Lorsque le Capitaine lui demanda de procéder en premier à l'interrogatoire, Kalaïd n'eut pas un mot. Il ne répondit que par un très léger signe de la tête. Mouvement qui étant donné l'obscurité environnante, avait probablement échappé aux membres de la famille DeFeriel réunis dans la pièce...
Après quelques instants, la voix du jeune Lieutenant s'éleva depuis l'obscurité, alors qu'il commençait lentement à se déplacer autour d'eux, laissant de temps à autre la pointe de sa lame gratter très légèrement le sol.
- Si cela ne tenait qu'à moi, je ne vous poserai pas de question comme vous vous en doutez..., commença-t-il d'une voix suave, alors qu'il contournait les poteaux de la pièce.
Le jeune Lieutenant prenait grand soin de rester dans l'obscurité.
- … pour quoi faire ? Quelle utilité de poser des questions dont nous connaissons tous les réponses... Ce n'est plus un faisceau de présomptions que nous avons contre vous, mais un monceau de preuves...
Il poursuivait son petit tour, se rapprochant lentement de sa cible, au centre de la pièce, évitant toujours soigneusement les zones de lumière. Les DeFeriel commençaient à tourner la tête de tous côtés, se demandant probablement à quoi jouait le lieutenant.
-... Mais puisque ce n'est pas à moi d'en décider, je vais quand même vous interroger. Après tout, à quoi servirait un enchantement de vérité, s'il ne recueil que vous cris... Néanmoins, j'aimerai assez les entendre moi, et apprécierai également que vous conserviez un petit souvenir de ce moment, ce qui ne me semble pas incompatible avec la mission qui est la mienne...
A l'annonce de ce dernier mot, les observateurs ne virent que la lueur de la lame de Kalaïd qui fendait l'air. Une balafre très fine apparut sur la joue de monsieur DeFeriel, à peine plus large qu'un cheveux, et mesurant seulement quelques centimètres de longueur...
Attendant quelques instants que l'homme ait repris son souffle après son propre cri, le Lieutenant repris.
- … Allons allons, ce n'est qu'un échauffement... Des vocalises en somme... Voici donc ma première question. Hum... Au préalable, quand bien même vous diriez la vérité, je dois vous prévenir que vous recevrez une de ces cicatrices à chaque fois qu'une de vos réponses, même vrai, ne me plaira pas. Alors... Avez-vous, oui ou non, orchestré l'enlèvement de la famille royale ?
Alors qu'il posait cette première question, Kalaïd sortit légèrement la tête de l'ombre, afin que tous puissent voir son regard. Le regard avide d'un homme qui est tiraillé entre deux choses. D'un côté, son hardant désire de vérité, son sens du devoir qui lui commande de découvrir de manière certaine les insidieux auteurs de ce complot. Et de l'autre côté, sa soif de vengeance, celle d'un homme qui voit la plus haute autorité de l'état qu'il sert avec passion mise en péril par la cupidité et l'ambition destructrice d'une famille bourgeoise... En d'autres termes, d'un côté la volonté de leur faire cracher le morceau, et de l'autre la volonté de les faire passer par le fil de son épée...