Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets libres => Discussion démarrée par: Eoghan le 15 janvier 2011, 23:31:01
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Comme souvent, ces derniers soirs, Eoghan recherchait le calme et le silence, le silence après avoir mangé. Les gens étaient bien charmants ici mais il ne s'y retrouvait pas encore bien à son aise. Pas totalement, du moins. De plus, tout le monde parlait beaucoup. Il n'avait pas réussi à trouver quelqu'un avec qui il pourrait se fondre dans une complicité peu ordinaire. Manuchan ne comptait pas, il était incapable de définir ce qui se tramait dans la tête de celui-ci. Il n'était pas capable de décrypter son propre comportement face à lui.
Non, ce soir, il s'était mis en tête de vivre pour lui et pour lui seul !Il avait attraper son carnet relié de cuir pour manger, l'avait caché dans sa chemise et tout de suite après avoir fini de manger, il avait trottiné jusqu'à cette pièce de détente qu'on lui avait brièvement présentée. Un crayon de charbon dans la main, il s'installa dans un fauteuil avec une bougie graduée non loin afin de savoir, à peu près, jusqu'à quelle heure il pourrait rester ici. Il aurait pu aller dans sa chambre mais pour le coup, il s'y serait retrouvé totalement dans le silence et seul. Or, Eoghan détestait être seul. Il aimait le silence mais appréciait d'avoir des gens autour de lui, vaquant à leurs occupations.
Absolument rien dans sa tête ne clignotait comme un danger, il était juste là, sans rien demander à personne, de toute manière personne ne faisait attention à lui ! Pourquoi faire... Il avait déjà montré de temps en temps qu'il pouvait être aussi souriant que péteux au possible. Qui voudrait se lier avec un lunatique pareil ? Manuchan devait être biennnn fêlé pour avoir une patience pareille avec lui. Et une fois installé, il commença à écrire, reprenant là où il s'était arrêté précédemment.
"En ces temps lointains où les dieux n'avaient pas encore conféré aux hommes le pouvoir de régner sur la terre, l'équilibre du monde des dieux menaçait de se rompre a cause du combat acharné que se livraient deux déesses jumelles, la déesse lionne et la déesse chat. L'origine de cette dispute était inconnue des autres dieux, et même le souverain du monde des dieux ne savait précisément quelle était la cause de ce conflit, mais la rage de celui ci ne semblant pas s'essouffler et cette discorde menaçant de s'étendre à l'ensemble du monde des dieux le dieu soleil décida d'y mettre fin. Il alla donc voir chacun des deux partis pour tenter de les convaincre mais trop aveuglées par leur hargne destructrice les deux déesses ne virent pas le dieu soleil s'avancer sur le champ de bataille jonché des dépouilles d'hommes, d'animaux et de créatures de toutes sortes qui avaient été asservis par les deux déesses belliqueuses afin de mener a bien leur combat. Malgré sa couronne de lumière le vieil homme fut sauvagement assailli par l'une puis l'autre des deux femmes, et si son pouvoir lui permit malgré tout de parer les attaques des déesses combatives il dut malgré tout se résoudre à quitter le théâtre du combat sur cet échec et à trouver un autre moyen d'imposer sa volonté aux deux félines.
Il chercha donc un moyen de détourner cette haine fratricide qui croissait chaque jour et menaçait toujours plus de s'étendre, et après des journées entières de réflexion, il décida de créer une créature rassemblant les caractéristiques principales des deux belligérantes, afin que toute la rage de ses mères se retourne contre elle, et qu'ainsi combattant le même être, les deux déesses s'uniraient et l'équilibre serait a nouveau rétabli. Il retourna donc de nuit sur le champ de bataille baigné de sang où les félines continuaient encore et toujours de se déchirer, ne prenant aucun repos, n'accordant de répit à leurs troupes que pour pouvoir mieux attaquer par la suite. Le vieux dieu soleil traversa avec peine ce charnier, et gravit péniblement le mont qui surplombait la scène pour se retrouver enfin, au lever de l'astre solaire, au sommet du monde qui était le sien et qu'il se refusait à voir disparaître, englouti par le chaos. Concentrant toute sa puissance‚ il alla jusqu'à ralentir le soleil dans sa course pour donner naissance, au milieu de la mare de sang qui séparait les deux déesses, à la première des Shadows."
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[Oh, j'ai presque honte]
Fleur se promenait, oisivement, dans les collegia.
Bon, il faut admettre qu'elle n'avait rien d'autre à faire ce soir. Plus de cours, pas de corvée pour une fois, sa jumelle n'était plus là pour occuper ses soirées, pas trop de potins croustillants à chasser...
Elle déambulait dans sa robe, son dernier achat. Le corset était blanc et brodé de fines fleurs prunes, les jupons étaient blancs également, et la sur-robe et ce qui couvrait ses épaules et ses bras étaient d'un prune profond. Pas trop de dentelle ni de falbala, pour une fois c'était presque classique. Elle avait rassemblait sa danse chevelure blonde à moitié derrière son crâne, le reste libre sur ses épaules.
"Que faire... que faire... que faire..."
C'est au son de cette litanie que Fleur arriva devant la salle de détente qui était allumé.
A petits pas, elle jeta un oeil tout sauf discret à l'intérieur et aperçu un jeune homme penché sur quelque chose, elle ne savait quoi, mais elle décida que c'était assez pour qu'elle rentre et qu'elle s'en mêle.
Elle poussa la porte et s'approcha:
"Bonsoiiiiiiir..."
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Tellement concentré qu'il ne fit pas attention à la porte qui s'ouvrait. Mais lorsque la voix pour le moins agaçante en préméditation, son crayon dérailla sur sa feuille dans un léger sursaut. Il ne releva que les yeux sur cette jeune fille. Et des comme ça, il n'en avait encore vu que de loin. Chez lui, elles n'étais pas attifées de la même manière, plus décontractées, moins coiffées... Il était face à la poupée Barbie contemporaine, quelle qu'elle fut. Et elle venait de le déranger. Elle avait beau être jolie, maintenant il avait un gros trait noir en travers de sa page blanche.
_ Bonsoir.
Somme toute grognon, il fallait le concevoir. Et même pas souriant. Que faire, que faire ? Mais baisser à nouveau la tête en espérant qu'elle oublie sa royale personne. Oui la magie lui montait UN PEU à la tête.
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Quand le jeune homme la regarda, le coeur de Fleur rata un battement - encore oui.
Mais il fallait bien l'admettre, ce jeune homme était très beau. Aussi beau que le Héraut Estevan, mais en différent, en tout cas en plus sombre et moins ouvert.
Mais les expressions faisant comprendre qu'on ne voulait pas être dérangé n'avaient aucun effet sur la jeune femme, et elle se contenta de geindre:
"Hoooo, je suis navré Messire, je vous ai fait peur? Vous avez fait un gros trait sur votre carnet, j'en suis désolé!"
Le ton employé était plus amusé que désolé mais ce n'était pas méchant.
Elle contourna la table pour se mettre en face de lui et lui fit un grand sourire colgate.
"Mais, je ne vous ai jamais vu ici, vous venez d'arriver?"
Oui, la discrétion et la retenue sont des mots inconnue pour Fleur Arkadia.
Mais comment résister? Un beau jeune homme inconnu aux Collegia! Il fallait creuse!
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Il aurait bien grogné d'autant plus mais quand elle s'approcha, il se contenta de fermer son carnet. Les histoires et contes qu'il inventait pour la galerie ne restaient que des secrets tant qu'il ne les avait pas racontés. Il garda les yeux sur elle avec un sourire levé. Voilà qu'elle souriait, maintenant. Et encore cette envie de grogner. Il avait envie d'être méchant pour qu'on lui fiche la paix, pire qu'un gros ours des cavernes, au fond. Il fallait couper court mais il eut le terrible sentiment qu'elle ne décrocherait pas de si tôt.
_ Je viens d'arriver oui. Qu'est-ce que tu veux ?
Et histoire d'en rajouter dans le "je suis hautain et je te pwet."
_ Mon nom est Eoghan et je suis un mage.
[Je m'appelle Jean Claude Van Damme et je suis un maaaaaaaaaaage... Mouhaahahhaha kof kofkofkofkofkofkof]
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[Juste: LOL!]
Être dérangé n'avait vraiment, mais alors vraiment pas l'air de lui plaire à ce jeune homme, mais Fleur s'en fichait.
Pas qu'elle se fichait en général des sentiments d'autrui, c'est juste que c'était impensable pour elle qu'on refuse sa compagnie.
Ne pas voir là dedans de la prétention. Fleur s'aime beaucoup c'est certain, mais elle est surtout profondément gentille et un peu niaise, et elle aime échanger avec les autres. Encore plus si cela lui rapporte un ragot!
Elle montra du doigt une chaise en face d'Eoghan de l'autre côté de la table.
"Je peux?"
Puis elle s'y installa s'en attendre la réponse. C'eut été une perte de temps! Elle le tutoya aussi puisqu'il le faisait. Peut-être une coutume de sa région?
"Je sais que tu viens d'arriver, je ne te connais pas, et habituellement, je connais tout le monde!"
Voilà qui mettait directement dans le bain et le prévenait de ce qu'elle était. Une incorrigible curieuse, pipelette, mais adorable au fond.
"J'aime bien découvrir les nouveaux visages, et comme je te l'ai dit je connais tout le monde, je peux mettre les gens en relation!"
Ha mais c'était çaaaaaa! En fait, Fleur, elle était envoyé diplomatique au service des habitants du Palais-Collegia! Mais tout s'expliquait!
Ses bleus pétillèrent à l'annonce de sa fonction.
"Mon nom est Fleur Arkadia, je suis ici en qualité de non-affiliée, pour étudier et ce genre de chose quoi. Mais tu es Mage? C'est faaaabuleux! J'ai rencontré il y a peu de temps un autre Mage que tu connais peut-être..."
Roulement de tambour...
"... il s'appelle Manuchan!"
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Son visage se décomposa. En fait il passa du "neutre" au désabusé. Où qu'il aille, quoi qu'il fasse, peu importait, Manuchan était par là. D'une voix d'outre tombe, il répondit.
_ Oui, je sais qui c'est.
Comment l'ignorer, c'était un peu aussi à cause de lui qu'il était là. il soufflait le chaud et le froid avec Manu, il savait pas trop sur quelle balance peser.
_ Et alors, qu'est-ce que ça change ?
Oh allons, Eoghan pourquoi être si désagréable... Alors qu'elle est si jolie... Et si polie. Ses yeux tombèrent un peu plus bas. Et si rebondissante. Il fronça les sourcils et releva les yeux sur elle.
_ Mettre les gens en relation, ça veut dire quoi pour toi ? Faire l'entremetteuse ?
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Le changement d'expression du jeune Mage n'affecta pas Fleur. Elle se contenta de répondre:
"Ca ne change rien, c'est juste que j'ai fait sa connaissance il y a peu de temps, et donc nous avons une connaissance en commun!"
Elle avait dit ça avec un air totalement ravie. Il suffisait de peu pour la rendre heureux au final Fleur, elle était pas bien complexe comme femme.
Elle vit bien qu'il observait sa poitrine et éclata de rire. Mais ne dit pas pourquoi.
Elle feignit l'indignation quand il suggéra son rôle entre les gens.
"Ha non, rien d'aussi scabreux et de vulgaire, merci bien, moi je fais ça par rapport au caractère des gens et leurs affinités, et pour rendre service, après, ils sont ce qu'ils veulent entre eux, ça me regarde pas! Je n'aime pas que les gens soient seuls, c'est trop triste"
Oui, parce qu'en fait, Fleur Arkadia c'est l'ancêtre de celui qui fonda MeeticAffinity!
La jeune femme posa son menton sur la paume de sa main et lui demanda:
"Alors Eoghan, d'où viens-tu?"
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Il hocha la tête, acquiesçant mais évasif. Elle l'agaçait déjà. C'était pourtant pas sa faute mais tout ce qu'il entendait quand il la regardait, c'était "pia pia pia pia pia pia pia pia" et ça lui collait un de ces maux de tête ! Il en eut presque le tournis jusqu'à ce qu'elle pose sa tête dans sa main. Oh non, elle s'installait. Il tenait enfin l'idée du siècle pour son conte ! Et il fallait à tout pris qu'il l'écrive, sinon demain il aurait oublié ! Miséricorde...
Il devait lui répondre aussi vite que possible, peut-être qu'elle se lasserait.
_ Rethwellan. Dans un petit village perdu du côté de la frontière de Karse.
Fais un effort, Eoghan, fais un effort, sois gentil. Un rictus se dessina au coin de ses lèvres pour faire office de sourire poli, dévoilant une petite ride.
_ Et toi ?
On lui avait rapidement expliqué le non-affiliés mais pour lui, c'était surtout une noble. Et il avait souvent fantasmé sur des nobles. A dire vrai, c'était comme rêver de marcher sur la lune, quand on est un souillon issu de la boue et de l'odeur de la liqueur de pomme qui vous enivre à travers les tonneaux. Il lui donna 10 minutes pour exprimer un quelconque intérêt sans quoi il s'excuserait et irait se coucher.
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Les yeux de Fleur s'agrandirent quand elle appris d'où venait Eoghan:
"Hoooo, tu viens de là-bas, comme la princesse moribonde qu'ils ont envoyé pour essayer de la marier à notre héritier?! Tu la connais?"
Elle se trémoussa un peu sur sa chaise à l'idée d'en savoir un peu plus sur la noble demoiselle avec un balai dans les fesses.
Elle croisa ses jambes sous ses jupons et souffla sur une longue mèche de cheveux blond qui s'était échappée devant ses yeux.
"Moi? Je viens de Haven. Enfin, ma famille possède une belle maison ici, dans le quartier des Nobles, puis nous avons un manoir aussi, Arkadia House, dans le nord de Valdemar, je ne saurais pas te dire où précisément, mais c'est à deeeeees jours de cheval, très fatiguant comme voyage, je n'y vais pas souvent. Ma soeur y est elle. C'est ma jumelle. Mais je crois qu'ils veulent la marier alors ils l'ont appelé auprès d'eux. La pauvre, j'aimerai être avec elle..."
Il y avait sincèrement du regret dans ses prunelles. Sa jumelle lui manquait cruellement.
Elle balaya ce sentiment d'un geste de la main et continua:
"Mais tu es très loin de chez toi, pourquoi on ne te forme pas dans ton royaume?"
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Il secoua la tête doucement.
_ Ce n'est pas si loin, non. C'est sur la route des marchands, à la croisée des chemins. Je suis désolé pour ta soeur.
Il se laissa choir dans le fond du canapé, son bras posé sur le long du dossier et il haussa les épaules.
_ On m'a pas formé chez moi parce qu'on m'a pas prévenu que je devais l'être. Mon père a profité de la foire pour m'emmener ici et faire confirmer que j'avais un Don.
Puis il fronça les sourcils en se grattant la tempe. En fait, il n'en était rien mais on pouvait le prendre pour un Noble depuis qu'il était au Collegium. Et contrairement à d'autres, ce n'était pas juste un mécanisme de défense. Il se sentait réellement supérieur ! De plus... Face à une fille. En gros, elle faisait un peu partie de sa cour, n'est-ce pas ?
_ Non, je ne connais pas la princesse dont tu parles, en fait je ne connais quasiment rien, mon village est réellement perdu au milieu de nulle part. Tout ce qu'il y a ce sont... des vignes, des fruits et des élevages de porc, de moutons, de chevaux...
Mais pourtant, il avait envie qu'elle l'imagine plein de boue, crasseux à souhait, péon au possible, puant comme à sa naissance ! Le tout agrémenté d'un magnifique sourire Colgate. Peut-être qu'elle fuirait ?
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Fleur hausse les épaules.
"C'est gentil d'être désolé, mais y'a pas de quoi, quand on est une femme, je crois qu'on a pas trop le choix..."
Elle pencha encore plus son visage vers lui en l'écoutant parler. C'est qu'il avait une jolie voix en plus!
Mais ce qu'il disait lui donnait du fil à retordre.
"On ne t'as pas prévenu... [tchting! l'ampoule s'allume dans sa tête] Haaa, tes dons se sont réveillés ici c'est ça? Ca arrive de temps en temps. Ha mais c'est donc toi qui a mis une telle ambiance de son et lumière au marché non? On m'en a parlé mais je ne savais pas qui c'était, maintenant oui! Et à la foire, ton Père est vendeur ou acheteur?"
Curieuse Fleur, absolument pas!
"C'est dommage que tu habites si loin de tout, enfin, je ne sais pas qu'elle est la capitale de Rethwellan mais ça doit être aussi animé qu'ici, et c'est agréable de vivre dans toute cette..."
Elle essaya d'illustrer ses propos en agitant les bras.
"...transe collective. Mais la campagne, c'est bien aussi, surtout si tu peux y faire pousser des arbres et des fleurs. J'adooore les fleurs!"
Elle reposa ses bras et se cala plus en arrière de son siège.
"Enfin, ce n'est pas de toi que j'en apprendrai plus sur elle, mais ce n'est pas grave, parce que j'adore faire de nouvelles rencontre, c'est enrichissant!"
Enfin, pour ceux qui aimait cultiver leurs esprits, oui, pour Fleur, c'était un enrichissement de potin surtout. D'ailleurs...
"Et tu écrivais quoi sur ce carnet, ça avait l'air de te passionner?"
Elle ponctua sa question d'un grand sourire charmeur.
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_ J'écrivais... Des choses.
Il pinça les lèvres, appréciant qu'elle garde ses distances.
_ Sur les filles d'ici. J'aime bien, ça me détend. Je parle... De leurs chevaux, de la couleur de leurs yeux, de la forme de leur visage ou bien de l'odeur de leurs cheveux.
Il leva le menton en laissant sa tête partir en arrière non sans la quitter des yeux. Ah... Une fille qui en valait la peine, voilà ce qu'il aimerait bien trouver ici. Et plus il détaillait Fleur, plus il soupirait. Ah si elle pouvait seulement ne pas être que jolie. Il soupira à nouveau profondément et ferma les yeux.
_ Et oui, c'était moi, ce pauvre moi, victime de sa propre réputation avant l'heure. Un grand seigneur a dit un jour "Ta bonté sera reconnue par tes ennemis, avant même que tu les rencontres."
Il redressa la tête pour la regarder en haussant un sourcil.
_ Pour ma part, c'est pas ma bonté qui m'a précédé... C'est mon ridicule !
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[Ho thanks, tu m'as donné pile l'argument pour amener le sujet bien gênant que je voulais ^_^]
L'éternelle lueur de joie s'alluma dans les prunelles de Fleur quand elle l'entendit parler du sujet de ses écrits.
"Ohh, alors tu aimes les filles? Non parce que Manuchan lui, il aime les garçon, c'est lui qui me l'a dit, j'ai appris grâce à lui ce qu'était un Shay, alors j'ai pensé que peut-être toi aussi. Il m'a fait tout un discours sur une histoire de choix et de préférence, mais j'avoue que c'est dur à comprendre, j'ai été éduqué dans l'idée que les hommes épousent et aiment les femmes, voilà tout."
Fleur commença à ronger l'ongle du pouce de sa main droite en le regardant avec un air malicieux.
"L'odeur des cheveux des filles d'ici... Tu veux dire que tu t'approches assez d'elle pour sentir leurs cheveux? Et elle ne disent rien? C'est bizarre... Moi, je laisserai pas un homme mettre son nez dans mes cheveux!"
V'là le raisonnement qui tue!
"Mais bon, c'est joli d'écrire des choses sur les filles, tu en a trouvé des jolies depuis ton arrivée? "
Potin foverer!
La jeune femme pencha un peu la tête en écoutant la citation et donna son avis:
"C'est stupide comme citation, qu'est-ce que les ennemis aurait à faire de la bonté de quelqu'un?"
Elle lissa d'un geste mécanique de la main un pli sur sa robe et sourit - encore:
"Ce n'est pas ridicule quand les dons se réveillent, c'est même dangereux je crois. Ca doit faire bizarre de devenir mage du jour au lendemain? Manuchan m'avait fait pousser une superbe fleur, tu sais déjà faire ça toi?"
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Eoghan garda un index devant ses lèvres en l'écoutant parler. Enfin, en l'entendant parler plus qu'en l'écoutant. Oui, à lui aussi, Manuchan lui avait expliqué. Il avait encore du mal à saisir toutes les subtilités de la chose, d'ailleurs. Et bien malheureusement pour lui, il y pensait souvent ces derniers temps. Il fronça néanmoins les sourcils. Il l'aurait bien provoquée mais il avait peur qu'elle aille faire sonner le Glas pour rien.
_ Les filles n'ont pas besoin de s'approcher pour faire sentir leur odeur. Je sens déjà la tienne, d'ici.
Sentait-elle sa lassitude ou faisait-elle semblant ?
_ Oui, j'apprécie les jolies filles, j'avoue que c'est toujours fort agréable d'en avoir une face à soi. Si j'en ai vues de jolies ?
Il inspira en faisant une moue des lèvres.
_ Peut-être, je ne sais pas, je n'ai pas vraiment le temps de penser à ça pour le moment. J'ai autre chose à faire, comme tu le sais et comme tu le vois. Ce n'est là aucunement ma priorité. Quant à mes ennemis, ma jolie, écoute bien ce que j'ai à te dire parce qu'il est possible que ça te serve un jour !
Il se redressa et se pencha par dessus la table pour la regarder, les coudes sur les genoux.
_ Faire la guerre pour avoir la paix, d'accord. Mais il y a fait la guerre et commettre des massacres. Si tu crois que ce dicton n'est que sottise, alors je pense que ton statut de on affilié est mérité. Connais ton ennemi, ma chérie... Et alors tu seras un Seigneur imbattable. De plus, tu ne sais jamais qui est susceptible d'être ton bourreau. Imaginons...
Il se pencha un peu plus en dessinant des formes invisibles de son index sur la table.
_ Imaginons qu'il t'arrive malheur. Admettons que nous soyons ennemis jurés mais que je t'aperçoive en train de te faire martyriser par quelques garçons mal intentionnés. Et imaginons que je vienne te sortir de là, malgré tout. Tu auras une dette envers moi malgré notre très médiocre entente. Et un jour...
Il pencha la tête de l'autre côté en gardant ses yeux dans les siens.
_ Je serais moi-même dans une situation précaire... Sachant que j'aurais déjà fait preuve de bonté à ton égard malgré le fait que j'aurais pu me réjouir qu'on te donne une bonne correction, tu me laisses également la vie sauve, à ton tour et nous serons quitte. Voilà ce que dit ce dicton et ma poupée ?
Il haussa les sourcils en secouant la tête.
_ C'est ça... Une vraie guerre.
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Fleur haussa un sourcil.
"Tu sens mon odeur d'ici? C'est que tu as un bon odorat alors, c'est pas donner à tout le monde! Beaucoup de Bleus - les bleus ce sont les non-affiliés, c'est comme ça qu'on les appelle - bref, beaucoup de garçon bleus font pas attention à ça, eux ils préfèrent essayer d'avoir les mains baladeuses, pouah!"
Son regard était là franchement dégouté.
"Aucune tenue, aucun sens des valeurs quand ils ont trop bus, vraiment. Mais toi, tu as l'air d'être un peu poète, ça te donne un air... romantique! Mais c'est bizarre que tu écrives tant sur les filles alors que ce ne sont pas tes priorité, enfin, toi, tu as le choix, tu peux décider de quand tu te marieras, tu as de la chance."
Puis la jeune femme se pencha vers Eoghan pour écouter avec le plus de soin possible (ce qui consiste à mettre en route son cerveau) ce que l'apprenti Mage allait lui dire. Diverses expression passèrent sur son joli visage.
D'abord, l'incompréhension, puis la concentration, le dépit, l'amusement et une sorte d'illumination.
Elle prit un grande respiration en se rasseyant correctement sur sa chaise.
"Quel discours! Mais je crois que j'ai une réponse à tout"
Elle lui sourit avec malice avant de commencer:
"Déjà, je suis une femme, pas un Seigneur, alors ce n'est jamais moi qui irait faire la guerre. Ensuite, je n'ai pas d'ennemi, tout le monde m'apprécie, c'est vrai quoi!"
Et le pire c'est que c'était vrai, elle n'était pas méchante alors personne ne la détestait vraiment.
"Mais admettons comme tu dis, si tu étais mon ennemi et que tu venais me sauver, tu ne serais plus mon ennemi, tu deviendrais mon ami, il n'y a pas de dette dans ce cas là, tu m'aurais sauver la vie! Tu imagines ce que c'est? L'inimité ne résiste pas à ce genre de chose non? Je ne comprend pas comment les gens peuvent se haïr, c'est une telle perte de temps! J'ai compris ce que tu m'a dis mais je ne suis pas d'accord! Ca voudrait dire que tout le monde est méchant au fond, et je n'aime pas cette idée. Et puis la guerre c'est moche."
Argument de poids, s'il en est!
Fleur croisa ses bras et prit alors une expression boudeuse:
"Et parce que je suis une non-affiliée je vaux moins que les doués? C'est ridicule, je suis non-affiliée pour accéder à un certain savoir et avoir une bonne éducation, le fait de ne pas avoir de don de magie, de guérison ou autre ne fait pas de moi une moins que rien! Ce n'est pas parce que les Dieux ont choisis de t'accorder la Magie que tu m'es supérieur! Non, c'est leur façon d'influer sur ton destin, chacun à un destin et des choses à accomplir qui ont chacune leur importance. Si ça se trouve, je ferai des choses plus importantes que toi dans ma vie, qu'est-ce qu'on en sait, hein? Alors oui, ça, c'est idiot comme raisonnement!"
Et elle semblait réellement vexée.
Fleur savait ce qu'elle était. Légère, un peu niaise et elle avait conscience d'être moins cultivée que certains de ses camarades mais elle n'aimait pas qu'on traite les non-affiliés de bon à rien, et elle encore moins. Elle n'était pas bête! Des gens bête, elle en avait vu, mais elle, elle n'était pas totalement idiote.
Elle avait juste placé l'oisiveté comme un de ses passe-temps.
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Un air romantique, un attentionné aux filles, poète ! Ohlala, que de compliments, à croire qu'en ses mains résidait une agréable pommade aux senteurs douces et épicée.
_ Tu sais, tu parles d'être une femme, pas de guerre... Mais il y a une chose très curieuse ici, que j'ai remarquée.
Il ne pouvait s'empêcher d'être à la limite du désagréable mais les filles, il le reconnait, il les aimait pas vraiment fleurette. Il pourrait facilement tomber amoureux d'une nain aubergiste à l'odeur d'hydromel !
_ Ici, il y a des filles qui sont viennent à être choisie par des Compagnons, qui réussissent à atteindre leur tenue blanche avant de partir remplir des quêtes de la plus haute importance et parfois même... Elles font la guerre. En tant que non-affiliée, sache que tu n'es ni à l'abris ici, ni dehors. Et pas plus avec moi, j'ai peur d'avoir à te l'avouer.
Puis il pouffa de rire.
_ Je ne vois pas l'intimité dans le fait de sauver un ennemi, il ne deviendrait pas plus mon ami, c'est juste que je me réserve le droit personnel de l'achever le jour où je l'aurais précisément décidé, ça n'a rien à voir ! Les gens peuvent se haïr, c'est comme ça sinon il n'y aurait pas de guerre et on verrait des fleurs danser toute la journée. Personnellement, je m'ennuierais énormément. Pas que j'aime les guerres, ce n'est pas ce que j'ai dit. Sur ce point je suis d'accord, c'est moche. Cependant, certaines personnes refusent de faire autrement et déclenchent des guerres là où un simple dialogue pourrait tout arranger. Un jour, si je suis Dieu, je ferais en sorte que ça se passe comme ça !
Alors devant sa mine boudeuse, il eut très envie de bouder. Il avait beau ne pas être fortement attiré par les filles de bonne famille, belles, aux senteurs délicates... Elles venaient toutes du même monde lorsqu'elles boudaient ainsi : celui des roses qui sentent bon. Il se redressa et tendit une main pour passer ses doigts sous son menton et lui relever avec la même bouderie qu'elle, parfaitement imitée.
_ Allons, ma petite Fleur, ce n'est pas ce que j'ai dit. Sache que je prends la Magie plus comme une malédiction que comme une bénédiction. Je ne suis en rien supérieur à toi. Je te le promets.
Il lui sourit, ne pouvant s'empêcher d'articuler tout un show autour d'elle. Il sourit un peu plus, faisant glisser le bout de ses doigts et il passa son index le long de son nez comme il l'aurait fait avec sa soeur ou avec une enfant puis il lui tapota le bout de ce nez en plissant le sien.
_ Je n'oserai pas, de toute manière.
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[He! Tu sais ce qu'il te dit le nain?!]
"Non, mais je parle de mon cas personnel là, je suis trop vielle pour être choisie par un Compagnon, et franchement, je préfèrerai pas que ça m'arrive, tant de responsabilités! C'est effrayant!"
Elle pencha la tête pour lui répondre:
"Craindre quelque chose avec toi? Et quoi donc Messire Eoghan? Je ne suis que la fille du Vicompte Arkadia qui n'a aucun poids en Politique, alors quoi? Tu me kidnapperais? Bien sûr que non, tu ne prendrais pas ce risque alors qu
e tu es formé ici!"
Elle éclata de rire mais il fallait quand même noter que ce qu'elle venait de dire prouvait qu'elle était définitivement loin d'être sotte.
Fleur balança la tête en arrière:
"Nous ne serons jamais d'accord sur ce point je le crains... Mais moi, si j'étais une Déesse, oui, je ferai en sorte que tout le monde s'aime..."
Fleur en mode Miss USA "Je veux la paix dans le moooonde".
La jeune femme fut sidérée par l'aplomb du jeune mage qui se permettait de la toucher. Certes, sa peau était douce et c'était assez agréable, certes elle perdait parfois le fil de la conversation, mais ce n'était pas une raison!
Elle se redressa en chassant ses doigts avec sa main assez brutalement, le regard inquiet même si sa voix était assez calme:
"Heeee, ce n'est pas parce que tu te sens maudit que tu peux te permettre de passer tes doigts plein d'encre partout!"
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[Qu'il m'aime !]
_ On est jamais trop vieux pour être Elu, j'en suis persuadé. C'est pas une question d'âge, tout ça. Et puis je suis pas messire. Quant à la sécurité, on arrête pas de me répéter que je suis un danger pour tout le monde comme pour moi-même parce que je ne contrôle pas mon pouvoir donc j'imagine que ça te concerne.
Ouuuhh pas de titre face à une non-affiliée, il pouvait risquer gros. Ou pas ! Il était plus franc au final mais si ça se trouve, elle ne s'accrocherait pas le moins du monde, il pourrait recommencer à écrire ou même aller se coucher, la fatigue tombait doucement sur ses yeux. Alors quand il lui retira les doigts, ce fut comme une décharge de réveil. Il sursauta à son tour et la regarde, les yeux ronds.
_ Mes doigts plein d'encres ?
Il ouvrit les mains, la bouche bée et il montra patte blanche.
_ C'est un crayon de charbon, qui plus est je n'écris que d'une main !
Il montra sa main gauche dont le bout des doigts étaient légèrement noircis puis la droite qui était propre.
_ Et puis je me sens pas maudit, n'importe quoi. On appelle ça un geste d'affection, crétine !
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"Pfft, Messire c'est une façon de parler, que tu le sois ou non m'est totalement indifférent. Et tant pis si tu n'explose dessus, je prends le risque, je te trouve trop interessant pour te fuir juste parce que tu as peur de ne pas savoir maîtriser ta magie!"
Elle fronça le nez de façon comique.
Puis elle secoua la main d'un geste presque agacée.
"Ho, encre ou pas, c'est pas la question, juste tes doigts quoi. Je ne suis pas une crétine, c'est juste qu'il n'est pas dans mes habitudes de me laisser tripoter le visage par un homme que je ne connais presque pas!"
Et Fleur redressa le dos, superbement drapée dans sa vertu. Qui l'aurait cru?
-
Il roula des yeux. Chouette, une groupie. Mais elle le mit au défi sans le savoir, se redressant de tout son long vers le plafond et il haussa un sourcil, se demandant comment la prendre au mot. Il la dévisagea longuement et plissa les yeux, emplit d'un caractère espiègle, la situation se retournait, il avait à son tour très envie de l'embêter !
Il tendit la main vers elle et toucha du bout de l'index son genoux en haussant un sourcil fièrement.
_ Oups. Trop intéressant pour fuir mais trop inconnu pour approcher ?
-
Fleur fronça les sourcils quand elle le vit réfléchir.
C'est pas que, mais elle sentait qu'il pensait à un truc louche là tout de suite.
Et elle ne se trompa pas quand elle vit comme au ralenti sa main se diriger vers son genoux.
La jeune femme, faisant fi de la sensation étrange qui la serrait dans le bas ventre quand il la toucha, se leva brusquement de sa chaise en poussant la table vers lui - et la table pencha dangereusement vers Eoghan, commençant à lui tomber dessus - et recula d'un bon mètre, en hurlant presque, le joues rouges:
"Nan mais ça va pas?! Qu'est-ce qui te prends?"
Fleur Arkadia avait été élevé dans la dentelle et le coton, ce genre de chose, elle en ignorait presque tout.
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Rapidement, il retint la table, les yeux ronds, ne s'étant pas attendu à une telle réaction. Alors comme ça, on voulait s'amuser avec les gens mais eux n'avaient pas le droit de s'amuser ? Il se leva à son tour et pointa un index vers elle.
_ Dis donc jeune fille. Je te signale que j'étais là, tranquille sur ce fichu canapé, passant un agréable moment avant d'aller fermer mes yeux, histoire de me détendre, tu viens de ta voix nasillarde me faire la conversation et la morale qui plus est mais si un jour j'ai le malheur de te passer dans le dos, coincé entre ton derrière et un mur parce que tu prends de la place sur mon chemin et que, parce que je suis pas tellement débile, je place mes mains sur tes épaules pour te signifier que je suis là, que je ne fais que passer, tu vas me tordre le cou ? M'arracher les yeux, peut-être ! Que sais-je !
Il croisa les bras, les sourcils froncés, c'est marrant mais il avait rarement l'air rieur quand il n'avait pas décidé de l'avoir.
_ Si tu ne veux pas que les gens t'approchent, ne t'approche pas d'eux.
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Devant la violence du discours, une violence dont elle n'avait pas l'habitude - le seul lui faisant la leçon étant son Père, parfois - Fleur se braqua et fit la moue.
Elle passa une main dans ses cheveux blonds pour les remettre en place, lissa les plis de sa robe et croisa de nouveau les bras, vexée. Et la contrariété était un sentiment que l'on voyait rarement sur son joli visage.
"D'abord, j'ai pas une voix nasillarde!"
Oui, en effet, voilà une chose d'extrême importance à corriger!
"Je ne te fais pas la morale, encore moins la leçon comme tu te permets de me la faire, je donne juste mon avis, si tu prends ça comme une attaque je n'y peux rien, je vois peut-être tout en rose, mais toi, et bien toi tu vois tout en noir!"
Elle leva son nez, trahissant sa noble bouderie.
"Et puis ça n'a rien à voir avec le fait de déranger quelqu'un pour passer dans un couloir, là c'est de la courtoisie, là, là tu te penches et, et..."
Elle en perdait ses mots et sa voix tremblait.
"... c'est la façon dont tu me regardes qui est bizarre, on parlait gentiment de choses et d'autres, et toi, tu, tu t'approches et tu te permets de me toucher, comme ça!"
Sa voix montait dans les aigus au fur et à mesure du discours, et ça, c'était désagréable à entendre.
"Ce n'est pas que je veux pas que les gens m'approchent, c'est juste que je suis trop bien élevée pour... pour accepter ce genre de caresse d'un... d'un dévergondé!"
Ouuuuuuh, mais quand elle jouait sa prude, c'est qu'elle avait des épines la Fleur!
-
Silence. Il se mua dans un immense silence résonnant à sa dernière réplique. Il cligna tout juste des yeux, assez secoué. D'accord, il avait une réputation de beau parleur mais uniquement chez lui. Ici, on avait plutôt tendance à se plaindre de son silence et de son côté hautain, voire excentré, à ne pas traîner avec les autres sauf avec Manuchan et parfois Elbereth. Alors qu'elle puisse le considérer comme un dévergondé, c'était presque... Insultant ! Surtout qu'il n'avait fait qu'être amical. Il renifla et se frotta le nez avant de la regarder à nouveau, les bras croisés. Oui il observait beaucoup les gens, pendant des heures, il pouvait faire ça jusqu'à les dessiner dans son carnet. Il s'inspirait du nez de l'un, des cheveux d'un autre pour les personnages de ses contes.
_ C'est typiquement le genre de gestes que j'ai avec ma soeur et je ne vois pas en quoi ce fut un geste à ce point offensant pour sa Majesté ! J'ai horreur d'être touché également mais je me suis contenté de... De... J'en sais rien d'ailleurs ! Je sais pas, ça m'a paru être un geste chaleureux parce qu'il paraît que je suis trop froid. Alors je fais des efforts ! Et au final, c'est inutile ?
Il haussa les épaules et se pencha pour ramasser son carnet sur le canapé.
_ Ca tombait bien, la bougie a atteint la marque qui signifie que c'est l'heure de me retirer.
Lui, le péteuses de nobles, c'était vraiment pas son truc. Il était persuadé qu'elle savait ni cracher, ni roter !
-
Fleur ouvra la bouche comme un poisson hors de l'eau, ne sachant pour une fois, et c'était assez miraculeux, pas quoi dire.
Elle était déchirée entre ce qu'elle considérait comme une intrusion dans son intimité et l'explication qu'il lui donnait.
"Je ne me prends pas pour une Reine, je suis juste moi, et ce sont mes réactions, voilà. Visiblement, nous n'avons pas reçu la même éducation. Et ce n'est pas une critique, mais moi, et bien mes grands frères ne font pas ça avec moi, ils ne faisaient rien du tout avec moi d'ailleurs, ils restaient dans leur garçonnière à apprendre leur futur métier, et ma jumelle et moi nous occupions à autre chose, donc, non, je n'ai pas l'habitude de ce genre de... d'attouchement."
Sa voix baissa d'un octave, elle se calmait un peu, déçue de le voir blessé. Elle détestait plus que tout causer de la peine au gens, ça la rendait malade.
"Tu n'es pas froid Eoghan, au premier abord peut-être, mais tu m'a parlé, tu n'étais pas obligé, c'est juste qu'il faut faire attention à la façon dont tu... exprimes tes sentiments, aussi nobles et désintéressés fussent-ils!"
Elle prit une grande respiration pour calmer les battements de son coeur encore emballé.
"Je peux t'assurer, qu'ici, ce genre d'approche serait prit pour des manières de séducteur, à part peut-être par Isabeau de Girier qui a l'air très lié avec son frère, mais les autres... Je te garantie que si tu fais ça avec elle, soit tu te prends une gifle, mais y'en a pas beaucoup, soit tu te fais prendre à ton propre piège parce que dans ce cas là, elles verront ça comme une invitation à la débauche, et j'en connais beaucoup qui n'ont que peu de vertu et qui essayeraient de... s'en prendre à la tienne!"
Elle décroisa enfin les bras:
"Enfin, tout dépend de ce que tu cherches comme plaisir, évidemment, si tu veux passer du bon temps, dans ce cas oui, avec beaucoup de bleues tu auras le choix."
Elle avait un accent de reproche dans la voix en insinuant qu'il pourrait être juste un Don Juan.
Oui, parce qu'il faut préciser, Fleur est précieuse, prude et tout ce qu'on voudra, on ne lui a jamais vraiment parlé d'intimité au Manoir, mais bon, ici, même si elle ne connait pas les détails précis, elle sait bien ce qu'il se passe derrière les portes closes de certaines de ses camarades.
La jeune femme se planta à quelques centimètres de lui.
"Très bien, si tu t'en va moi aussi, je ne suis rentrée ici que pour trouver de la compagnie"
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Il allait sortir sans répondre quoi que ce soit mais quelque chose lui vint à l'esprit, soudainement. Il ouvrit la bouche et s'arrêta, se retournant vers elle avec un index levé. Il garda le silence quelques secondes avant fermer son poing et de soupirer. Il lui sourit sans grande sincérité mais son visage exprimait tout sauf de l'excuse et de la gentillesse, en fait, il s'apprêtait à sortir sa réplique.
_ Tu veux que je te dise une chose ?
Il haussa les sourcils en pouffant de rire mais ce ne fut que de très courte durée alors qu'il reprenait son sérieux.
_ Je préfère me faire gifler en étant moi-même que survivre en essayant de paraître quelqu'un d'autre.
Il acquiesça, comme s'il attendait qu'elle soit d'accord avec lui. Puis il tourna les talons, prêt à repartir et s'arrêta à nouveau pour lui faire face.
_ Comme tu le fais si bien comprendre, si j'avais envie de passer du "bon temps", je m'attarderais pas à rester tout seul avec un carnet plein de charbon pour me détendre. Et si j'avais un quelconque besoin de compagnie féminine, sache que je serais bien différent ! Cependant, j'ai des choses bien plus importantes et bien plus sérieuses à faire et à prendre en compte qu'une fille qui voudrait bien répondre à mes paroles enjôleuses et clairement orientées. Et si tout ça... Pour toi... C'était de la séduction, alors ma poupée...
Il pouffa de rire à nouveau en secouant la tête.
_ Tu voudrais pas me voir c'en est.
-
Fleur pencha la tête vers la droite, assez anxieuse à l'idée de ce qu'il allait lui répondre.
Quel curieux personnage il fallait dire! Elle n'était pas spécialement experte pour cerner la personnalité des gens tout de suite mais celui là était un véritable mystère!
Il avait l'air assez torturé au fond de lui, et Fleur aurait voulu l'apaiser un peu, parce qu'elle détestait voir les gens souffrir.
Elle répondit doucement, cherchant à ce qu'il ne sorte plus de ses gonds, parce qu'il fallait bien admettre qu'il avait l'air effrayant par moment:
"Tu as raison, on ne devrait pas cacher qui on est vraiment, et si tu peux l'éviter, fais-le, je te met juste en garde sur la personnalité de certaines jeunes filles des Collegia, c'est tout."
Elle se rapprocha de la table et posa ses paumes dessus, à plat, penché vers lui dans une attitude qu'elle voulait engageante.
"Je ne sais pas comment tu serais si tu voulais séduire, et c'est pour ça que je réagis comme ça, je sais très bien quelle position adoptée en général devant les garçons trop entreprenant quand on se retrouve entre bleus, je le ignore, je te le répète, on ne m'a jamais touché comme ça, les seuls ayant essayé de me mettre une main au fesses ont eut la trace de celle de ma jumelle sur leur joue, parce que moi je ne sais pas si je serai capable de violence, on ne m'a jamais touché tout court en fait."
Il y avait une sensation gênant dans son corps qu'elle ne comprenait pas. C'était comme si son corps était une entité à part de son esprit et qu'il criait "mais j'aimerai bien voir comment tu t'y prends pour séduire les filles". C'était dérangeant, nom d'un Compagnon!
Fleur secoua la tête et reprit le contrôle de ses sens, pour l'instant.
"Dommage que tu t'en ailles, j'espère qu'on se reverra de nouveau dans les Collegia, hein?"
Reprendre le contrôle, mouais, pas très convainquant, parce que si ces paroles avaient l'air d'être absolument innocentes, ce qu'elles devaient être à le base, elles résonnaient aussi d'un autre désir qu'elle ne savait pas gérer.
Il y avait l'envie de calmer ses peurs et son rejet des autres, et encore autre chose de trop confus pour qu'elle puisse le définir elle-même.
-
Il revint vers elle, se pencha sur la table de la même façon qu'elle pour rapprocher son visage du sien, en face. Rien que sa position n'avait rien d'innocent, elle était bien maligne il pensa. Avancer un tel poitrail devant un jeune homme de sa condition, c'était assez risqué ! Il la défia des yeux sans un sourire, il adorait avoir de l'aplomb chez les gens, encore plus sur les filles sans qu'il sache réellement pourquoi. Il aimait surtout être respecté et qu'on l'admire, voilà tout. Il finit par ouvrir la bouche, le carnet posé sur la table à côté d'eux.
_ Je n'ai pas... envie... D'avoir une fille... à mes basques.
En d'autres termes, il était inutile de le barber avec des filles qui ne l'intéressaient visiblement pas du tout.
_ Encore moins des filles trop bien élevées. Comme tu l'as si bien fait comprendre, j'viens pas d'ici mais de là où on laboure la terre avec ses orteils et qu'on cueille les pommes avec ses dents.
Il exagérait tellement qu'il en riait dans sa tête. Mais c'était incroyable l'effet qu'il avait envie de produire sur elle. Il semblait remonté ce soir ! Sûrement la lune... Il était temps qu'il aille se coucher pour s'éloigner d'elle avant qu'il s'en serve comme punching ball tellement elle était réactive à son caractère de bouseux !
-
Fleur du prendre considérablement sur elle pour ne pas baisser les yeux, et avec beaucoup d'effort, elle réussit à les garder braqués sur les siens. Et elle n'avait pas du tout conscience qu'elle mettait son décolleté opulent en avant.
"Bien, si tu réagis aussi gentiment que quand je t'ai repoussé si on t'approches trop, ça ne devrait pas poser de problème je crois."
Elle fronça légèrement les sourcils. Elle n'aimait pas trop qu'on déforme ses dires.
"Je t'en pris, ne me fait pas dire ce que je n'ai pas dit. En l'occurrence, je ne te prends pas pour un Paysan. Et je sais bien qu'on ne laboure pas les terres avec les pieds et qu'on ne cueille pas les pommes avec ses dents, pour qui tu me prends? Une idiote?"
Elle se redressa, un peu parce que la moutarde recommençait à lui monter au nez, et un peu parce que le regard d'Eoghan avait la fâcheuse tendance à être hypnotisant.
"C'est pas parce que je suis jolie, que j'aime bavarder et tout ça que je ne sais rien. Je sais beaucoup de choses, notamment comment fonctionne la société, mon Père a beaucoup de terre, et même si il ne me forme pas comme mes Frères, comme je suis destinée à épouser un jour un Seigneur propriétaire, il faudra bien que je m'y connaisse un peu!"
Elle pointa son index sur lui en disant:
"Tu sais quoi, je suis peut-être naïve et candide, mais toi, toi tu es pétri de préjugés!"
-
_ Je ne vois même pas de quoi tu parles, je n'ai fait aucun préjugés sinon un rappel à mes souvenirs sur les filles nobles comme j'en vois tous les jours : ce n'est pas mon genre, pas du tout.
Puis il ne pu se retenir d'éclater d'un grand rire clair.
_ Tu connais la société, veux-tu donc me faire rire ? Ce n'est pas parce que ton père est riche et qu'il possède des terres que tu sais ce qu'est la société. C'est un bouillon de culture ! Je veux dire que si pour toi, la société se résumé à écarter les filles pour les marier et en faire des servantes d'un homme, je trouve ça triste et sans intérêt. Tu n'es que le pion d'un homme qui veut décider de ta vie pour toi parce qu'il a réussit à te convaincre qu'il ferait tout pour ton bonheur. Et puis un jour, il voudra te marier à un veuf de 20 ton aîné qui sent la suée à des kilomètres et qui renifle dès qu'il s'enrhume sans savoir se moucher parce qu'une servante aura oublié de lui enseigné.
Il grimaça en penchant la tête.
_ Je t'en prie... Ne me fais pas croire que tu attends avec impatience le jour où ton père te dira "Tiens, ma fille, je vais te marier à lui là-bas au fond, il gagne beaucoup d'argent, il a d'énormes terres, tu pourras chevaucher en toute quiétude jusqu'à la fin de tes jours !"
Il avait mis ses poings sur ses hanches en prenant un visage et une voix graves. Puis il se redressa, visiblement affecté par tout ça et leva les mains au ciel.
_ Je reconnais que s'assurer un futur et une descendance en toute sécurité c'est un bon plan mais... J'avoue aussi quel es histoires d'amour, c'est plus facilement des nids à ennuis qu'autre chose mais de toi à moi, t'as pas envie d'être UN PEU heureuse dans ta vie future ? De pouvoir choisir ce que tu peux faire au lieu d'obéir à des convictions qui ne sont même pas les tiennes ! J'ai la chance de provenir d'un des rares villages où... Oui on se marie pour faire des alliances mais uniquement si on le veut. D'ailleurs, beaucoup de couples ne sont pas mariés. Nous sommes loin de l'industrie du mariage après tout, c'est quelque chose de personnel, de fusionnel, pas besoin d'un bout de papier pour ça ni même d'un prêtre. Parfois, le meilleur des mariages peut s'avérer assurer par une promesse verbale d'homme à femme.
Il se gratta la tête en se demandant s'il visait juste pour le coup.
_ Ou d'homme à homme.
Manuchan n'avait rien dit à ce sujet, les Chaitrucs aussi pouvaient se marier ? Il n'arrivait pas à retenir le nom.
_ Bref, ce que je veux dire c'est que le mariage tel que tout le monde l'entend, ce ne sont que des accords de principe pour piéger un couple dans quelque chose de précis. Et toi...
Il la montra de l'index et il avait même envie de s'approcher histoire d'avoir d'autant plus d'impact. Ce qu'il fit, les sourcils hauts, l'index levé vers elle.
_ Tu cours droit dedans. Alors je suis peut-être pétri de préjugés, ça peut m'arriver mais je me fie à mon instincts, mais toi ?
Il s'arrêta face à elle en croisant les bras, une moue désolée sur le visage.
_ Tu es bien plus naïve que tu ne veux te l'admettre à toi-même, j'en suis désolé.
-
Fleur sentait la colère picotait sous sa peau.
Elle qui ne s'énervait au grand jamais, cet homme là avait le don de la faire sortir de ses gonds, un comble tout de même!
Elle éclata d'un rire jaune qu'elle ne se connaissait pas.
"Et c'est quoi un préjugé si ce n'est se baser sur ce que tu as vu sans chercher à pousser plus loin la recherche sur une autre personne et la juger d'office, hein?"
Elle se dirigea vers la chaise et se laissa tomber dessus, d'une façon tout sauf distinguée.
Puis finalement se releva dans la seconde pour faire face à Eoghan qui tentait de l'impressionner.
Elle serra ses poings pour contenir les cris qui aurait voulu sortir. Ses cheveux volaient autour de sa tête, électrique, ses joues étaient rouges et elle se mordait la lèvre inférieure.
Fleur ne savait en aucun cas gérer ce genre de situation, inédite pour elle, jamais on ne l'avait ainsi poussé dans ses derniers retranchements, aussi, les réactions presque chimiques de son corps l'effrayaient un peu.
"Mais qu'est-ce que tu sais de ma vie, ho grand apprenti Mage Eoghan? Tu n'en sais rien, alors comment peux-tu te permettre de me juger, moi et ce que je ferai de ma vie? Tu n'est pas noble, comment peux-tu savoir comment cela se passe dans nos maisons, comment on organise la vie et notre futur, toi, un fils de marchand?! En plus tu es un homme, alors tu as pu culbuter le nombre de fille que tu veux, ça ne te donne pas pour autant la connaissance de l'esprit des femmes!"
Ouh, quelle vulgarité! Jamais Fleur auparavant ne se serait laissé à dire le mot "culbuter" dans un tel contexte.
"Alors oui, un jour on me mariera, à un homme que je ne connaîtrais sûrement pas, parce que cela arrangera mon Père, oui, je ne serai qu'un pion dans ses calculs, c'est comme ça, ça l'a toujours été, et je ne vois pas en quoi cela changerait! Mon Père a des fils pour assurer la pérennité de notre nom, et il a des filles qu'il donnera en mariage au parti le plus interessant, je le sais depuis que je suis enfant car jamais on ne me l'a caché. Je suis ravie pour toi que dans ton village les choses ne se passent pas de cette façon, mais ce n'est pas le cas ici, qu'est-ce que tu crois, que tu arrives avec tes idées neuves et que la société va changer grâce à toi, pfft, c'est pitoyable!"
Elle le regardait toujours droit dans les yeux, même si sa voix commençait à trembler légèrement, vibrant de colère.
"Tant pis si mon futur époux sentira mauvais, qu'en ais-je à faire? Je n'aurai pas le choix, je te le répète, tout ce que je peux espérer, c'est tomber sur quelqu'un qui me respectera, et qui sera un minimum gentleman vois-tu?"
Elle avait du mal à s'arrêter de parler, comme si les choses qu'elle disait, elle les découvrait en même temps qu'Eoghan.
"J'en ai parlé il y a peu avec Isabeau de Girier, qui est une fille de marchand, elle aspire à une vie de liberté où elle sera son seul maître, et si elle y arrive, et bien tant mieux pour elle, elle a un peu plus de liberté que moi sur ce chapitre là."
Elle poussa Eoghan avec son doigt qu'elle posa sur sa poitrine.
"Alors non, non je n'ai aucune envie d'épouser un rustre sans manière et sans éducation, d'être enfermée dans un château à regarder passer le temps et être continuellement enceinte, entourée de dame d'honneur qui seront toutes les maîtresses de mon mari ou de mes fils! Oui j'aimerai être libre de faire ce que je veux, rester ici, ou m'installer seule et cultiver des plantes, bien sûr que j'ai d'autre rêves, malheureusement Eoghan, les rêves restent des rêves, et ce n'est pas moi qui décide de ma vie!"
Elle avait la respiration saccadée, par les Dieux du dessus et du dessous, c'était tellement étrange d'avouer tout ça à un inconnu, des choses qu'elle ne s'était jamais avouée à elle-même!
"Je suis bien contente d'être naïve tu vois, je suis heureuse ici, je jouis d'une certaine liberté, on me laisse occuper mon temps comme je l'entends, j'ai des amis, c'est tout ce que je suis en mesure de m'offrir comme bonheur avant que l'on me marie. Et toi, toi tu n'as pas à me dire ce que j'ai à faire, ni à me juger, tu n'y peux rien et moi non plus, alors, à quoi ça nous mènerait, hein?"
Elle se retourna dans un froufrou de tissus et se dirigea d'un pas vif vers la porte, elle n'avait pas envie de rester ici, elle voulait être seule, juste elle et ses pensées, pour une fois elle ne voulait même pas la compagnie de sa soeur.
-
Plus elle parlait et plus il sentait son propre coeur s'emballer comme s'il vivait avec elle tout ce qu'elle disait. Et plus elle s'emballait, plus il souriait. Elle répondait exactement ce qu'il attendait d'elle. Il l'écouta presque religieusement ne réagissant même pas quand elle le poussa de l'index - sans qu'il ne bouge. Il sourit d'autant plus quand elle tourna les talons avant de l'interpeler.
_ Fleur !
Il fit les quelques pas qui le séparait d'elle et tendit une main vers elle, son visage bien plus amical et souriant, confiant. Il garda sa main tendue vers elle sans rien dire pendant quelques secondes.
_ Prends ma main.
-
Fleur se retourna, le visage fermé quand Eoghan l'interpella.
Qu'est-ce qu'il voulait encore, lui et son apparente décontraction à toute épreuve devant un discours qu'elle n'avait jamais prononcé devant quiconque?
Elle leva son sourcil gauche, prise au dépourvu devant sa demande bizarre.
Elle observa sa main, comme si celle-ci allait se refermer sur sa gorge.
Elle n'avait pas non plus l'habitude de devoir se méfier, alors elle se contenta de hausser les épaules et de répondre avec une indifférence feinte:
"Et pourquoi je prendrait ta main?"
C'est vrai ça, pourquoi prendrait-elle sa main?
-
Elle sourit un peu plus et ferma les yeux.
_ Prends-la. C'est tout.
Il ouvrit un peu plus sa main en l'avançant vers la sienne comme s'il attendait qu'elle lui serre. Il haussa les sourcils comme pour lui dire dans un sourire persistant "Vas-y, je vais pas te manger". Il avait tellement envie de le prouver quelque chose, se rendant compte qu'il avait été un peu dur.
-
Il n'avait pas l'air menaçant au fond. Et ça la rendait folle.
Elle venait de lui dévoiler le fond de son coeur et il lui demandait juste de lui prendre la main? Mais qu'est-ce qu'il avait dans la tête cet homme là?!
Malgré elle, enfin ça, c'est ce qu'elle préférait se dire, elle s'approcha de quelques pas, la gorge nouée d'appréhension et tendit sa main très lentement.
Puis après une grande respiration profonde, elle la posa dans la sienne, sans rien faire de plus et attendit, le corps tendu.
-
Il sourit un peu plus et referma sa main doucement sur la sienne. Peu importe qui elle était, ce qu'elle était il comprenait qu'elle était farouche et à prendre avec des pincettes. Mais bien qu'il n'ait jamais été en prison c'était pourtant ce qu'il ressentait pour elle bien qu'elle l'accepte mais le but c'était qu'elle se pose les bonnes questions.
Il rapprocha son visage près du sien pour la regarder. Déjà elle avait accepté d'avoir sa main dans la sienne, c'était pas mal pour le moment. Il prit une voix plus basse, sur la confidence comme s'il allait lui délivrer le plus grand secret.
_ Tu as toujours... le choix.
Aussi lentement qu'il avait refermé sa main sur la sienne, il la libéra avant de se reculer.
-
Fleur avait du mal à quitter du regard la main d'Eoghan se refermant sur la sienne. Là où leurs peaux se touchaient, cela lui faisait comme des picotements qui remontait le long de son bras, désorganisait ses pensées et irradiaient tout son corps.
Et ce n'était pas désagréable.
Elle leva son visage un peu plus quand il approcha le sien pour éviter de partir à reculons en courant.
Quand il lâcha sa main, deux émotions la traversèrent.
Premièrement celle d'un drôle de vie dans sa paume, elle avait l'impression de sentir l'air sur sa peau, là où il avait eu la sienne.
Et puis la déception. Il n'avait rien comprit.
Elle secoua la tête en soufflant:
"Tu ne m'as pas écouté, tu n'as rien compris Eoghan"
Elle détacha elle aussi ses mots, pour qu'ils aient plus d'impact:
"Je - suis - une - femme - fille -de -noble, j'ai plus de confort que la plupart des habitants de Valdemar mais je n'ai aucune liberté pour décider de ma vie, et encore plus de mes amours. C'est comme ça."
Cette dernière phrase résonna comme une fatalité contre laquelle on ne pouvait rien. Ce que pensait intimement Fleur Arkadia.
-
Il haussa les épaules dans une moue désolée puis il se retourna pour récupérer son carnet.
_ Tant pis.
Il lui passa à côté et haussa une épaule près de la sienne.
_ C'est dommage.
Elle avait une tête brûlée, que pouvait-il y faire ? Il était persuadé qu'il lui avait donné quelques questions à se poser. Il détestait encore plus les femmes qui acceptaient ce genre de sort que les hommes qui ne leur en donnaient aucunement le choix. Et d'ailleurs... Il se retourna pour lui envoyer son carnet où elle verrait qu'il était loin d'écrire des trucs sur les filles au final.
_ N'oublie pas de me le rendre.
-
Désarmée, Fleur regarda Eoghan partir.
Il semblait tellement déçu.
Mais c'était de sa faute aussi, il ne voulait pas comprendre ce qu'elle lui disait, il était pétri dans ces certitudes et ne voulait pas en changer.
Elle attrapa son carnet au vol et passa sa mais sur sa couverture en lui disant.
"Oui, dommage. Dommage que tu sois aussi butté et incapable de te mettre à la place ce gens. On appelle ça l'empathie."
Elle redressa sa colonne vertébrale pour se donner une allure distinguée et passa à côté de lui en le bousculant.
-
Oh mais il l'était, empathique, seulement il était pas prêt à démordre de son avis à ce sujet. Il la laissa passer, son carnet dans la main sans quitter son sourire. Il attendit quelques secondes et une fois dans le couloir, il marcha à reculons.
_ Hey, Fleur !
Elle le ferait presque craquer tellement elle l'amusait. Il fallait dire qu'elle démarrait au quart de tour. Il porta sa propre main à ses lèvres et lui envoya un baiser fictif dans les airs. Ca, c'était un Eoghan déjà nettement plus enjôleur. Il pouffa de rire sans quitter sa marche à reculons.
-
Fleur marchait d'un pas vif vers... elle ne savait pas quoi mais elle y allait en tout cas!
Puis elle se retourna brusquement, faisant un demi-tour complet sur ses talons, glissant si bien qu'elle failli en tomber, pour voir pourquoi Eoghan l'appelait.
Elle fit la moue devant ses manières de gamin charmeur et chassa son prétendu baiser d'un geste de la main furieux.
Non mais! Il se prenait vraiment pour quelqu'un celui-là!
Puis sont attention se reporta sur le carnet qu'elle avait entre les mains.
Difficile alors de définir ce qu'elle éprouvait.
En indécrottable curieuse, elle mourrait d'envie de l'ouvrir et de lire ce qu'il y avait écrit dessus.
Mais d'un autre côté, ce carnet, c'était comme une récompense qu'elle n'avait pas mérité. Entendons-nous bien. Du fait qu'il l'avait presque forcé à dévoiler le fond de ses pensées, elle avait bien le droit de connaître les siennes non, même concernant les femmes? Mais quand elle apprenait quelque chose, qu'elle le découvrait, c'est parce qu'elle s'était donné du mal à chercher l'information, ou qu'on lui avait livré de bonne grâce, on ne lui avait jamais lancé à la figure en étant énervé.
Maugréant entre ses dents, elle soupesa le carnet en le retournant plusieurs fois entre ses mains.
D'un oeil, elle regarda où était Eoghan, et comme il n'était pas loin, décida d'aller vers lui.
Faisant résonner ses talons le long des dalles du couloir, elle le rejoint, le carnet à tendu au bout de son bras droit en l'apostrophant:
"Mais que veux-tu que je fasse de ce carnet? Qu'est-ce que tu veux que j'y trouve?"
-
En entendant les talons sur les dalles du sol, il se retourna pour la voir revenir vers lui. Quelle étrange fille qui ne cessait de le repousser que de lui courir après ! Cependant, il devait reconnaître qu'il pensait de prime abord qu'elle le collerait mais au final, il se rendit compte par lui-même qu'elle n'avait eu de cesse de garder une distance raisonnable et n'avait que voulu faire la conversation et partager des opinions afin de mettre à l'aise un nouvel arrivant à Haven. Et lui avait pris ça pour de la séduction car elle était plutôt jolie, bien attifée, bien trop souriante comme si elle se vendait en permanence. Mais dès qu'il avait tenté de l'approcher, elle s'était reculée si vite et si violemment que sans le montrer, il avait pensé que peut-être, au-delà d'une éducation élevée - comparée à la sienne - elle avait peut-être connu des choses dont il ne valait mieux pas parler.
Il s'arrêta quand elle fut à sa hauteur et fronça les sourcils en baissant la tête vers elle, intrigué par sa question.
_ Si tu veux pas lire, je reprends hein !
Et il tendit la main comme pour reprendre son bien sans lui demander la permission d'approcher sa main.
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Fleur souffla, dépitée:
"J'ai pas dit que je voulais pas le lire..."
Elle plaqua le carnet contre sa poitrine dans un geste protecteur pour le mettre hors de portée de la main d'Eoghan.
"Je te demande juste pourquoi tu souhaites que je lise, c'est curieux, après notre conversation houleuse, je..."
Puis elle avoua son ignorance totale.
"Je ne comprend pas..."
En effet, elle n'arrivait pas à le comprendre lui, et encore moins ses réactions.
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Il sourit doucement avant de se tourner plus franchement vers elle.
_ Disons que j'ai menti. Je n'écris rien sur les filles que je croise, j'ai bien mieux à écrire. Il y a des femmes, oui. Mais... Je pense que ça te ferait du bien de les connaître. Ainsi, peut-être que tu comprendrais ce que je veux dire. Fleur, est-ce que tu sais pourquoi on aime pas voir les femmes à la guerre ? Je veux dire par là, est-ce que tu sais pourquoi on préfère les punir et en faire des pions dans les mains d'hommes parfois mal intentionnés ? il en existe des bons et au final, même pour des mariages arrangés, les couples finissent follement amoureux, je ne dis pas que ça n'arrive jamais et que ton cas ne pourra se terminer qu'en mariage malheureux à devoir répondre aux besoins purement primaires d'un homme en qui tu n'as aucune foi, tu pourrais très bien avoir de la chance...
Il soupira et haussa les sourcils.
_ Mais j'ai appris une chose à propos des femmes. C'est qu'elles sont capables d'un tel amour que ça les rend bien trop dangereuses alors on les cache et on les bride, on les brime afin que ce pouvoir qu'elles possèdent toutes au plus profond d'elles et depuis la nuit des temps reste annihilé. En prenant ma main, tu as montré une ouverture de confiance envers moi alors... J'en profite. Si tu ne peux avoir confiance par la peau alors je vais tenter de te toucher d'une autre manière.
Il haussa les épaules.
_ Bien entendu que j'adore les femmes ! Je dis pas qu'un jour je deviendrais pas comme ce genre d'hommes ni même que je le suis pas maintenant. C'est juste que... Quitte à vivre à Haven, ici, dans ce Collegium avec toutes ces chances qui s'offrent à toi ? Je considère ta soumission comme du gâchis. Alors cesse de te dévaloriser, pense à toi et non ton père, tes Frères, peu importe et demande-toi ce que tu veux réellement.
Il désigna le carnet du menton.
_ Peut-être que tu trouveras la réponse là-dedans. Et puis si tu la trouves, viens me voir... Je suis curieux de le savoir.
-
Fleur écouta, presque bouche ouverte, le discours enflammé sur les femmes que lui disait Eoghan.
Ca la laissait coite, et laisser Fleur coite, il fallait le faire!
Mais entendre un homme défendre le caractère passionnée des femmes avec autant de conviction, c'était... inédit!
Elle ne trouva rien à redire, se contentant de tripoter le carnet dans ses mains.
Elle eut un sursaut de surprise quand il lui dit qu'il allait essayer de la toucher d'une autre manière. Elle failli reculer et l'amorce de son pas en arrière, qu'elle retint finalement, ne dut pas lui échapper. Puis elle comprit qu'il parlait de "toucher" psychiquement.
"C'est pas que j'ai pas confiance en ta peau, c'est juste que je n'ai pas l'habitude que l'on me touche. Et puis, honnêtement..."
Elle se mordit la lèvre, hésitante:
"... je ne pense pas que tu deviendra comme ces hommes qui... Enfin. Mais je ne suis pas soumise, je ne me dévalorise pas, je suis juste lucide sur ma condition. Ca servirait à quoi de savoir ce que je veux, souffrir encore plus de ne pas pouvoir réaliser mes désirs?"
Elle regarda la carnet.
"Je vais le lire puisque tu penses que je vais trouver des choses qui pourraient m'aider"
Elle se retourna puis commença à prendre la direction de l'aile réservée au non-affiliés.
-
Elle lui faisait de la peine. Elle l'avait dit elle-même, elle voulait plein de choses sauf qu'elle ne se donnerait jamais les moyens de les réaliser pour la raison exacte qu'elle venait de donner : la peur. Il lui sourit doucement et hocha la tête en la laissant partir. Son carnet retraçait autant d'épopées inventées que de personnages différents qu'ils furent des hommes ou des femmes. D'ailleurs, chacune des femmes importantes de ces récits, même les plus courts, étaient des femmes au fort caractère car c'était ainsi qu'il les aimait : humaines. Et il espérait que c'était la leçon que retiendrait Fleur : qu'elle fasse de sa condition une condition humaine et unique. Il n'avait pas voulu paraître moralisateur même si'l pensa qu'agir de la sorte était une erreur mais il n'avait pu s'en empêcher.
S'il ne possédait pas de Don d'Empathie - ou que celui-ci ne s'était toujours pas déclaré officiellement - il en avait cependant quelques rudiments et la capacité aisée de s'imaginer à la place des gens. Et à la place de FLeur, il aurait détesté qu'on le forçât à vivre une vie telle que celle-ci. Eoghan était né libre et il entendait bien le rester. Il sourit et tourna les talons à son tour pour retourner dans sa chambre.
Il n'avait pas revu Fleur ces derniers soirs car ses cours le fatiguaient tellement, sans parler des aides ménagères qu'une fois toutes ses tâches accomplies, il finissait dans son lit sans même se glisser dans les couvertures. Alors quand enfin un jour clément et paisible sans presque rien à faire de la journée se présenta, il en avait déjà oublié Fleur tellement son esprit était parti ailleurs. Il en avait même retourné sa chambre pour retrouver son carnet, sans succès. Il s'était bien rappelé l'avoir prêté à Fleur mais n'avait pas eu le courage de la retrouver volontairement. De toute façon, il pensa que si elle avait trouvé ce qu'elle cherchait ou du moins qu'il avait pu seulement l'aider à lui faire comprendre qu'il existait un autre monde pour elle que cet enfermement masculin, elle l'aurait déjà trouvé. Ce qu'il espérait le plus, c'était de ne pas avoir causé de dommages dans l'esprit de la jeune fille, après tout, qui était-il pour agir de la sorte ?
Eoghan n'était pas un grand frileux et malgré le froid, il portait un simple manteau de laine sans écharpe, rentrant de Haven avec deux nouveaux carnets vierges. Il avait eu un rêve durant la nuit et il ne tenait pas à le perdre ! Il remontait alors la cour du Collegium non sans savourer les quelques rayons de soleil et l'architecture imposante des murs. Il s'en inspirerait pour son nouveau récit, tiens !
-
***
Fleur était assise dans la salle de détente, le nez plongé dans le carnet d'Eoghan.
Vision assez surprenante que de voir la jeune femme étudiait.
Même si ce n'était pas réellement des études, mais ce qu'elle lisait la passionnait assez.
L'apprenti Mage écrivait très bien, vraiment.
Là, elle en était à la fin. Le dernier texte qu'il n'avait pas finit parce qu'elle l'avait dérangé à ce moment là...
Elle leva la tête des écrits d'Eoghan et pencha la tête en arrière. Si Eoghan n'avait pas pensé à Fleur, Fleur avait beaucoup pensé à Eoghan. A ce qu'il avait dit, à ce qu'il écrivait, aux gestes qu'il avait eu...
Il décrivait de merveilleux destin de femmes fortes, des guerrières acharnées, des déesses punitives mais bonnes, mais c'était de l'imagination.
Évidemment qu'il y avait de grandes femmes. Il y avait eu grandes reines de Valdemar, Aranel était une grande héraut du Roi, mais ce n'était pas pareil. Quand on devenait Héraut, et elle n'avait pas menti en disant que ça ne l'attirait pas du tout, on n'appartenait plus à sa famille, comme quand on déclarait des dons de Mage, de Guérisseurs ou de Barde.
Elle, elle appartiendrai toujours à sa famille, elle était une Arkadia.
Elle avait réfléchit, à sa condition, et à ses choix, elle y avait beaucoup pensé, retourné énormément de choses dans sa tête, mais c'était des efforts inutiles pour elle, puisque son futur, elle en était persuadé, ne serait pas changé pour autant.
Elle préférait à ce compte redevenir la fille naïve et superficielle qu'elle était habituellement.
-
Non content de rentrer enfin, il couru presque dans les couloirs jusqu'à la salle de détente, serrant ses emplettes contre son torse. Il ouvrit d'un coup la pièce, bien heureux de pouvoir enfin s'y trouver et de pouvoir écrire tout ce qu'il avait en tête depuis son réveil de ce rêve étrange et curieux dont il ressentait un besoin irrépressible de décrire et de mettre en mots. Mais alors qu'il vit que la pièce n'était pas vide, ses doigts s'accrochèrent sur la poignée de la porte et il manqua de s'étaler de tout son long sous la force de sa course précédée de son freinage sec. Il se contenta de se laisser porter par la force d'inertie de la porte qui alla claquer contre le mur contre lequel il rebondit.
Une fois à nouveau dans le silence, les joues rouges d'avoir couru - c'était une manie chez lui, sa peau rougissait et marquait à une vitesse hallucinante - il se racla la gorge, haussa les sourcils et se repositionna droit comme si son entrée avait été des plus naturelles. Ses carnets dans son dos, il ramena son autre bras sur son ventre et se pencha en avant pour une révérence face à Fleur.
_ Ma Dame.
-
Difficile d'ignorer l'arrivée fracassante du jeune mage!
Fleur sursauta sur sa chaise, et sourit quand elle le vit faire une révérence guindée.
"Bonsoir Eoghan..."
Elle poussa le carnet au devant de la table.
"Tu arrives à point nommé, je viens juste de finir ton carnet, bien que la dernière histoire ne le soit pas."
Elle se pencha pour essayer de regarder derrière lui, manquant de s'emmêler dans le bas de sa robe rouge.
Elle avait beau avoir fait une belle introspection d'elle même, elle ne pouvait pas lutter contre certaines pulsions.
"Tu caches quoi dans ton dos?"
-
Il se redressa et leva la main dans un soupir en voyant son carnet.
_ Je l'ai cherché tellement partout ! Je me souvenais plus de te l'avoir prêté.
A sa question, il s'étonna. Et alors, ce n'était pas comme ça qu'on faisait une révérence ? Une main dans le dos, une sur le ventre ? Il lui montra ses emplettes en levant le bras.
_ De quoi, ça ?
Il regarda ses carnets et les jeta sur la table avec sa mini trousse de crayons taillés, certains plus petits que d'autres ou plus gros puis il se laissa tomber sur une chaise dans un soupir abyssal.
_ J'en avais plus, j'ai dû en racheter. Alors ?
Il désigna son propre carnet fini d'un signe du menton.
_ Oui, j'ai la fâcheuse habitude de ne pas finir certaines histoires.
-
Sans trop comprendre pourquuoi, Fleur fut déçue d'entendre qu'il avait oublié.
Elle n'avait rien oublié de leur conversation, elle.
Elle ne sut pas si cela se vit dans ses yeux mais sourit quand elle vit ses carnets vierges.
"Tu dois beaucoup écrire si tu as besoin de tant de fournitures."
Elle se cala plus en arrière sur sa chaise en recoiffant ses cheveux lâchés. Le nez légèrement plissé, elle réfléchi à la réponse qu'elle allait lui donner.
"J'ai beaucoup aimé ce que tu écris, c'est très enrichissant..."
Elle laissa passer quelques secondes pour qu'il soit content que son travail soit apprécié puis rajouta du bout des lèvres.
"... mais malheureusement pour moi ça ne change rien à ce que je t'ai dit l'autre soir."
Elle se tendit un peu dans l'expectative qu'il lui fasse encore la leçon.
-
Il se contenta de récupérer son carnet en haussant les épaules avec un sourire.
_ C'est que tu ne dois rien changer, alors. Mon idée n'était pas de te faire changer d'avis, mais juste que tu comprennes pourquoi je voyais autre chose. Je continuerai à percevoir du gâchis mais... J'imagine... Enfin je pense du moins j'espère que tout ira bien pour toi et que tu tomberas sur un homme bien. Ils ne doivent pas être si rares, tout de même.
Il lui sourit à nouveau avant de se pencher sur son carnet neuf pour y inscrire son nom et y noter rapidement toutes les idées qu'il eues depuis le matin. Finalement, il releva la tête vers elle.
_ Merci au fait.
C'était comme si le compliment était arrivé avec retardement, comme s'il ne l'attendait pas ou tout simplement qu'il n'avait pas de réelle importance à ses yeux. De toute façon il écrivait pour lui-même.
-
Fleur secoua la tête et soupira, puis elle croisa ses jambes sous ses jupes, et posa ses mains sur ses genoux en soulevant légèrement le menton.
"Mais je vais t'expliquer pourquoi. Parce que j'y ai réfléchi, et je ne veux pas que tu penses que tu as fat tous ses efforts pour rien."
Elle leva les yeux au plafond, songeuse.
"Il existe des femmes fortes, il suffit de regarder ici, Aranel, la plupart des Hérauts femmes d'ailleurs, les Reines qui se sont succédé, même la Princesse Mélarianne. Tu as l'air de beaucoup admirer ce genre de femme qui prenne leur destin en main. Mais Eoghan... dans biens des maisons, des manoirs reculés, il y a des femmes aussi fortes, qui tiennent leur maison avec économie et sagacité, qui savent mener leurs époux à la baguette sans qu'ils s'en rendent compte, qui gèrent leur famille avec maestra. Je veux dire par là qu'il n'y a pas besoin de s'afficher ai grand jour pour être une femme de caractère"
Fleur reprit sa respiration. Elle espérait vraiment qu'il la comprendrait.
"Quant à moi, je ne suis pas qu'une fille qui obéit aveuglément sans réfléchir. J'ai conscience de bien autre chose. Ma famille à un nom, les Arkadia ne sont pas rien à Valdemar. Ils ont une position à garder. Imagine seulement si je refusais d'épouser un homme à qui l'on me destine, voire que je m'enfuis avec un autre, je trainerai mon nom dans la boue! J'ai été bien élevé, dans le confort et la prospérité, j'ai été éduquée, envoyé ici car je le souhaitais, mon Père, depuis la mort de ma Mère, ne nous a jamais vraiment puni, ni grondé, ni rien. Ce serait bien mal remercier ces années là que je faire tomber la honte sur notre maison, non?"
Elle déplia ses jambes, la gorge un peu sèche d'avoir dit tout ça, attendant de voir ce qu'il en pensait.
C'est là qu'elle se rendit compte qu'elle attachait beaucoup d'importance à ce qu'il pouvait penser d'elle, alors qu'elle n'avait jamais été dépendante de l'opinion des autres.
-
Il continuait d'écrire ses idées à une rapidité fulgurante toute en l'écoutant, acquiesçant de temps en temps. Puis finalement, il ferma son carnet dans un soupir, croisa les mains dessus et l'observa dans une moue intriguée. Il inspira avant de reprendre.
_ Je comprends. Ce que je comprends moins, c'est pourquoi tu te justifies à ce point ? Tu prends une intonation comme si tu posais des questions et que j'en avais la réponse alors que je ne te connais pas. Il était bien maladroit de ma part d'avoir cherché à te dire tout ça et je n'aurais pas dû. Cependant, si ton père est comme tu le dis, alors j'imagine qu'il te mariera à un homme qui en vaut la peine.
Il lui sourit avant de rouvrir son carnet pour continuer sa liste d'idées qui prenait maintenant près de deux pages. C'était maniaque, chez lui, il fallait qu'il note tout avant d'oublier.
_ En tout cas, c'est ce que j'espère sincèrement pour toi.
-
Fleur secoua sa chevelure, une expression agacée sur le visage.
"Je ne sais pas pourquoi j'ai ce besoin de te donner des explications! Je crois que c'est toi... c'est ton caractère qui fait ça, rah c'est... rageant!"
Elle croisa les bras, la moue boudeuse, le nez en l'air mais ajouta:
"Mon Père est un homme bien..."
Il y avait beaucoup d'amour dans ses mots, énormément d'affection.
En l'absence de sa jumelle, elle n'avait plus de famille ici, alors oui, elle aimait beaucoup discuter avec ses amis mais ça ne valait pas une certaine ambiance familiale.
Elle jeta un coup d'oeil en coin à Eoghan. Il écrivait, il ne fallait pas le déranger... mais elle avait une question qui lui brûlait la langue:
"Et tu as une grande famille toi? Ils sont comment?"
Elle ponctua sa question d'un sourire enjôleur et posa sa joue droite sur sa paume, attentive.
-
Sans relever le visage, il sourit puis finit d'écrire en se relisant puis il ferma le carnet avec la lanière de cuir avant de se lever.
_ Si j'ai une grande famille...
Il alla se chercher un verre de vin et en prit un pour Fleur qu'il déposa devant elle avant de se rasseoir.
_ J'ai un grand frère et deux petites soeurs dont une bien plus jeune que la première. Je m'entends à peu près bien avec mon frère, je suis assez souvent en conflit avec ma soeur mais c'est plus sportif qu'autre chose. Et j'adore ma petite soeur. Sinon j'ai mes parents. J'ai aussi un grand père et une tante. Je crois que c'est tout et c'est déjà pas mal.
Il lui sourit à nouveau en repensant au ton qu'elle avait employé pour son père.
_ Tu as l'air proche de ton père.
-
Fleur accepta le verre de vin avec un sourire poli et trempa légèrement ses lèvres dedans.
Le vin, c'était très bon, le seul problème était qu'elle ne tenait pas du tout l'alcool.
"Ha vous êtes quatre enfants dans votre famille vous aussi, moi j'ai ma soeur, et deux grands frères. Ma Mère est morte, mais il me reste beaucoup de famille de son côté et celui de mon Père, j'ai donc un nombre incroyable de cousins mais je ne les connait pas tous..."
Elle posa son verre sur la table, passant sa langue sur ses lèvres pour y récupérer les quelques goutes de vin sucré qui s'y étaient accroché.
"Ce n'est pas que nous sommes proches. Il est beaucoup plus proche de mes frères, normal, ce sont ses héritiers. Avec Caroline, nous avons été élevé par une gouvernante et il n'a pas fixé trop de règle quant à notre éducation. Mais ce n'est pas un Tyran comme le Baron DeFeriel, je le vois rarement, mais il est toujours agréable avec moi, alors je pense que j'ai plutôt de la chance"
Elle but une nouvelle gorgée et ses joues commencèrent à se colorer sous l'effet de l'alcool.
-
_ Tu en as, oui. Cependant, je ne pense pas être d'une grande sagesse car je n'ai que très peu connu des filles comme toi mais j'en ai pas mal entendu parler et à ce que tu me dis, tu as de la chance, oui. Maintenant, explique-moi, tu me rends curieux.
Il croisa les bras sur la table et se pencha vers elle dans un sourire.
_ En quoi est-ce que le contact physique, quel qu'il soit, te fait à ce point reculer ? Si je te demande de me donner ta main...
Il ouvrit cette dernière, paume vers le haut et la tendit vers elle, posée sur la table.
_ Admettons que je te dise que je peux lire les lignes de ta main, est-ce que tu reculerais vivement ou est-ce que, la curiosité te poussant, tu me laisserais faire ?
-
Fleur éclata d'un rire léger:
"Des filles comme moi? Que sont-ce donc les filles comme moi?"
Elle but une nouvelle gorgée de vin et claqua sa langue de plaisir. Elle posa son verre, puis mit de nouveau son visage entre ses mains avec une expression ouverte signifiant qu'elle écoutait sa question.
Elle fut étonné de ce qu'il lui demanda mais choisit de répondre avec sincérité en essayant de mettre des mots que ce qu'elle ressentait.
"Ce n'est pas le contact physique qui me fait reculer. Seulement, tu dois comprendre que je n'ai pas l'habitude de manières aussi affectueuses venant de la part d'un homme, mes frères n'ont jamais été comme cela, encore moins mon Père, et comme je te l'ai dit, les Bleus qui ont des idées derrière la tête sont beaucoup plus grossier. On m'a éduqué pour que je prenne soin de ma... -elle rougit - vertu on va dire, et un homme que je ne connais pas bien qui me touche comme ça, forcément, cela fait naître de drôles d'idées, fausses dans ton cas, sur ses intentions."
Elle se remit droite sur sa chaise et but une autre lampée d'alcool.
Rajouterait-elle ce qu'elle voulait lui dire pour qu'il comprenne mieux? La légère joie dans laquelle la mettait le vin la poussa à le dire:
"Aucun homme ne m'a jamais touchée... Je ne sais pas ce que tu penses des femmes ici en général, mais moi, je suis... pure..."
Sa voix avait baissé petit à petit durant sa phrase pour ne finir qu'en murmure.
"Si c'était pour me lire les lignes de la main c'est différent, parce que tu me toucherais pour une bonne raison."
Elle lui fit soudain un grand sourire et demanda sottement:
"Être Mage te permet de lire les lignes de la main?"
Elle se dandina un peu sur sa chaise en attendant la réponse.
-
Il pouffa de rire en l'écoutant, c'était comme si être "pure" était quelque chose de mal.
_ Qu'est-ce que ça change que tu sois... euh... Pure ? Je parle face à moi. Quand je dis "filles comme toi", j'entends filles de nobles, vouées à un mariage politique ou d'arrangement... Politique oui. Maintenant, j'ai une question... C'est pour ma culture personnelle et ma connaissance du monde, ne le prends pas personnellement.
Il fronça les sourcils en penchant la tête.
_ Admettons qu'ici, un garçon te plaise et que tu lui plaises en retour et admettons qu'à force de passer un temps, somme toute chaste, ensemble, vous finissez par vous rapprocher. Admettons même que tu en tombes amoureuse et qu'il te confesse la réciprocité de vos sentiments. Education ou pas, tu le laisserais t'embrasser ? Ou juste te prendre la main ? Et si, sans connaître cet amour qui vous lie, ton père te disait...
Il prit une voix plus grosse en se redressant.
_ "Je t'ai trouvé un mari, mon enfant !" Tu ferais quoi ?
-
Fleur secoua la tête avec impatience:
"Quand je dis que je suis pure, ça veut surtout dire que je me laisse pas tripoter par le premier venu comme certaines. Je fais en sorte de me préserver, je suis peut-être trop méfiante mais je suis comme ça..."
La jeune femme souffla puis fit un sourire en attendant sa question. Elle but une nouvelle gorgée de vin qui lui permet de rassembler ses idées avant de répondre:
"Je ne sais pas. En toute honnêteté, je n'en sais rien. Ce genre de chose n'arrive jamais, pourquoi ça m'arriverait, à moi?"
Elle éclata de rire quand il imita son Père. Il ne le connaissait pas, pourtant c'était assez proche de la réalité.
Elle mordit sa lèvre inférieure en réfléchissant:
"Tu connais la force du sentiment amoureux toi? Moi je ne la connais pas, alors je ne sais pas... Est-ce que l'amour serait assez fort pour braver sa famille?"
-
Il fronça les sourcils.
_ Je n'en sais rien. A dire vrai, je n'ai jamais été amoureux de ma vie. Peut-être même que ça ne m'arrivera jamais mais j'en ai souvent entendu parler, ma soeur qui est d'environ une ou deux années ma cadette l''est, elle. Et elle me racontait que c'était très fort comme sentiment, très puissant, que ça cachait tout le reste, que ça donnait de la force autant que ça en faisait perdre. Je suis curieux, j'aimerais vraiment savoir ce que ça fait...
Il garda le silence une bonne longue minute avant de reprendre.
_ D'avoir quelqu'un de si proche et de si intime que plus rien autour n'a d'importance que ça parce que rien n'est plus fort, tu vois ce que je veux dire ? Certains racontent que ça s'est produit en un seul regard et que ce qui s'est passé dans leur ventre, c'était comme la découverte subite d'un Don à vif.
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Fleur tapa du plat de sa main gauche sur la table:
"Mais non, il ne faut pas dire que tu ne connaîtra jamais l'amour! Je ne sais peut-être pas à quel point ça peut être puissant, mais d'après ta description et ce que j'ai pu voir ici, assez rarement mais bref, c'est très beau l'amour, et toi, tu as la chance de pouvoir le rencontrer parce que tu as le choix! Il ne faut pas partir pessimiste!"
Elle vida le fond de son verre de vin et rajouta:
"Ca doit être étrange quand même... Mener une vie tout à fait banale et puis d'un coup, elle ne tourne plus qu'autour du bonheur d'une seule personne! Ca doit être comme l'amour sororal mais en plus fort je suppose..."
Elle soupira, les yeux dans le vague:
"Ca doit être chouette d'être amoureux au fond... Ca donne envie..."
[Comment j'ai réussi à sortir le mot "sororal" dans le rp! Même le correcteur automatique de Safari il sait pas que ça existe et pourtant Wiki me l'a confirmé! Et oui je le tire de Pride&Prejudice de 1995 et la phrase: "Consolons nous dans le baume de l'amour sororal" de Marie Bennet]
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_ Oui mais au final, si ça tourne autour du bonheur de l'autre... L'autre tourne autour de notre propre bonheur ! Donc au final, les deux parties sont satisfaites ! Non ? Et puis, tu veux que je te dise un secret ?
Il se pencha un peu plus sur la table, presque couché dessus pour lui parler sur le ton de la confidence, regardant à droite et à gauche.
_ Si un jour, ma mère décide que je doive épouser telle femme parce qu'elle est de tel sang ou qu'elle possède telle terre, et bien que ce soit mon frère l'aîné, je reste le Mage et donc le plus honorable de la famille... Et bien je n'aurais pas mon mot à dire. Ma mère sait se montrer très stricte et convaincante quand elle le veut. Mais tu veux savoir autre chose ?
Un sourire espiègle et des sourcils hauts plus tard...
_ Si jamais je rencontre cet amour et que je m'y accroche, compte pas sur moi pour l'abandonner même si je sais que ma mère ne veut que mon bien. C'est quelque chose de bien trop vrai et de bien trop rare pour que je le laisse tomber simplement pour épouser une femme que je ne connais même pas pour des raisons politiques. Qu'en dis-tu ?
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Fleur se dandina sur sa chaise de plaisir à l'idée qu'Eoghan lui confie un secret.
Elle frotta ses mains entre elles et ouvrit grand les oreilles en se penchant vers lui juste à quelques centimètres de son visage:
"Dis-moi..." demanda-t-elle d'une voix roucoulante.
Elle écouta et écarquilla les yeux quand il lui avoua qu'il écouterai sa mère. Elle fit mine de s'étouffer d'indignation:
"Alors moi je devrais prendre la liberté de choisir et ne pas me conforter aux choix de mon Père mais toi tu écouteras ta Mère? Est-elle si terrifiante que ça?"
Elle pencha la tête sur la gauche.
"Donc tu épouseras celle que ta Mère veut si tu n'es pas amoureux. Ca se tient... Mais moi j'en dis que j'en sais pas plus que tout à l'heure. Je suppose que je choisirai celui que j'aime, puisque l'amour à l'air d'être tellement puissant, plus que le devoir apparemment..."
Elle fit une grimace. Il arrivait à lui faire dire de ses choses, c'était d'un irritant!
Mais en plus, ce soir, elle avait l'esprit embrumé par l'alcool. Elle resta presqu'allongée sur la table.
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_ J'ai pas dit que je l'écouterais forcément ! Mais elle trouverait sûrement les bons arguments pour me convaincre ce qui se vouerait à ma perte ! Je refuse de prendre une femme si elle doit être laide et débile. Quitte à pas choisir, autant qu'elle soit jolie et intéressante ! Je suis même pas difficile comme garçon mais j'ai une mère un peu réactionnaire. En fait, chez nous c'est un peu l'inverse de chez toi, ce sont un peu les femmes qui conduisent les familles, mon père n'ose pas trop dire grand chose, je me retrouve parfois à devoir dire non à sa place. Pourtant, sache qu'il a une sacrée poigne de fer !
Il réfléchit en se tripotant les doigts, une légère grimace sur les lèvres.
_ Je sais pas en fait, ce que je ferais. Je pense que si je tombais sur quelqu'un de vraiment exceptionnel... Je trouverais un moyen de contourner ma mère.
Soudain, il tourna les yeux vers elle.
_ Tu savais, toi, que deux hommes pouvaient s'unir ?
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"Je te comprends. Ca doit pas être drôle de devoir épouser une fille laide et bête..."
Elle passa une main dans ses cheveux, en se disant qu'elle avait la chance d'être jolie et pas trop débile (un peu niaise sur certains points oui, mais elle était loin d'être une abrutie!)
"Et bien alors ta Mère est une femme forte, et elle a raison! Bien sûr que ton Père n'est pas un faible, mais comme beaucoup d'homme je crois qu'il aime laisser les coudées franches à sa femme pour tout ce qui ne le concerne pas directement, pour justement se concentré sur l'essentiel, enfin, l'essentiel aux yeux d'un homme..."
Elle lança un regard à son verre tristement vide puis fit un sourire colgate à Eoghan comme pour lui demander de le lui remplir, en fait pas "comme", non, elle voulait qu'il la resserve.
"Je suppose que tu trouveras oui, visiblement, si on s'en tient aux histoires que l'on entend, et que l'on lit, les amoureux trouvent toujours un moyen... ou bien meurent, mais ça, c'est trop triste...(*)"
Elle fit un bond sur sa chaise quand il lui parla d'union entre homme.
"Oui, je sais, c'est Manuchan qui m'a apprit ça il y a peu de temps, je ne savais paaas... Tu te rends compte? Deux hommes ensemble, c'est étrange quand même... Enfin, Manuchan m'a tenu un discours sur une histoire de choix qu'on n'avait pas quant au genre de personne que l'on aime mais bon..."
Elle posa son menton en biais sur le bord de sa paume, doigts retournés vers sa joues droite où elle les faisait tapoter en pensant tout haut:
"Mais je ne comprends pas comment ça peut marcher... Physiquement..."
[ (*)= Ca, c'est pour l'horrible mort de Gareth et Morganne sale tueuse d'histoire d'amour!!! Je VEUX la fin heureuse!]
-
Le plus curieux dans tout cela, vous voulez savoir ce que c'est ? C'est Eoghan lisant le regard de sa compagne et se levant avec la coupe pour aller lui remplir sans rien dire ! Il revint s'asseoir face à elle et prit la même position qu'elle, son menton dans sa main, en pleine réflexion, les sourcils froncés.
_ Il m'a dit que je lui plaisais. Ca m'a fait vraiment bizarre parce que je savais pas ça possible. J'arrive même pas à me souvenir de comment il appelle ça. Quant à...
Il opina du chef dans une moue entendue, les sourcils hauts puis il se racla la gorge.
_ Quant au physique et bien, il m'a simplement dit qu'il faisait avec euh... Ce qu'ils avaient à disposition. Il m'a dit ça comme ça. Je n'en sais pas vraiment plus. Il a pas l'air si différent !
Il se gratta le nez sans élégance en le plissant, curieux.
_ J'te parie qu'il rote et qu'il pète comme tout le monde. Pis il pleure comme tout le monde, aussi. Et il est tout aussi orgueilleux que moi, également. Il est étrange dans un sens, en fait quand tu y regardes bien.
Il se redressa en reprenant sa coupe qu'il avait à nouveau remplie également entre ses doigts.
_ Mais ça me va ! Tant qu'il m'apprend la magie comme il se doit.
-
Fleur fit un sourire de remerciement poli et prit le verre dans lequel elle trempa ses lèvres mais faillit s'étouffer quand il lui dit que Manuchan craquait pour lui.
Il y avait d'abord l'étonnement que le Mage se déclare de cette façon, la logique car Eoghan était un bel homme donc il était normal que Manuchan l'admire - après tout, ils étaient d'accord sur le physique plus qu'avantageux du Héraut Estevan - et puis quelque chose de plus diffus, et beaucoup mois louable, de la jalousie...
Elle secoua la tête pour chasser de type de pensée et dit:
"Si ma mémoire est bonne, on appelle un homme qui aime les hommes un Shay'a'chern, mais ils disent Shay pour faire plus court, je crois... Mais tu aimes les femmes toi non?"
Elle lui lança un regard appuyé tout en buvant une gorgée de vin.
Puis elle essaya de regrouper et mettre en relation les informations qu'elle avait sur l'anatomie des hommes, et sur la façon dont les hommes et les femmes faisait l'amour. Elle n'en avait pas beaucoup mais celui lui suffit pour qu'une petite ampoule s'allume dans sa tête et qu'elle commence à comprendre.
Fleur ouvrit grands les yeux, la bouche entrouverte.
"Ho par les Dieux, je crois que j'ai compris... Oh, mais, je... ohhh..."
Oui, c'était choquant pour une chaste jeune fille de se représenter ça.
Et elle éclata de rire devant la réflexion sur les rots, à moitié choquée, à moitié amusé:
"Je suppose oui... Et c'est un bon professeur?"
Et hop, une nouvelle rasade de vin pour faire passer sa découverte.
-
Il haussa une épaule.
_ C'est un professeur. Bon je sais pas, je n'ai pas assez travaillé avec lui encore. Mais jusque là ça me va très bien.
S'il aimait les femmes, en voilà une question ! Bien sûr ! Mais depuis Manuchan, il était en prise à un affreux et terrible doute dans sa tête. Il regarda Fleur sans rien dire, le visage impassible. D'accord, il était franc mais pas de là à confier ce genre de doute à une fille aussi... prude ! Si l'ampoule s'était allumée chez elle, en plus, ce n'était pas son cas à lui. Il inspira profondément pour soupirer.
_ Bien sûr que je préfère les femmes.
Jusque là, il ne mentait même pas.
_ J'aime les jolies courbes et les cheveux qui sentent bon. Les lèvres généreuses et les yeux rieurs.
Il la détailla de haut en bas et porta sa coupe à ses lèvres pour en prendre une gorgée, presque inquisiteur.
_ Mais je préfère les toilettes plus négligées, ça donne plus d'humanité.
Et il lui offrit un grand sourire.
-
Fleur ne réagit pas à la remarque sur l'enseignement que Manuchan pouvait donner. Elle n'aimait pas les cours, ça l'assommait. Pas qu'elle n'aimait pas apprendre, mais bon, les Professeurs étaient pour la plupart chiants à mourir.
En revanche elle but ses paroles quand il lui décrivit en gros sa femme idéale en même temps que son vin.
Mais elle fronça les sourcils sur sa remarque sur les toilettes des femmes.
"Je manque d'humanité parce que je prends soin de moi alors?"
Evidemment, elle ne réagissait pas sur les jolies courbes etc... parce qu'elle savait qu'elle possédait tout ça, sans fausse modestie!
"Je vois pas en quoi on peux paraître plus humain dans une vielle robe moche, non, vraiment... "
Elle se leva et aplati le jupon de sa robe rouge, et se redressa, menton haut, poitrine en avant, les mains sur les hanches.
"Je semble inaccessible? J'ai l'air sur-humaine?"
Piquée au vif la Fleur!
-
_ Oui.
Il avait répondu sans même réfléchir, pour lui c'était une évidence. Il la regarda se lever, un sourcil haut sceptique. Si Fleur voulait le séduire, elle avait du travail.
_ Ca passe au-delà de la toilette. Mais vous, les femmes de bonne famille, vous êtes si propres, si belles et si toilettées que vous ne sentez plus rien. Le savon oui... Mais c'est bien une bonne odeur corporelle, aussi.
Ne pas oublier d'où venait Eoghan et il lui offrit un sourire espiègle.
_ Je préfère l'odeur du foin, je préfère les choses qui ont du vécu. Une robe, un châle...
Il haussa une épaule.
_ Traite moi d'idiot, d'incapable ou de sans-goût, ce que tu veux mais c'est comme ça. Je préfère un peu de saleté que trop de propreté, voilà tout.
-
Atterrée, Fleur était atterrée par ce genre de réflexion! Et elle ne manqua pas de le dire:
"Je n'en reviens pas. C'est bien la première fois qu'on le reproche d'être propre! C'est fou..."
Elle leva ses bras un peu potelé vers le plafond, ses yeux roulant d'exaspération dans leurs orbites.
"Tu sais, au Collegium, ils exigent une hygiène irréprochable. C'est comme ça. Oui j'ai une odeur de savon, heureusement!"
Elle se laissa tomber sans aucune élégance sur la chaise, sonnée de devoir défendre la propreté la plus élémentaire.
"Enfin, ça me vexerai qu'on puisse sentir mon odeur corporelle comme tu dis, ce genre d'odeur, c'est privée, c'est pas un truc qu'on met sous ne le nez du premier venu! Non mais vraiment..."
Elle but une nouvelle fois du vin qui lui laissa une légère moustache rosé sur la lèvre supérieure.
"Si tu veux une fille qui pue, va près du Lac Evendim, j'ai entendu dire que celles qui venaient de là-bas étaient des indécrottable crasseuse..."
Elle se leva de nouveau et commença à parcourir la pièce en faisant résonner le bruit du talon de ses chaussures sur le sol.
"Il y a des impératifs dans la vie, être propre, ç'en est un!"
Elle pivota vers lui:
"Tu es propre toi pourtant!"
-
Il le regarda se trémousser et vivre autour de lui sans rien dire, un sourcil haut, hautement dubitatif.
_ Merci pour le renseignement, quand j'aurais la permission de quitter ce Collegium quelques jours, j'irai voir.
Il leva une main en portant sa coupe à ses lèvres de l'autre.
_ De toute façon, tout te vexe toi. Un grattouilli sous le menton, un bout d'index sur le genou, des mains sur des épaules, une main dans la main... Maintenant ton odeur qu'on peut pas renifler même à distance, pardonne-moi mais dans le genre, t'es pas intéressante à séduire.
Quand elle lui proclama qu'il était propre, il haussa les sourcils et leva un bras, portant son nez vers son aisselle... Et il haussa une épaule.
_ Bof. Peu mieux faire, j'ai eu mon entraînement avec Manuchan et j'ai passé la journée au marché hier. De plus, je cauchemarde pas mal en ce moment, je me réveille en sueur...
-
Fleur ouvrit la bouche plusieurs fois sans arriver à en sortir un son, à part quelques balbutiement:
"Je...mais... tu..."
Très enrichissant comme conversation certes, mais quand il lui avait dit qu'elle était pas intéressante à séduire, il y avait un grand vide dans sa tête, comme un gouffre.
Elle marcha lentement vers le mur le plus proche et posa sa main contre, la tête tourné vers les pierres. Elle ne réagit même pas quand elle fit le malin à se sentir sous les bras.
Mais quand elle y réfléchissait, après tout ça lui servirait à quoi d'être "intéressante à séduire"? Qui elle devrait séduire ici? Lui? Eoghan? Un homme qu'elle connaissait si peu?
Elle marmonna:
"Je crois que je vais rentrer..."
-
_ Non, en fait, c'est pas le fait que tu sois belle et propre qui me dérange le plus chez toi, je crois.
Il porta son index sur ses lèvres en réfléchissant puis il la regarda en réfléchissant d'autant plus. Elle était un petit peu ronde comme il aimait, elle avait de beaux cheveux blonds comme il aimait - bien qu'il préférât les brunes -, de grands yeux expressifs, une plutôt jolie voix même si mal exploitée, une espièglerie qu'il appréciait à sa juste valeur MAIS...
_ T'es pas très combattive, en fait.
Il fit la moue en secouant la tête.
_ Peu importe ce que je te dis, tu ne réagis pas : tu fuis. Tu te caches, tu t'offusques. En fait... Tu manques d'un peu de caractère... Sinon je me serais fait un plaisir de te séduire !
Il acquiesça, comme si ça devait la réconforter.
-
Fleur fit la grimace, toujours face à son mur, quand elle entendit la critique. Ca la touchait violemment, quelque part vers le coeur, ça ressemblait à un coup physique mais sans aucune marque.
Elle fit glisser ses ongles le long dans l'interstice entre deux pierres puis se retourna vivement pour se poster tout près de lui, un peu en colère:
"Alors apprend moi! Apprend moi à avoir du caractère!"
Elle posa ses mains sur la table, lui donnant sans le vouloir une vue plongeante sur son décolleté.
-
Il loucha sur le décolleté - on ne se refait pas - et eut un léger hochement de tête d'approbation puis il releva les yeux sur elle. Il reporta la coupe à ses lèvres.
_ Déjà, c'est mieux.
Il finit sa coupe en se levant de sa chaise et la reposa sur la table en venant vers elle.
_ Tu manques de coffre. Il n'y a rien de plus irrésistible qu'une femme qui s'énerve, tu apprendras. Du moins de ce que je sais. Mon frère est du même avis que moi pourtant on est pas souvent d'accord. Tu as tout ce qu'il faut, presque mais il te manque ce côté... Qui rappelle que tu es une humaine avant tout avec des défauts.
Il se racla la gorge et fit danser ses épaules comme s'il se préparait à une bagarre puis il lui fit signe de se préparer également en agitant ses mains vers lui.
_ Gifle-moi.
Il haussa les sourcils et acquiesça pour l'inciter à ne pas avoir peur de le faire.
-
Fleur suivit son regard des yeux en l'écoutant.
Si elle pouvait apprendre quelque chose qui la rendait plus... apte à être séduite dirons-nous, elle prenait!
Mais elle ne s'attendait pas du tout à devoir lui mettre une baffe.
Elle qui était incapable de violence, se rendait-il compte de ce qu'il lui demandait?!
Fleur recula de quelques pas, craintive:
"Te gifler, tu te rends compte de ce que tu me demandes? User de violence avec toi alors que tu ne m'a rien fait? Comment je pourrais faire ça Eoghan?!"
Elle jeta un coup d'oeil à ses mains, comme si pour la première fois elle voyait des armes à la place.
-
Il la désigna d'une main vague.
_ Je viens de t'insulter à en croire ton regard et ton accès. Et puis j'ai osé te toucher le menton ! D'accord... Tu veux être séduite ? Comme toutes les femmes nobles de ton rang, j'imagine ! Et bien quand un homme vient et fait quelque chose que tu n'aimes pas clairement pour te séduire, tu lui réponds... Par une gifle. Et il reviendra comme un brave toutou qu'il est.
Il lui fit un nouveau grand sourire.
_ Alors gifle-moi ! Si tu n'es pas capable de me gifler, de quoi seras-tu capable, alors ? Ta phobie du toucher en vient jusque là, vraiment ?
-
Fleur gémit en tapant des pieds, comme une enfant:
"Mais c'est pas çaaa... C'est pas que je veux pas te toucher, c'est juste que j'ai jamais giflé personne moi, je déteste la violence, alors, la violence gratuite..."
Elle fit la moue, expira bruyamment puis finalement carra les épaules.
Et la gifle partie, retentissante, parce qu'elle ne savait évidemment pas modérer la force de ses gestes.
Elle avait fermé les yeux quand elle l'avait frappé, et, les mains sur le visage, elle écarta ses doigts prudemment pour vérifier si elle ne lui avait pas fait mal.
-
Il ne pu s'empêcher de crisper les yeux en voyant sa main arriver. Pourquoi il lui avait dit de faire ça, déjà ? Il fallait être débile pour demander une gifle à une fille qui sait pas en donner. Il secoua la tête et cligna des yeux avant d'acquiescer. Au moins, sa tête était revenue droite !
_ Et bien voilà... Maintenant, tu sais gifler. Il ne manque plus que tu te mettes en colère juste avant. Tu vois, tu commences à crier et tout et pour conclure ton offense, tu gifles l'homme qui est en face de toi et je t'assure qu'il ira où tu iras.
Il se frotta vite la joue, il fallait croire qu'il aimait se faire mal tout seul depuis qu'il était arrivé à Haven.
-
"Olala, je suis désolé, j'ai du te faire mal, pardon..."
Elle finit par découvrir son visage pour mieux le regarder. Oh, la jolie trace rouge de sa main!
"Mais pourquoi je me fâcherai face à un homme dont je désire qu'il me séduise? Pour rien? C'est bizarre... "
Fleur s'approcha d'Eoghan doucement et tendit sa main tout aussi délicatement pour poser ses doigts sur sa joue.
"Je m'excuse, j'espère que ce n'est pas trop sensible?"
Ha, en voilà une drôle de fille qui faisait des bonds quand on la touchait mais qui caresser un presque inconnu qu'elle avait giflé parce qu'il lui avait demandé.
-
Aaaahh qu'on s'occupe de lui, en voilà une bonne chose qu'il aimait ça. Il recula légèrement la tête quand elle approcha sa main de lui, pas certain, pour le coup, la baffe n'avait pas été une bonne idée. Il sourit et lui prit la main pour lui rendre.
_ Je ne suis qu'un égoïste, je te décris de manière générale ce que moi seul aime à trouver chez une femme. Un peu de caractère, une voix forte et des débats ne nécessitant pas forcément de violence. Mon frère n'était pas d'accord avec moi, il préfère les femmes dociles, douces et souriantes. Je les préfère amusantes, naturelles et avec de la personnalité.
Ah la peau sensible d'Eoghan et déjà, il avait une belle marque rouge sur la joue pourtant il ne sentait déjà plus rien.
Il lui fit un sourire.
_ J'aime les joutes verbales, j'aime ce qui est animé, j'aime provoquer et qu'on me provoque. Ca peut te sembler barbare, je reconnais mais sinon je trouve la vie ennuyeuse. C'est pour ça que si je te dis quelque chose qui ne te plaît pas, il vaut mieux que tu me répondes, je ne serai jamais vraiment fâché ou énervé mais plutôt amusé, même si ça ne se voit pas. Parce que ça m'amuse beaucoup de t'agacer, tu sais ? Et le fait que tu n'y répondes pas ne pousse à continuer.
-
Fleur retourna s'assoir, secoué d'avoir levé la main sur quelqu'un et étonné de ce qu'elle apprenait par Eoghan.
"Tu es étrange... Un peu masochiste non? Courir après les femmes qui te font du mal et te crie dessus... Je ne pensais pas que les hommes étaient si compliqués!"
Elle soupira et posa son doigt sur son verre puis le fit glisser tout le long, pour en arracher un bruit chantant qui ne vint jamais, ce n'était pas du cristal.
Alors elle attrapa une des mèches de cheveux qu'elle fit tourner autour de son index en suivant la courbe naturelle de la boucle et son regard se perdit dans le vide quelques secondes.
Puis elle redescendit sur terre et répondit:
"Tu as raison d'aimer vivre avec panache et passion. Je sais que je me répète mais pour les femmes c'est plus difficile quand on n'a pas de statut particulier comme celui de Héraut ou Mage. Quel est le juste milieu entre être une femme sage et un peu effacée et celui d'une femme trop libéré que l'on critique? Moi j'aime vivre, et j'aime rire, observer, mais je n'ai pas le droit de faire trop d'étincelles."
-
_ Non, je ne suis pas maso, j'aime juste les femmes qui savent ce qu'elles veulent et qui le disent. La soumission, ce n'est pas vraiment mon truc.
Il se laissa retomber sur sa chaise sans élégance avant de reprendre.
_ Je ne veux pas te dire quoi faire, je t'explique simplement qu'il n'y a pas de mal à être autre chose que obéissante. Surtout au Collegium ! Qui sait !
Il haussa les épaules et ouvrit les mains.
_ Peut-être qu'un Compagnon viendra te saluer un jour. Et que comme moi, quelque chose fera que tu vas dévoiler un Don jusqu'alors inconscient. De toute façon, tu sais, les termes de rangs ce ne sont pas vraiment mon truc. Je suis mage oui après avoir été... fils de marchand et d'artisan et ma mère est si fière qu'elle ne sait même plus comment m'appeler. Mais je reste Eoghan, son fils qui adore se rouler dans la boue avec son autre fils. Bien sûr qu'il y a un équilibre à avoir ! Mais ça dépend qui tu as en face de toi, tout simplement.
-
Fleur plissa ses lèvres dans une moue boudeuse. Ha, Eoghan avait de quoi s'amuser avec elle, elle tombait TOUJOURS dans le panneau quand il lui sortait de genre de chose.
"Je ne suis pas qu'une simple fille obéissante! Tu m'as prit pour un Hersati?"
Franchement, imaginer un Hersati habillé comme Fleur avait de quoi faire rire!
Elle secoua la tête dans un signe négatif.
"Je n'organise pas ma vie sur des "qui sait". C'est bien d'être toujours près à accepter les renversements de situations mais je sais par exemple que ne serais jamais Héraut. Comme un Héraut ressent profondément sa mission à l'intérieur de lui, moi je sais que je n'en serais pas un. Quant à avoir un don quelconque... Je ne pense pas, on verra bien..."
Elle fixa son regard sur ses mains ouvertes. Eoghan avait de grandes mains masculines mais sans la peau rugueuse. Elle avait bien aimé ce contact. Elle eut un rire discret.
"Je t'imagines bien rouler dans la boue avec ton frère... Ça correspond bien à ton caractère!"
Elle regarda tristement son verre de nouveau vide puis demanda:
"Quel genre d'enfant étais-tu?"
-
Il porta son menton dans sa main et l'écouta parler. Il avait noté les idées qu'il avait eues donc maintenant, il pouvait simplement s'occuper de Fleur sans penser à quoi que ce soit d'autre. Il ne représentait pas un grand intérêt pour lui, au final mais elle l'écoutait, elle lui faisait de la compagnie et puis elle parlait. Elle lui rappelait un petit peu la plus grande de ses deux soeurs, assez coquette même si elle avait une grosse voix.
_ J'aime me dire que je ne sais pas ce qui va m'arriver, je suis toujours curieux de l'avenir.
Il haussa les sourcils à la question mais sans changer de comportement. Il fit une légère moue pour réfléchir dans un Mmmmhhh constant puis il soupira.
_ Je n'ai que très peu changé. J'ai découvert la valeur des chairs féminines, c'est tout. J'ai toujours bien aimé me bagarrer, ce, depuis que je suis tout petit. Je ne sais pas trop en fait. Mon grand frère n'aime pas lire mais moi si alors très jeune, j'écoutais les troubadours, les ménestrels raconter leurs histoires, ça a été un déclic pour moi et j'ai voulu faire pareil. Je me suis mis à nettement moins me battre pour rien et plus à lire et à écrire des histoires. Je ne suis pas barde mais j'admets que j'aurais bien aimé. Je ne suis pas très bon en musique mais juste assez pour raconter mes histoires.
Il pencha un peu plus la tête pour la regarder, une expression profonde sur le visage comme s'ils étaient que tous les deux dans un monde vide.
_ Et toi ? Tu étais comment ?
-
"Ha oui ça, je n'aimerai savoir savoir ce que l'avenir me réserve. La vie perdrait tout son charme non? J'aime beaucoup savoir tout ce qu'il se passe dans le présent, mais le futur... Je n'aimerai pas avoir un don de prémonition par exemple, ce serait plus une calamité qu'autre chose! T'imagines? Tu saurais tout ce qu'il va se passer, bonjour la vie ennuyeuse au possible..."
Elle posa son menton sur sa main, songeuse, en écoutant parler Eoghan de son enfance. Il avait l'air de ne pas avoir manquer d'amour et d'affection.
Elle, comment était-elle enfant?
"Moi je n'ai jamais été du genre à me battre avec qui que ce soit. En tout cas pour obtenir quelque chose, j'ai l'avantage d'être une jolie femme et de savoir utiliser mon sourire. J'étais comme ça enfant et je le suis toujours. Ce qu'il y a de bien quand on a une jumelle, c'est qu'on ne manque jamais de compagnie. J'ai toujours eu quelqu'un pour jouer, à qui confier des secrets, avec qui fait des bêtises, comme planter des aiguilles à l'envers dans le fauteuil de la gouvernante, ça m'a aidé puisque ma Mère est morte quand j'étais très jeune. Je pense que j'ai eu une belle enfance. J'ai été à l'abri du besoin, j'ai eu une certaine éducation, et souvent ce que je voulais. Le soucis quand on vit dans un manoir éloignée c'est la société assez réduite que l'on fréquente, plutôt terne et monotone, la campagne quoi- . Je suis plus heureuse dans la capitale, c'est beaucoup plus vivant. Ma soeur me manque, mais ce sont des choses qui arrivent."
Elle se servit elle-même un nouveau verre de vin en disant à voix basse.
"Dernier verre, sinon, je vais être dans un état demain, je ne préfère pas y penser!"
[ Spéciale dédicace P&P - Comment ça terne et monotone? Tout au contraire, je vous l'assure! Nous échangeons des invitations avec 24 autres familles! - Mrs Bennet ]