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En temps normal, jamais Dyalwen ne se serait permise de poser une telle question. Il ne lui était jamais venu à l’esprit de tutoyer un Héraut, comme il ne lui viendrait pas à l’idée de parler familièrement à un noble n’appartenant pas à sa famille proche. À Bordebure, on ne respectait pas vraiment l’Étiquette – au grand désespoir de Mère qui ne cessait de lui répéter qu’elle se conduisait trop familièrement avec les domestiques et les palefreniers –  mais il en était autrement à la capitale. Haven était peuplée de nombreux inconnus, venus de tous horizons et de tous les milieux sociaux, et nombre d’entre eux avaient un statut bien plus élevé que le sien. Il était aussi impensable de tutoyer un Héraut que n’importe quelle autre personne à la fonction élevée. Elle ne pouvait pas se permettre de faire honte à son nom et à sa famille, à Grand-père qui entraînait les nouvelles recrues et à Dubhán qui fréquentait les autres Bleus.

Malgré l’air taquin d’Enora, Dyalwen sentit le rouge lui monter aux joues quand elle répéta sa question. La jeune femme était peut-être la Blanche qui lui paraissait la plus accessible, celle qui s’apparentait le plus à une amie, mais, cousine ou pas, elle restait une Héraut. Comme Isabeau d’Armentières, la chroniqueuse. Comme Alemdar, le Héraut du Roi.

« Je... » commença la rouquine, prête à s’excuser.

Le sourire, et surtout le clin d’œil, d’Enora la coupèrent dans son élan, suffisamment longtemps pour que la Blanche lui demande ce dont elle avait envie, elle.

« Et bien, si on est cousines, ça ne me paraissait pas inapproprié, » répondit donc Dyalwen avant que son interlocutrice abandonne complètement son sérieux.

Le rire de Tisia dans son esprit fit écho à celui d’Enora.

« Vous me faites marcher, » réalisa enfin la Grise, partagée entre le reproche et l’amusement.

Et tu ne marches pas, tu cours !
2
Enora ne put s'empêcher de lui faire un sourire un peu sarcastique quand il changea délibérément de sujet drastiquement. Elle n'était pas dupe, mais elle lui laissait ses illusions. Elle aussi avait été élevée dans la noblesse. Elle n'était certes pas fille de Roi, mais elle était quand même fille de Duc, et elle avait fait les frais toute sa vie de la pression sociale et du regard des autres. Elle avait choisi une voie différente et de faire fi de ce que les gens pensaient d'elle, mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne comprenait pas d'où venait Alemdar. Probablement un autre point en faveur de leur alliance en fait.

"Et bien, mon cher, je me disait qu'il fallait en fait séduire la Cour Valdemaran, les faire rêver, faire de toi quelqu'un d'à la fois désirable, mais aussi admirable. Si ont fait rêver les gens, si on leur montre que tu peux avoir l'apparence du parfait courtisant d'ici. Certes, tu seras toujours un étranger, mais les gens te verront aussi comme un des leur, les jeunes surtout, certes, mais aussi les vieux. Ils verront que tu considères leurs traditions. Et puis en plus, je pense qu'on pourrait beaucoup s'amuser à le faire."

Il y avait une petite lueur malicieuse qui dansait dans son regard en énonçant son plan. Certes, celui qu'elle aurait préféré qui tente de la séduire aurait été Raimon, mais Alem et elle pourrait avoir beaucoup de plaisir de mettre en scène tout ça.
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Il sourit quand elle pointa ses contradictions, mais il ne reconnut par son erreur. Il reconnaissait rarement ses erreurs. C'était un petit con, oui, tout a fait.

Il avait grandis dans un univers politique ou être sur de soi et avoir raison était essentiel. Ou on avouait jamais ses erreurs. On avait pas fait une erreur, on avait fait semblant pour piéger l’ennemi... Il savait qu'avec les hérauts, ce n'était pas le cas, mais les vielles habitudes avaient la vie dure... Pis il aimait avoir raison.

"Tu ne m'a pas répondu. Quelle est ton idée?"
4
Enora fut très heureuse de la réaction de Dyalwen à la révélation de leur parenté. Elle rit à la remarque sur la cousine plus jeune. Elle sourit avec un air un peu taquin à la question, et fit semblant d'y réfléchir.

"hum... est-ce que tu peux me tutoyer... je me demande."

Elle lui sourit alors et lui fit un clien d'oeil.

"Tu en pense quoi toi ? Tu as envie de me tutoyer ?"

Elle riait intérieurement, et entendit le rire de son compagnon dans son esprit.

- Moi je dit non ! Franchement ça ce fait pas.

La voix de son compagnon était taquine et Enora ne put conserver son faux sérieux plus longtemps.
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Aile royale / Re : C'est l'heure du goût-thé !
« Dernier message par Dyalwen de Bordebure le 04 octobre 2021, 01:06:29 »
Elle avait fait vite. Elle avait exécuté les ordres – et fait ce qu’il fallait, indépendamment des directives de l’Attitré. Elle avait emmené la gamine à bon port, c’est-à-dire à la Maison de Guérison, et rameuté tous les Guérisseurs possédant une étincelle de Parole par l’Esprit pour la prendre en charge. Elle avait rempli sa mission et elle allait pouvoir retourner en ville pour récupérer son Élue.

Ou pas.

Avait-elle fait preuve de trop de zèle en clamant que sa passagère avait besoin de soins urgents ? Aurait-elle dû se contenter de contacter une ou deux personnes ? Aurait-elle dû détailler son message ? Elle ne savait pas mais ça n’avait plus d’importance à présent. Elle se trouvait entourée d’une marée de Guérisseurs, certains à se gêner les uns les autres pour détacher la gamine de la selle, d’autres à la bombarder de questions.

Tisia dut se faire violence pour ne pas tous les envoyer paître. Elle n’était pas la plus sociable des Compagnons et elle n’appréciait guère de se voir si entourée, d’autant plus que Dyalwen était toujours en ville et inconsciente. Pas qu’elle n’avait pas confiance en Taver et Alemdar, hein, mais c’était son Élue. Mais, hélas, sa mission était de confier la gamine à ceux qui pouvaient la soigner et, si elle ronfla de mécontentement, elle prit tout de même le temps de donner les précisions nécessaires.

C’est une Héraut-Mage. Elle a utilisé son énergie en magie défensive.

Elle était prête à repartir dès que les Guérisseurs lui laisseraient le champ libre mais l’arrivée du Héraut du Roi et de son Compagnon lui coupa l’herbe sous le pied. Pour le coup, elle fut soulagée qu’une des femmes en vert s’occupe de Dyalwen et valide le diagnostic de l’Attitré.

A présent que la Grise était alitée et entre de bonnes mains, le sentiment d’urgence avait déserté Tisia qui resta à brouter l’herbe aux abords de la Maison de Guérison, en guettant le réveil de son Élue. Comme prévu, celle-ci commença à émerger au bout d’une bonne heure, avec pour toute séquelle un léger mal de crâne et la sensation d’avoir raté un épisode.

Qu’est-ce qui s’est passé ?
Oh, pas grand-chose. Juste ce qu’il faut pour que tu finisses à la Maison de Guérison. Il va falloir qu’on discute de ton appréciation du danger…

RP CLOS
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Enora hocha la tête quand Alemdar lui fit part de ses craintes. Elle comprenait parfaitement ce qu'il voulait dire. Cependant, c'est quand il nomma réellement ce qu'il ne voulait pas abandonner qu'elle haussa littéralement un sourcil.

Il ne voulait pas abandonner le travail ?! Étant héraut elle-même, elle comprenait en partie ce qu'il voulait dire, mais elle se souvenait aussi de la personne qu'elle était avant, entièrement marié à son devoir, incapable de ce pas vouloir être parfaite, jusqu'à s'en rendre malade.

"Et tu dirais quoi à un héraut qui te dit qu'il ne veut pas d'ami parce qu'il a trop de boulot ? Ou qu'il n'a pas le temps pour des vacances ?"

Ouais, voilà ! Lui faire réaliser qu'en fait, il n'aurait pas vraiment rien à abandonner. Ce n'est pas comme si leur futur enfant allait manquer d'oncles et tantes volontaire pour s'en occuper. Enora n'abandonnerait pas son boulot non plus, enfin si, le temps de la grossesse et tout, mais même là, elle retournerait sans doute travailler dans les divers tribunaux de la ville. Et lui, il travaillait du bureau, il n'aurait pas réellement à rien abandonné, possiblement juste à remanié un peu son horaire, et encore.
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Alemdar gloussa quand Enora fit allusion a sa longue fertilité. c'était forcement une blague vu les craintes qu'elle avait confessé a ce propos.

"Je me tue a te le dire!"


Puis, plus sérieusement, il soupira.

"J'y pense, j'y pense. L'idée d'avoir une famille a moi me séduit beaucoup. Je ne sais juste pas ce que... Je ne sais pas ce que je serait prêt à abandonner pour ça. Toi si, tu abandonne ton idée d'un mariage d'amour, tout ca... Moi... Moi je devrais sans doutes travailler moins, et mon travail, c'est ma vie, comme tu le vois."


Il eu un petit geste a la ronde, pour montrer son bureau.

"Enfin, je parle, je parle... Quelle est ton idée?"
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Enora sourit devant la porte qui s'ouvrait toute seule, c'était pratique quand même. Et elle ne put que rire doucement devant la question d'Alem. Elle hésita un instant entre lui répondre, ou le faire languir. Elle choisit cependant de ne pas le faire cette fois. Elle garderait cette carte dans sa manche pour une autre fois.

Elle sortit donc les noisettes aux miels qu'elle avaient acheté juste avant de venir. Elle était même encore chaude. Elle posa le sac sur la table alors qu'il récupérait du jus dans une étagère.

Elle se reposa dans le silence confortable qui s'installa entre eux alors qu'Alem dégustait les confiseries posées devant lui. Elle ne fut pas non plus offusquée quand Alem amena Le sujet sur le tapis. C'était bon signe non ? S'il ouvrait de lui-même la conversation ?

"Je comprends, rien ne presse non plus. J'ai encore pas mal d'années de fertilité devant moi, alors on aura bien le temps."

Elle espéra que sa blague n'étais pas trop de mauvais goût, elle donc enchaîna rapidement.

"Juste que tu considères la chose représente beaucoup pour moi. Et je dois avouer que si jamais tu acceptes, j'ai eu quelques idées intéressantes pour mettre la chose en place et avoir l'effet désiré. Et en plus, je crois que nous pourrons bien nous en amuser aussi."
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La porte s'ouvrit toute seule devant la blanche.

"Entre, je t'en pris. Tu as ramené quoi ce soir?"

Intéressé? Lui? Voyons, c'était un noble héraut... (oui, il avait faim).

Il ferma son dossier et vint s'assoir avec Enora dans la partie salon du bureau où il la recevait généralement (le bureau étant généralement trop encombré).

Ils s'installèrent, Alemdar sortant  d'une étagère une bonne bouteille de jus de fruits (oui, sans alcool, il était de service) et commencèrent à discuter a bâtons rompues. Puis un silence s'installa. Un silence confortable. Un silence qu'Alem rompit cependant

"J'ai pas eu le temps  d'en parler à Wylan. On est trop occupés."
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Mini-Vallée / Re : Pourquoi moi?
« Dernier message par Elya le 27 septembre 2021, 21:15:02 »
Elya était arrivé à Haven depuis trois mois. Au début, ça n'avait pas été facile, certes, elle était drôlement moins illettrée que la plupart des gens du Lac, son père en soient remercié, mais elle était très naïve et très incultivée. Même sa manière de parler avait dû être réapprise. Quelle galère. Et on lui avait ensuite demander de jouer les garde femme enceinte avec sa professeur de magie. Elle avait bien compris qu'on l'avait collé avec la future maman pour bien plus que des cours. Cette femme n'allait pas bien du tout. Elle n'était pas qu'une simple élève, elle aurait dû en ressentir de la colère, mais elle n'avait pas put. La détresse de cette femme était tellement inscrite, tellement visible dans tout son être, qu'Elya n'avait pu qu'en être émue.

Bon, elle n'avait pas un caractère facile, elle n'était pas la gentille fille à sa maman, ni à son compagnon d'ailleurs. Elle n'avait pas la langue dans sa poche, mais pour cette femme, autant que pour l'apprentissage qu'elle pouvait en retirer, elle avait tenté de faire de son mieux. Elle ne savait pas trop ce qu'on attendait d'elle, personne ne lui avait rien dit, ni même expliqué. Mais elle avait été heureuse d'avoir quelques choses de plus à faire que les cours du collégium. Certes, en tant que Héraut-Mage, elle devait apprendre de deux collégium, mais justement avoir une mentore avait été vraiment plus utile que de devoir se prendre des heures et des heures de cours à deux endroit différent.

Et elle ne pouvait pas nier non plus que la responsabilité était quelque chose de familier, et de rassurant. Elle avait une place ici au Collégium, elle faisait partie du système, et c'était de son choix. Certes, ce n'était pas le rêve qu'elle avait eu enfant, mais c'était même mieux.

Et donc, elle avait fait de son mieux pour devenir, sinon une assistante, au moins une véritable apprentie dans tous les sens du terme.

Elle était donc dans les sources avec Soucres, et la jeune femme décida de lui faire court. Ce n'était pas une surprise, mais la question lui demande réflexion. Elle ne connaissait que les bases de la magie, malgré trois mois d'apprentissage.

"Une pierre-cœur ? Il y en a une à Haven je crois, non ?"

Elle avait lancé une perche, elle n'était vraiment pas certaine de sa réponse.
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