[justify:3e8shv44]Ce que craignait le plus Manuchan finit enfin par arriver : Une explosion de colère de la part d’Eoghan. Une colère si claire que le Mage se trouva surprit de ne rien voir se déplacer ou exploser dans la salle.
Manuchan ne dit rien tout le temps du discours du jeune homme, le regardant dans les yeux, faisant de son mieux pour rester impassible, même quand des mots furent blessants. La plupart en fait. Il ne bougea même pas un cil lorsqu’Eoghan renversa sa coupe. De toute façon, l’alcool serait mauvais conseiller à ce rythme, mieux valait arrêter et ne finit par réagir que lorsque l’énervé fit mine de s’en aller.
Il aurait facilement pu le maintenir collé sur sa chaise ou encore l’envoyer bouler à travers la salle d’un simple geste de la main et le jeune homme s’il n’en était pas conscient, le sentirait probablement. L’instinct de survie était souvent quelque chose de puissant.
Cela dit, l’Adepte n’avait aucune intention de faire du mal à Eoghan et au lieu d’user de magie ce qui aurait sûrement encore plus attisé la colère du jeune homme. Il ouvrit la bouche et parla calmement, les yeux baissés sur ses mains croisées pour garder son calme et d’une voix toujours impassible bien que parfois tremblante. Si Eoghan partait, et bien il en serait quitte de passer pour un fou qui se parlait à lui-même.
« Lorsque je t’ai vu la première fois, je ne savais même pas que tu avais le Don de la magie car je n’ai pas cherché à le savoir…. Comme tu le sais, nos chemins se sont croisés encore et encore sans que l’un ou l’autre le cherche, c’est ainsi. Je me suis servi de mon pouvoir pour sauver la vie d’un enfant et la tienne, quant au tien, il ne s’est déclenché qu’involontairement de ta part. Ces deux cas exceptionnels sont parfaitement tolérés par Valdemar, à plus forte raison quand dans mon cas ce fut fait avec l’aval du héraut du Roi.
Sache une chose, je n’essaie pas et n’essaierai jamais de te transformer en quelqu’un que tu n’es pas tout comme tu ne peux pas me changer d’ailleurs, je me contente de conseiller et tu es libre de ne pas en tenir compte.
Tu m’as trouvé blessant mais ce n’était pas le but. En revanche, une telle colère suite aux mots que je t’ai dit ne fait que confirmer ce que j’ai dit, si cela avait été éloigné de la vérité, ta réaction n’aurait pas été aussi passionnée, même si cela te déplaît, tu dois bien l’admettre, ne serait-ce qu’en ton fort intérieur. »
La mage laissant un silence, juste le temps de reprendre un souffle avant de continuer.
« Je ne me crois pas supérieur aux autres même si je sais que je le suis sur certains points dont la magie que je n’ai pas choisie non plus et dont je n’ai donc pas à me vanter, je pense que chacun à sa place dans le monde et que personne n’est vraiment supérieur à l’autre.
Tu as été jugé, rapidement c’est vrai, mais en sais-tu-la raison ? Simplement car ton caractère et le mien sont en fait très similaires, même s’ils n’en ont pas l’air, je me suis reconnu en toi et les propos que je t’ai tenus tiennent beaucoup plus de la logique et de l’analyse que d’une simple sensation. Ce que j’ai dit était réfléchi et en aucun cas pour te modeler, mais bien pour t’aider. L’erreur est humaine et c’est en faisant des erreurs que l’on apprend, mais encore faut-il que quelqu’un vous montre votre erreur pour la comprendre.
Comme je t’ai expliqué, je n’ai pas besoin de me demander pourquoi je ressens ces choses. Ce n’est pas un ressenti, c’est quelque chose de pensé par rapports à mon propre comportement et je n’ai jamais dit non plus que tout ce que j’ai dit était forcément exempt d’erreur bien que ton agressivité me montre que j’avais raison et je sais que le fait de dire ça ne peut qu’attiser ta hargne. Cela n’en demeure pas moins vrai.
Quant au fait d’être seul…. »
Une pure douleur se plaça dans les prunelles de Manuchan qui releva les yeux à ce moment là, laissant voir un filet de larme coulant de chacun de ses yeux. Le visage tiré par la tristesse.
« Peut-être qu’à force de trop vouloir aider les autres, j’en oublie de m’aider moi-même. »
Il resta ainsi les yeux fixes, craignant d’être rejeté une fois de plus , comme dans son enfance et c’était là ce qu’il craignait par dessus tout. Assurément ce qui pouvait lui faire bien plus mal que n’importe quelle attaque magique ou non.
*Aanor, aide moi.*
Il avait pensé cela sans vraiment oser demander de l’aide à sa Déesse, c’était en fait plus pour se soutenir lui-même face à la douleur cuisante qu’il risquait de ressentir.[/justify:3e8shv44]