Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets libres => Discussion démarrée par: Elbereth le 15 juin 2011, 14:07:29
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[justify:3bn7geoc]La fin d'après-midi apportait un peu de fraîcheur à cette longue journée chaude. La jeune femme avait terminé les cours depuis peu, elle avait pris tout de même le temps de monter à sa chambre poser ses affaires et se changer. Comme d'habitude, certains cours avaient été fastidieux et psychiquement épuisant, ainsi elle était bien contente de ne pas se mettre à ses devoirs tout de suite... Et de pouvoir se changer les idées ! Laissant sa tunique d'apprentie-mage, elle enfila une de ses anciennes tenues de voyage -selon elle beaucoup plus agréable !- et s'attacha distraitement les cheveux, laissant quelques mèches folles s'échapper ça et là. Enfin, elle passa un moment en tête à tête avec sa Liée.
-Tu es sûre que tu ne veux pas m'accompagner ? Tu risques de rater quelque chose !
-Oh certaine... D'abord il fait bien moins chaud à l'intérieur des murs du Palais que sous ce soleil cuisant, et en plus je risquerai d'effrayer les chevaux... Même si j'avoue que te voir débuter ainsi m'amuserait sûrement...
-A qui le dis-tu ! Je suis un peu nerveuse... Et si je ne suis pas à la hauteur ?
-Mais ne racontes donc pas de sottises. Moi je suis sûre que tu vas t'en sortir comme un chef ! Et puis Eoghan est un gentil garçon, je suis sûre qu'il fera un bon professeur. Allez file, tu vas finir par être en retard !
Une caresse et un sourire plus tard, Elbereth était dehors, en direction des écuries. A cette heure de la journée, c'était l'effervescence au Palais, tout les étudiants sortaient du Collegia, les nobles commençaient à se réunir, les serviteurs préparaient la soirée... Bref, il y avait du monde partout ! Elle salua quelques connaissances au passage et finit par arriver au lieu de rendez-vous légèrement en retard. Passant la porte du bâtiment -qui était plus calme étrangement-, elle chercha son ami du regard, avant de l'appeler :
-Eoghan ?[/justify:3bn7geoc]
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Et Eoghan avait eu hâte de cette sortie. C'était la première vraie avec sa jument, quand bien même il n'irait pas très loin avec elle, il voulait passer du temps sur son dos, qu'ils se familiarise, créer une sorte de lien entre le cheval et l'homme. Il savait ça possible sans pour autant être un héraut. Aussi, à la hâte, il était déjà loin quand Elbereth songea être en retard. Il s'était déjà occupé des deux chevaux et les avais amenés vers le point de rendez-vous. il était si impatient qu'il se pouvait qu'il brûle quelques étapes mais peu importait. Quand il entendit son nom, il se retourna pour la voir, les sourcils hauts et lui fit un geste de la main pour lui indiquer de le rejoindre. il fit alors avancer son cheval, le plus vieux des deux qui semblait s'endormir sur place et lequel, même sans une robe resplendissante, était de bonne santé, robuste et dégageait quelque chose de confiant, paisible, habitué. De plus, le fait de partir avec Elbereth lui plaisait. C'était une mage, une des "siens". Et tout se passait toujours bien entre eux, ils s'entendaient bien, ils s'amusaient bien et communiquaient plus qu'il ne parlait à qui que ce soit d'autre dans le palais, même plus qu'avec Manu. Mais Manuchan était son maître, non son ami même s'il s'en approchait.
Alors il offrit un grand sourire à Elbereth - ce dont elle pouvait se ravir - et tendit les rênes de l'animal à son amie.
_ Alors ? Prête ? Tu n'as pas peur, j'espère ! C'est pour les faibles !
Ah oui, se montrer il aimait bien ça aussi. Il grimpa sur le dos de sa jument, attendant que Elbereth fasse de même, ne songeant pas un instant qu'elle pouvait n'être jamais montée... du tout... à dos de cheval. Pour lui, c'était juste naturel.
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Ainsi la jeune femme ne put que répondre au sourire épanoui que lui envoya Eoghan à son arrivée. Elle le sentait à l'aise et dans son éléments... Contrairement à elle ! Mais tout de même, elle était heureuse de retrouver son ami au moins pour les discussions qu'ils pouvaient avoir, sinon pour l'expérience nouvelle qu'elle allait vivre. Elbereth appréciait de plus en plus les moments qu'ils passaient ensemble, trouvant en lui un véritable ami... ce qu'elle n'avait pas eu depuis fort longtemps -mis à part Del' évidemment-. S'approchant de lui, elle tira la langue à sa provocation :
-Prête je ne sais pas, mais en tout cas je n'ai pas peur ! Il a l'air gentil ton cheval, il s'appelle comment ?
Approchant instinctivement une main des naseau, elle laissa l'animal lui renifler la paume et la chatouiller un peu. L'observant, elle vit qu'il était déjà arnaché, et n'attendait plus qu'elle... Une toute petite boule d'appréhension se forma au creux de son estomac, mais elle fut vite chassée par l'aura de tranquillité rassurante qui se dégageait du vieux cheval. La jeune femme attrapa les rennes qu'Eoghan lui donnait et le regarda d'un air perplexe monter sur le dos de sa jument, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Elle eut une petite grimace :
-Euh... Eoghan... Non, attends.
La jeune femme visualisa les mouvements que venait de faire son ami, observa le matériel à sa disposition sur le cheval, et d'une suite logique, comprit comment il fallait s'y prendre. Elle glissa son pied gauche dans l'étrier du flanc gauche, s'accrocha aux pommeaux de la selle et se hissa. Sa jambe droite passa par-dessus et alla se placer dans l'autre étrier... Et c'est ainsi qu'Elbereth se retrouva... en selle ! Bon certes, elle était encore un peu maladroite et le geste était peu assuré, mais elle avait réussi ! Un sourire rayonnant, elle tourna les yeux vers l'homme à côté d'elle, et dit :
-Est-ce que ça va comme ça ? Il faudra que tu me montres comment ça s'installe tout ça.
Elle désigna l'équipement sur la bête. Enfin, elle lui fit un clin d'œil :
-Je suis prête !
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_ Elle s'appelle Cahlia (je suis pas sûre mais je n'arrive jamais à mémoriser son nom) Et un cheval, par défaut est toujours gentil. C'est ce qu'on en fait qui les rend mauvais.
Il haussa les sourcils en la regardant faire. Elle était mal assurée mais concentrée. En fait, il en souriait pleinement, même. Et elle le faisait bien sourire. Quand elle fut enfin en selle, il continua de la dévisager, une main sur le pommeau et il se mit à rire.
_ Tu plaisantes ? Tu n'es jamais montée sur un cheval avant ?
Il flatta l'encolure de sa jument avant de se rapprocher d'Elbereth, jusqu'à ce que leurs montures se frôlent. Puis il sourit un peu plus en tendant la main vers les étriers pour les lui raccourcir, tapotant son mollet pour lui indiquer de bouger la jambe et ainsi pouvoir manier tout le matériel aisément.
_ Tu aurais dû me le dire, maintenant je vais devoir me retenir de me moquer de toi, tu sais ça ?
Il releva les yeux sur elle pour lui sourire le plus sincèrement du monde. Oui, il appréciait pas mal Elbereth et leurs soirées passées ensemble à faire les rebelles de l'insomnie après l'extinction des bougies. Il lui mit le pied dans l'étrier, lui positionnant comme il fallait pour qu'elle se sente bien, se retenant d'une main au pommeau de la selle, les rênes lâches maintenues entre ses doigts puis il la désigna du menton.
_ Fais pareil de l'autre côté.
Presque instinctivement, il leva la main vers elle en la laissant faire, comme pour s'assurer de pouvoir la rattraper des fois qu'elle fasse un faux mouvement pour la rattraper. Elle n'allait pas quand même se prendre une première chute alors qu'elle était à l'arrêt, n'est-ce pas ?
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Hochant la tête à la lucidité de sa phrase, Elbereth confirma :
-Oui tu as raison, d'ailleurs, beaucoup de choses deviennent mauvaises par la seule volonté des hommes...
Elle flatta l'encolure de la jument, et reprit :
-Cahlia... un joli nom que voilà !
C'est alors qu'une fois montée sur selle que la jeune femme remarqua l'expression franchement amusée de son ami, jusqu'à ce que son rire retentisse... Apparemment elle avait du être comique ! Elle tenta une moue boudeuse, mais la malice présente dans le regard d'Eoghan eut raison d'elle et elle afficha un sourire penaud :
-Je te promets que c'est la première fois... J'ai toujours voyagé à pied, et depuis mon arrivée à Haven, je n'ai pas eu l'occasion encore d'apprendre à monter. D'ailleurs, ça tombe à pic, parce qu'il va me falloir un minimum de savoir faire pour les départs en missions !
L'apprentie le regarda se rapprocher, toujours ce petit sourire aux lèvres, et observa sa manière de faire avec son étrier. Lorsqu'il la taquina à nouveau, la jeune femme lui tira la langue et un doigt chatouilleur vint l'embêter quelques secondes. Elle répliqua :
-Je me doute que oui... Mais depuis quand tu te retiens ?
Un clin d'oeil malicieux et elle répondit à son sourire tout aussi spontanément. Elle sentait que ses balades à cheval allaient être des parties de plaisir, qui vaudraient bien toutes les courbatures qu'elle allait sûrement avoir ! Il avait fini d'installer son pied, et obéissant, elle se pencha doucement et prudemment de l'autre côté de la selle pour reproduire le geste sur son deuxième étrier. Une fois cela fait, elle se releva et vit la main d'Eoghan prête à la rattraper si elle s'était penchée un peu trop... Un sourire mystérieux vint étirer ses lèvres et elle conclut :
-Je crois que cette fois, c'est bon ?
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Depuis quand se retenait-il ? Mais depuis qu'il avait affaire à une cours, dans ce palais. Il devait mettre au placard ses manières de paysans et parfois, c'était difficile mais à force de dur labeur, il finissait par y arriver. La preuve avec Elbereth mais c'était également la fille qu'il croisait le plus souvent et avec laquelle il passait le plus de temps, par conséquent, c'était devenu plus facile avec elle. De plus, elle n'était pas de ces nobles à qui il fallait baiser les mains. Il répondit à son sourire en acquiesçant légèrement et lui montra les rênes pour qu'elle les tienne correctement. Il avait encore du mal à croire que ce serait sa première balade à cheval et pourtant, il s'en sentait honoré. Et puis maintenant, il avait envie de tout faire à sa place, de peur qu'elle tombe et se fasse mal. Hey, il avait toujours son côté, il n'avait pas tout abandonné de lui en arrivant ici.
_ C'est un vieux cheval, il a des habitudes donc inutile de lui donner des coups pour le faire avancer, juste siffler et il obéit. Enfin, s'il veut bien donc ce n'est pas vraiment de l'obéissance mais il n'est pas très difficile, ce n'est pas du tout un cheval de guerre. Ca va ?
N'importe quelle fille, chez lui, il l'aurait un peu brusquée en lui disant de se dépêcher. Mais il fallait croire que Valdemar l'avait calmé de ce côté là. Il était toujours grognon et boudeur mais moins rustre.
_ Le principal, c'est que tu restes droite, que tu regardes toujours devant toi. C'est comme un chariot sauf que là tu es sur le dos de la bête. Et puis tu montes comme un homme ! J'arrive pas à croire que personne t'ait déjà fait monter à cheval, et tu comptais partir en mission comme ça ? A pieds alors que presque tout le monde a une monture ?
Il secoua la tête, mécontentent et fit une moue avant de froncer les sourcils, engageant la marche en ne la quittant pas des yeux, habitué et puis la jument n'était pas très bourrine et se laissait faire aisément. Elle n'aimait juste pas beaucoup être mise en compétition.
_ Bizarrement, je suis curieux et j'ai hâte mais j'ai comme un mauvais pressentiment. Et s'ils me font partir aussi ? Je veux dire, tu as bien vu de quoi je ne suis pas capable, alors... J'appréhende un peu.
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De son côté, Elbereth tentait de se concentrer sur ce les directives du jeune homme, afin de pouvoir se débrouiller par elle-même ensuite. Elle prit les rennes comme il lui montrait et respira un coup. Hochant la tête, elle lui sourit pour le rassurer quant à son état d'anxiété :
-Oui, ça va merci. Je suis un peu nerveuse, mais je suppose que c'est normal. Plutôt contente en fait, depuis le temps que l'on en parlait de cette balade ! Et puis j'ai confiance en toi, et à ce cheval. Pas de coup, des sifflements, j'ai compris chef !
Elle lui fit une grimace taquine en se mettant au garde à vous. Écoutant la suite des instructions, elle haussa les épaules à ses deux dernières remarques.
-Disons que je n'ai jamais eu besoin de monter à cheval depuis que je suis à Haven. Et pour les missions... Je crois qu'il y avait des chariots pour ceux qui ne chevauchent pas... Mais je préfère pouvoir être autonome je t'avoue. Et puis c'est une expérience nouvelle, et comme toutes les expériences nouvelles... j'aime !
Ah ! Oh ! Et bien, ça y était, ils avançaient ! Le cheval avait suivit le mouvement de la jument, et ils sortirent complètement des écuries. Un peu déstabilisée au début, la jeune femme tenta de s'habituer rapidement au mouvement qu'imprimait l'animal en marchant, afin de l'accompagner dans ce mouvement... particulier. Mais pas désagréable ma foi ! Lorsqu'elle se sentit un peu plus à l'aise, ses muscles se détendirent, et elle réfléchit un moment à la question de son ami :
-Je suis pressée aussi de voir qui va partir et avec qui. Moi j'ai envie de bouger un peu, et ces mission, c'est l'occasion !! Et puis il y a encore un peu de temps avant le départ, je suis sûre que tu vas faire de rapides progrès, il faut juste que tu te fasses à ta Magie. Qu'elle soit ta seconde nature. Mais ça prend un peu de temps, et c'est normal. Et à mon avis, ils vont avoir besoin de tous les mages, apprentis ou pas présents vu que nous ne sommes pas en si grand nombre que cela. En tous cas, j'espère qu'on sera ensemble !!
Elle marqua une pause, le temps de profiter un peu du moment présent, et afficha un sourire rayonnant :
-Tu sais quoi ? Pour l'instant j'adore !! Ça change complètement de point de vue d'être à cheval ! On va où alors ?
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Eoghan l'observait faire avec un sourire en coin. Elle l'amusait beaucoup et loin de lui l'idée de se moquer, il la trouvait également intéressante. Enseigner quelque chose à quelqu'un, c'était toujours particulier. Et puis ce sourire qu'elle affichait lui plaisait beaucoup. Il était frais, sincère et reconnaissant. Eoghan aimait faire des choses utiles, qui rendaient service aux gens même s'il n'aimait pas trop donner de sa personne, pour certains, il estimait qu'ils le méritaient. Comme Elbereth qui avait toujours été d'une gentillesse et d'une patience à toute épreuve avec lui car ces qualités étaient grandement nécessaires !
Mais quand elle remit ses "soucis" de magie dans la discussion, il resta réservé en n'y répondant pas. C'était un sujet qu'il n'aimait pas aborder, d'ailleurs. Il se contenta de lui sourire doucement et quand elle changea de sujet, il se frappa la cuisse en se redressant.
_ Je suis fort bien heureux de l'apprendre, ma chère amie ! Quant à cette chevauchée, j'avais songé nous laisser porter par les chemins, même inconnus ! L'aventure est toujours bénéfice lorsque mise à l'épreuve. Qu'en dis-tu ? Nous pourrions aller vers la droite aller vers la droite où le soleil se lève ou la gauche par là où il se couche mais nous pourrions tout autant le défier en continuant tout droit soit en revenant sur nos pas pour traîner dans les prés.
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[justify:2jhpp848]La complicité qui s’installait entre les deux jeunes gens plaisait bien à Elbereth. Elle voyait que celui-ci prenait plaisir à lui montrer et à lui apprendre ce qu’il savait faire dans un domaine où il se sentait à l’aise. Et elle-même appréciait ce moment d’enseignement où… comment disait-on déjà ? Ah oui, où ils pouvaient « joindre l’utile à l’agréable ». De toute façon, c’était souvent comme ça avec Eoghan ! Le nombre de fois où cette citation avait pu être vérifiée… Lorsqu’ils faisaient leurs devoirs, lorsqu’ils s’entraînaient ou encore lors des cours interminables et soporifiques, où ils trouvaient toujours un moyen de se distraire un peu. Bref, elle aimait bien son caractère direct et franc, au moins elle n’avait pas de questions à se poser pour savoir ce qu’il pensait de ci ou ça… Et savait comment le prendre. Après, de la à dire qu’elle le connaissait et le cernait, il y avait encore de la marge ! La preuve, il se ferma alors qu’elle extrapolait sur la magie et lui et sauta sur l’occasion d’un changement de sujet pour embrayer sur autre chose. Leur destination. Ah. Bonne question. L’apprentie haussa les épaules et sourit :
-Le poétique Eoghan est parmi nous à ce que je vois. Je pense que nous pourrions suivre les chemins des jardins du palais, assez vastes ma foi pour une première leçon… je pense. Ou sinon ! Le lac où nous enseignait Manu, il y a une forêt à côté. Il faut juste traverser la ville. Qu’en penses-tu cher ami ?
Oui finalement, cet endroit ne semblait pas si mal pour se balader, calme et joli à la fois… La jeune femme espérait simplement ne pas avoir de soucis en ville avec sa jument… Parce que sinon, ça risquait d’être cocasse ![/justify:2jhpp848]
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Il releva le menton pour éclater d'un rire clair... Et sincère. Parfois, avec lui ce n'était pas très net de savoir s'il riait avec sincérité ou non. Eoghan n'était pas toujours cette personne agréable. Il était même majoritairement chiant, d'ailleurs ! Et vraiment agaçant. Parfois qu'il disait trop de vérités, d'autres fois parce qu'il se taisait, faisant régner un silence dérangeant... Il avait ses humeurs, comme tout le monde mais étrangement, sans jamais n'avoir cherché à se poser la question du pourquoi, avec Elbereth, il n'avait jamais eu à être... Ce qu'il est avec ceux qu'il estime mérites d'une bonne leçon. Peut-être parce qu'elle était la seule à lui parler avec franchise également ? Peut-être parce qu'elle était la seule à être sincère face à lui.
Bon ok, il y avait beaucoup de pourcentage dans le camembert du fait que... Et bien qu'Elbereth était une fille.
_ Traverser la ville ma chère amie ? Et peut-être pourrions-nous redresser le dos, le menton et gonfler les pectoraux pour faire bonne allure, qu'en pensez-vous ! Je vous prie....
Il tendit une main vers elle, toute délicate, digne d'un grand seigneur et il leva un sourcil, comme s'il coinçait un monocle dans son autre oeil. Bien droit, il laissa sa cape tomber sans pli de part et d'autre de sa jument et il se racla la gorge avant de prendre une voix cassée d'un comte à plusieurs noms et titres.
_ Sir Eoghan de Paravel, Comte d'Anjou et Seigneur des Terres de Feu Sacré ! (et là y en a pour pas mal de références !!!) J'ai demandé un entretien avec sa Majesté il y a plus de 2 jours. Je vous somme de m'y conduire sur le champs, pauvre fou !
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La jeune femme ne savait pas ce qu'elle avait dit de si drôle, mais le rire chaleureux de son ami la fit sourire jusqu'aux oreilles. Décidément, il la surprenait encore, n'ayant jamais de sautes d'humeurs réelles avec elle. Souvent de fois, elle l'avait vu avec d'autres jeunes gens, d'autres élèves ou nobles. Et alors son comportement n'avait rien à voir. Elle ne savait pourquoi c'était différent, plus simple et plus vrai peut être. Mais en tous cas, cela lui plaisait, et elle n'avait pas à changer avec lui, tout était naturel. La remarque de l'homme la fit rire à son tour et Elbereth et elle bomba le torse, leva la tête afficha un air supérieur, rentrant dans le jeu d'Eoghan. Bon là sa posture était carrément comique certes ! Mais tout de même, l'apprentie réussit à garder son sérieux et se saisit de la main tendue de son ami doucement. Elle se redressa telle une reine, et adressa un sourire rayonnant à l’homme.
-Sir Eoghan des Terres sacrées, Comte de Paravel et Seigneur du Feu D’Anjou ! Menez-moi donc à cette entrevue, je vous suis sans peurs et sans craintes ! Que nos braves et fougueux destriers filent tel le vent en pleine tempête !
Rester sérieuse. Rester sérieuse ! Là, ça devenait compliqué… Mais elle tint bon et opina du chef pour faire signe qu’ils pouvaient y aller. En glissant un petit clin d’œil…
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Rester sérieux n'était pas aussi simple, ni pour elle, ni pour lui. Mais il serra sa main et avança dans la ville avec fierté comme s'ils étaient le roi et la reine de ces terres. Il était effectivement différent avec les autres. Il avait toujours cette remarque sarcastique, parfois sardonique, toujours à faire l'imbécile. Eoghan faisait partie de ceux qui voulaient être traités comme des adultes mais qui n'agissaient pas comme tels, la plupart du temps. Cependant, il essayait. Comprenant combien son nouveau statut était important, il n'avait pas envie de fauter, de faire de bêtises. Et sûrement que craquer pour Elbereth en serait une, aussi, il se contentait de jouer le bon copain. Vous imaginez les histoires que ça pouvait créer ? Non... De toute façon, Eoghan n'était pas du genre à vouloir d'une relation. Pas à long terme... ni régulièrement... Du moins.
Attirant certains regards sur eux, Eoghan continua à avancer, le menton haut, fier de sa compagne pour la minute. Mais ils attiraient un peu trop de regards et il n'avait pas très envie qu'on leur pose de questions alors il accéléra le pas en riant jusqu'à ce qu'ils sortent par l'autre côté, un raccourcis pour atteindre les berges du lac. Un dernier regard derrière eux pour voir les portes de la ville et finalement, il regarda son amie dans un sourire.
_ Ca te dit une petite course jusqu'au lac ? Mon canasson n'est pas si mauvais en ligne droite, tu sais ?
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Bon, ils étaient lancés. En ville. Au milieu de tout le monde, faisant les enfants. Bah, après tout, qu'importe ! Ils n'étaient que deux apprentis-mages et si ils ne pouvaient s'amuser un peu de temps à autres, où allait-on ?! Sans oser se l'avouer, la jeune femme appréciait le contact de la main d'Eoghan dans la sienne. Mais chut, elle refoula bien vite cette idée saugrenue qui venait de lui assaillir l'esprit.
Peu à peu, il y eut plus de monde, plus de regard, plus de commentaires. Elbereth vit bien que son ami était un peu mal à l'aise, et lorsqu'il fit accélérer son cheval, elle suivit. Son rire était communicatif, et cette joie enfantine qui la tenait depuis un moment ne la quittait pas. Dieux que c'était agréable de se sentir un peu libre de tout ! Enfin, ils quittèrent la foule, pour se retrouver là où avait eu lieu leur première leçon en commun ! Enfin il n'y était pas tout fait.
La proposition d'Eoghan stoppa net le rire qui sortait encore de la gorge de l'apprentie, et elle grimaça, d'un coup moins sûre d'elle :
-Euh, je ne suis pas contre mais...... Tu crois que je tiendrai sur le cheval si il galope ? Non parce que je ne voudrai pas trop tomber quand même. Enfin, si tu m'assures que je ne risque pas grand chose, je te fais confiance et je te suis !
Elle lui rendit son sourire, un peu plus timidement.
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Gardant sa main dans la sienne, il lui posa sur la crinière de son cheval et referma ses doigts sur les crins fermement.
_ Il n'y a qu'un moyen de le savoir...
Il eut un sourire en coin et lui fit un clin d'oeil.
_ Et serre bien les cuisses !
Puis il donna un coup franc sur la croupe du cheval qui redressa vivement l'encolure avant de partir dans une foulée au galop et il suivit à son tour, restant près d'elle pour la rattraper si jamais elle manquait de tomber. Mais il était certain que ses réflexes et son instinct de survie l'inciterait à rester bien accrochée. Ah il la faisait monter à la dure, c'était vrai. Mais bizarrement, il avait confiance et aussi cette certaine inconscience qui lui donnait l'impression d'être invincibles quoi qu'il arrive.
_ Serre bien les cuisses, Elbereth !
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Les yeux d'Elbereth suivirent le mouvement de son ami en s'écarquillant. Elle se laissa faire, et se retrouva agrippée d'une mais à la crinière de la jument, l'autre aux rennes... Elle répéta après lui :
-Un moyen de le savoir... Que ? Eoghan !
Elle n'eut pas le temps de protester, et instinctivement serra les cuisses alors que que l'animal s'élançait dans une foulée beaucoup, beaucoup plus rapide ! Au début, elle passa carrément les bras autour du cou de Cahlia en fermant les yeux. Puis tournant la tête, elle vit l'homme non loin d'elle. Elle observa bien sa posture, et tenta de faire de même. Elle se redressa petit à petit, et accrocha bien ses mains aux rennes, sans pour autant tirer dessus. Bon oui d'accord, ce n'était pas encore très assuré comme gestes, mais c'était un début ! En tous cas, voir le paysage défiler à cette vitesse donna l'impression à la jeune femme d'être puissante et complètement libre. Elle volait !
Un cri de joie et d'enthousiasme s'échappa de sa gorge et elle se mit à rire. A un moment un petit coup faillit la déséquilibrer, mais elle tint bon et se remit en place. C'est alors qu'ils arrivèrent au bord du lac. Cette fois, l'apprentie tira sur les rennes pour faire s'arrêter la jument pas trop brutalement. Ce qu'elle réussit, plutôt pas mal. Son premier réflexe fut de caresser l'encolure de la jument. Le second de descendre de selle. Ses jambes tremblaient un peu, mais le sourire qui faisait rayonner son visage en disait long sur ses ressentis. Elle fut à peine crédible lorsqu'elle se tourna vers son ami, les poings sur les hanches et s'exclama :
-Toi, tu me refais un tour comme celui-là...
Une petite idée germa dans son esprit. Elle se tourna vers l'étendue d'eau. Et se concentrant d'un coup, elle se saisit mentalement d'une petite boule d'eau... qu'elle envoya sur le pauvre homme ! Un clin d'oeil et un sourire taquin, elle pensait bien qu'Eoghan n'allait pas en rester là !
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Un sentiment étrange le parcourut quand elle se mit à hurler - de joie, il le perçut - et c'était comme si tout à coup il n'entendait plus rien autour. C'était étrange comme elle était tout à coup communicative et ce sentiment sembla l'irradier de l'intérieur. Alors quand elle s'arrêta, il l'imita et ne descendit pas totalement, juste pour l'observer. Il savait ce que procurait le galop d'un cheval et il était fier de se faire confirmer qu'ils étaient bien sur la même longueur d'onde. Sur sa réprimande, il pouffa de rire et se laissa glisser de sa monture en faisant passer les rennes par dessus l'encolure de sa jument.
_ Avoue que tu as aimé ! C'est le frisson ! La vitesse !
Il avait ouvert les bras et continuait de parler, s'exclamant de tous les sentiments que procurait l'équitation et le plaisir de liberté trouvé sur un cheval quand il reçut la boule d'eau dans le visage. D'abord il fut interrompu et secoua la tête en crispant les yeux puis il la regarda, ces derniers écarquillés.
_ Tu as fait quoi, là ?
Peu habile avec ses pouvoirs, il se contenta d'une réponse faite main et maison et se mit à la poursuivre en ouvrant les bras pour l'attraper, laissant les chevaux là, les sabots dans l'eau.
_ Je vais t'apprendre, tu vas voir, tu m'as pris pour une plante verte ?!
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Captant son regard, l'apprentie rougit très légèrement, avant de continuer. Lorsqu'il descendit à son tour, en l'interrogeant malicieusement, elle commença par lui tirer la langue avant d'opiner du chef :
-Oui oui oui j'avoue, j'ai même adoré ! C'est la première fois que je vais aussi vite, que le paysage défile comme ça, que j'ai l'impression de m'envoler ! C'était magique et grisant.
La tête ahurie que son ami fit lorsqu'il se retrouva coupé en plein monologue fit rire Elbereth à n'en plus finir. C'était tellement spontané ! Elle répondit à sa question avec un air tout à fait innocent et angélique :
-Euh, je t'ai ... rafraîchi !
Cependant, elle vit bien que l'apprenti préparait sa vengeance, et voyant qu'il voulait l'attraper, elle se mit à courir. Bon ce n'était pas l'endurance qui manquait. Mais elle riait tellement qu'elle s'essouffla rapidement et bientôt sentit qu'Eoghan était prêt à la rattraper. Du coup elle fit volte face et se prépara à un petit corps à corps. Oh elle n'allait pas se laisser faire. Et grands Dieux ! Qu'elle s'amusait !
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A ça, il ne s'attendait pas. Son volte face lui fit l'effet d'une claque en plein torse et il se sentit légèrement déstabilisé avant de perdre l'équilibre et de se vautrer dans le peu d'eau qu'il y avait à leur pied. L'avantage d'Elbereth, c'était qu'elle était imprévisible. Au moins, avec elle, il ne s'ennuyait pas. Les fesses par terre, mouillées, il releva les yeux vers elle, la bouche ouverte de surprise et de stupéfaction.
_ Tu as osé !
Il se plia en avant et lui chopa les jambes dans ses bras pour se redresser et la porter avec lui, se hissant du sol pour la soulever sur son épaule comme un sac à patates. Dans un autres onde, il aurait été un excellent joueur de rugby. Et puisqu'il était mouillé, maintenant, tant pis ! Elle le serait aussi ! De grandes enjambées pour ne pas reperdre l'équilibre surtout avec un poids en plus à ne pas heurter, il chercha son chemin vers des eaux un peu plus profondes.
_ Si tu crois que je suis du genre à me laisser faire ! Je suis mouillé ? Tu seras mouillée AVEC MOI !
Et il la poussa de toutes ses forces pour la faire tomber dans l'eau en riant à gorge déployée, comme un gros gamin, la montrant du doigt.
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Elbereth non plus ne s'attendait pas à ce que son ami arrive aussi vite ! Et sa chute dans l'eau les quatre fers en l'air ne put que lui faire reprendre son fou rire... Décidément, elle s'amusait ! Et cela faisait bien longtemps que ce n'était pas arrivé ainsi. Peu de ses collègues avaient ce don de retomber en enfance et ce sans juger la personne en face ! Eoghan lui, partageait ses délires, ses idées... Mais pas toutes heureusement ! D'où leurs débats animés et leurs longues discussions. Pour l'heure son expression ne fit rien pour atténuer le rire de la jeune femme, et tentant de prendre un air innocent, elle haussa les épaules, avec un sourire en coin :
-Il faut croire que ouiiii.... Hééééé !
Ah bé ! Voilà qu'elle se retrouvait la tête en bas, portée comme un vulgaire sac de pommes de terre ! Namého ! Elle tenta de se débattre un peu, de chatouiller le pauvre homme pour qui elle devait peser bien lourd ainsi, mais rien n'y fit. Elle se retrouva propulsée dans l'eau ! Mais aha ! Eoghan fit L'erreur... Oui oui, avec un grand L ! Il tendit le bras pour se moquer d'elle... Et l'apprentie s'y agrippa, l'entraînant ainsi dans sa chute. Une fois la tête ressortie de l'eau, elle le regarda en souriant :
-Tu disais ? Tu seras mouillé avec moi ? Ah oui, je crois que c'est le cas !
Et lui envoyant une gerbe d'eau, elle se mit à nager plus loin en riant à son tour !
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Pris par surprise, il but la tasse dans une gorgée en tombant dans l'eau et en ressortant la tête avec un immense sourire, il la secoua vivement pour se secouer les cheveux comme un toutou mouillé ! Etonné qu'elle puisse être de ce genre, il recracha l'eau qu'elle venait de lui envoyer dans le visage. Gerbe d'eau qu'il renvoya à l'expéditeur en haussant un sourcil. Ah, elle voulait jouer ? Il eut un léger rire en la dévisageant et lui balança une plus grosse gerbe d'eau avant de se laisser couler pour aller le récupérer par les pieds, sous l'eau. Mais d'abord, il fallait qu'il fasse durer le suspens ! Elle ne saurait pas où il est d'abord, il se glisserait dans l'eau sans un bruit, sans un mouvement et puis....
Arrivé à son niveau, il se mit à lui chatouiller les chevilles en remontant vers ses mollets le plus délicatement du monde, juste de quoi la faire hurler en pensant à un mini crabe tentant vainement de grimper sur ses jambes. Il ressortit la tête d'un coup de l'eau pour, d'une reprendre sa respiration, et de deux voir sa réaction sur son visage. Il avait cette expression... de gosse ! Un gamin ! Il s'amusait, tout comme elle, il était comme retombé en enfance et l'eau, bizarrement était son élément favoris, comme beaucoup de monde, j'imagine. Et lui, il était comme retombé en enfance. Elbereth sur la même longueur d'onde, il n'avait pas envie de jouer les adultes ni les raisonnables pour le moment.
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Fermant les yeux au moments où l'apprenti lui renvoyait de l'eau, la jeune femme plongea dans l'eau et ressortit... pour se reprendre une nouvelle gerbe par un Eoghan moqueur. Alors elle replongea une seconde. Et en remontant, elle se retrouva seule à la surface du lac. Mais où était-il donc passé ? Tournant la tête de tous côtés, elle ne voyait pas de bulles d'air qui auraient pu le trahir.
Soudain, quelque chose lui frôla la jambe. Elle poussa un petit cri en les remuant. Mais ce quelque chose était bien là, tenace... quand une tête de gamin sortit de l'eau. Elle avait l'air surprise-boudeur-amusée-taquin... Tout ça à la fois. Faisant semblant d'être vexée, elle grommela :
-Ah ben ça c'est malin... grmblgrmbl...
C'est alors que, sans crier gare, elle se jeta sur lui pour le faire couler dans un grand éclat de rire :
-Aha, rira bien qui rira le dernier !
Leurs jeux durèrent encore un long moment, aucun d'eux ne voulait arrêter et laisser l'enfant qui était reparu en eux. Cependant l'après-midi s'était bel et bien terminé, et la soirée s'entamait doucement. Levant les yeux un moment donné, Elbereth leva la main en signe de drapeau blanc et désigna un endroit face à eux. Elle chuchota :
-Regarde.
Sur l'autre rive du lac, une biche s'était approchée pour se désaltérer. Derrière l'animal s'étendait ce brin de forêt vert sombre. Enfin, l'éclat du soleil couchant baignait le paysage dans une douce lumière dorée, se reflétant dans l'étendue d'eau, à présent aussi lisse qu'un miroir. La jeune femme frissonna. Craignant de briser la magie du moment, elle continua à murmurer :
-C'est magnifique... Tu as déjà vu un coucher de soleil de ce point de vue là toi ?
Oui, c'était original ! Ça devait bien être la première fois qu'elle voyait la nuit tomber alors qu'elle se baignait ainsi !
-
Elbereth avait été la première à mettre un bémol sur leurs jeux enfantins. Les meilleurs moments étaient les plus courts, après tout, non ? Il suivit son geste du regard, s'aidant d'un bras pour rester à la surface et eut un sourire. Des couchers de soleil, il en avait vu plein mais jamais en compagnie de quelqu'un ! Pour lui c'était là la différence. Il se rendit alors compte de l'heure qu'il devait être et en voyant les chevaux légèrement éloignés d'eux, il se dit qu'il serait bien temps d'amorcer leur retour au Collegium. Pourtant, en reportant son regard sur Elbereth, il n'en avait pas très envie. Regardant la biche, la forêt et tout le reste qui les entourait, il se pencha légèrement vers Elbereth pour parler plus bas vers son oreille.
_ Tu sais ce qu'on dit ? Qu'un jour, le soleil est né puis la Lune, plus petite car elle n'a pas fini de grandir. Elle est tombée amoureuse des rayons réchauffants du soleil, il embrasait son coeur, lui donnait de la vie. Quant à lui, le soleil, il ne pouvait se passait de son rayonnement apaisant, du calme qu'elle lui procurait et ensemble, ils ont parcouru les univers, donné vie à des planètes mais ils en ont aussi tué certaines. La Terre, jalouse d'avoir été abandonnée par ses deux plus vieux amis attendit impatiemment leur retour car elle ne pouvait pas bouger, elle était livrée à elle même, coincée entre deux autres planètes qui ne savait ni dire bonjour ni au revoir. Alors quand le couple est enfin revenu, elle a décidé de leur faire subit le seul pouvoir qu'elle possédait et elle les a séparés, l'un d'un côté, lui donnant juste la chaleur nécessaire à sa survie, et l'autre de l'autre côté pour illuminer son ciel sombre en l'absence du soleil. Cependant, elle leur accorda, une fois de temps en temps, de se croiser, de se chevaucher et ainsi tous les trois pouvaient vivre en harmonie, surtout la Terre...
Il eut un léger sourire et montra le soleil.
_ Et ça... C'est l'un des moments où la lune perçoit le soleil et qu'ils se saluent pendant quelques minutes seulement avant de se retrouver au petit matin. On dit que leurs couleurs combinées n'est que le symbole de l'amour qu'ils se portent car ils ne savent pas parler, ils communiquent par la lumière...
-
Captant le regard de son ami, Elbereth le lui rendit et sourit. Elle non plus n'avait pas tellement envie de rentrer, même si elle commençait à avoir un peu froid dans l'eau. Ce moment de quiétude et de légèreté innocente était tellement agréable, qu'elle ne voulait pas qu'il s'arrête... Tendant l'oreille, elle écouta l'histoire d'Eoghan avec de grands yeux émerveillés, le regard perdu sur le paysage. A la fin elle hocha la tête et réfléchit :
-C'est une belle histoire...
Un sourire étira ses lèvres.
-Mais c'est mon tour. C'est une vieille légende d'un peuple que j'ai rencontré au cours de mes voyages... Autrefois, il n'y avait ni soleil, ni lune. Simplement les étoiles, grandes et lumineuses. Elles éclairaient la terre. Les gens vivaient heureux, dans le partage et l'entraide. Longtemps ce fut ainsi. Cependant, un jour, la cupidité fit son apparition, l'individualisme aussi. Alors, les étoiles, attristées, commencèrent à s'éteindre et la terre plongea peu à peu dans le noir. Les Hommes étaient effrayés... Et bientôt, le chaos et s'installa. La faim et la misère se mirent à régner partout.
Les gens demandèrent alors conseil à une vieille femme pleine de sagesse : « Que pouvons-nous faire pour qu’il fasse de nouveau clair et que nous ayons de quoi manger? » La femme répondit : « Il faut trouver quelqu’un dont le cœur soit tellement rempli d’amour qu’il acceptera de donner sa vie pour les autres. Lorsque vous aurez trouvé cette personne, envoyez-la chez moi.
Au début les gens furent désespérés, car ils ne savaient ce qu'était l'amour. Seulement, dans une cabane isolée près de la mer vivaient un pêcheur et sa femme. Ils s'aimaient d'un amour sans faille. Informé de la grande misère du monde et de la détresse des hommes, le pêcheur dit à sa femme : « Nous devons les aider. Nous sommes peut-être les seuls à pouvoir le faire parce que nous nous aimons ». Il alla donc trouver la vieille femme et lui dit : « Je suis prêt à faire tout ce que tu me diras. » Elle lui tendit un énorme bouclier et lui dit : « Tu dois aller jusqu’au bout du monde et de là, sauter sur l’étoile la plus proche, puis sur la suivante et ainsi de suite jusqu’à la dernière. Sur chaque étoile tu devras ramasser la première pierre que tu verras et la fixer à ton bouclier. Quand celui-ci sera complètement recouvert de pierres, tu devras le lever. Il donnera alors de la lumière aux habitants de cette terre. »
Le pêcheur s’en alla alors jusqu’au bout du monde. Mais arrivé là, il perdit courage car l’étoile la plus proche lui semblait tellement éloignée qu’il lui paraissait impossible de l’atteindre. Il pensa à sa femme qu’il aimait et soudainement il se sentit emporté.Il vola alors d’une étoile à l’autre, fixant à chaque fois une pierre à son bouclier. Lorsque celui-ci fut entièrement recouvert de pierres, il le leva et aussitôt le bouclier se mit à briller. C’est ainsi que le soleil apparut dans le ciel. Il ne se lassait pas d'éclairer à nouveau les hommes, et de faire leur bonheur.
Un jour cependant, alors qu’il se trouvait juste au-dessus de sa maison, il vit que sa femme était triste. Alors il prit son cœur et le lui lança. Celui-ci resta suspendu dans le ciel et se mit aussitôt à briller. Il devint la lune. La femme vit le nouvel astre et comprit le signe. Elle pleura de joie et pleura tant et tant que ses larmes devinrent un fleuve qui se dirigea vers la mer. Alors le pêcheur baissa son bouclier un instant afin que la lune reste seule dans le ciel obscur et puisse se refléter dans l’eau. Là, les deux époux étaient à nouveau réunis.
La jeune femme s'interrompit, et regarda à nouveau Eoghan en souriant :
-C’est depuis ce temps-là que le jour et la nuit existent et chaque fois que la lune se reflète dans la mer et que le fleuve capte ce reflet, le pêcheur et sa femme sont de nouveau réunis pour un court un instant...
Elle laissa planer le silence en regardant le soleil disparaître tout à fait et reprit :
-La lune va bientôt se refléter dans le lac. Nous devrions sortir pour ne pas troubler son onde, tu ne crois pas ?
L'apprentie lui fit un clin d'oeil taquin :
-Et puis j'ai un peu frais à vrai dire !
La biche avait disparu, et les chevaux broutaient paisiblement. Sortant tranquillement de l'eau, elle proposa :
-Je n'ai pas envie de rentrer tout de suite... Que dirais-tu de faire un feu ?
-
Eoghan était resté là à l'écouter, un léger sourire dessiné sur ses lèvres. Il s'était retenu tout ce temps jusqu'à ce qu'elle sorte de l'eau. Elle pensait vraiment ce qu'elle disait ? Souriant toujours, il sortit en la suivant, se passant les mains dans les cheveux pour les lisser en arrière. Une fois sur la terre ferme, il se frotta le nez avant de la regarder et de secouer la tête. Il allait répondre en se retournant vers les chevaux pour les rejoindre, mais finalement il lui refit face.
_ Attends, tu penses vraiment ce que t'as dit ? Parce que moi, j'ai tout inventé ! Conteur, tu te souviens ? Alors si tu as inventé, tout ça, comme ça, d'une traite, là ?
Il commença à frapper dans ses mains en commençant à rire.
_ Je connais pas ton inspiration mais je la veux !
Et oui, il ne pouvait plus se retenir et se mit à rire, d'abord doucement avant de la montrer du doigt.
_ Tu aurais vu ta tête ! Très concentrée, très... Tu as un aspect romantique que je t'ignorais ! Elbereth, tu m'aurais caché des choses ! D'où tu sors cette histoire ?!
-
La jeune femme n'avait pas fait attention à la tête de son ami jusqu'à ce qu'ils sortent de l'eau et qu'il lui fit face, un air mi-moqueur mi-amusé sur le visage. Commençant par lui tirer la langue, elle haussa les épaules et leva les yeux au ciel...
-Oui je me rappelle que tu inventes des contes, et je me doutais bien que c'était une histoire à toi. Et non, je n'ai pas inventé tout ça. Je t'ai dit, c'est l'un des peuples que j'ai pu rencontrer lors de mon voyage, qui m'a appris cette légende. Ils ont pour habitude de se la transmettre de génération en génération et de la conter aux petits chaque soir. Ils attachaient une grande importance aux astres. Et comme je suis restée quelques temps parmi eux, j'ai fini par la connaître par cœur. Maintenant, quant à savoir si j'y crois...
Elbereth fixa le lac d'un air pensif, ses yeux posés sur le reflet de la lune...
-Honnêtement non. D'ailleurs je n'ai aucune croyance particulière pour aucun dieu. Sûrement qu'ils existent, mais je ne sais comment tout cela est régi là-haut, c'est souvent un peu étrange. Enfin, c'est seulement que je trouve l'histoire jolie et toujours avec un petit fond de vérité et de valeurs.
Son regard se tourna à nouveau vers Eoghan qui riait toujours, alors l'apprentie lui fit une grimace et continua :
-Hé ! Toi aussi tu étais à fond dans ton histoire ! C'est mieux lorsque l'on raconte non ? Et puis bon, même si je ne suis pas une adepte de grand romantisme, je reste tout de même une femme. Enfin, je crois...
Sur ce, elle lui tira une nouvelle fois la langue et posa ses poings sur ses hanches, un sourire taquin dessiné sur les lèvres :
-Bon alors, on le fait ce feu ? Parce que mes vêtements commencent à me donner froid...
-
Eoghan avait parfois une répartie... très masculine et cette fois, il ne la vit pas venir, sa remarque partant sans qu'il ait le temps de combattre ses vieilles habitudes.
_ Tu ne veux pas que je te réchauffe, aussi ? (désolée, la perche était magnifique)
Il avait dit ça sans même la regarder, s'occupant de retourner vers les chevaux. Il avait lancé ça comme il aurait dit n'importe quoi, sur un ton banal. Si elle voulait son feu, il voulait avant tout rapprocher les chevaux d'eux. Celui de son père était vieux et sentimental. La jument avait coûté cher à Manuchan, alors il en prenait soin. Et quand bien même il avait peu de cheveux, il secoua la tête vivement comme le ferait un chien pour essorer ses poils !
_ Et j'étais pas à fond dans mon histoire, je tentais de t'impressionner !
Il se retourna vers elle en marchant à reculons et ouvrit les bras dans un air parfaitement moqueur.
_ Hey, je suis Eoghan, tu te souviens ? Je passe ma vie à chercher à impressionner les gens ! Surtout les jolies filles.
Ce à quoi il fit un immense sourire en la désignant d'un index. Rapprochant les chevaux, il revint vers elle et regarda autour d'eux, la peau frissonnante au couché du jour à cause de l'eau froide sur ses vêtements.
_ Personnellement, je serais plus pour rentrer au plus vite nous réchauffer au Collegium. J'ai froid aussi, mais, je sais pas... Le temps qu'on se sèche devant un feu, il fera nuit et on aura froid quand même le temps de rentrer.
Il la regarda à nouveau pour avoir son avis.
-
Ouvrant de grands yeux ronds, Elbereth s'immobilisa quelques secondes, légèrement surprise par la répartie tellement gracieuse de son ami... Avant d'éclater de rire. Et de lui tirer franchement la langue :
-Nan ça ira, merci, je crois que sur ce coup là je me débrouillerai toute seule comme une grande !
Elle le regarda ramener les chevaux auprès d'eux, et secoua la tête un faux air dépité. Bon apparemment il ne voulait pas de feu. Sa réponse lui fit ouvrir la bouche comme un poisson, avant de se remettre à rire.
-Tenter de m'impressionner... mais bien sûr, et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d'alu ! T'en as d'autres des comme ça ?
Ah oui. Il en avait d'autres. A vrai dire, elle l'avait peu vu rentre-dedans ainsi, mais cela l'amusait en fait. Levant les yeux au ciel, la jeune femme prit un air blasé et un sourire en coin elle répondit :
-C'est vrai que je l'avais oublié cet Eoghan là, je ne le vois pas souvent !
Elle lui fit un clin d'oeil avant de marmonner
-Des jolies filles, des jolies filles, j't'en ficherai moi des jolies filles !...
Puis redevenant un peu plus sérieuse, elle écouta les arguments de l'apprenti avant de hausser les épaules et hocher la tête :
-Oui d'accord. On se mettra devant un feu dans le Collegium alors !
Se saisissant des rênes de la jument, Elbereth observa la selle. Bon alors, il était temps de remettre en pratique ce qu'elle avait appris aujourd'hui quand même ! Pied - étrier. Se hisser. S'assoir. Autre pied - étrier. Et voilà ! Toute fière, la jeune femme regarda son ami :
-Je suis prête, on peut rentrer !
-
_ Ouais mais arrête, t'es pas une fille, toi. T'es une hybride !
Mais il était vrai qu'il était rarement comme ça avec elle. Pourquoi ? Aucune idée, il l'ignorait, il était juste... Différent. Sûrement parce que son côté taquin et moqueur était facilement dû à de la méchanceté gratuite ou simplement du refus de communiquer. Il n'était pas exclus que ce côté là de Eoghan soit une façon de rester éloigné des autres. Mais là pour le coup, il n'avait pu résister. Cependant, si on y réfléchissait bien, c'était peut-être tout de même une tactique pour la garder éloigné de lui sans qu'il s'en rend compte. Eoghan avait une tendance très certaine à virer schizophrène quand il s'agissait de se rapprocher des gens.
Tenant les rennes de sa jument, il regarda Elbereth grimper avec un léger sourire. Il était vrai qu'il commençait à faire froid, il le sentait sur ses épaules.
_ On va rentrer tranquillement et on se changera avant de se mettre devant le feu sinon on va choper la mort. Au pire, enlève le maximum que tu peux, il vaut mieux avoir froid en étant au sec qu'avoir froid en étant trempé...
Il tapota le flanc du cheval avant de grimper sur sa jument pour reprendre le chemin en frissonnant. Le vent généré par la marche des animaux rendait leurs vêtements d'autant plus frais. Cependant, s'il y avait bien une chose qu'il ne voulait pas, c'était qu'Elbereth pense qu'il pouvait lui répondre méchamment ou s'en prendre à elle, ce qui n'était pas le cas. Soit, il entreprit une gentillesse pour contraster avec ce qu'il avait dit plus tôt.
_ Et tu es très jolie.
-
Ouvrant la bouche d'un air faussement choqué, Elbereth porta une main à son cœur, comme blessée :
-Que ? Quoi ? Hybride ?? Et bien, de mieux en mieux dis-moi !
Et la jeune femme lui tira à nouveau la langue -décidément ça devenait une habitude- avant de se mettre à rire, montrant ainsi qu'elle n'était absolument pas vexée. Apparemment Eoghan devait vraiment la considérer comme une amie pour se laisser aller ainsi avec elle. L'ayant déjà vu en groupe, elle savait qu'il n'aurait pas été aussi "loin" dans son cynisme. Et puis avec elle c'était de la moquerie gentille. Elle ne savait pas pourquoi cela se passait si bien entre eux, c'était comme naturel, leur relation. Chassant tout ça en secouant la tête, elle revint au jeune homme, captant le sourire qu'il lui fit lorsqu'elle monta toute seule sur l'équidé. Elle fit signe que oui il commençait à faire froid.
-On fera un tour par les chambre avant le feu oui.
Mais de toute façon, vu la chaleur qu'il avait fait l'après-midi, elle n'était pas habillée très chaudement et pouvait difficilement enlever des couches de vêtements là. Se remettant en route au petit galop, elle se mit à frissonner aussi, au contact de l'air frais sur ses habits mouillés. Et là Eoghan sortit un truc auquel elle ne s'attendait pas, mais alors pas du tout. Très jolie. Ah. Là le truc, c'est qu'elle avait les joues toutes rouges. Les compliments, elle n'avait pas trop l'habitude, alors là comme ça, surtout venant de son ami. Elbereth ne sut trop que répondre à part :
-Merci...
Avec un regard timide. Eh bien, ça tenait du grand spectacle ! Elle avait failli dire "toi aussi", mais on serait tombé carrément dans le ridicule... Du coup, reprenant contenance, l'apprentie lui glissa un sourire en haussant les épaules. Heureusement, ils arrivèrent vite aux écuries du Palais. La jeune femme descendit de cheval, elle tremblait presque de froid. Regardant Eoghan, elle sourit :
-Vivement les vêtements secs et le bon feu !!
-
Il ne s'était pas attendu à une seule réponse en fait. Lui-meme frissonnant, il avait mis un pied à terre et fait passer les rennes par dessus les oreilles de sa jument en tendant une main à Elbereth pour l'aider à le rejoindre. Il prit les rennes du cheval d'Elbereth à son tour et lui désigna le Collegium d'un mouvement du menton.
_ Rentre, je te rejoins. Je vais ramener les chevaux, rentre te mettre au chaud, tu es toute pâle et tu trembles, je voudrais pas que tu attrapes la mort à cause de moi.
S'il avait froid, il se contentait de frissonner mais il aurait moyennement supporté la nuit dans des conditions pareilles. D'un sourire à Elbereth, il n'attendit même pas sa réponse et tira les chevaux avec lui pour les ramener aux écuries. S'en occuper avant de rentrer le réchaufferait. Il jeta un regard à Elbereth par dessus son épaule et lui sourit à nouveau.
Ce genre d'après-midi avec Elbereth devrait se faire plus fréquente. Il appréciait vraiment de passer du temps avec elle. Il ne voyait rien d'ambiguë, il se sentait juste bien, normal en toute simplicité. Et surtout... Il ressentait très peu son don avec elle, ce qui l'apaisait et le gardait au calme sans qu'il ne sache réellement pourquoi.
-
Se saisissant de la main tendue de son ami, Elbereth fit durer très légèrement le contact établi, mais lui donna rapidement les rennes, et hocha la tête.
-Hé je suis pas si frigorifiée que ça ! Bon peut-être un peu, je vais quand même aller me changer, et allumer un feu. Ne tarde pas trop hein ? Je voudrai pas non plus que tu tombes malade ! Qui est-ce que je pourrai embêter moi après ?
Elle lui rendit son sourire et l'observa un moment alors qu'il repartait vers les bâtiments afin de s'occuper des animaux. Alors qu'elle allait faire volte-face pour rentrer, le jeune homme se retourna encore et lui sourit à nouveau. L'apprentie lui fit un signe de la main et lui lança un clin d'oeil dans un nouveau sourire.
Malgré le froid présent de par ses vêtements encore humides, la jeune femme partit d'un pas léger vers le palais. C'était vraiment excellents ces moments où ils n'avaient pas besoin d'être quelqu'un d'autre, ou le naturel et la simplicité prônaient. Repensant aux bons souvenirs de la journées, Elbereth marcha rapidement jusqu'à sa chambre, et y retrouva une Dellaria endormie. Elle s'arrêta un instant, et la regarda avec tendresse et amour. Ne voulant pas interrompre son sommeil, elle se changea discrètement, étendant son linge mouillé, et savourant la chaleur de ses habits propres et secs ! Puis, elle quitta la chambre et se dirigea vers la salle commune. Elle raviva le feu, ouvrit une bouteille de vin et servit deux verres. Enfin, elle se posa confortablement sur le canapé, ramena ses genoux vers elle, et le menton posé dessus, l'apprentie se perdit dans la danse des flammes...
-
Quand Eoghan revint enfin après un petit temps passé avec les montures, il se frottait les bras même si ses vêtements étaient presque secs, maintenant. En poussant la porte de la salle commune d'où une chaleur diffuse atteignit son visage, les frissons lui parcourant l'échine et en voyant Elbereth, il eut un sourire. Il referma doucement la porte derrière lui et d'un autre sourire, il disparut dans sa chambre pour se changer. Quelques minutes plus tard, il en ressortit dans des vêtements secs et chauds en frissonnant encore légèrement. En se posant devant le feu, il se vautra dans un soupir satisfait et profita de la chaleur irradiant son visage et une partie de son corps avant de se redresser pour regarder son amie semblant pensive.
_ Au moins, tu dormiras bien cette nuit.
Assurément qu'ils devraient faire ça plus souvent, cependant, ils s'épuisaient à une vitesse grandiose et les journées étaient loin d'être courtes. Mais ils prenaient l'air, ils décompressaient et ils apprenaient à créer cette complicité qui commençaient à les lier depuis un petit moment, maintenant. Assis, les genoux recroquevillés contre lui et entourés de ses bras, il l'observa quelques secondes avant de voir les verres.
_ Oh c'est pour moi ?! Merci.
Surpris, il haussa les sourcils avant de se pencher pour attraper un verre en espérant que le nectar lui réchaufferait l'intérieur qu'il avait glacé.
_ Tu t'es réchauffée un peu ?
-
A son premier passage, Elbereth était partie si loin dans ses pensées qu'elle ne perçut même pas le jeune homme qui rentrait. Elle se repassait l'après-midi, un sourire flottant sur les lèvres alors qu'elle se souvenait de tous les bons moments et les rires qu'ils avaient partagés. Voilà ce qu'elle appelait une bonne journée ! Soudain, elle entendit un soupir et tourna la tête pour voir son ami arrivé, changé et l'air bien. Le regardant se vautrer avec un nouveau sourire, la jeune femme hocha la tête à sa réflexion :
-Oui, ça j'en suis sûre, et toi de même je pense ! Je ne t'ai même pas entendu passer quand tu es allé dans ta chambre... !
L'apprentie entreprit de s'assoir en tailleur lorsqu'elle capta le regard d'Eoghan, et le croisa. Elle resta quelques secondes accrochées à ses yeux, puis sourit alors que ses joues rosissait. Heureusement l'homme vit rapidement les verres et en prit un, ce qui chassa vite la gêne qui avait commencé à pointer le bout de son nez. Prenant le sien, elle dégusta une gorgée en regardant à nouveau le feu, se demandant qu'elle était cette sensation étrange qui l'avait parcouru un instant auparavant, et finalement tourna le visage vers son ami :
-De rien ! Oui c'est mieux avec des vêtements secs, un bon feu et un verre de vin ! Et toi, ça commence à être mieux ? Quelle journée dis- moi !
-
Frissonnant encore légèrement, il bu une ou deux gorgées, appréciant grandement la chaleur se diffuser dans son corps puis il lui sourit à nouveau.
_ Ca va mieux, oui. On sous-estime la fraîcheur après une journée d'activité. Ma mère allumait le feu parfois même en été car avec mon frère et mon père, on avait travaillé toute la journée alors le soir quand il n'y avait plus de soleil, on grelottait. Et l'hivers, un bon verre de vin chaud, les flammes de l'âtre qui nous léchait, on était tout juste heureux comme des hérauts.
A ces pensées, Eoghan porta ses yeux sur les flammes et eut un léger sourire. Sa famille lui manquait souvent, en ce moment. Il pensait à sa petite soeur, ainsi qu'à son père qui l'avait mené ici parce qu'il était différent des autres, pensant que son pouvoir se manifesterait face à d'autres gens différents comme lui. Il ignorait si son père l'avait amené ici pour s'en débarrasser ou pour lui rendre service. Il n'avait encore réussi à trouver la réponse à cette question alors que les lettres se faisaient plus rares qu'il ne pensait. Reportant son regard sur Elbereth, il lui sourit. Il savait qu'elle aussi n'était pas d'ici et qu'elle devait également ressentir des nostalgies. Bizarrement... Il savait très peu de choses sur elle, sa famille et compagnie et se rendit compte que... Elle ne devait rien savoir de lui non plus.
-
Un sourire s'afficha sur les lèvres de la jeune femme à l'évocation des souvenirs de son ami. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas vu sa famille elle-même... Mais étrangement, même si elle les aimait, maintenant cette ville, ce Collégium, c'était chez elle. Elle répondit à Eoghan :
-Oui j'imagine comme cela devait être agréable ! Comme aujourd'hui ! Mais c'est vrai que l'hiver, après un moment dehors sous la neige, devant les flammes ainsi, avec du vin, ou même un chocolat, quel bonheur ! J'adore cette saison. Chez mes parents, les habitations sont troglodytes. J'étais dans un petit village, en altitude. Du coup, le froid, je connais, et les feus de cheminée aussi ! Mais ma mère nous donnait plutôt de lait de chèvre, les bêtes élevées chez nous. Mais cela fait bien trois ans que je suis partie à présent...
Elle se rendit compte que le jeune homme était partie dans ses pensées, et elle laissa un silence, reportant son regard sur les flammes. Quelque fois ses montagnes lui manquaient, mais c'était souvent que chez eux, les appelés à la Magie quittaient le village, à part celui ou celle qui devait succéder au maître. Peut-être un jour, lorsqu'elle aurait terminée, elle retournerait les voir. Sûrement même. Captant le sourire de l'apprenti, elle le lui rendit, et lui dit doucement :
-Raconte-moi chez toi, quand t'étais petit, j'ai envie de savoir comment tu faisais le polisson...
Sur un clin d'oeil, elle s'allongea sur le ventre, face à lui,le menton posé sur ses mains croisées.
-
Dans ses pensées mais surtout celles d'Elbereth. Il l'avait écoutée et s'était imaginé le tout d'une certaine manière. Sa mère, un chocolat chaud... Alors quand elle s'installa et qu'elle porta son visage entre ses mains, il ne pu que rire en se laissant aller sur le dos, reposé sur ses coudes avec les pieds dirigés vers le feu, là où la chaleur irradierait ses extrémités.
_ Pourquoi tu crois tout de suite que j'étais polisson ? Je suis un garçon, c'est dans mes traditions d'être polisson, ça ne devrait même pas choquer qui que ce soit !
Il pouffa de rire en la regardant et secoua la tête avant de répondre en la désignant d'un index.
_ Je te le dis mais tu promets de raconter ensuite toi, comment tu étais polissonne, petite !
S'humectant les lèvres, il gigota légèrement pour s'installer, n'étant pas sûr d'avoir très envie de lui parler de lui. Il pourrait la faire fuir !
_ Et bien petit, je n'aimais pas beaucoup obéir. Du moins, pas quand ça allait contre mes intérêts. Je me disputais souvent avec mon frère aîné parce qu'il était assez mou et décidait toujours que notre père était ce qu'il y avait de plus sage et de respectable ! Aussi, il était un peu le favoris. Depuis tout petit, il voulait continuer le travail de notre père, tout apprendre sur les cultures du monde entier. Moi...
Il haussa les épaules en rougissant légèrement.
_ Je préférais passer du temps dans les bottes de foin avec les filles du village.
Se tournant vers elle, il fronça les sourcils en acquiesçant.
_ Elles étaient beaucoup plus passionnantes. Mais à la naissance de ma petite soeur, je me suis calmé, je n'avais plus trop le temps pour mes bêtises, il fallait que je m'occupe d'elle et pour tout dire, je n'avais envie que de ça. Je voulais que ce soit la plus belle et la plus douce de toutes les femmes ! Et il fallait que je lui apprenne aussi à ne jamais se faire avoir par qui que ce soit, encore moins les hommes ! Ma mère devenait folle avec moi. J'apprenais à ma petite soeur comment se battre quand elle avait le dos tourné. Ce qui nous valu, à mon frère et moi, encore plus de disputes ! Je devais avoir honte, selon lui.
Il rit à nouveau en reportant ses yeux dans les flammes.
_ Elle adorait ça. Tu aurais dû la voir refuser les avances de certains, je n'étais jamais loin pour l'observer et qu'est-ce que je riais.
Et sans le savoir, il s'apprêtait à dire quelque chose de blessant. Il regarda Elbereth, la dévisagea quelques secondes avant de lui donner un sourire en coin.
_ En fait, tu me la rappelles beaucoup. Même physiquement. Vous avez les mêmes yeux, le même petit caractère. C'est sûrement pour ça que tu es la seule fille que j'apprécie !
Et il lui donna un léger coup de poing amical dans l'épaule.
_ Tu es un faux mec, toi.
-
La jeune femme rit à sa fausse indignation, profitant en même temps de la chaleur des flammes qui irradiait son corps.
-Ah mais je n'ai jamais dit que j'étais choquée ! Et puis tu ne pouvais être que polisson petit, vu comment tu l'es maintenant...
S'ensuivit un clin d'oeil plutôt malicieux. Mettant les mains devant son visage, elle inclina la tête vers le bas en signe de reddition :
-Oui oui oui, promis, après je te raconte mes "polissoneries" de petite fille. Allez, je t'écoute.
S'installant confortablement, Elbereth regarda son ami s'agiter quelque peu avant de lui-même avant de se trouver une position. Elle l'écouta le sourire aux lèvres et hocha la tête, montrant qu'elle suivait bien son histoire. Elle rit :
-Je t'imagine bien avoir du mal à rester sage et obéissant ! Et alors, finalement, ton frère a pris la suite de ton père ?
Elle se remit à rire :
-Alors ainsi monsieur était un coureur de jupon... Je ne l'avais pas remarqué avec moi...
Elle lui tira la langue. Et continua d'écouter, attendrie, l'histoire de son ami. Elle aurait bien aimé le voir à l’œuvre avec sa sœur, elle devait lui manquer, vu comment il en parlait.
-Non moi je pense que tu as eu raison de t'en occuper ainsi, il vaut mieux qu'elle soit bien armée pour être indépendante ! Moi j'ai appris seule ce genre de choses au début, puis après auprès des gens que j'ai rencontré au cours de mes voyages, mais avoir quelqu'un de constant qui t'apprenne à être un peu plus qu'une femme... ça doit être génial. Tu ne l'as pas revue depuis ton départ ?
Oh ainsi, elle ressemblait à sa sœur. Est-ce que cela voulait dire qu'il la considérait ainsi... ? Comme ... une sœur ? Elle ne savait trop que penser de cela... Ouvrant d'abord des yeux ronds, elle posa sa main sur l'endroit où l'apprenti l'avait "frappée", un instant sans savoir quoi dire, puis elle éclata de rire :
-Un faux mec ! Eh bien, j'en ai entendu des vertes et des pas mûres, mais celle-là, c'est la première fois ! Enfin, quand on y réfléchit, c'est pas faux... En même temps, lorsque tu es une femme qui voyage seule, il faut bien savoir vivre et te défendre, parce que quelqu'un ne sera pas toujours là pour toi. Et puis en rencontrant des gens, en découvrant des modes de vie, tu t'enrichis et tu remets en cause souvent tes façon de faire et de voir les choses, ça te permet d'évoluer...
Réfléchissant un instant, elle se revit petite :
-Quand j'étais gamine, mes parents passaient leur temps à me courir après en fait. J'adorais me balader, aller découvrir des endroits, observer les animaux... Et puis quand la Magie s'est réveillée au début, c'était plutôt cocasse. Avant que le maître m'apprenne contrôler, j'ai provoqué quelques accidents... surtout vers les personnes qui m'embêtaient un peu trop... Disons que j'avais déjà mon caractère. Mais bon je me suis assagis avec le temps, même si je suis toujours restée bavarde et curieuse et que j'ai la bougeotte...
Elle sourit, tournant la tête alors vers Eoghan.
-
_ Mon frère est toujours avec mon père. Ils travaillent tous les deux et tout doit être bien plus paisible maintenant que je ne suis plus là.
Il pouffa de rire en la regardant avant de reprendre.
_ Tu m'étonnes. J'avais pour habitude de venir me planquer dans l'étable quand j'étais en colère. Il n'était pas rare que je mette le feu à un meule de foin. Mon père était furieux mais bizarrement, il ne s'en prenait jamais à moi ! Je crois qu'il savait déjà ce que j'étais. J'aurais juste apprécié qu'il m'en parle avant de m'amener ici comme s'il m'y abandonnait.
Il leva une main.
_ Tu te souviens ce qui s'était passé à notre premier entraînement ! Ce genre d'accident, j'en avais tout le temps. Je m'énervais un peu facilement, je dois dire, cela dit j'avais de bonnes raisons !
Il rit à nouveau avant de se frotter le nez.
_ Je te jure, j'avais raison. Toutes ces personnes moqueuses et ingrates, ça me poussait au vice. Cela dit, comme chaque fois que je m'énervais - ou que je ressentais une émotion très forte - je remarquais qu'il m'arrivait des choses étranges, j'ai appris à me calmer et maintenant...
Il ouvrit les bras d'un air charmeur.
_ Tada...
Il prit un coussin pour l'envoyer sur Elbereth en riant puis il se laissa tomber sur le dos pour la regarder d'en bas.
_ Et non, avec toi je suis un vrai gentleman. Tu devrais me remercier pour ça. Je t'ouvre les portes, je te monte à dos de cheval, je te laisse prendre les premières gorgées de vin ! Un vrai Héraut des Femmes, oui !
Il lui offrit une magnifique rangée de dents dans un sourire espiègle.
-
Haussant les épaules, Elbereth secoua la tête :
-Je ne suis pas d'accord, moi je pense qu'il leur manque un peu de piquant et de joie de vivre maintenant que tu n'es plus là...
Elle lui fit un clin d'oeil malicieux, avant d'écouter à nouveau les péripéties de la découverte de la magie d'Eoghan. En effet, ça n'avait pas du être simple pour lui.
-En fait, tu n'as pas "grandi" avec. C'est pour ça que tu n'as pas pu te familiariser avec ton pouvoir. Mais ne t'inquiètes pas, ça viendra... Dis donc, ça devait te faire un drôle d'effet les mottes de foin qui prenait le feu... non ?
Elle rit carrément à la suite :
-Maintenant tadaaa... Hum, voyez-vous cela... Oui, un brin charmeur, quelques gouttes d'espièglerie, une grande dose d'humour et de taquineries... Et ça c'est ma recette ! Mais je ne t'ai pas tellement vu t'énerver encore... Remarque, moi je préfère l'Eoghan que j'ai devant moi !
Recevant le coussin en pleine figure, elle le renvoya directement à l'expéditeur... en lui tirant la langue.
-Je remercie sa Majesté de sa bonté envers mon humble personne ! Je ne mérite pas toute cette attention, et vous me voyez flattée d'être ainsi dans votre estime, Sire Hérauts des Femmes.
Un nouveau rire ponctua cette dernière phrase, alors qu'elle singeait une révérence. Et prenait une nouvelle gorgée de vin.