Grâce à sa précédente rencontre avec le prince Arthon, Caelan bénéficiait à présent de cours d'histoire et de philosophie. Elle ne pouvait se permettre d'autres cours car son emploi du temps déjà bien chargé, la fatiguait terriblement. Néanmoins, chaque matin la demoiselle se levait à l'aube, s'occupait des chevaux et autres bêtes et s'occupait de sa propre jument. Avec elle, elle entretenait un lien très fort, et très particulier.
Ce matin-là donc, elle se mit à parcourir le collegium comme à son habitude. Cependant, elle commençait son cours d'histoire plus tard que prévu car le Héraut Van'dick devait s'entretenir avec le Doyen du collegium. Parfois, sur son passage, la jeune écuyère surprenait quelques regards en biais et de grands sourires, auquel elle répondait de la même manière. Ne comprenant pas vraiment pourquoi depuis plusieurs jours ce manège continuait, elle ne se posait plus vraiment de questions et souriait. Bientôt elle arriva au niveau des écuries où elle salua Tobi, le maître des lieux, et tous les animaux. La joie comme expression, les yeux pétillants de malice, Caelan s'affairait au travail avec application, méthode et rapidité. c'était ainsi, elle avait toujours été dynamique, la petite ! Son travail achevé, elle retourna dans sa chambre, prendre des vêtements propre et pris le temps de faire une bonne douche...froide ! Les guérisseurs disaient que cela stimulait le sang et redonnait de l'énergie. Très fraîche donc, elle s'habilla, pris ses manuels et fila en cours d'histoire. Presque en retard, cela ne changeait pas de d'habitude, elle eu un grand sourire à l'homme qui se tenait devant elle. Il dégageait le respect et l'assurance. Le cours porta sur l'histoire de Valdemar, à ses débuts et jusqu'à l'époque de Vanyel. Un sujet qui ne cessait d'être revu mais que le Héraut Van'dick reprenait de manière différente et passionnante. Caelan buvait les paroles du petit homme qui se tenait devant la table voisine. L'histoire de son pays l'avait toujours fasciné. Bien trop à son goût, le cours se termina, et, à regret, la jeune fille dut se rendre aux écuries.
Elle adressa un mot à ses camarades et un sourire au professeur avant de terminer sa course dans le box d'Eucalyptus. Longuement, elle repensa à un point du cours qu'elle avait envie d'explorer. Aller toujours plus loin, poussé par la soif de savoir et la détermination avaient toujours été les raisons de son intellectualité. Caelan prenait son temps, à la grande joie de la petite jument baie qui profitait de l'air songeur de sa partenaire, pour apprécier le massage...avant l'effort intensif ! Elle dut finalement vouloir se dégourdir les pattes car, d'un coup de tête, Eucalyptus ramena Caelan à la réalité. La jeune fille resta sur l'idée qu'il fallait qu'elle file à la bibliothèque juste après son entrainement. Elle n'aimait pas rester dans l'ignorance. Au moins, pouvait-elle le supporter jusqu'à midi. Il était déjà tard dans la matinée lorsqu'elle emmena sa jument au champ, se détendre. Pendant plusieurs heures, ils avaient travaillé en boucle le saut, et quelques figures que maintenant l'écuyère parvenait à faire. Elle l'avait ensuite brossé, bouchonné et bichonné sans oublier la petite friandise ! La gourmande s'était empressé de l'engloutir ! Comme si Eucalyptus avait pris une potion pour la rendre très zen, elle se laissa conduire docilement au champ, à pas lents. Une fois terminé, Caelan repris une douche, chaude cette fois, et des vêtements propres.
Ensuite, elle s'empressa de courir à la bibliothèque rechercher les livres dont elle avaient besoins. Elle salua la bibliothécaire d'un grand sourire et parcourut les rayons. Connaissant très bien les rangées de livres, elle dégota rapidement ce qu'elle cherchait : l'histoire de la magie à Valdemar. L'énorme volume de deux mille pages ne lui faisait pas peur. Méthodiquement et avec l'habitude de l'âge, elle ouvrit le livre à la page "sommaire". L'histoire de la magie se trouvait à partir de la page 863. Ses petits bras musclés par le travail des écuries, n'eurent pas de mal à tourner toutes les pages d'un bloc ! Elle commença sa lecture et fut plongée dedans pendant tout l'après-midi. Elle s'autorisa tout de même une petite pause vers la fin de journée et repris sa lecture peu après. Le ciel était parsemer d'étoiles et bientôt, elle alluma une lampe à huile pour pouvoir continuer sa lecture. Dévorant chaque ligne du texte, elle lut jusqu'à bailler à s'en décrocher la mâchoire. Très tard dans la nuit, lorsque ses yeux de purent plus avaler un mot, un mal de tête fit pointer le bout de son nez et Caelan repoussa le livre à regret. Elle aurait dut arrêter de lire il y a bien longtemps, la lampe à huile était presque éteinte et voila qu'elle avait la migraine, le comble ! Elle posa les yeux sur son livre, imprima le numéro de la page dans sa tête et tourna celle-ci vers les étagères de livres. Ce simple mouvement fit exploser le crâne de la pauvre écuyère. Un tambour frappait le rythme à l'intérieur et n'hésitait pas sur sa force. Elle ferma les yeux brutalement tant la douleur était atroce. Quelques secondes, elle posa sa tête entre ses bras qu'elle avait croisé sur la table.
Lentement elle relava sa tête, pris le livre et se leva. Grosse erreur ! Un violent vertige la saisit, suivit de près par une envie de vomir. Que lui arrivait-il ? Le livre tomba sur le sol dans un bruit mat et Caelan posa sa main sur sa bouche. Elle ramassa le livre alors d'un deuxième vertige la saisissait. Avait-elle attrapée une maladie dans les écuries ? Proche de l'évanouissement et haletante, elle parvint tant bien que mal à remettre son livre en place. En sueur, il lui fallait sortir au plus vite. Elle ne regagnait pas sa chambre, elle avait besoin d'air frais ! Courant dans les couloirs, sous les regards de gardes surpris, et voyant double, elle trouva enfin la porte qui la conduirait près du champ où se tenait Eucalyptus. Peut-être celle-ci la réconforterait-elle ? Après, bien après, elle irait voir un guérisseur. Les vertiges se firent de plus en plus fréquents et le mal de tête ne parvenait pas à partir. Le souffle court, elle ne pu qu'atteindre le champ verdoyant sous la lumière de la lune et d'un ciel d'été étoilé avant de tomber à genoux, les mains posées sur ses tempes. Le sang battant à ses oreilles, les yeux fermés, son cris déchira la nuit, ne sachant s'il avait été poussé à l'extérieur ou dans sa tête, elle crut qu'elle allait mourir de douleur et pleura à chaudes larmes.