Auteur Sujet: [Fleur] Retour en ville  (Lu 10539 fois)

Fleur de Trevale

Re: [Fleur] Retour en ville
« Réponse #15 le: 29 juin 2014, 23:15:28 »
Quand Belinda nuança la remarque d'Owen au sujet du caractère des Compagnons, celui-ci voulu répondre mais sa femme, d'un geste tendre de la main sur son bras, l'en dissuada. Ce n'était pas vraiment un débat à lancer dans un si élégant salon. Si leur hôte avait abondé dans son sens, cela aurait été possible, voire recommandé. Mais dans ce cas, le silence était la seule solution.
Le sujet de Pluiechantante était autrement plus simple à traiter, puisqu'il ne demandait qu'à critiquer la kestrachern le mieux possible:

"Oh non Dame Belinda, elle 'soigne' aussi des femmes!" répondit Fleur avec outrance.

Puis Belinda renchérit sur l'hypothèque que la jeune mariée avec formulé avec délectation. Fleur entendait bien dans sa voix qu'elle n'y croyait pas beaucoup, mais ce n'était pas tant de convaincre qui lui plaisait, mais plutôt d'en parler.

"Et oui, et nous en revenons toujours au même constat. La couleur de certains uniformes octroie une bien trop grande libéralité, approuvée qui plus est... voilà qui est regrettable."

Le sujet dévia sur le caractère du nouveau Héraut du Roi en particulier. En voilà un homme que Fleur brûlait d'envie de rencontrer!

"Oui, les surnoms sont parfois bien utiles pour s'inventer une réputation déméritée. Il faut que nous soyons très vigilants sur ce qu'il va se passer..."

Quand Fleur disait "nous", elle sous-entendait bien évidemment "les nobles". Pas qu'elle envisage une mutinerie, un coup d'état, surtout pas, mais:

"Imaginez quelle genre d'image nous donnerions aux autres pays si les royaumes voisins pensaient que nous sommes gouvernés par des personnes aux mœurs légères? Trevale commerce à l'étranger, comme beaucoup de grande famille, ce ne serait pas judicieux!"

Owen ne disait rien, car la conversation était devenu trop pointue pour qu'il la comprenne. Il se contentait donc de finir son assiette.

"Sans vouloir manquer de respect à notre Roi bien aimé" rajouta Fleur.
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Re: [Fleur] Retour en ville
« Réponse #16 le: 06 juillet 2014, 09:15:16 »
Belinda prit un air assez comique, entre dégoût, effroi et envie.

« Mais... comment cela se peut-il ? Je sais bien que certaines femmes préfèrent les femmes — elles ne savent pas ce qu’elles ratent — mais comment ce genre de rapports biaisés peuvent-ils guérir ? Un homme se sentira évidemment plus homme, plus fort, après avoir pris une jolie femme. Mais une femme ? Comment peut-elle se sentir mieux d’avoir sacrifié à des pratiques aussi dégoûtantes ? »

La noble dame savait bien que les comportements des Hérauts, Guérisseurs et Bardes n’étaient guère plus scandaleux que ceux des fils de bonne famille. Mais à la différence des nobles, les gens des Collegia n’éprouvaient aucune honte à se comporter ainsi et ils vivaient leur vie sans se soucier des ragots qui pouvaient circuler.

« Nous devons cependant admettre que les Hérauts, au moins, donnent suffisamment au pays pour se permettre d’être excentriques. Quant aux Bardes, je crois que tous seraient déçus s’ils se comportaient vertueusement. Vous savez, je connais une jeune Barde, noble, qui à l’âge respectable de vingt-six ans, se targue d’être encore vierge. Une Barde ! C’est difficile à croire, et pourtant, vu que cet état de fait la dessert, j’imagine que c’est vrai. Mais je dois avouer que je trouve cela presque gênant, une Barde aussi vertueuse. Elle chante des chansons sans les comprendre ! » Elle rit. « Les Guérisseurs, par contre, se devraient d’être un modèle de vertu et de droiture ! Comment confier nos corps à des gens sans retenue, sans décence ? Si on doit craindre d’être séduite, voire violée par l’homme censé vous soigner... comment oser encore aller les voir ? »

Belinda aurait adoré être séduite par un beau Guérisseur aux mains délicates et expertes. Malheureusement, chaque fois qu’elle devait en appeler un, on lui envoyait un membre du cercle, un vieux barbon si sérieux et professionnel qu’elle avait l’impression de n’être pour lui qu’un mannequin de paille.

« Les surnoms... après tout, ce sont des masques que l’on porte pour ne pas avoir à avouer sa vraie nature. Quel besoin de se dire “le brave” si effectivement, le courage nous habite ? Quant à ce “Moine”, je crois qu’il s’agit là d’un surnom humoristique que lui auront donné ses hommes à cause de sa trop grande fréquentation des “temples du plaisir”. » Elle soupira. « Je dirais à mon mari de le garder à l’œil. Après tout, il faut bien que ce Conseil serve à quelque chose, vu qu’il ne s’y passe pas grand-chose. »

Belinda obtenait habilement de son mari un compte-rendu de chaque séance du Conseil. Elle savait comment le flatter pour l’amener à lui parler de tout, même des discussions les plus confidentielles. Elle ne trahissait pour ainsi dire jamais les secrets qu‘elle apprenait, mais elle aimait être au courant. Et elle glissait des suggestions à son mari, pour son propre compte, ou celui d’amies proches qui avaient besoin d’aide pour leur époux.

« Vous savez, nos voisins prennent les Hérauts pour l’incarnation de la noblesse, de l’honneur et de la droiture. Ils sont persuadés qu‘un Héraut est incapable de duplicité. Ils ne voient que l’ouverture d‘esprit et élévation sociale du pays. Ils sont plus naïfs encore que nos concitoyens ! » Elle soupira avant de poser sa tasse de thé sur la petite table basse. « Le Roi lui incarne tous ces idéaux, heureusement. Mais bien peu à ses côtés ont un comportement digne de lui. »

Dame Belinda était repue à présent, de gâteau et de ragots. Elle était heureuse d’avoir pu remettre la jeune De Trevale en selle. Elle s’était fait une nouvelle alliée parmi les nobles dames de Haven, et elle savait maintenant que Fleur lui raconterait les nouveaux ragots en priorité.

« Mes enfants, ce fut vraiment un plaisir de vous avoir avec moi cet après-midi ! Je suis très heureuse d’avoir été celle qui vous a accueilli pour votre retour dans notre chère ville ! Mais j’imagine que vous devez avoir des projets pour ce soir, et je ne voudrais pas risquer de vous mettre en retard avec mon bavardage incessant. »

Elle fit signe au serviteur de préparer le départ des deux jeunes gens.


[Encore un tour après celui-là? tu postes, je poste et tu clos?]
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Fleur de Trevale

Re: [Fleur] Retour en ville
« Réponse #17 le: 11 juillet 2014, 21:01:14 »
Fleur était capable de palabrer sur tout, mais pas avec la même aisance à chaque fois. Aussi, quand Belinda commenta la vie sexuelle des personnes préférant le même sexe qu'eux, la jeune femme rougit et balbutia un peu:

"Vous... comprendrez que je n'ai pas de réponse à cette question, bien sûr... "

Elle préféra rebondir sur la vie libérée que menait les étudiants de certains Collegia à la vue et au su de tous, c'était un sujet plus à sa portée:

"Oui, les Hérauts ont bien le droit à notre indulgence après tout"
"Fleur!" s'offusqua Owen.

Ah, le sujet qui fâchait entre eux. Le seul qui lui donnait un peu d'éloquence face à sa jolie femme et au reste du monde d'ailleurs. On pouvait accorder à Fleur qu'elle avait beaucoup de chance de n'avoir que ce point de discorde dans son mariage, mais cela l'ennuyait beaucoup.
Elle était jeune, elle était encore assez frivole, elle était une femme... du coup, elle admirait les Hérauts, depuis son enfance. Contrairement à son époux, elle avait grandit à Haven, leur bastion. Et son père n'avait jamais critiqué leur pouvoir, jamais. Mais elle était mariée, à présent, et en théorie, elle devait suivre les opinions d'Owen plutôt que son père. Ou en donner l'impression, car dans la réalité, et personne ne s'y trompait, elle la première, c'était elle qui dirigeait leur ménage, et dirigerait l'avenir du nom des Trevale, quand ses beaux-parents disparaîtraient.

Owen n'avait pas conscience de tout ça, bien sûr, mais il ne désespérait pas la rallier à sa cause.
Et il pouvait raisonnablement espérer, car Fleur, d'un tempérament influençable comme lui, n'était pas hermétique à certaines arguments. Pas forcément ses arguments à lui, mais surtout ceux du milieu dans lequel elle entrait de plein pied, celui des nobles de Haven. Le temps, et leurs fréquentations mondaines feraient ce travail à sa place. Cela expliquait déjà les commentaires de Fleur sur la vie honteusement libérée des Hérauts malgré le crédit qu'elle leur accordait, et son opinion sur leur poids politique regrettable.
Bref, la jeune Fleur de Trevale goutait aux milliers de nuances de la politique avec encore beaucoup de maladresse.

Elle adressa un sourire séducteur à son époux qui fit la moue mais, sagement, ne rajouta rien. Pas d'éclat en société, elle l'avait bien chapitré là-dessus. Le débat houleux, ce serait pour plus tard, chez eux.
Elle rebondi sur la suite du commentaire de Dame Belinda:

"Vingt-six ans et toujours vierge? C'est curieux, vraiment... Eux qui parcourent le pays pour y chanter souvent l'amour... Une exception pour confirmer la règle, je suppose."

Quant aux guérisseurs, étant donné la santé fragile d'Owen, elle en voyait beaucoup et n'avait pas grand chose à leur reprocher si ce n'est:

"Le problème des guérisseurs est leur détestable manie à se sentir supérieur grâce à leurs compétences, surtout face à des personnes qui ont besoin de leur aide!"

Là, elle pensait aux nombreux Verts qui avaient conseillé à Owen d’arrêter de s’empiffrer toute la journée, lui qui trouvait dans la nourriture un tel bonheur. Le pire ayant surement été celui qui lui avait conseillé, pour sa santé, de se dépenser en plein air en faisant de l'équitation. Elle se souvenait encore de l'épouvante de son époux qui avait maudit le maladroit guérisseur.
Mais on ne parlait pas en public de la célèbre phobie d'Owen de Trevale, aussi, Fleur n'insista pas et réagit plutôt à l'analyse de son hôte sur les surnoms en général:

"C'est vraiment très bien dit Dame Belinda, vous avez tout à fait raison, les grandes qualités n'ont pas besoin d'être soulignées, elles sont évidentes chez ceux qui en sont pourvu."

Mais le sujet des Héraut revint sur le tapis, fort heureusement pour Owen, ce ne fut pas pour en dire du bien et il acquiesça:

"Quelle naïveté, oui!"

Cette remarque dans sa bouche avait de quoi faire rire, mais bien entendu, personne ne le fit. Fleur se contenta d’encenser le Roi, comme tout courtisant qui se respecte.

"Notre pauvre Roi est bien seul, oui, on ne peut que lui souhaiter avec des conseillers à sa hauteur, votre époux par exemple."

Il ne fallait toutefois jamais oublier de flatter aussi son interlocuteur quand on le pouvait!
La rencontre tirait à sa fin et Fleur se leva avec grâce pour remercier son hôte:

"Votre bavardage comme vous l'appelez ne sera jamais ennuyeux pour moi, et nous sommes encore plus heureux que vous nous ayez fait l'honneur de nous recevoir, on ne saurait avoir plus importante distinction dans notre société, n'est-ce pas mon ami?"

Owen regarda sa femme, et après une seconde d'absence, répondit:

"Tout à fait, et vous avez le don de savoir recevoir!"

Savoir recevoir voulait dire pour lui proposer une collation généreuse et goûteuse, ce qui avait été le cas. Il se leva et salua avec sa lourdeur naturelle Belinda. Fleur fit aussi une révérence, mais beaucoup plus élégante.

"Nous sommes attendus chez mon père pour le diner, je lui raconterai quelle délicieux après-midi j'ai passé en votre compagnie."

Sur ce, elle attendit qu'on lui ramène sa cape.
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Re: [Fleur] Retour en ville
« Réponse #18 le: 12 juillet 2014, 11:13:23 »
Le pauvre Owen semblait vraiment ressentir une grande hostilité envers les Hérauts. Elle ne le croyait pas partisan des anti-Hérauts. Il était, avouons-le, trop bête pour cela. De plus, avec une épouse comme Fleur, élevée au Collegium, il ne pourrait s’engager ouvertement contre eux. Belinda estimait que cette inimitié n’était pas causée par de quelconques considérations politiques. Elle soupçonnait que la raison en était bien plus triviale. Un ancien différent avec un Héraut ? Un dépit amoureux ? Ou simplement de la jalousie ? Ou alors la raison était encore moins avouable, et les rumeurs qu’elle avait entendues étaient fondées. Souffrait-il vraiment d’hyppophobie ?

La jeune Fleur semblait en tout cas bien plus à l’aise dès que l’on s’éloignait de cet épineux sujet. Sans doute n’était-elle pas d’accord avec son époux et qu’il s’agissait là d’un point de discorde fréquent entre eux.

Belinda sourit. Elle était presque certaine que Fleur connaissait au moins de vue la Barde en question.

« Peut-être la connaissez-vous. Vous n’êtes pas si éloignées en âge après tout. C’est la jeune Lucinda de Vaum. Sinon je pense que vous la rencontrerez bientôt, à l’occasion d’un bal ou d’un concert. »

Belinda n’avait jamais spécialement remarqué que les Guérisseurs souffraient d’un quelconque complexe de supériorité. Mais elle n’avait fréquenté que les plus anciens et les plus sages, ceux qui n’avaient plus rien à prouver et aucun besoin d’étaler leur science. Elle répondit avec diplomatie :

« J’imagine que sauver des vies tous les jours finit par leur monter à la tête. Difficile d’être humble quand on tient la vie des autres dans ses mains... »

Elle était contente que sa grande vérité sur les surnoms (ou plutôt son beau poncif) ait convaincu ses hôtes. Elle adorait exposer ses opinions, et adorait plus encore qu’on les soutienne.

Belinda aimait vraiment le Roi. Elle lui trouvait un petit air triste tout à fait charmant, comme les héros tragiques des ballades anciennes. Elle était fière que son mari soutienne un homme aussi honorable.

« Oh oui, mon mari est très proche du Roi. Et il tente de l’assister au mieux de ses capacités. »

De fait, le mari de Belinda n’était pas plus proche du Roi qu’un autre membre du conseil, mais son siège était effectivement au plus près du Roi possible. Celui-ci siégeait entouré de ses Hérauts, et ensuite venaient les nobles, dont Sieur de Horn, qui s’asseyait toujours à côté du Héraut du Maréchal.

« Oh, mes enfants, vous me faites rougir ! » minauda-t-elle. « Ce n’était qu’un petit goûter entre gens de bonne compagnie. Et je me devais de vous accueillir aujourd’hui, ma très chère Fleur ! Car je sais bien que vous serez sollicitée de toutes parts dès demain, soyez-en certaine ! Il n’y aura pas un bal ou une réception où vous ne serez pas invitée ! » Elle se tourna vers Owen. « Si cela vous sied, je peux demander à mon cuisinier de transmettre au vôtre la recette de ce gâteau que vous avez semblé tant apprécier ! »

Belinda se leva à son tour et esquissa une légère révérence.

« Transmettez-lui mes salutations, ainsi que celles de mon époux. Il me semble que cela fait bien trop longtemps que nous ne nous sommes plus revus ! Il faut vraiment que j’organise un bal ou une petite fête ! Il y a trop longtemps que nous n’avons pu nous amuser ! »

Elle fit un léger signe de tête en direction du valet qui se tenait à côté de la porte. Réagissant au signal, le valet transmit l’ordre et un serviteur apporta les vêtements des invités. Le valet proposa ses services pour aider le couple à revêtir leur cape. Quand ils furent parés, Belinda s’approcha de Fleur, lui tendant les bras, et déposa une légère bise sur la joue. Puis fit une révérence un peu plus profonde que la précédente à Owen.

« Revenez me voir, mes très chers, quand vous aurez un peu de temps. Je serai ravie de vous recevoir à nouveau pour un petit goûter. »

Le valet les guida ensuite en dehors de la pièce, jusqu’à la porte d’entrée. Leur voiture leur attendait déjà au bas des marches.
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Fleur de Trevale

Re: [Fleur] Retour en ville
« Réponse #19 le: 13 juillet 2014, 12:39:55 »
Le sujet sensible des hérauts était écarté et Owen arrêta de bouder trop ostensiblement. Fleur rebondit sur le nom de la barde vertueuse dont lui parlait Belinda:

"Lucinda de Vaum, voyez-vous ça? Je la connais de vue, je l'ai déjà entendu chanter, une vraie merveille!"

Oui enfin c'était l'avis des personnes avec qui elle se trouvait à ce moment là, et elle était tenté de les croire puisque pour sa part, elle n'avait aucune culture musicale à part les balades romantiques chanté par des Bardes masculins, bien sûr.

"Elle est de bonne famille, je suppose que c'est son éducation noble qui veut ça, elle doit attendre le mariage. C'est curieux puisque son statut lui accorde une totale liberté sur sa vie mais les Bardes sont souvent originaux."

Puis Belinda accorda à son invité que le rôle de guérisseur pouvait en effet montait à la tête de certains, et Fleur acquiessa:

"J'en suis intimement persuadée."

Ce n'était toutefois pas une raison pour qu'elle les dénigre évidemment, juste un argument comme un autre pour en parler.
Son compliment habile sur l'importance de Sieur de Horn dans le gouvernement fit mouche, même si Fleur ne savait pas vraiment ce qu'il se passait pendant un conseil. Son père n'avait jamais rien voulu lui confier, et pourtant, elle avait tellement essayé de le faire parler!

"Je suis certaine que notre Roi rend honneur à l'importance de l'assistance que lui apporte votre époux." rajouta-elle alors.

Puis vint l'heure du départ. Quand Belinda lui dit qu'elle serait sollicité de toute part, ce fut à Fleur de minauder, tout en étant entièrement d'accord:

"Ah, j'espère que vous dites vrai et que j'ai autant manqué à la Capitale que celle-ci m'a manqué, en dépit de ma profonde affection pour Trevale, bien sûr."

Elle avait dit ça à l'intention d'Owen, mais celui-ci ne l'écoutait pas, l'esprit réjouit à l'idée que son cuisiner obtienne encore plus de recettes délicieuses.

"Mon cuisiner accueillera volontiers le votre pour des conseils, je vous remercie."

Dans la vie d'Owen à présent, il y avait deux personnes importantes pour lui. Sa femme, et son cuisiner. Et parfois, la cuisine était plus importante.
Heureusement, Fleur ne s'en souciait que peu.

"Je lui transmettrai bien entendu et je suis certaine qu'il pense la même chose. Mais vous savez ce que c'est, la vie à Haven, les devoirs, les occupations... J'ai hâte que vous donniez un bal, et je ferai certainement la même chose une fois qu'Owen et moi serons décemment installés, et que nous aurons refait la décoration."

Owen se laissa vêtir mais prit la cape de sa femme qu'il lui posa lui-même sur ses épaules. Ce n'était pas de la galanterie naturelle, c'était Fleur qui lui avait demandé de faire ça en public, elle trouvait que cela donnait une charmante image de bonheur conjugal.
Elle accueillit l'embrassade de Belinda avec un sourire ravi et répondit à son invitation:

"Nous n'y manquerons pas."

Puis elle prit le bras de son époux et ils sortirent. Leur voiture les attendait, et ils grimpèrent à l'intérieur.
Une fois installé, Owen se souvint de ce que sa femme avait dit au sujet des Hérauts et lui reprocha:

"Fleur vraiment, comment pouvez-vous dire que les Hérauts méritent de l'indi... indug..."
"Indulgence, c'est le mot que vous cherchez je suppose. Owen, nous en avons déjà parlé, et nous n'arrivons jamais à tomber d'accord..." soupira Fleur.
"Mais parce que vous avez tort" s'offusqua son époux.
"Owen, je ne pouvais décemment pas contredire notre hôte, vous le savez bien..." éluda-t-elle.

Celui-ci bougonna. Fleur prit sa main qu'elle posa sur sa cuisse et lui adressa une moue charmeuse et espiègle:

"Suis-je pardonnée tout de même?"


Toute fâcherie oubliée, Owen regarda sa femme avec un air gourmand. Ses mains baladeuses illustrèrent son pardon et Fleur eut un rire léger en chassant ses caresses maladroites:

"Owen! Pas ici, attendez-donc que nous rentrions chez nous!"
"Mais nous allons d'abord chez votre père..." se plaignit Owen.
"Un peu de patience alors." conseilla Fleur. "Et vous savez, vous ne le regretterez pas, nous mangeons toujours très bien chez mon père, non?"

[RP CLOS]
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