« Réponse #2 le: 29 avril 2020, 09:52:19 »
10e jour de la 2e décade d'Été
Cher Micha,
Je ne crois que tu réalises à quel point tes mots sur le papier m'ont rendu heureux. Certes, tu te moqueras sans doute de ce Barde émotif qui s'extasie devant une lettre, mais, vois-tu, ces mots sont pour moi bien plus doux que les poèmes dégoulinants d'amour sur lesquelles se pâment ces dames. Je préfère mille fois ton "crétin" à leurs formulations parfumées et vides. Et ton pardon m'intéresse bien moins que tes bras et tes lèvres.
Tu as raison, je suis adulte. Mais c'est justement parce que je le suis que j'ai réalisé qu'au fond, je n'étais pas aussi mature que je l'aurais souhaité. Je suis très loin de l'image idéalisée que j'avais de moi-même. J'ai découvert que j'étais parfois colérique, jaloux et fier. Trois défauts qui n'avaient pas encore rejoint la longue liste de ceux qui m'habitent. Mais en avoir pris conscience m'a fait grandir, je crois. Plus jamais je ne les laisserai avoir le dessus sur ma raison. Ce n'est pas digne de toi. Ni de moi, d'ailleurs.
Malgré tout, j'ai peur. Non, je suis terrifié. Je ne te raconterai pas notre entrevue, avec ton épouse. Ce que nous sommes dit ne concerne finalement que nous. Mais elle a su me montrer clairement où était ma place. Et même si je suis bien mince, je ne suis pas certain de pouvoir y tenir tout entier. Maintenant, je crains plus que tout que mes longues guiboles ne dépassent, ou que mes boucles folles n'entravent la vue de quelque autre personne se pressant autour de toi. J'ai peur d'être simplement chassé si je ne parviens à me conformer à ses attentes. Parce que comme elle l'a si souvent répété, elle est ta femme, et moi, je ne suis personne.
Micha, ai-je vraiment le courage d'avoir cette conversation que tu désires tant? Je l'espère. Cette idée me terrifie presque autant que ta femme... Moi qui m'étais juré de me taire, de garder enfouis mes sentiments, je suis sincèrement désolé de te les avoir jetés à la figure de cette manière. Mais disons que Théo a réussi à m'énerver d'une manière assez inédite.
Quoi qu'il en soit, je veux te voir, bien sûr. Pour discuter uniquement, si c'est ce que tu désires. Pour davantage, si tu en as envie. Étant en train de finir mon œuvre pour l'examen de Compagnon, je suis assez disponible. Donne-moi un jour, une heure, un lieu, et je serai là.
Toute mon affection,Yvelin
PS: Ma mère sera ravie d'apprendre que tu as apprécié son travail!
« Modifié: 29 avril 2020, 11:13:10 par Yvelin »

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