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Messages - Conteur

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Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans

Rafael ne sut d'abord où se mettre. Il n'avait pas réfléchi un instant aux risques qu'il prenait. Malgré tout ce qui lui était arrivé, il oubliait facilement que tout le monde n'était pas forcément bien attentionné à son égard.

«Mais je ne risque rien au milieu de tes hommes!» Rafael fronça les sourcils. «Et tu n'es pas vieux!»

Il ne put s'empêcher de regarder autour de lui, curieux comme un chaton.

«C'est donc à ça que ressemble un camp de mercenaire? C'est pas très différent du mien.»

Ayant conscience qu'il ne racontait que des banalités, il se tut, gêné.

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Rafael, héritier légitime du trône de Rethwellan, 20 ans

Rafalentha Jedrevalyn avait survécu un jour de plus. Il se demandait encore comment. Il n'avait jamais été un bon combattant, la guerre avait toujours été le domaine de son frère aîné. Lui, formé à devenir roi un jour, avait bénéficié d'une éducation plus généraliste. Il avait des bases dans de nombreux domaines, juste de quoi s'assurer que ses conseillers ne lui raconteraient pas n'importe quoi. Mais il n'excellait dans rien. Et moins encore sur un champ de bataille.

Il était d'ailleurs dans un état lamentable. La lance d'un soldat s'était brisée sous son épée et un éclat de bois lui avait méchamment entaillé le front. Il avait du sang plein le visage et l'impression d'avoir bu le contenu d'une taverne la veille. Mais, étonnamment, il se sentait bien. Optimiste même. Sans doute parce qu'il avait entendu dire que son frère, qu'il n'avait pas vu depuis bien trop longtemps, était quelque part, non loin. Et Rafael, s'il avait toujours adoré son père, n'avait jamais eu qu'un héros dans sa vie: son grand frère parti monter sa propre compagnie de mercenaires.

À la fin de la bataille, il ignora les recommandations de son écuyer, et celles, plus pressantes, de son général, pour se mettre en quête d'Alemdar. Qu'importe s'il était sale et épuisé! Qu'il ait survécu à cette bataille était un miracle. Il ne voulait pas risquer de mourir - ou qu'Alemdar meurt, ce qui était peu probable  - avant d'avoir pu le revoir au moins une fois.

Quand il demanda son chemin, personne ne sembla le reconnaître. Il ressemblait à n'importe quel combattant. Finalement, il arriva dans un camp où visiblement, on s'activait pour fêter la bataille du jour. D'après l'étendard, il était au bon endroit. Il se sentit soudain nerveux. Et si Alemdar le détestait? Il s'arrêta, hésitant. Puis prenant son courage à deux mains, il demanda qu'on lui indique où se trouvait Alemdar.

«Il est sans doute quelque part là-bas. Vous pouvez pas le manquer, de toute manière.»

Rafael se mit en route et finit par apercevoir une silhouette familière. Il n'avait jamais réalisé auparavant à quel point Alemdar et son père se ressemblaient, de loin. Intimidé, il s'approcha lentement.

«Hum... la place est-elle libre?»

Il lança à Alemdar un regard à la fois admiratif et gêné.

«Je...» Il prit une large inspiration. «Te souviens-tu de moi?»

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Haven / Re : [Fleur/Jehanne] Charité mal ordonnée.
« le: 22 août 2020, 10:12:37 »
Alan offrit un sourire à la fois charmeur et contrit à la soldate. Il aimait bien Jehanne. Même s'ils ne naviguaient pas du même côté de la loi, elle était digne de son respect. Il réalisa enfin à quel point elle était désirable dans sa tenue d'entraîneuse. Son sourire s'élargit. Ah, quel joli petit lot! Il l'aurait bien mise dans son lit, mais, malgré ses tentatives répétées, jamais la jolie soldate n'avait accepté ses avances. Sans doute était-il trop crasseux!

[:Ça va la dédoublement de personnalité?:
:Silence, tu nuis à ma concentration!:
:Wylan, mon cher, tu m'arroses de pensées lubriques qui n'ont plus rien avoir avec ta persona...:
:Hum... désolé.:
]

Il se força à relever son regard pour croiser celui de Jehanne.

«Chuis désolée, si j't'aide pas. J'pensais qu'la d'moiselle voulait vraiment voir la vraie vie. Mais j'veux pas t'embêter, ma colombe. J'voulais juste aider.»

Comme prévu, il retira un certain plaisir à assister à l'engueulade de la jeune noble. Car ce n'était pas un spectacle si fréquent! Habituellement, quand un noble venait s'encanailler dans le coin, la garde le traitait avec les honneurs nécessaires pour s'éviter des emmerdements en haut lieu. C'était un autre bon point pour Jehanne. Elle se souciait juste assez de politique pour ne pas avoir d'ennuis, mais pas suffisamment pour finir par travailler à la solde des nobles. Une soldate idéale.

Bien conscient qu'il ne tirerait plus rien de la dame, Alan décida plutôt d'aider Jehanne. Après tout, il travaillait souvent "avec" elle, tandis que les chances de recroiser une fois la gourdasse étaient faibles. Autant soigner ses relations.

«L'a raison, vous savez. Z'êtes trop bien habillée pour aller voir les filles.» Il baissa le ton et s'adressa à Fleur d'un air complice. «Elles sont persuadées d'être les plus belles. Si elles vous voient débarquer 'vec c'te t'nue, elles vont être jalouses et voudront plus d'votre aide! Faut ménager un peu leur égo, nan?»

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Haven / Re : [Fleur/Jehanne] Charité mal ordonnée.
« le: 05 août 2020, 08:25:01 »
La dame avait vraiment surprise qu'on puisse tenter de la détrousser. Mais où pensait-elle être? À un bal à la cour? Alan, bien qu'admiratif de la beauté de la noble, ne put s'empêcher de la mépriser un peu. Le défi n'était pas à la hauteur de ses talents. Quel intérêt y avait-il à profiter d'une greluche pareille? En même temps, il ne pouvait décemment pas la laisser errer sans protection dans le quartier. Il était loin d'être un parangon de vertus, mais la laisser seule reviendrait à fermer les yeux sur une possible agression, voire un meurtre. Et ça, c'était bien trop lourd pour la conscience d'Alan.

«Ah, mais c'est bien d'vouloir aider, ma p'tite dame! Très bien! Y a plein d'gens qu'ont bien b'soin d'aide, pour sûr.»

D'une certaine manière, Alan fut soulagé par l'arrivée de la lieutenante. Un peu déçu aussi. Il ne retirerait rien de cette affaire, c'était évident. À part le plaisir évident d'entendre la jeune noble se faire disputer vertement par la soldate. Jehanne avait toujours su se faire respecter, et en cet instant, même son statut social inférieur ne représentait qu'une handicap mineur.

«Hey, ma colombe! J'savais pas qu'tu pass'rais par là! C'est t'jours un plaisir de t'voir!» Il lui lança une œillade suggestive. «J'aidais juste la jeune dame à pas s'faire embêter. L'paraîtrait qu'elle veut faire la charité. J'me disais qu'j'pourrais l'emm'ner voir les filles. Les mioches sont parfois un peu crasseux, mais ils ont bon cœur et leurs mères auraient bien besoin d'un p'tit coup d'pouce... non? Faut pas décourager les bonnes volontés, ma colombe. Pis, qui sait, ptête que celle-là s'verra pousser une conscience!»

Il n'y croyait guère, mais cela valait le coup d'essayer. Maintenant que la dame était entourée d'une garde et d'un vaurien, elle ne risquait plus rien.

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Haven / Re : [Fleur/Jehanne] Charité mal ordonnée.
« le: 29 juin 2020, 08:41:33 »
Alan n'avait pas réapparu depuis longtemps. On l'avait dit engagé dans une mission au sud, sans doute pour plusieurs décades. Aussi, quand il fit son apparition à la porte de l'Exil, il fut presque accueilli comme l'enfant prodigue. Presque. Alan n'était pas assez séduisant pour être accueilli comme tel. Il tenait davantage de la mauvaise herbe qui revenait, année après année, alors qu'on la pensait définitivement fanée. Ou arrachée.

Alan revenait de son précédent engagement une nouvelle épée au côté. Il se l'était payée grâce à sa solde. Il comptait bien l'exhiber avant de la ranger bien précieusement dans ses affaires. En ville, il préférait porter des dagues. C'était plus discret, et bien plus adapté aux accrochages dans les ruelles étroites de la basse-ville. En général, on le laissait tranquille, mais il arrivait que des gens fraîchement arrivés le prennent pour une cible facile. Grossière erreur. Alan maîtrisait à la perfection le style de combat de la rue. Et si vraiment il se trouvait en difficulté, il ne rechignait pas, contrairement à d'autres, à appeler la Garde.

Pendant son absence, rien n'avait changé. Tout était pareil. Les mendiants occupaient les mêmes porches, bien en vue, les prostituées les mêmes allées, les nobles armées d'un panier les mêmes rues... Les nobles? Alan n'en croyait pas ses yeux! Qu'est-ce qu'une de ces godiches de nobles faisait dans son quartier? N'avait-elle pas conscience du danger? Certes, en journée, il ne risquait pas de lui arriver grand chose, mais on ne savait jamais. Elle représentait une belle cible, et certains auraient du mal à résister, même avec les patrouilles de gardes.

Alan savait où était son devoir. Mais il n'avait aucune envie d'aider la jeune femme. En tout cas pas gratuitement. Il hésitait encore sur la conduite à tenir quand il vit un tire-laine, le jeune Willy, s'approcher l'air de rien de la jeune noble pour lui voler sa bourse. Alan soupira longuement, et, maudissant son complexe du sauveur,  attrapa le jeune délinquant au collet. Il héla la jolie noble.

«Hela, M'dame! J'crois qu'vous avez égaré un truc...» Il secoua Willy qui se débattait. «Allez, gamin. Cette fois t'as raté ton coup. Rends-moi ça.

«'Tain, Alan, tu fais chier! En quoi ça t'concerne qu'je vole c'te dinde? Sérieux quoi!»

«Ça m'concerne que si tu voles celle-la, tu peux et'sûr qu'demain y aura plein d'gardes partout parc'qu'elle s'ra allé s'plaindre au roi. Et j'ai pas b'soin d'ça. J'ai envie d'pouvoir bosser peinard. Et toi aussi.»

Willy soupira et tendit la bourse durement gagnée. Alan savait qu'elle n'était pas la seule en sa possession. Mais il n'était pas garde. Ce n'était pas son travail de lui faire vider ses poches. Et le môme aussi devait manger. Il libéra Willy et celui-ci s'éloigna rapidement.

Alan se tourna vers la jeune noble et lui lança sa bourse.

«Faut faire gaffe à vos affaires, m'dame.» Il s'approcha en lui adressant un sourire canaille, largement rehaussé par son horrible cicatrice à la lèvre. «Vous faut p'têtre un guide, m'dame? J'suis plus tout jeune, mais on m'respecte ici. Ou c'est qu'vous voulez vous rendre? Contre une pièce ou deux, j'vous mène où vous voulez!»


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Jardins / Re : [Scénario] A droite, C'est dans la boite
« le: 16 juin 2020, 08:44:49 »
En prenant un de leur précieux Héraut en otage, l'homme en noir pensait avoir adopté une bonne stratégie. La flèche qu'il se prit dans le bras se chargea de le détromper. Visiblement, celui qui l'avait tirée n'avait n'accordait aucune importance à la vie de la fille. Par dessus le marché, celle-ci semblait s'être libéré de son emprise.

Il hésita un instant à achever la gamine avant de s'enfuir. Mais, s'il agissait ainsi, il perdrait un temps précieux, et la monstruosité blanche n'aurait de cesse de le poursuivre pour lui faire payer.

D'un coup bien placé, il étourdit sa prisonnière (pour quelques instants, au moins) et sauta du dos du Compagnon.

L'archer et sa monture étaient maintenant dangereusement près. Comment avaient-ils pu se rapprocher si vite!?!? Il se tourna pour leur faire face, tout en cherchant du regard un chemin de fuite où ils ne pourraient le suivre.

L'homme en noir a 32 PV.

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Jardins / Re : [Scénario] Au milieu, c'est merveilleux
« le: 16 juin 2020, 08:37:31 »
Sans comprendre ce qu'il lui arrivait, l'homme en noir se retrouva projeté contre une colonne. Des années d'entraînement l'avaient rendu aussi souple et résistant qu'un chat. Il sentit le coup, mais parvint à rapidement ignorer la douleur. La respiration était la clef. Malheureusement, ce bref instant avait permis à un autre homme de lui entailler méchamment le bras; heureusement, l'épée n'avait fait que de lui arracher un bout de peau, peut-être un peu de muscle. Le dernier adversaire, clairement moins expérimenté, se contenta de secouer son épée dans sa direction, sans parvenir à faire autre chose que brasser de l'air.

Un bref coup d'œil lui apprit que le deuxième homme, un blond a l'air obtus, était déjà blessé. Il en fit sa cible. Il dégaina son poignard et d'un coup rapide, le lui planta dans l'épaule droite(1d10: 10). L'épée de l'homme tomba à terre. Parfait, ainsi, il ne pourrait plus se battre avec se bras avant longtemps.


L'homme en noir a 22 PV.

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Jardins / Re : [Scénario] A Gauche, ca chauffe
« le: 16 juin 2020, 08:28:30 »
Il ne s'était pas attendu à ce qu'on se jette dans ses jambes. C'était une technique pour le moins original, qui trahissait un certain désespoir, à son avis. Mais malgré la douleur dans son genou, il n'eut aucun mal à esquiver les deux assaillants suivants.
Il partait du principe que tous trois étaient dangereux, mais il décida d'éliminer en premier la femme brune. Il voyait à ses mouvements qu'elle était une combattante entraînée. Il sortit un poignard de sa tunique et tenta lui faire lâcher le long poignard qu'elle avait dégainé après sa roulade. Malheureusement, celle-ci avait anticipé son coup et esquiva souplement (1d10: 4+1).

Tout en combattant, il continuait à se déplacer en direction de son objectif, petit pas après petit pas.

L'homme en noir à 30 PV

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Héraut Alyss

Alyss regarda Enora entrer et s'excuser de ne pas connaître leurs noms. Elle ne voyait pas où était le problème. Des tas de Hérauts ne pouvaient pas parler avec leur Compagnon. Ce n'était ni une tare, ni une honte.

«Alyss, Élue du Krys.»

Heureusement pour le bon déroulement de la soirée, Rosmertha intervint rapidement quand la jeune Héraut décida de jouer les martyrs en restant dans ses habits mouillés. Quelle idée! Alyss était persuadé que Tristan aurait prêté sans sourciller une de ses tuniques, si Enora avait pris la peine de demander. Mais visiblement, il était plus conforme à l'image des Hérauts de grelotter dans un vêtement détrempé et de tomber malade.

:Alyss, sois un peu plus patiente. Elle est toute jeune, elle se décoincera.:
:Mais je suis patiente. Je n'ai rien dit. Et tu me connais, je serais restée muette comme une tombe.:
:Oui, mais ta réprobation silencieuse est plus bruyante que la moindre de tes remarques.:


Tristan sembla ravi de redevoir ses rapports et il s'empressa de les compulser. Puis quand Enora fut enfin sèche, il revint et la conversation s'engagea.

«J'ai croisé Wilfried. Nous avons échangé nos constatations. Lui était en mission pour Clara, ton homologue en charge du Sud. C'était plutôt malin de sa part de demander un deuxième Héraut pour la seconder. Comme ça, elle peut se concentrer sur le plus urgent, et lui l'aide à gérer les affaires un peu moins importantes. Sinon, pour être honnête, je n'ai pas vu grand monde. Les Hérauts un tant soit peu compétents dans les armes sont sur le front ou aux alentours. Enfin, ceux qui n'avaient pas de postes importants à tenir, évidemment. Et la dernière fois que j'étais à Haven remonte au Solstice d'Hiver, quand j'ai ramené ma pupille de sa mission de probation. Là, j'ai croisé notre cher Attitré, qui m'a forcé à prendre une décade de repos avant de me renvoyer en Tournée, mais dans ton secteur. Arthon semble toujours aussi peu à l'aise avec lui. Enfin... non, c'est pas vrai. Je l'ai même vu rire. Mais leur relation est très différente de celle qu'ils avaient, Aranel et lui. Faut dire qu'ils ont été éduqués ensemble. Par contre, je n'ai pas vu le troisième membre de l'ancien trio, Wylan. Aucune idée de ce qu'il fiche celui-là. Il est sans doute sur le front.» Elle le connaissait plutôt mal, même s'ils avaient fait leurs études en même temps. Un jour, il l'avait laissée sans voix en lui parlant avec aisance de la culture des arbres fruitiers et des différents types de céréales qui poussaient dans sa région natale. Elle avait été surprise de découvrir qu'un noble pouvait aussi être un paysan. «Enfin... Je vais arrêter de radoter et laisser la parole aux plus jeunes. À la plus jeune, plutôt.» Elle s'étira. «Et toi, Enora, du spécial en chemin?»

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Haven / Re : T'as de beaux yeux, le monstre
« le: 29 avril 2020, 09:19:44 »
Il fallut un bon quart de marque pour la créature se calme. Enfin, un peu rassurée, elle s'approcha des deux garçons et les renifla attentivement. Elle semblait hésiter sur la conduite à suivre. Finalement, timidement, elle lécha le bout des doigts tendus du plus jeune des deux humains, celui dont les cheveux étaient plus foncés.

Soudain, dans une rue éloignée, un grand bruit sourd se fit entendre. La créature prit peur et parvint à s'enfuir, sautant contre le mur pour contourner les deux garçons. Malgré leurs recherches, ils ne parvinrent pas à la localiser.

Tandis qu'ils remontaient au Palais, ils réalisèrent qu'ils étaient suivi. La créature marchait derrière eux, à bonne distance, sans jamais se laisser distancer. Mais quand ils s'arrêtaient, elle n'approchait pas davantage. Finalement, ils durent abandonner leur tentative pour la capturer et rentrèrent dormir.

Deux jours plus tard, la créature s'invita chez celui qu'elle avait choisi, en passant par la fenêtre. Elle lui fit dès lors des visites régulières, jusqu'à ce qu'elle se sente suffisamment en confiance et qu'elle s'installe définitivement.

[Jerem, tu as donc à présent un genre de félin modifié (quelque part entre le gros chat et le petit lynx). Tu ne sais pas trop s'il a des pouvoirs étranges ou pas. Il s'arrange pour se nourrir seul (en général des corneilles et des lapins) et passe ses journées dans ta chambre ou avec toi, si tu n'es pas en cours. La nuit, par contre, il est souvent absent.]

RP CLOS

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Haven / Re : Convenances (sans convens)
« le: 25 avril 2020, 21:48:36 »
Une marque plus tard....


Liselle, ménestrelle

Liselle était ce qu'on pouvait appeler une amie en or. Malgré l'absurdité de la situation, elle décida d'aider Ronan à se sortir du pétrin où il avait joyeusement mis les pieds. Elle n'était pas prête à voir son meilleur ami se ridiculiser en public, alors elle prit les mesures nécessaires pour le protéger. Et tant pis s'il lui en voulait par la suite.

Pendant des années, Liselle avait souffert d'un trac énorme avant de monter sur scène. Rien n'y faisait ni les exercices de respiration ni sa préparation, elle était terrifiée avant chaque concert. À court d'idées, elle était allée voir un Guérisseur qui lui avait fourni une teinture d'herbes relaxantes. Le dosage était très faible, car le but était de la calmer, pas de la faire dormir. Le produit avait fait des miracles. Par la suite, l'expérience aidant, elle avait finalement appris à calmer ses nerfs. Et si elle n'utilisait plus ladite teinture depuis des années, elle en avait toujours un petit flacon sur elle. C'était bien utile pour s'endormir dans une auberge bondée. Ou pour assommer un Barde rival.

Après avoir fait le tour des convives, Liselle eut la difficile tâche de choisir le thème. Et, ironiquement, celui qui plut le plus à la foule fut celui de l'amitié. Elle se réjouissait presque d'entendre la création des deux Bardes sur le sujet.



PNJ: Liselle, ménestrelle

PNJ: Firen, Barde

PNJ: Ronan, Barde

Après plusieurs morceaux propices à la danse, l'orchestre se tut. Les gens, instinctivement, s'approchèrent de l'estrade. Ronan et Firen prirent place de part et d'autre de Liselle, prêts à en découdre. Trois chaises avaient été installées, pour permettre aux participants et à l'arbitre de l'asseoir s'ils en ressentaient le besoin.

Liselle les avait avertis du thème une demi-marque plus tôt, pour leur laisser le temps de se préparer et de réfléchir un peu au sujet. Elle espérait que Ronan ne se ferait pas trop ridiculiser par Firen. Tout talentueux qu'il était, Firen avait des années expériences derrière lui. Et ce serait particulièrement dur pour Ronan de perdre la face devant l'homme qu'il aimait.

Le silence se fit dans la foule et l'orchestre entama un air plutôt connu, sur lequel il était simple d'improviser des paroles et des contre-chants. Liselle avait tiré à pile ou face et c'était à Ronan de commencer. Il se leva, Firen resta assis.

L'Amitié est un bien grand mot,
Souvent je n'ose le convoquer
De crainte de le galvauder.
Je l'avoue: il m'effraie bien trop!

Et tous n'ont pas mes réticences
On se pare de ses couleurs,
On se drape de sa grandeur,
On l'utilise sans nuances.



Ronan était plutôt satisfait de son introduction. Commencer lui avait permis de choisir un angle précis pour aborder le thème. Il attendait de voir ce que Firen lui répondrait.


Mais un mot n'a d'existence
Que par ceux qui en font usage.
Qu'importe ce qu'en dit le sage,
Le Poète mène la danse.

Une amitié signifiera
Amour inavoué pour l'un
Pour l'autre rêves en commun
Pour le dernier rire aux éclats.



Firen s'amusait visiblement beaucoup. Il offrait au public son sourire éclatant et il savait que celui-ci le lui rendait bien. Il ne put retenir un petit coup d'œil méprisant vers Ronan.

Impossible alors de s'y fier
S'il n'a que le sens qu'on lui donne!
Si à chaque fois, je tâtonne,
J'hésite, quel temps gaspillé!

Es-tu l'ami qui crois m'aimer,
Et qui me voudra dans sa couche?
Es-tu celui que rien ne touche
Et qui voudra m'utiliser?



Ronan savait qu'il avait mieux fait sur le fond, cette fois. Et la forme était plutôt bonne, même si on sentait qu'il préférait les phrases simples aux déclarations grandiloquentes.

Je suis l'ami que tu désires,
Quand au cœur de la nuit tu pleures,
Délaissé par ton beau-parleur,
Qui préfère un autre avenir.

Qu'importe le sens que tu prêtes
À ce mot tellement précieux
Je te promet devant les Dieux,
Que je serai ton interprète.



Ronan lança un regard sidéré à Firen. Celui-ci l'avait donc démasqué. Ces dernières paroles ne laissaient plus place au moindre doute. Et il se permettait même de lui faire des avances? Avait-il perdu l'esprit? Sur la fin, d'ailleurs, l'élocution de Firen s'était faite plus brouillonne et il était arrivé en retard sur l'accord.

Nul doute que tu sais fort bien,
Comprendre ce que tu désires,
Dans les silences et les soupirs
D'amis que tu espères tiens.

Moi, je préfère m'annoncer
Comme l'ami de quelques-uns
Comme le copain de certains,
L'amant de
(il s'interrompit et sourit.)... non, restons muets!



Plutôt fier de sa conclusion, Ronan adressa un sourire ravi à la foule. *Vas-y Firen... fais mieux que ça!*

Mais Firen ne chanta pas. L'accompagnement continua quelques mesures puis les instruments se turent.

«Euh?»

Firen était resté assis. Sa position, à bien y regarder, était étrange. Comme s'il s'était endormi. Liselle s'approcha de lui et le secoua, puis elle se tourna vers la foule, un peu inquiète.

«Il semblerait que Firen ait fait un petit malaise. La chaleur sans doute. Y a-t-il un Guérisseur dans la salle?»

«J'espère que ce n'est pas grave!»

 Ronan n'était pas vraiment inquiet, mais il ne souhaitait pas non plus à Firen d'être gravement atteint.

Puis il s'inclina en direction de la foule.

«Eh bien... un duel contre un Barde évanoui n'ayant pas grand intérêt, je pense qu'il serait plus adéquat d'arrêter. Arbitre?»

«Oui, décrétons un match nul pour ce soir! Orchestre, reprenez s'il vous plaît.»

L'orchestre entama une valse. Liselle fut rapidement rejointe par une jeune femme enceinte, qui se déclara Guérisseuse. Pendant que celle-ci auscultait Firen, Liselle prit Ronan à part.

«C'est le moment de t'éclipser. Et vite! File, on se voit demain!»

Ronan lança un regard inquiet vers la foule.

«Tu as raison. Merci encore... tu es vraiment la meilleure des amies.»

«Je sais... allez, du balai!»

Ronan lui donna un baiser sonore sur la joue, ramassa ses instruments et s'arrangea pour disparaître au plus vite. Maintenant que l'excitation était retombée, il se sentait particulièrement idiot.

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Compte des blessures:

Tristan: une côte brisée
Eryk: blessure au flan
Fitz: blessure de lance l’épaule

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Héraut Alyss

Alyss avait déjà trop chaud. Elle était habituée à la vie au grand air, au froid et au vent; or il faisait très chaud dans la pièce, selon ses standards. Elle reposa la tasse de bouillon et entrouvrit un peu le col de sa tunique.

«Je dois avouer que je m'étais plus inquiété des problèmes légaux que cela posait. Et aussi, peut-être, de la mauvaise image que cela donne du pouvoir dans ces régions reculées. La guerre et ce qui va autour, ce n'est clairement pas mon rayon. Bouseuse j'étais, bouseuse je resterai.»

Elle avait évidemment suivi les cours obligatoires de stratégie pendant ses études. Mais il avait été très clair, dès le départ, qu'Alyss ne ferait pas carrière. Elle se débrouillait raisonnablement avec une épée, suffisamment pour protéger sa vie, mais elle n'avait pas la fibre martiale. Malgré ses airs revêches et son ton parfois sec, elle aimait le contact avec les gens, l'ambiance des villages, l'exotisme de certains coins reculés.

Tristan lui annonça le nom de l'Élue de Jorel - Krys n'avait pas pris cette peine - et Alyss dut fouiller dans sa mémoire pour tenter de se rappeler son visage. Non, rien à faire. Elles ne s'étaient jamais rencontrées.

«Ça lui fera sans doute du bien de se faire chouchouter par la dame des lieux, à cette petite. Elle n'a sans doute pas souvent l'occasion de goûter à la vraie hospitalité. Ça se perd, je crois.»

Même si elle-même ne passait que très rarement la nuit dans un relais, elle savait qu'il n'en allait pas de même pour les autres. Mais les paysans reconnaissaient en elle une des leurs, malgré les années et l'éducation du Collegium. Elle savait parler des bêtes et de la terre, elle connaissait le quotidien des gens de la terre, elle savait l'importance qu'ils avaient pour tout le pays. Ce qui expliquait l'empressement qu'on mettait à lui proposer une paillasse près du feu ou dans la grange, parfois même un vrai lit.

Alyss était certaine d'intéresser Tristan en lui parlant de son aimé. Et en effet, son visage s'éclairait alors qu'il lui donnait des nouvelles.

«J'espère pour lui que cela continuera ainsi. Malgré tout, nous avons déjà perdu trop de gens. Des Hérauts, des soldats... même de simples pâtres qui n'avaient pas conscience qu'ils pouvaient représenter une cible...»

Enfin, la nouvelle venue arriva et Alyss lui fit un signe de la main.

«Bonjour Enora. Je ne pense pas que l'on se soit déjà rencontrées. Je ne suis jamais à Haven et je suis sûre de ne jamais t'avoir vu dans mon secteur.»

Enfin, Jimmy arriva avec ses sacoches de selle. Alyss profita de l'occasion de se lever - elle trouvait le tabouret très inconfortable - et reprit ses affaires des mains de l'adolescent. Il les avait visiblement séchées. Quel brave garçon!

Elle sortit l'étui rond de cuir épais qui contenait tous les rouleaux de ses jugements récents.

«Tiens. Amuse-toi bien.»

44

Héraut Alyss

Tristan la rejoignit dans la pièce à vivre. Alyss n'osa cependant pas se lever; la maîtresse de maison la surveillait du coin de l'œil et ne tolérerait sans doute pas qu'elle quitte le tabouret où on l'avait installée.

«Mmhh, normalement les nouvelles devraient arriver. Elles étaient dans mes sacoches de selle, lesquelles, je crois, sont dans les mains de l'adolescent qui s'occupe de l'écurie.» Elle soupira et but un peu de bouillon.«Mais pour résumer, je dirais qu'il ne se passe pas grand chose sortant de l'ordinaire, sauf quand il y a des soldats dans le coin, vu qu'ils ont une certaine propension à se croire tout permis. J'ai eu des plaintes, dont une petite partie était réellement légitime.»

Elle avait de tous les rapports de jugement dans ses sacoches, de toute manière. Ils seraient toujours plus précis que ses souvenirs, même si elle avait une très bonne mémoire.

: Jorel et son Élue arrivent.:
: Ah? Merci pour l'information. :


«Je ne savais pas que tu attendais encore quelqu'un. Encore un peu, et on pourrait se croire de retour à Haven.»

Le tout était dit du ton très pince-sans-rire qui faisait la réputation d'Alyss.

«Et toi? Pas trop perturbé de devoir vivre chez l'habitant? Et comment va Hayden?»

Alyss avait bien conscience à quelle point leur relation était importante pour Tristan. Elle-même n'avait jamais éprouvé grand intérêt aux affaires de cœur. Elle avait bien eu amoureux, à l'époque où elle était Grise, mais elle s'était rapidement rendue compte qu'elle n'éprouvait pas les sentiments attendus et avait vite rompu. Depuis, elle était seule, ce qui lui convenait parfaitement.

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Haven / Re : Convenances (sans convens)
« le: 18 avril 2020, 17:59:22 »

Liselle, ménestrelle

Du côté de l'orchestre, tout se passait bien. Liselle était ravie de l'ensemble qu'elle était parvenue à mettre sur pied. Seul bémol, le luthiste semblait parfois oublié qu'il n'était pas seul sur scène s'emportait, en entraînant les autres musiciens. Heureusement pour tout le monde, personne à part un musicien très entraîné n'aurait pu remarquer la chose. Liselle profita néanmoins d'une pause entre deux airs pour aller le rappeler à l'ordre.

«Je te rappelle que j'ai accepté que tu viennes à la condition que tu restes à ta place...»
«Je sais, Liselle. Mais tu sais, ce n'est vraiment pas évident de contenir... mes élans. Je fais de mon mieux...»
«Je le sais, Ronan... mais fais attention. Et si c'est trop fatigant, fais une pause, et nous jouerons des airs où ton instrument ne manquera pas de trop.»
«Non, non, je vais... me contenir.»
«Ok... je te fais confiance, alors.»

Les autres musiciens étaient de retour, la musique allait bientôt reprendre.



PNJ: Firen, Barde

Firen avait été très vexé de ne pas être invité au mariage de Micha. N'avait-il pas été le Barde de la famille de Girier jusqu'à ce que ce petit poseur de Raimon d'Armentières intrigue pour l'éloigner? Il n'avait aucune preuve, mais il était persuadé que c'était cet arriviste d'Yvelin qui avait manigancé pour l'évincer. En vain, vu qu'il n'avait pas été engagé par la famille de Girier. Ce qui n'avait absolument pas surpris Firen. Yvelin était un Barde médiocre. Certes, ses petites ritournelles étaient intéressantes, mais son goût pour la musique surannée était le signe d'un manque de sophistication flagrant. Et franchement, même avec beaucoup d'imagination, il ne parvenait pas à comprendre que quiconque puisse vouloir coucher avec lui. Il avait de beaux yeux, mais pour le reste...

Il avait bien tenté de faire courir quelques rumeurs déplaisantes sur le jeune Barde, mais celui-ci semblait toujours avoir une longueur d'avance sur lui. Quand il avait essayé de le faire passer pour un arriviste prêt à tout pour se faire une place au soleil, on disait déjà partout qu'il était le Barde préféré des vieilles bourgeoises un peu esseulées. Et personne ne semblait intéressé par des ragots sur sa sexualité. Yvelin, dans l'esprit de la plupart, était un être asexué qui ne vivait que pour sa musique.

Firen avait donc abandonné le combat, pour un temps. Et dès l'annonce du mariage, il avait réfléchi à un plan pour ridiculiser Micha et Yvelin. Il savait que ce dernier était en charge de la musique du mariage. Il l'avait observé fouiller les partitions avec la jolie ménestrelle qui lui servait toujours de laquais. Il comptait bien dévoiler sa médiocrité sur la place publique! Quant à Micha... ce serait amusant.

Firen se joignit aux convives alors que le bal battait son plein. Il avait pris soin d'éviter soigneusement les membres de la famille de Girier et s'était avancé jusqu'à l'orchestre. Quelle déception se fut pour lui de réaliser qu'Yvelin n'était pas là, que c'était cette petite poseuse de Liselle, avec un ensemble de ménestrels bouseux, qui animaient le bal. Humilier Yvelin n'était donc plus d'actualité, mais sa meilleure amie ferait l'affaire.

L'orchestre fit une pause. Parfait. Il était temps de mettre son plan à exécution. Liselle, en pleine discussion avec un ménestrel blond (*Quels beaux cheveux! Visage intéressant! Je me demande si...*) ne le vit pas approcher et prendre place sur le podium.

« Mes Dames, mes Seigneurs, je voudrais dire quelques mots...» Il offrit aux spectateurs son sourire le plus radieux et le plus charmant. « Ahh... l'Amour! si insaisissable et pourtant si célèbre! Combien de guerres a-t-il provoqué? Combien de jeunes gens a-t-il réjoui? Combien de cœurs a-t-il brisé? Combien de chansons a-t-il inspiré? L'amour, dames et seigneurs, est le sujet de prédilection des musiciens depuis que l'homme sait chanter. C'est un ritournelle connue de tous, et dont les variations sont infinies. Qu'on la pratique en monodie parfaite ou en polyphonie raffinée, agrémentée de contrepoints, de modulations, de doubles, chaque cœur la connait et le reconnait. L'oreille exercée en reconnait les différentes formes : passacailles, chaconnes, musettes, menuets, passepieds, gigues, loures, sarabandes. Mais les cœurs eux se rient de ses différences et dansent dans l'insouciance, mus par l'instinct sûr de celui qui ne doute pas.» Il fit une petite pause dramatique «L'Amour, belles âmes, est ce qui nous rassemble ici. L'amour d'un père ou d'une mère, qui, telle la basse continue, offre à son enfant un foyer solide et aimant où retourner quand, dans ses envolées lyriques, il s'égare au gré des notes. L'amour entre deux amis, deux frères qui, comme le hautbois et le luth, dialoguent en égaux. L'amour enfin entre deux âmes qui nous offre les contrepoints les plus magnifiques, les variations les plus délicieuses, où deux violes se cherchent et s'évitent, où leur mélodie de croisent, se lient, se séparent et finalement créent ensemble la plus belle des musiques. C'est à cet amour que je voudrais rendre hommage.» Il leva son verre. «Puissent vos partitions, Micha et Kateerid, toujours concorder.»

La foule applaudit bruyamment. Firen était persuadé que personne ou presque n'avait compris son discours. Mais sa voix de Barde, chaude et travaillée, ses talents d'orateur, sa beauté, tout cela rendait son discours inoubliable.

«Ceux qui me connaissent savent que je me suis donné pour mission de célébrer l'amour. Aussi, charmé que je le suis  par celui qui unit Micha et Kateerid - une amitié si forte qu'elle a su se défaire de tous les obstacles pour grandir et devenir Amour - je me dois de leur offrir un présent à la hauteur de leur amour. Moi... ou plus précisément, mes talents de Barde! Je leur offre de devenir leur Barde attitré, de consacrer mon talent et mon temps à écrire des musiques à la hauteur de leur couple!»

Des "ooohhh" et des "aaahhh" parcoururent la foule. Comment décliner publiquement une telle offre? C'était impossible. Pas sans faire de scandale. Pas sans révéler pourquoi ils refusaient son cadeau. S'ils essayaient, Firen comptait bien révéler les petits secrets de Micha.




PNJ: Ronan, Ménestrel (?)

Ronan s'était senti mortifié quand il avait réalisé qu'au cours d'un ou deux morceaux, il s'était laissé aller. Il jouait un jeu très dangereux et le moindre faux pas pourrait le révéler aux yeux de tous. Or, s'il ne regrettait pas d'être venu, il ne voulait pas mettre Liselle dans l'embarras. Pas après qu'elle ait si gentiment accepté son offre.

Liselle ne tarda pas à venir lui remonter les bretelles. Et il le méritait. Il lui promit de faire attention. Il s'apprêtait à reprendre sa place quand une voix forte se fit entendre derrière lui.

Firen! De quel droit osait-il s'inviter à ce mariage!

Ronan l'écouta, chaque minute plus consterné par le discours du Barde. Il lança à Liselle un regard paniqué. Jamais il ne pourrait égaler une telle éloquence...

Et le cadeau de Firen qui était en fait un piège. Comment les mariés pourraient-ils se sortir de là? Ce serait une véritable offense à la bienséance s'ils refusaient. Et s'ils le limogeaient par la suite, quel scandale cela provoquerait!

Il devait faire quelque chose. Mais quoi?

«Quel magnifique cadeau!»

Il avait le cœur au bord des lèvres, mais sa voix, parfaitement habituée à fonctionner même enrouée par un trac profond, résonna parfaitement.

«C'est que vous m'avez pris de vitesse, noble Barde, je comptais moi-même offrir mes services aux mariés dès que l'occasion se présenterait!»

Ce qui était un énorme mensonge. Il était là incognito et il prenait un risque inconsidéré en attirant l'attention sur lui. Heureusement, à cette distance, personne ne pourrait l'identifier.

«Toi?» Le ton était un rien méprisant, amusé surtout. «Ménestrel, je crois que tu présumes de tes droits.»

«Ménestrel? Je suis Barde, et je peux le prouver.» Il se tourna vers la foule. « L'agilité de ma langue ne saurait tenir la comparaison avec celle de messire Firen. Je ne suis qu'un jeune Barde qui souhaitait offrir ses talents, certes moins renommés mais non moins nombreux, aux mariés. Je ne ferai aucun grand discours sur l'amour, car, à mes yeux, l'amour se passe de belles déclarations. L'amour se niche dans les mots du quotidien, dans les gestes partagés, dans les sourires, les silences, on l'entend dans le bruit des draps froissés, on le perçoit dans la douce odeur d'une gaufre chaude, on l'effleure sur les motifs d'une tunique...» Il laissa mourir sa voix. Et il réalisa subitement qu'en parlant avec son cœur, il en avait trop dit sur lui-même. Il se força à ignorer le regard que son amant lui lançait forcément et continua. «Je ne pense pas que l'amour mérite des mots savants ni des mélodies sophistiquées. La mélodie de l'amour est aussi douce et simple que le bruit de la pluie dans la gouttière, que le murmure du vent dans l'herbe, que le chant des insectes dans les prés. L'amour n'a nul besoin de hérauts, car il arrive partout inopinément, prenant jeunes et moins jeunes, hommes et femmes par surprise. Il porte en lui-même sa propre histoire, ses propres aventures, et les raconter, c'est risquer de le priver de son aura de magie.» Il adressa un sourire radieux à la foule. «Non, bonnes âmes, un Barde est inutile pour parler d'amour, car vous avez tous, au fond de vous, la plume pour coucher ses mots.» Il se tourna vers le couple fraîchement marié, mais regarda au-dessus d'eux. «Je ne promets nul récit épique pour raconter votre amour, nulle saga pour porter votre légende. Je vous offre le chant de la vie, du quotidien, de l'amour du travail bien fait, de la peur, de la peine, des enfants qui naissent et grandissent, des aînés qui vieillissent et se fanent. Je vous offre un air pour chaque étape de votre vie, une mélodie pour chaque rêve, une danse pour chaque réjouissance.»

Le silence se fit dans la foule. Puis quelqu'un commença à applaudir, et tous suivirent le mouvement. Ronan s'inclina, peinant à cacher l'immense sourire qui s'étalait sur son visage.

*Prends ça, Firen!*

Liselle s'avança et fit taire la foule.

«Serait-ce un défi que vous lancez, Barde Ronan?» Il acquiescça. « Un défi de Bardes a été lancé, Firen, vous êtes tenus de de le relever sous peine de perdre la face.» Firen fit signe qu'il acceptait. «Je tiendrai lieu d'arbitre impartial et je choisirai les modalités du duel.» Elle réfléchit quelques instants. «Mais puisque nous sommes à un mariage, et qu'il s'agit de rester dans un esprit festif, je laisserai la foule décider du thème sur lequel vous vous opposerez. Je vous donnerai un thème musical et chacun à tour de rôle devra proposer un couplet. Si la première chanson ne devait ne pas être suffisante pour vous départager, une seconde épreuve, consistant en une improvisation sur un air connu, sera organisée.» Elle se tourna versa la foule. «Je passerai parmi vous pour prendre notre de vos idées de thèmes, et la plus populaire serait utilisée pour le défi.»

Elle fit signe à l'orchestre de reprendre et tira Ronan à l'écart.

«Tu es complètement fou! D'accord, tu arrives à parler en contrefaisant ta voix, mais chanter?!?!»

«Je ne pouvais pas le laisser faire ça! Et les gens ne voient que ce qui les arrange. En plus, je t'assure qu'il ne dira rien, s'il m'a reconnu.»

«D'une certaine manière, tu es encore plus cinglé que Firen!»

[ Merci de préciser le thème que vous donnez à Liselle lors de votre prochain post.]

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