Valdemar RPG
Autres RPs => Archives => Sujets libres => Discussion démarrée par: Zul'Azann le 29 janvier 2012, 10:46:35
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Une matinée un peu fraîche, un réveil un petit peu difficile et un petit déjeuner avorté plus tard, Zul se dirigeait vers les jardins où il avait donné rendez-vous à l'une de ces jeunes mages du Collegium. Il aurait pu lui dire de la rejoindre dans les salles prévues à cet effet mais dans son esprit de contradiction, il préféra un petit coin de jardin, non loin d'un arbre, assez loin de tous ces pia pia pia des couloirs des Collegia. Elbereth aurait besoin de calme pour se concentrer !
La démarche de Zul était reconnaissable depuis des kilomètres à la ronde. Légèrement dégingandée, rapide, il grommelait toujours dans sa barbe inexistante. Un vieil homme que la magie rendait encore vif et costaud. Mais il était un peu bizarre, cet homme-là. Il disait parfois des choses étranges sans queue ni tête, des choses qui ne semblaient avoir de signification que pour lui et un être supérieur invisible au commun des mortels.
Une fois dans les coins d'herbe, il se chercha un endroit approprié. Les bras écartés, il fit quelques pas comme s'il mesurait une distance, comptant sur le bout de ses doigts. Parfois, il changeait de direction, semblant chercher le point idéal pour cet entraînement qu'il espérait bénéfique pour l'apprentie. Finalement, il s'arrêta, regarda le ciel, les Collegia, évaluant les distances et se laissa enfin tomber au sol, en tailleur.
Reposant ses mains sur ses genoux, il leva à nouveau les yeux vers le ciel, les clignant à cause de la luminosité. Il faisait frais mais le soleil les réchaufferait quelque peu. Ainsi attendit-il Elbereth en étudiant les formes des nuages, marmonnant quelques mots incompréhensibles.
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[justify:38j2a9vb]Cela faisait maintenant deux bonnes semaines que Elbereth était rentrée de mission. Les cours avaient repris, intensifs. Entre les devoirs écrits, les entraînements magiques et physiques, les corvées qu'ils avaient à réaliser, le temps passer avec Dellaria et celui avec Eoghan, la jeune femme n'avait guère eut le temps de repenser à ce que le mage de la mission lui avait dit. Puis la veille, l'apprentie avait croisé un Adepte prêt à lui donner quelques cours particuliers pour son passage d'Apprentie à Compagnon.
Elle ne connaissait pas beaucoup le Maître Aman, mais ce qu'elle en avait entendu lui avait beaucoup plu. Elle appréciait aussi son air un peu bourru, un peu fou et un peu dans les nuages. A vrai dire, il lui faisait beaucoup penser à Atanatar, son ancien mentor. Bon elle appréhendait un peu aussi, parce qu'elle ne savait pas trop à quoi s'attendre, si elle avait les capacités qu'il espérait, si elle serait à la hauteur des exercices...
Le matin venu, elle s'était réveillée fraîche et dispose, avait laissé un Eoghan encore bien endormi. Puis elle s'était expédiée un premier petit encas avant d'aller courir un peu avec Del'. Ensuite elle était revenue se doucher, avait revêtu sa tunique bleue d'apprentie (qui lui faisait soi-disant un teint si pâle...), avait pris un solide petit déjeuner cette fois. Enfin, elle s'était dirigée dans les jardins, vers l'endroit où lui avait donné rendez-vous le Mage.
Dellaria l'accompagnait. Elbereth s'inquiétait un peu, en fit part à sa Liée :
-Dis tu penses que je vais réussir à être pas trop mauvaise ?
-Ashke, tu n'es PAS mauvaise. Simplement, concentre-toi lors des exercices et ça ira !
*Oui c'est bien là tout le problème...*
La jeune femme reçut une vague d'encouragement qui lui donna le sourire. Jetant un coup d'oeil à sa Soeur d'Esprit, elle se dit qu'elle ne pouvait plus imaginer sa vie sans elle. L'une faisait réellement partie de l'autre. Enfin, il y avait bien un peu de place pour Eoghan aussi... Mais ce n'était pas le même lien. Sur ces réflexions, elle arriva au lieu de rendez-vous... Et trouva l'Adepte assis en tailleur, le nez au ciel, grommelant quelques paroles inaudibles. Un sourire apparut sur le visage de la jeune femme et elle s'annonça en toussant légèrement.
-Maître Amann, bonjour...
Del' salua à son tour :
-Mon Sieur... Enchantée de faire votre connaissance.[/justify:38j2a9vb]
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D'abord, Zul ne répondit pas, trop occupé à scruter les nuages. Mais finalement, au bout d'un temps, il cligna les yeux et les baissa sur son apprentie et son charmant petit familier. Ou bien était-ce l'inverse ? Zul se gratta la tête un instant avant de renifler.
_ Te voilà enfin ! Je t'attends depuis au moins trois jours. Tu sais que les nuits sont fraîches à Haven ?
Il tapota l'herbe devant lui jusqu'à ce qu'elle s'asseye.
_ Viens donc en face de moi, petite. Tu pourras regarder pendant que j'apprends à ta Ratha comment faire des feux d'artifice dans le ciel.
Zul ferma les yeux en reposant ses mains sur ses genoux. Il laissa passer quelques secondes avant de ne rouvrir qu'un oeil pour regarder Elbereth et sa réaction qu'il espérait fort intéressante. Puis finalement, il sourit, doucement. Malicieux. Balayant l'air d'une main, il se racla la gorge pour reprendre.
_ Tu m'as cru, hein ? Bien le bonjour à vous mes chères amies ! Aujourd'hui est un grand jour car je vais donner ma première leçon de magie. Vous ai-je déjà dit que je n'avais encore jamais pratiqué la magie ? C'est un honneur pour moi.
Il acquiesça avec un immense sourire presque extatique. Faire tourner les têtes des jeunes filles dès le matin, bien sûr, il adorait ça. Faire tourner la tête des gens en général aussi, d'ailleurs.
_ Alors, chère amie... Que puis-je vous apprendre aujourd'hui ? Comment créer un pétard entre le pouce et l'index peut-être ? Ou bien comment éclairer toute une pièce avec juste un seul pet magique ? Peut-être préfèrerais-tu apprendre une potion qui fait pisser bleu ?
Son sourire était à la limite du carnassier, maintenant. Oh oui, s'il pouvait apprendre à ces fichus apprentis mages à faire des bêtises et quitter leur sérieux naturel qui plombait l'ambiance du collegium, alors il en serait très heureux. Bien entendu, il ne portait que peu d'espoir dans cette entreprise.
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[justify:23jockay]L'homme avait toujours le nez perché, et scrutait le ciel. Elbereth leva les yeux elle aussi, se demandant ce qu'il pouvait y avoir de si captivant. Mais le Mage interrompit cette question en se rendant compte de leur présence. Elle sourit. Rentrant dans son jeu, elle répondit :
-Trois jours ? Oh alors, pardonnez moi, Messire, le voyage de ma chambre à ici fut long et fastidieux, avec nombre d'obstacles à surmonter avant de pouvoir arriver jusqu'à vous. Oui l'hiver ne rend guère les nuits douces par ici ! J'espère au moins que vous n'avez pas pris froid, j'en serai fort désolée...
Un sourire teinté de malice était apparu sur ses lèvres. Elle allait s'assoir quand la surprise et la perplexité se peignirent sur son visage, aux nouvelles paroles de l'homme... Elle douta une seconde, avant de comprendre qu'il plaisantait. Elle ne dit mot et sourit, puis s'asseyant près de lui, elle répondit :
-J'avoue vous avoir presque cru un instant. Del' étant mage elle aussi, je me suis posée la question...
La ratha s'était posée aussi à côté, une lueur amusée dans le regard. Jamais pratiqué de magie ? Une moue dubitative et le sourire toujours fiché sur son visage, Elbereth se dit que l'homme était bien un personnage... original. Qui devait aimer faire des farces. Oh elle aurait aimé le voir en action à la cours avec tous ces nobles coincés et snobs... La suite de son discours lui fit ouvrir des yeux ronds, avant qu'elle n'éclate de rire, tellement les propositions étaient spontanées... Hochant la tête, elle réfléchit une seconde :
-Je crois que la potion pourrait me plaire ! Oui je choisis la potion "qui fait pisser bleu" !
Eh bien pour sûr, ces cours allaient changer de tout ce sérieux habituels auquel elle essayait de coller ! Mais au final elle n'était pas mécontente, et sentait que le Maître et elle était faits pour s'entendre. Et que derrière cette apparence de farceur se cachait quelqu'un de bien plus intelligent et doué et vif qu'il ne voulait le laisser paraître...[/justify:23jockay]
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Allons donc ! Cette petite faisait de l'esprit ! Il eut un rire léger et secoua la tête, visiblement ravi. Portant son index en l'air, il désigna Elbereth avec un regard malicieux.
_ Tu as de l'humour, chère apprentie, voilà une bonne chose et une qualité que j'apprécie hautement ! Mais tu n'es pas là pour écouter les farces et plaisanteries d'un vieil homme comme moi ! Tu es là pour apprendre et pas pour perdre ton temps ! J'ai ouïe dire que tu souhaitais passer tes examens afin de passer au grade Compagnon, est-ce vrai ? Ma chère amie, une fois que l'on commence à monter les barreaux de l'échelle, on se rend compte que le ciel est bien haut par rapport à la terre. Allons bon commençons !
Il reposa ses mains sur ses genoux et ferma les yeux en relevant le menton, comme pour se concentrer. Il ouvrit la bouche pour parler mais finalement, il se racla la gorge et rouvrit un oeil pour la regarder. Cette malice qui emplissait tout son regard, il sourit en dévoilant toutes ses dents et acquiesçant.
_ Nous reparlerons de cette potion magique plus tard si elle t'intéresse vraiment. Mais… Pour l'heure… Concentrons-nous, veux-tu ?
Il se racla la gorge, dandina des fesses pour retrouver une bonne position au sol et fit voler ses cheveux de part et d'autre de ses épaules.
_ Ferme donc tes yeux et je veux que tu poses tes mains à ras du sol… Que les paumes de tes mains effleurent juste les brins d'herbe. Il est totalement inutile d'enfoncer des poings dans la terre pour la ressentir. Savoure simplement le toucher le plus simple et le plus doux de l'herbe contre ta peau. Et quand tu le veux, balade tes mains doucement. Comme si tu la caressais ! C'est comme… Une femme que l'on voudrait chérir, tu vois, c'est… Comme effleurer sa peau du bout des doigts, en ressentir la chaleur qui s'en échappe...
Il se racla la gorge, bougonna et secoua la tête.
_ Enfin, je veux dire...
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[justify:1qs2vylh]Un grand sourire s'afficha sur le visage de la jeune femme, qui ne se lassait pas d'écouter le vieil homme. Elle adorait sa façon de parler, beaucoup moins protocolaire que tous les professeurs qu'elle avait eu jusque là. Oh la plupart était gentils et intéressant, mais là, elle semblait carrément captivée. Elle hocha la tête :
-De l'humour il en faut... Vous savez, j'ai de la compassion pour ces personnes qui ne savent pas rire, ou ne peuvent se le permettre... Elle doivent être tellement tristes ! Alors qu'un sourire, ou un rire, dans une journée, ça ensoleille tout de suite ! Mais bref... Oui, en réalité, durant ma mission, j'ai pas mal utilisé la magie, et progressé, du coup le mage qui nous accompagnait m'a dit que j'avais normalement le niveau pour tenter le passage à l'examen pour avoir le statut de Compagnon.
Elle sourit à sa promesse de lui faire découvrir sa fameuse potion et acquiesça en reprenant son sérieux, alors que le "vrai" cours commençait. S'asseyant de manière à être confortablement installée, afin de ne pas avoir à bouger ensuite, l'apprentie suivit les conseils de son maître et ferma les yeux. Elle se concentra, et lâcha prise, se laissant guider par la voix grave du mage. Sous ses mains, ses paumes, ses doigts, elle tentait de sentir pleinement l'herbe, douce, voluptueuse et abondante. Puis la jeune femme les bougea doucement, comme si elle passait ses mains sur un tapis doux. Ouh ça la chatouillait. Un petit sourire perça l'air sérieux de Elbereth et elle dit doucement, dans un petit rire :
-Ne vous embêtez pas, j'ai compris la comparaison...
Puis elle se centra à nouveau, replongeant dans la (re)découverte de cette chose anodine appelée herbe... Bon elle ne savait pas trop où allait l'emmener Zul'Azann, mais elle se sentait en totale confiance avec lui, et n'avait pas peur de la suite.[/justify:1qs2vylh]
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Zul se pencha légèrement en avant pour croiser les bras sur ses genoux. Il fixait la jeune femme de manière intense, comme s'il ne voulait pas la lâcher afin qu'elle ne tombe pas. Tester les aptitudes d'un élève mage était comme procéder à une expérimentation sur eux. Ou ils réussissaient, ou bien ils échouaient. Soit on les admirait, soit ils nous décevaient, c'était un quitte ou double. Zul aimait la participation d'Elbereth et il sentit pouvoir avoir foi en elle. Aussi il attendit, la laissant promener ses mains sur l'herbe en l'effleurant.
_ Reste concentrée, jeune Elbereth. Tu dois juste sentir, c'est tout.
Zul aimait cet exercice, même pour lui. Il aimait entendre le chant de l'herbe dans sa tête, sentir la force de la sève des arbres remonter le long de son échine. Il aimait se connecter à la terre de la sorte, il se sentait si bien et reposé, calme et paisible. C'était un exercice qu'il aimait imposer à ceux qui vivaient avec bien trop de colère en eux. La haine n'est pas une vie et le calme aide à réfléchir de façon objective.
_ C'est comme une voix dans ta tête. C'est comme un être qui te guide. La Terre n'est pas simplement de la terre, elle vit aussi en chacun de nous et toi, tu peux la sentir, tu peux l'entendre, tu peux voir son énergie. Laisse-la t'approcher mais ne la laisse pas te toucher, juste… Regarde-la, sens-la. Sent l'énergie parcourir tes mains.
Cet exercice ne marchait pas pour tout le monde mais selon Zul, il était primordial que chaque élève mage en passe par là pour comprendre son point d'ancrage avec la terre car c'est avec elle qu'il risquait de travaillait le plus souvent. Si nous comprenions la terre alors nous pouvions comprendre l'énergie qu'elle en dégageait et ainsi, la réutiliser.
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[justify:9u74pn7t]Un imperceptible hochement de tête vint confirmer au Mage que Elbereth avait entendu sa demande. Elle se concentra, laissant la nature l'imprégner, et le reste s'effacer autour d'elle. Elle sentait chaque fibre de chaque brin d'herbe que ses mains survolaient. Et au-delà de l'herbe, la Terre. La Terre nourricière, la Terre vivante. Les racines, les arbres, leur sève, les feuilles, les fleurs, le pollen, tous ces milliers de petits insectes qui constituaient une part importante de la vie pour chacun.
L'apprentie sentait l'esprit de Del' lié au sien, vivant la même expérience. Après tout, elle aussi était douée de magie, et avait les capacités de faires les exercices. Et finalement, quelque chose là-dedans, la confortait. Peut-être le fait qu'elles pouvaient partager ensemble cette facette particulière de leur personnalité, qui leur permettait sans doutes de mieux se comprendre et d'encore plus se rapprocher…
La jeune femme se laissait guider, bercer, emporter par la voix grave de son maître. Et elle se concentra plus particulièrement par toute l'énergie que dégageait la Terre. Elle essayait de la voir comme une entité entière et non comme une fragmentation de diverses choses. Tout était lié. Ainsi, elle vit se connecta à la Terre par sa vision magique et vit les différentes lignes d'énergies qui couraient sous et autour d'eux.
Voilà. A présent elle voyait ce que le Mage lui avait décrit.[/justify:9u74pn7t]
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Zul haussa le menton en observant la jeune mage. Tout son intérêt était porté sur elle. De tous les mages et de tous ces jeunes qu'il y avait ici, elle était une de celle qu'il avait déjà remarquée de loin. Maintenant, il se surprenait à avoir envie qu'elle réussisse au-delà de ses espérances. Elle lui semblait être une jeune femme prometteuse et très douée. Plus que certains autres qu'il croisait dans les couloirs, plus pressés d'atteindre la chambre d'une jeune fille que de se pencher sur leurs études ! Teuf ! En son fort intérieur, Zul se demanda : après tout, pourquoi pas. Mais pour lui, les études c'était sacré, surtout au Collegium ! D'une voix douce, calme et posée, il reprit.
_ Ne cherche pas à la toucher, tu n'as pas encore les moyens de résister à son emprise. Maintenant, jeune mage, dis-moi... Qu'est-ce que tu vois ?
Sa question avait presque été murmurée, comme un secret. Ses yeux s'étaient agrandis, impatient alors d'accueillir parmi les siens une jeune femme douée. Zul vieillissait à présent, et il fallait qu'il enseigne son savoir à quelqu'un maintenant, quelqu'un d'autre que lui. Et sa fille, un peu plus âgée que Elbereth maintenant, n'était pas une mage. Non ! Zul allait devoir prendre quelqu'un comme disciple un jour ou l'autre ! Bien sûr, il aurait préféré un homme ! Grand beau et fort ! Mais après tout, une femme, aussi gracieuse et discrète qu'elle puisse être n'en était-elle pas plus dangereuse ?
Voilà encore que Zul réfléchit en technique de guerre. Valdemar était en paix ! Nul besoin d'enseigner à quelqu'un la magie de la guerre. Encore que... Si seulement nous savions notre futur...
[désolée désolée désolée désolée pour le retard !!!]
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[justify:23tdbh7l]La jeune femme était en admiration intérieure devant toutes ces lignes d'énergies, toutes ces couleurs, toutes ces formes... Elle se dit à ce moment que la jeune fille qui avait quitté sa famille pour un long voyage avait bien changée et grandie. Lorsqu'elle voyait tout cela, Elbereth se disait qu'elle avait utilisé jusqu'ici une faible partie du potentiel magique qui s'offrait à elle. Tant de pouvoir disponible au fur et à mesure qu'elle avancerait ! Cela aurait pu lui tourner la tête. Mais elle se fit une promesse. Jamais elle n'utiliserait la magie à outrance, seulement en cas de besoin, et toujours pour de bonnes causes. Elle se mettait, elle et son pouvoir, au service d'autrui et de son pays.
La voix de l'homme l'atteignit doucement et l'apprentie fit un nouveau discret signe de tête pour montrer qu'elle avait entendu. Il avait raison. Elle pouvait sentir ce pouvoir d'attraction qu'avait la Magie... Et cela pour des simples lignes d'énergies ! Alors qu'est-ce que cela serait pour un node ! Elle ne voulait surtout pas se perdre dans l'énergie de la Terre, et veilla donc bien scrupuleusement à juste observer ce qui se passait. Sa voix sortit, douce et posée, pas très forte, le Mage pouvait sentir la concentration.
-C'est difficile de décrire précisément. Mais je vois des filaments dorés qui passent ça et là, entre les êtres vivants. Je sens que c'est puissant. Les lignes sont liées entre elles, faisant une sorte de quadrillage. Et je ne le vois pas, mais je suppose qu'elles vont aller se rattacher à un node ? Toutes les lignes partent d'un être vivant : roche minérale, plantes, arbres, insectes...
Quelle quantité de pouvoir ces lignes pouvaient-elles nourrir ? Elle poserait la question une fois "revenue". En attendant, la jeune femme espérait avoir répondu ce qu'attendait son Maître... Del' lui envoya une onde d'amour, qu'elle lui rendit avec un sourire.[/justify:23tdbh7l]
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_ Bien !
Zul se releva d'un coup en frappant dans ses mains. Un léger gémissement pour détendre ses vieux os et il se remis sur pieds.
_ Rejoins-moi demain matin devant l'échoppe du Chapeau Fringuant. Nous avons encore du travail ! Mademoiselle...
Sans lui demander son reste, Zul joignit ses mains dans son dos et s'en retourna vers ses appartements en sifflotant. Il s'agissait de ne pas traîner et Zul ne s'encombrait jamais de surplus ! Juste ce qu'il fallait et ce dont il avait besoin. Pour le reste, il écourtait. C'était bien plus simple de cette manière.
Le lendemain matin, il était là, debout au milieu de la ruelle, laissant les gens lui passer à côté sans réagir. Matin de marché, tout le monde se pressait autour de lui mais il ne broncha pas, plus occupé à regarder une fois encore le ciel, les pieds plantés dans le sol. Il attendait. Il attendait Elbereth pour lui faire suivre la suite de son programme de choc. Il espérait qu'elle ne s'ennuierait pas et ne lui en voudrait pas. Après tout, de si bon matin, deux jours de suite, elle aurait de quoi lui en vouloir, non ? Mais si elle voulait réussir son examen, elle devrait en payer le prix fort, c'était la devise de Zul !
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[justify:2bz56sc6]L'exclamation du vieil homme et son claquement de main firent sursauter la pauvre Elbereth qui était pourtant bien concentrée. Elle réintégra le moment présent à vitesse grand V et ouvrit les yeux alors que le maître se levait. Elle allait lui demander la suite du cours, lorsqu'il lui donna rendez-vous le lendemain. Elle n'eut que le temps de dire :
-Bien à demain alors...
Mais Zul' était déjà parti. Elbereth le suivit des yeux un long moment, le regard amusé, intriguée vraiment par cet étrange personnage. Elle sentait qu'il avait beaucoup à lui apporter, et qu'elle apprendrait autrement que magistralement avec lui. Le peu qu'elle avait vu aujourd'hui lui avait beaucoup plu, la jeune femme aimait sa façon d'aborder les choses. Elle s'étira tranquillement, assise encore dans l'herbe. Del' se leva et vint se coucher contre elle. Alors l'apprentie se laissa retomber et s'appuya contre sa Liée, apprécia sa chaude fourrure. Les Sœurs d'Esprit restèrent là un moment à partager un instant simple d'intimité...
[center:2bz56sc6]***[/center:2bz56sc6]
Le matin venu, on pouvait voir une Elbereth pressée qui courrait presque dans les couloirs du château pour ne pas être en retard. Un petit déjeuner vite avalé, ses ablutions du matins faites et les quelques petites choses qu'elle avait à préparer avant de partir prêtes, la jeune femme sortit du Collegium pour se diriger vers la ville, là où lui avait donné rendez-vous son mentor. Del' était restée dans l'enceinte du Palais, sa présence à la ville effrayant encore les personnes non habituées à la Magie. Eoghan avait cours aujourd'hui, mais elle était pressée de le retrouver le soir venu !
Enfin pour l'instant, elle inspira une grande goulée d'air frais, le sourire aux lèvres et pénétra dans la ville même. Elle aimait tellement l'agitation qui y régnait, à cette heure de la journée, où tout le monde était déjà au travail, le brouhaha des gens se mêlant aux bruits des sabots des chevaux sur le pavé, aux cris des marchands à leurs étals ou aux rires des lavandières échangeant les derniers potins de la cour. De plus c'était le marché, alors toutes les couleurs ensoleillaient la ville, et tous les parfums âcres, sucrés, salés, rôtis et tant d'autres, venaient chatouiller les narines de notre apprentie.
Enfin, elle arriva devant ladite auberge et trouva, sans étonnement, le Mage le nez en l'air, dans les nuages. Les gens passaient à côté de lui, en le dévisageant, l’œil surpris, tantôt méfiants, tantôt amusé. Elle se présenta devant lui, une grand sourire aux lèvres :
-Bonjour Maître, j'espère ne pas vous avoir fait trop attendre... [/justify:2bz56sc6]
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[Personne n'a remarqué mon retard, non non]
Quand elle arriva enfin, Zul leva son index pour la faire taire. Ce qu'il regardait semblait si passionnant qu'il en avait l'air totalement ailleurs. Il resta mystérieux encore quelques minutes avant de baisser les yeux sur elle, les sourcils haussés. Ah ! Sa petite préférée. Elbereth, la petite mage qu'il voyait déjà grandir et devenir bien plus puissante que lui. Il posa sa main sur son épaule et se rapprocha d'elle pour lui montrer la rue quelque peu bondée.
_ Vois-tu... Nous vivons dans un monde bruyant où il se passe beaucoup de choses, tout le temps. Il est parfois difficile de réussir à se concentrer, à voir ce qu'il se cache réellement dans le coeur de notre terre. Et pour cela, il faut savoir regarder mieux...
Il tourna la tête pour regarder la rue, étendant son bras devant elle.
_ Ancre tes pieds dans le sol et concentre-toi, tu dois faire abstraction de tout ce monde, tu dois l'oublier. Tout ce qui peut exister pour toi est la terre, l'environnement, les vers de terre qui grouillent sous tes pieds, le bois qui craque dans les racines des arbres. Fais le lien entre la terre et toi, entre le ciel et ton don de magie... Tu dois l'entendre, la voir malgré tout ce qu'il y a autour de toi. Tu n'es pas en contact direct avec elle, alors trouve le chemin.
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[justify:7d4wszbf][Ni le mien... x)]
Le vieil homme coupa la parole à Elbereth qui du coup, décontenancée par ce simple geste resta bouche fermée à l'observer. Il ne baissait pas le nez, elle leva donc la tête pour admirer elle aussi le ciel et voir ce qui pouvait bien attirer ainsi le regard du Maître. Rebaissant les yeux, elle nota avec amusement que quelques personnes, intriguées par leur manège, avaient elles aussi tenter d'apercevoir quelque chose dans le ciel. Enfin, l'homme revint à la réalité et prit en compte sa présence. Le laissant se rapprocher, elle suivit des yeux son doigt, parcourant la rue du regard.
Son introduction était étrange. Étrange, mais vraie. L'apprentie se contenta donc d'un hochement de tête et attendit la suite. Consignes qui lui firent ouvrir grand les yeux, et furent suivies d'un :
-Je vais essayer.
Bon. Il fallait qu'elle se concentre. Bien. La jeune femme ferma les yeux, balaya tout ce qui pouvait happer son attention autour d'elle, fit le vide et s'ancra. Une chose de faite. Mais une odeur de poulet rôti perça la bulle qu'elle venait de créer et chatouilla ses narines. Elle ouvrit les yeux, fronça les sourcils et grogna. Elle pouvait faire mieux que ça ! Elbereth souffla longuement, ferma les yeux à nouveau. Elle recréa une bulle hermétique à l'extérieur et se concentra sur la magie et la Terre. Elle s'ancra, comme Manu lui avait appris à faire et tenta à nouveau de suivre les consignes de Zul'. Elle sentait que c'était mieux, mais soudain, quelqu'un la bouscula en criant :
-MARRONS GRILLES ! ILS SONT BONS, ILS SONT CHAUDS !
L'apprentie rouvrit les yeux excédées. Elle lança un regard désolée à son maître.
-Pardon... Je n'ai pas l'habitude d'exercer dans ces conditions... Mais cet exercice est bien nécessaire, je vois à quel point !
Cette fois, elle se colla un peu plus contre un mur, histoire de ne plus être bousculée, et se remit en condition en se promettant de ne plus se laisser distraire. Au bout de deux autres tentatives vaines, elle réussit enfin à entrer en contact avec la Terre, le Ciel et la Magie. Des courants d'énergies couraient ça et là, formant un énorme complexe de filaments de toutes les couleurs. Et Elbereth se sentait calme. Elle murmura :
-Je crois que ça y est...[/justify:7d4wszbf]
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Cette jeune Mage voulait aller bien vite, selon lui. En fait, elle lui sembla même bien douée pour son jeune Mage et sa maigre expérience. Zul commença à avoir peur de la concurrence mais il n'en dit rien : on venait de hurler la possibilité de déguster de délicieux marrons chauds de Haven. Il suivit l'odeur du nez, tel un lapin, les mains en l'air et suivit la marchande sur quelques mètres avant de se souvenir d'Elbereth. La surveillant d'un oeil distrait, il l'observa un instant : elle n'avait aucunement besoin de lui, de toute manière. Il paya donc une petite bourse de marrons chauds à la dame et revint se poser aux côtés de son "apprentie".
Et il se mit à grignoter ses marrons dans un bruit quasi insupportable. Si Elbereth était si douée alors pourrait-elle faire face à ses bruitages et l'odeur douceâtre et délicieusement chaude et sucrée des Marrons ? Il se mit à chantonner en regardant le ciel, sans cesser de se remplir la panse.
_ De quoi qui vient ?
Il chantonna un peu plus fort et se balança légèrement sur ses pieds en fronçant les sourcils, savourant avec peu de discrétion son fruit fondant. Ses méthodes étaient loin de celles de Manu, en fait, elles n'avaient rien de conventionnel. Mais c'était... Zul. Dans toute son originalité. Il lui donna un léger coup à l'épaule de sa main prise par la bourse de Marrons chauds. Pour cela, il dessina un sourire plus malicieux que quiconque sur ses lèvres.
_ Bon alors, tu la suis cette énergie ?
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[justify:3c1no84m]Elbereth essayait de se concentrer, essayait vraiment. Elle sentait qu'elle n'était pas loin de ce que lui demandait de faire Zul, mais il lui manquait encore un petit quelque chose. Ne pas se laisser distraire, voilà ce qui était un challenge pour elle. Même si l'apprentie avait fait des progrès ces deux dernières années, il lui restait encore un long chemin avant d'avoir la concentration des Adeptes ! Bon point pour elle, la jeune femme ne remarqua pas l'absence du vieux mage, ni son retour. Le bruit qu'il fit ensuite, la gêna légèrement, mais pas au point de casser son lien. Elle entendit sa question, et répondit d'une voix un peu absente :
-Je vois plein de fils de couleurs différentes, comme un quadrillage de lignes d'énergie.
Mais ce qu'il lui demandait, c'était de sentir la vie, la vie des insecte grouillant un peu partout, celle des arbres et plantes disséminées ça et là. Du lien qu'il existait entrer tout cela. Et elle n'y était pas encore. Mais il y avait déjà du mieux. Soudain, elle sentit qu'on lui tapotait l'épaule, et sa bulle éclata. Elle entendit à nouveau le brouhaha autour d'elle, la voix du vieil homme qui chantonnait. Elbereth ouvrit les yeux et secoua la tête, dépitée, avant de lever les yeux vers son maître et de voir son sourire... Han ! Il l'avait fait exprès. Elle se mordit la lèvre inférieure et le regarda.
-Ok, j'ai encore du travail à faire.
Oui parce que si elle était sur un champ de bataille, elle ne pourrait pas demander à tous les combattants de s'arrêter le temps qu'elle lance son sort
-Je suis désolée, je fais ce que je peux...
La jeune femme lui lança un petit sourire penaud et se replongea dans l'exercice. Elle ferma les yeux.[/justify:3c1no84m]
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Zul partit d'un rire franc et presque attendri. Il passa un bras autour des épaules d'Elbereth et lui frictionna en la rapprochant de lui puis il se mit à marcher avec elle à ses côtés.
_ Chère enfant, le travail vient avec l'expérience et l'expérience vient avec le temps. Pendant une semaine, chaque matin, je veux que tu viennes avec moi ici pour apprendre à te concentrer sur ce qui est vraiment essentiel sans jamais te laisser distraire. La concentration est la maîtresse de ton art, tu ne dois jamais l'oublier. Et cela s'apprend ! Pour certains, c'est naturel, pour d'autres, la curiosité est souvent plus forte mais en aucun cas la distraction n'est une tare. C'est simplement un trait de notre personnalité - qui nous rend un peu plus unique à chaque fois - que nous apprenons à canaliser à bon escient.
Il leva l'index et haussa les sourcils en penchant la tête vers elle.
_ Et dans 7 jours, si tu as su me montrer que tu es à la hauteur de ton apprentissage, toi et moi, on fera un petit récapitulatif de ce dont tu es capable, comme un examen au terme duquel et bien... Nous parlerons de ton rang de Compagnon Mage. Qu'en penses-tu ? un contrat bien honnête, non ?
Une élève. Voilà bien longtemps que Zul rêvait d'avoir un disciple. Il n'avait juste pas songé que ce serait une jeune fille pour prendre sa relève... Mais Elbereth était une jeune femme qui lui apparaissait comme courageuse et pleine de ressources. Il avait confiance en ses capacités, moins en son âge. C'était une période de curiosité où la carrière passait après ... les garçons ! Il se devait d'en savoir plus sur elle et en relevant le menton, il prit son air le plus curieux, se voulant aussi indifférent que possible.
_ Et d'où tu viens, jeune enfant ! Dis m'en un peu plus sur toi.
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[justify:25d34dp6]En fait, Elbereth n'eut pas le temps de refermer les yeux, le vieil homme riait de ce qu'elle venait de dire et l'avait entraîné pour flâner un peu. Elle hocha la tête à ses paroles, puis se rendant compte qu'ils regardaient tous deux devant eux, elle répondit :
-Oui je suis consciente que la concentration est la base même de notre apprentissage. Et qu'il faut travailler pour l'acquérir. Cependant, j'ai encore du mal à concevoir comment réussir à se concentrer quand tout n'est que chaos autour de nous... lors d'une bataille par exemple. Enfin, je dois vous avouer que ça n'est pas mon fort de me concentrer alors que l'esprit peut si facilement vagabonder par monts et par vaux... Bref. Je serai là tous les matins, avec vous.
La suite de la proposition du vieil homme fit agrandir de surprise les yeux de l'apprentie, qui acquiesça vigoureusement, tout en pointant son regard sur le mage.
-Oui oui oui, ça me va tout à fait... Hum bon, il va falloir que je travaille d'arrache-pied ! Enfin, vous verrez, vous ne serez pas déçu !
Et bien voilà. Le grand sourire accroché à ses lèvres ne voulait plus partir à présent ! Elle posait son regard ça et là, sans vraiment observer, perdue dans ses pensées... Tant et si bien que la question de Zul lui arriva avec quelques secondes de décalage...
-Oh... euh pardon ! Vous disiez ? D'où je viens ? Oulalalala, de loin, de très loin même ! Dans les montagnes du nord est, bien après Valdemar et la forêt des Chagrins... En fait, c'est assez amusant quand j'y repense, parce que petite, j'avais une grande curiosité, et tendance à aller voir un peu partout... Du coup, mon pauvre maître de magie peinait à me faire tenir en place. Et puis un jour, j'ai eu envie de voir un peu plus loin que mon village, alors j'ai pris mes affaires, j'ai salué tout le monde et je suis partie. J'ai voyagé pendant deux ans, avant d'arriver à Haven, où j'ai postulé au Collegium... Il y a bien un peu plus de deux années maintenant.
La jeune femme resta quelques instants plongée dans ses souvenirs, avant de secouer la tête, de sourire et de demander :
-Et vous alors ? Vous êtes d'ici ?[/justify:25d34dp6]