Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets scénario => Discussion démarrée par: Héraut Aranel le 13 avril 2010, 13:05:51
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Tobi le chef palefrenier était occupé à bourrer les box de paille fraiche et tendre. Il adorait son travail et le faisait toujours avec tout son coeur. Lorsqu'il arriva devant la stelle de la jument shin'a'in qui avait adopté un petit poulain d'un blanc pur, il lui caressa les naseaux et sortit de sa poche une carotte dérobée aux cuisines.
Cette jument était d'une douceur incomparable. Elle était d'un beau bai profond et une étoile ornait son front. Son regard était doux et intelligent. Elle avait la finesse des chevaux de sa race bien qu'elle manque un peu d'exercice. Un petit hennissement retentit derrière elle et la fit sursauter et se reculer. Un coup sourd à la porte indiqua la présence du petit être surexcité qui semblait avoir très envie d'aller faire un tour.
Tobi l'appelait le petit démon blanc parce que tous les garçons d'écurie disaient qu'il avait le diable au corps. En vérité il n'était tranquille qu'auprès d'une personne, une jeune fille.
Lowi, car tel était son nom, réitéra son appel et donna un coup de tête rageur dans la porte avant de se rabattre sur les mamelles de sa mère adoptive qui ne broncha pas. C'était l'heure de sa promenade et sa maîtresse était en retard.
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Et la-dite maîtresse essayait de ne pas paraître trop se presser à rejoindre ses corvées à l'écurie. Saskia était persuadée qu'au fond, Aranel adorait rallonger sa punition à n'en plus finir, la faisant passer du pavillon des Compagnons malades aux écuries des chevaux "normaux"... La Noble DeFeriel hurlait au scandale en public, bien sûr, parce qu'une Noble Jeune Fille de Bonne Famille comme elle n'avait pas à se trouver dans un tel endroit au fumet si... "délicat" et qui ne lui seyait évidemment absolument pas. (Elle préfère le parfum à la violette, cela va de soi x) )
Pourtant, une fois passées les portes de l'écurie, Saskia laissa un grand sourire éclairer son visage.
- Lowi !
Et elle se précipita vers le box encore fermé, entoura le poulain de ses bras et déposa un baiser sur son large front. A la volée, elle ouvrit la porte fermée, et caressa tendrement la jument, collant leurs deux visages :
- Merci de prendre soin de lui, ma belle.
Et sans un regard au palefrenier, même si elle lui lança un vague merci et un signe de la main, Saskia sortit en courant comme une gamine, Lowi sur les talons qui la suivit comme un petit chien en hennissant comme un fou. Et si on devait la voir comme ça, elle dirait qu'elle était poursuivie par le terrible "démon blanc", et qu'elle ne riait pas, non non non, elle criait de peur de se faire piétiner par ce poulain sauvage, bien sûr... Après l'avoir fait courir dans le Champ des Compagnons - tirant la langue à tous ceux qui regardaient ce "Faux Compagnon" d'un mauvais œil, Saskia ramena Lowi dans un coin de verdure près des écuries, à l'abri des regards indiscrets. Il s'était allongé, et Saskia avait la tête posée sur son flanc, regardant le ciel.
- Ah ! Mon petit amour. Faut pas être vexé à cause des autres grands dadets, tu sais. Pour moi, tu es un vrai Compagnon, et surtout... (Elle sourit et murmura) MON petit Compagnon à moi.
Du petit sac qu'elle trimballait toujours avec elle et qui pendait à sa taille, elle sortit une carotte qu'elle tendit au poulain, qui l'engloutit avant même que Saskia ne puisse dire ouf. Elle rit et serra le cou du Compagnon :
- Tu es un incorrigible goinfre, mon Lowi ! Et je te gâte trop, en plus de ça !
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Le poulain avait tôt fait d'engloutir sa carotte qui se tortilla sous Saskia pour se libérer et sauta presque sur ses jambes. Titubant un instant, il la bouscula de la tête comme un chiot ayant envie de jouer, rua, fit un bond sur place et s'éloigna au petit trot vers un buisson qu'il se mit à renifler.
Au loin, le hennissement d'un Compagnon lui fit dresser les oreilles et la tête. Les naseaux dilatés, il s'ébroua, tremblota sur ses jambes et tendit de nouveau le cou en direction du hennissement. L'appel se réitéra. Cette fois-ci, Lowi ne tenait plus en place. Il hennit à son tour presque frissonnant.
Il ne faisait plus attention à Saskia et tentait de trouver le chemin du Champ des Compagnons, posant délicatement un sabot argenté devant l'autre avec l'hésitation d'un enfant qui pénétrerait à l'école le jour de la rentrée des classes.
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Saskia soupira quand Lowi se releva et commença son manège.
- Tu veux encore jouer ?! Dis donc, je suis fatiguée, moi !
Et pourtant, elle souriait et finit par se lever. S'il y avait bien quelqu'un qui lui faisait oublier tous ses soucis, c'était bien son petit Compagnon. Pourtant, il eut un comportement étrange. Saskia n'avait pas prêté attention au premier hennissement, mais sursauta au second, quand le poulain répondit. Elle s'approcha de lui, posa une main sur sa crinière, et tenta de le regarder en face.
- Lowi ? Tu vas bien ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
Mais le poulain ne faisait pas attention à elle, et cela lui fit étrangement mal au coeur. Mais Saskia décida de ne pas quitter son petit Compagnon, et lui caressa plutôt vigoureusement le dos.
- Où que tu ailles, mon petit amour, je serai avec toi. Tu n'as rien à craindre.
Et elle tint parole, restant tout près de lui jusqu'à ce qu'il arrive à destination.
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Lowi avançait de plus en plus rapidement. Sa crinière encore courte tremblotant et sa queue légèrement relevée, il n'avait d'yeux que pour la destination qu'il tentait d'atteindre. Un bruit sourd s'échappait de sa gorge de temps à autres, comme un hennissement retenu. Lorsqu'il arriva dans le Champ des Compagnons, il se dirigea vers le Bosquet sans aucune hésitation et passa au galop. Il ne se souciait pas de savoir si Saskia suivait. Il était fixé sur son objectif sans s'en détourner.
Saskia le temps te parait interminable. L'attitude de Lowi est vraiment inhabituel. Tu ressens dans l'air comme de l'électricité.
Lorsque le poulain ralentit, il était essoufflé et ses flancs humides. Mais il n'en avait cure car à quelques dizaines de mètres, un Compagnon d'un blanc pur se tenait tel la lune éclairant le ciel. Il se rua vers elle en hennissant avec une joie si sincère qu'elle faisait monter les larmes aux yeux. Le Compagnon accueillit le poulain et frotta tendrement sa tête contre la sienne. Elle était là et bien vivante. Antea était là près du Bosquet Sacré.
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Et Saskia dut courir pour suivre son petit Compagnon. Elle avait beau lui dire de l'attendre, il semblait sourd à ses appels. La Noble demoiselle n'était pas particulièrement sportive, et fit des efforts qui lui semblèrent surhumains pour ne pas perdre Lowi des yeux, et arriver enfin à sa hauteur... Mais le poulain repart aussitôt, et Saskia est si essoufflée qu'elle s'appuie sur ses genoux pour reprendre son souffle... Elle a l'impression d'avoir couru des heures, et pourtant, ils ne sont qu'au Champ ! Et quand enfin elle relève la tête, elle voit son poulain gambader joyeusement autour d'un Compagnon adulte.
La Noble Demoiselle aurait du se dire : "Enfin un Compagnon qui traite Lowi comme il le mérite !". Pourtant, et elle ignore comment, Saskia sait qui est ce Compagnon. Et elle souffle :
- C'est impossible.
Ses genoux tremblent, et pourtant, elle arrive à avancer un peu, mais tombe près du Compagnon. Dans sa tête, toutes ses pensées se bousculent tellement qu'elles donneraient la migraine au moindre télépathe qui essaierait de les lire.
Je t'ai vue mourir.
Je t'ai juré de veiller sur lui, de m'en occuper.
Tu m'as hantée !
Ai-je donc failli à la tâche que tu m'as confiée ?
Tu ne peux pas être ici.
Je deviens folle !!
Merci d'être là pour Lowi...
J'ai tant souffert de ta mort, alors si tu étais en vie, pourquoi n'es-tu pas réapparue avant ?
Je suis si heureuse de te voir...
Tu dois retourner d'où tu viens !!
Saskia approche une main pour la toucher, pour se convaincre qu'elle ne rêve pas.
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Antea tendit le museau vers la jeune fille et vint poser sa tête par dessus son épaule. Saskia, tu sens tout son amour t'envahir, un amour que jamais tu n'as ressenti. Cela te submerge et te fais monter les larmes aux yeux. Tu te sens enfin complète comme si une partie de ton âme t'était enfin rendue.
Antea plongea son regard azur dans les yeux de Saskia, un regard doux et tendre doublé d'un grand sourire intérieur.
La vie et la mort ne sont que de relatifs états. Mais je ne t'ai jamais quittée mon Elue et je ne te quitterai jamais.
Le Compagnon se pencha vers Lowi qui avait cessé de ruer pour têter le lait de sa mère, avidement. Antea regarda le petit démon et rit intérieurement.
Il doit te donner beaucoup de travail je suppose. Il ressemble à son père Gaetan. Il aurait fait un excellent Compagnon.
Antea redressa la tête et caressa la joue de Saskia du bout du museau, un contact de velours tout en douceur doublé d'une vague d'amour indescriptible.
Le temps n'est pas encore venu mais vous me manquiez tant.
Puis elle se recula légèrement , Lowi suivant plus ou moins maladroitement pour continuer son repas.
Tournez les yeux vers les terres perdues du Grand Nord et vous trouverez la voie. Sauve-nous mon Elue.
Puis sa voix se fit étrangement lointaine et le Bosquet se mit à briller d'un éclat aveuglant.
Sauve-nous.
Lowi donnait des coups de tête de plus en plus furieux contre Saskia, endormie dans l'herbe à la lisière du Champ des Compagnons. Le poulain en avait assez de jouer seul et tentait d'attirer son attention. Il se décida à venir se blottir contre la jeune fille et passa son museau humide contre son nez.
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Saskia est incapable de parler. La vision - non, la présence - d'Antéa devant elle la laisse sans voix... Ce museau qui se posa sur sa tête, cette vague d'amour, arrachèrent à Saskia des larmes de joie et d'un bonheur qu'elle ne s'expliquait pas. Elle voudrait lui dire : "Tu m'as manquée." mais ces mots là ne reflètent pas son véritable sentiment ; elle n'aurait pas cru être si heureuse de revoir Antea. Et ce doux sentiment qui l'envahit laisse la noble demoiselle totalement sur un petit nuage... Et jusqu'à présent, elle avait pensé que seul un certain prince pouvait lui faire cet effet là... Le contact de leurs têtes cesse, et Antéa plonge son regard azur dans les yeux gris embués de larmes de Saskia.
Et c'est comme si elle ne comprenait pas les paroles d'Antéa. Son coeur cogna si fort aux mots magiques qu'elle ne voulu pas y croire. Ses larmes redoublèrent et coulèrent sur ses joues... Et bizarrement, Saskia se rendit compte à quel point elle avait mûri, hélas grâce à la mort du Compagnon - SON Compagnon. A nouveau, son museau vient contre sa joue, essuyant ses larmes au passage, et toujours ce sentiment de plénitude tandis qu'elle lui envoie une vague d'amour. Saskia réussit à murmurer, d'une voix rendue rauque par les larmes :
- Toi aussi, tu me manques...
Et quand Antea s'éloigna, Saskia se leva, et fit quelques pas en avant. Elle tendit la main.
- Ne pars pas ! NON !!
Saskia court, mais en vain.
- Antéa, REVIENS !!! Ne m'abandonne pas encore une fois ! ANTEA !!
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Saskia sursaute et se réveille. Le museau de Lowi est contre sa tête, et il semble en avoir assez d'être là. La jeune fille se redresse, et regarde autour d'elle, déboussolée... Lowi s'est remis sur ses pattes et pousse du front sur le bras de Saskia, comme pour qu'elle le ramène à l'écurie pour avoir à manger. Profondément déçue, elle se sent soudain vide. Et si tout ceci n'avait été qu'un rêve ? Les larmes brouillent la vue de la jeune fille qui se met debout pour ramener Lowi auprès de sa mère adoptive... Et pourtant, un "sauve-nous" lui revient en écho, et lui fait redresser les épaules et la tête.
- Antéa ? murmure-t-elle.
Nouveau murmure, si peu distinct qu'elle croit l'avoir imaginé. Mais qu'importe ! Saskia veut se persuader que tout ceci n'est pas un rêve. Elle pousse un cri de joie et pousse Lowi en avant, et le poursuit en courant comme une gamine. La mort du Compagnon l'avait bouleversée au plus profond de son être, et tandis qu'elle courait après le poulain, elle se fit une fois de plus la réflexion qu'elle avait énormément changé. Elle n'avait même pas penser dire "Si tu étais vivante, tu aurais du me faire signe, ça m'aurait éviter de me morfondre." même si elle avait voulu lui dire "Tu aurais du me Choisir, nous aurions partagé ta douleur." Mais si Antéa ne l'avait pas fait, et pas seulement pour éviter à Saskia de souffrir, c'est qu'il y avait une bonne raison... La jeune fille se dit que si elle avait du partager la maladie d'Antéa, jamais elle n'aurait pu aider Ryis et Arthon comme elle l'avait fait - ou du moins comme elle espérait le faire... Un sourire éclaira son visage et elle pensa :
"Merci, Antéa. Je viendrai à ton secours, quoi qu'il arrive, dusse-je arracher toutes les plumes d'un certain Ambassadeur du Nord !"
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Lowi se précipitait vers l'écurie. Mais il ne semblait pas plus pressé que ça de retourner dans la stelle avec sa mère adoptive. Le poulain semblait avoir dans le regard un nouvel éclat. Il plongea les yeux dans ceux de Saskia, un instant, le temps d'un battement de cils.
Un rêve... ? Lowi l'aurait-il partagé ? La cloche du temple rappelait à tous qu'il était l'heure de vaquer à certaines obligations. C'était déjà la fin de la punition de Saskia et un cours l'attendait. Quel espoir s'était éveillé en elle et qu'allait-il se passer à présent ? ça, c'était sa décision.
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Saskia fut étrangement troublée en croisant le regard de son petit poulain... Elle passa ses bras autour de son cou pour lui faire un câlin, mais inutile de dire que c'était elle qui avait le plus besoin de réconfort... Elle caressa lentement le cou de Lowi et murmura :
- Je dois aller en cours, mon petit amour... Sois sage, d'accord ? (Elle pose son front contre celui du poulain.) Je ferai quelques recherches, à la bibliothèque, pour voir si un tel cas s'est déjà produit...
Et elle espérait que ce soit le cas ! Parce qu'elle refusait de croire que tout ceci ne soit qu'un rêve. Elle embrassa Lowi entre les naseaux et se sépara de lui.
- Sois sage, Lowi !
Saskia prit le chemin du Collegium, en marchant à reculons pour ne pas quitter son petit poulain des yeux. Elle pensa, pleine d'un nouvel espoir :
" Et même si c'était un rêve, je la ramènerai. Je te rendrai ta mère, mon Lowi. Et je serai Héraut, pour être digne de ceux qui m'ont fait confiance."
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[CLOS]