Retour à Haven ( fin du scénario des Marches )

[Beltran]

Beltran menait ses hommes. Tous marchaient, ou chevauchaient, l'air grave. Le tribut avait été trop lourd pour que chacun  ne reste pas avec ses pensées et ses souvenirs. Quelques uns discutaient des amis disparus, d'autres des amis qu'on allait retrouver. Certains gémissaient simplement, sur leurs civières ou dans les chariots. Les guérisseurs s'affairaient, contents de pouvoir bientôt être aidés de leurs collègues.

Dans le peloton de tête, Beltran et Rudy ne parlaient pas. Ils pensaient tous deux à tout ce qu'ils avaient fait: la bataille, les enfants sauvés, Ellia assassinée, et ces étranges choses que les mages savaient invoquer. Une crainte respectueuse faisait qu'ils se sentaient un peu à part du couple de Mages.
Ces derniers chevauchaient à quelques pas derrière eux. Glenn se remettait doucement mais aurait besoin d'encore plus de repos une fois arrivés.

En queue de cortège, derrière les chariots de blessés, venaient deux chevaux. L'un était monté par un Kley toujours abattu, l'autre par Chantdétoile à qui Beltran avait ordonné de s'occuper du traitre. Le Dyheli était à quelques pas derrière eux, laissant les humains ensemble, et semblant en communication avec quelqu'un d'autre.

La Bataille avait pris fin il y a six jours et le chemin du retour pris il y a cinq jours. Dans moins d'une journée, au rythme où ils allaient, Haven dresserait ses murs, ses batiments devant eux.

Mais au loin, de la poussière s'élevait. Une petit troupe d'une demi douzaine de chevaux approchait.

[Lamétoile]

Le retour, tellement de choses était arrivé, tellement de douleur, de chagrin, de découverte était arrivé qu’on aurait eu l’impression que le départ avait eu lieu dans une autre vie. En queue de se cortège presque funèbre tant il était sombre, venait une jeune femme, perdue dans ses pensées, accompagner d’un jeune félin dans un panier adapter aux cheveux et un Dyhelis qui suivait. Elle semblait presque trop jeune pour le grade qu’elle arborait sur son uniforme, et certainement trop jeune pour le visage et le regard sombre qu’elle arborait. Elle semblait surveillez un homme attacher à sa selle qui chevauchait juste une peu devant elle, mais à sa porter si il devait arriver quoi que se fut.

Tout en surveillant Kley, Lamétoile réfléchissait. Elle savait ne plus être la jeune fille presque légère et naïve qu’elle avait été, mais n’ayant jamais vécu parmi le peuple de sa mère, elle n’en connaissait pas toutes les coutumes et protocole. Elle savait que certains des siens changeaient de nom lorsqu’il changeait trop pour continuer de porter le nom qu’on leur avait donné, comme c’était son cas, mais elle ignorait tout du rituel pour se faire. Sa mère, elle le savait, en avait changé quand elle avait quitté son peuple pour ne jamais y retourner, mais elle-même avait certaines responsabilités envers le Royaume de Valdemar et la Guilde des mercenaires, où figurait son nom de naissance.

De plus, elle ne savait trop ce qu’elle ferait au retour, car elle devrait décider si elle restait à Valdemar ou repartait. Repartir serait certainement la solution de la facilité, fuir ce qui était arrivé, mettre tout cela derrière elle et repartir à zéro par elle-même, mais elle ignorait si elle pourrait rester. Avec tout ce qui était arrivé, elle n’était plus la même et elle ne savait pas si elle pourrait tenir la promesse qu’elle s’était faite devant les restes des enfants. Elle ignorait si on voudrait bien la garder après les derniers événements. Bref, elle ignorait la voie à suivre. Durant la campagne, les choix avaient été limités et les promesses faites dans son cœur avait sonné avec justesse, mais maintenant que cela était terminer, avec les résultats presque désastreux malgré la victoire, elle ne savait plus quoi en penser, ni où elle n’était. Elle aurait aimé en parler avec le capitaine, mais avait des responsabilités vis-à-vis de lui et cela impliquait de surveillez l’homme devant elle, et cela impliquait aussi se tenir loin du capitaine pour qu’il ait le temps de faire son deuil d’une très bonne amie. Alors, elle avançait en silence, quand elle perçut les chevaux qui arrivaient. Instinctivement elle reprit une posture défensive sur sa monture, mais une intuition lui fit tourner légèrement la tête vers le Dyhelis qui les accompagnait, car cette fumée et cette cavalcade lui étaient familières…

[Héraut Aranel]

Ethyan suivait les cavaliers d'un pas tranquille, plus ou moins perdu dans ses pensées. Il avait laissé son troupeau aux bons soins de sa compagne -Enoli- et il lui tardait de les retrouver. Cette dernière était gestante depuis peu et ce nouveau né de l'été le remplissait de joie. Depuis qu'ils étaient sous la protection des Grands Chevaux Blancs, ils ne craignaient plus d'attaques.
Le magnifique étalon aux trois cornes affûtées trotta pour se mettre au niveau de Lamétoile, l'Humaine qu'il avait choisi comme Compagne d'Esprit et secoua les oreilles pour chasser quelques mouches indésirables.

Je crois que tu devrais rester.

Savait-elle seulement qu'il avait choisi de rester près d'elle ? Les dyhelis pouvaient se montrer fort perspicaces et il avait senti son agitation intérieure.

Tu devrais t'installer pour de bon, Compagne Humaine.

Il gardait également un oeil sur Kley qui semblait guère plus joyeux que la jeune fille. La procession était morose car il y avait eu de nombreuses pertes.

[Manuchan]

Manuchan chevauchait docilement, sa tête dodelinant vers le bas de temps en temps, à force de chevaucher dans des états de fatigues importants, il commençait à prendre l'habitude de se reposer à dos de destrier. Mais son repos n'était pas complet. Son énergie était désormais à nouveau presque à son apogée, les chemins empruntés pour retourner vers Haven disposant de suffisamment de nodes, même peu puissantes pour lui permettre d'y puiser ce qui lui était nécessaire, petit à petit pour ne pas ajouter le mal de crâne à son état.

Mais son esprit.... Il était loin d'être au repos ! Glenn n'était pas encore rétabli et Manuchan ne le lâchait pas d'une semelle de peur qu'il ne tombe ou simplement pour lui apporter un réconfort - du moins espérait-il que c'était le cas - et se réconforter lui-même de le savoir vivant et sur la voie de la guérison totale. La Déesse emplissait son esprit de questions. Qui était-Elle vraiment? Quel était Son but? Pourquoi ne semblait-Elle pas être déjà connue?  Que signifiait vraiment être Son Elu? Quand pourrait-il se blottir dans un lit douillet??

Cette dernière question n'avait évidemment aucun rapport mais elle lui trottait régulièrement dans la tête. les tentes de la garde n'étaient pas si inconfortables, mais à comparé avec un lit moelleux... Cela faisait bien des années qu'il n'en avait pas connu. Auparavant, il dormait le plus souvent sur un lit de feuilles, mais ça lui était égal, son état ne nécessitait que rarement qu'il ait besoin d'un grand confort, mais là... Il devait bien avouer qu'un oreiller de plumes lui aurait semblé être le meilleur amant au monde sur l'instant !

Avant de s'endormir complètement et de tomber à bas de sa monture, il secoua la tête violemment, allant jusqu'à se mettre un bonne claque pour se réveiller. L'Adepte tourna ses yeux vers Glenn. Ce mage plein de mystères qu'il ne connaissait presque pas mais à qui il était lié malgré tout, que ce soit par le combat qu'ils avaient partagé, leurs désirs mutuels ou l'apparition de la Déesse. Il espérait sincèrement que son ami se remettrait bien vite et qu'ils pourraient enfin avoir une vraie conversation au sujet de cette divinité qui désormais était aussi la sienne.

Le Rethwellan fut tiré de ses pensées par un bruit qu'il reconnaissait... un groupe de chevaux, ou plus probablement de cavaliers à cheval qui venaient dans leur direction. il espérait qu'il ne s'agissait pas d'une autre épreuve à affronter car bien qu'il aurait pu riposter magiquement, il n'était pas en état de réfléchir à ses actes et donc, risquait de commettre des actes qu'il pourrait regretter. Comme de lancer un sort meurtrier sur une personne innocente... en aucun cas ce la ne devait arriver ! le mieux serait donc encore de ne rien faire et de laisser agir ceux qui le pouvaient encore. S'il devait faire quelque chose, ce ne serait qu'avec des certitudes et surtout avec l'assurance que personne d'autre ne pouvait le faire.

[Beltran]

Kley restait prostré sans parler, ni bouger, laissant son cheval suivre les autres.

Le nuage de poussière s'approche, on voit plusieurs cavaliers. Deux chevaux mènent. L'un deux est monté par l'éclaireur envoyé par Beltran pour signifier leur victoire et leur arrivée. L'autre...

Perle leva un bras joyeux et apostropha de loin l'armée, en criant des choses encore inaudible. Elle lança son cheval au grand galop et bientôt fut à portée de voix:

"Maitre Manuchan !" criait-elle.

Derrière elle, l'éclaireur et le reste des gens lançaient leurs chevaux au galop à leur tour. L'uniforme des guérisseurs et de quelques bardes étaient visibles. Ils venaient en renfort pour finir le voyage.

[Lamétoile]

Perdu dans ses pensées, Lamétoile n'entendit pas vraiment le Dyhelis approcher. Elle s'était rapidement habituée à sa présence continuelle à ses côtés, au point où il lui semblait normal de l'avoir près d'elle. Elle préférait ne pas se poser de question sur sa présence et son attitude. Les blessures de ses récentes pertes étant encore à vif, elle préférait ne pas espérer, ne pas voir, que d'être déçu. Elle ne savait pas pourquoi il était venu et si elle avait été contente de le voir, elle savait qu'il devrait rejoindre sa horde et qu'elle devrait aller son chemin, alors elle ne voulait pas trop s'engager ni faire de projet.

Elle fut donc surprise de l'entendre s'adresser à elle et se tourna vers lui.

"Éthyan?"

Elle sursauta réellement quand il expliqua son point de vu. Compagne humaine? Sa mère avait eu un compagnon, mais s’était un oiseau, comme tous les Tayledra à ce qu’elle avait compris. Comment cela se pouvait-il? Elle ne l’avait pas cherché. Elle ne s’était rendu compte de rien.  Mais comme elle regardait l’Équidé en essayant de comprendre, elle entendit la troupe de cavaliers et se retourna, changeant de posture pour le combat, avant d’entendre le jeune apprenti qu’elle avait retourné à Haven quand elle avait été à la rescousse de leur mage.

Elle remarqua alors l’uniforme des guérisseurs et des bardes et se détendit plus qu’elle ne l’avait été depuis le début de toute cette aventure.  Jamais elle n’avait eu ce sentiment auparavant. Jamais elle n’avait été accueillie ainsi, étant mercenaire indépendante, elle et sa mère se mêlait parfois aux compagnies, et si on les avait parfois remerciées, ce genre de comité n’avait jamais été dans ses expériences.  Tout comme ce sentiment de détente à la vue de ses gens. N’ayant jamais eu de foyer, elle ignorait que ce sentiment était lié au fait de revenir entière, d’avoir un endroit qui était chez elle. D’avoir un pied-à-terre. Normalement, c’était le moment où elle quittait pour d’autres contrats.

Lame se senti presque de trop, ayant presque envie de faire faire demi-tour à sa monture et partir. Mais elle avait des responsabilités, alors elle fit face et refoula ses sentiments pour rester la Lieutenant du Capitaine. Prête à faciliter le retour de tous et permettre à ceux qui le voulaient de quitter plus tôt. Elle n’avait aucune famille, rien ni personne, qui l’attendait.  Elle voyait Ethyan du coin de l’œil et se demanda si elle pouvait faire de ses gens son peuple, de ce pays son chez-elle. Si elle pouvait rester. Peut-être que de parler avec l’Équidé ou le capitaine pourrait l’aider. Mais elle se sentait encore mal de parler avec Beltran, elle ne voulait pas lui rappeler la mort d’Ellia.  Elle se tourna donc vers Ethyan.

« Qu’est-ce que ça fait d’avoir un chez-soi? Qu’est-ce que ça te fait d’avoir ta horde et ta compagne? »

Elle parlait bas pour en pas déranger les autres, mais elle avait besoin de savoir. Malgré son poste et sa maturité dans la guerre, elle n’était encore qu’une adolescente.

[Héraut Aranel]

Ethyan cala son pas sur celui du cheval de Lame et prit le temps de réfléchir. La question était plus que délicate sachant l'état d'esprit dans lequel la jeune fille se trouvait.

C'est à la fois rassurant et terrifiant. Je suis né parmi eux, j'ai grandi à leurs côtés et comme mon père avant moi j'ai pris la tête du troupeau lorsque j'ai été en âge de le faire. J'ai la responsabilité de la protection des miens, des petits jusqu'aux anciens. J'ai toujours su où était ma place et quel serait mon avenir. Je n'ai jamais eu le loisir de choisir.

Il marqua une pause et arqua l'encolure pour détendre ses muscles avant de renâcler.

Mais tout le monde devrait avoir un foyer. Lorsque mon fils sera né, je le formerai pour qu'à son tour il puisse me succéder. Et je serai libre de choisir ma propre voie.

Le dyheli regarda le cheval de Lame d'un oeil critique.

Je n'aime pas servir de baudet mais pourquoi choisis-tu de monter cette bête ?

L'arrivée au loin des Bardes et des Guérisseurs lui fit ralentir le pas. Les dyhelis étaient un peuple naturellement craintif et effarouché. La présence de tant d'humains ne lui était pas familier et il s'en méfiait. Surtout que la plupart avaient tendance à le considérer comme un animal exotique par ignorance. Comme il n'avait pas la possibilité -contrairement aux races non-humaines engendrées artificiellement- de communiquer avec ceux qui ne possédaient pas le Don, il ne pouvait guère leur exposer son point de vue.

[Manuchan]

Les cavaliers se rapprochaient et Manuchan les observait de loin, attendant la suite.... des couleurs attiraient son œil, le vert surtout ! il devait s'agir de guérisseurs !

*La Déesse soit louée, ils vont pouvoir s'occuper de Glenn au mieux !*

Ils rapprochaient de plus en plus et les yeux du Mage s'arrondirent en même temps qu'un immense sourire venait étirer les coins de sa bouche : Sa jeune apprentie, Perle était parmi eux et levait le bras en galopant. Elle semblait aussi dire quelque chose mais il n'arrivait pas à comprendre ce que c'était.

Il serait bien parti au grand galop à son tour, mais s'il faisait cela, il risquait fort de tomber de cheval, il y avait mieux comme retrouvailles !

il finit par entendre ce que disait la jeune fille, elle l'appelait tout simplement et il ressentit une immense joie d'une part de la voir en bonne santé et d'autre part de voir qu'elle avait probablement pensé à lui tout le temps du combat. Que n'aurait-il donné pour des gens qui l'appréciait et en cet instant, il se sentait merveilleusement bien entre Glenn à ses côtés et Perle qui venait à sa rencontre, son cœur semblait sur le point d'éclater en larmes de joies.

"Glenn ! C'est Perle, c'est l'apprentie qui est venue avec moi ! Elle va bien !"

il s'était rapproché de son compagnon et sans même y réfléchir, avança les lèvres pour déposer un baiser très léger sur sa joue, ivre de joie mais aussi de fatigue. Il ne voulait plus qu'une chose, pouvoir reparler à Perle, que Glenn soit pris en charge et qu'il aille au mieux et enfin, qu'ils puissent tous prendre le temps de se remettre de tout cela !

[Beltran]

Perle arriva bien avant ses compagnons de route. Elle se précipita, sans un regard pour Beltran qui en resta éberlué, vers Manuchan, et du haut de son cheval, tendit les bras pour enserrer le cou de son maître.

" Vous êtes vivant ! Elle l'avait promis !"

Puis elle se détacha du Mage et regarda Glenn avec étonnement:

" Glenn, avec Maitre Manuchan !"

Avec plus de délicatesse, elle fit tourner son cheval pour s'approcher de l'autre Adepte. Elle lui serra le bras avec amitié et lui chuchota quelques mots que personne n'entendit. Glenn semblait sortir de son apathie depuis le baiser de Manuchan, et regarder Perle avec plus d'énergie:

"Content de te voir, petit soeur. Tu arrives au bon moment. "

Il regarda Manuchan et lui expliqua:

" Je connais Perle et je me doute depuis un moment qu'on parle de la même. C'est ma soeur par l'esprit, et maintenant la tienne. Et c'est ma soeur par le sang. Je t'expliquerai."

Des Bardes et Guérisseurs arrivaient enfin, plus calmement. Ils s'adressèrent d'abord à Beltran qui leur autorisa le passage avec reconnaissance. Un Guérisseur s'approcha et proposa à Glenn de l'aider. Celui-ci accepta et s'adressa à Manuchan:

" Je vais avec eux. Reste avec Perle un moment, et dès Haven, va te reposer. On se revoit bientôt. Viens me voir chez les Guérisseurs et fais toi soigner aussi. Promis? "

Le Guérisseur aida Glenn à descendre de cheval en promettant à l'autre Mage et l'adolescente de prendre soin de lui. Les autres allèrent s'occuper des soldats blessés. Un chariot arrivait pour transporter tout ce monde jusqu'à Haven.

Kley fut aussi pris en charge par les Guérisseurs, et emmené sur l'ordre de Beltran. Lamétoile restait avec son ami dyheli.
Une fois les blessés prit en charge, la colonne rallongée désormais reprit la route de Haven.

[Lamétoile]

Lame écouta avec attention la réponse du Dyhelis, même si cela devait sembler étranger pour les soldats ou les gens du commun de la voir regarder avec profondeur et même s’adresser à ce qui pouvait sembler un animal, mais elle voyait vraiment en lui un être à part entière. Elle n’avait d’ailleurs jamais traité son chat comme un simple d’esprit, lui parlant au mieux, même si elle avait parlé lentement au début. Ayant vu beaucoup et surtout rencontrer beaucoup au cours de sa courte vie, elle avait pris l’habitude de traité tout ce qu’elle rencontrait sur un pied d’égalité, accordant le respect et un certain bénéfice du doute, même si elle ne faisait jamais totalement confiance, jusqu’à ce qu’on lui prouve que la personne mérite plus ou moins. Mais il était très difficile de retrouver sa confiance une fois perdue.

Ethyan avait raison sur un point, cela lui était étranger. Naître parmi toute une communauté. Elle ignorait où elle était née et même qui était son père. Cela ne l’avait jamais dérangée, et l’identité de son père ne piquait pas plus sa curiosité aujourd’hui. Si elle savait qu’enfant elle avait parfois posé la question, la réponse invariable de sa mère l’avait toujours satisfait. Notre famille est celle que choisisse notre cœur. Elle avait choisi sa mère, et se rendait compte en repensant à cela que sa famille s’était agrandie depuis la mort de celle qui avait été presque tout pour elle durant tout ce temps. Elle avait loyal et maintenant le Dyhelis. Mais si elle avait de la difficulté avec le concept de famille et d’appartenance, elle comprenait maintenant le sentiment de devoir. Il vibrait en elle si fort, qu’elle portait un uniforme, ce qu’elle n’avait jamais voulu faire et pensait à abandonner sa liberté pour des gens qu’elle se sentait en devoir de protéger.

Les paroles de son lié mettaient en relief les changements qui étaient intervenus dans sa vie depuis son arrivée à Haven, alors qu’elle venait de perdre sa mère. Elle mettait en relief son besoin de changer de nom et celui qui l’avait saisie de faire un serment de sang à la Déesse.

Un foyer, elle n’avait jamais su ce que signifiait ce nom et encore maintenant, il lui restait un mystère. Elle avait appris à chérir sa liberté, le fait de pouvoir voyager, de ne pas être attaché à une place, et si elle s’était raccrochée à ce que Beltran lui avait offert pour ne pas sombrer après la mort de sa mère, elle se rendit compte que la guerre l’avait fait vieillir et qu’elle n’avait plus peur de se retrouver seule, elle s’était trouvé un but et une voie. Le problème était que cela rendait les choix encore plus difficiles pour elle. Elle se sentait un devoir envers Beltran et son pays, mais aussi envers tous ceux qui pourrait souffrir partout, pas seulement à Valdemar. Et elle avait peur aussi de ne vraiment plus être la fille de sa mère si elle se sédentarisait.

Elle en était à ce point de ses réflexions quand une question pour le moins saugrenu de l’équidé la surprit.

« Heu… et bien, pour la même raison que je suis en queue de la formation, parce que je dois pouvoir réagir si quelque chose arrive. Le capitaine m’a fourni cette monture pour que je puisse être mobile et protéger efficacement l’arrière de la compagnie. »

Elle ne comprenait pas vraiment la question de son ami, ou peut-être qu’elle ne voulait pas comprendre. Il était pour elle un ami et un compagnon, elle ne le voyait pas comme une monture potentielle, même après la chevauchée de leur rencontre. Elle avait été mal à l’aise de devoir les chevaucher pour rentrer à Haven la première fois et cela ne lui avait jamais traversé l’esprit durant le retour de campagne. C’était une fière et noble créature, et si elle pensait que le cheval méritait aussi cette appellation, ils étaient aussi élevés pour cela et elle avait toujours vu cela comme une fierté et une raison d’exister de porter cavalier. Elle savait que les chevaux sauvages ne se laissaient pas dompter volontiers, mais elle savait aussi que certaines bêtes des plus intelligentes portaient fièrement leur cavalier, comme son ancienne monture. Mais le Dyhelis… elle ne pouvait penser à lui de cette façon.

C'est à se moment que les guérisseur vinrent prendre Kley et elle tenait à leur donner quelque consigne.

"Faites attention, ne le détacher pas, mais traité le avec tout le respect et les égard que vous donneriez à n'importe quel citoyen libre, car c'est ce qu'il est. Si vous voulez plus d'information, voyez avec capitaine."

Elle n'allait pas les laisser le détacher ou le traité en criminel, elle savait qu'il ne le méritait pas.

[Héraut Aranel]

Le Dyhelis reniffla d'un air peu inspiré. On pouvait en faire tout autant sur son dos non ? Et puis ses cornes redoutables offraient une arme efficace en cas de charge. Le cheval était un animal.... Il le regarda une nouvelle fois avant de changer de sujet. Après tout il n'allait pas l'inviter ouvertement à monter sur son dos si elle ne se sentait pas de le suggérer elle-même. On avait sa petite fierté quand on était chef d'un troupeau !

Ne t'en fais pas Soeur d'Esprit, les alentours sont calmes et je surveille nos arrières.

A ces paroles il coucha les oreilles et pencha la tête en avant comme s'il était en face d'un rival. Il gratta le sol de son sabot puis se mit à trotter la tête plus haute.
Il avait suivi le cheminement des pensées de Lametoile sans chercher à les percer par respect. Quelques sensations perduraient toutefois : le devoir, le besoin et l'envie. Trois idées qui entraient en conflit ce qui était tout à fait compréhensible ! Il allait lui faire quelques remarques mais se retint d'intervenir par délicatesse. Si les Grands Chevaux Blancs ne se gênaient pas pour s'emmêler mentalement dans les introspections de leurs Elus, il tenait à assurer à la jeune humaine un minimum d'intimité.

Que feras-tu lorsque nous serons rentrés ?

[Manuchan]

Perle s’était rapprochée bien vite pour enlacer Manuchan, encore tout à son euphorie.

« Évite de m’étouffer quand même ! » Dit-il en riant à la jeune fille avant de l’enlacer à son tour, plus calmement toutefois vu sa force actuelle.

Quelle ne fut pas la surprise de Manuchan lorsque, Perle se détachant de lui s’adressa à Glenn d’une façon qui ne laissait aucun doute quant au fait qu’ils se connaissaient. Elle se tournait vers l’autre mage qui semblait plus réveillé qu’il ne l’était auparavant. Manifestement, le rethwellan allait de surprise en surprise !

*Petite sœur ? Comment ça petite sœur ?*

Il se sentait un peu éberlué et comme si Glenn avait entendu ses pensées, il expliqua le lien qui les unissait lui et Perle. Ainsi, cette jeune fille était aussi une élue de la Déesse ? C’est du moins comme cela que Manuchan interprétait le « sœur d’esprit » que lui servit son compagnon. Et sœur de sang…. Ils seraient de la même famille ? Une fois de plus, sa curiosité était piquée au vif ! Heureusement que le brun affirma qu’il lui expliquerait ! Assez de questions sans réponses !

Un guérisseur vint à leur rencontre pour s’occuper de Glenn et malgré lui, Manuchan poussa un soupir de soulagement. Même si la vie de son comparse n’était probablement plus en danger, il avait très certainement besoin de soins !

« Évidemment que je viendrais ! Même si je n’ai pas vraiment besoin de soin mais plus de repos. Toi, tu as intérêt à suivre ce que te diront les guérisseurs à la lettre en revanche ! »

Son instinct protecteur était fort et laisser Glenn sans le surveiller le forçait presque à faire ce type de remarque qui était plus une marque d’affection et d’attachement qu’autre chose. Glenn promit à lui et Perle de prendre soin de sa santé et son inquiétude diminua… un peu.

Une fois Glenn pris en charge, Manuchan se tourna vers sa jeune apprentie.

« Alors, tu arrive à la fin ! »  Dit-il en souriant. « Mais bon, le principal c’est que tu sois là et j’en suis heureux. Comment va ta blessure ?"
 
Il était tellement content qu’elle soit venue et qu’elle ait pensé à lui qu’il n’était pas près de la lâcher pendant tout le trajet de retour !

[Beltran]

Lentement la colonne se remit en marche. Guérisseurs et Bardes commençaient déjà leurs soins, parant au plus pressé pour s'assurer que leurs ouailles atteindraient Haven et le repos sans passer la Frontière auparavant. On entendait des chuchotements, des appels, venant des chariots, et de temps en temps, un Barde allait relater l'avancée des choses à Beltran.

Ce dernier se détendait visiblement. Ses hommes étaient entre de bonnes mains et les nouvelles agréables à entendre: certains, grièvement blessés, seraient plus que certainement sauvés, et les autres se remettraient avec des soins et du repos. Pas de risque majeur de perte sur le chemin.

Cependant plus on avançait vers Haven, plus le Capitaine se doutait que sa guerre n'avait fait que masquer celle qui se passait à d'autres niveaux. Il craignait ce qu'Arthon, Aranel et Uriens lui révèleraient depuis son depart. Il restait donc silencieux, se ressourçant avant la prochaine étape.

Derrière lui, Chantdétoile discutait avec son ami dyheli. Beltran ne s'en mêlerait pas - son adjudante avait le droit au repos elle aussi.
L'assassin de Ellia avait été emmené par les Guérisseurs et laissé sous bonne garde.

Quant aux mages... Une fois Glenn parti, Perle se remit à hauteur de Manuchan et répondit volontiers à ses questions:

" Ils ne voulaient pas me laisser partir vous rejoindre. Elle m'a dit d'attendre que tout irait bien pour vous. Donc je ne me suis pas trop inquiétée. Elle t'a Choisi aussi alors?"

Elle tapota l'endroit de sa blessure et affirma:

" J'ai une cicatrice mais elle n'est pas trop visible et je n'ai plus mal du tout. Pourquoi Glenn est dans cet état? Vous n'êtes pas blessé vous?" s'inquiéta-t-elle.

Ils avançaient au même rythme que les autres, et pourtant ils semblaient être dans leur bulle. Un léger vent frais se leva, et fit voleter des mèches de Perle qui sourit:

"Elle nous souhaite bon retour peut-être !" plaisanta-t-elle.

[Lamétoile]

Comme les guérisseurs s'occupait des soldats qui en avait besoin et que le capitaine semblait se détendre, par sa posture Lamétoilé l'aurait presque juré, la Tayledra put se concentrer un peu plus sur son nouveau lié.

"Avec toi, je sais que nous sommes en sécurité, mais je ne peut me débarrasser de mes réflexes. Je suis une guerrière depuis trop longtemps pour que cela change aujourd'hui."

Si elle s'était détendu de voir tous se monde, tous ses alliés arrivé, elle ne pouvait se défaire complètement de sa méfiances envers les événements de la vie. Elle avait trop cher payer la fausse sécurité qu'elle avait eu avant la mort de sa mère. Mais devant les mimiques d'Ethyan, elle ne put s'empêcher de sourire franchement et de laisser échapper un petit rire bas.

La secondes question la ramena à son sérieux naturelle en une secondes. Que ferait-elle? Elle l'ignorait, resterait-elle ou reprendrait-elle son travail de mercenaire. Elle n'avait pas vraiment envie de repartir à cette vie d'avant, même si s'était avec Loyal et Ethyan, mais se serait sans doute mieux pour tenir son serment que de rester dans une armée... pourtant, il y avait quelque chose à Valdemar qui faisait vibrer quelque chose en elle, qui avait toujours fait vibrer quelque chose. De plus elle avait autrefois promis à sa mère de s'établir un temps à Valdemar si quelque chose lui arrivait. Elle avait donc une promesse et un serment à tenir et aucune idée de ce qu'elle pourrait avoir envie de faire.

"Je ne sais pas. Je pense que je vais attendre d'être arrivé et voir pour décider."

Penser à cela la faisait sentir beaucoup plus vieille qu'elle ne l'était, ramenant à ses pensée la perte de sa mère et combien elle avait changer. Une certaine mélancolie s'empara de son cœur.

[Pas le temps de corriger l'orthographe, je le ferai Mercredi ou Jeudi]

[Héraut Aranel]

[Je te rassure, c'est pas trop mal   ]

Ethyan acquiesça d'un mouvement de tête ample. C'était à elle de décider ce qu'elle désirait faire. Il ne voulait pas l'influencer. Pourtant, il était certain qu'elle n'avait pas encore tout vécu à Haven.

Oui, donne-toi le temps de la réflexion.

Ces mots prononcés, le dyheli se plongea lui-même dans ses pensées et marcha près d'elle en silence, son regard doré fixé dans le lointain. Le soulagement se lisait sur tous les visages. Cette campagne était enfin terminée.

C'est la dernière intervention d'Ethyan. Au prochain tour Lamétoile, considère qu'il te suit simplement. Son attitude reste ouvertement protectrice.