[justify:1z1zavq1]L’idée d’Enora allait bon train et était reprise encore et encore. Ce cours de langue improvisé semblait non seulement nécessaire pour les besoins de la mission mais permettait aussi un rapprochement de ceux qui ne se connaissaient pas encore. C’était tout à fait lumineux et le kal’enedral se sentit fier de son élève une fois de plus, avant de se souvenir qu’elle ne l’était plus vraiment.
Ann’dra sourit à Emelia. Commencer par les formules de politesse n’était pas une mauvaise idée en soi après tout, bien que dans leur cas, al seule présence de plusieurs shin’a’in excuserait presque toute faute de la part des hors-clans. A plus forte raison avec un Kal’enedral en chef d’expédition.
L’homme en noir ne fut pas de reste pour apprendre les rudiments du shin’a’in aux membres de l’expédition, tentant d’articuler les choses avec patience pour leur permettre de les intégrer en les répétant encore et encore. L’avantage de parler le valdemarien couramment était là au moins.
Finalement, la jeune lieutenante avait finit par se souvenir de lui et il en était plutôt content. Un peu d’orgueil parfois, ça ne faisait pas de mal.
« Je ne doute pas que cela sera le cas Lamétoile, ne serait-ce que durant le trajet, s’entraîner n’est jamais une perte de temps. »
Ann’dra fut content d’entendre qu’elle acceptait d’enseigner sa propre langue aux autres. Le peuple tale’edras était par trop particulier pour négliger les possibilités de les rencontrer. Le sourire du kal’enedral diminua toutefois quand elle dit vouloir tout savoir sur l’histoire de leurs peuples respectifs. Certes, il savait bien des choses sur le sujet, mais probablement pas tout. Enfin, il pouvait toujours essayer de raconter au mieux ce qu’il avait appris.
Ainsi, il lui raconta la scission du peuple originel, ceux qui étaient pour la Magie et ceux qui la craignaient, l’intervention de Kal’enel pour le bien de son peuple et les implications de ce qu’ils avaient demandé, le prix à payer pour leurs modes de vie. La garde des Plaines pour les shin’a’in, le soin de la terre pour les tale’edras, mais il n’avait rien de bien précis à rajouter.
« Je ne vois pas quoi rajouter Lamétoile, je ne suis pas le plus à même de vous apprendre tout cela, mais peut-être Kah’tira pourrait-elle vous aider ? Après tout, elle connaît bien une chamane…. »
*Ex chamane……*
Le regard d’Ann’dra trahit un bref instant sa peine pour Darea mais cela ne dura qu’une seconde avant qu’il se ressaisisse.
Quelques temps après, ils arrivèrent dans un lieu qui semblait, aux yeux du shin’a’in, fait pour le campement. Malgré ses aptitudes physiques qui pourraient lui être enviées par beaucoup, la fatigue commençait doucement à s’insinuer en lui et les regards plus qu’éloquents des femmes lui firent rendre les armes. Un comble ! Mais de toutes les façons, même si elle faisait tout pour le cacher, il était évident que le shin’a’in qui l’avait vue dans bien des états s’aperçoive qu’Enora était au bout de sa résistance, ils devaient s’arrêter.
Enfin, l’installation fut rapide et Sang de Feu, fière comme pas deux ne trahissait pas le moindre signe de fatigue, du moins jusqu’à temps qu’Ann’dra l’étrille et la nettoie avec douceur et que la tête de la jument dodeline, luttant contre le sommeil réparateur pour ne pas montrer sa fatigue.
Bien sûr, Kayann avait fait en sorte que les chevaux soient bien protégés et le kal’enedral l’en remercia de vive voix avant qu’elle n’aille vaquer à ses occupations et que lui-même aille se coucher afin d’être relativement frais quand son tour de garde viendrait. Il avait assigné à chacun de ceux à même de combattre un temps d’éveil pour la surveillance du campement mais comptait tout de même sur la compagnie qui les escortait. Quant à Enora, il préféra la laisser récupérer de cette fastidieuse journée.
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Les jours s’étaient suivis en se ressemblant et tout se déroulait apparemment bien. Seule exception : Enora était tombée malade, mais apparemment rien de bien grave et Ann’dra remercia Kal’enel pour cela.
Mais la jeune élue n’était pas en reste, c’était clair. Elle avait demandé la permission de participer aux tours de garde et Ann’dra avait approuvé cette démarche. Elle l’ignorait peut-être mais il savait qu’elle s‘entraînait tous les matins à l’instar de lui-même, simplement à des endroits différents et à des heures différents.
Le kal’enedral profitait de ce temps hors des murs de la cité pour rencontrer les maîtres leshya’e qui restaient encore et prendre quelques leçons. Et c’était bien là le mot ! N’eut-il sut qu’ils étaient pour certains plusieurs fois centenaires qu’il aurait ressenti une honte atroce de se faire ainsi démettre avec facilité soir après soir. Mais enfin, ainsi, il apprenait de plus en plus à maîtriser son corps et son esprit.
Le soir était calme cette fois là et il avait décidé de se reposer un peu, les yeux fermés, assis en tailleur près du feu qui ronflait. Il était presque en état de méditation quand une sensation l’envahit. Quelque chose se passait. Un vent vint le caresser et il ouvrit les yeux. Ce n’était pas naturel, c‘était un peu comme….. Oserait-il se l’avouer ? Mais c’était tout de même différent, son vysaka ne vibrait pas.
Une forme féminine se dessinait dans le feu et il la voyait distinctement. Sans bouger ne serait-ce qu’un cil, il écouta les dires de l’être apparu. Probablement cette Déesse étrangère….. Celle qui avait un lien avec la maladie des Compagnons.
De ses dires, elle était affaiblie et les ennemis montaient en puissance. Ce n’était pas à négliger venant d’une divinité, même si ce n’était pas Kal’enel. Des traîtres, des indices, tout cela était plus que vagues car rien ne pouvait dire explicitement qu’est-ce qui était quoi, mais si le Destin était en jeu. Il n’avait rien à reprocher et il était habitué à ce genre de procédés.
Quand aux enfants de cette Déesse….. A la connaissance d’Ann’dra, ils n’en comptaient pas parmi eux. Peut-être pourraient-ils les guider plus tard ? Mais restait Celle Aux Yeux Etoilés. Elle pourrait les guider sûrement à sa façon car Elle ne laisserait jamais Ses enfants passer à côté de leur destin justement.
Kah’tira approcha de lui avec raideur, manifestement en «état de choc et inquiète de tout cela. Sans un mot, Ann’dra se releva doucement, ne souhaitant pas effrayer la jeune fille par des mouvements trop rapides et posa doucement sa main sur l’épaule de l’apprentie ambassadrice pour lui montrer qu’il était là pour la soutenir au besoin. Kayann s’approchait à son tour, et ses paroles comme son regard ne laissait aucun doute : elle voulait savoir et il devait tout dire. C’était tout de même oublier à qui elle s’adressait. Ann’dra jouait très rarement de son statut, mais ils étaient tous sous sa responsabilité d’une part et d’autre part, en tant que shin’a’in, Kayann devait comprendre que certaines choses ne pouvaient pas forcément être dites, même s’ils étaient de la même race.
Son regard pour elle fut donc peu amène et appuyé pour lui faire comprendre que son comportement était malvenu vis-à-vis d’un Kal’enedral ou d’un chef d’expédition. Elle n’avait pas d’ordre à donner et s’il refusait d’expliquer, elle devrait faire avec.
Enfin, tel n’était pas le cas au final, effectivement, il pensait qu’il ne servirait à rien de cacher ce qu’il savait même si c’était peu de choses. Avant qu’il n’ait put dire quoi que ce soit, Enora prit la parole pour exprimer ses pensées. Justes par ailleurs et le regard du kal’enedral pour une fois directement adressé aux yeux de l’apprentie héraut, regorgeait de fierté pour sa Jel’enedra. Lamétoile vint d’ailleurs confirmer que les paroles de la jeune albinos étaient à écouter.
« Je suis d’accord avec vous, il ne servirait à rien de rester à couteaux tirés les uns contre les autres. Une certaine méfiance peut être de mise, c’est vrai, mais d’une part, la plupart d’entre nous savons nous battre, d’autre part, parmi nous se trouvent plusieurs enfants de Kal’enel, nous devons garder la foi en Elle et ne pas oublier de donner notre maximum plutôt que de se tourner vers des divinités quelles qu’elles soient. Je ne doute pas que si nous n’arrivons à rien par nous-mêmes, alors, peut-être notre Déesse nous viendra-t-elle en aide.
Gardez la Foi dans tous les cas et si vous voyez quoi que ce soit de suspect, si vous avez le moindre doute, comme la dit la lieutenante Lamétoile, dirigez-vous vers une des personnes responsables et faites leurs-en part. »
Après ces paroles, Ann’dra prit sur lui de faire un tour du campement afin de s’assurer d’une part qu’ils ne craignaient rien d’éventuels ennemis à proximité et d’autre part, pour tenter de dissoudre les mésententes qui pourraient avoir éclatées suite aux paroles de la « Femme de feu ». Il avait rencontré Enora dans sa ronde et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il avait parlé, et tant qu'à faire de parler....
Avec tout ça, il n'avait finalement répondu à aucune question, mais s'attendait bien sûr à en voir revenir à la charge, mieux valait prendre les devants, aussi, rejoint-il les membres shin'a'in ou non de son équipée et leur demanda-t-il de l'écouter pendant qu'il expliquait ce qu'il savait.
"Cet être dans les flammes, je pense qu'il s'agit de la Divinité liée à la maladie des Compagnons, une Déesse comme vous avez pu le constater. Je ne sais en fait que peu de choses si ce n'est que malgré les apparences, elle n'est pas maléfique, elle compte Vkandis, le Dieu karsite ainsi que Kal'enel parmi ses alliés. Ce n'est pas rien, je pense que vous pourrez le confirmer. Seulement, elle disposait d'un objet puissant un orbe. Il s'agit d'un objet magique qui a été dérobé par un Mage malfaisant. Il se sert de la puissance de cet objet pour prendre le pouvoir et peut apparemment, affecter même le monde divin. Je pense que c'est par sa faute que le Vysaka de Darea a dû être tranché. Par moi, à la demande d'un Avatar de Kal'enel."
Ann'dra continua, racontant certains détails, sa capture dans un monde autre que les sentiers lunaires, l'épée divine, les oiseaux maléfiques sans pour autant parler de qui que ce soit d'autre que lui-même afin de ne ps trahir la confiance de certains.[/justify:1z1zavq1]