Fumée était un peu perplexe, il n'était pas certain de comprendre la logique humaine. Mais étonnamment, sa remarque suivante fut plus que pertinente.
: Mais n'est-ce pas mieux de confier son travail à un inconnu compétent qu'à un fils incompétent, ou simplement bien plus compétent dans un autre domaine? :
Yvelin tenta répondre à la question du dyhéli, même s'il était au fond d'accord avec lui.
« Sans doute... mais va dire à un père que son fils serait bien mieux dans un autre domaine que le sien? Le mien avait beau savoir que je n'étais pas fait pour être papetier, il a quand même été un peu déçu de me voir partir pour le Collegium. Quand on est fils unique, en plus, c'est encore plus difficile pour les parents.» Il regarda Dunwyd d'un air entendu. « Mais ici, Aux Collegia, on pense beaucoup plus comme des dyhélis, en terme de groupes et de bien commun. J'ai beau être un barde de bibliothèque, je sais pertinemment que j'aurais moi aussi à partir sur les routes à la fin de mon apprentissage. Et peut-être même qu'après, on me demandera encore de remplir un rôle qui n'est pas forcément le mien. » Il sourit aux Dyhélis. « Je ne suis pas Guérisseur, mais il y avait besoin de quelqu'un pour s'occuper de vous, alors j'ai accepté de faire autre chose que ce pour quoi j'étudie. » Il regarda ensuite son ami. « Par contre, chez les Mages, je crois que c'est un peu plus "chacun pour soi". La majorité des grands mages étant plutôt invivables, c'est assez normal que vous ne formiez pas une communauté comme la nôtre. »
Yvelin omit cependant de dire que la plupart des grands Bardes aussi étaient parfaitement insupportables.
La révélation du Dunwyd sur les humains surprit énormément Brume. Il s'était toujours imaginé que bien que certains humains soient plus doués dans certains domaines, tous étaient capables de faire les "tâches humaines" de base, ce qui dans son esprit comprenait évidemment le faire de chanter.
: Tous les humains ne peuvent donc pas reproduire exactement ce qu'on leur enseigne? :
« Chanter, ce n'est pas quelque chose d'élémentaire chez les humains. Donc non, ce n'est pas quelque chose que tous savent faire. De même, tous les Dyhélis ne savent pas transmettre des langues, parce que c'est une habileté particulière. » Il sourit. « Quant à chanter ... N'ai-je déjà pas assez chanté pour vous l'autre jour? »
: Non. :
« Et que voulez-vous écouter? »
: La chanson qui parle d'yeux!:
« Sérieusement?» Il lança un regard amusé à Dunwyd. « Ils aiment encore plus que moi les vieilles chansons désuètes. »
Yvelin prit quelques grandes inspirations, s'étira un peu, puis quand il se sentit prêt, commença à chanter.
♫Les yeux de ma Dame sont comme les cieux,
D'un doux et ensoleillé bleu.
Aucune autre couleur ne pourrait se comparer
à cette teinte douce de milieu d'été.
Les yeux de ma dame ne peuvent déguiser
Son cœur doux et dévoué.
Elle ne peut pas feindre, elle se sent mon affliction
Chaque fois que nous nous séparons.♫
♫Tant que je vivrai, je me dois de lui dédier
tout mon amour le plus entier,
Pour qu'elle puisse savoir combien je l'honore,
Elle que je adore.
Et loin d'elle, je pris et je languis
que les jours puisent passer, puis
Je me hâte , je fuis, je vole, le cœur en émoi
Pour voir ses yeux encore une fois.♫
♫Des yeux de ma Dame, je chéris chaque regard,
Aussi doux qu'un nectar,
Et je voudrais pouvoir lui dire pourquoi
Je n'ose pas parler de mon émoi.
Trop élevé, que n'importe quel astre aussi lointain
son statut l'est du mien.
Trop grande est cette distance pour l'embrasser,
Sous elle, je ne peux que me lamenter.♫
(musique ici (https://www.youtube.com/watch?v=NqtpL2GtdjA) - traduction arrangée pour les rimes)