♫ 1ère décade d'été 1485♫
Elle était restée. Malgré tout ce qui avait pu se passer, tout ce qu’elle avait pu dire, elle était restée. Peut être à cause des cris des enfants qui remplissaient les couloirs du collégium.
C’était tricher elle avait toujours eu de la tendresse pour les jeunes, elle aimait leur spontanéité, leur facilité, leur joie de vivre. C’était sa bouffée d’oxygène.
Loin de toute la petitesse et les manigances des adultes. Pas qu’elle ne s’en sortait pas dans ce domaine, bien au contraire, elle y nageait comme un poisson dans l’eau. Et même si elle avait promis d’être sage pour pouvoir réintégrer le collégium, ça ne l’empêchait pas de jouer avec la limite.
Après tout c’était dans son contrat avec Rianon !
Alors Molly trainait, dans les couloirs, laissant trainer ses oreilles à droite et à gauche. Elle choppa un page par le col qui courrait trop vite à son goût, et le rhabilla correctement avant de le laisser partir
– Un page se doit TOUJOURS d’être présentable mon garçon. Un chanteur passable sera toujours plus apprécié s’il est bien habillé, qu’un bard habile habillé comme un sac de fourniture.
Son furet la précédait, effrayant les jeunes filles qui n’avaient jamais vu des animaux de ce type, ce qui faisait inlassablement sourire Molly.
S’approchant d’une porte pourtant, un fredonnement l’arrêta net. Il y avait quelque chose de clair, de pure, de beau. Quelque chose de simple et de pourtant si… Fort ?
Il fallait qu’elle en ait le cœur net.
La barde poussa donc la porte pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Une jeune femme dansait, elle dansait comme s’il n’existait qu’elle. Ce qui était d’ailleurs le cas dans cette pièce. Mais ça allait plus loin. Elle était le mouvement, de son corps émanait une aura à nul autre pareil. Cette danse venait de plus profond qu’un enchainement travaillé. Elle était naturelle.
Kis’trach entra à son tour dans la pièce et d’un mouvement rapide vint se caler dans le cou de sa maitresse. Molly quant à elle referma délicatement la porte avant de s’adosser au mur de la pièce, dans sa robe rouge à la coupe serrée, elle ne bougeait plus, elle attendait. Les yeux clos, sa voix s’harmonisa au fredonnement de la jeune danseuse pour bientôt ne faire plus qu’une seule voix, un seul ton. Doucement, elle poussa la puissance de sa voix, crescendo, sans brusquer, de peur de couper la danse de la jeune femme, elle emmenait la voix de la jeune femme avec elle, la guidait, l’englobait. A tel point qu’à un moment, leurs voix emplissaient la pièce, résonnant entre les murs. Molly ne quittait pas la danseuse des yeux, admirant le talent dont elle faisait preuve. Et cette gamine en avait du talent.
Et puis elle rompit le chant, plus un son. D’un seul coup le silence.
– Jeune fille, je savais que le collégium regorgeait de talent, je ne pensais pas en voir un aussi impressionnant en action. Vous êtes une danseuse hors pair !
Elle se déplaça vers elle, lentement et avec grâce.
– Mais je ne me suis pas présentée. Je suis Molly, barde de mon état.