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[Mina/Beltran] Si Maman l'a dit...
Beltran:
Début de la 9eme décade d'automne 1485
La scène commence dans les appartements de Beltran. On y voit un miroir, et dans le miroir un homme qui rajuste plusieurs fois son pourpoint d'un geste nerveux. Puis il se recoiffe. Et reprend son pourpoint.
Beltran n'avait plus l'habitude des habits de ville mais dans ce cas présent, il se devait d'en porter - sa mère le préférait ainsi. Elle avait beau être fière que son fils soit le Commandant de l'armée de Valdemar, avec elle il n'était qu'un petit garçon à sa maman et Héritier de Greenhaven.
"Dis moi que ça va?" dit-il brusquement en se tournant vers Irmingarde qui avait bien de la patience ce jour-ci. "On devrait y aller. Si on est en retard, Mère risque de mal le prendre..."
Le Commandant ne se rendait pas compte qu'il ajoutait son stress à celui de sa fiancée.. Ce qui ne l'empêcha pas de se détourner du miroir pour voler un baiser à la jeune femme.
***
"Les rideaux, ouverts, on dirait un tombereau ici! La table, elle est mise ça y est? Les fauteuils ont été nettoyés dans le salon de musique?"
La Dame de Greenhaven s'occupait et houspillait son personnel. Arrivée la veille, elle vérifiait cependant déjà pour la troisième fois que tout était en ordre. Elle allait rencontrer la fiancée de son petit Beltran! Cela valait bien tout le stress qu'elle s'imposait à ce moment précis. Une Héraut, rien que ça. Oui, cela présageait de disputes à propos de l' héritage, mais Beltran n'avait pas choisi n'importe quel Héraut: une héroïne de guerre, tout feu tout flamme. CA, ça ressemblait à son fils. Et si en plus elle arrivait à en tirer des héritiers, tout serait magnifique. Certes il y avait Liane mais la gamine était une bâtarde et bien trp dangereuse pour être considérée comme potentielle héritière.
La Dame de Greenhaven avait tout prévu pour cet après-midi: déjeuner complet (entrée plat fromage dessert) dans la salle à manger, suivi d'un thé dans le salon de musique - la pièce la plus claire et la mien insonorisée de toute la maison. Tout était prêt depuis des heures mais la Dame vérifiait et re-vérifiait. CEla faisait si longtemps qu'elle n'avait pas vu son fils - il avait refusé les visites le temps de sa convalescence et elle en avait bien été marrie.
La cloche du bas résonna. Ils étaient là! Pour leur faire honneur, la Dame de Greenhaven descendit, chassa la servante qui voulait ouvrir la porte, et fit l'honneur à son fils et sa fiancée d'ouvrir elle-même.
"Bienvenue chez vous..."
Et elle ouvrit les bras pour prendre son fils dans une embrassade maternelle.
Héraut Irmingarde:
Depuis combien de temps Mina n'avait pas vu Beltran nerveux ?
La dernière fois datait probablement de la première fois qu'ils avaient fait l'amour. Ah non, il y avait bien sûr ce moment historique où il lui avait demandé de l'épouser en plein mariage de Micha et Kate...
Elle le trouvait touchant, et exaspérant à la fois.
Il n'allait quand même pas être plus angoissé qu'elle non ?
Elle avait envie de l'attraper par les épaules et le secouer comme un prunier pour lui dire "C'est ta mère ! Celle dont tu me parles depuis des années, à qui tu veux me présenter depuis autant de temps, et que tu vénères au point de m'avoir convaincu de t'épouser ! Tu devrais juste être heureux de la voir et essayer de me rassurer, moi."
A la place, elle s'approcha de lui, ajoutant son reflet au sien dans le miroir.
"Tu es toujours très élégant."
Elle le pensait. A son grand embarras, elle avait une certaine tendance à beaucoup trop rêvasser devant Beltran quand il s'habillait comme un Noble.
Sa propre tenue avait été plus simple à choisir, elle avait eu le temps d'y penser, et avait suivi le conseil d'Arthon. Elle avait ceint son uniforme blanc, celui en meilleur état qu'elle possédait, en dehors de celui de parade. Elle avait bien pensé à mettre ce dernier, et y pensa encore quand elle se vit à côté de Beltran, mais une partie d'elle refusait encore de trop en faire. Elle n'avait pas enfilé une de ses robes, ce n'était pas pour sortir l'uniforme rutilant. Elle se présenterai telle qu'elle était, et qu'elle resterai. Une héraut. Avec des cernes.
Sachant que la matriarche Greehaven était arrivée la veille, elle n'avait pas très bien dormi.
Elle replaça quelques mèches de cheveux qu'elle avait laissé lâchés dans son dos, une de ses rares coquetterie, puis elle se tourna vers Beltran et corrigera d'un millimètre son pourpoint.
"Nous ne sommes jamais en retard, ne t'inquiète pas."
Il l'embrassa et elle fit durer le baiser plus que de raison pour y puiser un peu de courage.
***
La mère de Beltran avait demandé que la maison soit préparée pour leur arrivée, et après avoir essuyé les moqueries d'Isabeau quand elle avait avoué qu'elle pensait que c'était à elle d'aller passer le balai - ce qu'elle aurait fait - Mina avait honteusement fuit toute occasion d'aller voir la maison avant les présentations officielles.
Elle aurait peut-être dû. Elle aurait été préparé à la taille ladite maison.
Une maison de ville, donc. Quel terme ridicule, vu la taille. L'équivalent de la maison des Thornton. Arrivée sur le pas de la porte, elle leva la tête vert les pignons, se tordant le cou. Mais que ça avait l'air grand! Qui avait donc besoin d'autant d'espace pour vivre ?
Elle entendit du bruit derrière la porte, et ses doigts se serrèrent autour du biceps de Beltran qu'elle tenait par la main. On y était, elle allait rencontrer la célèbre Dame de Greehaven, celle qui semblait être la quintessence du Noble Titre qu'elle portait. Savait-elle à quel point la personne qui en hériterai serait différente d'elle en tout point ?
Avant de l'apercevoir, elle sentit Beltran lui échapper, happé par les bras de sa mère, à qui il avait beaucoup manqué, sans compter ses récentes blessures propres à susciter une inquiétude maternelle bien compréhensible.
Bienvenue chez vous? Comment ça chez eux ? C'était la maison familiale ça. Pas encore la sienne. Et qui ne servirait à priori que pour ce genre de visite.
Chez elle, c'était sa chambre de Héraut, et bientôt, les appartements de la Caserne. Ici c'était...la maison de la mère de son futur mari. Voilà. D'ailleurs...
"Bonjour Ma Dame"
Mina fut assez fière de sa voix qui ne se coinça pas dans sa gorge. Elle fit un salut moitié militaire, moitié révérence. Elle s'était promis d'aller voir Joald pour qu'il l'aide un peu. Ce serait sa vengeance sur une ennième étudiante qui avait dédaigné ses cours, jugeant ne pas avoir besoin de savoir faire des ronds de jambe.
Beltran:
Beltran adorait sa mère - mais elle, elle l'aimait d'un amour envahissant, chaleureux mais parfois trop - un peu comme Mina à sa manière, quoi qu'il n'ait pas à se plaindre de la chaleur spécifique à Irmingarde. Bref, sa mère n'avait pas encore compris que son petit garçon était devenu grand et à chaque rencontre, il devait remettre les points sur les i - pour recommencer la fois d'après. Comment allait se passer cette rencontre, avec sa future femme. Celle-là même qui se reflétait dans le miroir avec lui. O Dieux qu'il l'aimait! L'avoir perdue la rendait encore plus précieux. Cette rencontre entre les deux femmes de sa vie laissait présager d'un futur mariage épique.
"Merci ma douce. Mais je préfère l'uniforme. Toi tu as du cachet dans ton uniforme de Héraut. Elle te respecte déjà pour ça, mais si elle avait décidé tu seras dans une robe à la De Girier." plaisanta-t-il, crispé.
Le Commandant laissa sa bien-aimée rajuster (une fois de plus) son pourpoint et eut un hoquet qui aurait pu passer par un rire avorté.
"Être en avance est aussi embêtant. Pour Mère, l'heure c'est l'heure. Mais tout ira bien."
Il parlait plus à lui-même qu'à Mina, mais il préféra continuer sur un baiser, qu'elle lui rendit.
"Si seulement c'était plus simple... mais tout va bien se passer. Dans sa dernière lettre, Mère s'inquiétait presque autant que toi. Attends toi au faste de la Maison Greenhaven..."
***
La Maison des Greenhaven était une petite maison aux yeux de la douairière. Elle mettait donc un point d'honneur pour que tout soit parfait à l'intérieur. Loin d'elle l'idée d'impressionner Irmingarde, c'était juste une question de principe. Et si au passage ça pouvait montrer à la future Dame de Greenhaven quel genre de faste l'attendait, c'était du bonus. En attendant, l'actuelle Dame de Greenhaven masquait son impatience par mille ordres qui se contredisaient - mais le personnel y était habitué et la maison fonctionnait bien malgré tout. Et enfin on sonna. La mère de Beltran se dépêcha et écarta la servante qui allait ouvrir. C'était à elle d'accueillir son fils chez lui.
La Dame de Greenhaven était sur la pointe des pieds pour pouvoir enlacer son fils. Elle le serra longuement dans ses bras, le visage à l'opposé d'Irmingarde pour que celle-ci ne voie pas qu'elle avait la larme à l'oeil. Puis elle prit Beltran par les épaules et le regarda de haut en bas.
"C'est bien, tu es digne de ton rang cette fois-ci. Je t'en remercie." commença-t-elle avant de se tourner immédiatement vers Mina qui la salua bien trop militairement à son goût. "Et voilà donc ton Héraut."
Le ton était calme, le regard franc, et elle observa Mina de haut en bas.
"Le Blanc vous va bien, Irmingarde. vous permettez que je vous appelle par votre prénom n'est-ce pas? Vous n'êtes pas encore Dame de Greenhaven, il ne faudra pas faire de confusion. En attendant, vous êtes ici chez vous. Nous avons préparé les écuries pour votre Compagnon, mais nous ne savions pas s'il viendrait..."
La noble lâcha enfin son fil, hésita... puis se pencha sur Irmingarde pour la saluer d'une accolade moins que protocolaire. La Dame de Haven n'était pas seulement douée dans les arts de la politesse noble, elle avait aussi des notions de politesse des gens du commun. Elle s'écarta aussitôt - Mina avait beau être Héraut elle faisait partie des gens du commun, qu'un noble ne touchait que par inadvertance ou nécessité absolue.
Elle s'écarta de la porte qu'elle ouvrit en grand.
"Depuis quand n'êtes vous pas venus ici? j'ai trouvé la maison mourante sous la poussière et les crottes de souris. Ce n'est pas digne d'une Maison de notre rang. Nous nous activons depuis hier pour tout remettre en état mais cela prendra plusieurs jours. j'ai fait débarrasser les pièces principales qui, heureusement, sont aptes à nous accueillir. Êtes vous déjà venue Irmingarde?"
La vieille femme se tourna vers Mina, un sourcil levé.
La vieille dame avait les cheveux remontés par des aiguilles dans sa longue chevelure plus sel que poivre. Un regard bleu et le même nez que Beltran s'encadraient dans un visage sec. Elle avait dû être très belle dans sa jeunesse, et elle se mouvait comme si la vieillesse l'avait épargnée et qu'elle était encore jeune fille. Habillée d'une robe verte foncé aux manches cousues d'or et de perle, elle aurait pu faire concurrence à Isabeau dans ses beaux jours. Elle avait tout fait pour impressionner faire honneur à sa bru. Qui, de son côté, faisait un peu tâche en uniforme. Discrètement, elle se pencha vers Beltran et lui chuchota:
"La prochaine fois préviens moi en avance que je lui fasse faire une tenue digne de son nouveau rang.
- Mère, Mina est une Héraut. C'est pour moi autant un honneur de l'épouser qu'elle de m'épouser. Son uniforme c'est sa vie, et croyez bien qu'à part aujourd'hui, je suis tout le temps en uniforme aussi. Vous devrez vous habituer à ça. Mais parlons d'autres choses..
- Moui.. Prenons l'apéritif dans le petit salon."
On voyait bien que la Dame de Greenhaven n'était pas satisfaite mais elle ne fit pas de scandale. Elle prit le bras de Mina et les entraîna dans la maison proprement (très proprement) dite.
Héraut Irmingarde:
"La prochaine robe que je mettrai sera celle de notre mariage. D'ici là, je savoure mon uniforme."
Les trop nombreuses références à l'autorité de la Dame de Greeenhaven effrayaient Mina plus qu'elle ne le montrait.
"Bien sûr que tout va bien se passer." répéta-t-elle avec une assurance feinte.
Si elle le répétait assez, peut-être que cela forcerait le destin ?
***
Un pas en arrière, Mina observait les effusions familiales. Elle comprenait mieux pourquoi Beltran était si tendre, dans l'intimité. Il avait été à bonne école.
Elle le félicita de sa tenue digne de lui, et Mina lissa un pli sur son uniforme, repensant à celui de parade, encore. Sa future belle-mère la regarda, et elle ne baissa pas les yeux, subissant un examen auquel elle s'était préparée, ce qui ne le rendait pas plus plaisant.
Elle manqua tiquer quand elle fut surnommé "ton héraut", elle était Héraut de Valdemar, pas de Beltran de Greenhaven, tout commandant de la Garde soit-il. Mais elle se raisonna en se disant que c'était une expression plus sentimentale que véridique.
"Je ne vois aucun inconvénient à ce que l'on m'appelle par mon prénom, ma Dame"
Elle ne réagit pas à propos d'une éventuelle confusion quant à son futur titre, parce que le jour où elle le porterai, cela voudrait dire que l'actuelle Dame serait morte. Pas le genre de chose qu'on faisait remarquer quand on rencontrait sa belle-maman.
"Mon Compagnon s'appelle Ezarell et elle est bien trop exceptionnelle et a tendance à éclipser tout le reste, aussi lui ai-je demandée de rester en retrait aujourd'hui. Mais elle me dit de vous remercier pour votre sollicitude à son égard. Elle aime énormément le confort et être traitée comme une princesse"
Mina n'était absolument pas timide quand il s'agissait de faire l'éloge de son Compagnon. Elle savait que cette dernière souffrait plus qu'elle ne l'avouait de son absence lors du combat de Haven, et elle essayait de lui redonner confiance en elle.
A sa grande surprise, sa belle-mère lui fit une accolade et Mina ne sut pas vraiment comment réagir. Elle ne faisait pas d'accolade, de façon générale. Même à ses proches, c'est à dire les De Girier - enfin sauf Micha, qui ne lui laissait pas trop le choix. Mais le contact fut bref, et, elle le sentit, emprunt d'une certaine hauteur.
L'auguste Dame de Greehaven était-elle réellement hautaine ou était-ce juste une habitude due à un rang qu'elle semblait mettre à point d'honneur à tenir ? Elle allait probablement le découvrir très bientôt.
Elle l'observa, moins franchement qu'elle avait été observée cependant. Beltran lui ressemblait, c'était certain. Pour le reste, si elle avait sans conteste une certaine allure, elle fut surprise de constater combien la mère de Beltran était... vieille. Les affres de l'âge semblaient ne pas la toucher, mais on devinait son âge. Mina se fustigea de ne pas avoir pensé à ce problème. Elle avait tendance à oublier l'âge de Beltran, parce qu'elle s'en fichait, mais une des conséquences était que sa mère était forcément plus près de la fin que du début. Ce qui voulait dire que le futur héritage du Domaine et du Titre était bien plus proche qu'elle ne le pensait. Zut.
"Je ne suis jamais venu ici, pour tout dire, j'ignorais l'existence de cette demeure jusqu'à il y a peu."
Autant être honnête. Cela prouvait à quel point elle se fichait des titre, du rang, du prestige.
Elle n'entendit pas l'échange entre Beltran et sa mère, même si elle sentit une certaine tension, et était très occupée à regarder ailleurs pour ne pas avoir la tentation de tendre l'oreille quand sa belle-mère l'entraîna dans la maison, où elle croisa des domestiques
Flûtes, des domestiques… Comment était-elle sensé être face à eux ? Elle leur sourit gentiment avant de pénétrer dans un "petit" salon qui était plus grand que sa chambre de Héraut et du bureau de Beltran réuni.
Elle ne savait pas trop où s'assoir.
:Sur une chaise: plaisanta Ezarell, mais sa liée ne gouta pas la blague.
Mina n'avait pas envie de jouer un rôle, mais elle n'avait pas envie de faire d'impair non plus. On ne lui avait certes pas appris les manières du grand monde, mais on lui avait enseigné la politesse, et le respect. Qui commençait par respecter les usages dans une maisons où elle était une invitée.
Elle lança à Beltran un regard où pouvait se lire une certaine angoisse. Tant pis pour la sienne.
Elle aurait du amener Isabeau avec elle, elle l'aurait cachée non loin, et cette dernière lui aurait soufflé tout ce qu'elle devait savoir, par parole par l'esprit.
Beltran:
Beltran bouillait intérieurement: il faisait le voeu que sa mère apprécie Irmingarde sinon les 20 prochaines années risquaient d'être difficile. Bien sûr, il prendrait le parti de Mina, mais autant que tout se passe bien, n'est-ce pas?
Quand sa mère ouvrit la porte, il la dévora des yeux: elle avait encore vieilli même si l'âge semblait être timide sur le visage et les cheveux de la Dame. Revoir ces traits à la fois familier et étrangers, lui donna un coup à l'estomac. Il se rendit compte qu'on vieillissait et qu'il faudrait penser à se voir plus souvent pour ne pas avoir de regret. A peine eut-il eu le temps de se faire cette réflexion qu'il était déjà dans les bras de sa mère. Il la serra contre lui avec tendresse et eut du mal à la relâcher - mais déjà la Dame s'intéressait à "son Héraut". Beltran observa bien sa mère alors que sa mère jaugeait Irmingarde. Un petit pli au coin de la bouche de la vieille femme tiqua. Immédiatement, Beltran se détendit: cette ride était celle du sourire, Mina passait l'examen avec brio.
"Loin de moi l'idée de me substituer à vos parents, mais si vous le souhaitez, vous pouvez m'appeler Mère, Irmingarde. Ma Dame est un peu trop guindé pour notre nouvelle relation."
Beltran faillit s'étouffer. La proposition de sa mère était plus qu'innattendu. Sa mère savait à peu près l'Histoire de Mina quant à sa mère, et lui offrir un substitut de mère le prenait totalement au dépourvu.
Mais les deux femmes s'inquiétaient déjà d'Ezarell.
"Saluez Ezarell de ma part. Nos écuries lui sont toujours ouvertes. Peut-être ne sont elles pas adaptées à un Compagnon, mais si c'est le cas elle est la bienvenue."
Beltran passait de surprise en surprise. Sa mère avait une aversion pour la magie presque autant que son fils. Un Compagnon était une inconnue dans la formule de la vie. Lui-même avait appris à la bonne école qu'un Compagnon n'est magique que lorsqu'il le souhaite, et Ezarell avait été d'une grande aide pour réunir Beltran et Mina.
Puis la Dame de Greenhaven fit une accolade à Mina. Une deuxième fois, Beltran faillit s'étouffer. Où était sa mère? Qui l'avait échangée contre cette dame accueillante bien qu'un peu hautaine?
"Beltran, vous auriez pu emménager ici... C'est plus confortable que tes appartements...
- Et je travaille comment?
- Ah oui je n'y avais pas pensé..."
Ils finirent par rentrer tous les trois. Des domestiques, curieux, s' "occupaient" dans l'entrée. Le sourire de Mina lui attira un petit sourire complice. Puis ils arrivèrent au petit salon. Tout respirait la noblesse, des rideaux aux fauteuils. La Dame de Greehaven s'assit élégamment sur un divan. Elle claqua des mains et un serviteur apparut comme par magie. On obéissait au doigt et à l'oeil à la Dame. Elle commanda les apéritifs et se tourna vers Irmingarde:
"Je n'ai pas demandé, j'en suis désolée, mais buvez vous de l'alcool? Les Hérauts sont tellement un secret pour moi..."
Beltran capta le regard désespéré de Mina. Il se rapprocha d'elle et lui prit la main. Il la guida vers un guéridon où il s'assit lui-même sans lâcher la main de sa bien-aimée. Une fois qu'elle fut assise à son tour, il garda sa main dans la sienne, signifiant à sa mère qu'il y avait des limites à ne pas franchir.
"Vous êtes bien jeune. Comment se fait-ce que vous ayez fondu pour mon fils? Cela fait des années que nous espérons ça! Mais on ne s'attendait ni à une Héraut, ni à une si jeune Héraut. Il ne vous a pas forcée j'espère?"
Beltran fit un drôle de bruit de gorge alors qu'il s'étranglait enfin réellement.
" Mère...
- Non mais c'est bien, c'est l'âge idéal pour les enfants.
- Nous ne voulons pas ...
- COMMENT?
- Nous ne voulons pas d'enfant. J'ai déjà Liane et Mina est une Héraut qui va au front au combat, nous ne voulons pas laisser d'orphelins.
- Et comment tu vas faire pour les héritiers...
- Pourrait-on parler d'autre chose pour aujourd'hui Mère? Je suis venu te présenter l'amour de ma vie, pas disserter sur les potentiels héritiers.
- Irmingarde, vous ne dites rien?"
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