Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets libres => Discussion démarrée par: Fitz le 03 janvier 2012, 21:08:32
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[center:16kvbe3q]1 semaine après le retour à Haven[/center:16kvbe3q]
A chaque grande étape de sa vie, à chaque grand cap, Fitz avait toujours un rituel. Il se trouvait un endroit au calme, un endroit simple, où il pouvait se ressourcer, réfléchir, passer dans une sorte d'état de transe qui lui permettait d'analyser chaque données et connaissances pour en former un tout.
Il aurait aimé retourner au petit lac en bordure de la ville, mais il voulait être disponible, il voulait qu'on puisse le trouver à tout moment au cas où on aurait eu besoin de ses bras.
Le mercenaire était donc là, torse nu, les yeux clos, assis en tailleur, laissant chaque parcelle de son âme entrer en raisonnance avec le lieu. Il avait besoin de comprendre, de se retrouver.
Le temps était froid mais le soleil clair, et sur sa peau tannée par les années de voyage ses nombreuses cicatrices luisaient sous l'impact des rayons de l'astre.
Il reprenait les étapes de leur voyage, et remontait même beaucoup plus loin, analysant tous les choix qui l'avaient ammené jusqu'à ce lieu, jusqu'à cette destinée. Et si à cet instant il avait pris à droite au lieu de gauche, aurait-il était celui qu'on appel "Le glaive" ? Ou un autre aurait été choisi ?
Maintenant tout cela était derrière lui.
Il pouvait encore voir l'enfant qui courant, fuyait des esclavagistes aux fouets cinglants, il regardait le corps d'Aed pendu à l'arbre de leur jardin, il sentait de nouveau ce vent qui avait changé sa vie, cette marque gravée au fer rouge sur sa main, les morts qui venaient lui parler, et cette déesse, cette déesse qui a fait de lui l'homme qu'il est maintenant.
Un bruissement, l'oiseau dans l'arbre se frottait et profitait du beau temps, il devait aussi y avoir des insectes sur l'écorce, il entendait le mouvement de leurs pattes le long du végétal.
Ca y est il avait atteint cet etat de conscience qui lui permettait de savoir ce qui se passait autour de lui, tout ce qui se passait.
Maintenant c'était simple, il ne regrettait aucun de ses choix, et il le savait.
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Pluiechantante revenait de sa visite bihebdomadaire chez Riannon, pour voir Liane. N'ayant pas grand chose à faire de sa journée, elle décida de s'installer un moment dans les jardins.
Assis au milieu de l'herbe, un homme torse nu semblait méditer. Son corps était parcouru de multiples cicatrices. Pluie critiqua intérieurement l'incompétence du Guérisseur qui s'était occupé de ces plaies, ou l'insouciance de l'homme qui avait mal soigné ses blessures.
Le regard exercé de la Kestra'chern pouvait lire la fatigue sur la moindre parcelle de peau du guerrier. Et sa conscience professionnelle ne l'autorisait pas à laisser un homme en tel état repartir sans soin. Pour ne rien gâcher, il était assez beau, et ce serait un vrai plaisir de le masser, et plus si affinité...
Pluie s'approcha en silence, et vint s'installer à côté de lui, attendant qu'il note sa présence. Elle ne voulait pas forcer sa sortie de méditation. Elle en profita pour se relaxer aussi, obligeant chaque doigt, chaque orteil à se détendre, et laissant son esprit dériver quelques instants.
Assise dans l'herbe, malgré le froid, elle se sentait bien. Elle trouvait l'air de ce pays vivifiant. Elle s'y sentait bien, malgré les évènements bizarres qui s'y déroulaient.
De plus, il y avait plein de beaux hommes. Pour une aussi belle femme qu'elle, en attirer un ou deux dans sa tente - non, sans chambre - ne serait pas très difficile.
Enfin, pour le moment, c'était son talent de Kestra'chern dont on avait besoin, pas de ses performances sexuelles.
Quand elle sentit que l'homme sortait doucement de sa transe. Elle lui parla doucement.
" Bonjour! Je sens que vous avez besoin du... des services d'une Kestra'chern...Je m'appelle Pluiechante"
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"Si vous voulez metionner l’état de mes muscles, sachez que cela fait des années qu’ils hurlent pour que je les laisse tranquille. Mais j'oublie souvent qu'ils existent. "
Fitz ouvrant délicatement les paupières braqua son regard sur la jeune femme à ses cotés, un sourire plaqué sur les lèvres. Une Kestra’chern dans les jardins, il ne pensait vraiment pas en voir une ici.
"Si vous êtes ici, c’est que vous en avez le droit, sinon c’est que je me retrouverai dans l’obligation d’assassiner un de mes hommes en revenant à la garnison, et je vous avoue que cela m’embêterait grandement ! "
Le mercenaire fit craquer ses épaules une bonne fois pour toute, sa position l’avait légèrement engourdi comme souvent. Et c’est là qu’il remarqua qu’il lui manquait une partie importante de son attirail : sa chemise…
"Mais je manque à mes devoirs. Je me présente Fitz, depuis peu intégré à la garde d’Haven."
D’un geste de la main il désigna ses nombreuses cicatrices, et notamment les traces longues et fines dans son dos.
"J’éspère que tout cela ne vous a pas mise en colère ? Je sais l’attention toute particulière que porte les gens de votre profession sur le corps et son entretien. Navré de vous imposer la vision du mien si… Abimé."
Il n’avait jamais vraiment fréquenté de Kestra’chern par le passé, du moins intimement, mais il en avait escorté une durant ses missions, et cette jeune femme lui avait appris énormément sur leur philosophie, à lui, le petit gars de la campagne qui n’avait vécu qu’avec un vieux pendant des années.
"Puis-je savoir ce qui vous emmène à l’intérieur de notre superbe cité ? "
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Pluie chantante soupira. Décidément, dans ce pays, on ne savait pas prendre soin de son corps. Certes, les Guérisseurs étaient compétents, mais ils ne s'intéressaient qu'à la santé, et non au confort.
Un garde, elle était bien tombée. En même temps, l'état de son corps indiquait une activité physique intense, et dangereuse.
" Oui, j'ai le droit d'être ici. Mais, maintenant, je sers surtout de grande soeur à la fille de Riannon, votre Doy..Doyenne des Bardes."
Il lui montra ses nombreuses cicatrices. Ahhhh, les hommes et leur fierté mal placée... Pourquoi être fier d'un corps complètement cassé?
" Oui, cela me met un peu en énervement... non, en colère. Le Valdemaran n'est pas encore très familier pour moi. Je suis désolée si je dis des bêtises. Je suis venue dans ce pays eh bien, pour le voir. J'en avais beaucoup entendu parlé chez moi. Je voulais voir. Visiter. Mais je suis entrée... non, arrivée au milieu d'un essai de meurtre, non tentative? "
Elle avait l'impression de régresser en valdemaran. Pourtant, elle aurait du s'améliorer. Mais au Palais, de multiples nationalités se mélangeaient, et à part avec Liane, elle ne parlait pas tant la langue locale.
" Alors maintenant j'aide Liane avec son pouvoir, et j'essaie d'être utile aux gens. Comme vous par exemple, Fitz. Je pense que vous revenez d'un long voyage. Et votre corps me dit qu'il a besoin de moi. Alors on ne bouge pas."
Elle se déplaça, sans se relever, et vint se mettre derrière le guerrier. Elle commença par tâter délicatement la nuque de Fitz. Effectivement, ses muscles ne semblaient plus savoir se détendre, et revenir dans une position de repos. Ils étaient tellement contractés que Pluie se demanda comment il réussissait à dormir.
Elle jura fortement dans sa langue natale.
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Fitz partit dans un éclat de rire spontané. Un de ceux qu’on ne contrôle pas, un vrai rire d’enfant.
« Excusez-moi je ne me moque pas de vous, ne vous vexez pas ! Mais j’avoue qu’entendre une femme se mettre à lancer des insultes en touchant ma peau est quelque chose dont je n’ai pas l’habitude !! Et vous vous débrouillez très bien dans notre langue, il y a des nuances qui sont souvent difficile à appréhender pour les étrangers, mais vous êtes compréhensible c’est déjà beaucoup mieux que certain que j’ai pu croiser ! »
Il se laissait faire, patient parfait si on peut dire, pas de mouvement, pas de réaction, il appréciait ce contact simple.
« Vous êtes vraiment douée vous savez ? Et alors vous qui vouliez voir notre beau pays qu’en pensez-vous ? Si on laisse de coté les tentatives, oui on dit bien tentative, de meurtre ! »
Le guerrier poussa un long soupir.
« Vous débarquez chez nous en période troublé, j’en ai bien peur, et les choses ne sont pas prête de s’améliorer, vous avez un endroit où vous mettre à l’abris ? Ou au moins un lieu ou je pourrai vous trouver si des troubles importants arrivaient, et que je me trouve dans l’obligation de venir vous sauver ? »
Puis il intégra ce que la jeune femme venait de lui révéler.
« Riannon ? Et sa fille ? Comment vont-elles ? Je n’ai pas pris le temps de les visiter depuis que je suis rentré, et elle m’a énormément aidé par le passé, la doyenne a le cœur sur la main, vous avez de la chance de la cotoyer. »
Il sentait ses muscles se détendre petit à petit sous les doigts de la jeune femme.
« Vous savez que vous êtes plus efficace que toute les méditations que j’ai pu faire ? »
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Pluiechantante se laissa aller à rire, elle aussi. L'homme était d'un commerce agréable, et bien moins grognon que beaucoup de ses anciens patients.
" Eh bien... je trouve Valdemar très... unique? Et ici tout le monde porte un vêtement avec une couleur pour dire qui il est. C'est bizarre. Chez moi, c'est plus la forme de l'habit qui dit ce que tu fais, pas sa couleur. Parce que si une couleur ta va pas, tu ne vas pas la porter, si?"
Elle commença par la base de la tête, en massant le plus délicatement possible. Pour être vraiment efficace, il lui faudrait de l'huile, et surtout, masser plus fort. Mais elle ne souhaitait pas lui faire mal... enfin, pas tout de suite. Pour accepter les traitements d'un Kestra'chern, la confiance était primordiale. Et elle n'allait pas la gagner en le faisant hurler de douleur dès le début.
Pendant qu'elle travaillait, il parlait. Au moins, les valdemarans réagissaient comme les siens.
" J'ai une chambre au Palais. On me l'a... assignée après la tentative de meurtre. Je veux essayer de trouver un endroit pour avoir un cabinet, mais je pense que je suis... serai utile aussi si je reste ici pour donner de l'aide aux Guérisseurs. Et il y a plein de patients ici. Beaucoup de gens fatigués, malades, cassés. Comme vous..."
Elle sourit.
" Mais je veux bien me laisser sauver... mais juste si vous venez souvent me voir pour vos muscles. Ce n'est pas autorisé d'être aussi malade avec moi."
Elle descendit vers la base de la nuque. Difficile de croire que c'était du muscle, et non de l'os, qui se cachait sous la peau hâlée du guerrier.
" La méditation, c'est pour le cœur et l'âme. Pluiechantante est pour le corps. L'âme agit mal sur le corps, mais si le corps est bien, l'âme est plus légère. "
Sur ces paroles hautement philosophiques, elle tenta de satisfaire sa soif de connaissance.
" Vous êtes parti loin? Dans quel pays? Le mien peut-être? Peut-être vous ne pouvez pas en parler?"
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[HJ]C'est corrigé :) Marqué en début de premier post[/hj]
Fitz continuait de rire. Cette jeune femme avait des pensées qui lui ne l’avait jamais marqué, mais au final elle avait entièrement raison !
« J’avoue que vu comme ca, il est vrai qu’on pourrait nous laisser le choix des couleurs !!! Mais je suis sur que si je me baladais en blanc version Héraut je me retrouverai bien vite avec tous les compagnons sur le dos pour m’arracher mes vêtements ! »
Vraiment il ne pensait pas qu’un massage pouvait être aussi efficace. Cela risquait de le ramollir peut être ? Manquerait plus qu’il soit mou face aux hommes, il y avait fort à parier qu’ils le lui rendraient au centuple. Mais pour l’instant ce n’était pas son problème principal !
« D’accord pour venir vous sauver ! Par contre pour mes muscles je ne peux rien vous promettre, ils sont souvent sollicités par ici ! Et j’ai bien peur que ce ne soit pas près de s’arrêter »
La suite de la discussion laissa le guerrier perplexe, voilà une pensée fort intéressante, à laquelle il n’avait jamais vraiment réfléchi.
« Vous savez, pour mon âme, je ne peux pas faire grand chose. Il est plus facile de dire que je trie mes pensées, et que je recentre mon esprit sur le but que je souhaite atteindre. Il est vrai que dans ce cas, mon corps n’est plus qu’un instrument… Je n’ai jamais vraiment été inquiet ou même préoccupé par son état ou son soin. Pour être totalement franc, mon insensibilité à la douleur, fait que je ne me rends même pas compte que je me blesse. Vous pourriez me faire des cicatrices supplémentaires là maintenant tout de suite, que je ne m’en rendrai pas compte… Alors imaginez quand il s’agit de savoir si mes muscles vont bien ou pas ! »
Il éclata de nouveau de rire, comme toujours avec une franchise qui le caractérisait, un rire simple et franc.
« Malheureusement je ne peux pas vous en dire plus sur les endroits que j’ai visité, ni même sur ce que nous avons vu ou fait. Cela ne m’est pas autorisé, vous m’en voyez navré. »
Songeur… Un instant, l’homme semblait perdu dans ses pensées.
« Dites moi, Dame Pluiechantante, pensez vous vraiment qu’en soignant mon corps, il me serait possible de travailler sur l’âme comme vous dites ? J’ai bien peur que la mienne est vu assez d’horreur de par ce monde, pour ne plus jamais pouvoir trouver le repos ! »
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Pluiechantante s'attendait effectivement à ce que tout ce qui concernait les missions soit secret, elle ne fut donc pas déçue de ne pas avoir de réponse.
Laissant ses mains s'attaquer à une épaule, elle réfléchit aux paroles du guerrier. Elle savait que l'insensibilité à la douleur existait, mais elle n'avait jamais rencontré quelqu'un qui en souffre. Elle voyait facilement les problèmes que cela posait. Si le corps ne prévenait pas qu'il était à bout, le cerveau ne comprenait, et continuait à la malmener.
Suite à cette révélation, qu'elle soit vraie ou seulement vantardise, elle appuya un peu plus fort en tenter de détendre un peu les muscles de Fitz.
Puis, il lui demanda si sa "pensée philosophique" était véridique. Elle sourit.
" Je ne suis une grande philosoph...euse? non. Philosophe! Mais corps, esprit et âme sont liées. Si un va mal, les autres aussi. Comme quand tu te casses un bras. Le reste de ton corps fonctionne encore bien, mais beaucoup moins bien que si ton bras n'était pas cassé. Vous comprenez? Pour que l'âme puisse être légère comme une plume, il ne faut pas que le corps la cloue au sol. S'il souffre, il retient l'âme, et ralentit l'esprit. Comme chez vos Hérauts. Si le Compagnon est malade, alors le Héraut ne peut plus mener sa mission, non? Nous, Kestra'chern, soulageons le corps et le cœur, nous ne guérissons pas comme vos Verts, nous rendons la vie plus agréable. Parce que une épée bien graissée est plus efficace qu'une épée rouillée. "
Oui, les K'Leshya de Griffon Blanc étaient eux aussi adeptes de philosophie Kaled'a'in, tout comme leurs cousins Shin'a'in et Taleydras.
Pluie s'attaqua à la seconde épaule. Celle-ci était dans un état encore pire. Évidemment, c'était sa main d'épée. Quelle idée de laisser son corps atteindre un tel stade. Elle irait bien dire deux mots aux Guérisseurs de ce pays. Évidemment qu'un engrenage mal huilé fonctionne! Mais il finira tôt ou tard par casser net! Tssssss.
Heureusement, le naturel de la Kaled'a'in était beaucoup trop joyeux pour qu'elle se laisse démonter par de telles pensées.
" Si vous aviez une femme, vous ne seriez pas aussi cassé. Les femmes savent quand le corps va mal. Alors elles font un bon plat, puis envoie leur mari au lit tôt, et les rejoignent pour les aider à se détendre! Ne connaissez-vous pas l'a... adage? qui dit qu'à chaque épée il faut un emballage? Non, dans votre langue, c'est pas juste. Mais vous comprenez?"
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Fitz se surprit à rougir. Bien qu'il est croisé, et cotoyé des femmes, cela ne l'empêchait pas de rester très géné lorsqu'il était en présence de l'une d'elle. Et quand Pluichantante aborda sans tabou le rôle d'une femme auprès de son homme, couplé au contact de ses mains sur sa peau, le mercenaire aussi guerrier et bourrin soit-il n'eut qu'une réaction: Rougir.
"Je pense que vous voulez dire "A chaque pot son couvercle" ? Voyons, soyons honnête... Pensez-vous vraiment qu'une carrière comme la mienne laisse de la place aux histoires de coeur ou autre ? Moi, l'homme qui a toute les chances de ne pas revenir de sa prochaine mission ? Moi, toujours en première ligne, prêt à en découdre avec des forces qui dépassent la plupart des humains ? La mort est une chose qui attend chacun de mes compagnons, et je ne fais pas exception à la règle. Comment voulez-vous sérieusement que j'impose cette vie d'anxiété, et de peur à une femme ? "
Il pensait à Kayann... Sa relation avec elle était forte, mais le voyage l'avait... Persuadé... Il ne pouvait pas la laisser dans cette angoisse permanente, il ne pouvait pas la mettre face à ces peurs, à ces doutes. Qui était-il donc pour se permettre de lui faire vivre cela ? Honnêtement il avait beaucoup réfléchi, et finalement la solution qu'il avait trouvé était sans appel:
"Mon rôle, ma destinée, mon choix de vie, m'oblige à tenir les femmes éloignées de moi, que cela me convienne ou non. Mieux vaut mourrir en ne laissant personne derrière, que détruire la vie d'une personne qui n'a rien demandé."
Son regard jusque là rieur, devint légèrement sombre. Mais cela ne dura pas.
"Vous avez beaucoup voyagé avant de venir ici ? Parlez moi un peu de vous ma dame."
Edit Arthon: Merci ^^
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Pluiechantante fronça les sourcils. Elle avait touché un point sensible, elle l'avait tout de suite compris. Mais le machisme du guerrier l'irrita. Pourquoi les hommes imaginaient-ils toujours les femmes tranquillement installées à la maison?
" Pourquoi la laisser derrière? Vous devez trouver une femme comme vous. Qui se bat. Vous les hommes croyez être les seuls à aimer la guerre! Tsss. Enfin, vous faites comme vous voulez."
Sa mauvaise humeur de dura pas. Elle était incapable de s'énerver longtemps.
Il lui fallut plus de temps pour parvenir à détendre un peu la seconde épaule. Elle appuya le plus fort possible. Tant que Fitz ne ralait pas, c'est que c'était bon.
Souhaitant visiblement qu'on arrête de parler de lui, il s'intéressa un peu à sa vie. Pluiechantante n'avait pas tellement l'habitude de s'épancher, et encore moins devant un patient.
" Oui, j'ai beaucoup voyagé. Depuis chez moi jusqu'à ici. Depuis Griffon Blanc. Toujours à pied. Je faisais un arrêt dans les villes, pour travailler, apprendre la langue, vendre de l'huile. J'aime beaucoup voyager. Mais je suis contente de rester ici un moment. Il y a beaucoup de gens intéressants. Et de garçons jolis... non, beaux. "
Elle sourit. L'épaule semblant un peu plus détendue, elle s'attaqua aux omoplates et à la colonne.
" Et ici, il n'y a pas beaucoup de concu...concurrence. Pour le travail de Kestra'chern, pas pour les garçons, ein? Et je crois que bientôt tous les gens qui soignent seront utiles. Non?"
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La simplicité des réponses de la jeune femme laissait Fitz sans voix.
"Une guerrière comme compagne ?? Voyons... vous savez à quoi elles ressemblent pour la plupart ? A moi, mais avec une poitrine ! Franchement, j'ai beau n'être qu'un mercenaire, j'ai quand même du goût."
Tournant la tête il lanca un clin d'oeil à la jeune femme. On est pas des bêtes quand même !
"Et franchement vous aimeriez attendre chez vous que votre aimé rentre, en vous disant à chaque instant qu'il est peut être en train de pourrir dans un fossé ? Pas vraiment enviable comme situation n'est-ce pas ? "
Il sembla réfléchir un instant.
"Vous avez bien raison, je pense que d'ici peu de temps, toutes les mains seront nécessaires dans Haven, et les votre sont d'une douceur qui n'est pas courante ! Je suis certain que pas mal de clients vous arriveront dans les jours voir mois à venir ! Et puis qui sait, peut être aurez-vous le privilège de vous occuper d'un Beau garçon, au lieu du dos d'un guerrier usé par le temps et les violences des hommes ! "
Oui franchement, les combats lui avait pas fait de cadeau, la jeune femme avait raison, il fallait qu'il fasse un peu plus attention à lui même. Mais cela ne faisait pas totalement parti des ses habitudes.
" Et puis vu le bien que vous faites a la pauvre bête toute cassée que je suis, je risque même de devenir un habitué de vos massages ! "
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Pluie haussa un sourcil. Décidément, ce pays était très étrange. Des femmes qui ressemblent à des hommes? Mais où était-elle tombée?
" Chez moi il y a de jolies guerrières. Féminines. Fines. Comme une branche... non, un lien? non... une liane! Peut-être qu'ici elles sont pas jolies, mais chez moi elles sont belles."
La Kestra'chern réfléchit sérieusement aux paroles du guerrier. Elle n'avait jamais connu l'Amour avec un grand A. Et honnêtement, cela ne l'intéressait guère. Alors non, elle ne pouvait pas se l'imaginer. Mais elle savait que beaucoup de femmes acceptaient cette vie. Elle choisit de ne pas répondre - fait rare!
Il confirma ses craintes. Oui, elle serait bientôt très utile. Il en profita aussi pour dire des bêtises. Ahh, ces hommes.
" Vous jouez à la coquot.. .coquette. Comme les filles! Vous dites que vous êtes moches pour que je dise que vous êtes joli. Or vous êtes joli. Donc je le dis, voilà. Vous avez un très beau corps, même s'il est malade. Moi j'aime les malades, en plus, car je peux les soigner. "
Elle ne rougit pas, ne joua pas les minettes. Elle avait trente ans, et avait connu de nombreux, très nombreux hommes dans sa vie. Elle n'était ni pudique, ni timide, et parlait toujours très franchement.
" Et si il y a d'autres garçons aussi jolis que vous, je veux bien les masser aussi. Mon carnet de rendez-vous est libre. J'ai le temps pour vous, maintenant, et plus tard encore. Même demain, ou dans deux jours. Mais je n'ai pas de hertasi pour m'aider. C'est dommage!"
Elle regrettait vraiment de ne pouvoir engager un hertasi pour l'aider. Enfin, n'ayant pas de réel cabinet - la preuve, elle massait un homme au milieu d'un jardin, au plein cœur de l'hiver - elle n'en avait pas vraiment besoin, mais...
Enfin, tant qu'elle pouvait aider, elle se sentait bien.
" Il va y avoir la guerre, non?"
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La phrase le frappa de plein fouet. Lui qui souriait juste avant la dernière phrase de la jeune femme, se retrouvait d'un seul coup aspiré par la réalité.
"Oui"
Il ne pouvait pas répondre autre chose. Non pas que cela lui était interdit, mais plutôt parcqu'en faite il n'avait même pas encore complétement étudié la question... Un mal cherchait à dominé ce monde, les royaumes voisin de Valdemar étaient pourri en leur fondement... C'était inévitable. Et tout guerrier qu'il était, il ne l'avait pas encore vu de facon aussi simple.
"C'est étrange... Vous êtes une étrangère, et par ce fait, vous mettez des mots simples sur les choses. Et vous êtes de ce fait la première à me parler de la chose aussi.... Clairement. Comme si je discutais avec une enfant, sans vouloir vous vexer."
C'était ca. Juste mettre avec des mots simples une phrase sur la réalité.
"Un mal profond est en train de s'étendre sur notre monde, un mal qui menace Valdemar à ses frontières. Et je sais, que j'ai un rôle à jouer dans cet événement, un rôle qui me dépasse, bien au dessus de tout ce qu'un simple fils d'ermitte pouvait penser avoir un jour. Et si il y a bien un endroit où vous devez être pour être protégé c'est ici, entre ces murs"
Et puis il se mit à réfléchir, à revoir les visions qu'il avait eu, à réécouter tout ce qu'on lui avait révéler...
"Mais loin de moi..."
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Pluiechantante parlait souvent sans réfléchir, ou plutôt, tout ce qu'elle disait reflétait exactement le cheminement de sa pensée. Elle ne savait pas ce qui l'avait poussé à poser cette question. Elle savait seulement qu'elle devait la poser. Aussi, elle écouta attentivement la réponse.
Elle s'arrêta même de le masser. De toute façon, dans cette position, c'est-à-dire assise par terre au milieu du jardin, elle ne pouvait pas descendre plus bas dans le dos du guerrier. Ou alors cela deviendrait franchement... indécent.
Elle se déplaça et vint s'accroupir devant Fitz.
" Je dis des choses simples car je ne connais pas les mots. C'est plus dur de mentir pour être gentil quand on parle mal la langue. A la fin, on dit des bêtises, et on fait quand même mal. Alors je dis les choses comme je les pense..."
*Enfin, je fais toujours ça, qu'importe la langue. *
Il semblait très perplexe, et se perdit quelques instants de ses pensées. Pluie en profita pour lui prendre la main.
" Donnez-moi la main."
Elle saisit la main qu'il lui tendit et commença à la masser, à étirer les doigts un à un. Elle savait que ce massage calmait, et détendait, sans ramollir. Les mains sont particulièrement sensibles, et souvent, on les néglige plus encore que le reste du corps.
" Pourquoi loin de vous? Vous n'êtes pas méchant. Vous ne me blessez pas. * En tout cas pas encore*. Pour être vraie... non honnête, je pensais peut-être partir avec les troupes. J'aime voyager. Et j'aime aider. Et les soldats. Ils sauvent le monde. Alors je trouve beau de les aider. C'est très bien de les aider. Je n'ai pas peur pour moi. Après tout, que pourrait-il m'arriver de pire que mourir? Et je n'ai pas peur de mourir."
Ce qui était totalement vrai. Dans l'esprit de Pluichantante, la mort, c'était simplement un très long sommeil. Pourquoi alors avoir peur de dormir?
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D'abord il eut un mouvement de méfiance. Sa main ? Cela faisait un moment que personne ne la lui avait demandé... Peut être car la plupart des gens qu'il croisait ici bas connaissaient sa malédiction. Mais finalement, elle ne faisait que son travail.
Il lui tendit alors l'autre. Celle qui ne risquait pas de la cramer juste au contact.
"Vous savez que votre façon de voir est étrange ? Du moins peu commune ? Ce n'est pas parcque je suis méchant qu'il faut s'éloigner de moi car ma destinée est sombre, et que j'ai peur pour ceux qui sont proche de moi, peur de les perdre. Vous ne voyez pas la mort comme quelque chose de mal, et moi non plus finalement, sinon je ne ferai pas mon travail... Mais c'est différent pour la mort des autres."
Il chercha un instant une facon de lui expliquer cela, tout en vérifiant que sa main "maudite" était bien gatée comme à son habitude. Il se surprit à sourire, même torse nue dans un jardin, il gardait son gant.
"C'est simple en faite. Tout comme vous je n'ai pas peur de mourir, ce n'est pas pour moi quelque chose d'effrayant. Par contre, je ne supporterai pas de voir mourir une personne que j'apprécie, uniquement car elle était proche de moi"
Il regardait la masseuse dans les yeux. Elle parlait simplement, franchement, sa présence était agréable. On faisait vraiment de drôle de rencontres dans ce palais.
"Enfin, je sais bien que tout ce qui va se passer n'est pas nécessairement ma faute, mais je sais aussi, que le futur me réserve mon lot de haine, trahison, sang, et violence. Je ne l'ai pas choisi c'est ainsi. On m'a désigné à cela. Vous comprenez je pense, que je ne veuille pas le faire subir à d'autre ? "
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Pluie était partagée entre exaspération et indignation. Elle ne voulait pas vraiment comprendre.
" Tu crois que tu peux choisir pour les autres? Et si eux sont heureux d'être proche de toi? Si la mort ne fait pas peur? Tu peux pas décider pour eux. Oui, je pense bizarrement. Mais c'est mal, penser bizarrement?"
Elle fit la grimace, et regarda la main de Fitz.
Même le petit doigt du guerrier était complètement tendu. Elle le tira jusqu'à entendre le craquement salvateur.
" Si je t'invite dans mon lit, si je prends du plaisir avec toi, tu n'as pas le droit de décider pour moi que je m'éloigne. La haine est plus facile quand on sait qu'il y a aussi l'amour! Tssss... c'est tellement noble de se tuer pour les autres. Mais tu crois que les autres aiment que tu te tues pour eux? Eux aussi aimeraient sans doute pouvoir mourir pour toi, eux aussi. Tu peux pas décider pour eux! Si je veux te suivre, et si je me blesse, ce sera ma faute. Tu es trop van... vaniteux. Tous les malheurs ne sont pas de ta faute, si? Il faut accepter les autres. A plusieurs on est plus forts! Seul on est faible! Il n'y a que les méchants qui croivent... croient que seul c'est mieux. Et les méchants perdent toujours! Et moi je parle comme Liane, comme une petite fille, car je connais pas les mots."
Elle lui sourit, pour adoucir son discours. Seulement ça l'exaspérait tellement les gens qui voulaient porter le poids du monde sur leurs épaules. Pourquoi les hommes se sentaient-il obligés de sauver tout le monde?
* Tiens, je suis passée au tutoiement. C'est trop compliqué de vouvoyer dans cette langue. *
Elle remonta ensuite vers le poignet et l'avant-bras.
" Désolée si je m'énerve. Mais tu peux pas décider pour les autres, si? Donc si je veux être ton amie, tu dis pas non. Tu acceptes, et souris, et tu remercies tes dieux d'avoir un ami de plus, si?"
Elle arrêta son massage, et lui tendit sa main, en un geste de fraternisation.
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Il éclata de rire, de nouveau de son rire franc.
"Tu parles comme une enfant, mais ce que tu dis est digne d'un sage ! "
Il accepta la main de la jeune femme.
"Tout ce que tu dis est vrai, les gens sont libres, mais ne suis-je pas libre de tenter de les protéger aussi ? C'est mon travail après tout ! Rhalalalalalaa...."
Il secoua la tête, avant d'éclater de rire de nouveau.
"Te rends tu compte que je tu es en train de me sermonner comme on sermonne un enfant ? C'est que ma virilité de guerrier en prend un coup !"
Le mercenaire souriait. Elle lui faisait oublier un instant tous ses soucis, tout ce poid. Elle ne savait rien de lui, et pourtant ne s'encombrait pas de prendre des gants. Elle était juste là, à parler avec un client, qu'elle ne connaissait pas, et qu'elle ne cherchait pas forcément à connaitre. Non elle était juste elle, et c'était rafraichissant dans cette ambiance pesante qui régnait ces derniers jours à Valdemar.
"Mais ca me fait du bien. Merci. Tu ne fais pas qu'apaiser les corps avoues ? Tu t'occupes aussi de l'esprit de tes patients ? "
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Elle lui sourit.
" Voilà, tu as tout compris. On est tous libre de faire ce qu'on veut!"
Elle reprit son massage, remontant maintenant vers le biceps. Rire avait détendu le guerrier. Tant mieux, le travail n'en serait que plus aisé.
" Ta virilité? Si ta virilité souffre d'entendre la vérité, elle est pas très forte, ta virilité! Ma féminité souffre pas quand on me fait la leçon."
Sa spontanéité, qui aurait pu être une gêne dans son travail, était devenue son arme secrète. Les gens se sentent en confiance quand on leur parle franchement. Et les gens en confiance se laissent masser plus facilement. Sa maîtrise imparfaite du valdemaran la faisait passer pour plus naïve qu'elle n'était.
" Bien sûr que je soigne pas que le corps. Je soigne le coeur aussi. Comme j'ai dit, l'un ne peut pas aller bien si l'autre va mal. Il faut s'occuper des deux. C'est très important. Je sens que le coeur est lourd, et que le corps souffre, donc je rend le coeur plus léger, et le corps plus agile. Simple, non? Et parfois, je soigne aussi l'égo des hommes... mais c'est plus rare ça... seulement ceux qui sont très jolis, ou très drôles. "
Elle lui fit un clin d'oeil coquin. Elle finit de masser le bras de Fitz, et se trouva désœuvrée.
" Je crois que l'autre main, je peux pas toucher, si? Tu portes un gant pour cacher, ou pour protéger? Protéger, je pense? Cacher, ce serait pas normal, vu que tu montres ton dos tout cassé, non, tout plein de cicatrices. Je peux faire le haut du bras, au moins? Ensuite, si tu me laisses, je ferai ta tête, au-dessus de tes yeux, et aussi sur les côtés. Je connais pas le mot."
-
"Non il est vrai que ma virilité n'est pas mon plus gros atout. Mais à quoi sert un homme virile, si il n'est pas capable de respecter et prendre soin d'une femme autant qu'elle le mérite ? "
Il se laissait faire, ne disait rien, et répondit au clin d'oeil de la jeune femme par un sourire éspiègle. Il se doutait par contre que la question suivant arriverait. Là où il était assez content, c'est qu'elle n'était pas arrivé dès le début de leur rencontre.
"Non ce n'est pas une question de la cacher, ni même de la protéger, mais plutôt de protéger les autres d'un pouvoir que je ne contrôle pas. Vois-tu on m'a fait un don parait-il, on m'a choisi, sauf que ce don a des capacités que je ne contrôle pas, et que je ne sais pas complétement manié. Autant dire, que c'est encore une fois plus pour protéger les autres, plus que pour me protéger moi ! "
Il prit un peu de temps pour la suite, se frottant le menton, semblant réfléchir, puis braquant son regard dans les yeux de le jeune femme, son sourire toujours plaqué sur ses lèvres.
"Et pour ce qui est du reste tu dois parler des tempes je suppose ? Sache que tout ceci est à toi, tu fais ce que tu veux ! "
Adressant un clin d'oeil à la jeune femme il se désigna d'un geste ample !
"Je suis ton cobaye ! Et excepté cette main, qui restera ganté, tu peux disposer de moi ! "
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La Kestra'chern hocha la tête, montrant qu'elle comprenait bien l'explication.
" Très souvent on ne comprend pas pourquoi on reçoit un don... Il faut alors apprendre... et être fier..."
Comme il ne semblait pas vouloir s'attarder sur le sujet, elle n'en parla plus non plus. Mais cela l’intriguait. Décidément, il se passait de drôles de choses dans ce pays. Et personne n'expliquait quoi que ce soit.
Ce qui énervait le plus Pluiechantante, c'était qu'elle n'avait pas encore pu poursuivre l'enquête sur l'attaque de l'ami du hertasi Lisser. Et elle aurait vraiment aimé.
Fitz lui donna ensuite son accord pour la reste du massage. Pluiechantante fut ravie qu'il lui donne le terme exact qui manquait à son vocabulaire.
" Oui, les tempes! Merci! Je dois apprendre les mots qui sont pour mon travail, c'est très important. Si je ne peux pas expliquer au patient, j'ai l'air stupide. Il faut aussi que je trouve une personne pour m'apprendre à parler mieux. Je n'aime pas parler comme Liane."
Ayant reçu la permission de continuer, elle s'attaqua au second bras, avant de froncer les sourcils en entendant le terme cobaye.
" Tu n'es pas un cobaye... je ne suis pas une débutante, rassure-toi. Je connais l'entier de mon art... vraiment tout. "
Après un sourire charmeur, elle se concentra un peu plus sur ce qu'elle faisait. Ce bras était très tendu aussi. Pas étonnant, quand on savait ce qu'il y avait au bout. En une séance, elle ne pourrait pas détendre totalement les muscles. Ils étaient bien trop tendus.
Elle revint se placer derrière Fitz, mais cette fois assise en tailleur, et, sans prévenir, l'attira vers elle pour lui poser la tête sur les jambes.
" Tu devras revenir vers moi. Tu n'es pas du tout assez détendu pour que je te laisse partir, si? Et ferme les yeux, les massages sont plus doux avec les yeux fermés."
Elle commença à lui masser délicatement le front.
" Et ne t'inquiète pas. Tu reviendras de la guerre. Tous les hommes reviennent toujours vers Pluiechantante," dit-elle sur un ton joyeux. " Sinon, ils savent que je suis vexée."
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"Si tu veux, je peux toujours t'aider avec la langue. Mais je te préviens, je parle parfois comme un soldat, je suis loin de la diction parfaite des nobles !! Mais si tu préfères j'ai peut être quelques amis du beau monde, qui pourraient t'aider plus que moi ! "
Le reste, le mercenaire n’eut pas le temps de réagir. Alors qu'il savourait le massage, la jeune femme l'attira en arrière, et lui ordonna de fermer les yeux. Soldat jusqu'au bout des ongles, le mercenaire les ferma sans hésitation. Il laissa son esprit divaguer, pendant qu'il profitait du massage de la jeune femme.
"Vu ta douceur, et ta beauté, il n'est pas étonnant que tous les hommes reviennent vers toi! Mais il faut être réaliste, le combat qui nous attend laissera bon nombre d'entre nous sur le carreau. Et on attend énormément de moi Pluie... T'es tu déjà retrouvé avec un poids sur les épaules tel que tu n'es pas certain de pouvoir assumer ? Tu sais ce genre de responsabilité qui t'écrase ? "
Un soupir puissant, que le mercenaire ponctua d'un mouvement d'épaule pessimiste.
"Je n'aimerai vraiment pas être le capitaine Beltran, ou Arthon... Ces deux hommes à l'heure qu'il est doivent sentir le poids du monde sur leurs épaules... Moi j'ai déjà celui d'une déesse et ses adorateurs, et franchement c'est déjà trop ! "
Fitz éclata d'un rire franc...
"Je dois t'embêter avec tout ca Pluie, je suis désolé... Ta présence est apaisante, et cela vient aussi de la façon dont tu gères parfaitement tes mains ! "
Il leva légèrement la paupière droite, lança un clin d'oeil à la jeune femme, et continua
"Si tu es aussi douée dans tous les domaines que dans les massages, je suis prets à parier toutes mes soldes à venir que ton établissement va prospérer, et ta recherche de Hertasi aboutir ! "
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" Hmmm... je suis sûre que tu maîtrises très bien ta langue...(Elle lui fit un clin d'oeil.) Et je préfère les soldats. Les nobles sont... trop ...comment on dit? Ils se croient meilleurs qu'ils ne sont..."
* Ils pètent plus haut que leur cul, quoi...*
Non, Pluiechantante n'avait jamais connu le poids des responsabilités. Pluie était un papillon, qui se posait avec légèreté sur la vie. Elle ne se laissa jamais écraser par quoi que ce soit, les autres, les responsabilités, la mauvaise humeur. Comme la pluie, rien ne pouvait l'empêcher de suivre son chemin.
Alors elle choisit de ne rien répondre. Elle ne pouvait honnêtement pas comprendre. Elle ne le voulait pas.
" Si tu as reçu des responsabilités, c'est que tu peux les supporter, si? Tu dois faire confiance à toi-même..."
La Kestra'chern savoura les compliments. Elle adorait les compliments.
" Qu'est-ce que tu crois? Je suis une prof...professionnelle! Chez moi, c'est très sérieux être Kestra'chern. Ici, on dit parfois "putains" de nous. Mais pas pareil. Putains, on dit "perchi" chez nous. Très bonne profession. Mais Kestra'chern, c'est pas la même chose. Ici, les gens comprennent pas. Alors je me demande si je peux travailler quand même..."
Elle se demandait réellement si elle parviendrait à se trouver un cabinet, ou au moins, une possibilité de pratiquer réellement son métier, et de préférence ailleurs qu'au milieu d'un jardin, en plein hiver...
Ses mains achevèrent lentement le massage, finissant par les tempes. Elle regrettait presque d'avoir fini.
Elle s'arrêta, et posa ses mains sur le torse de Fitz, sans rien dire. Elle trouvait le jardin apaisant, surtout en si plaisante compagnie. Elle n'avait pas envie de retourner à sa routine... pas tout de suite.
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Le contact de ses mains sur son torse, le temps parfait, le lieu adéquat, il aurait pu rester là comme cela à ne rien faire. Enfin il se doutait un peu que d'ici quelques heures, on commencerait à le chercher pour le rappeler à ses obligations. Enfin en attendant il était bien.
"En tout cas pour moi tu es loin d'être une putain. De toute façon c'est un mot que je n'aime pas. Même les filles de la basse-ville qui font profiter de leurs charmes le soldat en perm, ne méritent pas d'être appelées comme cela."
Machinalement le mercenaire caressa la main de la jeune femme.
"Pour elles, ce n'est pas forcément la vie qu'elles ont choisi, mais dans tous les cas elles méritent tout autant de respect que le fils du Roi. Chaque vie dans ce royaume vaut aussi chère que les autres. Tu sais, le plus gros problème des grosses villes, c'est que les gens ont énormément d'aprioris."
Le mercenaire sembla réfléchir, à une façon plus simple de dire les choses.
"De préjugés. Ils ont un avis sur tout, et tout le temps... Mais crois-moi, si le Glaive dit que le travail que tu fais est d'utilité publique, alors il est possible que ton cabinet se remplisse plus vite que prévu".
Dans un éclat de rire, il se rendit compte du geste machinal qu'il avait entreprit, et retira sa main à une vitesse désespérée, la replaçant plus loin sur son ventre, et rougissant comme un jouvenceau prépubère. Détournant la conversation de son geste, il enchaina sur autre chose.
"Dis-moi, qu’est ce que tu aimerais apprendre à dire correctement en priorité ? "
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" Alors je vais essayer de monter que je suis utile à Vademar. Que Kestra'chern c'est utile..."
Pluiechantante regretta qu'il retire sa main. Alors comme ça, les preux guerriers étaient timides? Elle le regrettait vivement.
Pour l'inviter à continuer, elle lui passa délicatement la main dans les cheveux.
" En priorité? En premier? Déjà, les mots pour toutes les parties du corps. Je connais les principales, main, bras, jambe, pied... Mais je connais pas les mots pour les parties plus précises... ou qu'on voit moins."
Il était difficile de faire des sous-entendus dans une langue étrangère. Elle se sentait passablement ridicule d'essayer, par ailleurs. Pour mieux faire passer le message, elle sourit et continua de caresser les cheveux du guerrier.
Bon, ce n'était pas très subtil, mais cela faisait depuis son arrivée en ville qu'elle n'avait pas "prolongé une consultation".
Évidemment, il pouvait très bien refuser. Pluiechantante l'accepterai sans peine. Après tout, chacun était libre. Et le moment qu'ils venaient de passer ensemble dans les jardins étaient déjà bien plus que ce qu'elle avait imaginé pour sa journée.
" Aussi les mots pour les maladies... Mais ça, je peux demander à un de vos bonhommes en vert. "
Elle réfléchit. Que voulait-elle donc savoir de plus? Tous les synonymes possibles pour " partager sa couche"? Non, ça, elle n'oserait pas demander. Même elle avait un minimum de pudeur. Surtout qu'elle ne comptait pas donner raison à ceux qui pensaient que les Kestra'chern étaient des putains. Un mot bien moche pour désigner une profession si essentielle.
" Ah, et comment on dit pour inviter un homme dans sa chambre..."
Évidemment, elle n'avait pas pu s'empêcher...
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Il laissait le contact se prolonger, et alors qu'il cherchait un terme adéquat (en espérant ne pas s'être trompé sur ce qu'elle lui demander) pour désigner ces parties du corps qu'on ne nommait pas, il éclata de rire à la dernière demande de la jeune femme.
"Comment inviter un homme dans sa chambre ? Ha ça… Les femmes seraient plus apte à te répondre, moi j'ai toujours eu du mal à comprendre les messages qu'elles m'envoient ! "
Appréciant le contact, et laissant faire la jeune femme, il monta sa main non ganté proche de sa tête, de façon à caresser doucement le genoux de Pluie.
"Y'en a qui disent : "Tu veux venir prendre une dernière tasse de thé chez moi ? " ou encore "Mon dieu ta chemise est toute trempée, vient j'ai de quoi la changer", parfois elles innovent "tu pourrais venir vérifier les pieds de mon lit je crois qu'ils sont abimés"…. Mais le plus simple est encore de tout simplement demander "ne veux-tu pas entrer ? ". Sinon, y'a toujours le coté plus romantique "Ce que j'aimerai ? Me réveiller à tes cotés ne serait-ce qu'une fois ? " "
Il continuait de réfléchir, aux autres solutions pour exprimer cette phrase.
"Pour le reste, il est compliqué de les nommer face à toi. Pour être tout à fait franc tu arrives à me faire rougir"
Et c'était la vérité le guerrier était tout rouge. C'était bête certes, mais …
"Tu sais, j'ai vécu pendant longtemps avec comme seul compagnie un vieil ermite… Et ensuite j'ai travaillé sur les routes, protégeant les caravanes, les biens, les personnes, sans jamais me lier… Alors de là à directement nommer ce genre de choses face à une jeune femme, tu peux comprendre que ça me mette dans tous mes états ! "
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Pluiechantante éclata de rire. Elle ne pensait pas que ce beau guerrier méditant à moitié nu dans les jardins était si timide. Après tout, quand on se balade torse nu, il faut s'attendre à se faire draguer.
" Tant mieux si je te fais rougir! C'est tellement joli!"
Elle eut du mal à se reprendre. Ils étaient drôles, les hommes, ici. Ou alors c'était la différence de culture... Et les femmes étaient visiblement aussi compliquées partout.
" C'est compliqué d'inviter un homme dans sa chambre ici... Chez moi, jamais de problème. Je sais toujours quoi dire pour qu'il comprenne. Je... comment on dit... je sous-entends? C'est ça le bon mot? Mais je peux essayer la méthode de Valdemar alors..."
Elle prit quelques instants pour réfléchir à comment tourner sa phrase, essayant de ne pas éclater de rire.
" Je crois que j'ai dans ma chambre... une bonne huile pour détendre tes muscles. Tu viens avec moi pour la chercher?"
Elle lui fit un sourire taquin.
" Tu expliques que les mots qui te plaisent, si? Tu connais pas les mots pour les parties du corps? Ou tu attends de pouvoir me montrer, pour que je comprenne bien les mots? Je suis sûre que je mémorise mieux si tu montres, non?"
Prenant un ton d'élève appliquée, elle commença à réciter ce qu'elle connaissait.
" Tête, yeux, tempe, nez, bouche, cou, nuque, épaule..."
Et ce faisant, elle désignait chaque partie en la frôlant du bout des doigts.
-
Le guerrier se sentait flatté, et rougissait de plus en plus.
"Une huile dans ta chambre tu m'en diras tant ! "
Elle récitait les parties de son corps c'est ça ? Elle venait de passer la bouche, s'attaquait à la nuque, quand Fitz prit sa main dans la sienne, et la porta à ses lèvres. Embrassant doucement cette main si douce, il lui lança un clin d'oeil.
"Je vois que tu en connais beaucoup sur le corps des hommes"
Fitz se redressa, se tournant pour faire face à la jeune femme, sa main se perdit sur son menton, caressant son cou, doucement.
"Toi qui connait si bien le corps des hommes. Toi qui est si appliquée pour ce qui est du bonheur des autres, t'es-tu seulement dit un jour qu'on pouvait t'apporter la même chose ? "
Il approcha ses lèvres du cou de la jeune femme, et y déposa d'un simple effleurement un baiser.
"Où est-elle déjà cette huile de massage pour mes muscles disais-tu ? "
Sa main continuait de courir le long de la jeune femme, descendant la nuque, effleurant le haut de sa poitrine.
"Je pense qu'il va falloir que je te donne un cours particulier dans ce cas là"
-
Pluiechantante ne savait que répondre. Son bonheur à elle était tellement simple et évident... là, maintenant, elle se sentait heureuse. Mais elle apprécia qu'il pose la question. C'était si... tendre? Elle se dit qu'elle avait fait le bon choix en passant par les jardins. Après tout, les beaux hommes à moitié nus étaient plutôt rare, en cette saison.
Elle sourit largement.
" Je crois qu'elle est dans le meuble près du lit... ou peut-être dans le lit? Je suis pas certaine... Il faut m'aider à chercher, je pense. Ensuite tu me donneras un cours, si? je connais pas bien les mots après ventre..."
Elle déposa un rapide baiser sur les lèvres du guerrier avant de se relever souplement. Elle attendit qu'il le lève à son tour pour le prendre par la main. Elle n'était pas trop petite à côté de lui, ce qui était assez agréable. Elle n'aimait pas tant les grands hommes massifs.
" Tu n'oublies pas ta chemise, si? Sinon tu auras froid, plus tard... le soir il faut froid... et le matin aussi"
Elle le guida en dehors des jardins, vers le Palais, et vers sa chambre. Elle connaissait bien le chemin maintenant, et réussit à ne pas se perdre... ce qui aurait quand même un peu cassé l'ambiance.
Ils arrivèrent enfin devant la porte de sa chambre, dans le quartier des invités. Elle fit entrer le guerrier.
Ce n'était pas une chambre très impressionnante, mais le lit était grand, confortable, et surtout, la pièce était agréablement chauffée par une cheminée.
" je crois que l'huile est par là... on cherche..."
Tout en riant, elle le poussa sur le lit, et ferma la porte.
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