Fort heureusement, Caelan ne dut pas utiliser le sérum dans la seringue. L'étalon s'agita un peu à son entré dans le box, mais dès qu'il reconnut Caelan, il se calma. Ainsi, la jeune fille put le nourrir, le bichonner tranquillement, tout en gardant un œil sur son comportement. Enfin, elle sorti du box et regarda Enora qui la fixait, semblant imprimer chaque mouvement de Caelan.
"- Nous allons maintenant pouvoir approcher les compagnons...heu...en...arrêt temporaire !"
La jeune fille savait que mentir n'était pas une solution, mais elle ne pouvait révéler, même à son amie, la situation critique des Compagnon. Il revenait aux élus, le droit d'en dire plus. Secrètement, elle espérait pouvoir les aider en les aimants de tout son cœur. Chaque matin et soir, elle priait la Dame pour la guérison de ces magnifiques êtres. Malheureusement, l'épidémie semblait se propager comme on propage une rumeur. Caelan ne pouvait faire rien d'autre que d'être près d'eux, à les soigner. Enora et elles se dirigèrent donc vers la partie des écuries réservés aux Compagnons. Beaucoup d'élus traînaient ici, attendant une révélation, soutenant leur lié qui faiblissait de jour en jour. Eux même étaient très faibles et ne supportaient plus qu'on les sépare de leur Compagnon. Ils dormaient en général dans le box de leur moitié mais il arrivait que des guérisseurs doivent les transporter pour les soigner. La jeune fille entra donc dans ce qu'on pouvait appeler "l'Aile de la souffrance". Une onde de tristesse régnait en maître ici. Même la fraicheur de la jeune écuyère qui commençait à rayonner dehors, d'éteignit ici. Il y avait de quoi avoir peur, aussi Caelan se retourna vers Enora.
"- Enora, si tu n'es pas à l'aise, tu peux m'attendre dehors. Je comprends tu sais. Mais tu n'es pas forcé de rester."
La jeune fille n'avait pas de temps à perdre pour voir si l'albinos la suivait ou pas. Un trio de guérisseur se concertait plus loin en chuchotant. Elle se dirigea vers eux. Lorsqu'ils la reconnurent, les médecins fatigués l'accueillirent avec un petit sourire.
"- Dy'an, tu devrais te faire remplacer, pour un guérisseur tu as mauvaise mine ! Plaisanta-t-elle un peu. Comme vous tous ici, ne me forcez pas à appeler le Doyen.
Voyant l'air déconfit du guérisseur, Caelan devina que quelque chose de grave s'était passé. Il ne demanda rien, mais le regard des spécialistes de la guérison lui confirmèrent ses craintes. Ils devaient la juger assez importante pour le lui confier, car la guérisseuse El'yne brisa finalement le silence.
"- Deux Compagnons sont tombés malades hier. Nous les avons déclarés atteint par la maladie, et nous avons retrouvé un Compagnon mort ce matin. Il ne semblait pas avoir choisit d'élus, le Glas n'a heureusement pas sonné.
Caelan retint un hoquet d'horreur !
- Que dois-je faire pour vous aider ? Je sais que je ne peux pas tout faire, mais donnez-moi le maximum pour soulager un peu tout le monde. Je peux supporter. J'ai vécu pire que cela comme charge de travail. Et allez vous reposer aussi, cela vous fera du bien et rester ici n'arrangera pas la situation de toute façon. Vous serez plus efficace si vous êtes en forme. Je vous préviens immédiatement s'il y a du nouveau, vous pouvez compter sur moi."
D'un regard entendu, les guérisseurs murmurent un merci chaleureux. Il était à bout de force. Le trio quitta l'écurie et Caelan s'approcha d'Enora.
"- Comme tu peux le voir, ici on ne manque pas de travail, et si tu as pu entendre un peu ce que j'ai dis au guérisseur, tu devinera que la situation est presque critique. Je te demanderais de garder le silence total. Déjà, je ne devrai pas être au courant, c'est parce que je suis affectée à cette aile que je sais. Peu de monde en dehors des élus connaissent la vérité. Tu ne dois rien dire à personne, même pas dans un journal intime ! Si tu veux partir, tu peux, je ne t'en empêche pas. Mais si tu veux te retrousser les manches, viens avec moi s'il te plaît. Je sais que tu es noble, cela se voit, mais je ne te jugerai pas. Si tu décides de partir, alors, c'est ton choix, si au contraire tu restes, je crois, que l'on va très bien s'entendre."
Par mesure de sécurité, Caelan imposa de suite les conditions pour qu'Enora reste. Certes, elle fut un peu sèche dans son discours, mais c'était pour le bien des Compagnons de leurs élus et surtout pour la sécurité du royaume de Valdemar. Elle n'ignorait pas, que si la nouvelle devait se répandre autrement que par la bouche du roi, le chaos régnerait et les Hérauts, se faisant tuer en masse, car affaiblis, ne pourrait plus rien faire. Toute la politique même était en jeu. Déterminée, Caelan scruta le regard d'Enora pour tenter d'y voir y trace de perfidie. Mais, à son soulagement elle ne vit rien de tel, elle ne s'était pas trompée, Enora était quelqu'un de bien.