Voilà deux jours que Kah'tira était arrivée à Haven. Deux jours relativement... Étrange ? Spécial ? C'était difficile à dire, elle avait été émerveillée, choquée, déstabilisée, laissée perplexe... Parmi les choses qui l'avait émerveillée, il y avait évidemment les leshya'e dester'edre, en tant que shin'a'in, elle avait un bon œil pour les chevaux, elle avait, après tout, vécu avec ceux-ci depuis sa naissance, et les leshya'e était tout simplement... sublime. Intelligent comme un homme, mais au physique le plus élégant qu'elle ait jamais vu pour un cheval. Plus intelligent et plus beau physiquement que les bêtes shin'a'ins, Kah'tira ne l'aurait jamais cru si elle ne l'avait pas vu.
Ensuite, les hors-clans, elle n'en avait encore jamais vu autant rassemblés en seul endroit, bien sûr, elle en avait vu à Kata'shin'a'in, mais c'était autre chose, la plupart d'entre eux étaient marchants, ici il y en avait de tous les métiers. Il semblait aussi y avoir différents niveaux sociaux et certains se faisait même servir par les autres ! Étaient-ils handicapés pour qu'ils se fassent servir ainsi ? Ou simplement incapables ? Pourtant, ils n'avaient l'air d'être ni l'un, ni l'autre. Voilà qui l'avait laissée perplexe. Aussi dans un espace aussi restreint qu'était Haven – parce que la capital de Valdemar ne représentait qu'une fraction du territoire des Plaines Dhorisha – il y avait TANT de personnes. Les terrains des Collegiums et du Palais étaient quand même correct, mais en dehors de ces murs qui les entouraient... La jeune shin'a'in se souvenait de la première partie de la ville quand la délégation avait franchie les portes de la ville, elle s'était presque sentie étouffée dans tout ce brouhaha et ses gens rapprochés.
Depuis son arrivée, Kah'tira allait sans cesse de découverte en découverte, ce qui n'était pas pour lui déplaire, mais dans cette contrée étrange... Il semblait que derrière chacune des choses qu'elle découvrait, il y avait de la magie pas trop loin. Bien que Valdemar semble moins baigné dans la magie que les Tale'edras, son histoire en était teintée. Pour la jeune shin'a'in qui avait toujours vécu avec la mentalité que la magie devait être évitée, c'était un contraste plutôt choquant. La seule magie qu'elle ait jamais vu à l'œuvre était celle du chaman, de la guérisseuse du clan et de la Déesse. Les choses étaient si différentes ici... Sans parler des évènements qui avaient secoué la délégation déjà en place. Kah'tira avait appris ce qui c'était passé, mais personne ne lui avait vraiment donné de détails. Darea Tale'sedrin, chamane et ambassadrice à Haven, avait été bannie des Sentiers Lunaires. Comment était-ce seulement possible ? Qu'avait-elle pu faire pour en être bannie ? Cela avait drôlement affecté la jeune shin'a'in...
Avec l'arrivée et la mise en place de la nouvelle délégation chacun avait ses tâches à faire. Kah'tira, qui était là pour apprendre la tâche d'ambassadeur, était plutôt délaissée. Bien sûr, elle comprenait pourquoi avec tous ces évènements précipités, mais cela ne l'empêchait pas de désirer que quelqu'un lui donne une tâche à faire, n'importe quoi, pour qu'elle s'occupe. Bien sûr, elle pouvait découvrir les lieux à sa guise, par contre elle avait un léger problème... La barrière des langues. Le valdemarien qu'elle avait appris en chemin était plutôt... en fait, très rudimentaire et elle n'arrivait que très rarement à - peut-être - distinguer un mot qu'elle avait appris dans les phrases des gens autour d'elle. Alors où était l'amusement à découvrir un lieu inconnu où la langue était également inconnu ? Bon, au moins elle pouvait observer et essayer de se retrouver dans le dédale qui l'entourait.
Aujourd'hui, elle s'était dirigée vers le palais, une véritable fourmilière à l'échelle humaine. Les multiples couloirs, salles et étages étaient digne du labyrinthe que formait une fourmilière et les gens qui s'y promenaient pouvaient représenter sans trop de problème les fourmis. Tous à son travail, marchaient, se déplaçaient d'un endroit à l'autre en parfaite connaissance des lieux, presque par instinct. Comme les fourmis. Kah'tira se sentait comme l'insecte étranger prise au piège des dédales du château. Une chance qu'elle avait un bon sens de l'orientation et cela même à l'intérieur, sinon, elle ne doutait pas qu'elle se serait perdue et demander son chemin par la suite n'était pas vraiment aisé quand les deux interlocuteurs ne parlaient pas la même langue. Enfin...
Elle n'avait pas reçu de tâches à effectuer depuis la matinée, à part celles habituelles que la shin'a'in effectuait automatiquement le matin en se réveillant. Elle aurait bien voulu donner un coup de main, mais tout le monde était occupé et elle n'avait pas osé déranger les autres, alors elle avait succombé à sa curiosité et partie explorer les lieux, seule. Bonne et mauvaise idée... Ne pouvant pas vraiment communiquer en valdemarien, elle ne pouvait pas poser de questions ou demander des directions, alors elle ne pouvait se fier qu'à elle-même. Le château était plutôt impressionnant, gigantesque de l'extérieur et l'intérieur confirmait sa grandeur et sa complexité. Des œuvres d'art, probablement très dispendieuses et de proportions aussi incroyable que le palais, ornaient les murs des couloirs, des meubles tout aussi coûteux... Ouf ! Que pouvait-ils bien faire d'autant de matériel et à quoi cela servait de les acheter aussi cher ? Une table était une table et sa fonction ne changeait pas malgré toutes les décorations qu'elle pouvait avoir. Kah'tira ne pouvait simplement pas comprendre comment pouvait bien vivre ses gens... Bien sûr, elle était arrivée la journée précédente donc elle avait encore beaucoup à apprendre et découvrir, mais tout ce qu'elle voyait jusqu'à maintenant la déstabilisait. Pourrait-elle s'y habituer ? Elle verrait bien.
Pour l'instant sa curiosité semblait presque satisfaite, elle découvrait constamment des nouveautés depuis son départ des Plaines et avait pu poser des questions en chemin, mais maintenant... Elle découvrait, mais ne pouvait pas poser les mille et une questions qui lui trottait dans l'esprit. C'était plutôt frustrant. Enfin... Tout vient à point à qui sait attendre. Après son exploration du Palais, Kah'tira décida qu'il était temps de retourner aux quartiers des Ambassadeurs.
*Hmmm... L'aile des Amba... sé? su? sa? Amba-quelque chose en valdemarien.*
En rentrant, la jeune fille prit une porte différente que celle qu'elle avait prise pour venir, celle-ci donnait sur des jardins qu'elle voulait voir de plus près. Elle trouva curieux comment ils étaient entretenus, ils devaient vraiment avoir du temps à perdre pour s'occuper de jardins... Bon, il faut dire que dans les Plaines, le peuple nomade n'avait pas vraiment la chance de cultiver ou s'occuper des plantes puisqu'il changeait sans cesse d'endroit. Par contre, bien qu'elle aime l'état sauvage des Plaines, elle devait avouer que le jardin était plutôt joli. Suite à cela, elle se repéra selon les bâtiments qui l'entouraient et se dirigea vers son nouveau domicile. Peut-être pourrait-elle aider à une tâche quelconque ? Sinon elle irait voir Lelaram, sa jument, si elle ne pouvait parler à personne, elle pourrait au moins parler avec sa jel'sutho'edrin, ce n'était pas la même chose que de parler avec un autre humain, mais toujours mieux que rien.
En chemin, elle croisa un Kal'enedral, il était évidemment ici depuis un certain temps puisque aucun Promis à la Déesse n'avait suivit la caravane depuis les Plaines. Kah'tira l'avait remarqué la journée précédente, mais n'avait pas osé l'approcher, le dernier Kal'enedral du clan Vuysher'edras remontait au temps de son grand-père, alors elle n'avait encore jamais eu la chance de parler avec un, seulement en voir à Kata'shin'a'in. La jeune shin'a'in se sentait un peu intimidée par ses personnes vouées corps et âme à Celle aux yeux étoilés, à côté d'eux, elle avait l'impression que sa foi n'était que petite parure, bien qu'elle soit ancrée au plus profond d'elle-même. Elle le salua tout de même amicalement d'un signe de tête et lui envoya la main.