Le pavillon des domestiques, un lieu méconnu de tous ceux qui ne font pas office de servants, cuisiniers, pages, écuyer, palefrenier, bref ! Tous ceux qui sont au service d’une façon ou d’une autre des personnages les plus importants de Haven.
D’aucun penserait que rien d’intéressant ne peut s’y dérouler ou même, s’y raconter… Grossière erreur ! C’est ici, parmi ces humbles personnes que les plus grands secrets et complots sont dévoilés entre oreilles de confidences dans un esprit que rien, mis à part un commérage du crû ne pourrait corrompre. Nul ne saurait leur tirer leur secret sans en échanger.
Près d’un feu de bois crépitant avec douceur et éclairant une chambrée, deux servantes papotent de tout et de rien, mais surtout des rumeurs qui circulent sur de nombreux sujets. Des rumeurs à partager, simple consolation dans une vie de servitude.
- Tu es sûre ? C’est vraiment inquiétant, on ne plaisante pas avec ces choses là !
- Mais je ne plaisante aucunement ! Je t’assure que c’est vrai, quand je ‘lai appris, j’en suis restée comme deux ronds de flanc !
Eryn, servante au collégium des guérisseurs ne mentait évidemment pas, bien que sa consœur, Karen puisse légitimement en douter.
- Je sais cela de source sûre, par des mots et des conversations que j’ai parfois surprises entre les guérisseurs. Et puis, vu le nombre de serviettes demandées…. Une épidémie se propage au sein des collégias et elle frappe n’importe qui !
- Mais quel genre d’épidémie ? déjà que les Compagnons et leurs hérauts se sentent mal, si maintenant on vient à tomber comme des mouches….
- Et bien ! Elle semble provoquer de fortes fièvres, parfois même une toux violente, je ne crois pas que quelqu’un en soit mort pour le moment, mais si ça continue comme ça…. Je me suis même laissé dire que cette maladie ferait tomber les cheveux ! Mais je ne peux rien affirmer....
Silencieuse, Karen se perdait dans un mutisme de frayeur, craignant pour elle-même comme pour ses proches ce qui devait bien sûr être aussi le cas d’Eryn. A plus forte raison si celle-ci travaillait au contact des malades. Troublée, Karen ne pouvait rester plus longtemps, la journée avait dû être harassante pour son amie et elle-même souhaitait retrouver un peu de calme afin d’apaiser ses craintes si elle y parvenait. Peut-être pourrait-elle dormir mais là aussi, elle en doutait.
- Je pense qu’il vaut mieux aller se coucher. Il se fait tard et une rude journée nous attend demain.
- Comme tous les jours bien sûr ! Répondit Eryn en riant.
Les deux amies se séparèrent et allèrent se coucher, frémissant presque de peur à la pensée de leur conversation.