Valdemar > Arrière-Pays

[Intro Tristan] A l'Ouest, rien de nouveau.

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Héraut Irmingarde:
Vallée des cloches - Ouest de Valdemar - 1er décade d'été 1485

:C'était définitivement étrange d'être sur les routes sans Mera. Elle doit s'ennuyer ferme à Haven. Sais-tu si Shirryl a réussi à tomber enceinte?:
:Oui, tout s'est déroulé comme elle le souhaitait. Mais Mera a de quoi s'amuser. Je te le dirai bien, mais je crois qu'elle préfère te l'annoncer de vive voix. En tout cas ça amuse beaucoup le cercle.:
:Ah? Tu titille ma curiosité:
:Je suis certaine que tu aimeras l'entendre d'elle:
:Ca attendra quelques jours alors je suppose:

Mina laissa passer quelques secondes puis rajouta:

:Et toi?:
:Et moi quoi?:
:Tu n'as jamais eu envie de pouliner?:
:Grands Dieux non. Je suis la plus heureuse depuis que tu as eu ton uniforme et que nous pouvons être sur les routes. Je ne suis pas prête à renoncer à ça, fut-ce pour un poulain.:

Irmingarde lâcha un soupir mental et Ezarel hennit:

:Dois-je te renvoyer la question?:
:Non merci. J'ai bien assez de vie sur lesquelles veiller sans en rajouter. Sans compter Beltran. Je te rappelle que le jour où j'ai enfin baisser la garde, il s'est assuré que rien de fâcheux ne pouvait arriver.:
:Ah... Vous vous êtes bien trouvés. Tristan n'est pas loin. Je sens Eryk :

La region Ouest de Valdemar avait été décimée par des incendies ravageurs, et la situation était telle que Mina y avait été envoyé pour d'un coté réduire les incendies qu'elle arrivait à maîtriser, et allumer des contre incendie pour arrêter les brasiers les plus incontrôlables.
Ca avait été un travail colossal. Mais salutaire. Elle avait beaucoup appris sur la solitude d'un Héraut en mission. Jusque-là, elle avait fait la guerre, entourée d'une armée. Ici elle avait été seule. Et on se sent très seule, quand un mur de flamme vous fonce dessus.

Alors qu'elle devait rentrer à Haven, on lui avait demandé d'escorter le Héraut en charge de la région de l'ouest, Tristan. Elle aurait du le rencontrer avant, mais le Héraut vivait une période difficile qui l'avait relativement coupé de son cercle.
Ezarel lui avait raconté qui il était, et qui il avait perdu lors de la guerre. Et heureux, ou malheureux hasard, Mina était encore celle qui pouvait le mieux parler des derniers instants du Héraut Hayden, puisqu'ils avaient été au front ensemble, et qu'elle avait été en première ligne quand il était mort.

Stoppant ses pensées plutôt moroses, Mina chercha des yeux le Héraut, qu'elle aperçut non loin, sur le début de la route menant à Covey. Elle ne le connaissait pas. De la même génération de Wylan, il était depuis longtemps en fonction quand elle avait été élue.
Tranquillement, elle s'avança:

"Tristan? Enchante, je suis Irmingarde"

Tristan Alzur:
L’heure était à la lumière mais ce matin, au moment de quitter l’ombre familière et réconfortante de sa peine, Tristan fut assailli de doutes…

« Et si je n’étais plus à la hauteur ? Peut-être m’a-t-on remplacé et la personne en charge de mon poste s’en sort à merveille ? Peut-être que je rendrais service au Collegium si je ne revenais jamais… »

Une présence familière cependant le tira de ses cogitations morbides

« Tsss…. C’est bon ? Tu as terminé de te lamenter ?
- Pardon Eryk, c’est ridicule tu as raison…
- La peur et le doute ne sont jamais de bonnes conseillères ! Allez, secoue-toi un peu maintenant ! Je sens que la délégation chargée de nous rejoindre approche ! »

C’était un peu présomptueux de la part d’Eryk car réellement, il ne pouvait encore sentir l’approche du héraut et de son compagnon mais tout était bon pour détourner l’attention de Tristan. Il savait que son héraut avait tendance à se laisser emporter parfois dans des réflexions capilotractées qui ne lui apportaient rien de bon ! Eryk avait appris à le ramener dans l’instant présent à des problèmes concrets pour stopper ses vagues d’idées noires.

« Bien, alors en route, il est temps que je reprenne du service… »

Il voulut rajouter « si j’en suis capable » mais il sentit la réprimande voilée d’Eryk dans son esprit et sourit. Ce simple geste provoqua une sensation de chaleur dans on plexus qui lui fit beaucoup de bien et il ferma les y eux un court instant, inspira profondément pour l’encrer en lui et quitta le bureau de ses appartements.

Tristan n’avait pas beaucoup de bagages, pour ainsi dire aucun. Il était venu se réfugier ici dans l’Ouest dévasté dans un esprit de contradiction sadique… C’est ici qu’il avait grandi et la maison familiale aujourd’hui vide lui offrait un havre de paix pour soigner sa peine. C’était surtout un endroit exempt de souvenirs d’Hayden… Mais il voulait également se rapprocher du front, de la guerre, de l’endroit où l’âme si belle et si noble de son aimé avait été séparée à jamais de son corps qu’il chérissait tout autant…

Symboliquement, il tourna la clef dans la serrure pour fermer la maisonnée et se dirigea dans la cour vers Eryk qui l’attendait. En chemin, il déposa une lettre avec des instructions pour la famille de métayers qui vivaient près de chez lui et dont il employait les services pour entretenir la maison familiale en son absence. Il prit soin de glisser également quelques pièces pour les aider dans cette période difficile…

« Veux-tu que je t’informe de ce qui se passe à Haven ? Ou souhaites-tu savoir qui vient à notre rencontre ?
- Non merci Eryk, je préfère voyager en silence si tu veux bien.
- Hum….. »

Bien que quelque peu mouché par la réponse de son héraut, Eryk avança d’un bon pas tout en respectant presque à contre cœur le souhait de Tristan… Mais soit, bientôt il retrouverait d’autres compagnons et il pourrait se divertir à loisir.

La silhouette argentée du compagnon et de son héraut se fit de plus en plus net et bientôt Tristan reconnu avec certitude un visage féminin gracieux, à la carnation délicieusement halée et à la chevelure sombre. Il fit un effort de mémoire douloureux mais ne réussit pas à se rappeler de la jeune fille… Fouiller dans ses souvenirs étaient encore un exercice difficile pour lui car son cerveau semblait ne vouloir lui remémorer des images d’Hayden, comme s’il avait été le centre de son existence ses 10 dernières années… ce qui, peut-être, n’était pas si faut mais qu’il ne s’en était pas rendu compte…

Le sortant de ses pensées, la jeune femme se présenta. Elle se prénommait Irmingarde et connaissait son nom à lui… Normal après tout si sa mission était de le raccompagner à Haven…

« Bonjour Irmingarde et merci pour votre compagnie. J’espère que vous avez fait bon voyage et que votre mission s’est déroulée sans heurts »

Il voulut en dire plus mais les mots restèrent coincés dans sa gorge car aujourd’hui, se présenter nécessitait pour lui de savoir qui il était et ça, il n’en était plus sûr… Il fit un effort pour sourire tout de même à la jeune femme et tenta de ne pas paraître trop froid… La réaction de son interlocutrice l’informerait sur la réussite ou non de sa première tentative de contact sociale…

Héraut Irmingarde:
Il n'y avait pas à dire, Tristan n'avait pas l'air au meilleur de sa forme. Elle vit bien qu'il ne mettait pas de prénom sur son visage, raison pour laquelle elle se présenta formellement.

"Merci, j'ai voyagé plutôt confortablement, les relais étaient parfaitement entretenu. Quant à ma mission, disons que j'ai eu chaud."

Elle lui fit un mince sourire pour appuyer sa pitoyable tentative d'humour.
C'était vraiment le hasard des affectations qui avait provoqué leur rencontre, car en temps normal, si il avait fallut choisir dans tout le Cercle qui envoyer pour escorter et réconforter un Héraut malheureux, Mina aurait été probablement la dernière choisie. Pour une Boutefeu, elle manquait singulièrement de chaleur humaine. Et elle allait avoir clairement besoin de puiser dans ses réserves plutôt minces de cordialité pour le sortir de sa réserve. Pas qu'elle n'aime pas voyager en silence, mais bon, toute cette route avec un frère de cercle sans vraiment échanger, ce ne serait pas super. Surtout vu l'état dudit Héraut qui transpirait littéralement la mélancolie.
Mais elle avait été seule si longtemps ces dernières décades que parler à un autre humain lui semblait bienvenu.
Elle chercha un sujet de conversation consensuel:

"Je ne connaissais pas bien cette région de Valdemar, je n'y étais passé que rapidement. J'aurai aimé la découvrir dans des conditions moins extrêmes, mais cela reste très joli, et accueillant."

Deux phrases de suite, un exploit !

"Vous êtes originaire d'ici, je crois ? Moi je viens du Sud, c'est très différent."

Et de trois !

Tristan Alzur:
Bien que l’idée de devoir discuter durant tout le trajet du retour avait quelque peu contribuer à repousser son retour, Tristan fut surpris de sentir une sorte de chaleur réconfortante dans cette conversation légère. Un léger sourire se dessina sur le coin droit des lèvres du Héraut et il sentit la tension de ses épaules fondre petit à petit.

La jeune Irmingarde ne donnait pas l’impression d’être une piplette et semblait tout aussi réservée que lui. Tant mieux ! Un point en commun au moins… Quant au trait d’humour sur sa mission, il titilla la curiosité de Tristan :

« Chaud ? C’est-à-dire ? »

Tristan hésita puis décida d’être franc avec la jeune femme. Il détourna le regard sur la route et lui avoua sans passer par quatre chemins :

« Je suis resté reclus depuis la fin de la guerre, à l’écart de bien des événements. Mais cela tu le sais surement déjà… Mon absence, bien que probablement compliquée à gérer en ces temps, fut pour moi nécessaire et salvatrice… Aussi je crois que ce voyage à tes côtés va me permettre de me reconnecter doucement avec la réalité. »

Factuel, direct et concis, Tristan semblait retrouver ses repères ! Il sentit un encouragement mental d’Eryk et il caressa l’encolure de son compagnon.

Changeant de sujet radicalement, il accepta la perche tendue avec tact et effort par sa jeune compagne de voyage et regarda autour de lui. Il n’avait pas prêté beaucoup d’attention au paysage et malgré le temps et les efforts de tous, certaines traces douloureuses mettaient du temps à disparaitre…

« Oui, je suis né dans cette région. Mon père et ma mère était des artisans prospères et nous voyagions souvent dans la région pour commercer et nous procurer des matières premières. J’ai donc une bonne connaissance des routes, des guildes et des villages. Cela m’a beaucoup servi dans le passé pour gérer cette région et me déplacer rapidement en évitant les traquenards… »

Il tourna la tête à gauche et l’espace d’un instant, il vit la silhouette virile et le port de tête altier d’Hayden qui chevauchait près de lui mais ce n’était qu’une illusion de son esprit malade… Il porta la main à son visage et respira pour reprendre ses esprits…

« Pardon, un léger vertige… »

Il ne voulait pas mentir mais n’était juste pas prêt à parler de ses hallucinations. La pauvre Irmingarde risquait de prendre peur ! Il enchaina donc rapidement pour éviter les questions.

« Tu m’as dit venir du Sud ? Oui en effet c’est très différent d’ici… Qu’est-ce que tu manques le plus ? »

Héraut Irmingarde:
"Je suis venue ici maîtriser les incendies. Une partie des forêts de l'Ouest a été décimée par les flammes. Je suis la Héraut Boutefeu."

Mina prononça cette explication d'un ton docte, étonnée. Tristan devait au moins savoir, à défaut de son nom, qu'il existait un Héraut avec ce Don tout de même ?

"C'était très impressionnant, et très violent. Beaucoup de paysans ont eu peur, pas de morts, heureusement, mais certains ont tout perdus. Et Ezarel et moi avons eu très, très chaud quelques fois"

C'était peu de le dire. Piégées dans un incendie qui s'était retourné contre elles à cause de vent contraire, Mina avait du y mettre tout la force de son Don pour qu'elles s'en sortent vivante, et son Compagnon et elle avaient mis un jour entier à s'en remettre assez pour pouvoir reprendre la route. Encore maintenant, elle ne tenait pas une forme olympique.

Tristan parla alors de sa réclusion, et de sa nécessité.
Ah ça quand le Héraut prenait une retraite, il ne faisait pas qu'à moitié !

"Je sais pourquoi tu a choisis de te mettre à l'écart quelques temps, bien sûr..."

Tout le cercle le savait. La mort du Héraut Hayden avait été une des pires qu'ait vécu Irmingarde. La mort d'un Héraut était toujours une épreuve, pour n'importe quel Blanc, et même Gris. C'était une partie d'eux-même qui mourrait avec leur frère/soeur de cercle. Dans le cas de Hayden, Mina était avec lui, au front. Sauf qu'il était en première ligne, et pas elle.
Surprotégée de par son Don, souvent visée, peu souvent atteinte, Mina avait du apprendre à voir d'autres foncer en avant et mourir. Et quand ce fut Hayden, la proximité physique couplé à la culpabilité de ne pas l'avoir sauvé - de quoi, après coup, de son courage de charger l'ennemi ? - décuplèrent la violence de sa peine. Elle l'avait vu mourir autant que sentit.
A titre personnel, elle l'avait peu connu. Au camp, elle partageait son temps entre la guerre, Mera, et Beltran, se mêlant parfois aux autres Hérauts mais toujours avec sa réserve habituelle. Toutefois, le Héraut du Mérachal avait évoqué à plusieurs reprises Tristan, elle s'en souvenait.

Elle ne savait pas que dire à Tristan à ce sujet, ni ce qu'il avait besoin d'entendre. Il semblait avoir été au fond du fond, et elle n'avait pas envie de l'y renvoyer. C'était même tout le contraire. Aussi peu sociable soit-elle, Tristan était un frère, et elle sentait au plus profond d'elle le besoin d'alléger sa peine.
Elle décida d'attendre qu'il lui pose lui-même des questions, et répondit au sujet de leur retour ensemble.

"Ecoute, je suis très terre-à-terre tu verra, j'espère que ça t'aidera"

Tristan ne respirait pas la joie de vivre mais il était d'une courtoisie parfaite.

:Tu faisais fausse route, ma Liée, en pensant être le dernier choix pour aider Tristan. Je ne crois pas que son état d'esprit actuel ait été satisfait avec un compagnon de voyage comme disons... Méra:
:Méra sait tout à fait respecter les peines des autres: s'insurgea mentalement Mina, toujours prête à prendre la défense de ses amis.
:Je ne dis pas le contraire, mais Tristan a besoin d'être ménagé. C'est là une chose que tu sais faire, tu ne brusques personne. Pour une âme tourmentée, tu es reposante:
:Merci Eza:

Avec intérêt, elle écouta Tristan parler de la région et réagit:

"Tu nous aurai été précieux, Ezarel et moi avons fait les frais des chemins tortueux de la région qui tournent en rond et prennent au piège."

Réalisant le double-sens de sa remarque, Mina corrigera:

"Désolée, je ne veux pas que tu penses que je te reproche quoique ce soit, bien sûr."

La jeune femme fronça les sourcils quand Tristan confessa un vertige. Mentalement, elle demanda à Ezarell se sonder le Compagnon du Héraut pour voir si celui-ci se montrait plus bavard au sujet de son Lié*

"Tu as faim? J'ai quelques rations de relais avec moi, c'est pas fantastique, mais ça nourrit. Même si je rêve de croiser bientôt une auberge."

Les relais, comme elle l'avait dit à Tristan, étaient bien approvisionnés, et assez confortable, mais au bout de plusieurs décades, n'importe qui rêvait d'un lit en bonne et due forme.

:Et d'une écurie: soupira mentalement Ezarel.

Tristan l'interrogera alors sur ses origines, et Mina eut un rire dédaigneux, pas envers lui, mais sa région natale:

"Qu'est-ce qui me manque de là-bas ? Rien du tout !"

Sa réponse était assez amère et elle s'expliqua:

"Je viens des Holds. Ils ne sont pas très attachants."

Bel euphémisme ! Elle n'avait jamais revu personne de sa famille. Elle n'en avait pas éprouvé le besoin. Peut-être certains étaient-il morts ? Certaines de ses demi-soeur, probablement. Quand on enchaînait les grossesses à ce rythme, on en mourrait parfois, et pas dans de belles conditions. Et après on se demandait pourquoi elle ne voulait pas d'enfant !
Cependant, la question de Tristan la troubla un peu. Elle avait tout de même vécu seize ans là-bas, elle devait bien y avoir des souvenirs agréables au milieu de l'enfance atroce qu'elle y avait vécue ?

"J'avais un ami, là-bas" se souvient-elle à voix haute. "Un Kyree, Kunciperrt."

Depuis combien d'année n'avait-elle pas pensé à Kun'?

"Il m'a suivit à Haven, puis est reparti rejoindre les siens, plein de contes et légendes à raconter. Il aurait été bien plus doué que moi pour raconter les bons côtés du Sud. Mais je suppose qu'on peut trouver du charme à ces terre brûlées de soleil. L'air y est plus lourd, plus chaud, très différent de Haven où tout bouge si vite, très différent d'ici où la forêt offre une autre façon de vivre. Mais même si j'ai passé du temps sur les routes et à la frontière pour la guerre, c'est à Haven que je suis chez moi."

C'était là-bas qu'étaient ses amis, c'était là qu'était Beltran. Tout ce qui constituait son petit monde et lui suffisait.
Tristan devait d'ailleurs avoir le même âge que Beltran, ou Wylan. C'était probablement pour ça qu'elle se sentait à l'aise avec lui.

"Le Cercle est grand, et nous ne sommes pas de la même promotion, d'autant plus que j'ai été élue sur le tard, mais peut-être connais-tu Wylan ?"

A quelques marques d'ici, un petit village allait bientôt pointer le bout de son clocher. Mina espérait y trouver de quoi se restaurer et surtout nourrir Tristan. Elle préférait s'assurer en personne qu'il mangeait correctement.

Spoiler: montrer*A toi de voir si Eryk se confie à Ezarell. On peux les faire parler, ou on peut juste reporter ce qu'ils ont dit.

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