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[Kalaïd] Vendeur de larmes...

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Conteur:
Nom: Davel
Profession: Marchand

Davel errait. Perdu. Terrorisé. Ses genoux et ses mains en sang n'en étaient pas la cause. A chaque personne qui l'arrêtait, il racontait son histoire.
Le récit ne variait jamais. On aurait pu le croire appris par cœur. Il n'en était rien. A force de répéter son histoire, les mots s'étaient inscrits en lettre de sang et de larmes dans son esprit. Sa bouche était sèche, sa voix brisée, son ton monocorde. Mais il ne pouvait s'empêcher de raconter encore et encore.
Les gens qui le croisaient oscillaient entre le dégoût et la pitié. Ce qu'il racontait ne pouvait être vrai. C'était trop... invraisemblable. Trop effrayant. Personne ne pouvait accepter que la situation ait dégénéré à ce point.
Le marchand marchait mécaniquement. Un pied... le second... Parfois, il butait sur un pavé plus haut que ses voisins et s'étalait lamentablement. Il restait alors couché de longues minutes, jusqu'à ce que quelqu'un le relève. Il reprenait alors sa route, remontant lentement vers le Palais et la garde.

Davel trébucha encore. Mais cette fois, personne ne vint le relever. Il resta donc là, pleurant et gémissant. Une petite vieille qui l'avait repéré avait appelé la garde, effrayé par ce cadavre ambulant qui venait de s'échouer dans ses plantes.
L'homme revivait encore et encore les horribles événements de ces derniers jours. Il était prisonnier de ses souvenirs. Ceux-ci l'empêchaient de penser. Pourtant, au fond de lui, il savait qu'il devait en informer la garde, et c'était dans ce but, qu'à peine rentré, il s'était élancé en direction du Palais, bien vite ralenti par la peur et la douleur.
Il ne comprenait pas, il s'en voulait. Lui, si courageux, lui, si fier de ses talents de combattants, lui, si confiant envers sa patrie et des Hérauts qui la protégeaient, sentait maintenant complètement perdu.

Kalaïd:
Une main se posa précautionneusement sur l'épaule du jeune homme et tourna ce-dernier légèrement sur le côté, exposant à la vue de tous les plaies qu'il arborait.

- Faites venir un guérisseur..., dit calmement Kalaïd en observant la profondeur des plaies auxquelles il faisait face. Mettez le à l'abri et soignez le...

Il passa sa main sur le corps du marchand, il semblait ne pas être armé à première vue.

- Je suis Kalaïd, Lieutenant de la garde de Haven, dit-il doucement. Nous allons nous occuper de vous si vous l'acceptez, veuillez rester tranquille... Êtes-vous en mesure de me dire votre nom et de m'expliquer ce qu'il vous est arrivé pour vous retrouver dans un état pareil ?

Kalaïd était un homme prudent. L'individu semblait avoir traversé la ville sans rencontrer de résistance ou de contrôle particulier, il n'était pas exclu qu'il puisse s'agir d'une manœuvre destinée à approcher au plus prêt du palais. En tant que Lieutenant de la garde, Kalaïd ne pouvait se permettre de prendre de risques de quelque nature que ce soit, aussi gardait-il un œil attentif sur lui dans l'attente que ses ordres soient exécutés, et que l'homme réponde à ses questions...

Conteur:
Nom: Davel
Profession: Marchand

Les blessures de Davel n'étaient pas vraiment profondes. Il s'agissait en fait des écorchures qu'il s'était faites à force de tomber sur les pavés et de se rattraper, éraflant ses paumes au passage. Elles étaient par contre impressionnantes, car le sang s'était diffusé dans le tissu, en imprégnant une large surface.
Davel leva les yeux sur le soldat, et esquissa un faible sourire.

" Je... j'ai atteint la Garde?"

Il tenta de se relever, mais n'y parvint pas. Ce n'était pas ses blessures qui l'en empêchaient, c'était l'épuisement. La terreur avait vidé ses forces. La honte et le désarroi l'avaient empêché de récupérer après l'incident... incident qui dans tout autre pays que Valdemar ne l'aurait peut-être pas tant secoué.

" Je suis Davel... et je suis marchand... Je devais vous prévenir!"

Il fondit en larmes, s'accrochant désespérément à la main du soldat qui l'avait secouru. Il était parvenu jusqu'à la Garde. Il en était heureux. Il ne se rappelait pas avoir parcouru un tel chemin. Mais les dernières journées n'étaient pour lui que quelques images floues, mêlant le gris de la route, et le rouge du sang.

" La frontière... les gardes... puis ensuite les bandits!"

Autour de lui, un petit attroupement s'était formé. La petite vieille qui avait alerté la garde écoutait elle aussi. Tout le monde attendait de connaître l'histoire de cet homme. D'ailleurs, il paraissait familier à certains passants. Peut-être l'avaient-ils vu au marché, ou dans une échoppe quelconque. Mais personne ne bougeait. Ils voulaient des détails.

Kalaïd:
Kalaïd écouta les paroles de l'homme qui lui faisait face. Le discours était plutôt vague pour l'instant et si message il y avait, il n'était pas encore évident. Transpirait tout de même l'annonce d'une nouvelle peu aguichante...

- Dégagez-moi tout ça, intima Kalaïd à ses gardes en désignant les badauds qui s'agglutinaient déjà autour d'eux. Nous n'avons pas besoin d'un vent de panique dans la ville, surtout avec les temps qui courent... Tâchez de voir si quelques uns d'entre eux disposent d'informations sur ce marchand, et faites passer le mot aux autres postes. Essayez de voir ce qu'on peut trouver sur lui...

Pendant que le gros des gardes exécutaient les ordres et repoussaient puis dispersaient la foule, deux d'entre eux saisirent le marchand et l'emmenèrent au poste de garde où un guérisseur les rejoindrait. Les blessures de l'individu ne semblaient pas graves, mais il paraissait fatigué, et Kalaïd avait déjà vu des hommes mourir de fatigue. Il n'était pas question que celui-ci fasse de même avant d'avoir pu délivrer son message.

Une fois assis dans la pièce principale du petit poste de garde, Kalaïd reprit ses questions. Il devait essayer de faire retrouver sa cohérence et sa mémoire à son interlocuteur.

- Donc, Davel, marchand, et vous devez nous prévenir..., reprit-il calmement. Mais nous prévenir de quoi ? De quels bandits parlez-vous ? Ils sont ici, sur le territoire de Haven ?

Kalaïd ne voulait pas submerger l'homme de questions, il ne fallait pas le stresser ou le brusquer. Il attendit donc simplement que celui-ci réponde à celles-ci, tandis que le guérisseur se portait à leur rencontre...

Conteur:
Nom: Davel
Profession: Marchand

Davel se sentit bouger, sans trop comprendre ce qui lui arrivait. Il s'en fichait... il voulait juste faire son devoir... prévenir...
Quand il "reprit" conscience, il avait été installé dans une petite pièce. Il ne savait pas où il était, mais l'homme en face de lui était toujours le même.
Davel dut faire un effort pour comprendre ce qu'on attendait de lui. Le soldat reprenait les quelques points qu'il avait compris. Et il avait compris de travers.

" Non... pfff"

Il eut un frisson. Il avait froid.

" Ma caravane... on... partait pour... Reth...Rethwellan... On a pas pu passer. Ils voulaient pas, les gardes. Je comprends pas..."

Il se prit la tête dans les mains. Il n'était pas certain d'être très clair, mon son cerveau semblait bourré de coton. Les événements étaient totalement flous dans sa tête. Parfois, il lui semblait avoir rêvé. Ça ne pouvait être réel... Valdemar, inviolable... ne l'était plus.
Il retomba dans le silence.

N'importe quel Guérisseur, voyant le jeune homme, aurait diagnostiqué un état de désorientation extrême, sans doute dû à un choc. C'est d'ailleurs ce qui fit le Guérisseur qu'on avait été cherché. Celui-ci recommanda du repos avant tout, mais rassura le lieutenant, la vie du jeune homme n'était pas en danger.
Il se contenta de soigner les plaies superficielles du marchand et lui donna une potion calmante. Il recommanda encore au soldat de conduire le malheureux à la Maison de la Guérison dès qu'il aurait terminé son interrogatoire.

"Parler l'aidera... mais ne le brusquez pas. Et n'oubliez pas de nous l'amener..."

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