Conseil d'Etat sous les couvertures [Saskia]

[Héraut Arthon]

A peine une heure après la fin de leur lait chaud en compagnie d'une Bleue bien curieuse, Arthon avait rejoint Saskia dans sa chambre. Il ne lui avait pas laissé le temps de parler, et l'avait serrée fort, très fort, dans ses bras, se régalant de son odeur, de sa texture. Il l'avait embrassée sans un mot, comme si la noyer de baisers permettait d'oublier son angoisse et de combler le vide en lui quand elle était absente.

Ryis semblait très content et il envoya l'équivalent d'une caresse mentale à Saskia alors que toujours en silence Arthon la déshabillait.

[center:3ov6qxpr]***[/center:3ov6qxpr]

Arthon serrait Saskia contre lui dans le lit, sous les fourrures. Il lui caressait du bout des doigts le creux de la nuque et s'amusait de sentir sa peau réagir encore.

" Ashke? Je crois qu'il faut qu'on parle sérieusement..." chuchota-t-il tendrement, brisant le silence d'une voix douce.

Il l'embrassa dans le cou et attendit une réponse. Ils avaient tout fait pour éviter de trop s'inquiéter et d'aborder des sujets qui auraient gâché leurs rares moments ensemble. Arthon continuait à se demander comment il avait fait pour tomber dans les filets de l'intrigante Bleue... et pourquoi elle lui avait cédé si "facilement" et le regardait avec ce regard tellement plein d'amour qu'il en fondait. Une vraie guimauve. Elle et lui d'ailleurs.
Elle et lui. Une formule qui lui plaisait et qui remuait des choses profondément à l'intérieur de sa poitrine. Il se lança et prononça avec délice ces mots:

"Ashke, je t'aime. Je suis né pour toi."

[Héraut Saskia]

[justify:1lp9ey3k]Saskia avait cru que cette soirée, dans les cuisines, allait être la pire de sa vie - ou au moins, dans le classement de tête. Quitter la chaleur de cette pièce, se débarrasser enfin d'Isabeau - elle n'était pas méchante, juste... Gênante à ce moment là ! - et se séparer d'Arthon... C'est cela même qui lui déchira le coeur, en fait. Le quitter lui. Elle qui était épuisée, tant physiquement que mentalement il y a quelques heures à peine, éprouvait à présent une angoisse sans nom à l'idée de se retrouver seule... Saskia tourna en rond dans sa chambre, longtemps, se rongeant les ongles, essayant de se convaincre qu'il ne s'était rien passé dans cette cuisine, que tout ceci n'était que le fruit de son imagination. Et puis, la porte de sa chambre s'ouvrit, et une étrange sorte de soulagement l'apaisa, et un sourire de délivrance étira ses lèvres. Comme lui, elle ne dit rien, elle avait l'impression que les mots seraient inutiles, et à jamais sans doute, entre eux deux. Depuis les quelques décades que duraient leur histoire d'amour cachée, Saskia avait appris à refouler la peur que lui inspiraient ses sentiments parfois trop forts... Les mains du Prince de son coeur partent à l'assaut de son corps, et elle-même commence à défaire l'uniforme blanc du héraut - uniforme certes magnifique, qu'elle désire avoir l'honneur de porter un jour, mais une véritable calamité à défaire dans ce genre de situation ! Ils arrivent pourtant rapidement jusqu'au lit...

[center:1lp9ey3k]***[/center:1lp9ey3k]

Blottie tout contre lui, Saskia avait l'impression que plus rien n'existait à part ses bras, ce coeur battant contre son oreille, et ces doigts qui caressaient doucement sa nuque, lui arrachant presque à chaque fois un léger frisson. Elle eut une petite moue quand il brisa le silence pour annoncer les "réjouissances" à venir. Bien sûr, qu'ils devaient parler sérieusement, puisqu'ils avaient toujours évité de le faire. Finalement, avait-il ressenti la même chose qu'elle, dans la cuisine, comme un lien qui s'était créé entre eux ? Saskia se redressa sur un coude, accueillit ses baisers dans son cou frémissant avec un sourire et le rouge aux joues...

- Je crois aussi... On aurait des tas de choses à se dire, je pense...

Elle s'attendait à beaucoup de choses, et Saskia se demandait de quoi il parlerait en premier. Elle craignit un instant, dans le pire des cas, qu'il ne souhaite mettre fin à leur romance, mais l'idée lui parut aussi absurde que l'Election de son Père par un Compagnon.

Par contre, Saskia ne s'attendait pas à ce qu'il dit. Elle le fixa, battant des cils, surprise. Une douce chaleur finit par se diffuser en elle, et la jeune fille sourit. Elle se pencha doucement pour venir l'embrasser, et murmura tout contre ses lèvres :

- Ne serait-ce pas l'inverse ? Moi, qui serait née pour toi..?

Saskia frotte son nez contre celui d'Arthon, toujours en souriant. Elle lui murmure un "je t'aime" passionné, puis passa une main dans sa longue chevelure pour les ramener, quelques secondes au moins, en arrière. Son regard azur ne quitte celui de son amant, et elle finit par demander, toujours sur le ton de la confidence :

- Tu l'as senti, dans la cuisine ? Quand Isabeau disait qu'on était bizarres. C'est comme si un lien... C'est comme quand...

Saskia hésita sur la tournure de sa phrase. Elle se mordit la lèvre : après tout, ils avaient décidé de parler sérieusement ? Certains secrets devaient être révélés. Et puis, il était sans doute déjà au courant, par le biais d'Aranel ou du Héraut Lachlan... Ce ne serait pas la même chose si elle le disait elle-même, n'est-ce pas ? Elle finit donc sa phrase :

- ... C'est comme quand le lien s'est formé entre Antéa et moi, dans la vision que j'ai eue d'elle... J'ai l'impression d'avoir besoin de toi, mon amour. Et que je ne pourrai plus vivre sans toi.[/justify:1lp9ey3k]

[Héraut Arthon]

Les aveux d'Arthon avaient eu du mal à sortir. De plus, chaque mot qu'il prononçait prenait une importance démesurée au fur et à mesure qu'il comprenait l'implication des termes utilisés. Saskia comprendrait-elle réellement ce qu'il voulait dire, ce qu'il sous-entendait? Il savait qu'il y avait un problème, que cela relevait du divin plutôt que de l'humain, mais il avait mis des mois à l'accepter. Des mois à souffrir de ce vide, de cette corde qu'on tirait jusqu'au point où il semblait qu'elle allait se rompre. C'est ce qu'il tentait d'expliquer sans pouvoir oser mettre le mot affolant dessus.

Saskia était consciente qu'ils devaient parler. Elle pensait sans doute à une rupture, mais tout le monde verrait que cette option n'était pas possible, relevant de la torture psychique et physique pure. Elle semblait avoir peur de ce qu'il allait lui annoncer. La surprise remplaça l'angoisse dès les premiers mots de l'Héritier. Elle ne put s'empêcher de faire de l'humour en ramenant leur différence d'âge sur le tapis. Il l'embrassa aussi:

« C'est vrai que je pourrais être ton père, gamine... » souffla-t-il en lui rendant son baiser.

Mais on n'était pas là uniquement pour de bons moments, et il passa à la suite des réjouissances. Les caresses, la tendresse, c'était bien, mais il ne fallait pas que cela les empêche de parler des choses importantes. Aussi importantes. Mais soudain, il changea d'avis quand son amante posa une question qu'il avait redouté d'entendre.

Il hésita une seconde avant d'oser.

« Saskia... La première fois que je t'ai vue, et pourtant tu étais en Peste … j'ai eu un choc. Comme un lien qui se crée. Il s'est renforcé, et il a vibré tout à l'heure... Saskia... »

Soudain il s'interrompit. Il venait de comprendre le sens de la fin de la phrase de Saskia. Il la serra contre lui:

« Saskia, Antéa est morte. Tu ne peux pas avoir de lien... »

Ryis sembla ricaner dans son esprit et il se rendit compte que la jeune fille était incluse dans le Réseau, d'une manière bizarre mais bel et bien là. Caressant le visage de la Bleue, il la regarda droit dans les yeux.

« Eh bien, si je m'attendais... La Noble Peste a donc un lien avec un Compagnon même mort et un Lien pour la Vie avec un Héraut idiot... Que de nouvelles en une nuit... »

Et comme si prononcer tout cela l'avait libéré, il la serra fort, très fort, et murmura dans son cou qu'il ne pouvait pas plus vivre sans elle. En espérant qu'elle ne le rejette pas après cette notion de Lien double.

[Héraut Saskia]

[justify:38p36pvd]Saskia fut soulagée par la trait d'humour d'Arthon, qui lui arracha un bref rire. "Gamine"... Oh oui, en sa présence, elle se sentait terriblement bête et maladroite, comme une enfant de dix ans. C'en était parfois agaçant, même !

Pourtant, et heureusement, il reprit son sérieux rapidement, remettant cette conversation qu'ils ne voulaient pas - mais qu'ils devaient - avoir sur le tapis... Ainsi donc, dès leur première rencontre, il avait senti ce lien, cette décharge étrange, qui avait frappé Saskia plus tôt dans la cuisine... En cherchant dans ses souvenirs, la Noble se souvenait d'un sentiment de bien être, et de fierté... A l'époque, elle avait mis tout cela sur le compte de l'euphorie d'appâter le meilleur parti de Haven, même si pas une seule fois, elle n'avait cherché à attirer ses faveurs, et qu'elle n'avait jamais joué double jeu avec lui. Bizarrement, elle se rendit compte qu'elle n'avait jamais réussi à le tromper avec son cinéma de Peste... Mais voilà, au moins, Saskia savait qu'il avait ressenti la même chose qu'elle, même si pour le moment, elle était incapable de mettre un mot pour le décrire correctement...

Et puis, elle se figea. "Tu ne peux pas avoir de lien", avait-il dit... Sa fierté mal placée en pris un coup, très bref, alors qu'elle ne lui en voulait pas. Et pourquoi elle n'aurait pas pu être Liée à un Compagnon ? Non, Saskia ne s'en formalisa pas : elle avait parlé d'Antéa, et n'importe quel Héraut savait qu'elle... n'était plus. Evitons de dire ou de penser les termes qui pourriraient cette ambiance intimiste... Et soudain, il les prononça, ces mots qui décrirent parfaitement ce qu'elle avait ressenti dans la cuisine. Alors qu'elle voulait lui expliquer comment elle avait été Choisie, et que malgré la douleur, Saskia en ressentait une sorte d'euphorie, tout cela retomba pour la faire frissonner.

Un Lien pour la Vie.

Elle répéta cette simple phrase des dizaines, des centaines de fois dans son esprit - à vrai dire, son cerveau était incapable de penser à autre chose en cet instant ! - et elle se laissa serrer au point qu'elle pourrait étouffer. Un Lien pour la Vie ! Avec l'Héritier de Valdemar ! La Bleue rit doucement, puis se redressa pour le regarder dans les yeux, un énorme sourire de bonheur éclatant sur les lèvres.

- Un Lien pour la Vie !

Et à voix haute, ces mots semblaient encore plus doux et poétiques. Elle rit à nouveau en l'embrassant, décidant pour l'instant de mettre de côté tous les soucis que ça pourrait impliquer, si une telle chose devait se savoir : que Tomaz DeFeriel et Melarianne de Garsenc aillent au diable ! Rien ni personne ne pouvait se mettre en travers d'un tel lien divin ; et si quelqu'un avait cette prétention, nul doute que Saskia lui mettrait un bon coup de pied au derrière... En attendant, incapable de redescendre de son petit nuage de bonheur, la jeune fille mit fin au baiser passionné avant que les choses ne dégénèrent à nouveau, même si à présent, il serait difficile de garder les pieds sur terre et d'avoir une conversation sérieuse. Se blotissant donc tout contre Arthon, elle s'amusait à replacer plus ou moins correctement les mèches courtes de son amant autour de son visage, ses doigts suivant parfois les courbes. Il lui fallu quelques longues minutes avant de pouvoir reprendre la parole - enfin, pour dire autre chose que "Lien pour la Vie !"

- Un Lien pour la Vie... Non, non... Je voulais parler d'Antéa.

Saskia rougit de sa bourde. Pourtant, son esprit continuait à s'enflammer sur le sujet.

- Antéa m'a Choisie, oui. Il y a quelques décades seulement, je l'ai su. Elle m'est apparue dans une espèce de rêve, et quand elle m'a appelée "Mon Elue"... Tu ne peux pas imaginer la joie que... Je suis bête : tu as du vivre la même chose avec Ryis... Ce sentiment de sentir son esprit enfin complet, cet amour infini qui n'est pas intéressé ou motivé par une raison quelconque...

Elle laisse quelques secondes de silence, alors que son esprit arrive à se caler un interlude le temps de se souvenir de cette vision.

- Le réveil a été très pénible, ensuite. Depuis ce jour, depuis cette vision, je ressens le vide qu'elle a laissé en moi. C'est douloureux, et je... C'est toi qui m'empêchais de sombrer dans la folie. Ta présence seule m'appaisait, je me sentais mieux et... Je comprends mieux pourquoi maintenant.

Nouveau sourire immense, qui reflète tout son bonheur. Saskia approche ses lèvres de celles d'Arthon et murmure tout contre elles :

- Je serai un Héraut digne de toi. Peu importe comment, mais j'y arriverai. Je ramènerai Antéa, je deviendrai Héraut, et je te jure devant tous les Dieux et leurs Divines Catins que je ne te ferai jamais honte mon Amour...

Elle l'embrassa passionnément, emportée par tout ce nouveau délire qu'elle ressentait pour lui.[/justify:38p36pvd]

[Héraut Arthon]

Saskia mit du temps à réagir. Il sembla à Arthon qu'il voyait des pensées s'agiter, s'entremêler dans sa tête, chacune cherchant à se faire entendre, sans laisser de répit à la Bleue. A la Grise. Lui-même avait du mal à mettre de l'ordre dans son esprit: entre le Lien qui s'imposait à eux et cette révélation sur Antéa... Bien que cette idée d'être Liée à une Morte rebutait totalement l'Héritier, il ne put mettre la parole de la DeFeriel en doute: même si c'était faux, elle y croyait dur comme fer et...

« Un Lien pour la Vie ! »
L'exclamation de Saskia quand elle réalisa enfin ce qu'avait avoué Arthon le fit sursauter, et le tira brutalement de ses propres réflexions.

Il n'avait pas senti que ses propres réflexions précédentes avaient pu être blessantes, et finalement il s'en moquait éperdument puisqu'ils parlaient du'une chose mille fois plus sérieuse. La caresse de Saskia lui fut rendue, l'encourageant à parler. Quand elle arrive à dire autre chose, elle tenta de justifier ce qu'elle appelait le "lien" avec Antéa.

Arthon devint tout pâle, n'imaginant même pas la douleur que ça pouvait être d'être Liée au fantôme d'un Compagnon. Il serra son amante contre lui pour lui transmettre un peu de force alors qu'elle se taisait. Il ne dit rien, et elle finit par reprendre. Elle parla de ce vide qui lui faisait si peur depuis la maladie de Ryis... Et avoua qu'elle avait compris qu'elle l'aimait.

Sourire et baiser pour celer une promesse. Arthon ne pensait pas sincèrement qu'elle pouvait un jour rappeler Antéa à la vie mais il n'avait pas le coeur de briser l'instant. Il chuchota tout doucement:

" Je te fais confiance. Tu seras ma plus belle des Hérauts. Et la meilleure."

Il répondit passionnément à son baiser puis à regret s'écarta d'elle.

"J'ai quelque chose d'encore plus important que tout cela à te dire."

Il lui donna la couverture pour qu'elle se couvre bien et se leva. Il alla fouiller dans son vêtement - une fois qu'il arriva à le retrouver. Il en sortit quelque chose qu'il cacha dans sa main. Puis en tenue d'Adam, il retourna au lit, mit un genou à terre. Il lui prit une main et lui glissa quelque chose dedans sans lui laisser le loisir de voir ce que c'était . Tout doucement il demanda:

"Saskia DeFeriel, Liée d'Antéa, accepte-tu de devenir ma femme?"

Dans la petite main de sa compagne, un simple anneau d'or.

[Héraut Saskia]

[justify:3fk8a3mg]Saskia se permit de sourire - et ses joues se teintèrent même un peu de rose - quand Arthon dit lui faire confiance. Il ne pouvait même pas imaginer que c'était pour lui qu'elle avait décidé de faire tous ces efforts, que c'était pour lui qu'elle résistait à la terrible tentation de se laisser aspirer par le vide que laissait Antéa, et pour lui aussi qu'elle suivait tous ces cours, le soir, avec le Héraut Lachlan. Non pas qu'elle n'aimait pas le héraut roux, mais c'était sur qu'elle préférait être ici, dans cette chambre, avec son Lié pour la vie, plutôt que dans une pièce pleine de bouquins rasoirs - même si elle n'y touchait pas. La promesse fut scellée d'un baiser qui lui sembla terriblement plus brulant que tous les autres, et c'est à regret qu'elle le vit se lever. Sa tête blonde se laissa tomber sur l'oreiller alors qu'elle suivait chacun de ses mouvements. Allait-il se rhabiller, partir ? Après tout cela ? Non, Saskia avait encore des tas de choses à lui dire. Lui parler de son don, de sa décision de se faire renier par son Baron de Père... Tout cela fut coupé court dans son esprit par la posture ô combien caractéristique de son amant, un genou au sol, et d'une toute petite chose dans sa main.

Un anneau.

Et une demande en mariage.

Saskia s'est redressée sur un coude et reste tétanisée quelques secondes.

Et pendant ces quelques secondes, c'est une Saskia raisonnable qui trouve mille raisons de refuser ; après tout, c'est un peu rapide, non ? Cela ne va-t-il pas gâcher les relations de Valdemar avec Rethwellan ? Ne serait-ce pas risquer d'offrir ainsi à Tomaz Deferiel l'opportunité d'agir sur le pouvoir en place ? N'est-ce pas un peu précipité ? Et puis, elle ne veut pas être reine, trop de pouvoirs, trop de responsabilités, elle ne sera pas bonne dans ce rôle là ! Et puis, et puis, et puis...

saskia ouvre la bouche. Sourit.

- Et si tu vérifiais qu'elle me va bien ?

Au diable la raison ! Saskia est déjà séparée de son Compagnon, elle ne va pas laisser son Lié pour la Vie en épouser une autre. Oh non, elle va le garder. Même si pour le coup, leur bonne résolution de rester discrets est un peu tombée à l'eau. Elle s'est pour l'instant engagée à l'épouser. La cérémonie n'aura pas lieu tout de suite. Saskia espère juste pouvoir se montrer digne de lui avant cela. Elle le regarde passer l'anneau à son annulaire droit, la même main dont le pouce était ornée d'une chevalière, le tout premier cadeau qu'il lui avait fait. Saskia sourit, garde la main d'Arthon dans la sienne et se penche pour l'embrasser, avant de l'attirer dans le lit à nouveau, murmurant :

- Je ne voudrais pas que tu attrapes froid... Mon futur époux.

Elle l'embrasse à nouveau avant de se blottir tout contre lui.

- Heureusement que ma prémonition est encore un peu bancale... Ca m'aurait bien embêtée de savoir ce qui se serait passé ce soir en avance ! Arthon. Je...

Saskia se redressa sur un coude et le regarda droit dans les yeux.

- Avant la moindre cérémonie... J'aimerai que tu me laisses du temps. Je suis presque sure de pouvoir ramener Antéa, elle m'a demandé de la sauver - elle a dit "nous", mais j'ignore si elle l'a dit pour parler des Compagnons ou de quelqu'un d'autres. Je veux que tu épouses au moins une Grise. Une Grise qui n'aura plus de nom, car nul doute que Père refusera d'avoir un Héraut dans sa lignée. Je ferai tout pour qu'il me renie. Et qu'il ne gâche pas le bonheur que j'ai d'être avec toi. Je t'aime, mon tendre prince... [/justify:3fk8a3mg]

[Héraut Arthon]

Arthon douta une seconde que Saskia l'ait entendu ou compris. Il ne pouvait cependant être plus clair et il laissa l'idée faire son chemin dans l'esprit de son amante. Elle se redressa sur un coude et se figea quelques secondes. Elle finit cependant par ouvrir la bouche, comme si elle allait refuser ou demander de partir. Puis le sourire vint, soulagea l'Héritier en train de faire la plus belle bêtise de sa vie, et elle demanda innocemment qu'il lui fasse essayer l'anneau. Arthon savait pertinemment qu'il lui allait parfaitement, puisqu'il lui avait emprunté une de ses bagues pour pouvoir avoir la taille exacte, mais il s'exécuta en silence, avec un sourire. Il lui passa l'anneau au doigt, comme s'ils étaient déjà unis devant les Dieux et les lois.

Il nota la présence de la chevalière, comme si cette promesse avait été faite déjà depuis des lustres, et sourit quand sa fiancée lui serra les mains et l'invita à retourner sous les couvertures pour éviter de tomber malade. La boule d'émotion dans la gorge de l'Héritier avait grandi et il obéit sans parler, acceptant et rendant l'étreinte qu'elle lui offrit.
Elle avait d'autres surprises: prémonitions, et demandes extraordinaires.

Arthon s'écarta un peu de la jeune femme pour la regarder et soupira.

" Politiquement, je ne peux pas attendre, Saskia. Si je ne t'épouse pas rapidement, je serais obligée d'accepter l'alliance et d'épouser Mélarianne ou une autre princesse. Je ne peux pas attendre. Ensuite... Ton père est, et je suis désolé de te le dire comme ça, un épouvantable arriviste, qui verra surtout que je suis l'Héritier. T'épouser, serait consolider le Royaume de l'intérieur, et c'est l'argument que je donnerai à mon père. Je suis désolé d'être si cynique, mais que tu reste DeFeriel nous servirait plus que d'être reniée, mon coeur . Quant à Antéa... Ma chérie, tu es déjà une Grise, même si ce n'est pas officiellement. Aranel approuverait, ainsi que tous les Liés. Demande à Ryis."

Qui confirma sans qu'on lui demande quoi que ce soit, avec une grande tendresse pour la petit Bleue grisâtre. Le ton très sérieux du prince ne laissait pas douter de son amour pour Saskia mais aussi de la véracité de ses propos politiques.

[Héraut Saskia]

[justify:30a2vlsx]L'éducation de Saskia avait été très stricte, et la première leçon avait été de ne jamais rien montrer de ses véritables émotions en public. Cela avait été très dur de retenir une larme lorsqu'il lui avait passé la bague au doigt. Là, elle se mordit la lèvre, un peu bousculée. Arthon voulait l'épouser au plus vite, et si elle en était transportée d'une joie sincère, la Noble demoiselle ne pouvait s'empêcher d'avoir un peu peur ! Peur de la cérémonie, peur de la réaction de tout le monde - le cercle héraldique en premier, puis sa famille... - et puis, bien entendu, peur des retombées politiques, peur de perdre Arthon... Tout cela se mélangea et forma un terrible maelstrom dans sa pauvre petite tête.

Mais elle décida de faire confiance à Arthon - il savait sans doute mieux qu'elle tout ça. Alors elle lui sourit, et cala tendrement son visage dans le cou d'Arthon, et ferma les yeux.

- Je te crois, mon amour. Je suppose que tu sais aussi bien que ton Père ce qui est mieux pour Valedmar. (Elle sourit.) "J'aurai pu faire pire mariage d'alliance !"

Saskia se blottit tout contre son amant. Elle effectua quelques exercices que Lachlan lui avait appris pour se débarrasser des pensées parasites, et pour cette fois, il s'agissait avant tout de toutes ses craintes. Quand la jeune fille rouvrit les yeux pour regarder Arthon, elle sourit :

- Mais tu ne m'ôteras pas de la tête que je serai avant tout un héraut digne de toi. Et que je peux sauver Antéa. Lors de ma vision d'elle, elle m'a dit d'aller dans le Nord ; et si j'y ai mis le temps, mais Aranel est au courant... Si une expédition y est envoyée là-bas...

Saskia eut une moue gênée. Jusqu'à présent, elle avait su qu'elle voulait y aller. Qu'Aranel l'enverrai sans doute là bas, de toute façon. Mais maintenant ? Maintenant qu'elle connaissait l'existence de ce lien pour la Vie, avec l'Héritier de Valdemar ? Alors qu'ils allaient se marier ?

Et une chose la frappa soudainement : si Saskia devenait Héraut, elle ne serait pas la simple Compagne d'Arthon... Mais aussi sa Princesse Consort ! La Bleue vira au blanc d'un seul coup : il était assez peu probable qu'on laisse une hypothétique future reine aller trainer dans la boue pour tenter de ramener son Compagnon d'entre les morts ! Le choix, soudain, fut plus difficile... Elle soupira avant de reprendre la parole :

- Tu me laisseras aller chercher Antéa ? Même si ce n'est qu'un vain espoir ? [/justify:30a2vlsx]

[Héraut Arthon]

Si Saskia avait la tête embrouillée, Arthon avait lui, la tête claire. Il avait les objectifs en vue - autant politiques que sentimentaux. Si lui voulait faire passer l'amour en premier, il savait aussi qu'il fallait être aussi clair que possible dès le début pour s'éviter des illusions qui blesseraient plus tard. Il mit toute la tendresse possible dans ses réponses, et angoissait un peu de sa réaction. Quand il sentit son souffle dans son cou, il retint sa propre respiration. Puis la relâcha quand elle accepta.

"Mon Père n'a pas dit oui, Ashke. Je ferais tout pour qu'il dise oui. Et sinon je t'épouse en secret, et tant pis pour Valdemar. Je suis sincèrement persuadé que c'est ce qu'il y a de mieux pour nous et Valdemar, je fais mon devoir de Héraut. Et d'amant." souffla-t-il tendrement dans le creux sensible du coup de sa princesse. "Oui c'est vrai, y aurait pire alliance... Brrr." plaisanta-t-il.

Arthon serra Saskia contre lui, fort, alors qu'elle s'apaisait doucement. Leur conversation n'était pas la plus facile qui soit, surtout quand on parlait difficulté, amour et dons. Il lui caressa la tête:

" Tu seras toujours digne de moi. J'ai vu tous tes efforts et tes progrès. Je comprends. Et je sais que tu seras parfaite. Enfin, pas trop hein, je me sentirais indigne de toi après!" chuchota-t-il avec amour.

Il s'amusa de savoir qu'Aranel était au courant de ce que pensait Saskia et de ce que lui pensait, et n'en avait rien dit à l'un ni à l'autre... Aranel... Il fallait qu'elle soit de leur côté. Elle serait une amie et une alliée de poids contre le reste du monde. Il savait qu'elle comprenait. Pour les Dons que Saskia avait, il lui faisait déjà confiance pour l'aider à se former avant son entrée au Collegium. Mais pour Antéa... Il frémit doucement.
Saskia soupira et Arthon retourna son attention sur elle. Il s'écarta un peu d'elle pour de nouveau la regarder dans les yeux.

"Saskia?"

Il avait un ton grave et ému.

" Être ma femme ne signifie pas m'appartenir. Tu n'as pas d'autorisation à me demander. Tu es libre. Tu es une future Héraut, et ton devoir pour Antéa passe avant celui pour Valdemar et moi, parce que sans elle tu n'es pas une aide pour nous. Tu iras chercher Antéa. Tu la ramèneras. Si je peux, je viendrais. Mais je crois que ça sera difficile. Mais quoi que tu fasse, je serais là."

Il effleura sa poitrine, à gauche. Il ne s'était pas départi de son air grave.

[Héraut Saskia]

[justify:9xerqwzf]Saskia eut un petit rire sans joie : un mariage secret ! Même si c'était avec l'Héritier, avec son Lié pour la vie, elle ne voulait pas que cela se fasse loin de tous les yeux indiscrets, loin de tous les commérages : elle voulait être vue dans la somptueuse robe de mariée qu'elle risquait de se fabriquer elle-même ! La Bleue espérait qu'ils n'arriveraient pas à de tels extrêmes... Mais plus elle réfléchissait, affectueusement calée contre son amant, plus Saskia se rendait compte qu'il n'y avait personne qu'elle voudrait réellement avoir auprès d'elle ce jour là. Aranel serait plus une amie du cercle d'Arthon, et Mana... Et bien, Saskia l'avait toujours considérée comme une véritable amie, mais la famille de la belle brune venait de faire faillite, et il ne faisait pas bon de trainer avec ces gens là... Mais si Saskia se fichait pas mal d'apparaître avec des gens "qu'il faut pas", et si elle se doutait que c'était pareil pour Arthon, Mana s'était retrouvée isolée dans le fin fond de la dernière demeure de sa famille, offerte sur un plateau d'argent à un paysan quelconque pour tenter de sauver l'honneur... Des rares rumeurs qu'elle avait pu entendre, c'était une catastrophe. Et les prochains racontars qu'elle entendrait, plus tard, rapporteront le suicide de la jeune noble. Mais on n'en était pas encore là.

Saskia se rendit seulement compte qu'elle n'avait aucun ami véritable, à part peut-être Enora... Mais même la fille de Lolryn faisait à présent partie du cercle héraldique : pourquoi apparaitrait-elle avec la Deferiel qui l'avait si longtemps harcelée ? C'était déprimant ! Pourtant, les paroles que Arthon chuchota à ce moment-là, comme s'il avait lu dans ses pensées, la réconfortèrent, et lui arrachèrent un petit rire, un peu plus joyeux.

- Toi, indigne de moi ? Ne raconte pas de bêtises. Je suis loin d'être parfaite !

Et tout comme Arthon, la jeune demoiselle s'amusa de voir que Aranel était au courant de tout, mais n'avait rien dit. Une femme démoniaque... Mais elle ne s'attarda pas la dessus. Plutôt sur la suite, qui lui fit un plaisir fou : ça lui faisait du bien d'être encouragée, pour une fois, dans quelque chose qu'elle faisait, et qui lui tenait à coeur. Saskia en sourit, et caressa tendrement la joue de son amant... Avant de grimacer légèrement et de lancer :

- Hum, de longues balades dans le froid et dans la boue, à chercher un Compagnon mort et botter le cul d'une divinité... Merveilleuse Lune de Miel, mon amour. J'avoue que je préfèrerai très largement qu'on aille en mission diplomatiques chez des Tayledras, histoire de profiter de leurs sources chaudes légendaires et du calme de leur mode de vie. ... Mais c'est gentil. J'apprécie que tu m'encourages. Cependant, je crois que tu es assez affaibli comme ça, avec la maladie de Ryis... Je ne voudrais pas que tu t'épuises davantage dans ce voyage, Arthon.

La jeune fille frissonna sous sa caresse, et sa main vint effleurer sa joue, tendrement. Saskia, d'un geste doux mais ferme, l'obligea à relever le menton, pour le regarder dans les yeux.

- Quelque chose d'autre te tracasse... Tu peux tout me dire, tu sais ? Je ne dirai rien à Père, si ça peut te rassurer...

Elle avait prononcé ces derniers mots en plissant les yeux, un brin taquine, un sourire en coin.[/justify:9xerqwzf]

[Héraut Arthon]

Loin d'être parfaite, peut-être, mais elle avait des qualités qui dépassaient de loin ses défauts, surtout quand elle essayait de se débarrasser desdits défauts. Arthon ne rétorqua rien et la serra juste un peu plus fort avant qu'ils ne continuent leur conversation.
Il ne repartit pas sur le sujet Aranel, car il aurait à en discuter avec cette dernière. Savoir ce qu'il avait le droit de dire et de connaître, par exemple, n'était pas si simple non plus, et le Héraut du Roi l'aiderait puisque finalement elle était au courant de quasiment tout. Mais serait-elle une alliée? Pas forcément. Les angoisses du prince le reprirent.

Simple ou non, leur relation n'avait pas à être faite de liens indéfectibles. Pas d'obéissance comme certains nobles l'exigeaient de leurs femmes; eux fontionneraient par égalité. La caresse de Saskia sembla le remercier cependant, et elle fit une tentative d'humour qui ne le dérida guère. Si elle partait, oui, ce serait boue, neige, tempêtes, poussières. Etait-elle seulement déjà sortie de Haven et campé à la dure? Avait-elle déjà chevauché des heures et affronté de réels dangers? Saskia devait encore un peu grandir c'était évident. Arthon se sentit vieux.

" Tu t'y épuiseras aussi, tu le sais? Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu la retrouve, mais soyons réaliste: tu as encore beaucoup à apprendre avant de te jeter dans le froid loin de Haven. D'accord?"

Il la caressa doucement, la sentant frissonner,et elle lui rendit sa caresse. Mais elle avait senti son changement d'humeur et réclamait des explications. L'Héritier bougea, mal à l'aise, et finit par se confier:

"Nous discutons comme si tout allait bien et tout irait bien. Pourtant nous savons bien que ce ne sera pas si facile. Dans mes rêves, tu disparais, avalée par la Terre. J'ai tellement peur de te perdre. Mais en tant que Héraut et Héritier, j'ai tellement à faire...Tu es ma plus grande faiblesse... J'espère que mon père et Aranel comprendront. Je leur parlerai dés demain."

Maintenant il fallait se taire et profiter de l'instant. Il se re-glissa contre elle et la serra dans ses bras, la berçant un long moment. Et vers la fin de la nuit, il se glissa hors de la chambre pour errer dans les couloirs jusqu'à tomber sur Fitz.

[Prochain rp après la discussion avec Aranel si tu veux^^]

[Héraut Saskia]

[justify:3pxmocrx]Saskia eut une petite moue qui se traduisit par un froncement de nez. Non, elle n'était jamais sortie de Haven, et encore moins seule. Elle connaissait chaque toit de la ville pour y avoir picolé avec des amis à un moemnt ou à un autre... Mais sans plus ! Elle n'avait même encore jamais campé ne serait-ce que dans le jardins du Manoir familial.

- Bon, je n'avais peut-être pas pensé à tout ça... Mais je vais m'en sortir, surtout si je sais que tu es derrière moi.

Elle se laissa aller tout contre lui alors qu'il lui confia ses craintes. Que pouvait-elle répondre à cela ? Pour saskia, ça ne pouvait que bien se passer. Il n'y avait aucune raison que ça aille mal... Et oui, elle était bêtement utopiste et rêveuse sur ce coup là, la petite Bleue amoureuse. Elle ne laissa pas les craintes d'Arthon l'atteindre et se laisa bercer tranquillement, luttant un moment contre le sommeil avant de se laisser sombrer.[/justify:3pxmocrx]