Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets scénario => Discussion démarrée par: Riannon le 08 mai 2010, 19:14:55
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Les cours de Riannon avaient aidé Doucelyre à prendre un peu confiance en elle et en son Don de Guérison par la Musique.
Un matin, la Doyenne fit appeler son élève dans la Maison de la Guérison. Elle l'attendit à l'entrée.
Son petit projet avait reçu à la fois l'accord des Guérisseurs, mais aussi du patient qu'elles essayeraient de soulager. Riannon et une Guérisseuse étaient là pour prévenir tout dérapage ou arrêt.
Plutôt de bonne humeur, contente de voir si la Tayledras y arriverait (elle avait confiance), Riannon attendait que Doucelyre arrive. Elle avait avec elle sa propre Harpe, qu'elle prêterait à la jeune fille pour son son délicieusement pur et apaisant. Ainsi un autre instrument ne dérangerait pas d'autres malades si tout leur échappait.
[ Sujet placé la veille du Conseil ]
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Doucelyre se dépêchait dans les couloirs. Elle avait reçu un message de Riannon la demandant à la Maison de la Guérison. Trouver son chemin n'était pas un problème, elle connaissait par coeur toute cette zone de Haven, mais le message l'avait surprise alors qu'elle était en train de jardiner, vêtue de vieux habits, de la terre jusque derrière les oreilles. D'après les informations reçues, il lui avait fallu se changer et se laver avant d'aller où Riannon l'attendait. Même en faisant au plus vite, cela n'avait pas été instantané. *aie aie aie, je suis en retard, elle va m'en vouloir !*
Essouflée, elle arriva enfin vers la bonne porte. Elle aperçu Riannon qui l'attendait. Elle respira à fond, lissa sa robe, et s'approcha. "Dame R...riannon ?"
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Riannon accueillit Doucelyre avec un sourire et désigna la Harpe:
"Ma grande, il va falloir commencer le travail sérieux. Tu es prête?"
La Barde désigna la porte:
"Tu vas jouer pour un patient et essayer de le soulager. Un Guérisseur et moi seront derrière toi si ça ne va pas. Je veux te voir à l'oeuvre, et voir si nos entraînements ont marché. N'oublie pas tes barrières, et concentre toi sur la musique."
La jeune femme effleura l'épaule de son élève:
"Je te fais confiance. Fais toi confiance aussi."
Elle poussa la porte:
"Après toi."
( Tu entres dans la salle. c'est une salle où il y a plusieurs box. Un guérisseur te désigne le troisième à droite et un vieil homme te regarde, le regard confiant bien qu'un peu fièvreux. )
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Doucelyre récupéra la harpe avec déférence et douceur. Se voir prêter un tel instrument demandait de se comporter impeccablement. Tenant l'instrument fermement contre elle, elle acquiesça d'un signe de tête à la question de Riannon, bien qu'intérieurement, elle se sentent tout sauf prête.
Écoutant attentivement les consignes de son professeur, Doucelyre tentait de calmer les questions qui lui venaient à l'esprit. Des idées comme *Oh, et ils vont me dire de quoi il souffre ? Et je dois chanter quoi ? Et il faut qu'Ouwaï soit là ? Et comment je sais si mes barrières sont suffisantes ? et...* tournaient et retournaient dans son esprit. Elle prit un moment pour vérifier ses barrières puis marcha résolument vers la porte, en ayant quand même un peu l'impression d'être un condamné allant à l'exécution de sa peine.
Son regard fit le tour de la salle, avant de se poser sur un guérisseur lui indiquant un malade. Doucelyre s'approcha silencieusement, et après avoir salué le malade avec le respect demandé par son âge, s'installa près du lit. Au point où elle en était, autant en finir rapidement. Elle accorda donc l'instrument, choisit un chant approprié au lieu et à l'ambiance, et se mit à chanter.
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Le vieil homme regarda Doucelyre d'un air doux.
"Mes poumons sont très abîmés. Mes muscles se racornissent. J'ai mal. Si tu peux m'aider à adoucir la douleur, je t'en serai extrêmement reconnaissant, Doucelyre. Mais si tu ne peux pas, je ne t'en voudrai pas, et je te serai reconnaissant d'avoir essayé."
La main de Riannon effleura le cou de Doucelyre.
"Tu peux le faire."
La musique commença. Derrière les paravents, les autres malades tendirent l'oreille.
Le vieil homme posa la tête sur l'oreiller. Ferma les yeux.
[ La musique enfle dans ta tête et tu sens tes barrières solides. Pourtant tu les ouvres légèrement, et tu perçois la douleur du patient. Tu comprends soudain que pour réussir à guérir les gens, tu dois comprendre leur douleur. Comprendre et ressentir. Pas forcément entièrement mais tu dois savoir où viser.
La musique enfle, et tu joue plus fort. C'est doux, onctueux, et enveloppe la douleur.
Tu viens de réellement saisir ce que tu dois faire avec ta musique: étouffer la douleur. Et cela semble marcher. ]
Riannon regardait l'homme se détendre. Il n'était plus crispé. Il semblait heureux. Elle ne l'avait pas vu comme ça depuis que la maladie s'était déclarée, plusieurs années auparavant.
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[j'ai dû me reconnecter deux fois pour arriver à poster, j'espère que cela n'augure pas une nouvelle période de problèmes techniques...]
Doucelyre jouait une chanson de chez elle, parlant de l'oiseau qui retourne dans sa vallée après avoir visité le monde, fatigué mais heureux d'avoir tant découvert. Elle espérait que le malade ne trouverait pas cela irrespectueux. Dans sa mélodie, elle tenta d'insuffler la notion d'air frais qui aide à respirer, et de soleil qui réchauffe et calme les douleurs, en se fiant à la description du vieil homme. Une fois qu'elle réussit à faire passer ses barrières à cette onde positive, elle se rendit compte que cela fonctionnait. Le vieil homme semblait en effet se détendre, et Doucelyre aussi en réponse.
*Si je veux continuer à faire ça, il faut absolument que je demande une formation aux guérisseurs, au moins pour pouvoir comprendre quand ils me communiquent les informations sur les malades. Mes connaissances en soins et en plantes ne peuvent pas s'adapter à cela, ils ont une toute autre manière d'aborder les maladies.* Doucelyre se demandait aussi s'il fallait qu'elle s'adresse à Riannon ou directement aux guérisseurs, puisque c'était ainsi qu'ils étaient appelés à Haven et probablement dans tout Valdemar. Cette différence de vocabulaire et de méthode étonnait et impressionnait toujours autant Doucelyre, surtout à cause du fait que les guérisseurs semblait être capable de travailler avec des gens de toute origine et de toute méthode.
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La caresse de Riannon sur le cou de Doucelyre se faisait légère, et suivait le rythme, encourageant son élève à continuer, à jouer toujours plus, à aller toujours plus loin.
Doucelyre, la musique te porte. Tu aurais voulu t'arrêter que tu n'aurais pas pu. Et soudain le vieil homme ne souffre plus. Il a un sourire reconnaissant, très doux, comme s'il venait de voir la chose la plus agréable du monde. Il respire bien. Il n'a plus mal. Et soudain la terre s'arrête de tourner.
Le vieil homme ferme les yeux. La musique l'entoure. L'emporte. Il est mort heureux.
Riannon a les larmes aux yeux. Elle pleure de douleur de perdre son vieux maitre, et de soulagement: il est mort heureux, sans souffrance quand personne d'autre n'avait pu le soulager.
La musique s'éteind. Toute la maison des Guérisseurs est silencieuse. Tu as soulagé les derniers instants du vieil homme... Et une bonne heure de tous les autres.
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Doucelyre était totalement prise par la musique. Elle était parfaitement consciente de l'état de chacun autour d'elle. Le vieil homme qui se détendait. Riannon tendue pour une raison qui lui est inconnue. Le guérisseur rassuré de voir que tout se passait bien. Elle arriva à la fin du morceau, ouvrit les yeux qu'elle ne se souvenait pas avoir fermé, et regarda le vieillard.
Celui-ci est étendu, parti dans son dernier sommeil avec un sourire aux lèvres. Riannon est juste à côté de lui, larmes aux yeux, et Doucelyre comprends en un instant que le vieil homme était quelqu'un d'important pour elle. Son professeur, un parent un peu éloigné, ou simplement un ami. Et là, la panique arrive. Doucelyre pose doucement l'instrument sur le siège où elle était, sans un bruit, porte la main à la bouche, et s'enfuit en courant.
Doucelyre ne sait pas où elle va, elle court sans but, se dirigeant vers un endroit le plus boisé ou naturel possible, s'y accroupit, met les bras autour des genoux et pleure.
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Riannon retint ses larmes. Doucelyre semblait sous le choc, après le succès de sa prestation. Elle ne pouvait pas savoir à quel point ce départ est une délivrance. Elle ne pouvait pas savoir le cadeau qu'elle avait fait au vieil homme, lui permettant de partir en paix.
La jeune Tayledras s'enfuit, sans regarder derrière elle. Riannon souleva ses jupes et partit à sa poursuite. Son élève s'arrête dans un petit jardin intérieur et s'effondre.
La Doyenne arriva près d'elle, s'agenouilla et effleura ses cheveux.
“Il avait mal. Tu lui as permis de ne plus avoir mal. Plutôt que de souffrir il a préféré partir. C'était son destin. Tu l'as aidé à partir heureux. Heureux de voir que quelqu'un a son Don. Heureux de ne plus avoir mal et de voir que tu jouais pour lui.”
Heureux de voir que son élève, Riannon, avait des élèves avec un tel potentiel.
“Sans toi, il aurait agonisé des mois dans une douleur insoutenable. C'est lui qui nous a demandé ton aide. Et tu as soulagé toute une salle de la maison de la Guérison, pas que lui. Tu ne dois pas pleurer. Tu dois te réjouir. Tu as su utiliser ton Don pour le bien.”
Les paroles ne suffisaient peut être pas. Riannon engloba la jeune femme dans une étreinte mentale où elle montrait tout cela.