Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets libres => Discussion démarrée par: Fiersaule le 29 août 2011, 12:03:35
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Fiersaule se digirgeait d'un bon pas vers la bibliothèque. C'était un beau brun, à la peau hâlé, de taille moyenne. Il était vêtu d'une tunique verte, aux manches retroussées, composée de multiples couches toutes d'une teinte différente, et d'un pantalon noir bouffant, resserré aux chevilles. Il portait de nombreuses marques sur ses avant-bras découverts, cicatrices laissées par des patients délirants ou souvent pourvus de griffes impressionnantes.
Il marchait vite, courant presque. Il avait un but, et rien de l'en détournerait!
* Il nous faut autre chose que des griffons pour nous entraîner! Les élèves ne peuvent pas se contenter d'une seule race à étudier! *
En effet, Fiersaule était le professeur en charge des soins aux êtres pensant non-humains. Malheureusement, les seuls "cobayes" qu'il avait trouvé étaient des griffons. Et ses élèves ne pouvaient sortir de son cours avec des connaissances aussi imparfaites.
Aussi, avait-il résolu d'aller demander l'aide du bibliothécaire Barrn. Après tout, quel être sain d'esprit refuserait de se faire cajoler par de multiples mains douces et jeunes. Enfin, à sa place, Fiersaule sauterait sur l'occasion. Évidemment, les étudiantes étaient encore un peu jeunes pour intéresser le beau K'Leshya, mais certaines promettaient de devenir de vraies beautés.
Et puis, depuis qu'il enseignait ici, il n'avait jamais eu l'occasion de discuter avec l'unique kyree de la ville. D'ailleurs, la compagnie des non-humains lui manquait. Ici, à part les compagnons, il n'y avait guère d'autres êtres pensants que les humains. Et Fiersaule préférait la conversation des non-humains.
Le Trondi'irn était tellement pressé qu'il regarda à peine les jolies Hérauts aux jambes galbées, les belles nobles à la peau pâle, et les mignonnes servantes à l'air mutin. Oui, il avait un but! Pas question de se laisser distraire. Surtout qu'il avait appris qu'une autre K'Leshya allait arriver sous peu à Haven... il espérait de tout cœur qu'elle était jolie.
Décidément, il peinait à garder l'esprit fixé sur son but. C'était son principal défaut.
Enfin, il arrivait non loin de la bibliothèque, et comble de chance, le kyree était dans le couloir, devant son lieu de travail. Fiersaule le héla. Il s'approcha, ouvrant large les bras, comme s'il retrouvait un vieil ami.
- Je vous salue, maître Barrn! Comment allez-vous en ce si beau jour? Pas trop de travail? Les Gris ne vous font pas trop de crasses?
Il lui adressa un éclatant sourire, ses dents blanches contrastant avec sa beau hâlée. Il passa la main dans ses cheveux longs, et ses yeux se firent pétillant.
- Je suis si heureux d'enfin vous rencontrer! Ça fait si longtemps que je veux prendre le temps de venir vous saluer! Je me présente, Fiersaule, Trondi'irn et professeur au Collegium des Guérisseurs!
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[justify:14mh9bi0]Barrn venait tout juste de se faire "jeter" hors de la bibliothèque par son prédécesseur qu'ils aient devisé quelques instant ensemble. Le kyree avait rassemblé son courage pour sortir un peu de son isolement. Vlad lui avait dit de retourner se reposer. Grognon mais reconnaissant que l'humain n'avait pas tord, le bibliothécaire laissa le domaine en mains sures et repartait vers ses appartements. Un homme le héla alors, surprit, Barrn se retourna subitement, et se souvint très vite pourquoi on lui avait ordonné de rester tranquille. Il se retint de japper à grand peine.
Un homme à l'allure pour le moins étrange se précipitait vers lui. Sa surprise n'en fut que plus grande encore. L'homme se présenta, un nom typiquement tayledras et la fonction de Trondi'irn, le bibliothécaire ne tarda pas à excuser l'allure singulière de l'étranger et à se remettre de sa surprise.
Ravi de faire votre connaissance, sieur Fiersaule. Certes non les Gris ne m'atteignent guère, ce sont plutôt les Verts, vos collègues et probablement quelques uns de vos élèves qui me malmènent ces temps derniers. il faut dire que j'ai grand besoin de leur attention depuis ce retour malencontreux. Mais passons, je n'ai guère la possibilité, le droit devrais-je dire, de demeurer longtemps hors de mes appartements. Il m'a semblé que vous me vouliez quelque chose ?
Barrn n'était guère à l'aise dans cette position. Il devait lever la tête pour regarder l'humain dans les yeux et n'osait s'asseoir, moins il bougeait mieux il se portait il fallait bien le dire. Même s'il se faisait parfois violence, depuis qu'il s'en sentait la force, pour sortir un peu de ses appartements afin de rester en contact avec le monde extérieur sans devenir fou. Keryne l'y avait déjà aidé à sa manière mais désormais cela ne suffisait plus.[/justify:14mh9bi0]
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Fiersaule repéra tout de suite que le kyree souffrait. Si tant de verts s'occupaient de lui, pourquoi souffrait-il toujours autant? Il s'énerva un peu contre les Guérisseurs qui ne l'avaient pas appelé. Enfin, maintenant qu'il était au courant, il ferait de son mieux pour soulager Barrn.
Voyant que le bibliothécaire peinait à garder la tête levée, le Trondi'irn chercha autour de lui un endroit où s'assoir sans gêner la déambulation des élèves.
Il finit par découvrir un petit coin, dans un renfoncement du mur, et fit signe au Kyree de l'y suivre. Là, il s'assit en tailleur à même le sol.
- Certes oui... mais ça peut attendre. Discutons plutôt un peu...
Fiersaule se sentait un peu coupable de vouloir exploiter un être en si mauvais état. Aussi, avant de lui proposer de servir de modèle pour ses cours, il voulait le masser un peu, lui peigner le pelage, lui graisser les coussinets, bref, le dorloter un peu.
Une fois que le kyree se fut installé en face de lui, le K'Leshya engagea la conversation.
- Je ne m'attendais pas à vous trouver en dehors de la bibliothèque... On vous en a donc chassé? Celui qui a fait cela a tout mon soutien. Vous devriez vous reposer si vous souffrez tant. N'y a-t-il personne ici pour s'occuper de vous autrement que dans une optique purement médicale? Regardez donc votre pelage. Quand a-t-il donc été peigné pour la dernière fois?
Fiersaule secoua la tête d'un air exaspéré. Rah, ces guérisseurs... incapable de penser à autre chose qu'à la santé. Et le bien-être alors?
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[justify:3apclhll]Barrn fut étonné mais soulagé que le tayledras le mène à l'écart afin de se mettre à sa hauteur. Fiersaule connaissait manifestement son affaire, ce devait être un Trondi'irn compétent pour avoir remarqué ses difficultés alors qu'il n'en avait rien dit. Tous les humains ne pouvaient pas se venter de connaitre les attitudes des kyrees. Il lui fut fort reconnaissant de remédier à son mal aise.
Il suivit l'humain jusqu'au recoin désigné où il s'assit sans cérémonie. Lui-même hésita puis finalement s'assit, après avoir bougé pour marcher un geste de plus ne le tuerai pas. Aux paroles de Fiersaule, le kyree eut un petit rire mentale.
Oui, j'ai été dument chassé comme un vulgaire parasite, puis avec un faux air outragé, comment ? vous approuvez ce sauvage qui me chasse ? Vous ne valez donc pas mieux que lui !reprenant son sérieux, le bibliothécaire ajouta Vlad est un homme bon, surement voudrait-il me voir en pleine forme le plus rapidement possible, mais je suis presque certain qu'il apprécie de reprendre son poste durant ma convalescence.
Barrn n'avait guère besoin de se voir pour le savoir, son poil était embrouillé, terne et sale, il se sentait sale. Ne pouvant plus faire sa toilette lui même depuis un certain temps il n'avait cependant pas demandé à ce qu'on le fasse pour lui. Il était déjà tombé assez bas comme cela sans en plus s'abaisser à demander qu'on lui fasse sa toilette. Cependant, il se sentait si sale qu'il aurait voulut faire comme un jeune kyree et se jeter dans le premier cour d'eau venu, non pour jouer mais pour nettoyer sa fourrure qui en avait grand besoin.
Je fais pale figure n'est-ce pas, et il vaut peut-être mieux que je ne vous révèle pas quand ma fourrure a été lavé pour la dernière fois, vous risqueriez d'être choqué. Quant à la compagnie, et bien une charmante demoiselle s'est dévouée pour me visiter chaque jours, c'est elle qui me porte mes repas, elle me consacre quelques marques par jour, le reste du temps je m'occupe avec les ouvrages qu'elle m'apporte.[/justify:3apclhll]
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Fiersaule était content d'entendre le ton enjoué du Kyree. Tout n'allait pas si mal. Heureusement. Mais Il s'énerva quand il apprit que personne n'avait songé à laver le pauvre Barrn. Les gens étaient tellement ignorant des non-humains, ici. S'en était presque révoltant.
- Si cette jeune femme peut vous amener à manger, elle peut aussi bien vous aider à vous laver. Il n'y a aucune honte à demander de l'aide, surtout dans votre état.
* Je me demande si elle est jolie... je pourrais lui donner quelques cours particuliers...*
Fiersaule se reconcentra sur son interlocuteur.
- Moi, je crois que ce qu'il vous faut, c'est une classe entière d'étudiants dévoués à vos besoins. C'était d'ailleurs ce que j'étais venu vous demander... Mes étudiants ne sont confrontés qu'à des griffons, or, je ne peux prétendre à un enseignement complet s'ils ne se frottent pas à d'autres non-humains.
Tout en parlant, le Trondi'irn avait sorti d'un de ses poches une grosse brosse de crins épais, ainsi qu'un petit pot de graisse. Puisque personne ne s'en chargeait, lui, allait le faire. Il ne pouvait rester indifférent devant tant de détresse. Il hésita cependant, ne sachant s'il osait brosser le kyree, qui était de fait, un quasi-inconnu pour lui.
Il continua donc à se plaindre.
- Je suis d'accord que les Guérisseurs valdemarans sont très doués, mais pour ce qui sort un tout petit peu de leur domaine propre, ils sont nuls. Surtout que vous n'avez aucun hertasi pour vous aider. Je me demande comment vous faites!
Puis, réfléchissant quelques instants, il caressa son matériel d'un air absent. Enfin, il reprit:
- Depuis combien de temps êtes-vous souffrant? Est-ce depuis l'épidémie? Avant? Après? Ou est-ce lié à cette étrange mission que a entraîné nos élèves loin de Haven?
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[justify:2r67koqo]A défaut de baisser la tête, Barrn baissa les yeux lorsque le Trondi'irn parla de demander de l'aide pour sa toilette. Demander une telle chose le gênerait affreusement. Déjà, lorsque Keryne l'avait surprit en train de se gratter, ou plutôt d'essayer de se gratter, ils avaient tous deux été mal à l'aise, jamais il ne demanderait une chose aussi gênante c'était bien trop incommodant. Lorsque son interlocuteur parla d'une classe entière de Verts pas encore murs qui le ferrait, Barrn paniqua. Certes il n'avait rien contre les enfants, il savait se montrer fort patient et participer parfois à leur jeux, sans oublier surtout de les instruire en perpétuant la tradition orale de sa race (cela lui était arrivé une fois ou deux de devoir jouer le garde d'enfant), mais actuellement il n'était pas en état de satisfaire toute une classe d'apprentis guérisseurs maladroits qui allaient sans nul doute le manipuler, et pas toujours avec délicatesse. Heureusement, une voix mentale ne tremblait pas, mais il manquait malgré tout d'assurance lorsqu'il s'exprima.
Je vous remercie de l'attention que vous me portez, mais il ne me parait guère possible de satisfaire une classe de guérisseurs dans l'état actuel où je me trouve. Peut-être une fois guéri pourrais-je venir instruire tous ces petits ignorants de ma race.
Il avait bien tenté une pointe humoristique mais sa voix peut assurée ne parvint pas à produire cet effet. D'autant que la surprise de voir son interlocuteur l'écouté distraitement tandis qu'il sortait des instruments de ses poches le fit interrompre. Les yeux toujours fixés sur les instruments, le kyree répondit à Fiersaule.
Je fais comme je peux, je subis, ce qui explique également mon peu d'envie de me joindre à vous pour tenir votre cours.
Il quitta enfin les objets des yeux et planta son regard dans celui du tayledra.
Je suis tombé malade alors que je partais en mission, du moins malade... il ne faut rien exagérer, ce ne sont que mes articulations qui me font souffrir. Et cela va d'ailleurs beaucoup mieux que lors de mon retour, même si je ne suis toujours pas capable de tenir sur mes pattes plus d'une marque.
Du museau il montra ce qui avait émergé des poches de son interlocuteur et était désormais posé sur le sol entre eux deux.
Vous ne comptez tout de même pas vous occuper de ma fourrure, ici ? Non pas que je déteste que l'on me brosse dans le sens du poil mais...
Il laissa sa phrase en suspend. Il se refusait à quémander l'aide d'une servante alors qu'il se trouvait dans ses appartements, ce n'était pas pour se faire brosser par un inconnus dans les couloirs et en prime devant son lieu de travail. Si jamais les étudiants voyaient ça, il risquait de n'avoir plus aucun crédibilité...[/justify:2r67koqo]
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Fiersaule comprenait que le kyree refuse de servir de cobaye. Pourtant, au fond de lui, le Trondi'irn se disait que cela lui ferait le plus grand bien de voir des jeunes gens en pleine forme, avide de faire sa connaissance, et de s'occuper de lui. Enfin, il parviendrait à le convaincre, il n'en doutait pas.
- D'accord, nous en reparlerons plus tard. Je comprends qu'être au centre de l'attention puisse vous déranger.
Quand Barrn parut gêné à l'idée de se faire brosser en publique, Fiersaule fit un mouvement de tête.
- Vous devez prendre soin de votre fourrure! Comment voulez-vous aller mieux si vous vous sentez mal dans votre peau? Au sens propre donc! SI vous voulez, je peux demander qu'on vous apporte une grande bassine d'eau tiède, voire chaude, dans une des salles de bain, et ensuite, en privé, je vous brosserai. Cela vous convient-il mieux?
Il espérait bien que le kyree entendrait raison. Après tout, pour un animal, prendre soin de sa fourrure était aussi primordial que prendre soin de sa peau pour un humain. Il ne guérirait jamais s'il refusait l'aide de tout le monde.
Fiersaule était cependant étonné par la gêne du kyree. Après tout, ce n'était pas de sa faute s'il n'était pas humain, et donc incapable de prendre soin de lui dans cet environnement humain. En plus, la plupart des non-humains profitaient du moindre refroidissement pour se faire dorloter. Enfin, surtout les griffons.
- Allez, suivez-moi. Vous avez grand besoin qu'on vous dorlote. Et je n'accepterai pas un non. C'est mon devoir de Trondi'irn de m'occuper de vous! Allez, on y va.
Fiersaule se releva souplement et poussa gentillement le kyree.
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[justify:2jo846xv]Ouf, Barrn était parvenu a échapper au cours où il aurait été inévitable qu'on l'observe sous tous les angles. Mais Quelque chose lui disait que pour le reste le Trondi"irn ne se laisserait pas convaincre. Et tout bien considéré, Barrn n'allait pas refuser non plus. Le bain tiède valait mieux qu'une rivière d'eau particulièrement froide, et brosser son poil ne pourrait guère lui faire de mal. Fiersaule allait juste avoir un peu de travail...
Il soupira de manière exagéré dans l'esprit du tayledra
Puisque je ne peux échapper à mon sort, faites donc de moi ce que bon vous semble !
L'humain ne pourrait jamais croire une seconde à ces paroles. Étonnamment, Barrn ne se sentait pas gêné à l'idée que ce soit Fiersaule qui se charge de prendre soin de lui. Surement parce qu'il était Trondi'irn et que le kyree sentait qu'il pouvait avoir confiance en lui, il se disait que l'humain savait ce qu'il faisait et ce qu'il faudrait faire.
C'est ainsi qu'il suivit docilement le tayledra, d'un pas lent, à force de sollicitation ses articulations commençaient à se manifester douloureusement. Le kyree tint bon grâce à la présence du Trondi'irn. Il était flatté que quelqu'un pense ainsi à son bien être réel et cela lui réchauffait le coeur au moins autant que les visites courtes mais tant agréables de Keryne.
Cheminant ainsi et maintenant que le sujet de conversation n'était plus tourné sur son mauvais soin capillaire, la curiosité du bibliothécaire se réveilla.
Dites moi, étiez vous guérisseur avant de devenir Trondi'irn ou bien avez vous fait le choix de cette double voie dès le début ? Est-ce naturel chez les taledras de s'occuper avec tant de véhémence des non-humain ?[/justify:2jo846xv]
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Fiersaule mena le kyree a la première salle de bain disponible. Il regarda pudiquement devant lui, ne désirant pas gêner Barrn, qui peinait visiblement à marcher droit. Personne n'aimait qu'on lui mette le nez sur ses faiblesses, et une race fière comme les kyrees encore moins.
Là, il héla un serviteur pour qu'on lui amène un grand baquet. Il se chargerait lui-même de le remplir aux robinets de la baignoire.
En attendant que le serviteur revienne, Fiersaule répondit à la question de Barrn.
- En fait, je ne suis que Trondi'irn. Mais chez nous, guérisseurs, trondi'irn et kestra'chern sont les trois facettes d'un même métier. Les premiers s'occupent des corps humains, les seconds des non-humains, et les troisièmes du cœur. Évidemment, un trondi'irn en sait souvent suffisamment pour s'occuper aussi des humains en cas de besoin. Mais de base, j'ai été formé uniquement pour le soin aux non-humains. Si j'enseigne au Collegium, c'est un peu par hasard. Mais je ne m'occupe que du soin aux non-humains et aux animaux, d'ailleurs. Il faut dire que les valdemarans accueillent maintenant chez eux beaucoup plus de races qu'autrefois, et que leurs guérisseurs doivent être en mesure de les soigner.
Il réfléchit quelques instants avant de continuer.
- Vous savez, dans nos vallées, les non-humains sont des membres à part entière de la communauté. Un peu comme les compagnons ici. Les hertasi, les griffons, les dyheli, les tervardi, tous appartiennent à notre clan, au même rang que les humains. Ainsi, chez nous, il est normal de devenir trondi'irn. Il faut dire que beaucoup de ces espèces ont été crées magiquement... ainsi, elles ont quelques défauts de conception, si je peux m'exprimer ainsi. Elles peinent donc à prendre soin d'elles-même sans aide.
Entretemps, le serviteur était revenu avec un baquet, et l'esprit bouillonnant de question. Mais, bien éduqué, il resta coi, et repartit dès sa mission accomplie.
Fiersaule prit le baquet et le mit tant bien que mal sous les robinets. Il aurait du demander des seaux. Mais il était trop tard maintenant pour faire revenir le jeune homme. Il jeta un coup d’œil autour de lui, et finit par repérer dans un coin un récipient plus ou moins utilisable. Il le rapprocha, comptant bien l'utiliser pour finir de remplir le baquet.
Il ouvrit les robinets avant de demander.
- Plutôt tiède, chaud, très chaud?
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Barrn ne perdait pas une miette de toutes les informations délivrées par son bienfaiteur. Intérieurement, il notait tout. Nul doute que les prochains ouvrages qu'il demanderait à Keryne porteraient sur les Kaled'a'in et particulièrement les Trondi'irn. Peut-être même sur la guerre des mages.
Plutôt tiède s'il vous plait.
L'eau chaude aurait détendu ses muscles mais l'effet dans ses poils n'était pas des plus agréables. Le kyree prit alors un air offensé :
"défaut de conception" non mais dites donc ! Vous avez bien de la chance que je sois dans l'incapacité de vous montrer de quoi je suis capable !
Sur ce il le gratifia d'un "sourire" dévoilant de superbes crocs de carnivore, et eux étaient toujours entretenus. Pour sûr, l'humain n'aurait guère apprécié de les sentir dans sa jambe. Mais le félin remarqua alors les bras du dit humain. Oui, pour sûr il devait également savoir ce que cela faisait, sa "menace" tombait à l'eau. Cependant, il était évident que l'humain avait raison, pour des races comme la sienne il n'était guère évident de vivre en société quotidiennement.
Mais le kyree bibliothécaire avait un appétit de connaissance presque insatiable, et c'est ainsi qu'il relança une vague de questions.
Et dans vos vallées, comment vivent les non-humains ? Ont-ils des logements similaires aux vôtres ? Sont-ils plus adaptés à leur mode de vie, à leurs besoins ? Et puis, si je peux me permettre, de quel clan êtes vous ?
Fiersaule avait décidé de s'occuper de lui, le pauvre devrait en assumer les conséquences.
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Fiersaule veilla à ce que l'eau ne soit pas trop chaude. Quand le baquet fut au trois quart plein, il le posa, avec grand peine, sur le sol de la salle de bain. Prenant le seau, il finit de remplir le récipient d'une eau tiédasse, riant à l'indignation du kyrre.
- Ha ha. Ce n'est pas moi qui l'ait dit le premier. Je crois que même Urtho avait admis que ses créatures n'étaient pas parfaites. Mais je ne parlais pas des kyrees, qui sont, il me semble, plutôt bien conçus. Urtho n'a quand même pas tout raté.
Il désigna ensuite la bassine pleine d'eau.
- Je vous en prie.
Laissant le kyree s'installer à son aise, il répondit à ses nombreuses questions.
- Alors, je suis membre des K'Leshya, c'est-à-dire le clan qui a été séparé des autres après la guerre des mages. Enfin, depuis quelques années, certains d'entre nous sommes revenus aux abords des plaines, près de nos cousins Taleydras et Shin'a'in. Je fais partie de ce groupe-là. Mais beaucoup des nôtres vivent encore à Griffon Blanc... Si vous voulez plus de renseignement sur cette cité, je vous conseille d'attendre de rencontrer un Kaled'a'in venant de là-bas. Je sais qu'une des leurs devrait arriver à Haven prochainement. Moi, j'ai surtout vécu dans la vallée que nous avons récupéré des nos cousins. Sinon, oui, nos habitations sont adaptées à chacun. Les humains vivent souvent en hauteur, dans des ekeles, tandis que les hertasi vivent au pied des arbres, dans de petites habitations. Chacun vit là où il se sent à l'aise. Souvent, les habitations sont pourvus de larges escaliers permettant à tous de monter, au moins dans les étages inférieurs. Ainsi, même les dyhelis peuvent grimper sans peine. Tous sont considérés comme des membres à part entière du clan, et jouissent donc des mêmes privilèges que les humains.
Finissant la ce long monologue, Fiersaule chercha des yeux une éponge pour savonner correctement le kyree. Dans un coin, sur un petit meuble, une dizaine d'éponges étaient entassées, mais elles semblaient toutes immaculées. Il ne voulait pas prendre un objet neuf, car il serait bon pour la poubelle après la toilette de l'énorme bibliothécaire. Il se leva, et alla fouiller dans la pile. Tout en dessous, il dénicha une vieille éponge un peu déchirée. Ainsi, même ici, les serviteurs faisaient parfois preuve de paresse?
Revenant vers le kyree, il montra l'éponge.
- Je peux?
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[justify:3f2yv8uf]Ha il savait se rattraper le bougre. Mais comme toujours, Barrn ne démentait aucun compliment dont il était l'objet.
Certes, Urtho l'a surement dit, mais il me semble que nous les créatures magiques nous débrouillons sans mal dans la nature, ce n'est qu'en société humaine qu'il nous est plus complexe de nous comporter. Il nous faut montrer de bonnes capacités d'adaptations.
Lui-même avait appris à lire et à tourner des pages tandis qu'ils n'avaient nullement été créé à cet effet.
Le bain était prêt. Bien, ne restait plus qu'à parvenir à entrer sans se faire trop mal... et sans paraitre totalement ridicule. Voilà qui relevait de l'exploit. De deux coup de patte agile, il retourna le seau et s'en servit pour entrer dans le baquet. L'eau tiède bien qu'agréable lui fit sentir encore à quel point il était sale. Par réflexe il tourna la tête pour tenter d'y remédier lui-même et ses articulations lui rappelèrent aimablement la raison pour laquelle un humain devait s'en occuper pour lui. Il grommela intérieurement et se résigna à son sort, s'installant dans le baquet à sa convenance, allant jusqu'à s'asseoir. L'eau tiède anesthésiait la douleur, ce qui était tout de même appréciable.
Ainsi installé, Barrn écouta avec toute l'attention de sa race ce que lui narrait Fiersaule. L'imagination du kyree bibliothécaire dessinait déjà pour lui ce que pouvait être la vallée des Kaled'a'in. Comme il aurait aimé voir celle-ci de ses propres yeux ! Les voyages n'étaient pas de son goût, les seuls qu'il avait entreprit avaient tous un but qu'il considérait plus comme un devoir. Barrn n'était pas bibliothécaire pour rien, son domaine à lui étaient les légendes et les chroniques, les aventures il les vivaient avec eux bien au chaud dans sa bibliothèque.
Croyez bien que je ne manquerais pas d'interroger cette fameuse Kaled'a'in, confirma-t-il les yeux pétillants tandis que Fiersaule fouillait pour chercher il ne savait quoi, je ne vais pas rater une si belle occasion.
Avisant l'éponge, le kyree acquiesça d'un furtif hochement de tête
Ma foi, au point où nous en sommes, je n'ai guère le choix il me semble. Si vous pouviez d'ailleurs me gratter derrière les oreilles au passage, ajouta-t-il avec malice.
Et tandis que l'humain commençait son dur labeur (des poils pareils, Barrn lui souhaitait bien du plaisir) le bibliothécaire continua son interrogatoire, Fiersaule ne semblant pas s'offenser de sa grande curiosité il n'avait guère l'intention de s'arrêter en si bon chemin.
Ainsi, vous venez de ce que nous appelons les Pélagirs. Avez vous rencontré des non-humains là-bas qui ne viennent pas de vos vallées ? Des clans kyree vivent-ils dans ces contrées ?
Barrn pensait aux chroniques parlant des aventures de Tarma et Kethry sheyna Tal'sedrin qui avaient invoqué un kyree. Venait-il alors d'un clan ? Cela les chroniques ne le relataient pas.[/justify:3f2yv8uf]
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Fiersaule frottait avec vigueur le poil encrassé du kyree. L'éponge n'était de loin pas l'outil le plus efficace pour la fourrure épaisse de Barrn. Fiersaule n'avait pas prévu de dispenser ses talents ainsi quand il avait quitté le Collegium des Guérisseurs ce matin-là, il n'avait donc rien de mieux à disposition.
L'eau du baquet n'était déjà plus très claire... idéalement, Fiersaule aurait aimé la changer. Mais voyant la peine que le bibliothécaire avait à se déplacer, il n'allait pas le forcer à ressortir de son bain toutes les marques. Il continua donc à frotter avec énergie. Au passage, il le gratta derrière les oreilles... où il fit une découverte intéressante. Emmêlée dans les poils, une petite plume grise s'était nichée derrière l'oreille gauche.
- Je comprends que cela vous démange... regardez. Franchement, maître Barrn... laissez tomber votre orgueil et demander de l'aide pour votre toilette. Ce n'est pas digne d'un être pensant, un tel état de saleté...
Le Trondi'irn oscillait entre un amusement teinté d'exaspération et une colère froide. Il comprenait que personne n'aimait en être réduit demander de l'aide pour des choses aussi basiques que de se laver, se démêler le poil, ou encore se gratter. Mais l'entourage du kyree aurait du comprendre ses besoins, et le forcer à accepter de l'aide.
Sortant de ses ruminations, Fiersaule répondit à la question de Barrn.
- J'ai déjà rencontré des non-humains qui vivent en dehors des Vallées. Des Dyhelis par exemple... A part les membres des K'Leshya, la plupart des non-humains préfèrent vivre en dehors des Vallées. Mais je ne suis pas au courant d'un clan de kyrees dans les alentours de ma Vallée. Ils vivent généralement plus au Nord. Votre épaisse fourrure vous permet de vivre dans des contrées difficiles d'accès pour les humains. De plus, vous préférez souvent les environnements montagneux, avec des larges grottes.
Fiersaule s'éloigna quelques instants pour remplir à nouveau le seau d'une eau un peu plus chaude. Il devait rincer un minimum les poils pour vérifier son travail. Il versa l'eau sur le dos et la nuque du kyree. Bon... ils commençaient à retrouver une certaine souplesse, et ne repoussaient plus l'eau.
- Quand vous en aurez assez de votre bain, je pense que je vais vous rincer à l'aide du seau, en dehors du baquet. La salle de bain va devenir un véritable lac, mais si vos poils ne bouchent pas l'écoulement, ça devrait être provisoire. Je vous brosserai, ensuite. C'est encore le meilleur moyen de nettoyer correctement une fourrure.
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[justify:3bg7d0ui]Le museau sur la plume, Barrn ne pouvait guère prétendre n'avoir rien vu. Il ne s'était pas senti aussi mal à l'aise sous les réprimandes d'un humains depuis que Isabeau lui avait fourré le museau sur son erreur de jugement. Et on pouvait dire dans les deux cas qu'il n'était pas fier. Il sembla se recroqueviller tandis que Fiersaule l'abreuvait de reproches. Et il changea nettement d'attitude, devenant plus humble.
Vous avez surement raison, consentit-il sans trop savoir s'il parviendrait malgré tout à mettre son orgueil de côté.
Il ne fut pas surprit que Fiersaule n'ai guère rencontré de clan "sauvage" de kyree, mais il admira tout le savoir qu'avait accumulé Fiersaule.
Votre savoir sur les non-humain semble ne pas avoir de limite, votre savoir faire également, ajouta t il en fermant les yeux en sentant le savon nettoyer ses poils et son cuir. Et puis avoir réussi à passer outre ma fierté... peut-être un jour ne vous en voudrais-je plus pour m'avoir fais subir cette "humiliation".
Il regarda le Trondi'irn avec un air de kyree battu. Il n'osait imaginer l'allure qu'il devait avoir avec ses poils pendants dégoulinant.
Dois-je sortir maintenant ?
La sortie promettait d'être bien plus épique que l'entrée. Il pesait bien plus avec toute cette eau.[/justify:3bg7d0ui]
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Fiersaule prit le kyree en pitié.
- Oh... je suis sûr que vous ne m'en voulez pas tant que ça. Et puis, une petite humiliation de temps en temps, ça remet tout le monde à sa place... même les meilleurs d'entre nous. Quant à sortir du bain, rien ne presse. J'ai très peu d'étudiants ces jours, vu qu'une bonne partie est en mission. Donc je suis à vous pour tout le reste de la journée, si cela vous convient.
Le Trondi'irn lui même aurait besoin d'un bon bain. Il était couvert de poils et sa belle tunique était trempée et tâchée par endroit. Le reste de sa personne était presque aussi mouillé que le kyree, il n'avait pourtant pas mis un orteil dans la baignoire.
Fiersaule soupira et se passa la main dans les cheveux. Il trouvait la situation assez comique. Il était dans la capitale d'un pays étranger, où les non-humains étaient plutôt rares, en train de toiletter un kyree bibliothécaire perclus de douleurs articulaires mystérieuses.
- Au fait, et vous, que faites-vous ici, à Haven? Vous venez d'un clan vivant au nord de Valdemar? Je ne connais pas votre histoire.
Le kyree lui avait posé de nombreuses questions. Il était temps maintenant que les rôles s'inversent.
- Êtes-vous prêt à sortir maintenant? Besoin d'aide?
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[justify:3kb7qvh1]Barrn grommela quelque chose d'incompréhensible mais ne répondit rien quant à cette provocation faisant suite à l'humiliation.
Oh parfait. Ainsi vous aurez tout le temps de me faire subir toute sorte d'humiliation, dit-il dans un soupir exagéré.
Mais ses yeux pétillaient de malice, voir que Fiersaule ne s'en était pas sorti indemne lui procurait un plaisir certain mais il évita de le taquiner sur son allure de peur que le Trondi'irn ne fasse de même avec la sienne qui n'avait certes rien à lui envier.
L'attaque surprise sur son histoire le prit de court. C'était bien la première fois qu'on lui demandait aussi directement d'où il venait. Bien entendus certains le savaient, il leur avait vaguement parlé de son passé, se contentant de narrer les épisodes principaux, Barrn faisait bien son travail c'était tout ce qui importait à leurs yeux. Le kyree prit un instant avant de répondre
En effet, je viens du nord. J'ai quitté mon clan très jeune pour rejoindre les humains. C'est grâce à mon premier compagnon que j'ai appris à lire à compter et que la passion des livres s'est emparée de moi. C'est également lui qui me mena jusqu'à Haven. Et c'est ma seconde compagne qui m'a ouvert les portes du monde des livres ce qui a finit par me conduire dans cette magnifique bibliothèque où je travaille aujourd'hui.
Prêt à sortir ? C'était beaucoup dire. Mais il n'allait guère passer la journée dans cette bassine. Il se fit donc violence et sauta hors du baquet. Barrn avait surement présumé de ses capacité. L'eau avait apaisé son mal. Mais, le sol mouillé, ses articulations lui faisant défaut, il ne pouvait arriver autre chose que ce qui arriva. Les pattes du kyree n'adhérèrent pas le sol et il glissa, s'étalant lamentablement par terre, les pattes écartées, jappant de douleur. Ah il avait fière allure le kyree ! Et il se maudissait de sa bêtise.[/justify:3kb7qvh1]
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Fiersaule écouta attentivement le court résumé de la vie du kyree.
- C'est étonnant que vous ayez quitté votre clan. Au final, bien peu le font... Mais c'est toujours bon de se découvrir une passion, une nouvelle vie.
En sortant de l'eau, Barrn s'étala lamentablement. Fiersaule dut se retourner pour éviter de blesser le kyree maladroit. Ses épaules étaient secouées d'un fou rire silencieux. Quand il se fut calmé, il alla remplir le seau, s'essuyant les yeux. Cette fois, l'eau qu'il tira était bien plus chaude, afin que le bibliothécaire aux articulations fragiles ne se refroidisse pas trop vite.
Il s'approcha du kyree et le rinça soignement. Bien évidemment, un seul seau ne suffirait pas, mais Fiersaule voulait d'abord brosser une fois Barrm pour bien désencrasser sa fourrure.
Il sortit la brosse de sa poche et la montra au bibliothécaire.
- Puis-je vous brosser, maintenant? Je pense que je vais devoir le faire deux fois. Une fois avant le grand rinçage, une fois après vous avoir séché.
Sans mettre attendre la réponse, le trondi'irn s'agenouilla sur le sol détrempé de la salle de bain et entreprit de brosser énergiquement la fourrure du kyree. Malgré le bain, les poils étaient encore tellement sales qu'il dut rincer sa brosser après une dizaine de passages. Décidément, rien ne remplaçait un bon brossage pour nettoyer correctement une fourrure. Les plumes étaient bien plus faciles à laver. Un bon bain, et la question était réglée.
Tout en brossant le bibliothécaire, Fiersaule en profita pour lui palper discrètement la colonne et les articulations. Elles étaient bien trop raides pour un animal visiblement encore jeune. Si les guérisseurs n'avaient rien pu faire, il se doutait bien que lui non plus, ne pourrait guère soulager le kyree. Mais personne ne semblait avoir songé à lui faire prendre de longs bains chauds, ou à le masser longuement. Évidemment, ainsi, on ne soignait que les symptômes, et non les causes réelles du mal, mais c'était mieux que de laisser souffrir ainsi quelqu'un.
- J'espère que je ne vous fais pas trop mal... prévenez-moi si c'est le cas.
Il donnait de grands coups de brosse, luttant parfois contre les gros nœuds qui s'étaient formés dans la fourrure négligée si longtemps.
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[justify:1sovpe0k]Oh qu'il avait mal ! Tous les bénéfices du bain avait disparut. Ce qu'il avait pu se montrer idiot. Son geste le fit admettre ce que Fiersaule ne cessait de lui répéter depuis qu'ils s'étaient rencontré une marque plus tôt, il allait lui falloir ranger sa fierté dans un tiroir, au moins le temps de guérir, et demander de l'aide lorsqu'il en aurait besoin. Voilà qui ne serrait pas une mince affaire ! Il ne dit rien quant au rire qui secouait l'humain et se redressa dans une position un peu plus convenable, peu sûr de lui il préféra s'assoir que de rester immobile sur ses quatre pattes tandis que le trondi'irn le brosserait. D'ailleurs celui-ci n'attendit pas et s'empara de son poil dès qu'il fut installé, demandant la permission juste pour la forme. Barrn ne dit rien, l'humain avait prit la situation en main mettant le kyree dans une position où il ne pouvait plus protester.
Tandis que la brosse passait vigoureusement dans son poil, Barrn, qui souffrait sans rien dire, cherchait à reprendre le fil de la conversation. Que disaient-ils déjà ? Ah oui, ils parlaient de lui. Il eut un petit rire mental qui sonnait faux, le kyree n'était plus d'humeur à rire.
Je n'ai jamais été un kyree très obéissant. Lorsque j'étais petit j'ai été trop curieux pour rester dans mon clan, j'ai préféré me joindre aux humains. A vrai dire, je ne me souviens guère beaucoup de mon clan, et il n'est même pas dit que je sache le retrouver si je le voulais. Et ma vie me convient très bien telle qu'elle est, je suis entouré d'ouvrages et me rend utile dès que je le peux. En bref, mon rôle consiste à effectuer les tâches qui me tiennent à cœur. Que pourrais-je demander de plus ?
Il retint un gémissement alors que la brosse se prenait dans un paquet de poils mêlés.
Un vieux dicton dit, si je ne m'abuse, "il faut souffrir pour être beau".
En l'occurence, il avait réellement intérêt à briller lorsque l'opération serrait terminer.[/justify:1sovpe0k]
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Fiersaule sourit.
- C'est effectivement ce qu'on dit. Et je pense que nombre de femmes sont d'accord. Que voulez-vous, une fourrure, comme une chevelure, demande un entretien constant. Quand on la néglige, on en paie le prix.
Le Trondi'irn se leva et alla une fois de plus rincer la brosse. Un nombre impressionnant de poils étaient pris dedans. Il espérait que le kyree ne finirait pas chauve après l'opération.
Il revint vers le bibliothécaire et s'attaqua à sa queue. Des touffes de poils pendaient lamentablement, retenues par quelque nœud. Fiersaule regrettait de ne pas avoir de ciseaux, ou au moins un couteau pour faciliter le travail.
Tout en travaillant, il continua la discussion.
- Je me pose une question... si vous êtes plutôt du genre pantouflard, à préférer votre bibliothèque... pourquoi êtes-vous donc parti en mission? Vous n'étiez peut-être pas le plus qualifié, si? Ou la présence d'un kyree était-elle nécessaire?
Il tira particulièrement fort sur un gros nœud. Une grosse touffe de poils vola dans l'air.
- Oh, pardon...
Voilà, la queue ressemblait à nouveau à quelque chose. Il faudrait maintenant s'attaquer au ventre, car il avait fini le dos.
- Pourriez-vous s'il-vous-plaît vous mettre sur le côté? Il faudrait que je vous brosse le ventre...
Il redoutait un peu la réponse du kyree. Peu de non-humains aimaient exposer leur ventre à un inconnu. C'était, après tout, la partie la plus vulnérable du corps. Fiersaule comprenait la réticence naturelle de ses patients.
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Le kyree redressa brusquement les oreilles et ouvrit des yeux ronds. Pantouflard ? Lui ? Certes il ne risquait pas son poil là où cela n'en vallait pas la peine. Certes il préférait de loin lire les aventures des héros et hérauts dans les chroniques plutôt que d'y mettre les pattes lui-même. Mais "pantouflard" ? Il ne fallait rien exagéré ! Mais ses protestations moururent dans l'oeil, plus exactement, furent étouffées par des poils mêlés se prenant dans une brosse. A croire que Fiersaule l'avait fait exprès. Barrn était sûr qu'il en était capable le bougre.
Je préfère le terme "prudent", dit-il avec une œillade assassine pour le trondi'irn, j'étais parti parce que j'avais été désigné et je n'allais pas contester un tel ordre.
Et puis cela lui aurait fait plaisir de voir Isabeau en mission, sans compter que sans son assistante il ne pouvait plus faire que la moitié de ce que son rôle réclamait.
Je suppose que l'on désirait appliquer mon savoir sur le terrain.
De nouveau, la requête du trondi'irn lui demandait de sacrifier son honneur et sa pudeur. Barrn se sentait déjà si rabaissé qu'il ne songea pas à protester, ce n'est cependant pas sans mauvaise humeur qu'il s'exécuta, se sentant soudain plus vulnérable que jamais. Décidément, il ne lui épargnait rien. Il avait même réussi à faire taire le kyree, qui se raccrochait à ce dicton de toutes ces forces "il faut souffrir pour être beau".
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- Je comprends, le devoir, c'est important...
En fait, non, il ne comprenait pas vraiment, car finalement, il avait toujours été un planqué, en tant que soigneur. Et honnêtement, il ne souhaitait pas risquer sa vie pour quelque mission que ce soit.
Fiersaule fut étonnée que le kyree se tourne sans plus râler sur le dos. Le Trondi'irn faillit s'évanouir quand il vit l'état du pelage ventrale de bibliothécaire. Si sur le dos les poils étaient emmêlés et sales, sur le ventre, ils étaient emmêlés, sales, et pendaient lamentablement en grosses touffes désordonnées. En fait, s'étaient formés des espèces de masses de poils compactes. Fiersaule ne savait quel nom on leur donnait, mais il avait déjà vu des hommes se faire de telles choses dans les cheveux.
Il sortit son couteau pour faire un peu de ménage, mais se ravisa.
- Votre poil est tellement emmêlé qu'il me semblerait plus simple de couper ce qui est en trop mauvais état... cela vous convient-il? De toute façon, ça repoussera assez vite. Et je me pose une question... comment faites-vous pour sortir les ouvrages des rayonnages? Quelqu'un vous aide-t-il? Si oui, pourquoi ne s'est-il pas mieux occupé de vous?
Il commença quand même par démêler ce qui pouvait l'être. Il prenait garde à ne pas tirer trop fort sur les poils, car la peau du ventre était bien plus sensible que celle du dos. Quand il n'arriva plus à rien avec la brosse, il ressortit son couteau, et coupa quelques gros nœuds. Il finit le travail avec les doigts, puis donna un dernier coup de brosse.
- Bon, je crois que nous pouvons rincer, maintenant...
Il alla remplir le sceau d'une eau bien chaude.
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[justify:3fce57nu]Barrn ne s'offusqua pas que le trondi'irn veulent lui couper le poil, au moins cela serrait finit plus vite et il pourrait reprendre sa dignité parfaitement piétinée depuis un bon moment désormais, sans parler de la douleur épargnée. Bien sûr il ne le formula pas ainsi et préféra tenir une loque de cette fameuse dignité.
Allez-y, faite ce qui vous semble le mieux, vous êtes surement le mieux à même de décider en ce moment.
Barrn avait positionné sa tête de façon à ne pas voir Fiersaule et surtout que lui ne voit pas ses yeux. Mais un indice trahissait malgré tout sa nervosité et son mal aise : l'extrémité de sa queue battait le sol.
J'ai appris à prendre un livre sans le blesser, cela semble une obligation pour tenir un poste tel que le mien. Cependant, oui j'ai une assistante, c'est un Bleue, comme on dit, alors évidemment elle a des cours et pendant son absence je suis bien forcé de me débrouiller sans elle.
La brosse s'accrochait régulièrement à son poil, la douleur qui était restée supportable sur tout le reste de sa fourrure prenait une dimension autrement plus importante à cet endroit. Il endura en silence, les mâchoires serrées.
Ce n'est pas son rôle de s'occuper de moi, ajouta-t-il légèrement surprit de cette idée.
Enfin le rinçage ! Bon ce n'était pas encore finit mais cela laissait un court répit à son pauvre cuir maltraité. il se releva raidement. Était-ce une articulation que l'on avait entendu craquer ou simplement son imagination ? L'eau chaude qui se déversa sur lui fit un bien fou au kyree. Il ne s'était pas rendu compte que, mouillé comme il l'était, il avait commencé a avoir froid. Heureusement que ses articulations n'étaient pas en état, cela permettait au moins de ne pas avoir à réfléchir pour se retenir de s'ébrouer et d'arroser Fiersaule. Bien que la vue du trondi'irn encore un peu plus trempé qu'actuellement l'aurait surement ravi. Vengeance quand tu nous tiens ![/justify:3fce57nu]
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Fiersaule déversa le contenu du seau sur le dos du kyree, puis retourna le remplir, pour le vider à nouveau. Il recommença l'opération une bonne dizaine de fois. Le poil du bibliothécaire avait enfin l'air propre.
Le Trondi'irn se tourna à la recherche d'une serviette et en trouva une soigneusement pliée sur un meuble. Il l'utilisa pour sécher énergiquement Barrn. Il commença par le dos, puis sécha le poitrail et termina par la tête.
" Ah, c'est bien, alors... Mais vous auriez quand même dû demander de l'aide... à n'importe qui. Enfin... on va pas se battre éternellement sur ce sujet... Voilà... vous êtes plus ou moins sec... on recommence le brossage? Ce sera moins douloureux cette fois."
Le Trondi'irn n'était pas aussi serviable qu'il en avait l'air, car en fait, en s'occupant ainsi du kyree il espérait réussir à la convaincre de se joindre à ses cours. Évidemment, c'était d'abord le devoir qui l'avait appelé - il ne pouvait rester insensible devant un non-humain souffrant - mais maintenant que le kyree ne se plaignait plus trop, Fiersaule revenait au but premier de cette rencontre.
Il se saisit une nouvelle fois de sa brosse et recommença à brosser Barrn, mais avec beaucoup plus de douceur que la première fois. Il prenait garde à ne pas tirer trop fort quand la brosse se retrouvait prise dans un nœud, et le temps de le défaire avec les doigts.
" Je ne vous fais pas trop mal, cette fois?" demanda-t-il avec un large sourire amical.
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[justify:1x67dwsw]En effet, Fiersaule n'avait pas menti. Le brossage fut bien plus agréable, au point que le kyree se laissa aller à fermer les yeux pour apprécier.
Non, tout va bien. C'est infiniment mieux que la torture que vous vous êtes amusé à me faire subir jusque là.
Ici et là la brosse s'accrochait mais n'y restait jamais bien longtemps. Barrn se sentait déjà mieux, plus propre, plus à l'aise dans sa peau. Ses articulations le tiraillaient toujours bien sûr, mais au moins il avait les idées plus claires. La transformation était nette. Peut-être devrait-il remercier Fiersaule finalement.
Vous connaissez bien votre domaine, sieur Fiersaule.
Cette affirmation était un compliment à peine masqué. Un peu un remerciement également.[/justify:1x67dwsw]
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Fiersaule finit tranquillement de brosser le kyree. Son poil ressemblait de nouveau à quelque chose. Certes, on voyait bien que le bibliothécaire avait été malade, mais au moins, il était propre. Le Trondi'irn termina son travail par la queue. Celle-ci avait maintenant fier allure. Il entreprit ensuite de nettoyer sa brosse des nombreux poils qu'elle retenait.
- Voilà. Nous en avons terminé. Comment vous sentez-vous maintenant? Et que diriez-vous d'un soin de ce genre régulier, toute les semaines, ou toutes les deux semaines, comme vous préférez...
Il avait parlé légèrement. Il comptait bien avoir le kyree pour ses cours, et maintenant que celui-ci avait goûté aux soins attentifs du Trondi'irn, Fiersaule ne doutait pas qu'il en redemanderait. Il serait alors facile de le convaincre de se faire dorloter par ses étudiants les plus avancés.
Il avait vraiment besoin de non-humains à présenter à ses cours, et il ne pouvait décemment pas demander aux émissaires griffons de venir. Il ne risquerait pas un incident diplomatique à cause d'un étudiant maladroit.
- Mais nhésitez pas à venir me voir si vous vous sentez plus mal, ou que vous avez besoin d'aide pour votre toilette régulière.
Il faudrait maintenant nettoyer la salle de bain qui ressemblait plus à un champs de bataille qu'à un lieu d'hygiène et de détente. De nombreux poils couvraient le carrelage, des traces de pas et de pattes étaient visibles un peu partout, et plus un centimètre du sol n'était sec.
- Hum... on se croirait dans une porcherie... il va me falloir nettoyer. Ne vous inquiétez pas, je m'en sortirai bien seul! Allez plutôt vous reposer au chaud!
Fiersaule ne comptait pas le moins du monde nettoyer la pièce. Il comptait plutôt user de ses charmes sur une innocente servante afin qu'elle s'occupe de l'endroit.