Katy, mercenaireLe prétendant au trône de Rethwellan ne s’offusquait pas, ne prenait pas une expression choquée et ne poussait pas les hauts cris en apprenant que son frère et sa fiancée n’étaient pas mariés. C’était presque dommage, songea brièvement Katy, laissant parler une seconde sa mesquinerie et son ressentiment envers la haute société de Petras. Mais c’était un bon point pour le jeune homme. Effectivement, si Alem et elle avait fui la capitale rethwellanaise, ce n’était pas pour convoler en justes noces, et Rafalentha faisait preuve de logique. Et, s’il semblait s’être crispé à son arrivée, il ne paraissait pas plus froissé que ça de la découvrir là, proche de son frère, alors qu’il ne connaissait pas la nature de cette proximité. Ça aussi, c’était un bon point.
La Guérisseuse se contenta donc de hocher la tête au commentaire du prince, tandis que son sourire se faisait moins provocateur, plus doux… et plus fatigué.
Mais la fatigue ne l’empêchait pas de répondre à Mina. Elle ne tiendrait pas toute la fête, c’était certain mais, appuyée contre Alem, elle était suffisamment bien installée pour discuter encore quelques minutes. Et la confession de l’Artificière, même si elle n’était prononcée qu’à demi-mots, valait bien la sienne. Comme la plupart des membres de la compagnie, elle savait que Mina venait des Holds. Et, comme elle ne connaissait pas Valdemar, elle avait demandé quelques détails aux Valdemarans d’origine. La suite était assez facile à imaginer, mais, pour le coup, elle aurait préféré que la jeune femme démente ses hypothèses plutôt qu’elle ne les confirme.
Spontanément, Katy posa sa main sur celle de Mina et la serra brièvement, une fraction de seconde, avant de la lâcher.
« Oui, on n’a pas à se plaindre. »Et elle ne se plaignait pas, même si elle avait abandonné le confort de la riche maison de son père pour celui, plus que spartiate, des campements de mercenaires. Et même si la Guérison de guerre était bien plus dure que les soins qu’elle avait pu prodiguer dans les bas-quartiers de Petras.
Mais Rafalentha semblait d’accord sur la chance qu’elles avaient eue. Et il paraissait même… jaloux ? Silencieuse, Katy laissa Mina s’exprimer, mais elle ne put retenir un petit rire amer à sa question sur les « nobles dames de Petras ».
« Tu n’as aucune idée du nid de vipères que peut être une cour royale. Et les dames ne sont pas les moins pires. »Et encore, elle n’en avait eu que de brefs aperçus. Pas comme Alem ou ses frères qui avaient dû y grandir. Ça, c’était sûr qu’elle n’enviait pas le futur roi. Mais, dans son esprit, Rafalentha avait quand même une position différente de la sienne ou même de celle d’Alem. Non seulement il était un homme donc, par définition, plus libre que n’importe quelle femme, mais en plus…
« Mais vous serez le roi, émit la jeune femme.
Même si vous devez vous marier, vous serez libre de choisir l’épouse que vous voulez. Vous pourrez édicter vos propres règles. »Et ça, dans l’esprit de la Guérisseuse, c’était quand même une bonne part de liberté.