Melarianne savait ce que le silence royal impliquait et elle savait aussi que les brusquer lui ferait perdre tout ce qu'elle cherchait à obtenir. Avant que son père prenne en main son éducation, sa mère avait eu le temps de lui inculquer le principe fondamental de la vraie noblesse, le service au peuple. Elle savait ce que son sang et son rang exigeaient vraiment d'elle, si elle avait des serviteurs et des protecteurs, elle devait se sacrifier pour leur permettre d'avoir la plus belle vie possible et elle avait toujours cru que Valdemar était le summum de ce principe. Elle n'était là que depuis quelques jours et elle avait passablement déchanté. Ses nobles étaient comme ceux de Rethwellan, mais avec le vernis de moins. Certains étaient même presque vulgaires dans leur ambition et leurs actions. Et le prince... elle préférait ne pas laisser ses pensées aller dans cette direction.
Elle savait ce qui était en jeu, elle avait vu les manigances de son père durant la dernière année. Elle savait que si elle ne réussissait pas ce mariage, son père pouvait très bien tenter de faire tomber l'alliance. Elle avait entendu son père parler de ses bourreaux d'enfant et elle savait combien il admirait leur cruauté et leur détermination. Il n'avait jamais fait cas du peuple et si elle échouait, il n'aurait aucun scrupule à la mariée pour se faire un nouvel allié. Son oncle, même s'il était un homme bon, avait toujours eu tendance à trop écouter l'homme qui avait marié sa sœur.
Voilà pourquoi elle tentait de montrer sa noblesse et sa bonté par cette démonstration de savoir-faire. Elle ne montrait pas seulement les arts courtois, mais qu'elle était capable d'apporter du bon au royaume. Elle allait essayer de régler un problème qui stagnait depuis trop longtemps. Les nobles oisifs. Voilà pourquoi elle avait invité les plus hautes nobles demoiselles du royaume. Pour les réunir et leur donner quelques choses de bien à faire. Quelques choses de bon pour le royaume.
Quand bronwyn voulu faire paraitre le musicien, elle lui mit doucement la main sur l'épaule.
"Il vaut mieux qu'il reste où il est pour l'instant ma chère. Si je veux créer un lien avec ses jeunes filles, il serait idéal qu'il n'y ait pas de trop grande distraction, ni des raisons de jalousie trop grande."
Elle savait que plusieurs jeunes filles avait très certainement fait la même demande au Roi qu'elle-même à son arrivé et se serait très certainement un sujet de froid suffisent pour débuter.
"Il se présentera plus tard, quand nous aurons toutes la possibilité de la félicité pour la musique, sans que cela nuise à notre entreprise. J'ai invité plusieurs jeunes filles en espérant avoir celle qui a volé le cœur du prince. Si d'aventure, elle venait à être présente, aurais-tu l'obligeance de me le faire savoir discrètement?"
Aucune réponse directe ne put être formulée, car à cet instant, la première inviter se fit connaître. Une des nouvelles à la cour, Melarianne l'avait choisie justement pour cela, une femme pas encore trop vieille qui aurait besoin de connaître d'autre personne, serait reconnaissante de son invitation et pourrait avoir de la sympathie pour la princesse par leur situation presque semblable, malgré la différence de rang.
"Dame Ysaline point de majesté ici, je vous en pris, le plaisir est partagé soyez en assuré."
Sa voix était chaude, la dame, plus vieille qu'elle, était ce qu'elle avait imaginé. Raffinez et courtise. Son magnétisme était fort, et ses paroles rassurantes. Il n'y aurait pas de rang autre que ceux que l'on voudrait bien donner, et ceux qui seraient gagnés, dans cette salle. Ce serait une authentique cour d'Amour.
"Je vous en prix, preniez un siège. Nos autres invités ne tarderont pas et nous pourrons voir qui auront eu la curiosité et l'audace d'accepter mon invitation."
Une petite plaisanterie pour alléger l'atmosphère, mélanger à son charisme, aussi léger que subtil et puissant, donnait une atmosphère très intime à cette rencontre. La princesse prit doucement le cadeau et l'ouvrit avec sa dextérité habituelle, lente et habile.
Puis ce fut au tour de deux plus jeune dame, de très haute naissance, qu'elle avait invité. Du début de l'âge adulte, mais encore récupérable, la comtesse Mania d'Areili et la future Baronne Saskia DeFeriel pouvait être un ajout de taille à sa cour. Elle savait qu'à cette âge, les jeunes filles avait besoin de se faire voir, de chercher leur identité propre et que la meilleur façon de le faire était d'attiré l'attention des autres. Les parents nobles avait souvent trop peu de temps pour leurs enfants, ceux-ci finissait par reproduire les comportements à problèmes des dits parents si ils n'avaient pas d'autre modèle pour leur montrer une meilleur voie. Si elle pouvait faire un exemple de ses demoiselles, les autres de leur génération suivrait peut-être.
Elle les interrompit avant qu'elle puisse finir leur révérence trop profonde.
"Bienvenue damoiselles, soyez assuré que c'est un honneur partager. Prenez une chaise et mettez-vous à l'aise."
Elle avait attentivement observé les deux jeunes filles et savait avec certitude maintenant que la jeune D'Areili rentrerait relativement facilement dans les rangs, elle cherchait à assouvir ses ambitions, ce que la cour pourrait lui offrir à loisir, et même plus, sans pour autant avoir une forte tête. Celle qui pourrait poser problème serait plutôt la DeFeriel, il y avait une volonté, quelques chose de fort en elle, qui pourrait lui faire de grand problème ou en faire une de ses deux premières Dames et éventuellement, une Reine de Cour, si elle ne pouvait rester. Et Melarianne se promit de tout faire pour lui offrir une chance, pour lui montrer les avantages de son systèmes ou au moins l'amener à travailler avec la couronne.
Avant qu'elle puisse poursuivre son raisonnement, elle fut déconcentrée par l'arrivée de la jeune Enora, une des plus jeunes qu'elle avait invitée. Il lui fallait des jeunes femmes de toutes les générations, de tous les ages, pour être capable de toucher le plus de personnes possible. Elle adressa un dernier sourire aux deux jeunes femmes avant de se tourner vers la toute dernière arrivée.
"Bienvenue Damoiselle Enora, je suis ravie que vous ayez accepter mon invitation."
Elle sentait le malaise de l'albinos. Très jeune, elle semblait presque porter un masque plutôt que d'être et elle espéra pouvoir l'aider à se faire une place.