Eoghan était prêt à lui dire que ce n'était pas grave, qu'il n'avait juste pas l'habitude, qu'il comprenait parfaitement, ayant déjà été dans ce cas-là. Mais le "essaye de ne pas trop me tenter" lui fit froncer les sourcils et il se montra le torse de l'index. Il resta quelques secondes comme ça, silencieux, appuyant de ce fait qu'il n'avait pas du tout choisi de se retrouver torse nu dans un lieu public. Et encore heureux que Manuchan ne le forcerait en rien, il ne manquerait plus que ça ! Adepte Mage ou pas, Eoghan en découdrait fortement et Manuchan semblait bien plus fort en Magie, il était vrai mais jusqu'à présent, il ne l'avait jamais vu se servir de sa force physique et il le soupçonna d'être un chiffon mou !
Et pourtant, Eoghan n'arrivait pas à dissiper le rouge de ses joues. Se sentir "désiré" avait pour effet, dans la plus grande règle générale, de créer une réciprocité. Soyez gentil avec Eoghan, il sera gentil avec vous. Soyez amoureux d'Eoghan, il sera amoureux de vous. Tapez Eoghan et il cognera d'autant plus fort ! Là était un grand soucis chez le jeune mage et assurément un réel problème en matière de sentiments car il reproduisait dans la presque exactitude le sentiment de la personne en face de lui et cette fois, il s'agissait des sentiments assez personnels provenant d'un autre homme. Là où des femmes étaient parties en pleurant lorsqu'Eoghan s'était rendu compte de ne pas les aimer du tout, comme s'il avait vécu dans un rêve pendant des mois (en général plutôt des jours dans son cas !), Manuchan dévoilait une toute autre sorte de situation qu'il n'avait jamais connue auparavant et encore moins qu'il n'avait IMAGINÉ connaître.
Et cette dite situation le mettait bien plus mal à l'aise que tous les mots et sorts de Manuchan réunis. En baissant à nouveau les yeux, il haussa les épaules.
_ Ce n'est rien. Je comprends.
En fait, Eoghan était un pur danger en matière de relations, qu'elles fussent amoureuses ou liées par un quelconque serment d'amitié intime car à copier, mimer les autres, il ne se rendait jamais compte du mal qu'il faisait quand il se "réveillait" de la pâle copie insignifiante qu'il était devenu au dépend d'un(e) autre. Donc si Manuchan riait, il riait. Si Manuchan pleurait, il pleurait. Et si Manuchan avait le malheur de l'aimer, il y avait fort à parier qu'Eoghan tombe dans le piège comme un nouveau-né.
Et toutes ces pensées étaient bien loin de faire tomber la rougeur de ses joues !