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Pluiechantante:
Fin de la 4e décade 1781 - appartements de Beltran

Pluiechantante hésitait depuis plusieurs jours à aller voir le père de Liane, Beltran. Elle s’interrogeait sur le comportement de cet homme vis-à-vis de sa fille, sur ce qui avait motivé le choix de garder sa paternité secrète. Liane lui avait dit qu’il n’aimait pas qu’on l’interroge à ce sujet, mais Pluie estimait que cette réticence ne pouvait s’appliquer à elle. Après tout, elle s’occupait énormément de la fillette. Et en plus, elle avait l’impression que le Commandant était trop rigide sur le sujet. Elle comprenait que l’attaque dont la fillette avait été la victime l’avait effrayé. Mais ce n’était pas en refusant sa paternité que le danger allait passer.

C’était donc une Pluiechantante certaine d’être dans son bon droit qui se présenta devant les appartements de Beltran. Elle était certaine qu’il était chez lui, elle avait demandé aux domestiques. Elle frappa avec énergie contre la porte et attendit à peine qu’on vienne lui ouvrir pour saluer énergiquement et entrer dans la pièce. Elle n’avait encore pas tout à fait intégré les normes valdemaranes de bienséance.

« Bonjour! Non… Bonsoir. Je suis Pluiechantante. Je. m’occupe. de. Liane. Je. voudrais. parler. de. Viveplume. Non... de Liane.»

Elle prit le temps de construire chaque phrase et d’articuler clairement.

Beltran:
Beltran s'usait les yeux sur un rapport écrit en pattes de mouche. S'il y avait une chose qu'il ne pouvait reprocher à Wylan, son cousin, et son réseau d'espions, c'était l'utilité de leurs rapports. Mais outre la précision, l'écriture comptait aussi, nom d'une Déesse! Beltran se força à penser que l'auteur avait dû être pressé par le temps ou par un quelconque problème (une horde de mages noirs en colère frappant à sa porte par exemple...)

En parlant de frapper à la porte, quelqu'un ne se gêna pas pour faire résonner le bois solide de la porte. A la fois dérangé en plein travail et soulagé d'abandonner les vagues lignes de son parchemin, Beltran ne mit guère de temps à aller ouvrir. Il eut à peine ouvert le battant qu'une femme s'engouffra dans le bureau. Le Capitaine n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche qu'elle lui assenait déjà dans un valdemaran compréhensible bien qu'un peu haché et teinté d'un fort accent étranger qu'elle s'occupait de Liane.
La porte se referma comme d'elle-même.

"Bonsoir..."

Silence.

" De Liane. A moi?! Peut-être qu'à sa mère, ça serait plus approprié..."

Horreur. Angoisse.

"Il lui est arrivé quelque chose?!"

Pluiechantante:
Son entrée en force avait alerté le soldat, pour qui, sans doute, tant d'empressement devait signifier une situation grave. Devant l’inquiétude du soldat, elle eut un sourire rassurant. Et rassuré, l’homme semblait réellement craindre qu’il soit arrivé quelque chose à sa fille.

« Non non… il ne faut pas se faire du soucis. Et je vois déjà Riannon, oui. Souvent.»

Elle fit une brève pause pour formuler mentalement ce qu’elle voulait dire.

« Un enfant, c’est pas que une mère. C’est un père aussi. C’est pas seulement Riannon qui doit décider, toi… non, vous aussi. Tu… vous ne savez même pas qui je suis, alors que je prends… soin de Liane presque tous les jours. C’est pas normal pour moi. Je veux savoir qui est son père. Je dois comprendre pour soigner. »

Elle avait fait beaucoup d’efforts pour éviter son habituel charabia. Elle n’était pas certaine d’avoir été très claire.

Elle s’arrêta et avisa les rapports sur le bureau. Il travaillait vraiment tout le temps, cet homme-là. C’était très mauvais, selon l’opinion de Pluiechantante.

« Je veux juste discuter, oui. Mais si tu… non vous êtes trop occupé, je reviendrai. »

En fait, elle espérait qu’il ne la renverrait pas. Maintenant qu’il connaissait sa voix, il pourrait sciemment l’ignorer quand elle reviendrait.

Beltran:
Pour Beltran, l'irruption en pleine soirée d'une inconnue aux oreilles percées de mille trous pour lui parler de sa fille n'était pas ce qu'il appelait un cas de figure habituel, ou même attendu. Dans son esprit fourmillèrent automatiquement cent idées atroces. Sa fille kidnappée, Riannon assassinée et Liane blessée, une nouvelle fois torturée, ... Puis l'homme capta le sourire de Pluiechantante et il se calma. D'ailleurs, elle enchaînait déjà et les nouvelles se suivaient.

Elle s'occupait de Liane. Tous les jours. Elle voyait Riannon. Tous les jours? Mais qui était donc cette femme?
Lentement, les idées s'emboîtèrent dans la tête blonde. Oui, Riannon lui avait parlé d'une étrangère qui encadrait Liane. Car Liane était trop précoce. Beltran n'avait pas pris tout cela au sérieux. Avec lui, la fillette était au summum de la normalité. Oui, bon, elle avait un Don pour se cacher et pour savoir ce que les autres pensaient, surtout quand il s'agissait "des Blancs"... Mais jamais Riannon n'avait mentionné quoi que ce soit de plus inquiétant. Il avait donc pensé que l'étrangère avait du temps à perdre avec les enfants et qu'elle l'aidait simplement à se développer en étant le moins impolie possible.

Mais là, Pluiechantante parlait de "soigner". Beltran fronça de nouveau les sourcils. Il surprit le regard de la Kestra'chern vers son bureau et haussa les épaules d'un air fataliste:

"C'est une histoire compliquée. Je ne suis pas... officiellement son père."  Il approcha un siège et s'installa lui-même sur celui d'à côté: "Mais je peux discuter maintenant. Dans un sens vous avez raison, je suis son père. J'ai du temps pour elle. Allez-y. Que soignez-vous chez elle, plus précisément?"

Il prit soin de bien articuler pour qu'elle puisse distinguer correctement les mots. Autant vous dire qu'il n'en était pas à l'aise pour autant. Son cerveau analysait les faits à toute vitesse, cherchant quel point faible le menaçait - à part qu'une inconnue pleine de plumes en savait plus sur sa fille que lui-même.

Pluiechantante:
Pluiechantante avait réussi à attirer l’attention du soldat. Visiblement, parler de soins avait touché le père en lui.

« Je sais oui. Liane m’a dit. Mais pour moi, c’est ab… absurde. Je croyais qu’ici, sur la colline, les histoires de mariage étaient pas importantes. Ou moins que le bon sens… »

Elle s’installa dans le siège offert.

« C’est débile, cette. idée. d’officiel. Un enfant… a.forcément. un père. Toujours. Mais, ce n’est pas pour ça que je suis là, oui. »

Elle secoua vivement la tête, faisant tinter ses nombreuses boucles d'oreilles et faisant voler les nombreuses parures ornant sa chevelure.

« Je soigne… comment dire… Soigner est pas assez vaste comme mot. Je lui apprends l’eth… éthique déjà. A ne pas se balader dans la tête des gens. Elle ne. doit pas utiliser ses Dons toujours, oui. Mais aussi, j’essaie. de. retrouver. la. lumière. d’enfant. dans. le. coeur. de. Viveplume. Elle a connu beaucoup de souffrances oui. Elle a perdu un peu la légèreté. Et tout le monde est trop sérieux ici. Trop carré. Trop raide pour une enfant comme elle. Je lui apprends aussi... les choses qu'elle doit savoir. Parce que la vraie nourrice aime Liane, mais elle ne sait pas comment elle marche.»

Pluiechantante s’impressionnait elle-même. Elle arrivait presque à parler sans faute! Bon, l’accent n’y était pas, mais elle s’en moquait pas mal.

« Je… mon métier, normalement, c’est Kestra’chern. Tu… vous savez ce que c’est? »

Le vouvoiement n'était décidément pas son fort. C'était tout sauf naturel pour la jeune femme qui venait d'une culture où le tutoiement était la norme.

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