Auteur Sujet: Front commun [Beltran & Mina]  (Lu 1815 fois)

Héraut Irmingarde

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Front commun [Beltran & Mina]
« le: 01 octobre 2016, 14:52:37 »
La version que j'ai aimé imaginé de ce qu'il a pu se passer pendant le saut. Libre interprétation. Ne compte pas EJ

« J’ai le derrière en miette, heureusement qu’on arrive… » gémit Mina.
« J’en connais un qui sera ravi de te masser les fesses ! » répondit Mera.
« Oh, c’est charmant ça Mera, très poétique ! »
« Tu n’y connais rien ma pauvre Mina, ça peut être très romantique une paire de fesses ! »
« … »

Mina n’avait jamais vu de camps militaire. La vue de celui à la frontière de Rethwellan lui arracha une exclamation de franche surprise. On lui avait écrit, mais son imagination, au demeurant assez limitée, n’était pas allée jusque-là.

« Nous avons encore un peu de route, nous allons au centre du camp, près du commandement. J’ai prévenu de notre arrivée. » l'informa sa mentor.

Le jour se couchait lentement et l’humidité de cette fin de printemps s’installait petit à petit. Les soldats commençaient à se rassembler autour des braseros pour les allumer.

« Fait ton boulot de Boute-feu ! » lui souffla joyeusement Mera.

Mina suivit ce conseil et enflamma chaque brasero qu’elle croisait, pour la plus grande joie des soldats qui gagnait ainsi un temps précieux. Certains la regardaient passer avec une légère crainte, ce qui était très nouveau pour la Héraut qui n’avait jamais fait peur à qui que ce soit, d’autres avec un intérêt poli. Plusieurs fois, elle entendit murmurer le nom du Capitaine Beltran après son passage.

Il leur fallut une bonne demi-heure à traverser les interminables allées de tentes, donner des codes, des mots de passe, avant de voir arriver le bout du chemin. Un Héraut les salua et leur donna, avec un sourire en coin adressé surtout à Irmingarde, les tentes qu’elles devaient monter elle-même. Quand Mera déplia la sienne pour l’observer, elle lâcha un sifflement satisfait et railleur :

« Je savais qu’avoir pour pupille la chérie du grand chef serait un plus ! «
« Hein ?! » répondit Mina, qui dépliait la sienne.
« Tu te rends pas compte, c’est ta première guerre, mais en général, les derniers arrivés récolent les tentes qui restent, trouées, moisies... Ors, celles que l’on a sont en super état, et ça, c’est grâce à toi. »
« Je crois qu’on a de la chance surtout. » tempéra Mina.
« De la chance ? T’as pas vu la tête du Héraut Garig quand il nous les a données ? «
« Si tu le dis… »
« Allez va, occupons-nous de monter ça, puis de nos Compagnons et allons-nous présenter à qui de droit ! »

Mera, de par son passé mercenaire, était ici dans son élément. Elle monta sa tente en deux temps trois mouvements, et aida Mina dont la débrouillardise ne valait pas l’expérience de sa mentor. Les tentes étaient en effet en très bon état. Ce n’était pas le grand luxe mais en temps de guerre, c’était très appréciable. Leurs Compagnons furent bouchonnés rapidement, mais leurs élues n'eurent pas vraiment le temps de se rendre plus présentable qu'un officier déjà se présentait.
Mina lui sourit franchement, elle le connaissait, c'était Kalaïd. Il leur demanda de le suivre jusqu'à la tente de commandement où elles étaient attendues pour transmettre les informations en leur possession.
On parlait ici d'informations orales. En effet, elles n’étaient pas des flèches à proprement parlé, à devoir parcourir le pays à vitesse de Compagnon pour remettre des missives, mais elles avaient récolté un certain nombre d'information sur la route qui pourraient peut-être être utiles.

Elles suivirent donc Kalaïd dans le dédale de tentes, et Mera salua plusieurs Hérauts qu'elle nomma pour Mina, afin que sa pupille sache les reconnaître au besoin. Ceux qui possédaient la Parole par l'Esprit échangèrent également quelques paroles mentales de politesse, afin que Mina connaisse aussi leur voix mentale.
Elles n'étaient pas loin de leur destination, et un comité les attendait devant la tente la plus grande du camp. Le Maréchal, quelques officiers, plusieurs nobles, et Beltran, en tenue militaire officielle.
Cela lui fit un coup au cœur de la voir après presque une saison d'absence. En effet, il était reparti au front après seulement quelques décades de repos, pendant lesquelles ils s'étaient souvent vu. Le Capitaine n'avait même pas eu l'occasion de voir Mina revêtir le Blanc pour la première fois. Ce qui n'était peut-être pas une mauvaise chose, vu la nature de sa mission de probation, Mina avait deviné à quel point l'idée de la savoir au front déplaisait à Beltran.

Cela ne servait à rien de faire semblant, et Beltran n'essaya pas. Toutes les personnes présentes s'étaient saluées d'un signe de tête poli, mais il lui réserva un accueil légèrement différent. Il la regarda de haut en bas, dans sa tenue blanche, puis attrapa sa main afin de la lui baiser avec bien plus d'intensité que la normale, plongeant ses yeux dans les siens, Courageusement, car il lui fallait du courage pour le faire devant tant de regard curieux, elle lui sourit, et enfin, ils rentrèrent tous dans la tente.
Mera s'installa autour de la table, et Mina se mit légèrement en retrait derrière elle, yeux et oreilles ouvertes pour apprendre de son mentor. Celle-ci parla des informations qu'elles avaient eu le long de la route, comme le nombre de paysan partis rejoindre le front et qui grossiraient bientôt les rangs, certaines rumeurs, certaines rencontres... Elle enjoignit Mina à prendre la parole de temps en temps, ce que fit celle-ci, peu rassurée mais sans le montrer toutefois.
Puis ce furent à elle d'écouter la situation sur le front, les batailles, les avancées, les prévisions... et enfin ce qu'on attendait qu'elles. Alors que c'était Beltran qui avait essentiellement parlé jusque-là, Mina vit bien qu'il laissa volontairement au Maréchal cette partie-là, et elle vit aussi combien il prenait sur lui pour écouter avec un apparent détachement ce que seraient amenées à faire Mera et elle.

Ces comptes-rendus durèrent une petite heure, entrecoupés par un repas frugal, après quoi, chacun fut autorisé à rejoindre sa tente pour y dormir. En sortant de la tente, Beltran l'attendait et l'attira un peu à l'écart. Il était si près d'elle, et devant un tel public, Mina ne pouvait certainement pas le toucher, même si elle en mourrait d'envie.

« Tu restes avec moi ? » lui proposa-t-il très simplement.
« Et bien... » répondit prudemment Mina, « je vais aller me rafraîchir un peu, j'ai une journée de voyage dans les jambes, et je te rejoindrai oui. Où est ta tente ? »

D'un geste du menton, il lui désigna la plus grande des tentes, après celle du commandement, juste à côté. Mina sourit et secoua la tête.

« Bien sûr... On cas où nous aurions voulu passer inaperçu... » soupira-t-elle avec sarcasme et une pointe de fatalisme. « Je serais là d'ici une heure je pense.»

Mera les rejoint à cet instant, peu soucieuse d'interrompre un échange privé et prit le bras de Mina,

« Bon, c'est pas tout ça mais nous allons aller finir notre installation, et Mina reviendra roucouler ! »

Beltran lui lança un regard surpris et Mera lui sourit.

« Merci pour les tentes Capitaine Beltran, nous apprécions le geste. »

Il opina du chef et répondit simplement :

« Ce n'est rien. »

Les deux Hérauts repartirent donc à leur tente et achevèrent d'installer le peu d'affaires qu'elles avaient pris avec elle. Puis Mina partit puiser de l'eau dans le ruisseau proche pour se rafraîchir, et passa un uniforme propre, sous le rire gras de Mera :

« Je vois pas pourquoi tu t'embêtes à en changer, puisqu'il va te l'enlever ! »
« Mera... » s'offusqua Irmingarde en s'emmêlant dans une manche,
« Quoi, j'ai pas raison peut-être ? Je sais qu'il a l'air plan plan le Beltran, mais tu vas pas me faire croire que vous allez passer la nuit à lire des rapports ! »
« Mais merde Mera, on fait ce qu'on veut, c'est privé ! »
« Non ma belle, ça ne l'est pas déjà à Haven, alors ici... »

Mina ne répondit rien, occupé à achever de s'habiller et gardant un silence commode,

« Tu sais Mina, c'est la guerre, et ta probation. Je crois pas que tu auras en plus de ça l'énergie, et même le luxe, de faire ta timide et ne pas assumer cette histoire en public. »
« Je l’assume, j’estime seulement que ma vie très privée ne regarde que moi. Tu veux pas non plus que je te raconte en détails mes nuits avec Beltran ! »
« Je serai curieuse de savoir… »
« Tu peux rêver ! Je te l'ai déjà dit. »

Sur cette réponse, Irmingarde prit le chemin des quartiers de Beltran. Elle essaya d’ignorer le coup d’œil amusé que se lancèrent deux gardes en faction devant la tente et pénétra à l’intérieur. La tente était vaste, une table occupait son centre, recouverte de papier en tout genre, et une chaise était poussée en dessous. Près de l’entrée, un râtelier. A gauche, un vaste lit une place fait au carré. A droite, un fauteuil sur lequel un livre ouvert était abandonné, sa méridienne de travers en face. Au fond, un paravent cachant une petite baignoire légère, et au sol, deux malles fermées.

« Ashkee »

Mina sursauta et se tourna vers Beltran qui venait de rentrer dans sa tente. Son visage s’illumina en la regardant, et elle ne put s’empêcher de rougir.

« Tes hommes m’ont laissé entrer alors que tu n’es pas là ? »
« J’ai donné l’ordre qu’on ne t’interdise jamais mes quartiers personnels. Et celui de ne pas me déranger ce soir. »
« Ah... C’est pour ça qu’il m’ont regardé comme ça… »
« Je m’en moque. »

Il effaça la distance entre eux et attrapa son visage. Pendant de longues secondes, il la regarda puis enfin posa ses lèvres sur les siennes. Le baiser qu’ils échangèrent fut profond, presque violent. Il laissa Mina à bout de souffle.
Puis Beltran s'éloigna à grand pas vers son fauteuil dont il délogea le livre en l'envoyant voler en direction du lit, et se laissa tomber dedans en grognant :

« Ne t'y trompe pas Mina, je ne suis pas du tout heureux de te voir ici. »

Irmingarde s'approcha et poussa devant le fauteuil la méridienne sur laquelle elle s'assit, puis attrapa ses mains dans les siennes.

« Beltran, tu pensais bien que je n'allais pas rester, en temps de guerre, à Haven ? Pour y faire quoi ? Allumer les feux des cheminées du Palais ? »
« Je n'ai pas dit que c'était logique... »
« Je comprends que cela t'ennuie. »
« M'ennuyer ? Mina, je suis fou d'inquiétude depuis que j'ai appris que tu rejoignais le front ! »
« Je suis une grande fille, et une Héraut maintenant. C'est comme ça. »

L'inéluctable plaisait encore moins au Capitaine, mais il n'avait rien à rajouter. Il courba le dos et posa son front sur leurs mains jointes. Elle dégagea sa main droite et la passa dans ses cheveux.

« Soyons raisonnable et contentons-nous d'être heureux d'être ensemble. »

Il releva son visage et elle lui sourit quand ses yeux bruns croisèrent les siens.

« Désolé, c'est toi la plus mature de nous deux ce soir. »
« J'en suis pas certaine, mais autant ne pas paniquer tous les deux ! »
« Comment ça se passe avec Mera ? J'ai cru comprendre que c'était une ancienne pupille de Wylan ? »
« Oui, et elle a bien appris de lui, je te le garanti ! Je suis jamais tranquille avec elle... »

Beltran grimaça et Mina corrigea :

« C'est pas une mauvaise chose, c'est comme ça que j'apprends le mieux, mais c'est sans répit. »
« La route a été longue depuis Haven ? »
« Assez, mais j'ai eu l'occasion d'apprendre pas mal de chose en route, c'est très instructif. Et Mera est un bon professeur. Par contre je suis moulue.»

Beltran attrapa à nouveau ses mains et tira Mina vers lui avec douceur, lui laissant le choix de rester à sa place si elle le voulait. Il ne la brusquait jamais.
La jeune femme ne se le fit pas dire deux fois et, un peu maladroitement, surtout après tant d'heures de cheval, s'installa, perpendiculairement à lui, sur ses jambes. Elle posa sa tête contre son épaule et sentit le visage du Capitaine s’enfouir dans sa chevelure.
Ils restèrent ainsi quelques minutes dans le silence le plus complet, troublé seulement par leurs respirations respectives.

« Et comment trouves-tu le camp ? » finit par demander Beltran.
« Immense ! Je ne pensais pas que ça puisse être si grand ! »
« Et encore, il va s’agrandir. »
« Ca doit demander une organisation folle.  Tous ces officiers, soldats, volontaires... Sans compter les guérisseurs, les bardes... Et toi qui doit chapeauter tout ça. Je dois dire que je suis impressionnée, Capitaine ! » lui dit Mina avec une pointe d'humour.

Beltran haussa un sourcil surpris, puis un mince sourire fier se dessina sur ses lèvres. Il laissa courir ses doigts le long du bras gauche de Mina en soupirant :

« C'est étrange de te voir en Blanc. »

Mina renversa la tête légèrement en arrière pour voir le visage de Beltran alors qu'il continuait :

« C'est étrange de te voir ici, tout court. »
« Tu n'as jamais amené de femme ici ? » s'étonna Irmingarde.
« Non. »
« Je dois en être honorée ? »
« Tout l'honneur est pour moi », répondit sérieusement Beltran avant de se pencher pour l'embrasser.

Mina bougea légèrement pour mieux avoir accès à ses lèvres, et se faisant, se frotta contre lui d'une telle façon qu'il en lâcha un grognement surpris, mais appréciateur. Le léger sourire qu'il sentit se dessiner sur les lèvres qu'il embrassait lui fit comprendre que la tournure que prenait les événements ne déplaisaient pas à sa compagne.  Sans cesser de l'embrasser, sa main qui caressait son bras s'aventura sur son ventre, et remonta sur ses côtes, passant tout près de sa poitrine. La respiration de Mina s'accéléra et elle rompit le baiser pour lancer un regard angoissé vers l'entrée de la tente.

« Il ne viendront pas nous déranger » la rassura Beltran à nouveau « Sauf gros problème, comme une charge surprise de l'armée adverse, auquel cas nous surprendre dans cette position sera le dernier de nos soucis. »

Irmingarde acquiesça, et Beltran retourna à l'exploration de son corps, se montrant plus hardi dans ses gestes, et tirant à la jeune femme des soupirs satisfaits. Rapidement, il s'attaqua au haut de son uniforme et pesta contre les attaches qui lui résistaient trop longtemps à son goût. Enfin, il réussit à lui retirer, non sans faire rire Mina.

« Partagerais-tu ce qui te fais rire ? » lui demanda Beltran, curieux.
« Oh, une chose que m'a dite Mera... »
« Parce que c'est à elle que tu penses, là maintenant ? »
« Malgré moi ! Elle m'a dit que... ça ne servait à rien que je prenne la peine de changer d'uniforme, puisque tu allais me l'enlever. »
« Voilà de sages paroles. » répondit Beltran. « Et a-t-elle prévu autre chose pour nous ? Que je sache où nous allons... »
« Oh elle... mhh... ne m'oblige pas à te répéter tout ce qu'elle a pu raconter ou imaginer sur... nous, elle est d'une curiosité sans borne. »
« Ah ? »
« Oui elle... sait se montrer très insistante parce qu'elle a du mal à imaginer que tu puisses être un compagnon affectueux et un amant... passionné. »

Sur cette réponse, elle rougit, ce qui amusa beaucoup Beltran.

« Ah parce que tu lui as raconté le détails de nos nuits ? »
« Non, enfin... sous un tel feu nourri de questions, je défis quiconque de pas laisser échapper quelques informations ! Si tu dois arracher des renseignements à un ennemi, demande à Mera, elle est douée ! »

Le Capitaine eut un mince sourire et attrapa soudainement Mina pour la taille afin de la faire pivoter face à lui, à califourchon.

« Assez parlé d'elle. »

Ses mains se mirent alors à caresser très lentement sa peau nue, et effectivement, il n'y eut plus besoin de mot pour se faire comprendre. Avec plaisir, Mina enfoui ses doigts dans la chevelure dense de Beltran, comme elle adorait le faire.
Assez rapidement, le fauteuil se révéla trop étroit pour contenir le couple et leurs retrouvailles charnelles, et Beltran la porta jusqu'à son lit, où il acheva de la déshabiller entièrement, ses propres vêtements le quittant aussi au passage. Ils purent alors se consacrer l'un à l'autre, et Beltran essaya de faire oublier à sa compagne le lieu et le moment. Il y avait un temps pour tout, et la guerre attendrait que le jour se lève.