Auteur Sujet: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif  (Lu 8008 fois)

Pluiechantante

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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #15 le: 22 août 2014, 10:11:19 »
Pluiechantante ne savait trop que penser. À la fois, Fitz se plaignait de rencontrer partout autour de lui les misères les plus sombres du genre humain, et en même temps, il se refusait de voir les joies, car cela le déconcentrerait. Donc, Fitz se plaignait de quelque chose qu’il aurait pu changer, mais sans oser le faire, de peur de devenir moins performant. La kestra’chern ne voyait pas en quoi s’appesantir sur les vices de l’humain pouvait rendre plus performant un mercenaire. Se méfier de tout était sans doute indispensable. Mais ne relever que la noirceur de crainte que la lumière éblouisse, c’était stupide.

« Je te dis pas de penser que tout va bien. Mais que tu dois pas nier le bon que tu vois. Être amer ne rend pas plus efficace. Sauf pour se plaindre. »

Fitz semblait convaincu qu’il n’avait pas le choix. Qu’il devait agir conformément à ce qu’on attendait de lui. Qu’il n’avait aucune liberté. Si, comme il le claironnait, il était un pur produit du moule, pourquoi alors se sentait-il à l’étroit dedans ? Pourquoi aspirait-il à quelque chose de mieux, de plus élevé ? La plupart des mercenaires caressaient un jour le désir de se ranger, et de devenir aubergiste, commerçant, ou même paysan. Mais c’était rare qu’ils soupirent déjà après leur retraite à l’âge de Fitz. Clairement, il n’était pas si bien adapté qu’il le prétendait. Ou peut-être, songeait-elle, Fitz était vraiment bien adapté, mais ne l’acceptait pas. Et elle ne comprenait pas en quoi les engagements qu’il avait pris l’empêchaient d’être lui-même.

« Je comprends l’importance du mot dit. Mais je comprends pas le reste. Soit tu es issu du moule, et alors il est bien pour toi, à ta taille. Soit tu es mis dedans, et alors il est pas adapté. »
Elle soupira. « Tu es pas heureux comme tu es, mais tu refuses de changer quelque chose, même un peu, pour rendre la vie meilleure. C’est ce que je comprends. Tu penses que tu dois pas être heureux pour faire ton devoir, ce que les Dieux veulent. Moi je pense que les Dieux ils donnent à une personne, pas à l’image de la personne. Enfin... »

Elle n’avait pas envie de prolonger cet épineux débat. Même quand elle pensait simplement avoir une conversation, elle se retrouvait presque toujours à faire son métier. Or, elle aimait son métier, mais elle aimait aussi pouvoir parler simplement.

Son métier, d’ailleurs, semblait difficile à comprendre pour Fitz. Il ne semblait pas réaliser qu’elle était une “oreille professionnelle” et qu’elle ne se laissait pas atteindre par les problèmes des autres. Elle avait été formée à écouter sans rien prendre sur ses épaules.

« Non. Mon vase ne se remplit pas par les autres. Car c’est mon métier. Je sais comment protéger mon cœur de ce qu’entendent mes oreilles. Moi, j’ai été formée à être kestra’chern. Comme toi, tu es formé à être soldat. Pour toi, c’est pas difficile de porter une arme, de t’entraîner tous les jours. C’est ton métier. Moi, une seule journée comme toi, et je suis complètement... euh... ramollie. Fatiguée. C’est pareil si toi tu essaies de faire mon métier. Ça te fatigue. Tu comprends ? »


Les gens ne la voyaient que comme une masseuse qui était à l’occasion de bon conseil. Ou alors comme une prostituée d’un genre particulier. Mais, avant tout, Pluiechantante était quelqu’un qui soignait, quelqu’un qui écoutait et qui conseillait, et parfois quelqu’un qui donnait des coups de pied aux fesses. Écouter, c’était la première chose que l’on apprenait à faire. Écouter sans se laisser affecter, écouter avec compassion, mais sans passion.

« La rivière, tu sais, elle se déverse par un bout, mais de l’autre, elle est remplie. La rivière est en mouvement continu, cyclique. » Elle sourit. « Je suis heureuse d’avoir aidé. Tu sais, c’est vraiment mon travail. Quand je t’ai dit, je soigne les cœurs, je disais vrai. Parlais... euh... disais la vérité. » Elle rit doucement. « Je suis pas malheureuse comme tu penses. Je suis juste un peu fatigué de la bêtise. Je suis là depuis deux ans au moins. Mais je souffre encore parfois du choc culturel. »

Après son attaque, Fitz décida de la rendre inoffensive en la ceinturant vivement. Pluiechantante haussa un sourcil amusé puis poussa un petit cri quand il lui fit couler de l’eau dans le cou. Elle fit semblant de se débattre un peu avant de répondre avec amusement.

« C’est comme ça qu’il y a des rumeurs. On voit Fitz et Pluiechantante enlacés, alors on dit que Fitz trompe Feuillemalice, et que la diabolique Pluiechantante a encore fait du mal. »

Tandis qu’il relâcha un peu son étreinte, la k’Leshya prit solidement appui sur ses jambes et poussa en arrière, pour le faire tomber dans l’eau. Elle espérait l’avoir pris par surprise, mais n’eut guère le temps de s’appesantir sur la question. Elle avait pris trop d’élan et perdit l’équilibre. Elle finit tout entière dans la fontaine, éclaboussant tout autour d’elle.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #16 le: 27 août 2014, 13:34:10 »
Visiblement la vision de Pluiechantante et de Fitz était tellement différente qu’il se demandait même comment ils arriveraient à se comprendre.

 « Je vois ce que tu veux tenter de m’expliquer Pluie mais… On peut avoir accepté un moule, effectuer une profession issue de ce moule, sans forcément s’y sentir à sa place. Et à l’heure actuelle, là maintenant, tout de suite, sincèrement, je n’ai pas d’autres choix que de continuer à suivre le moule, si je veux qu’il continue à y avoir une chance qu’un jour je puisse en sortir. Enfin, je pense que nous sommes tous les deux les produits de notre propre histoire. C’est qui est intéressant c’est de voir qu’on arrive à se retrouver quand même ! Par contre mon avis sur les dieux est moins complaisant que le tien, personnellement je pense surtout que ce sont des enfants qui ne se rendent pas compte que leurs jouets sont des vies humaines.»

Il sembla réfléchir un instant à leurs vases respectifs, avant d’adresser un énorme sourire à la jeune femme.

« Pourtant je suis persuadé qu’une arme t’irait super bien ! Mais sinon oui je vois ce que tu veux dire. Après c’est certain que la pression de la société ici est souvent plus forte qu’ailleurs. Et puis les gens ont tellement peu à faire qu’ils arrivent encore à trouver le temps de parler. Je me demande comment d’ailleurs, avec la guerre à nos portes, je pensais qu’ils s’occuperaient autrement. Mais visiblement non ! Et puis sache que si tu es fatigué… Tu trouveras toujours quelqu’un sur qui te reposer en venant me voir. »

Elle collée contre lui, en partie trempés, la réflexion de Pluie le fit éclater de rire. Oui ils devaient surement avoir l’air coupable, et il est certain que si une de ces nobles prétentieuses de la cours passait ici et maintenant, ils auraient le droit à leur lot de rumeurs bien salées.

« Franchement je préfèrerai pas ! Si jamais Feuille l’apprenait imagine… Elle a accès à des plantes, et des remèdes que je ne peux même pas imaginer. Elle pourrait m’empoisonner avant même que je ne me rende compte. Avoues que c’est effrayant comme idée non ? »

Même si il se doutait que Feuille ne pourrait pas croire un mot de ce genre de balivernes. Elle connaissait son amant, elle savait que Fitz était incapable de penser ne serait-ce qu’une minute à la tromper.

« Alors qu’en fait nous ne sommes que deux amis pas totalement adultes dans nos têtes, qui vivons simplement notre vie non ? »

Et alors qu’il continuait à rire voilà qu’elle le prenait de nouveau au dépourvu. En temps de guerre, sur un champ de bataille, il se serait écarté pour la laisser partir seule dans sa course folle. Sauf qu’il n’était pas en temps de guerre, et qu’aujourd’hui franchement, il n’avait pas envie de garder ses sens en alerte, il voulait juste… Etre Fitz.
Il se retrouva donc plongé dans la fontaine, avant même d’avoir eu le temps de dire quoique ce soit, ou de faire quoique ce soit. Sortant la tête de l’eau il fut heureux de se rendre compte que Pluie avait suivi son chemin.
« Ha bha alors là ! La prochaine rumeur va surement être qu’en plus d’éventrer des lapins, et de se mettre à poil devant ses élèves, le capitaine Fitz tente de noyer des passantes innocentes ! Tu vas me mettre dans de beaux draps. »

Et alors qu’il éclaboussait un peu plus Pluie, en tentant tant bien que mal de sortir (trempé) de la fontaine, le mercenaire partit d’un rire profond et sincère, que seul les enfants peuvent encore avoir.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Pluiechantante

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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #17 le: 01 septembre 2014, 08:35:45 »
La théologie et la cosmogonie n’avaient jamais tellement intéressé Pluiechantante. Les Dieux n’avaient jamais eu une place très importante dans sa vie. Contrairement à leurs frères éloignés tayledras ou shin’a’in, la Déesse ne leur avait confié aucune tâche sacrée. Elle n’était pas très présente dans leur vie.

En arrivant à Valdemar, Pluiechantante avait pensé qu’il en allait de même dans ce pays. Les Dieux étaient si nombreux, les cultes si variés, que les habitants ne semblaient guère s’en soucier au quotidien. Certains étaient plus pieux que les autres, et vénéraient profondément l’un ou l’autre des Dieux. Mais la majorité semblait estimer que croire en leur existence suffisait. Puis, Pluiechantante était arrivée au Palais, et là elle avait découvert que certains Dieux posaient fermement leur main sur l’épaule de quelques Élus, et qu’ils ne se contentaient pas d’une prière à l’occasion. Ils demandaient à être servis promptement et loyalement, et leur présence ne faisait aucun doute. Cette constatation n’avait pas modifié le rapport de Pluiechantante à sa Déesse, mais cela avait modifié la perception qu’elle avait des gens qui vivaient sous le regard constant des Dieux. Comme Fitz.

« Je crois pas. Les Dieux ont besoin des humains, sinon ils deviennent faibles. Et ils choisissent bien leurs Élus. Ils demandent beaucoup oui, mais pas plus que ce que l’humain peut donner. Et ils donnent aussi. Ce sont pas des enfants. Ils sont juste trop différents de nous. »

Fitz semblait (faussement) étonné que les gens trouvent encore le temps de colporter des ragots malgré la guerre. C’était pourtant un bon signe que les gens parlent encore. Cela signifiait que la situation n’était pas si mauvaise.

« Mais justement parce que c’est la guerre, ils parlent ! Ils sont inquiets, parler ça rassure, alors ils parlent. Si la guerre arrive jusqu’ici, alors ils se tairont. Et toi, tu regretteras qu’ils parlent plus. »

Elle était touchée qu’il tienne à ce point à lui expliquer qu’il était là pour elle. Mais elle savait que Fitz avait de nombreuses autres préoccupations, dont une mission sacrée, et qu’il serait cruel de lui imposer un fardeau supplémentaire.

« D’accord. Si j’ai besoin, je viendrai peut-être. »

Fitz ne semblait pas réellement inquiet des rumeurs qui pourraient engendrer s’ils étaient surpris par la bonne personne dans leur position coupable. Mais il plaisanta quand même sur ce que sa tendre pourrait lui faire par jalousie. Amusée, Pluiechantante enchaîna.

« Peuh, elle peut pas faire ça. Elle a prêté serment. Par contre, c’est vrai qu’elle peut s’amuser à te donner euh... la courante ? C’est facile et pas dangereux. Et c’est drôle. Pour les autres. »

Pluiechantante prit un air faussement outré quand le soldat prétendit qu’ils étaient simplement un peu attardés. Pourquoi savoir parfois s’amuser comme un enfant signifiait-il forcément ne pas être adulte ?

« Ah non, je suis très adulte moi ! Juste pas adulte comme ils le pensent ici. »

Elle fut surprise d’être parvenue à entraîner Fitz avec elle dans la fontaine. Elle aurait pensé qu’il s’esquiverait pour la laisser sombrer seule. Mais visiblement, soit elle l’avait vraiment pris par surprise, soit il avait préféré faire le fou avec elle.

Il revint sur les rumeurs amusantes qui courraient sur son compte, et sur celles qui n’allaient pas manquer de naître après cet épisode. Pluiechantante l’arrêta d’un doigt autoritaire et amusé.

« Tu prends tout le mérite, oui. C’est moi qui noie les vilains capitaines qui tripotent les passantes ! »
Elle rit. « Quand on est trop bizarre, les gens savent pas quoi dire. Quand on est bizarre, c’est normal d’agir bizarrement. Donc on agit bizarrement, et les gens ont pas de raison de dire quelque chose. »

Quel raisonnement alambiqué !

Elle se hissa hors de la fontaine, emportant dans son pantalon resserré aux chevilles un volume prodigieux d’eau glacée. Elle l’essora tant bien que mal, les pieds levés au-dessus de l’eau avant de repasser ses jambes du bon côté du rebord. Elle tenta de remettre un peu d’ordre dans ses cheveux et dans sa mise avant de poursuivre, sur un ton beaucoup plus sérieux.

« Tu sais quand tu repars ? Tu crois qu’après ce sera fini ? »
« Modifié: 08 juillet 2016, 11:37:39 par Pluiechantante »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #18 le: 13 septembre 2014, 11:55:24 »
Il ne savait pas ce que voulait les dieux, et il ne prétendait pas imaginer à leur place les besoins qu’ils pouvaient avoir, c’est pour ça qu’il haussa les épaules à la remarque de la jeune femme.

–  Tu as peut être raison. Quoiqu’il en soit, je trouve quand même que c’est bien trop facile de laisser le travail aux hommes. Franchement tu penses pas qu’on se tape déjà assez dessus entre nous, sans avoir besoin en plus de se taper dessus pour eux ?

Non sur ce point-là il était intraitable. Sa vision était brouillé par ce qu’il avait vu, par ce que ces entités avaient décidés pour lui, à sa place, le privant par la même de ce qu’il chérissait plus que tout : son libre arbitre.

Le reste se passait de commentaire. Il savait parfaitement ce que les gens pouvaient faire en temps de guerre, il déplorait juste qu’une telle énergie soit perdue à de telles futilités, alors qu’elle pourrait être si bien utilisée ailleurs. Mais bien sur cela n’était que son avis à lui. Son avis un peu faussé de mercenaire qui avait passé sa vie à combattre.
Assis dans la fontaine comme un enfant, il riait. Il en profita pour rebondir sur sa dernière affirmation, un énorme sourire sur les lèvres

–  Oui oui, c’est sûr qu’on fait vachement adulte plongés dans l’eau tous les deux comme ça !

Cette femme avait ca de spécial qu’elle était capable de désamorcer des situations plus stressantes les unes que les autres.

–  Tu vois, si les gens doivent continuer à parler alors qu’ils parlent. Et crois-moi même si Feuille a prêté serment, je suis sûr qu’elle me ferait payer mon infidélité avec bien pire qu’une simple courante. Quoique sur un champ de bataille cela pourrait s’avérer handicapant.

Ils étaient deux adultes, un peu fantasques, qui s’amusaient dans un temps où le rire finalement se faisait rare. Et ça… Toutes les rumeurs du monde ne pourraient pas leur enlever. Et alors que la jeune femme reprenait la parole, Fitz s’extirpait difficilement de l’eau froide. Regardant sa chemise collée à son torse, et passablement inutile maintenant, il riait. Doucement, comme si il venait d’entendre une bonne blague.

–  Tu remarqueras que tu as précisé « qui tripote les passantes » ! Ce qui prouve bien qu’on va jaser sur moi !

Il éclata de nouveau de rire. Oui elle avait un don pour désamorcer des situations, et c’est aussi ce dont ils avaient besoin, l’un comme l’autre, comme surement tout un chacun aujourd’hui. Certains s’évadaient en colportant des rumeurs, d’autres dans l’alcool. Eux c’était dans le rire. Une manière comme une autre d’exorciser la violence de ce qui s’apprêtait à leur tomber sur la tronche finalement.  Sujet sur lequel elle revint assez rapidement. Oui il savait quand il partait, oui il savait pourquoi. Et cela ne lui plaisait pas.

–  Bientôt. C’est pour ça que j’ai fait faire ces nouvelles armes. il désigna les deux haches dans son dos Ordre de l’armée de Valdemar. Je t’avoue que je ne sens pas cette mission… Il y a des gens avec moi… J’aimerai qu’on les tienne éloignés de tout cela, ils sont trop jeunes, trop inexpérimentés pour ça… Son regard se planta de nouveau sur Pluie, la tête légèrement penchée sur le côté Quant à moi, je préférerai être sur le champ de bataille à protéger mes frères. Mais il y a certaines choses que je dois faire et…. Je pense qu’on n’a pour l’instant qu’à peine effleuré le début de cette sombre histoire.

Il soupira lentement, avant de braquer un sourire amusé sur Pluie.

–  Tout ça ne fait que commencer, mais finalement qu’elle importance ? Nous sommes des humains, nous nous battons pour avancer, alors… Avançons.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »
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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #19 le: 20 septembre 2014, 10:14:54 »
Éduquée dans la croyance d’une déesse plutôt raisonnable et pacifique, par un peu plutôt raisonnable et pacifique, Pluiechantante n’avait aucun goût pour la guerre. Elle ne lui trouvait aucune justification, ou alors si rarement que la guerre aurait dû être un évènement très rare dans l’histoire d’un pays. Bien souvent, les problèmes auraient pu être résolus par une discussion franche, en mettant de côté les a priori et les craintes irrationnelles.

« C’est pas de leur faute si les humains aiment se taper dessus sans raison. Même les dieux de la guerre, ils aiment pas la guerre pour rien. Et on fait souvent la guerre pour rien. Presque toujours. »
Elle haussa les épaules. « Moi, j’aime pas la guerre. Je connais pas de bonne raison de faire la guerre. »

Pluiechantante ne voyait vraiment pas pourquoi les adultes eux aussi n’auraient pas le droit de s’amuser. Les jeux étaient-ils réservés aux enfants dans ce pays ? Elle se demandait comment faisaient les adultes ici pour évacuer la pression. En buvant ? En dansant peut-être ? Mais un bal à l’occasion ne pouvait suffire à se décharger de ses soucis.

« C’est l’été, il fait chaud. Ça me semble très adulte. Ici, vous connaissez pas la joie de se baigner en été, c’est pourtant très agréable. »

Et ça lui manquait. La mer, le bruit des vagues, l’odeur du sel, tout cela lui manquait parfois.

Fitz maintenait qu’on allait médire à son sujet. Avec un grand sourire, elle le détrompa.

« C’est tellement normal, les soldats qui tripotent les passantes ! Je pense pas qu’on dira quelque chose. Ce serait comme de dire qu’un Barde a encore faire la cour à une noble, oui.. »

Maintenant qu’elle était hors de la fontaine, elle continuait à se sécher un peu. Elle essora un peu sa tunique et fit encore sortir de l’eau de son pantalon. Ce faisant, elle écoutait Fitz répondre à sa question. Elle fronça d’abord les sourcils, intriguée pas son commentaire.

« Trop jeunes ? Tu es pas si vieux non plus ! » Elle fit une grimace amusée. « Tu veux dire que c’est des femmes ? Donc trop jeunes et inexpérimentées ! » Elle fit claque sa langue. « Pas bien. Tu penses que le sang et les larmes, c’est que pour les mâles ? »

Puis il parla de son désir d’être sur le champ de bataille, avec des frères. Pluiechantante ne comprenait pas l’envie qu’il avait d’aller mourir inutilement alors qu’une mission importante l’attendait.

« Je sais pas si la guerre dure si longtemps encore... Mais tu es plus utile à faire ce que tu dois faire qu’à rêver à une place qui te semble mieux. »

Heureusement pour tout le monde, Fitz était avant tout un soldat, il obéissait aux ordres, même à ceux qu’il n’appréciait pas. Il constata avec fatalisme qu’il ne pouvait que continuer à avancer, malgré les déconvenues. Pluiechantante sourit à la fois amusée et agacée.

« J’aime pas la vie comme une bataille. Mais comme un escalier. Des fois tu laisses des gens plus bas, des fois tu t’arrêtes un peu sur un palier. La bataille... la guerre c’est trop brusque, violent. Y a pas d’élévation dans la guerre. »

Elle regarda ses vêtements, encore complètement trempés, et soupira.

« On remonte vers le palais, oui. Il fait chaud, mais ça pèse lourd les vêtements mouillés. Tu viens ? »

Et elle se mit en route, laissant derrière elle une traînée d’eau.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #20 le: 26 septembre 2014, 12:19:41 »
Il souriait. La jeune femme avait une vision bien à elle, et tellement réaliste de la chose. En soit ce qu'elle disait était vrai. Parfaitement vrai même... Et pourtant les choses ne changeraient pas. Les hommes étaient des hommes et rien que par ce fait ils feraient la guerre.

- Tu as raison, il n'y a pas de bonnes raisons de faire la guerre. Mais les hommes sont avide de pouvoir, et rien que cela suffit à ce qu'ils déclenchent le mal.

Mais de cela ils auraient pu en discuter longtemps sans tomber d'accord. Fitz avait arpenté le monde, les contrats, les escarmouches, il savait que même le plus petit du coin espérait toujours obtenir plus, et ferait tout ce qu'il pouvait pour. Le monde n'était pas noir, n'était pas blanc, il était gris.  Rares étaient les humains qui comme Pluie avaient une vision si... Pure de la chose... Non, la plupart avaient assez de sombre en eux pour tenter un jour ou l'autre d'obtenir plus que ce que la nature leur avait donné. Et cela... Cela ne changerait pas, qu'ils réussissent leur mission ou pas.

- Se baigner en été bien sûr que c'est agréable! Se baigner dans les fontaines publique ma chère c'est déjà bien plus rare!!!! Et d'où c'est normal que des soldats tripotent des passantes???   il faudrait qu'il ait une discussion avec ses hommes en rentrant à la caserne lui C'est pas parce qu'ils sont soldats qu'ils ont le droit de tripoter qui que ce soit, et si ils ont dit l'inverse, crois-moi, ils seront de corvée de patate pour les 6 mois à venir!

Manquerait plus que des hommes salissent la réputation de l'armée en outrepassant leurs droits dans la rue... Ca allait méchamment barder une fois qu'il serait rentré franchement. Le pays était déjà assez sous tension, pour pas qu'en plus une bande de soldats s'amusent à semer la terreur dans les rues de la ville. Il fallait qu'il s’entraîne avec ses nouvelles armes ca tombait plutôt bien!

Tu as raison, je serai sûrement utile là-bas. Mais parfois, il est compliqué d'imaginer qu'on aurait pu sauver des gens en faisant ce qu'on sait faire, plutôt qu'à avoir du faire autre chose car on avait pas le choix tu ne crois pas?

Oui bien sûr qu'il fallait qu'il aille sur cette mission, chercher les artefacts, tuer le sombre, et je ne sais quoi encore... Mais d'un autre côté des gamins crevaient sur les champ de bataille, là où il aurait peut-être pu survivre, et cela le rendait chèvre.

Et alors qu'il acquiesçait à son idée de remonter pour se changer (faut dire qu'on aurait pu les suivre à la trace vu l'eau qu'ils laissaient derrière eux) il reprit sur son idée précédente.


- Et non ce n'est pas le fait que ce soit des femmes qui m'embêtent, je m'inquiète aussi pour les hommes qui nous accompagnent je te rassure... Et j'ai vu des dames plus effrayantes que moi sur les routes et parmi les mercenaires. Non le problème c'est leur expérience. Bien sûr que je suis pas vieux, mais j'ai fait cela toute ma vie. C'est mon pain quotidien. Pas eux... Ils découvrent à peine le plaisir d'être adulte qu'on les envoie déjà au casse-pipe. Et franchement, oui ca me désole. il prit une profonde respiration Je sais je sais, il les faut sur cette mission etc etc... Mais franchement Pluie.. On va détruire leur jeunesse, et je ne peux rien faire contre ça. On serait désolé pour moins.


Ce n'était pas tant leur faiblesse le problème finalement, c'était ce qu'ils allaient gâcher.

- Si ils doivent tuer? Si on doit se défendre? Les images d'une guerre, les images de violences... Elles te marquent à jamais, et contre ça, je ne peux pas les protéger. Je pourrai même difficilement leur faire accepter.
« Modifié: 08 juillet 2016, 22:54:13 par Fitz »
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Re: [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #21 le: 18 octobre 2014, 10:17:46 »
Le mal... quelle drôle de manière de parler de la guerre. Quelle vision manichéenne et simpliste! Pour Pluiechantante, la guerre n'était pas le mal. La guerre, c'était la bêtise des hommes. Enfin, de certains hommes.

«Pas tous... c'est aussi culturel, je crois. Les tayledras, les shin'a'in, ils ne cherchent pas plus de pouvoir. La Déesse regarde qu'ils font juste ce qu'ils doivent faire. Et à Valdemar, en général, ils préfèrent la paix. Ils veulent juste vivre.»

Et d'après ce qu'elle avait pu constater, la grande majorité des gens préféraient la paix. Ceux qui souhaitaient la guerre, la déclenchaient et la vivaient pleinement, ceux-là étaient rares. Mais ils entraînaient souvent dans leur folie nombre de personnes prêtes à suivre n'importe qui, à croire n'importe quoi.

Laissant là ce sujet complexe, ils débattirent des baignades dans les fontaines publiques. Fitz semblait trouver cela un peu bizarre. Pluiechantante, elle, ne voyait pas spécialement le problème.

«Mais à part la rivière, c'est le seul endroit où se baigner dans cette ville!»
Elle rit de l'indignation de Fitz quant au comportement de ses soldats. «Pourtant je crois que les jeunes filles elles aiment bien les soldats qui sifflent et qui tripotent, ça les rend jolies. Tu es trop sérieux toi. Tu vois le mal là où c'est la jeunesse.»

Pensait-il vraiment que les soldats étaient tous aussi coincés que lui, tous aussi timides face à la gent féminine? Celle-ci aurait été très déçue si les jeunes soldats en goguette ne lui avaient témoigné aucun intérêt. Il fallait bien que jeunesse se passe!

Quant à la future mission de Fitz, celui-ci semblait résigné. Mais il ne pouvait s'empêcher de chercher à excuser sa réticence. Cela devenait un peu agaçant, même pour la très patiente Pluiechantante.

«Tu te tortures trop à la tête. On peut pas se dire toujours: si j'étais là-bas plutôt qu’ici? Si je faisais ça plutôt que ça? C'est trop fatigant. Et ça sert à rien. Tu peux pas savoir si tu sauves des vies là-bas. Tu imagines ça, ça te donne raison de pas être content de partir en mission. Mais tu sais pas.»

À mesure que Fitz expliquait les raisons de ses craintes quant à ses compagnons, Pluiechantante sentit une grande lassitude, mais aussi un agacement croissant la gagner. Cet homme... Il était gentil, brave, dévoué. Cela ne faisait aucun doute. Mais sa propension à vouloir être le seul qualifié, le seul conscient des risques, le seul capable d'affronter les dangers, de faire la guerre, de protéger ses camarades, le seul à souffrir, cette propension le rendait aussi particulièrement agaçant.  

«Détruire leur jeunesse? Je sais pas qui part avec toi, mais... les Hérauts, les Guérisseurs, ces gens-là, ils ont pas la jeunesse comme tu rêves. Ils grandissent avec un devoir. Là, c'est toi qui colles tes regrets sur eux. Et je crois pas que partir en mission ça détruit la jeunesse. Ils sont formés pour ça. Ils attendent ça. Leur jeunesse, ils la vivent comme ça. Avec l'idée qu'ils doivent agir pour le pays. Tu veux les protéger contre quelque chose qui... contre un faux problème. S'ils partent avec toi, c'est qu'ils doivent voir ces choses-là. Tu ne dois pas les protéger. Arrête de penser que tu es un sauveur pour tout le monde. Pfff... Ici vous avez tous la pensée que vous êtes des héros. Vous devez sauver les autres. Protéger les autres. Tu rends pas service aux autres si tu les protèges comme ça. Tu rends leur courage petit en cherchant à les protéger trop. Tsss...»


Ne se rendait-il pas compte qu'il insultait ses compagnons? Qu'il les rabaissait? Il les voyait comme de pauvres êtres innocents qui allaient être sacrifiés sur l'autel du devoir. Mais sans doute ces gens-là ne rêvaient-ils que de servir leur pays. Sans doute étaient-ils beaucoup plus mûrs que Fitz ne semblait le croire. Cet aspect paternaliste du soldat énervait particulièrement Pluiechantante. Lui, il savait. Lui, il comprenait. Lui, il était capable. Les autres n'étaient que des enfants qu'il fallait protéger en dépit d'eux-mêmes.

«Tu n'es pas leur père. Tu n'es pas leur protecteur. Ils sont tes compagnons, adultes, choisis, formés. Tu arrêtes de les voir comme des enfants. Tu vas faire du mal sinon, à eux et à toi.»

Son ton avait été plus dur que prévu, et elle ne parvint qu'à esquisser un mince sourire. Pluiechantante aussi, parfois, pouvait se montrer froide.
« Modifié: 01 janvier 1970, 01:00:00 par Guest »

Fitz

Re : [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #22 le: 05 juillet 2016, 18:36:16 »
La jeune femme faisait des remarques qui étaient justes. Et il avait même fini par l'énerver ce qui était plutôt un bel exploit. Pourtant il le savait, et il l'avait toujours su, il ne serait jamais d'accord avec elle. Bien sûr qu'ils avaient choisi, quoique pour ceux nés avec un dons ou "choisis" soyons clair c'était quand même pas vraiment le cas mais est-ce-que cela voulait dire qu'on devait leur imposer de risquer leur vie ?

"Tu ne me comprends pas Pluie. Ce n'est pas que je les rabaisse ou que je doute de leur courage ni même de leurs compétences. Chacun des hommes ou des femmes qui va m'accompagner me vaut 1000 fois. Ce que je me demande c'est de quel droit peut on leur imposer cela ? " il prit les devants "attends avant de t'énerver que j'essaye de trouver les mots."

Le mercenaire laissa ses yeux vagabonder un instant dans le ciel, il cherchait comment dire, un moyen de faire comprendre son dilemme à Pluie. C'était bien plus compliqué à expliquer qu'il ne pensait. Il se faisait l'impression d'être une vache qui essaye de discuter avec le soleil (et vous remarquerez que dans sa comparaison il est la vache, et Pluie le Soleil, gentleman jusqu'au bout le Fitz)

"Comment dire ce que je voudrai dire, sans dire ce que j'aimerai pas dire..

Il prit une profonde inspiration et se lança au risque de recevoir un coup de Pluie sur la tête avant de pouvoir se protéger.

"En fait Pluie ce qui me dérange au fond de tout cela, c'est qu'on soit obligé de considérer ce sacrifice comme quelque chose de "nécessaire". J'ai fait ce choix depuis longtemps, je suis ce qu'on appelle sur un champ de bataille "une quantité négligeable". C'est ce que sont les mercenaires tu comprends ? Des pions sur une carte que l'on déplace. Jusqu'à présent je m'en moquais. Aujourd'hui ...."

Il prit une profonde inspiration avant de continuer

"Ce qui m'ennuie c'est de me dire que c'est devenu un fait. Quelque chose de banale, et qu'on en arrive à déplacer chaque être humain de cet façon là, oubliant que quelque part il a une mère, un père, un amant ou une maitresse qui l'attendent. Ne te détrompe pas je ne mets pas en doute les choix de nos dirigeants loin de là! Et je sais que chaque personne perdue sur le champ de bataille ou en mission sera pleurée, et que les plus grands honneurs lui seront rendus. Mais je me pose quand même cette unique question: depuis quand jouer la vie de ses proches est devenu une telle nécessité que ce simple fait ne puisse plus entrer en compte dans les choix que l'on fait ? Ou du moins, si il rentre en compte, qu'est ce qui a fait que cela est devenu une "quantité négligeable" ? "

Son regard se posa un instant sur la jeune femme. Il ne savait pas si elle avait raison, ou si elle était naïve, quelque part même ce n'était pas important, il aimait sa façon de voir les choses, mais il en avait finalement peut être déjà trop vu:

"Quand à me prendre pour le "protecteur" comme tu dis.... C'est vexant Pluie. C'est mon travail.
Tout comme le tien est d'écouter et de réconforter des vieux briscards comme moi qui n'ont rien dans le ciboulot. Tu ne peux pas t'empêcher d'écouter, guider ou réconforter ? Je ne peux pas m'empêcher de protéger. C'est ma fierté, ma vocation, ce que je fais sur terre, et que les dieux m'en soient témoin, je sais bigrement bien le faire. Cela tu peux le comprendre? "


Ils avaient avancé tout en discutant, il prit alors la main de Pluie avant qu'ils ne rentrent .

"Ne te détrompe pas Pluie. J'aime la vie, bien plus que je ne l'ai jamais aimé. Et je ferai tout ce que je peux pour rentrer en vie, et j’espère ramener le plus de mes camarades possibles avec moi. Mais je sais ce que c'est d'avoir une mission, ou un devoir comme tu le dis si bien, et je suis prêt à sacrifier ma vie, comme chacun de mes compagnons. Je trouve juste désolant qu'on en soit arrivé à une époque, où, finalement le sacrifice d'une vie, est devenu banal. Il y a comme une obligation pour tout un chacun d'être prêt à le faire"

Il savait pas vraiment si il avait compris ce qu'il tentait d'expliquer, même pour lui c'était compliqué. Pourtant un sourire espiègle se dessina sur son visage, et ses yeux riaient déjà avant de dire sa prochaine phrase à la jeune femme

"Et puis.... Je suis un martyr arrête d'essayer de me changer ! J'aime me dire que le destin du monde repose sur mes épaules, et qu'il est de mon devoir sacré de sauver chaque être vivant de cette planète" il s'arrêta un instant, sembla réfléchir "sauf les puces de lit. Je hais les puces de lit".
"Ça marchait vachement moins bien, un cerveau avec une hache au milieu." -Isabeau-

Pluiechantante

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Re : [Pluiechantante/Fitz] Globalement inoffensif
« Réponse #23 le: 08 juillet 2016, 12:50:03 »
Pluiechantante laissa le mercenaire devenu soldat rassembler ses idées. Après tout, il n'était pas dans son habitude de couper la parole aux gens, et encore moins de les brusquer quand ils réfléchissaient. Au contraire, un blanc dans la conversation pouvait s'avérer bénéfique, laissant le temps aux interlocuteurs de rassembler leurs idées et d'élaborer un discours clair.

Fitz saurait toujours surprendre la kestra'chern. À présent, il ne parlait plus comme le soldat de métier, il parlait plutôt comme un idéaliste, voire comme un philosophe. À partir de quand la nécessité faisait-elle foi? À partir de quand le devoir était-il autorisé à prendre le pas sur l'envie? Que de questions sans réponse. C'était à chacun de décider de sa limite. À Valdemar, la nécessité ne faisait que rarement loi, en tout cas pas pour le commun des mortels. Ici, grâce aux Hérauts, les gens du commun étaient à l'abri de ce genre de choix la plupart du temps. Ils pouvaient vivre en paix pendant que d'autres sacrifiaient leur famille, leur temps, leur vie pour eux.

« Tu aurais pas dû être soldat. Tu aurais dû être pensant... non, philosophe...» Elle sourit. «Tout ça, la politique, la guerre, je comprends pas. Mais... toi tu vois toi-même comme seul qui "a fait le choix". Tu es un pion et tu es d'accord avec. Mais les Hérauts ils ont aussi fait le choix. Ils sont là pour être déplacés aussi. Les soldats aussi. Quand tu es soldat, Héraut, mercenaire, tu signes pour ça. Tu es d'accord. Personne impose cela. Pas ici à Valdemar. Maintenant, tu vois tout noir. Mais tout le monde est pas déplacé, est pas un pion. Et il faut des pions, comme ça les autres sont pas déplacés.» Elle soupira. «Ce que tu aimes pas, en fait, c'est la guerre. Tu veux pas la guerre. Pas la guerre comme là. Tu es idéaliste. Ou tu rêves. Les humains... ils font la guerre. Dans un monde parfait, ça servirait à rien les soldats, les Hérauts. Mais on est dans la réalité. Dans la réalité on fait la guerre.»

Ce qui était bien dommage, d'après Pluiechantante. La guerre était une notion étrangère à la Kaled'a'in. Elle en comprenait bien les principes théoriques, mais il lui était impossible d'imaginer qu'il existât une raison suffisamment impérieuse pour en déclencher une.

Intéressant comme ils en venaient toujours à comparer leurs deux professions. Pourtant, elles n'avaient rien en commun, à part dans l'esprit du mercenaire. Pluiechantante n'avait jamais vu sa profession comme une mission. Elle était devenue kestra'chern sans se poser de question. Cette profession était la sienne, et elle l'habitait totalement. Mais elle n'aurait jamais songé à imposer ses soins à des gens qui ne les désiraient pas et pire, qui n'en avaient pas besoin. Quand elle retrouvait Sourcedésert le soir, elle laissait son habit de kestra'chern dans son cabinet et elle se contentait d'être l'amie et la compagne de la mage. Tandis que Fitz, lui, semblait incapable de ne pas "travailler".

« Protéger oui. Mais protéger des gens qui ont demandé. Là tu veux protéger des gens qui veulent pas. Tu veux protéger des gens qui savent faire, qui ont un devoir. Tu ne peux pas protéger ces gens. Moi je force pas ma manière et mes conseils. Ou j'essaie de pas faire. Donc, compare pas. Je peux pas soigner si quelqu'un veut pas. Tu peux pas protéger si quelqu'un veut pas. »

D'une certaine manière, avec sa "vocation" tonitruante, Fitz minimisait presque celles des autres. Ses compagnons de quête avaient sans doute eux aussi décidé de sacrifier leur vie si nécessaire. Mais jamais Pluiechantante ne pourrait croire que c'était devenu banal de demander un tel sacrifice. Elle ne connaissait pas personnellement le Roi, mais elle doutait qu'il soit simple pour lui de demander un tel choix. Et elle était certaine que peu étaient capables d'accepter de sacrifier leur vie.

«Je crois pas. Tout le monde est pas prêt à se sacrifier. Mais toi tu vis au milieu de gens qui pensent qu'à ça. Les autres, ils sont heureux de pas devoir mourir. Ils sont rassurés, les autres meurent pour leur donner une vie. Et on dit merci pour ça »
conclut-elle d'une voix douce.

Malgré le sérieux de la discussion, Fitz parvenait à plaisanter. Cette faculté expliquait sans doute pourquoi il avait pu rester si pur malgré sa profession.

«Tu es un Héraut dans la tête toi. Idéaliste, prêt à se sacrifier, sûr que le monde il tourne pas sans.»

Ils étaient parvenus au Palais. Pluiechantante enlaça le mercenaire.

« Tu fais attention à toi. Pas pour moi, mais pour Feuillemalice. Et tu meurs pas bêtement.»

Elle déposa un léger baiser sur la joue de Fitz avant de repartir de son côté.

[RP CLOS]
« Modifié: 08 juillet 2016, 12:52:24 par Pluiechantante »