. Tandis que Fitz, lui, semblait incapable de ne pas "travailler".

« Protéger oui. Mais protéger des gens qui ont demandé. Là tu veux protéger des gens qui veulent pas. Tu veux protéger des gens qui savent faire, qui ont un devoir. Tu ne peux pas protéger ces gens. Moi je force pas ma manière et mes conseils. Ou j'essaie de pas faire. Donc, compare pas. Je peux pas soigner si quelqu'un veut pas. Tu peux pas protéger si quelqu'un veut pas. »

D'une certaine manière, avec sa "vocation" tonitruante, Fitz minimisait presque celles des autres. Ses compagnons de quête avaient sans doute eux aussi décidé de sacrifier leur vie si nécessaire. Mais jamais Pluiechantante ne pourrait croire que c'était devenu banal de demander un tel sacrifice. Elle ne connaissait pas personnellement le Roi, mais elle doutait qu'il soit simple pour lui de demander un tel choix. Et elle était certaine que peu étaient capables d'accepter de sacrifier leur vie.

«Je crois pas. Tout le monde est pas prêt à se sacrifier. Mais toi tu vis au milieu de gens qui pensent qu'à ça. Les autres, ils sont heureux de pas devoir mourir. Ils sont rassurés, les autres meurent pour leur donner une vie. Et on dit merci pour ça » conclut-elle d'une voix douce.

Malgré le sérieux de la discussion, Fitz parvenait à plaisanter. Cette faculté expliquait sans doute pourquoi il avait pu rester si pur malgré sa profession.

«Tu es un Héraut dans la tête toi. Idéaliste, prêt à se sacrifier, sûr que le monde il tourne pas sans.»

Ils étaient parvenus au Palais. Pluiechantante enlaça le mercenaire.

« Tu fais attention à toi. Pas pour moi, mais pour Feuillemalice. Et tu meurs pas bêtement.»

Elle déposa un léger baiser sur la joue de Fitz avant de repartir de son côté.

[RP CLOS]