Saskia avait encore 16 ans, et en bonne adolescente, elle était encore sérieusement rebelle dans l'âme. Pas besoin d'être la Grande Peste de Haven pour avoir envie de discuter les ordres. Au premier geste qui força le Compagnon à se cabrer malgré la position, Saskia se jeta sur son cou pour l'enserrer contre elle, puis foudroya Maria et Aranel du regard. Mais les yeux d'un bleu glacial ne firent absolument aucun effet aux deux femmes, et la jeune fille du se contenter de caresser la pauvre Antea. Elle tenta de reprendre la chanson d'Aranel ; elle n'avait pas une voix extraordinaire, mais ça s'écoutait. Il faut dire que sa voix tremblante n'arrangeait pas particulièrement la berceuse.
Lorsque Aranel poussa sur le ventre, Saskia crut défaillir face au regard azur du Compagnon. Dieux, qu'elle souffrait ! La jeune fille s'insurgea et fusilla à nouveau les deux Hérauts du regard :
- Bande de barbares !! Vous ne pouvez rien lui donner pour la douleur au lieu de la faire ainsi souffrir ?! Ah, vous les Hérauts, vous avez de belles paroles dès qu'il s'agit de votre Compagnon... Mais Antea, qu'importe, hein, puisqu'elle n'a pas d'Elu !
Elle les trouvait, en cet instant, inhumaines. Saskia voulait bien croire que la mise à bas des Compagnons était difficile... Mais à ce point ? La Grande Peste refaisait surface tandis que la pauvre jeune fille perdait encore plus le contrôle de ses émotions. De nouvelles larmes menaçaient de monter jusque ses yeux, mais Saskia lutta. Elle s'allongea contre Antea, pliant les jambes pour ne pas gêner les deux tortionnaires en blanc, et caressa la tête du Compagnon, un bras sous sa tête, et colla son front contre le sien. Elle lui murmura :
- Je ne suis rien pour toi, mais j'aimerai tant te soulager de ta douleur... Je resterai avec toi, jusqu'au bout, d'accord ? Courage ! Je t'en prie...