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La guerre ravageait le sud de Valdemar depuis deux ans. Alem en avait entendu parler l'hiver précédent. Avec les tenants et les aboutissants qui l'accompagnaient l'usurpateur Rethwellan, qui avait chassé l'héritier légitime du trône et l'héritier qui tentait de le reconquérir avec l'aide de Valdemar. Son sang n'avait fait qu'un tour. Parce que si pour sa compagnie de mercenaire, il était le Grand Alem, il avait été un jour connu comme étant Alemdar, fils de Gedric, Roi de Rethwellan. Fils de la cuisse gauche, entendons-nous bien. A peine majeur, il s'était barré du panier de crabes qu'était la Cour. Mais tout de même, l'héritier spolié, s'il était le fil de l'autre salope de Reine, était son frère. Et Alem s'était senti obligé de rejoindre les rangs de Valdemar. Accompagné de sa meilleure amie Katy, il était remonté vers le nord, via Karse pour éviter les combats et il avait rejoint les armées Valdemaranes dotées de solides recommandations. Il avait intégré l'armée, Katy les rangs des guérisseurs et ils s'étaient jetés tête baissée dans la guerre.
Et c'est ainsi, grâce à ses bonnes idées et à son sens du devoir fraternel qu'il se trouvait là, encerclé en compagnie d'un Héraut par une belle poignée de traitres Rethwellans.
Super. Une bonne journée.
Un premier larron chargea le bâtard, le plus loin possible du Compagnon. Moins peur de son épée que des sabots du cheval et le la hache du cavalier? Grossière erreur. L'épée bâtarde du mercenaire lui ouvrit le ventre et le diaphragme, le laissant tomber, en essayant d'aspirer frénétiquement un peu d'air dans ses poumons mutilés.
Il y eut un léger blanc parmi les soldats ennemis.
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: Mon élu, il y’a un homme là-bas qui a pas l’air en forme :
: Il a croisé la route d’Alem ?:
: Il a croisé la route d’Alem :
Fitz éclata de rire.
Il était sur le front depuis 2 ans. Plus pour sa capacité musculaire et la forte impression qu’il faisait sur le dos de Fedora avec sa hache, que pour ses attributs de Héraut. Mais il faut dire que lui et Fedora sur un champ de bataille, ça dépotait sévère. Mais pour être honnête il ne s’était jamais autant marré sur les champs de bataille que depuis qu’Alem était parmi eux.
Il y avait toujours un petit nouveau chez les ennemis qui se disait « soyons malin attaquons les mercenaires, et fuyons le Héraut, on pourra s’en charger à la fin » et à chaque fois ça finissait pareil. Coupé en rondelle par un Alem peut être plus bourrin que Fitz lui-même, et ce n’était pas peu dire.
En général ça laissait un froid sur le champ de bataille. Et une fois encore il y eu un gros blanc. Et pour une fois ce n’était pas Fitz.
:Bon ma belle tu es en forme aujourd’hui ? On a du travail:
:Tu peux clairement dire que tu as encore envie de risquer ta vie et la mienne au passage :
:Mauvaise humeur ?:
:J’ai parfois l’impression que je suis comme ta hache pour toi :
:Voyons ma belle tu sais que tu es bien plus. :
Le compagnon semblait titiller dans sa curiosité ce qui plaisait à Fitz
:Tu es mon plus bel outil de travail :
Elle balança une ruade de réprobation avant de foncer en avant, laissant la hache de Fitz trainer le long de son flanc, creusant un sillon dans le sol à chaque foulée.
:Tu es incorrigible :
:Mais c’est toi qui m’a choisi
La hache de Fitz se releva d’un seul coup accompagné par une ruade de Fedora pour augmenter la puissance du coup, emportant avec elle un homme qui s’envola avant de s’écraser plus loin au centre de ses compagnons. Enfin en tout cas pour la première partie de son corps. On retrouverait peut être les membres plus tard… Ou pas.
Fedora en retombant écrasa le crâne de l’homme le plus proche en retombant, qui franchement n’avait vraiment pas demandé ça, soufflant de tous ses naseaux.
- Alem ! Celui qui en tue le plus se fait offrir les prochaines boissons par l’autre ?
:Tu peux vraiment pas t’empêcher de le défier ?:
:C’est la meilleur partie du truc ma belle :
:Certes mais on pourrait mourir si tu ne te concentres pas :
:Alors je mourrai au côté de celle qui compte le plus pour moi… Toi:
Il avait marqué un point, et il le savait. Son compagnon tourna la tête pour plonger son regard dans le sien un instant, avant de foncer de nouveau vers le groupe le plus proche.
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Alem et Fitz formaient vraiment une bonne équipe. Comme s'il avait entendu un signal, le Grand Alem s'écarta de Fedora et les laissa, elle et son elu, massacrer deux gars. Et le defier.
"C'est pas juste, elle joue pour toi! Je marche que si on divise votre score par deux!"
Un larron se permit d'attaquer pendant cette cruciale discutions. Alem se retourna souplement et lui entailla la cuisse de l'épée. Quand il se fut effondré a terre, il planta son épée entre deux vertebres de cou et acheva ainsi le malotru:
"Tu permets, je parle."
Il se tourna de nouveau vers Fitz:
"Alors, ca te va?"
Puis il se tourna vers la masse , leva son épée et chargea. Un larron tomba sous sa lame mais les autres s'éparpillèrent.
"C'est quoi ces manières. Revenez vous faire découper!"
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La champs de bataille vomissait plusieurs choses en grandes quantités.
Bruit, poussière, sang...
Au milieu de ce capharnaüm, on pu voir arriver au grand galop une grande brune aux cheveux couvert de terre. Sa jument, blanche à une époque, avait les muscles tremblant.
Irmingarde flatta l'encolure d'Ezarel, compagne de guerre qu'elle s'était offert lors de sa montée en grade dans sa Compagnie, puis regarda les cadavres autour des deux hommes qu'elle avait rejoint. Son collègue, Alem, et un Héraut détonnant, Fitz.
Quand ces deux-là étaient ensemble, ils ne pouvaient pas s'empêcher de se lancer des défis.
"Vous faites quoi là, un concours de celui qui a la plus grosse?"
Elle détacha de son poignet un lien en cuir dont elle se servit tant bien que mal pour attacher sa masse de cheveux puis fit un grand sourire.
"Non parce que si c'est une histoire de nombre de victime, encore, j'ai bien peur de vous battre, encore."
A ce moment-là, un énorme BOUM se fit entendre et la terre trembla. Une retentissante explosion suivie de flammes plus hautes qu'un homme venait de faire de très gros dégât dans les lignes adverses.
Sur le visage sale de Mina, beaucoup de fierté.
On l'appelait l'Artificière.
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: J’aurai peut-être dû choisir Alem, lui au moins il reconnait mon talent :
: Boudeuse:
: Jaloux ?:
:Toujours :
Une main sur le menton, semblant réfléchir, il abattit sa hache qui s’écrasa sur le crâne d’un homme à proximité l’arme au clair qui avait un instant caressé l’espoir de blesser Fedora, puis il se retourna sans regarder le cadavre, vers Alem.
-Pari tenu ! Même si c’est un peu cruel de dissocier un Héraut de son compagnon, je t’accorde cette règle !
Dit-il d’une aire faussement dramatique, comme si Alem avec sa proposition venait de percer son petit cœur fragile d’une flèche acérée.
Et alors qu’il allait foncer de nouveau dans le tas pour augmenter son score, une vois familière retentit. Et alors qu’elle finissait de parler, Fitz se bouchait déjà les oreilles. Fedora aurait fait de même si elle avait pu lever ses sabots.
Et boum.
Il aurait bien voulu savoir ce qui l’attirait autant dans tous les trucs qui faisait pshtt, boum, bim, patatra, et autres capharnaüms qu’aucun humain normal, ou pas, appréciait.
Et excepté son corps et ses courbes qui étaient à faire exploser n’importe quelles hormones d’un homme un tant soit peu attiré par la gente féminine, elle était loin de ce qu’on pouvait imaginer d’une femme à explosion.
: Je te rappelle que je suis là :
:Quoi ? Avoue quand même qu’elle a des courbes à faire se pâmer le plus droit des hommes non ?:
:Ce que je peux dire en tout cas, c’est que vu ta facilité à te retrouver accompagné la nuit, tu as déjà trouvé bien pire que cette demoiselle :
:Jalouse ? :
Fitz soupira et se tournant vers Alem.
- Je te propose que si on compte pas mon compagnon, on compte pas les jouets qui font du bruit de la demoiselle ici présente ! Ce serait bien plus équitable !
Avant de recevoir la volée d’injure qui ne manquerait pas d’arriver de part et d’autre, le Héraut s’élança vers l’avant, la hache au clair, tranchant à peu près tout ce qui échappait aux sabots et aux dents de Fedora. Dans son sillage des moitiés d’hommes, et tout le monde savait qu’une moitié d’homme, ça se battait mal.
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Alem gloussa aux faux airs blessés de son compagnon d'armes, puis il alla raser de très prêt un zozo qui s'était trop approché.
Soudain, il prit conscience qu'il tuait des conscrits rethwellanais. Des compatriotes à lui, des sujets de son frère. Des pauvres bougres qui n'avaient probablement pas eu le choix de leur camp dans cette guerre.
Mais un champ de bataille n'était pas le lieu pour de la sensiblerie. Il était mercenaire et apatride depuis qu'il avait quitté la cour avec Katy. Il n'avait pas de compatriotes, il avait des frères d'armes. Il enfouit sa sensiblerie en lui et reprit sa concentration blagueuse. À temps pour voir sa collègue débarquer.
"Mina! Tu peux pas jouer, tu les fais par lot!"
D'une main leste, il envoya une dague de lancée dans la carotide d'un type qui faisait mine de s'en prendre à Ezarell.
"On met pas la main à la croupe des Dames."
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Mina fit mine de réfléchir, la bouche pincée, et admit:
"Bien, faisons comme au marché où les choses sont moins chères par lot, comme les treize œufs à la douzaine. Disons que 3 victimes pour moi comptent pour deux, qu'en pensez-vous ?"
Elle tourna vivement la tête pour voir tomber celui qui venait d'essayer de l'attaquer par derrière.
"Ho, merci Alem"
Sur ce, elle sorti de sa besace quelques sachets rempli d'un mélange de sa composition qu'elle enflamma rapidement avant de les lancer vers leurs assaillants, enfin les survivants. Et dans ces cas-là, mieux valait ne pas rester trop loin, car si Mina savait concocter de détonnant cocktails, elle n'était pas vraiment réputée pour savoir viser.
D'une pression des cuisses, elle ordonna à sa jument de partir au galop. D'une main, elle tenait les rênes, de l'autre, une épée courte pour se défendre en cas d'attaque plus proche.
"On se retrouve au campement?"
Et elle disparu dans un nuage de poussière.
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Fitz se retourna juste à temps pour voir Mina continuer à lancer des trucs qui faisaient des petits morceaux de ses adversaires.
Puis il sembla perdre le fil de ses pensées un instant . Fedora lui sauva la mise en écrasant deux adversaires qui s’approchaient. Et en les éloignant un peu du point d’impact des engins de Mina
:Concentre-toi s’il te plait :
:Désolé une absence :
*Boum1*
:Oui j’ai bien compris que tu aurais bien aimé être à la place d’Ezarell :
:On peut même plus avoir d’intimité :
*Boum2*
Avant de se relancer en avant, il hurla une dernière phrase à Alem
-On peut leur mettre la main à la croupe si elles sont consentantes ou ça aussi c’est interdit ?
Lançant Fedora au galot, il se mit debout sur son dos, et sauta de tout son poids sur le tas d’homme le plus prêt. Sa hache s’écrasa au sol et découpa un homme en deux. Fedora couvrant les arrières de son lié, en envoya deux valser plus loin à coup de sabot. Ça aurait pu bien se passer si les pierres du coin n’avaient pas rencontré leurs têtes. Fitz souriait en relevant sa hache.
-J’accepte les termes de la dame. En avant Alem, y’a des bières qui nous attendent
Fitz continua son chemin, laissant sa hache énorme tracer un trajet dans les rangs adverses.
Quand il montait sur Fedora ils étaient impressionnants, comme tout Héraut à dos de son compagnon. Mais une fois sur le sol, libre sur tous les axes, lui et elle… Ils étaient inarrêtables, féroces, sauvages.
Ils formaient un balai étrange. La grâce des mouvements de Fedora, combinée à la sauvagerie de Fitz. Le don de prescience qu’il avait, lui permettait d’éviter une grande partie des attaques qui leurs étaient destinées, et il prévenait immédiatement sa Liée de son prochain mouvement, de sorte qu’à chaque moulinet de hache, celle-ci passait toujours seulement à quelques centimètres de Fedora qui attaquait sur l’angle mort, rendant leur duo particulièrement imprévisible et redoutable.
Les termes du pari décidé par Alem n’étaient pas innocents, il le savait, Fedora faisait autant de dommage que Fitz sur un champ de bataille. Elle était partie intégrante de leur tactique développée au fil des combats. Pour chaque homme tranché, Fedora en mettait un autre hors combat.
Certains Hérauts étaient diplomates, professeurs, espions, beaux parleurs, rendaient la justice, où aidaient les gens. Lui il était là pour gagner des batailles. Il était envoyé pour gagner des guerres.
Ils ne faisaient pas dans la finesse, et ce n’est pas ce qu’on lui demandait à Haven.
Découper, décourager, et faire fuir l’adversaire, voilà ce qu’on leur demandait. Et ils s’y employaient avec une minutie implacable.
Depuis qu’il avait été nommé, il avait fait une seule chose : remporter des batailles pour Haven.
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"Ça marche, Mina!"
Et elle se remit à faire péter des trucs. Alem décida de s'éloigner de sa trajectoire.
Une dernière pique de Fitz lui parvint:
"Si la Dame est d'accord, ça vous regarde!"
Puis l'accalmie dont ils avaient profité pour leurs bêtises cessa. La bataille redevint dense et dangereuse. Alem passé de concentration blagueuse à concentration tout court. Il tranchait, coupait, massacrait comme si sa lourde épée bâtarde ne pesait rien. Ah, son épée, l'un des derniers cadeaux de son père qu'il avait conservé. Il en avait camouflé la poignée ouvragée sous une couche de cuir pour ne pas tenter les indélicats, mais c'était toujours celle de Papa.
Papa. Tué par un usurpateur.
Le bâtard hurla et laissa sa rage , sa colère et sa tristesse transparaitre. Il se mit à frapper comme si chaque conscrit était personnellement responsable de la mort de son père.
Il finit la bataille épuisée et pas particulièrement calmée. Il avait tué, aujourd'hui. Beaucoup. Assez pour battre les deux autres zozos. Mais cela ne lui rendrait pas son père. Cela ne lui rendrait même pas son frère, qui devait l'avoir oublié depuis longtemps. Douze ans.
Doucement, il rentra dans sa tente, celle qu'il partageait avec Katy. Katy. Sa compagne de fuite, sa meilleure amie, qui n'avait pas hésité a quitté une place confortable pour le suivre sur les routes. Il défit son armure de cuir et entreprit de la nettoyer méticuleusement. Puis il passa à son épée. Enfin, il s'inspecta soigneusement avec le petit miroir de Katy. Il ne se sentait pas blessé, mais la rage du combat pouvait vous faire négliger une blessure. Non, ça allait, rien qui ai besoin d'être recousu. Il passa un peu de pommade sur le reste et s'habilla d'un uniforme plus léger.
Il était prêt pour faire la fête. C'était important, la fête, ça vous rappelait que vous étiez en vie et pas les autres. Ça vous encourageait à le rester. Puis c'était encore meilleur quand vous aviez gagné. Il s'installa a un feu de camp et attendis ses compagnons de beuverie.
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(http://www.valdemar.fr/forum/images/avatars/Valdemar/rafael.png)
Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans
Rafalentha Jedrevalyn avait survécu un jour de plus. Il se demandait encore comment. Il n'avait jamais été un bon combattant, la guerre avait toujours été le domaine de son frère aîné. Lui, formé à devenir roi un jour, avait bénéficié d'une éducation plus généraliste. Il avait des bases dans de nombreux domaines, juste de quoi s'assurer que ses conseillers ne lui raconteraient pas n'importe quoi. Mais il n'excellait dans rien. Et moins encore sur un champ de bataille.
Il était d'ailleurs dans un état lamentable. La lance d'un soldat s'était brisée sous son épée et un éclat de bois lui avait méchamment entaillé le front. Il avait du sang plein le visage et l'impression d'avoir bu le contenu d'une taverne la veille. Mais, étonnamment, il se sentait bien. Optimiste même. Sans doute parce qu'il avait entendu dire que son frère, qu'il n'avait pas vu depuis bien trop longtemps, était quelque part, non loin. Et Rafael, s'il avait toujours adoré son père, n'avait jamais eu qu'un héros dans sa vie: son grand frère parti monter sa propre compagnie de mercenaires.
À la fin de la bataille, il ignora les recommandations de son écuyer, et celles, plus pressantes, de son général, pour se mettre en quête d'Alemdar. Qu'importe s'il était sale et épuisé! Qu'il ait survécu à cette bataille était un miracle. Il ne voulait pas risquer de mourir - ou qu'Alemdar meurt, ce qui était peu probable - avant d'avoir pu le revoir au moins une fois.
Quand il demanda son chemin, personne ne sembla le reconnaître. Il ressemblait à n'importe quel combattant. Finalement, il arriva dans un camp où visiblement, on s'activait pour fêter la bataille du jour. D'après l'étendard, il était au bon endroit. Il se sentit soudain nerveux. Et si Alemdar le détestait? Il s'arrêta, hésitant. Puis prenant son courage à deux mains, il demanda qu'on lui indique où se trouvait Alemdar.
«Il est sans doute quelque part là-bas. Vous pouvez pas le manquer, de toute manière.»
Rafael se mit en route et finit par apercevoir une silhouette familière. Il n'avait jamais réalisé auparavant à quel point Alemdar et son père se ressemblaient, de loin. Intimidé, il s'approcha lentement.
«Hum... la place est-elle libre?»
Il lança à Alemdar un regard à la fois admiratif et gêné.
«Je...» Il prit une large inspiration. «Te souviens-tu de moi?»
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Après reflexion, Alem s'était servi une petite bière en avance. Il n’allait pas tarauder à sec en attendant les autres quand même!
«Hum... la place est-elle libre?»
"Oui, oui, plus on est de fous plus on rit."
Il n'avait pas regardé le nouveau venu, même si sa voix éveillait un truc en lui. Il prit une gorgée de bière... Et s'étouffa avec quand le jeune homme lui demanda s'il était reconnu.
Oh putain. Il avait pas changé. Il s'était pas changé non plus. Il avait le visage plein de sang séché et grossièrement essuyé.
Alem hésita entre la familiarité qu'il partageait avec le gamin a l'époque et l'obséquiosité due à son rang. Il hésita, mais après tout, il n'était pas convoqué. C'était Raf qui était venu le chercher.
Venu le chercher. Il regarda autour d'eux. Ouais, ils étaient seuls. Seuls... furieusement, il chuchota:
"Putain, Raf! D'où tu te balades seul dans le camp. Y a des gens de partout, ici, il peut y avoir des assassins et tu fais une cible idéale à chercher un vieux con de mercenaire!"
Oups, ça devait un peu trancher avec le langage plus policé de l'ancien Alem courtisan.
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Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans
Rafael ne sut d'abord où se mettre. Il n'avait pas réfléchi un instant aux risques qu'il prenait. Malgré tout ce qui lui était arrivé, il oubliait facilement que tout le monde n'était pas forcément bien attentionné à son égard.
«Mais je ne risque rien au milieu de tes hommes!» Rafael fronça les sourcils. «Et tu n'es pas vieux!»
Il ne put s'empêcher de regarder autour de lui, curieux comme un chaton.
«C'est donc à ça que ressemble un camp de mercenaire? C'est pas très différent du mien.»
Ayant conscience qu'il ne racontait que des banalités, il se tut, gêné.
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"Ce ne sont pas mes hommes, ce sont mes camarades."
Il ne réagit pas sur l'histoire de la vieillesse. Ce n'était qu'une provocation, de toute façon.
Il sourit à la remarque sur le camp.
"Il y a des différences. Mais elles ne sautent pas aux yeux, c'est vrai. Surtout si ton camp est bien tenu."
Un camp de mercenaires dignes de ce nom était toujours bien tenu. Ce n'était pas une parenthèse dans leur vie, eux, c'était leur quotidien.
Raf se tut. La gêne était palpable sur son visage. Machinalement, Alem lui sourit, histoire de le mettre à l'aise, comme il le faisait à l'époque.
"Ça me fait plaisir de te voir."
Vraiment? Était-il heureux de voir débarquer un crétin qui ne faisait pas gaffe à lui?
...
Oui, même s'il l'aurait préféré entouré de trois gardes.
"Vraiment. Je peux faire quelque chose pour toi?"
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(http://www.valdemar.fr/forum/images/avatars/Valdemar/rafael.png)
Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans
«Ah... mais euh... ce n'est pas toi le chef? J'étais sûr pourtant!»
Il se sentit idiot. Pourquoi s'était-il persuadé qu'Alemdar dirigeait la compagnie de mercenaire? Sans doute parce qu'il ne pouvait s'imaginer le fils d'un roi en simple subordonné. S'il avait fait partie de son armée, Alemdar aurait eu un poste d'importance.
Rafael était à la fois heureux comme un enfant de retrouver Alemdar et un peu perdu. Même si celui-ci se montrait chaleureux, il s'était imaginé des retrouvailles plus... chaleureuses, justement. Ça faisait douze ans qu'il est était parti, en l'abandonnant. Douze ans! Et il le traitait comme s'il s'était croisé la décade dernière.
«Faire quelque chose pour moi?» Son visage se décomposa. Il avait l'air un chiot blessé. «R-rien... je venais juste te voir. Enfin... te saluer. Je ne vais pas te déranger, alors.» Il se leva. «Vous allez fêter la victoire, je ne voudrais pas m'immiscer. Mais c'était... plaisant de te recroiser.»
Il avait beau être un futur roi, Rafael restait un jeune homme au caractère plutôt doux et rêveur. Que son demi-frère, son héros, manifeste un tel flegme en le voyant lui avait donné un coup.
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Ils avaient gagné la bataille, et tout le monde avait pu rentrer faire une brève toilette avant de fêter leur victoire.
Mina s'était rafraîchit les idées en plongeant dans un ruisseau glacé - et surtout isolé - et s'était plus ou moins soignée elle-même. Un soldat Rethwellan l'avait fait tomber de son cheval alors qu'elle se pensait hors d'atteinte et la réception avait été maladroite. Elle boiterai quelques jours et n'avait pas envie d'aller déranger Katy, elle avait bien assez de boulot comme ça. Ah, et le soldat en question était bien sûr mort.
C'est donc les cheveux encore humides et d'un pas claudiquant qu'elle traversa la camp pour choisir avec qui elle célébrerai leur victoire. Comme si elle allait s'en remettre au hasard, alors qu'elle savait bien qu'elle cherchait une personne en particulier. Alemdar.
Il était, dans la compagnie, ce qu'elle pouvait qualifier d'ami le plus proche. Il faut dire qu'il avait une qualité essentielle à ses yeux. Il était socialement reposant.
Il ne ressentait jamais le besoin de parler pour ne rien dire, ou faire parler les autres. Il était parfaitement capable de rester à ses côtés une marque entière sans rien dire. Et quand on vivait dans une si grande famille qu'une Compagnie de mercenaire, c'était on ne peux plus précieux.
Sa grande taille le rendait facile à repérer, même assis, et elle le rejoint facilement, ne faisant guère attention à l'interlocuteur d'Alem, qui avait visiblement pensé que l'hygiène était quelque chose d'accessoire.
Elle s'assit en grimaçant et dit d'un ton boudeur:
"Tu aurai pu m'attendre pour allumer le feu..."
Le feu, c'était SON domaine.
Enfin, elle se rendit compte de l'ambiance. Elle regarda Alem, puis l'autre homme, plus jeune, pas de chez eux, un inconnu total pour elle:
"Je dérange peut-être?"
Elle ne se présenta pas. Les bonnes manières, ça n'avait jamais été son truc.
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Il avait pris son temps. Mais il prenait toujours son temps.
Sur le principe, il détestait ce qu’on lui faisait faire. Tuer à tour de bras, encore et encore. Son don lui permettait de voir la mort des gens avant qu’il ne les tue, pour la revoir une deuxième fois lorsque celle-ci se produisait.
Voir mourir un homme une fois c’était déjà beaucoup pour un esprit, le voir 2 fois à chaque fois, cela commençait à devenir beaucoup trop pour un être qui arpentait les champs de bataille.
Alors comme après chaque bataille, il était rentré écrire son rapport, s’enfermer dans sa tente seul, se centrer en méditant pour vider ce que son esprit ne pouvait s’empêcher de voir, et profiter d’un instant à deux. Lui et Fedora, deux esprits emmêlés qui ne vivaient que pour eux, et que par eux.
Puis il mit un uniforme propre, blanc de la couleur de son rang. Il préférait toujours être visible dans le camp, pas pour marquer la différence non, ce n’était pas son truc. Il avait d’autres raisons, plus terre à terre.
Un assassin tenterait toujours d’assassiner un Héraut plutôt qu’un homme d’arme. Il faisait de lui la cible de tout espion, ou traître qu’il y aurait pu avoir dans leurs rangs. Il se montrait volontairement pour protéger les hommes car il était là pour ça.
- Personne ne quitte ce feu de camp avant d’avoir bu jeune homme, étranger au camp ou pas.
Dit-il à l’inconnu en seul guise d’introduction. Il arriva, comme toujours bon dernier, mais pour se faire pardonner, il portait un fût de bière sur l’épaule, et un plateau de choppe dans la main. Il regarda un instant le nouvel arrivant, avant de continuer.
– Et Mina, vu les dégâts de tes « feux » je préfère encore que ce soit Alem qui s’en soit chargé. Je préférerai cette fois qu’on ne flambe pas une tente .
Le Héraut déposa le fût au pied du mercenaire, et les choppes sur son dessus, avant d’aller s’asseoir adosser à un tronc posé sur le sol.
– Bon comme tu as gagné, c’est moi qui est ramené les bières, je ne pouvais décemment pas laisser Mina payer tout l’alcool que je suis capable d’engloutir. Ça n’aurait pas été correct.
: Avoue surtout que tu avais peur qu’elle fasse sauter le fût avant d’arriver :
:Y’a de ça !:
Il fit un rapide tour du feu du regard. Un mercenaire exilé, un inconnu bien trop jeune pour avoir de l'expérience dans le combat, et une envoûtante furie complètement obsédé par tout ce qui pouvait mettre le feu quelque part.
Il ne savait pas quel dieu avait décidé de les réunir, mais en tout cas, il avait un sacré sens de l'humour.
– Fedora vous félicite pour la bataille, vous avez fait de l’excellent travail comme toujours.
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"Tu ne déranges jamais, Mina. Reste."
Alem regarda Raf se lever avec un petit pincement au coeur. Il regrettait que Raf parte déjà. Mais celui-ci avait sans doute beaucoup de travail et....
- Personne ne quitte ce feu de camp avant d’avoir bu jeune homme, étranger au camp ou pas.
Ah, non, apparemment. À l'arrivée du Héraut, Alem resta figé une seconde. Dans quels cercles évoluait le héraut Fitz? Connaissait-il Raf? Devait-il le présenter? Il hésita une minute puis se décida pour une demi-présentation.
"Euh... Raf est mon frère. On est d'une famille... Très loyaliste. Je savais qu'il serait de ce côté dans cette guerre. C'est... Pour ça que je suis venu ici."
Il rougit légèrement.
"Pour l'aider. Lui et la famille."
Il se servit une bière, en servit une à Raf et porta un Toast:
"À l'approbation de Fedora!"
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(http://www.valdemar.fr/forum/images/avatars/Valdemar/rafael.png)
Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans
Rafael se sentit encore plus mal à l'aise quand une magnifique jeune femme les rejoignit devant le feu. Il avait espéré un instant qu'Alemdar lui dirait de rester, mais visiblement, il préférait le compagnie des mercenaires à celle de son frère. Alors qu'il esquissait un geste pour repartir, une voix retentit.
«Personne ne quitte ce feu de camp avant d’avoir bu jeune homme, étranger au camp ou pas.»
Rafael faillit rétorquer que personne ne lui donnait d'ordres. Mais cette réaction aurait été stupide. Avec un soupir las, il se rassit. Il se sentait ridicule. Et le sang sur son visage commençait à sérieusement le déranger.
Il oublia bien vite son inconfort quand Alemdar le présenta. Une famille "loyaliste"? Il ne put s'empêcher d'ouvrir des yeux ronds et de hausser les sourcils.
«Euh... loyaliste, c'est ça.» Son ton était tout sauf convaincu. Il se reprit.«Je m'excuse pour mon état peu... présentable. Quand j'ai appris que mon frère aîné était dans le campement, je n'ai pas pu résister à mon enthousiasme. Je... je vais me débarbouiller.»
Il se leva et chercha de quoi mouiller son mouchoir. Il finit par dégoter un seau d'eau. Il y trempa le carré de tissu qui avait connu de jours meilleurs et vint reprendre sa place auprès du feu. Il entreprit alors de nettoyer le sang séché. Quand il eut fini, il prit la bière qu'on lui tendait et répondit maladroitement au toast.
«Euh, oui, à Fedora et à tous les braves combattants qui luttent contre les armées de l'usurpateur!»
Il avait envie d'enlever sa cuirasse, car celle-ci commençait à lui irriter le cou. Il descendit la chope à une vitesse plus qu'honorable. Puis il se contorsionna pour retirer son plastron. En dessous, il portait une gambison aux couleurs de Rethwellan.
«Et vos noms? Je ne crois pas les avoir compris.»
-
Mina leva les yeux au ciel, et sans même le regarder, répondit à Fitz:
"Je maîtrise parfaitement mes flammes, Fitz, ne t'avise pas de faire croire le contraire"
Surtout devant des étrangers.
"Seulement, quand on joue avec le feu on se brûle, oui, et je crois me souvenir que celui qui a fait l'idiot avec un feu de camp et de l'alcool ce n'est pas moi.... Mais je te remercie pour ta contribution, j'suis en effet pas payée grassement par mon pays, moi..."
En fait, elle aimait bien Fitz. Un peu trop bavard, et bien trop d'yeux baladeurs, mais elle avait toujours pensé que soit on l'appréciait, soit on le détestait.
Le frère d'Alem ? Mina fronça les sourcils et observa le jeune homme avec curiosité. Son ami n'était pas très disert quand il s'agissait de son histoire familiale, ce en quoi ils se ressemblaient, mais elle avait compris qu'il devait être un bâtard, comme elle.
La différence, de toute évidence, c'est que lui aimait sa famille au point de les chercher, alors qu'elle ne pensait jamais à la sienne.
Elle l'observa distraitement se nettoyer tout en se servant une choppe de bière qu'elle vida presque d'une traite. Elle avait une descente assez impressionnante pour une femme.
Mais elle failli s'étouffer quand le dénommé Raf commença à se dévêtir. Elle n'avait aucune culture géographique, mais elle savait reconnaître les drapeaux des pays pour ou contre lesquels sa Compagnie de battait. Et ce drapeau, ce n'était pas celui de Valdemar.
Elle ne se présenta pas et demanda plutôt, soupçonneuse :
"Tu as piqué la tenue d'un soldat adverse ou quelque chose m'échappe ?"
Elle lança un regard surpris à Alem mais aussi à Fitz. Il lui semblait impossible qu'un soldat rethwellan puisse traverser leur camp ainsi, même si il cherchait son frère.
-
Fitz éclata de rire
– Je faisais l’idiot car je mimais tes talents sur le champ de bataille ! Et tu dois bien admettre qu’ils impliquent souvent de mettre le feu à la moitié du coin !
Adossé il ne se formalisa pas de la présentation faite par Alem. Il ne haussa même pas un sourcil quand Raf dévoila les couleurs de Rethwellan. Il but une gorgée de sa choppe au toast d’Alem. Et il ne semblait pas troublé le moins du monde.
Mina quant à elle semblait déjà bien plus surprise. Il laissa passer un silence.
– Toute personne portant les couleurs de Rethwellan n’est pas bonne à cramer ma chère Mina.
Il regarda tour à tour Alem et Raf.
- Quant à votre question. La jeune femme ici présente est Mina, notre artificière, une spécialiste de ce qui fait beaucoup de bruits et énormément de dégâts. Mieux vaut l’avoir de votre côté que contre vous.
Il but une nouvelle gorgée.
Quant à moi. Je suis Fitz, en charge du front avec Rethwellan, Héraut de Valdemar,
La tête de Fedora apparut au-dessus de son épaule, émergeant de l’ombre, braquant son regard sur le nouvel arrivant.
- Et voici Fedora, mon compagnon. Elle en sait toujours plus que moi, et sur presque tous les sujets.
Fedora continua de regarder Raf.
:Ils se ressemblent :
: Tu trouves ?:
:Oui :
:Ne trouves-tu pas ça étrange ?:
:Il voulait voir son frère :
:Certes… Mais deux descendants ? Dans le même camp ?
Il se servit une choppe de plus.
- Vous serez en sécurité ici… loyaliste, mais vous avez pris des risques pour venir voir votre frère . Je suppose qu’on vous a déjà prévenu ?
Il insista volontairement sur le loyaliste.
-
Raf... Se laver c'était bien. Arborer ses couleurs, c'était déjà plus con...
Mina faillit partir au quart de tour, mais Fitz calma le jeu.
"Techniquement, ce sont les couleurs du roi légitime, qui combat avec nous. Nos ennemis les usurpent comme ils usurpent tout le reste. Même si personnellement, j’aurais choisi un autre gambison, Raf, de peur de me prendre une flèche valdemarane. Mais je comprends tes raisons."
C'était quand même ses couleurs à lui. Mais ses conseillers ne faisaient pas leur travail en le laissant porter cela au champ de bataille. Et pire, dans un camp anti-Rethwellan.
Il but un peu de bière, sans avoir la descente des trois autres, puis il se permit de porter un nouveau toast:
"A Raf! Que je n'avais pas vu depuis douze ans ! Et je dois dire, petit frère que... que ça fait long, trop long. Je suis content que tu sois venu."
-
(http://www.valdemar.fr/forum/images/avatars/Valdemar/rafael.png)
Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans
Rafalentha, roi légitime, n'avait pas pensé qu'arborer ses propres couleurs pouvait poser problème. Après tout, dans son camp, c'était considéré comme parfaitement normal. Et de toute manière, il aurait refusé de combattre sous d'autres couleurs. Rethwellan était son pays, il en était le roi (enfin... pas encore), il n'avait pas à avoir honte.
«Je n'ai pas écouté mon écuyer, ni mon... euh...» Il ne pouvait pas dire conseiller sans se trahir. Et puis, finalement, pourquoi devrait-il avoir peur de dévoiler son identité. Fitz était un Héraut, donc il était entouré de gens de confiance. «Mon conseiller a tenté de m'en empêcher, mais... j'avoue avoir sciemment ignoré ses recommandations. J'étais déjà assez fâché de n'avoir été prévenu de la présence d'Alemdar qu'aujourd'hui. Par hasard, qui plus est!»
Malgré lui, son ton portait tout l'indignation qu'il ressentait.
Le toast d'Alemdar lui fit chaud au cœur et il s'y joignit en rougissant. Il se sentait un peu ridicule. Et la bière lui était monté à la tête; il n'avait rien mangé depuis l'aube. Il lança un regard à Mina, qu'il trouvait décidément extrêmement jolie. Après avoir descendu sa seconde chope de la soirée, il ajouta:
«Et je ne suis pas responsable si non content d'avoir usurper le trône, Thelarson a aussi volé les couleurs de père!»
-
Suspendant provisoirement ses soupçons, Mina lança un regard amusé et, disons-le, un peu condescendant à Fitz
"Tu fais erreur, Héraut à la hache. Toute personne est bonne à cramer. La graisse humaine est un excellent combustible."
Elle ponctua sa remarque d'un fin sourire, et se rengorgea quand il la présenta. Elle n'était pas forcément prétentieuse, mais la façon dont Fitz la décrivit lui fit plaisir. Elle aimait bien faire peur aux gens. Ca les gardait à distance.
Cependant, quelque chose la troublait. Elle remplit à nouveau sa choppe et ronchonna:
"J'ai l'impression que vous vous moquez de moi, que quelque chose m'échappe. Je déteste ça."
La jeune femme fronça les sourcils en écoutant le dénommé Raf parler d'écuyer et de conseiller. C'était quoi, un fils de noble Rethwellan ? Elle ne se souvenait pas que la famille royale soit venu accompagnée d'alliées de leur pays...
Elle leva sa choppe d'un geste mécanique, habituée à porter des toast à tout, et surtout n'importe quoi, et encore plus quand Fitz était là. La dernière fois, il avait porté un toast en l'honneur des ongles de pieds d'Arthon.
Mais ce soir, contrairement à d'habitude, le toast était touchant. Elle n'avait jamais vu Alem dans le rôle du grand frère.
Femme dans une Compagnie de mercenaire, elle avait l'habitude des regards masculins sur elle. Celui du Rethwellan ne passa pas inaperçu. Elle le lui rendit pour voir s'il méritait son attention. Il était de notoriété publique qu'elle n'était pas facile à approcher, d’ailleurs tous ses comparses qui avaient tenté leur chance s'y étaient cassés les dents. Le seul à avoir réussi était un paysan Karsite doté d'une incroyable chevelure rousse. Elle avait passé deux jours enfermés avec lui dans une grange. Quand ils avaient du la quitter, elle y avait mis le feu.
A la grande, pas la chevelure.
Mais avant qu'elle ne se fasse un avis définitif sur Raf - il partait pourtant bien, elle préférait les blonds - ce qu'il déclara la laissa perplexe.
Thelarson, elle savait qui il était, l'usurpateur contre qui Valdemar se battait. Mais pourquoi porterait-il les couleurs du père d'Alem et de son frère ?
"Pfffff!!"
Elle cracha sa gorgée de bière dans le feu dont les flammes s'élevèrent plus haut que leur têtes puis se leva.
"Majesté?!"
Elle ne savait pas comment l'appeler autrement. Prétendant ? Non, c'était ridicule.
Dans tous les cas, c'était le fils du feu roi de Rethwellan, ce qui faisait d'Alem...
"Mais t'es fils de roi toi?"
Elle les regarda tous les trois.
"Vous êtes en train de vous ficher de moi ou je suis vraiment en train de se saouler avec la descendance d'un Roi ?"
-
– Que vous n’ayez pas été prévenu était à raison afin d’éviter les risques de perdre la seul personne qui pourrait légitiment remonter sur le trône de Rethwellan. Si vous veniez à mourir que ferons-nous ? Valdemar n’a pas comme prétention de prendre le pouvoir, et cela provoquerait des guerres civiles et des massacres. Alem ? Il sait aussi bien que moi que le problème serait le même et que les troubles resteraient.
Il but une gorgée de plus.
- Que vous le vouliez ou non, vous êtes le seul a pouvoir apporter une stabilité à Rethwellan après tout ça, et votre vie est peut être la chose la plus importante actuellement ici. Valdemar n’envoie pas la plus grande partie de ses Hérauts et armée car elle aime faire la guerre. Nous l’envoyons pour vous, et votre trône.
Fitz s’étira.
- Et non Mina nous ne nous moquons pas. J’ai toujours pensé qu’Alem était assez grand pour dire les choses ou pas. Je n’avais pas à choisir pour lui. il adressa un sourire au mercenaire Mais visiblement la venue de ton frère a légèrement changé la donne.
:Tu y vas un peu fort peut-être ?:
:Non. S’il venait à mourir que ferions-nous ?
:Alem et toi vous pouvez le protéger. Ca ira :
: Puisses-tu avoir raison ma belle.:
Fitz se leva, et déposa sa choppe. Fedora retournant dans les ombres le Héraut adressa la parole au groupe.
- Je vais vous laissez là pour la soirée. La venue de l’héritier au trône à notre réunion demande une certaine organisation dans le camp. Il serait dommage de se faire surprendre maintenant.
Le risque que le jeune prince rejoigne son frère un jour existait. Mais tout avait été fait pour qu’il ne le sache pas. Maintenant il était trop tard, et Fitz devait faire son travail de Héraut. Sauver les miches de la royauté.
-
Ah, on l'avait prévenu. Qui était l'andouille qui avait fait ça? Alem nota d'aller chercher l'abrutit en question. Comment ils avaient su déjà? Ça faisait 12 ans qu'il ne se présentait plus comme Alemdar fils de Gedric, mais comme Alem ou le Grand Alem. Quel esprit tordu avait réussi à faire le rapprochement?
Puis Raf reconnut clairement son identité. Mina ne fut pas la seule a cracher sa bière dans les flammes.
"RAF!"
Il n'eut pas le temps d'engueuler son frère, le héraut s'en chargea avant de s'enfuir avec classe. Alem prit une grande inspiration, se tourna vers Mina et dit calmement:
"Ouais, fils bâtard de roi, et ça change des choses?"
Puis il se tourna vers son frère et chuchota furieusement
"Pour toi, ça change des choses! Comme je te disais, un camp c'est dangereux, les espions et les assassins s'y incrustent tres bien. Je n’en ai rien à foutre que tu sois l'espoir de Rethwellan ou mon cul sur la commode. Je veux que tu sois vivant et heureux. Balade-toi incognito, à la limite, mais ne beugle pas ton identité!"
Pris d'une bouffée d'affection, il serra son frère contre lui:
"Je ferais quoi, moi, si on me tue mon petit frère, hein?"
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(http://www.valdemar.fr/forum/images/avatars/Valdemar/rafael.png)
Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans
Rafael avait beau avoir été élevé pour devenir Roi, il ne s'était jamais bien représenté ce que cela signifiait. D'autant plus qu'une question l'avait hanté toute son enfance: comment pouvait-il être l'héritier de son père alors qu'il n'était pas l'aîné. Le trône aurait dû revenir à Alemdar, qui était d'ailleurs bien mieux taillé pour ce rôle. Son grand frère avait toujours eu les pieds sur terre. Il avait toujours été le plus doué au combat, en stratégie militaire et dans toutes ces compétences qui semblaient tant importer à leur père. Alors que Raf, lui, appréciait davantage l'histoire, la géographie, la politique. Il dansait bien, jouait convenablement du luth, connaissait les légendes sur le bout des doigts.
Heureusement, malgré son caractère rêveur, si Rafael possédait quelque chose, c'était un certain sens des réalités. Il se tourna vers Fitz avant que celui-ci ne s'éclipse.
«J'ai deux frères. Trois en comptant Alemdar. Si je venais à mourir, ici, ce soir, d'une part je n'aurais aucun regret, d'autre part, Stefenson pourrait monter sur le trône. Je ne suis pas indispensable moi. C'est ce que je représente qui l'est. Et j'en ai parfaitement conscience. Moi, en tant qu'individu, je ne suis qu'un gamin.»
Il se tourna ensuite vers Mina.
«Je suis désolé, je ne voulais pas vous abuser plus longtemps. Je déteste le mensonge et la duperie et je déteste encore plus me faire passer pour celui que je ne suis pas. Je serai peut-être un jour roi, certes, mais ce soir je suis le petit frère d'Alemdar.»
Après lui avoir reproché d'avoir pris tant de risques, Alemdar le prit dans ses bras. Mais Rafael ne profita que peu de cette accolade, car la dernière remarque de son frère l'irrita. Il le trouvait hypocrite de s'inquiéter de sa santé maintenant alors qu'il ne s'y était pas intéressé en douze ans.
«Tu reprendras ta vie loin de nous, j'imagine?» Il se reprit, un peu honteux de cet accès de mauvaise humeur. «Tu t'en voudrais énormément, je sais. Quant à mon identité, sérieusement...» Il haussa les épaules. «Je n'ai jamais cherché à la cacher. En plus, ton espion serait des plus médiocres s'il se montrait incapable de me reconnaître avant que je ne me dévoile moi-même. Mon armure est celle que j'ai emporté avec moi depuis Petras. Je porte les couleurs de la famille. Je suis blond, grand, je ressemble énormément à Père. Et en plus, je me balade avec une putain d'épée magique!» Il soupira. «Enfin, pas maintenant, elle est restée avec mon écuyer. Sans compter mon accent. Je sais qu'il est léger, mais une personne entraînée l'entendrait immédiatement.»
-
Alem le mettait au défi de trouver quelque chose à redire à son ascendance, et Mina le jaugea avant de hausser les épaules
"En fait non."
Ca ne changeait absolument pas en effet son avis sur sa personne, ni son amitié. Elle se laissa choir au sol et reprit sa choppe.
"C'est juste que tout le monde n'est pas fils de roi quoi. Et j'en ai deux d'un coup à mes côtés. Je vous préviens, on ne m'a jamais appris à faire la révérence."
Fitz décida de partir vérifier que la sécurité du Prétendant serait assurée, et la conversation devint plutôt intime.
Mina n'avait pas vraiment envie de quitter le feu de camp, mais elle demanda tout de même:
"Je dois partir aussi?"
Elle comprenait qu'ils veuillent rester entre frères après tout.
Elle, si le sien apparaissait ici, elle le jetterai dans le feu.
-
"Non, non, tu peux rester, Mina. En ce qui me concerne en tous cas. Mais évite de répandre tout ça, s'il te plait. Je ne voudrais pas déclencher une épidémie de tentatives de révérence sur mon passage!"
Mais il ne lui fallut pas longtemps pour regretter son invitation. C'est au moment ou Raf lança une pique sur son exil volontaire.
"Ma vie loin de... Tu sais pourquoi je l'ai commencé, ma vie loin de vous? Pourquoi je me casse le cul à payer mes traites en combattant dans la boue chaque jour que les Dieux font? Tu crois que ça m'amuse? Tu crois que j'aurais pas préféré vivre à la Cour et voir mes slips laver avec l'argent des impôts? Bien sûr que j'aurais préféré! Le problème c'est que quelqu'un, possiblement ta mère, a réussi à convaincre Papa que je voulais ta place! J'ai commencé à perdre des choses. La possibilité de te voir. Le droit de rester célibataire. La circulation dans certaines zones du palais. Et surtout. Surtout. L'opportunité de défier le chef de la garde. Pas grand-chose. Je sais très bien que le but, c'était de m'éloigner du trône. Comme si j'avais une seule chance de m'y assoir. Comme si je voulais m'y assoir. Mais assurer la sécurité de Papa et la tienne, oui, ça je le voulais. Alors oui, je suis parti. Me construire une vie, puisqu'on me l'interdisait à la Cour!"
Le ton était monté. La vielle colère d'adolescente d'Alem ressortait chez l'homme de trente ans et à peine eu-t-il finit sa tirade qu'il la regretta.
"Je suis désolé. Tu n'y es pour rien, je le sais bien, tu avais quoi, a l'époque? Huit ans? Tu n'as sans doute même pas compris pourquoi tu ne me voyais plus. Je suis désolé."
Il se retourna et se passa la main sur le visage, dans l'espoir qu'ainsi, on ne verrait pas ses larmes.
"Pardon."
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(http://www.valdemar.fr/forum/images/avatars/Valdemar/rafael.png)
Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans
Rafael se sentit mal à l'aise de chasser la jeune femme de son feu de camp. Lui n'était qu'un visiteur. Si quelqu'un devait s'en aller, ce serait lui.
«Non, non, restez, je vous en prie. Et la révérence n'est pas utile.»
Quand Rafael avait souligné l'absence d'Alemdar dans sa vie, il l'avait fait sans vraiment réfléchir. Au fond, il avait toujours su que son frère aîné n'avait pas eu le choix de partir, que sa mère avait toujours haï ce rappel vivant du premier amour de son époux. Enfant, il n'avait évidemment pas compris la complexité de la situation. Mais, en grandissant, la vérité l'avait frappé. Malheureusement, comprendre la situation ne l'avait pas rendue moins douloureuse.
«Je suis désolée, Alem... je sais que Mère ne te portait pas dans ton cœur et que Père n'a pas réussi à t'empêcher de partir. Il s'en est voulu, tu sais?»
Maladroit, il tendit la main vers l'épaule de son frère, dans un maigre tentative de le réconforter. Il voyait bien que son frère cachait ses larmes, et la scène était intimidante. Rafael n'était pas habitué à voir ses héros pleurer. Père ne pleurait jamais, Alemdar, dans ses rêveries, non plus.
«Je suis heureux de pouvoir te voir ce soir, malgré les risques.»
Ne sachant que faire de lui-même, il entreprit de servir tout le monde. Puis il se tourna vers l'artificière.
«Je ne connais pas très bien les principes de votre profession... j'ai cru comprendre que les flammes qui dévoraient nos ennemis étaient de votre fait, mais je ne comprends pas par quel prodige vous le produisez.»
-
"Ok..."
Moins d'une minute après, elle regretta d'être restée assise. Et à la fois non. Ce n'était pas parce qu'elle ne posait pas de question qu'elle n'était pas curieuse.
Et elle était en train de découvrir tout un pan de la vie d'Alemdar que celui-ci avait gardé sous clef. Mina n'avait jamais bien su ce qu'il en était, par exemple, de sa vie avec Katy. Ca avait l'air plutôt compliqué. Un mariage forcé ? Ils avaient l'air pourtant très proches. Même si Katy savait se montrer proche d'autres hommes, d'après ce qu'elle avait entendu.
Elle remonta ses genoux vers son visage pour se cacher derrière. Non, sérieux,elle devrait les laisser seuls régler leurs comptes d'enfants blessés. Surtout si Alem voulait pleurer. Elle, par exemple, ne le faisait pas devant les autres.
Elle n'en eut pas le temps que Raf la resservi et s’intéressa à elle. Et il choisi bien son sujet. Elle aimait bien en parler.
"Ma profession c'est Mercenaire, artificière, c'est ma spécialisation. Et ca n'a rien d'un prodige, même si j'ai des facilités."
Elle but une grande gorgée de bière et repensa brièvement à son arrivée dans la Compagnie, fuyant son Hold natal. Quand la Capitaine lui avait demandé ce qu'elle savait faire, Mina avait répondu "prendre des coups. Et allumer des feux".Et elle l'avait prouvé.
Le feu l'avait toujours fasciné, et elle avait toujours réussi à en allumer dans des endroits improbables, avec n'importe quoi. C'était comme si elle le "comprenait", même si dit comme ça, ça semblait un peu débile.
"La Compagnie m'a permis de me former à la chimie. Le feu, c'est beaucoup de calcul, et trois éléments essentiels. Un combustible, un comburant, et une énergie pour l'activer. Après, il faut juste trouver les bons mélanges, parfois ça fonctionne du tonnerre, parfois non..."
Elle montra ses avant-bas, recouvert de brûlures. Katy ne s'ennuyait pas avec elle.
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(https://zupimages.net/up/20/37/1y0b.png)
Katy, mercenaire
Si certains s’amusaient à découper les ennemis en tranches, d’autres essayaient de recoller les morceaux des amis. Ça demandait au moins autant de concentration et de précision… et on nageait dans à peu près autant d’hémoglobine. La guérison de guerre, ce n’était ni très propre ni très délicat… mais c’était le quotidien de Katy depuis plus de dix ans. Elle avait appris à se barricader contre les horreurs pour se concentrer sur ce qu’elle avait à faire tout le temps que durait la bataille. Et après.
Sauf qu’une fois tous les blessés stabilisés, les tabliers plein de sang mis à l’écart et les tours de garde et de repos répartis entre les différents guérisseurs, la fatigue se faisait sentir. Et l’inquiétude revenait inévitablement. Elle n’avait pas vu Alem. C’était bon signe, dans un sens, mais… Épuisée ou pas, elle ne pouvait pas aller se reposer sans être sûre qu’il était bien entier – et vivant – à se pinter la gueule quelque part dans le camp. Heureusement, tout le campement savait comment elle fonctionnait, et elle n’eut même pas besoin de demander qu’on lui indiquait déjà la direction à prendre.
Il ne lui fallut que quelques instants pour rejoindre Alem et ses compagnons, au moment où Mina expliquait son métier. En guise de salut, elle ébouriffa les cheveux de son meilleur ami, avant de se laisser tomber s’asseoir à ses côtés sans aucune grâce. De toute façon, elle avait encore des taches sur sa tunique, alors l’élégance et la distinction, hein…
« Je t’ai pas vu à la tente de guérison. Mais crois pas que tu échapperas à un check-up complet demain matin. »
Ouais, demain. Là, elle était cuite et il avait l’air entier. L’Artificière aussi, d’ailleurs, elle ne voyait pas de nouvelles brûlures sur ses bras.
« Ça vaut pour toi aussi, Mina ! Et… »
Elle s’interrompit en reconnaissant les couleurs de Rethwellan sur le gambison du troisième convive. Qu’elle ne connaissait pas. Elle ne l’avait jamais vu, elle en était sûre, et pourtant… Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’il ressemblait à Alem et, surtout, à l’ancien roi. Ce qui donnait un très bon indice sur son identité.
« Raf… ? commença-t-elle avant de réaliser que prononcer le nom à haute voix n’était pas la meilleure idée du siècle. Mais qu’est-ce que vous faites là ? »
La dernière question était sortie en rethwellanais sans même qu’elle ne s’en rende compte. Mais sans aucune des formes de politesse qu’elle aurait dû y mettre. Contrairement à Mina, Katy savait faire la révérence. Mais elle n’avait pas pratiqué depuis plus d’une décennie. Et elle n’avait pas l’intention de s’y remettre.
Elle se contenta donc de jeter un regard soucieux à Alem pour voir comment il prenait les retrouvailles avec son frère.
-
"Non, je ne sais pas. On a pas vraiment échangé de lettres."
Le Bâtard et sa promise d'alors avaient profité d'une "balade en amoureux" pour se faire la malle sans prévenir personne. Ils avaient juste pris le chemin du sud, cap sur les Loups de Léopold, une compagnie bien réputée. Ils s'étaient juste arrêtés pour troquer leurs habits de cour contre des tenues plus pratiques et moins tapageuses.
Le futur Roi répéta qu'il était heureux d'être là, malgré les risques. Alem compris enfin ce que son cadet attendait de lui.
"Je suis aussi heureux de te voir, Raf. Je ne suis juste pas... Pas doué pour tout ça."
Il écouta Mina parler de son job et regarda ses cicatrices. Il se força un peu a redonner un peu de joie à sa voix:
"Tu as eu des ratés, manifestement. Mais de nos jours, ça fonctionne bien! Tu es redoutable sur un champ de bataille!"
Là-dessus arriva sa meilleure amie, la seule femme de sa vie. Il essaya bien de la prévenir de la présence de Raf, mais elle ne lui laissa pas en placer une. Elle menaça tout le monde de les soigner et s'intéressa enfin à l'Héritier.
"Je suis repéré, Katy! Du Coup, Raf est venu voir si j'étais toujours entier. Il voit bien que oui, et je tiens à dire que c'est grâce à toi!"
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(http://www.valdemar.fr/forum/images/avatars/Valdemar/rafael.png)
Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans
«Je... ce n'est pas grave. Je n'ai pas réfléchi non plus. J'oublie parfois que tu n'es pas parti vraiment de ton plein gré. Et c'est normal que tu sois gêné quand ton petit frère débarque à l'improviste alors que tu es avec des amis.»
Rafael fut touchée par les mots de son grand frère. Même s'il les avait espérés, il ne pensait pas les entendre. À Rethwellan, et plus encore dans la famille royale, on ne parlait pas de sentiments, car c'était un sujet bien trop épineux. La naissance de Rafael n'avait fait qu'envenimer une situation déjà complexe. Avec le départ d'Alemdar, il avait pris conscience de sa responsabilité dans les problèmes de son aîné. Il s'en était quelque part toujours un peu voulu.
Rafael fut content que la conversation dérive sur le travail de la mercenaire. Il aurait pu la regarder parler pendant des marques tant il la trouvait belle.
«Je suis impressionné par vos compétences! J'avais entendu parler d'un artificier de génie dans notre camp, j'ignorais qu'il s'agissait d'une femme aussi... euh... magnifique.»
Puis une voix interrompit la conversation. Rafael n'était pas habitué à être appelé par son diminutif le plus intime, surtout pas par une femme qu'il connaissait à peine. Il se raidit légèrement.
«Katy, il me semble? Ravi de vous revoir. Ainsi donc les rumeurs étaient vraies. Vous avez bien fui avec mon frère.»
-
C'est qu'ils étaient touchant, les deux frères, à se dire à demi-mot combien ils s'étaient manqués. Mina n'avait pas l'habitude de se montrer attendrie, mais difficile de rester de glace devant ce tableau.
Elle finit une autre pinte alors qu'Alem la complimentait. Mina lui fit un clin d'oeil, summum de complicité pour elle, et répondit:
"J'en aurai d'autres, et croire le contraire risquerai de me coûter bien plus cher que d'autres blessures. Mais je ne fais que nettoyer le terrain pour te laisser montrer l'étendue de ton savoir-faire!".
Elle ne lui disait pas souvent, mais le jeune homme était impressionnant sur un champ de bataille.
Son frère l'admira alors sans réserve et publiquement. L'artificière fronça les sourcils et répondit:
"Qu'ont à voir mon sexe et ma beauté avec mes talents ? Si j'avais été vilaine, cela aurait semblé plus... normal ? Ou si j'avais été un homme, là, je suppose que la beauté ne serait même pas rentrée en compte..."
Oui, Mina était assez susceptible dans son genre, ce qui était un problème quand on avait tendance à comprendre les choses de travers. Enfin de travers... Disons qu'il lui manquait une certaine finesse qui s'apprenait dans les milieux plus aisés.
Mais être femme dans une Compagnie était un combat de plus que ceux qu'elle menait pour gagner sa vie.
Cependant, consciente de ce défaut, elle tempéra:
"Mais j'accepte votre compliment sur ma personne."
Insensiblement, son buste se redressa et elle lui adressa un très fin sourire. Ce n'était pas tous les jours qu'on recevait l'admiration d'une futur Roi, non ?
Mina avait beau juger les gens à la lumière de leur compétences, elle savait bien qu'un homme comme Raf avait bien plus de valeur qu'une simple Mercenaire dans son genre. Il était alors flatteur d'être remarqué par lui, puisqu'elle le trouvait charmant. Même si un peu jeune.
Cet échange fut interrompu par l'arrivée, prévisible, de Katy. La Guérisseuse trouvait toujours son chemin vers Alem après les combats.
Katy était une vraie Guérisseuse dans l'âme, et se comportait avec les gens qu'elle soignait comme ses enfants.
"Oui, Katy", soupira donc Mina, comme on répondait à sa mère.
Elle ne serait de toute façon pas contre un emplâtre sur sa cheville.
C'est avec une curiosité nouvelle qu'elle regarda le tableau que formait Alem, sa compagne, du moins le pensait-elle, et son frère. Qui ne semblait pas apprécier la familiarité de la Guérisseuse. Mina ne parlait pas Rethwellan le moins du monde, mais le sens de la question de Katy était évident.
La théorie du mariage forcé tenait mal face à l'attitude du Prétendant face à une potentielle belle-soeur, mais aussi à la révélation d'une fuite ensemble.
"Parce que toi aussi tu es une personne... de qualité?" s'amusa Irmingarde.
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(https://zupimages.net/up/20/37/1y0b.png)
Katy, mercenaire
Un sourire las mais satisfait étira les lèvres de Katy lorsque Mina lui répondit. Alem n’avait pas acquiescé, lui, mais il n’avait de toute façon pas le choix, et l’attention de la Guérisseuse se porta donc sur le troisième convive. Au commentaire de son meilleur ami, elle haussa les épaules.
« C’est sûr que si on ne comptait que sur toi, il te manquerait quelques morceaux. »
Mais le prétendant au trône de Rethwellan donnait l’impression de s’être crispé. Avait-elle commis un impair ? Peut-être n’avait-il pas apprécié qu’elle s’incruste dans la conversation ? Mais le campement, c’était chez elle, et elle n’allait certainement pas demander la permission de s’installer – ou de vérifier qu’Alem allait bien. À moins qu’il n’ait pas apprécié l’emploi d’un diminutif… pour lequel elle n’allait pas s’excuser non plus. Clamer le prénom de l’héritier à haute voix aurait été pire qu’une petite vexation. Quant à son manque de manières, elle n’avait ni l’envie ni l’énergie de faire des ronds de jambe. Et… les paroles dudit héritier laissèrent supposer à la jeune femme que c’était peut-être autre chose qui le gênait. Est-ce qu’il pensait qu’elle avait joué un rôle dans le départ de son frère, douze ans plus tôt ? Elle adressa un sourire, avec un brin de provocation, au jeune homme.
« Oui. Et nous ne sommes pas mariés. »
Et l’idée de ce qu’avait pu penser son père – et les bien-pensants de Petras – lorsqu’ils avaient disparus était toujours plaisante. Sans doute Charlandor avait-il considéré qu’elle s’était déshonorée et qu’elle avait déshonoré son nom et sa famille. Avec un peu de chance, il l’avait même reniée. Et, si ce n’était pas fait, ce serait sans doute le cas s’il apprenait un jour qu’elle vivait dans une compagnie de mercenaires… et qu’elle partageait occasionnellement la couche de différents combattants. Mais le reste du monde pouvait bien penser ce qu’il voulait. Le seul dont l’avis comptait était assis à côté d’elle et ça ne lui faisait ni chaud ni froid.
La question de Mina, en revanche, lui tira plus qu’un sourire. Elle laissa échapper un éclat de rire.
« Tu en doutais ? Je pensais pourtant que la cicatrisation de tes brûlures t’avait convaincue que j’étais une guérisseuse de qualité ! »
En retrouvant son sérieux, elle retrouvait aussi la fatigue qui la rattrapait maintenant qu’elle savait qu’Alem allait bien. Elle appuya sa tête sur l’épaule de son meilleur ami, avant de répondre réellement à l’Artificière.
« Je ne suis pas noble, si tu veux savoir, au grand regret de mon père. Alors, comme il avait à peu près les moyens de s’acheter tout Petras, il a décidé de m’acheter un mariage. »
Sa façon de cracher ce dernier mot ne laissait que peu de doute sur ce qu’elle pensait de l’institution.
« J’ai eu de la chance. C’est tombé sur Alem. »
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Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans
Rafael avait été mal compris, c'était certain. En tout cas, il n'entendait absolument pas sous-entendre ce que Mina semblait avoir compris.
«Ah non! C'est simplement une agréable surprise! Par habitude, sans doute, on a tendance à imaginer les gens compétents, qu'importe leur sexe, avec des physiques banales, ou insignifiants. C'est une erreur, bien sûr, et je m'efforce de toujours prendre chacun de mes sujets pour ce qu'il est pas, et non pas ce que je crois qu'il est...» Il s'interrompit et eut un sourire contrit. «Voilà que je parle de mes sujets maintenant... peut-être qu'en effet, je reste un roi avant tout...»
Sur bien des points, Rafael était loin d'avoir la maturité émotionnelle d'un monarque. Et il était particulièrement sensible quand cela concernait son grand frère. S'il avait pris quelques instants pour y réfléchir, il aurait réalisé qu'en vouloir à Katy pour le départ de son frère était absurde. Le seul responsable était son père. Mais la découvrir là, aux côtés d'Alemdar, quand lui avait dû composer avec son absence toutes ces années... il était simplement jaloux.
«Ça, je m'en doute. S'il avait eu envie de se marier, Alemdar n'aurait pas eu à fuir.»
Il laissa les deux jeunes femmes discuter quelques instants. Visiblement, l'artificière ignorait tout de la véritable identité de la jeune femme et une mise au point semblait nécessaire. Mais, après quelques échanges il n'y tint plus et intervint à nouveau dans la conversation...
«Le jour où mon conseil voudra me marier, je n'aurai pas comme vous la possibilité de fuir mes responsabilités... vous avez eu de la chance sur bien des points. Après tout, vous êtes libre, maintenant.»
Même s'il avait éduqué pour devenir roi, Rafael n'en restait pas moins un jeune homme avec ses aspirations propres. Et régner n'en faisait pas partie. Malheureusement, personne ne se soucierait plus jamais de ce qu'il désirait pour lui-même. Un roi ne s'appartenait pas.
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Mina s'était emportée trop vite, et Rafalenta s'empêtra un peu dans un discours très... royal. Cela fit franchement sourire l'artificière
"Je pense en effet qu'il est difficile de ne pas vous comporter comme tel. Mais je saurai ainsi que si je veux me recycler après une carrière ici, je trouverai sans problème une place dans votre pays, pour peu que ma beauté ait survécu aux guerres."
Mina ne pensait en général pas vraiment au futur quand elle était en Campagne. Tout pouvait s'arrêter bien trop vite, alors à quoi bon les projets ? En camps d'hiver, c'était différent. Elle en profitait pour mettre ses affaires en ordre, c'est à dire placer correctement l'argent qu'elle mettait de côté, mais quand à l'après... Revenir à Valdemar, pourquoi pas, mais pour y faire quoi ? Enfin, elle avait le temps...
Présentement, les rebondissements des vies d'Alem et Katy qu'elle découvrait étaient bien plus captivant. Et déprimant à fois. Tous les trois, finalement, ils avaient fuis une union dont il ne voulait pas. Même si malgré ça, ils avaient eu de la chance, oui, Katy avait raison.
Faisant fi de la présence d'un quasi étranger, elle dévoila:
"Je connais ce problème mieux que tu ne l'imagines..."
De fait, elle n'avait jamais vraiment dit ce qu'elle avait fuit. Dire qu'elle était Holderkin suffisait amplement.
"Tu as eu de la chance que ce soit Alem, j'ai eu de la chance d'être acceptée dans la compagnie."
Même si cela avait été au début comme simple aide de camp. Elle aurai accepté n'importe quoi.
La réaction de Raf la laissa interdite quelques secondes. Assez pour ordonner ses pensées et ne pas pérorer à tord et à travers comme au sujet de son sexe. Assez pour ne pas lui jeter le contenu de sa pinte à la figure. Assez pour essayer de comprendre, à voix haute.
"C'est de la jalousie que j'entends ? Vous seriez jaloux de notre vie ? Vous êtes roi, ou futur roi ! J'veux bien croire que ça a son lot de contrainte mais de là à envier des mercenaires... Croyez-moi, je vais pas parler pour Alem et Katy, mais moi, j'ai jamais vu comme une chance le fait de devoir fuir. J'ai peut-être fuit pas mal de problème, mais aussi merdique qu'ai été mon enfance, c'est le lieu où je suis née, et où sont mes racines. J'crois que vous êtes bien placé pour savoir que c'est pas évident de fuir nos terres."
Il était après tout un roi réfugié qui se battait pour recouvrer son trône et son pays. Et elle, elle avait toujours pensé que les terres Holds étaient magnifiques. C'était ses habitants qui étaient bon à brûler.
"Elles sont si difficile à vivre, les nobles Dames de Petras, pour qu'imaginer en épouser une soit si pénible ?"
Même si Alem venait de prouver combien devoir se marier sans inclination était aussi dur pour un homme qu'une femme, Mina avait des préjugés solides sur ce point, sans compter ceux qu'elle nourrissait envers les castes les plus privilégiées, et elle ne comprenait pas qu'un Roi puisse vouloir tout simplement se marier par amour. Comme si le confort, le pouvoir, pouvait compenser le manque d'amour. Mais à sa décharge, l'amour, elle ne savait pas ce que c'était.
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Katy, mercenaire
Le prétendant au trône de Rethwellan ne s’offusquait pas, ne prenait pas une expression choquée et ne poussait pas les hauts cris en apprenant que son frère et sa fiancée n’étaient pas mariés. C’était presque dommage, songea brièvement Katy, laissant parler une seconde sa mesquinerie et son ressentiment envers la haute société de Petras. Mais c’était un bon point pour le jeune homme. Effectivement, si Alem et elle avait fui la capitale rethwellanaise, ce n’était pas pour convoler en justes noces, et Rafalentha faisait preuve de logique. Et, s’il semblait s’être crispé à son arrivée, il ne paraissait pas plus froissé que ça de la découvrir là, proche de son frère, alors qu’il ne connaissait pas la nature de cette proximité. Ça aussi, c’était un bon point.
La Guérisseuse se contenta donc de hocher la tête au commentaire du prince, tandis que son sourire se faisait moins provocateur, plus doux… et plus fatigué.
Mais la fatigue ne l’empêchait pas de répondre à Mina. Elle ne tiendrait pas toute la fête, c’était certain mais, appuyée contre Alem, elle était suffisamment bien installée pour discuter encore quelques minutes. Et la confession de l’Artificière, même si elle n’était prononcée qu’à demi-mots, valait bien la sienne. Comme la plupart des membres de la compagnie, elle savait que Mina venait des Holds. Et, comme elle ne connaissait pas Valdemar, elle avait demandé quelques détails aux Valdemarans d’origine. La suite était assez facile à imaginer, mais, pour le coup, elle aurait préféré que la jeune femme démente ses hypothèses plutôt qu’elle ne les confirme.
Spontanément, Katy posa sa main sur celle de Mina et la serra brièvement, une fraction de seconde, avant de la lâcher.
« Oui, on n’a pas à se plaindre. »
Et elle ne se plaignait pas, même si elle avait abandonné le confort de la riche maison de son père pour celui, plus que spartiate, des campements de mercenaires. Et même si la Guérison de guerre était bien plus dure que les soins qu’elle avait pu prodiguer dans les bas-quartiers de Petras.
Mais Rafalentha semblait d’accord sur la chance qu’elles avaient eue. Et il paraissait même… jaloux ? Silencieuse, Katy laissa Mina s’exprimer, mais elle ne put retenir un petit rire amer à sa question sur les « nobles dames de Petras ».
« Tu n’as aucune idée du nid de vipères que peut être une cour royale. Et les dames ne sont pas les moins pires. »
Et encore, elle n’en avait eu que de brefs aperçus. Pas comme Alem ou ses frères qui avaient dû y grandir. Ça, c’était sûr qu’elle n’enviait pas le futur roi. Mais, dans son esprit, Rafalentha avait quand même une position différente de la sienne ou même de celle d’Alem. Non seulement il était un homme donc, par définition, plus libre que n’importe quelle femme, mais en plus…
« Mais vous serez le roi, émit la jeune femme. Même si vous devez vous marier, vous serez libre de choisir l’épouse que vous voulez. Vous pourrez édicter vos propres règles. »
Et ça, dans l’esprit de la Guérisseuse, c’était quand même une bonne part de liberté.