Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets scénario => Discussion démarrée par: Héraut Arthon le 11 novembre 2010, 16:27:43
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Une jeune fille avait quitté le Collegium pour la journée: elle retournait voir sa famille. Elle savait que ce n'était guère raisonnable, car sa poitrine la faisait souffrir et elle savait qu'elle avait de la fièvre. mais quel meilleur remède que l'amour d'une famille pour se soigner?
Quand elle arriva, elle se sentit soulagée et déjà mieux de voir que son plus petit frère, Karim, lui ouvrait la porte. Il lui sauta dessus:
" Yaelle ! Tu viens jouer hein !! "
Le gamin l'entraîna vivement à l'extérieur sans lui laisser le temps d'entrer voir les parents.
"J'ai trouvé un nouveau jeu! Tu veux voir?"
Et descellant une pierre du mur il en tira deux petites fioles qui refletaient mille couleurs et un rat mort.
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Yaelle marchait aussi rapidement qu'elle le pouvait dans les rues de la cité. En effet chaque respiration et effort un peu trop difficile lui arrachait une douleur au niveau de la poitrine, et la fièvre lui faisait tourner un peu la tête. Elle savait qu'elle aurait du en parler à Oesope, ou à un autre guérisseur, mais la jeune fille s'était dit que avec la fatigue des derniers jours, à s'occuper de la princesse, son état n'avait rien d'anormal. Quoiqu'elle commençait à se poser la question. Enfin, elle avait surtout besoin de s'échapper et respirer un peu, et cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas rendue une petite visite surprise à sa famille. Un sourire lui échappa lorsqu'elle imagina son petit frère tout heureux et surexcité à l'idée de lui montrer ses dernières trouvailles... La Verte arriva devant la porte de ses chez parents, essaya de ne pas avoir l'air trop fatiguée et frappa. L'illumination qui apparut sur le visage de Karim lorsqu'il lui ouvrit, lui fit oublier ses tourments et elle le serra dans ses bras, le portant contre elle. Son enthousiasme ne l'étonna guère et elle répondit en riant :
-Hé bien petit monstre ! Je vois que tu vas bien ! Oui je suis venue passer un peu de temps avec toi...
Le suivant en levant les yeux au ciel, l'apprentie se dit qu'elle verrait ses parents lorsque le garçon aurait fini de lui présenter ce fameux jeu. Elle le regarda ouvrir sa cachette et en sortir deux fioles magnifiques et un rat... pour le moins plus très vivant. Elle ouvrit des yeux ronds et s'exclama :
-Karim ! Que fais-tu avec cela ?
Craignant que son petit frère se vexe ou prenne sa réaction pour de la colère, Yaelle se radoucit et lui sourit :
-Alors garnement, quel est ce nouveau jeu, raconte moi tout ?
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Karim était tout exité que sa grande soeur du Collegium (la fierté de la famille, celle qui faisait faire des "ohh" admiratifs aux voisins, et qui rendait Karim si fier... et qui venait si peu souvent )... veuille bien jouer avec lui.
Il lui présenta fièrement ses trouvailles et ouvrit une bouche bouleversée quand elle ne présenta pas l'enthousiasme auquel il s'attendait.
"Mais, Yaelle, tu ne trouve pas ça joli?"
Il tendit sa main droite où trônaient les fioles.
"Je les ai gardé pour toi ! C'est un homme en noir qui les avait jeté dans le fleuve mais elles étaient jolies et je voulais que tu mettes tes médicaments dedans..."
Les coins de sa bouche tremblaient. Dans l'autre main le rat tressautait au rythme des sanglots qui montaient. Même si Yaelle s'était radoucie il comprenait que quelque chose la tracassait et ne faisait pas le lien aevc le cadavre.
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La jeune fille se rendit bien compte qu'elle aurait du contrôler sa réaction première. Elle se gifla intérieurement, s'agenouilla et déposa un gros baiser sonore sur la joue de son petit frère adoré, en lui ébouriffant les cheveux. Puis elle se saisit des fioles et le serra dans ses bras pour le remercier, prenant sa voix la plus douce et la plus chaleureuse possible :
-Pleure pas mon petit chou... Si elle sont magnifiques tes fioles, ça me fait très très plaisir, merci, tu es un amour.
S'asseyant en tailleur, elle invita Karim à s'asseoir contre elle, et lui expliqua gentiment :
-Petit frère, c'est le rat mort qui m'a fait un peu peur. Tu comprends, ça peut être dangereux ces bestioles, elles traînent toutes sortes de bactéries avec elles, et je ne voudrai pas que tu attrapes une maladie à cause de ce rat. Allez viens me faire un câlin.
Alors qu'elle l'embrassait sur le front, une autre question lui vint à l'esprit, elle se redressa :
-Tu dis que tu as vu un homme en noir jeter ces fioles dans le fleuve chéri ? Tu les as déjà ouvertes ou gardées simplement comme tu les as trouvées ?
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Le gamin retint ses larmes et donna les fioles à sa soeur:
" T'es pas fâchée alors? Tu veux bien mon cadeau?"
Tout de suite enthousiaste il expliqua:
"Quand tu mets dans la lumière ça fait des couleurs. C'est comme ça que j'ai vu l'homme, sinon j'aurais rien remarqué. J'ai ouvert hier et j'ai fermé parce que c'est plus joli pour toi."
Il se serra contre sa soeur agenouillée et laissa le rat tomber par terre. L'animal fit un bruit sourd en atteignant le sol. La rigidité cadavérique ne lui déplaça même pas une patte.
Le gamin frotta sa tête dans les cheveux de Yaelle et soudain s'écarta:
"T'es toute chaude. Comme la voisine. Dis, Yaelle.... tu vas pas mourir, comme elle, hein !"
Il en avait oublié le rat et les questions de sa soeur.
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Secouant la tête, Yaelle rit doucement et répondit :
-Non bonhomme je suis pas fâchée, et oui, je veux bien de ton cadeau !
Elle écouta patiemment les explications de son petit frère, et soupira intérieurement de soulagement, heureuse qu'il n'ait fait qu'ouvrir ses fioles. Après tout, elle n'avait aucune idée du produit qu'elles renfermaient. Mais la jeune fille continua de sourire, et accueillit l'enfant contre elle, tachant tout de même de faire attention à ne pas le rendre malade en le contaminant. Elle vit le rat tomber et s'apprêtait à en reparler, lorsque le garçon s'écarta et s'inquiéta à son tour. Elle prit un air avenant :
-Mais non Karim, je ne vais pas mourir va. C'est juste un peu de fièvre, parce que j'ai beaucoup travaillé ces derniers jours, et j'étais un peu plus fatiguée... Mais un petit séjour auprès de mon petit frère préféré et hop ! Tout va aller mieux, tu vas voir !
Au fond d'elle, la Verte n'en était pas si sûre, cette douleur à la poitrine était toujours présente, mais elle faisait des efforts pour ne pas trop la montrer. Soudain, la phrase de Karim lui revint à l'esprit, et elle lui prit -doucement- la main.
-Attends mon chéri. Tu dis que la voisine est morte ? Et qu'elle était toute chaude ? Comment sais-tu cela ?
L'apprentie avait posé les questions sans donner une impression d'inquiétude et d'empressement, elle ne voulait pas alarmer son frère. Elle eut une pensée pour la voisine qu'elle appréciait, bien qu'elle n'ait pas passer plus de temps que cela en sa compagnie.
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Karim se sentit mieux dès que Yaelle confirma qu'elle n'était pas fâchée. Il lui sourit mais d'autres inquiétudes le secouaient. Les fioles dans la main de sa soeur firent reluire des éclats de lumière qui éclairèrent le visage de Karim alors qu'il s’inquiétait ouvertement.
"T'es sûre hein. Parce que j'ai d'autres jeux pour toi et il faut pas que tu sois mourue."
La main dans celle de l'élève guérisseuse, Karim commençait à bouger nerveusement:
"Maman elle a dit qu'elle était morte, mais c'est pas possible demain c'est le jour de la tarte. Mais elle était toute chaude parce que maman a vérifié au moins cent mille fois que je n'étais pas chaud."
Il tira sur la main de Yaelle:
"Mais toi tu sais guérir alors tu vas la démourir non?"
Il abandonna le rat et la tira vers la maison en promettant un goûter à sa grande soeur.
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Un rire secoua à nouveau la Verte, et elle ébouriffa encore les cheveux du petit homme :
-Non mon petit chou, je ne vais pas être "mourue", je pourrai encore jouer avec toi longtemps !
Elle le sentait bouger et s'impatienter en donnant des explications cocasses... La jeune fille décida d'interroger sa mère un peu plus tard. La nouvelle question de son frère lui amena un sourire sur les lèvres, elle aimait décidément beaucoup des mots inventés... Elle répondit :
-Oui je vais démourir ! Et même que tu n'as pas fini de m'avoir sur le dos démon !
Elle le chatouilla un moment, et se leva alors qu'il l'invitait à aller prendre un copieux goûter. Un peu trop vite cependant, sa tête tourna un instant, et elle dut s'arrêter une seconde pour se stabiliser, avant d'afficher un air serein, et d'entrer plus dans la maison, suivant toujours cet être qu'elle chérissait plus que tout au monde.
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Le petit garçon sembla satisfait des réponses de sa soeur et l'entraîna à l'intérieur en hurlant que Yaelle était là et qu'ils avaient faim.
Une femme avec un grand sourire sortit de la petite cuisine en s'essuyant les mains sur un tablier. Elle tapota la tête de Karim et ouvrit les bras à sa fille:
"Tu m'as l'air bien pâle ! Comment vas-tu, ma petite?"
Elle la serra maternellement et nota d'un coup d'oeil inquiet la température de sa fille. Karim les avait abandonné et tentait déjà de s'emparer d'une cruche de jus de pommes. Un cageot trainait près de la porte - une récolte ramenée du marché. Du pain frais était posé sur la table avec un petit pot de gelée de pommes. Le gamin avait suivi son estomac.
La maman fit entrer sa fille et proposa:
"Tu me racontes tout devant des tartines. Mais je dois te prévenir."
Le ton baissa, triste.
"La voisine est morte et ses enfants sont malades. Je crois qu'il y a une épidémie ici. Je ne veux pas que KArim aille chez eux et toi non plus. D'accord?"
Puis elle avisa les fioles.
"Ah il te les a offertes ! Donne les moi, je te les lave. Il ne voulait pas que j 'y touche avant toi mais tu ne vas pas pouvoir les utiliser comme ça."
Elle sourit tendrement à sa Yaelle. Karim demandait déjà à grand cris qu'on le serve.
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Enfin, elle vit sa mère, et un large sourire éclaira son visage. Fidèle à elle-même, elle ne changeait pas avec le temps et vieillissait bien. L'apprentie répondit d'abord à son étreinte, et nota la lueur d'inquiétude qui était passé dans son regard. Comme à Karim, elle répondit :
-Bonjour M'man. Je vais bien, je suis juste fatiguée, nous sommes beaucoup occupés au Collegium en ce moment...
Yaelle ne voulait pas l'inquiéter. Elle vit avec amusement son frère tenter d'installer le goûter. S'installant, elle hocha la tête, acceptant les tartines. Puis la jeune fille écouta plus gravement les nouvelles de la voisine, avant de demander :
-Sais-tu quels étaient les symptômes ? Et maman, mon devoir est de soigner les gens malades, ces enfant ont besoin de moi. Cependant, si ça peut te rassurer, j'irai les voir en partant, comme ça je ne risquerai pas de contaminer Karim sans le vouloir.
Son regard se posa sur les fioles qu'elle tendit à sa mère, et hocha la tête.
-Oui elles sont très jolies. Merci. Karim est vraiment le meilleur des p'tits frères !
Sur cette dernière phrase, elle lança un clin d'oeil malicieux au garçon qui était plus préoccupé par son estomac que par sa soeur pour l'instant. Se retournant vers sa mère, elle lui demanda :
-Et toi, comment vas-tu maman ?
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La mère eut une moue peu satisfaite: que sa fille s'épuise à la tâche, elle n'aimait pas ça. Mais la vocation de Yaelle n'acceptait pas de demi-mesures et elle lui enviait parfois cette passion. Elle soupira quand Yaelle s'installa mais demanda des informations complémentaires:
"On en parlera tout à l'heure."
Son regard indiqua le petit Karim: autant éviter de parler de maladie et de mort devant l'insouciant petit frère. Ce dernier avait décidé que tout n'allait pas assez vite et avait déjà les doigts dans la gelée. La mère soupira et lui claqua doucement les doigts pour le punir.
Elle récupéra les fioles et soupira:
"Je te dirais tout avant que tu ailles les voir. Mais dès que tu seras au collegium tu me fais prévenir et tu me diras si tu vas bien. KARIM!"
Le gamin tripotait le pain et il se mit à bouder. Il vint mendier une place sur les genoux de sa soeur. Sa mère alla laver les fioles dans un seau, les rinçant puis revint les poser sur la table. Elle commença à servir les verres de jus de pomme.
Karim s'agita:
"Je peux en mettre dans le verre moi? S'il te plaiiiit..." quémanda-t-il auprès de Yaelle.
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Voyant la moue de sa mère, Yaelle grimaça intérieurement. Il n'était pas toujours aisé pour les gens de l'extérieur de comprendre ce qui les animait, eux, les apprentis-guérisseurs. Elle hocha la tête, comprenant que certains détails feraient mieux d'être épargnés à Karim, qui lui, avançait à son rythme dans le goûter. La jeune fille le regarda attendrie, et tenta de ne pas rire à la réprimande de sa mère. Elle répondit :
-Oui ne t'inquiètes pas, j'ai un peu de temps, et promis, je te ferai parvenir de mes nouvelles dès que j'aurai rejoins le Collegium.
Le petit garçon, pendant ce temps, s'était levé et vint, le regard suppliant qui faisait fondre n'importe qui, rejoindre les genoux de la Verte. Celle-ci l'installa confortablement contre elle et tint les gobelets pour sa mère, pendant qu'elle leur servait du jus de pomme. Elle sourit à son frère et acquiesça, jugeant qu'il n'y avait rien de dangereux.
-Oui petit ange, si tu veux. Mais fais attention à ne pas en renverser hein !
Pendant ce temps elle prépara trois tartines.
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La mère soupira et passa le broc de jus à son fils. Ils étaient dans une période où ils devaient faire attention mais après tout ils avaient encore un plein cageot de pommes...
Karim, très fier, finit de remplir les verres. Puis il attrappa une des fioles, l'ouvrit et commença à ... en mettre partout. Cependant un peu de liquide vint remplir le récipient coloré, et les mains poisseuses de sucre de l'enfant offrirent la fiole à sa soeur:
" Tiens c'est pour toi. Du bon jus pour inaruguer.. inauruguer... pour utiliser ton cadeau pour la première fois."
Il lui tendit l'objet d'office et sous les yeux horrifiés de la mère devant le gâchis, tenta de remplir l'autre fiole.
"A la tienne!" fit-il joyeusement, imitant sans doute les hommes de la taverne proche en levant sa fiole.
Il avala tout d'un trait puis s'empara d'une tartine.
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La jeune fille ne put s'empêcher de rire devant la mine déconfite puis désespérée de sa mère, devant le spectacle cocasse de Karim... Mais il avait l'air tellement content. Elle n'arrivait pas à lui dire non le peu de fois où elle le voyait... Yaelle le regarda en renverser plus dehors que dedans, mais lui tendre fièrement sa fiole à elle. Avec un regard amusé pour sa mère, la Verte tenta de rester sérieuse et trinqua avec le garçon.
-A la tienne mon chéri ! Au meilleur des petits frères !
Et comme lui, elle avala le peu de jus de pomme contenu dans la fiole, avant de s'emparer à son tour d'une tartine.
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Les deux enfants de Tessa avalèrent leur jus dans leur fiole avec le sourire. Puis chacun entama le verre plus 'académique' et sa tartine avec plaisir.
L'après-midi passa vite. Karim se faisait moins volubile, ses yeux se voilaient de sommeil. Il finit par s'endormir dans les bras de Yaelle. Quant à elle, la jeune fille sentait que sa fièvre montait. Elle avait mal à la tête, à la gorge et le poids dans ses poumons continuait à augmenter.
Il fut bientôt l'heure de rentrer.
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Le goûter fut excellent, comme à chaque fois. Les plaisanteries avec sa mère allaient bon train, autant que les taquineries pour Karim. Puis la jeune fille joua encore un moment avec son petit frère, tout en racontant ses dernières semaines à sa mère, faisant attention à ne pas atteindre trop les oreilles du garçon. Comme l'après-midi touchait à sa fin, le petit chou s'était endormi dans ses bras, Yaelle le déposa délicatement sur un petit amas de coussins, et se prépara à rentrer. Elle se sentait moins bien qu'en début d'après-midi, la fièvre était encore montée, et sa poitrine la faisait encore plus souffrir. Elle ne réveilla pas l'enfant, déposant un simple baiser sur son front, et lui laissant une petite babiole comme cadeau. La Verte le contempla un moment, et se retourna vers sa mère pour la saluer :
-M'man, je vais devoir y aller si je veux avoir le temps de passer chez les voisins, et ne pas rater le repas du soir au Collegium. Merci pour tout, j'ai encore passé un excellent moment, j'aime toujours autant revenir à la maison.
Elle la serra contre elle, en faisant attention à ne pas lui transmettre de microbes. Car ça ne lui faisait aucun doute à présent qu'elle était malade... L'apprentie lui posa une dernière question, profitant du sommeil de son petit frère :
-Alors, dis-moi ce qu'il y a à savoir par rapport aux voisins...
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Le petit garçon couché, Yaelle revint vers sa mère avec des questions bien trop professionnelles pour celle-ci, qui grimaça, déçue que sa fille ne reste pas plus.
"Je t'aime ma fille. Je suis tellement fière de toi... N'oublie pas de te reposer un peu quand même."
Elle la serra à son tour très fort et lui caressa les cheveux:
"Les enfants ont commencé par être très fatigués, avec des douleurs à la poitrine et de la toux. Puis grosse fièvre, et toux agravée, avec des crachats vert et du sang. Ensuite... le plus petit est mort. La voisine l'a attrappée peu après et elle n'avait plus envie de vivre. Il ne reste plus rien de leur famille à part les deux aînés. C'est leur père qui est censé s'occuper d'eux mais son deuil..." fit la mère en battant des cils pour cacher ses larmes.
"C'est contagieux, n'y va pas..."
Elle lui prit les mains.
[De nouveau des frissons te prennent, la fièvre monte. Tu sens tes poumons et ta gorge brûler ]
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Un sourire doux étira les lèvres de la jeune fille, qui répondit avec autant de tendresse :
-Merci... Moi aussi je t'aime Maman, je vous aime...
Puis elle écouta attentivement les explications sur les voisins et grimaça... Les pauvres... Elle s'inquiéta aussi, car elle avait les même symptômes, même si elle ne crachait pas encore du sang. Elle secoua la tête dépitée, la Verte allait passer, mais rien ne permettait de dire dans quel état allaient se trouvaient ceux qui restaient. Elle posa une main sur la joue de sa mère :
-Je sais que tu t'inquiètes, mais tu sais, j'en ai vu passer des maladies, et j'ai acquis une bonne immunité. Je ferai attention à moi, je me protégerai. Je ne risque rien, je te promets.
Elle serra fort ses mains, et déposa un dernier baiser sur sa joue. Soudain, une nouvelle vague de frissons la parcourut, ses poumons et sa gorge s'enflammèrent encore plus, cela fut-il possible. La fièvre montait. Son état s'aggravait. Elle resta de marbre alors que son corps la faisait souffrir, tentant de faire passer sa maladie pour de la fatigue. Fallait-il qu'elle aille vraiment chez les voisins en son état ? Oui. C'était son devoir. De toute façon elle était déjà malade. Elle se mettrait un tissu sur la bouche et se laverait les mains.
-Allez M'man, je dois vraiment y aller, je reviens très vite, juré.
La jeune fille embrassa encore une fois sa mère, retenant discrètement sa respiration pour ne pas lui insuffler de microbes.
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Une fois dans la rue, tu sens que la toux monte. Tu finis par te laisser aller, et quand tu tousse, tu trouve du sang sur ta main.
La maison de la voisine semble très sombre. Une porte s'ouvre et le voisin sort. Il a l'air tellement triste, et ton empathie comprend immédiatement qu'il est au bord du gouffre: ses enfants sont morts. Il n'a qu'une envie, rejoindre sa femmee t ses fils. Une vieille femme sort de la maison et le ramène, un bras autour des épaules. Tu la sens aussi désespérée. Tu ne peux pas déranger leur deuil puisqu'il ne reste rien à faire.
Le chemin vers le Collegium te semble long, très long. La fièvre augmente encore, tu as des éblouissements, et la taux continue, ramenant toujours du sang
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Alors qu'elle claquait la porte de la maison, Yaelle put enfin se laisser aller à tousser... Elle s'éloigna cependant de quelques pas, et se plia presque en deux tellement la quinte fut violente. Après quelques secondes, la jeune fille se releva, les yeux fermés, et inspira un grand coup. Elle avait chaud. Froid. Sa tête lui tournait. Décidément, la fièvre était tenace elle aussi... Lorsque son regard se posa sur sa main tâchée de sang, la Verte commença à avoir peur.
Oh non...
Elle était vraiment beaucoup malade. Inquiète, elle se dirigeait tout de même vers la porte des voisins, lorsqu'un homme en sortit l'air désespéré. Ses émotions l'atteignirent malgré ses barrières mentales, et elle sut à cet instant que les deux aînés étaient décédés. La maison transpirait la maladie, le chagrin et la mort... Peu après, une vieille femme sortit et ramena l'homme à l'intérieur. Tous deux semblaient en proie à une tristesse incommensurable... Elle allait leur dire de ne pas rester dans la maison ainsi, où ils allaient mourir eux aussi, lorsqu'une nouvelle quinte de toux la prit, laissant à nouveau des traces de sang dans sa main. Il fallait qu'elle trouve un Guérisseur au plus vite. Les deux pauvres gens étaient en deuil et elle ne pouvait les déranger. Elle signalerait cependant leur cas au Collegium. La fièvre la ralentissant considérablement, l'apprentie mis du temps, beaucoup de temps avant d'enfin arriver aux portes du bâtiment... La lumière lui faisait mal aux yeux, à la tête. Elle avait l'impression d'y avoir un marteau qui tapait en permanence. Ses membres ankylosés semblaient lui peser une tonne. Et surtout, elle toussait de plus en plus, crachant du sang à chaque fois. Son visage devint pâle, blafard, ses yeux cernés et violets et ses cheveux emmêlés. Elle était en sueur et morte de froid en même temps. Si elle n'avait pas eu son habit de Verte, on aurait pu la prendre pour une mendiante...
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Tu arrives au Collegium, finalement, mais la fin du chemin disparait dans un brouillard et tu es incapable de te souvenir comment tu as réussi à arriver là. Un garde te voit arriver et vient t'aider.
" Eleve Guérisseuse? Qu'avez-vous? Je vous emmène à l'infirmerie."
Son collègue fit un signe de tête et resta à son poste alors que le grand gaillard t'aide à marcher et te soutient. Tu finis par t'évanouir.
Tu te réveilles plus tard à l'infirmerie, dans une chambre seule. Elle ressemble à celle de la princesse, mais c'est toi la malade et non quelqu'un d'autre. Tes barrières sont à mal, et tu ne reconnais même pas celui qui te soigne.
Tu sens que ton corps entier brûle comme si tu étais au coeur d'un feu sans flammes. Tu commence à délirer. ( Dis ce que tu veux : petits secrets, grand amour, famille, cours, les fioles, les voisins, bref ce que tu veux )
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Une vapeur de brume... C'est tout ce qu'elle voyait. Elle entendit une question, mais n'en comprit pas un traître mot... Alors que ses jambes ne la portaient plus, elle sentit du soutien. Un éclair de lucidité la ramena au présent, elle ne put dire que :
-Malade... Merci
Avant d'être prise par une nouvelle quinte de toux. Et puis, ce fut le noir.
[center:2zcshzmt]***[/center:2zcshzmt]
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Yaelle était allongée, et se trouvait dans une chambre... Avec des rideaux, une petite table sur laquelle était posée toutes sortes de choses, et un tabouret... On aurait dit trait pour trait la pièce où était alitée la princesse quelques heures plus tôt. Quelqu'un s'occupait d'elle. Mais la Verte ne put déterminer qui... Elle referma les yeux et gémit :
-J'ai mal...
Tout son corps n'était plus qu'un brasier dans lequel elle s'enfonçait de plus en plus... Ses paupières se relevèrent et à la place du Guérisseur se trouvait un affreux rat noir, affublé d'un sourire sadique et de petits yeux cruels, qui lui tendait une fiole colorée et lui parlait avec la voix de Karim... en beaucoup, beaucoup plus méchant. La jeune fille hurla et s'agita. Elle prononçait une suite de mots sans cohérence, les yeux toujours fermés...
-Aaaaah NON ! Pas le rat noir ! Il est malade, il va mourir ! Il faut tuer les fioles avec les voisins, on va mourir ! Non, non, non....
Ses cris s'étaient mués en exclamations sourdes, puis en murmures... Des larmes s'étaient mises à couler le long de ses joues. Elle n'avait plus aucune barrière mentale, et son don d'empathie était livré à lui-même, sauvagement.
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Le Guérisseur tenta vainement de rassurer sa patiente. Il n'arriva même pas à lui faire boire la potion qu'il avait préparé. Il dut faire appel à un collègue pour maintenir Yaelle [Le fait d'être tenue fermement raviva des peurs chez toi ].
Le délire continuait et l'homme fronça des sourcils: rats, fiole, voisins morts? Qu'avait vécu cette jeune fille? Etait-ce réellement un pur délire? Elle semblait atteinte par l'épidémie ... Et c'était pourtant différent. Cela rappelait certaines rumeurs en ville.
Il tenta de la faire parler:
"Ne t'inquiète pas ... De quel rat et quels voisins parles-tu?"
[Tu ne comprends pas tout mais ton délire continue et tu réponds avec incohérence]
Il lui mit un linge mouillé dans une décoction spéciale sur le front et fit signe à son collègue qu'il n'avait plus besoin de lui pour le moment. [La potion t'apaise un peu, et le linge te rafraichit quelques minutes. Mais si la fièvre baisse, tu as l'impression de millions d'aiguilles dans la poitrine... Tu te plie en deux et vomis du sang. Les mots semblent sortir de toi dans n'importe quel ordre. Tu raconte un peu tout - des secrets de gamine comme les histoires importantes ]
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Des bras qui la maintenaient. La Verte secouait la tête, et tenta de se dégager malgré son peu de force. Des larmes de terreurs coulaient sur ses joues...
-Non non ... laissez-moi, lâchez-moi... s'il vous plaît !
Sa voix s'était brisée. Pourtant elle se calma un peu, et entendit une nouvelle question. Quoi ? Yaelle ne comprenait pas. De quoi parlait-il ? Elle tenta de lui expliquer...
-Mais si ! Le rat noir a bu les fioles et a tué les voisins, mais mon frère a ramassé les enfants morts pour les mettre dans les fioles !
La jeune fille soupira d'aise lorsqu'elle sentit le linge frais sur son front, ne dit plus rien, et avala même la potion qu'on lui administrait. Elle semblait retrouver un semblant de lucidité, lorsqu'une douleur des plus atroces s'installa dans sa poitrine et elle se releva violemment par-dessus pour vomir... du sang. Elle se tenait les côtes et haletait, le souffle coupé par la violence de sa douleur. Le regard absent, elle se remit à délirer :
-Maman bois pas le rat ! Karim on va jouer... Non mais laisse les papillons ! Ils lavent les pommes ! Et le voisin il a perdu ses enfants... Comme moi. Hein Princesse ? Si il faut que tu te maries ! Avec le duc de l'Héritier. Et tes rêves sont beaux. Comme la couleur des fioles. Mais siii ! Ceux de l'homme en noir ! Dans le fleuve ! Tu te souviens maman ? Avec les poissons ? Aaaah le rat, il t'a mordu ! Non tu vas mourir, non je veux pas... Leanore, reviens !
L'apprentie pleurait de nouveau, plongée dans un mélange de souvenirs et d'émotions, mêlées sans plus aucun sens. Dans ses peurs, ses joies, ses peines... Dans ses rêves, ses angoisses, ses espoirs... Tout son corps n'était plus que douleur.
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Le guérisseur ne comprenait pas. Sa potion aurait dû apaiser Yaelle et voilà qu'elle délirait encore plus. Homme en noir, fiole, rat, ces mots qui revenaient sans cesse. Angoisse et cauchemars ou avertissement? Avait-elle découvert des rats porteurs de maladie, et elle imaginait la Mort comme un homme en noir? Ses mots étaient trop confus, mais il les nota dans un coin de son esprit avant de tenter un autre remède. Il mit du temps à le préparer minutieusement alors que Yaelle continuait à délirer et qu'une élève intimidée et les larmes aux yeux nettoyait les dégâts et tentait de laver un peu le visage de la malade.
Elle avait les gestes tendres - cela te rappelle ta mère. Tu veux la mettre en garde. Ton dernier mot s'écoule dans un nouveau flot de sang. Le guérisseur se leva en sursaut et vint soutenir Yaelle en jurant entre ses dents. Il n'avait jamais vu encore une crise aussi forte. Un soupçon planait dans son esprit: si elle avait rencontré un rat, n'était-il pas vecteur de la maladie, comme pour la peste?
" Un rat t'a mordu? Dis moi, un rat t'a mordu? "
Inquiet, il secoue presque la pauvre malade. [Le délire commença à s'apaiser et tu as les idées plus claires. Tu l'entends, et tes barrières affaissées captent la peur de l'autre élève. Tu te sens toujours très mal mais tu te sens un peu distancée de la scène. L'odeur du sang te semble étrange et tu as du mal à te concentrer. Bientôt tes pensées semblent pouvoir s'organiser. Tu peux répondre mais tu te sens très faible]
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La Verte sentit des mains frêles et tendres essuyer son visage, la nettoyer doucement. Elle soupira et sursauta en voyant sa mère. Elle se saisit de son poignet et se releva :
-M'man ! Qu'est-ce que tu fais là ?! Fais attentio...
Son dernier mot s'étrangla, et elle eut un nouveau hoquet qui se termina dans un violent vomissement de sang, encore une fois. Elle sentit qu'on la soutenait. Fatiguée, elle avait de plus en plus de mal à lutter. Alors qu'elle écoutait la question inquiète du Guérisseur, ses pensées devinrent plus lucides et rationnelles, et Yaelle revint à la réalité. Ses barrières mentales mises à sac, la jeune fille prit de plein fouet la peur de l'élève présente. La pauvre... Elle ne l'avait même pas vue. L'apprentie avait mal à la tête, au ventre, à la poitrine... Partout. Elle avait l'impression d'être déchirée, de voir la scène de loin, comme si elle regardait un tableau. L'odeur du sang la gênait, inexplicablement... Elle n'y avait jamais vraiment été sensible. La Verte tentait d'organiser ses pensées et souvenirs... Avec beaucoup de difficultés. Elle se sentait tellement... mal ! Au prix d'un effort considérable, Yaelle parvint à trouver un ordre dans tout cela et à répondre :
-Non je n'ai pas été mordue. Mon petit frère de six ans a vu un homme en noir jeter des fioles dans le fleuve, il y a quelque jours, et a décidé de les récupérer, pour me les offrir. Et cet après-midi, quand j'y suis allée, il m'a montré sa cachette secrète, dans laquelle se trouvaient les fioles, et un rat... mort. Je n'étais pas trop tranquille à cause du rat, mais ma mère a bien nettoyé les fioles. Elles brillaient de toutes les couleurs. Je crois que je les ai dans mon sac. Karim voulait qu'on boive le jus de pomme dedans pour le goûter, alors on l'a fait. Un peu plus tard, ma mère m'a raconté que les voisins étaient presque tous morts de l'épidémie : fièvre, toux aggravée, avec expectoration de sang et de pus (liquide vert). Les trois enfants et la mère. Mais je me sentais mal dès le début d'après-midi, même avant d'arriver chez moi...
La jeune fille avait tenté de raconter tout cela dans un ordre assez cohérent, ne sachant pas quand le délire la reprendrait. Cependant, sa voix était presque un murmure, et elle se sentait faible, tellement faible... Elle poussa un soupir et ferma un instant les yeux. Elle espérait ne pas avoir transmis sa maladie à sa mère et son frère, ainsi qu'aux gens qu'elle avait croisés, et au Guérisseur, et à son apprentie. Elle souffla :
-Faites attention à vous, c'est sûrement contagieux...
-
Parler semblait être la bonne solution: tu te sens libérée d'un poids, comme si le Guérisseur allait pouvoir reprendre les choses. Tu aurais voulu parler encore mais tu es si faible. La douleur semble te paralyser. Tu sens qu'un liquide chaude te coule du nez, et ta bouche en semble emplis. L'esprit clinique des guérisseurs te surprend: tu sais que c'est du sang, et que ta gorge est déchirée, que tes poumons sont en lambeaux. Vu l'odeur, tes muscles internes ne répondent pas plus que les autres.
Tu sens soudain qu'on te nettoie mais tu n'as plus envie de voir. Tu voudrais juste que ta mère te prenne dans ses bras et apaise le feu à l'intérieur de toi. Que Karim vienne jouer près de toi et te fasse un gros câlin pour te réconforter. Tu te sens si lasse que tu te laisse faire quand on essaye de te faire boire. Tu t'étouffes mais tu ne réagis plus. En ne bougeant pas d'un poil tu as l'impression d'avoir moins mal. Donc tu te laisse couler au fond du nuage de non-être qui t'aspire.
C'est vague, c'est cotonneux, la douleur s'éloigne. Tu sais que ton corps étouffe, que des choses ne vont pas. Tu sais qu'on te parle mais tu n'entends plus les mots précis. Tu n'entends bientôt plus rien, que des petits tintements dans le silence, et ton coeur qui bat. Doucement. Doucement.
Qui ne bat plus. Tu t'abandonnes enfin. La douleur cesse et la Lumière vient. Quel Dieu t'accueillera?
-
La jeune fille se sentit presque mieux d'avoir raconté tout cela au Guérisseur, elle espérait qu'il allait prendre les choses en mains...
Parce que de son côté, elle ne pense pas pouvoir pouvoir faire plus. La Verte est faible. Si faible. Elle a mal. Ne peut plus bouger. La douleur paralyse chacun de ses membres. Soudain elle sent un liquide chaud et visqueux couler de son nez, dans sa gorge, emplir sa bouche. Elle entend presque les pensées des Guérisseurs. Du sang ? C'est grave. C'est la fin ? Peut-être... Elle sent sa gorge brûlées, déchirés, ses poumons guère en meilleur état. Elle sent qu'elle aussi va mourir. Ferme les yeux. Yaelle sent qu'on lui nettoie encore le visage, mais elle ne veut plus. A quoi bon ? C'est fini de toute manière. Elle ne veut plus regarder.
Elle aimerait simplement que M'man soit là pour l'aider à passer cette épreuve, sentir ses bras sécurisants autour d'elle... Que Karim soit là, avec son innocence habituelle, qu'elle le berce une dernière fois contre elle. Quoique... Ce n'est pas plus mal qu'ils gardent un souvenir vivant d'elle. La voir ainsi les aurait sûrement détruits. Une pointe de tristesse se fait sentir en imaginant leur douleur à l'annonce de son décès. Une autre pensée lui vient. Elle n'aura pas connu l'amour, la tendresse d'un baiser, la chaleur d'un homme... Tout cela lui restera éternellement inconnu. Elle songe un instant à Leanore et Léandre qu'elle laisse aussi derrière elle.
Une partie d'elle se révolte, lui crie de vivre, mais c'est trop tard. Elle le sent. Et puis elle est lasse de se battre, ça ne sert plus à rien... L'apprentie sent qu'on lui fait ingurgiter un liquide, qu'elle s'étouffe. Mais son corps ne réagit plus. Il ne lui appartient plus. L'immobilité lui apaise la douleur. Alors, la jeune fille se laisse aspirer par le Néant qui l'attire, elle a l'impression d'être entourée d'un nuage de coton. Pourtant elle perçoit encore un semblant de douleur, de voix... Elle sent, de très loin, son corps s'étouffer dans son sang. Mais elle n'y est plus. Bientôt, elle ne perçoit que les battements de son coeur. Boum. Boum. Boum. ... Plus rien. Elle se fond dans le noir dans ce tout, dans ce rien. Son âme s’en va, emportant avec elle esprit, identité, souvenirs… Elle est bien. Elle n'est plus...
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Le Guérisseur la sentit partir. L'élève aussi, et ne rompit le lien qu'au dernier moment. La jeune femme s'écroula en pleurant, alors que le Guérisseur gémissait, impuissant. Il vint fermer les yeux de la première victime supposée de l'épidémie. Il fallait qu'il fasse son rapport, qu'il examine les fioles dont elle avait parlé, qu'il fasse venir les autorités sanitaires ( c'est à dire la garde et ses collègues ) pour nettoyer les quartiers.
Il caressa la joue de la morte, et alla relever l'apprentie en larmes. Ils sortirent. Bientôt on viendrait préparer Yaelle pour sa dernière toilette et son dernier voyage.
RP CLÔT