Auteur Sujet: [Beltran/Mina] Panser les blessures  (Lu 4459 fois)

Héraut Irmingarde

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[Beltran/Mina] Panser les blessures
« le: 29 août 2020, 21:22:56 »
Début 5ème décade d'automne 1485

Mina n'avait jamais prétendue être une malade facile. De santé solide, elle tombait très rarement malade, mais dans ces cas-là, mieux valait être patient pour ne pas avoir envie de l'étrangler tant sa mauvaise volonté atteignait des sommets.
Sauf que là, elle ne pouvait pas faire grand chose qu'attendre sur son corps se remette. Et il fallait du temps.
Le Guérisseur qui passait la voir chaque jour, engagé par les jeunes De Girier, avait été formel. Elle avait épuisé son corps presque jusqu'au point de non retour.
D'un point de vue physiologique, ses entraînements avec Jayanti avaient déjà bien entamé ses réserves. Mais ses blessures et leurs conséquences avaient encore plus compliqué l'affaire.
Sa blessure au ventre l'avait vidé d'une grande partie de son sang, et ce qui restait s'était empoisonné. Et c'est sur ses bases sur son corps avait du apprendre à pallier l'absence d'un rein.  Et il y avait son poignet gauche cassé aussi. Non franchement, elle avait eu beaucoup de chance que Feuille soit là et il admirait sans réserve sa consoeur.
Il fallait ajouter ça un mal de crâne d'une rare violence les premiers jours, signe que le bief de son Don de Bouttefeu avait aussi été mis à rude épreuve.

Résultat? Mina dormait. TOUT LE TEMPS. Cela l'exaspérait. Au début, c'était à peine si elle restait éveillée le temps de manger, et encore, elle s'était plus qu'une fois endormi une cuillère à la bouche.
Et elle était bien surveillée.  Kate - elles s'appelaient à présent par leurs diminutifs - était une redoutable garde-malade. Elle l'avait installée dans une confortable chambre d'amis et veillait à ce que les consignes médicales soient respectées.
Mina ne sortait que pour aller câliner Ezarell,et c'était Micha qui s'occupait de l'y emmener.

Elle avait eu plus que le temps de se tenir au courant des suites du combat. Ezarell, une fois sûre que sa Liée était sortie d'affaire, avait fait savoir à Taver où elles étaient et avait pris des nouvelle. Mais elle avait aussi fait savoir que les visites étaient proscrites pour le moment. Le message avait du être passé, car elle n'avait vu personne. Si Kate avait chassé quelqu'un voulant quand même la voir, elle n'en avait rien dit.

Irmingarde s'ennuyait. Elle lisait, ce qui fatiguait ses yeux et la faisait s'endormir, encore.... Alors elle cogitait. Ce qui n'était guère mieux.
Mais elle avait respecté les consignes, même si de mauvaise grâce, et enfin, le Guérisseur avait décrété qu'elle pouvait recevoir du monde, pas longtemps, pas beaucoup, mais elle pouvait.
Mina s'était pas super sociable, mais elle était "seule" depuis une décade, elle n'en pouvait plus. Sans compter qu'elle comptait sur une visite en particulier.

Assise dans son lit, calée contre une montagne d'oreiller - Micha et Kate avaient-ils acheté toute la réserve de coussin du pays ?! - la Boutefeu lisait quand Kate, assise près de la fenêtre, lâche une exclamation amusée:

"Mais qui voilà..."

Mina leva les yeux vers elle, pleine d'espoir, et ne fut pas déçue:

"Beltran est devant la porte."


Irmingarde se redressa en grimaçant. Kate se tourna vers elle, les mains sur les hanches, soupirant:

"Le Guérisseur a dit "Pas d'émotion forte", je crois que c'est raté..."

Elle eut tout de même un sourire puis déclara:

"Je file. La domestique va l’accueillir et je le guiderai jusqu'ici. Pas de bêtise où je me facherai. Tout Commandant de la garde et Boutefeu que vous soyez."

Elle disparut et Mina se força à ne pas garder les yeux fixés sur la porte. La providence était sympa avec elle. C'est à Beltran qu'elle pensait la plupart du temps. Même s'il n'avait jamais répondu à sa demande de le voir, la veille des combats, alors qu'elle lui avait fait parvenir un mot. Du coup, par dessus le marché, elle angoissait et s'était rajouté une autre blessure, au cœur.
« Modifié: 30 août 2020, 15:29:01 par Héraut Irmingarde »

Beltran

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Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #1 le: 30 août 2020, 11:30:21 »
Si Mina était encore alitée, il en était de même du côté de Beltran. Sa blessure à l'épaule s'était infectée et son mollet ne guérissait pas assez vite à son goût, et tout cela allié aux multiples coupures qu'il n'avait pas évité au combat, tout cela faisait que les Guérisseurs le voulaient au lit ou, à la grande limite, assis à son bureau. Et comme Beltran s'ennuyait, même le travail administratif lui semblait moins rébarbatif qu'à l'habitude.
Et puis un jour, son Guérisseur le déclara apte à marcher un peu au sein de la caserne. Puis du Palais. Au début, Beltran se rendit aux jardins et pas dans les couloirs. Il passa du temps avec son cheval Epee et en profita pour se régaler des rumeurs qui circulaient dans les écuries.
Il apprit ainsi l'héroïsme de Mina. Elle était devenue la Flamme de Haven. Mais elle était tombée. Et ça, et le fait qu'elle ait vraisemblablement survécu, força Beltran à aller prendre des nouvelles. Boitant bas, il se rendit au Collegium des Hérauts. Il interpella un homme en uniforme blanc dont il ignorait le nom. Il apprit alors qu'Irmingarde avait bien survécu. Mais le Héraut ne savait pas où on l'avait soignée. Beltran se décida à revenir ensuite à la Maison des Guérisseurs. Il exigea qu'on lui dise où se trouvait sa bien-aimée. Le roman de leur histoire lui ouvrit quelques portes et enfin il sut où aller. Techniquement il n'était pas en état de descendre en ville. Si son guérisseur l'apprenait, il aurait le droit à un sermon digne d'un enfant de 5 ans. Mais il fallait qu'il y aille!
En rentrant dans ses appartements pour sa convalescence, il avait trouvé un mot d'Irmingarde daté d'avant l''attaque de Cerath. Un mot qui, bien que bref et raturé, avait rouvert les blessures sentimentales du Commandant. Cela lui avait pris plusieurs jours pour intégrer le fait que oui, Mina voulait le joindre. Parler. Oui, parler parce que c'était ce qu'ils auraient dû faire avant qu'il ne fasse l'imbécile avec sa demande déplacée.

AU début de la 5e décade d'automne, sûr de là où se trouvait Irmingarde grâce aux rumeurs (et à un Guérisseur "complaisant" n'ayant pas envie d'énerver un Beltran certes en morceaux mais toujours aussi habile aux jeux de couteaux), Beltran se décida. Prenant sa béquille (pour compenser le mollet - il n'en avait pas deux car l'autre épaule était en trop mauvais état) il s'habilla comme un noble, se coiffa et ceintra son épée - plus un porte-bonheur qu'une vraie arme à ce moment.
Beltran descendit en ville. Lentement. Tellement lentement! Mais , martelant chaque pas douloureux d'un juron de son invention - et par la Déesse il avait de l'imagination! - il finit par arriver devant chez Micha et Kate. Il se rhabilla correctement, essuya la sueur de l'effort sur son front, et frappa. Il n'eut guère à attendre pour qu'une servante lui ouvre. Très courtoisement, il se présenta à la demoiselle.

"Bonjour. Je suis Beltran de Greenhaven, Commandant des armées de Valdemar. Je souhaite parler au Héraut Mina d'une chose de la plus haute importance."

Dans sa poche, pour se porter chance, il avait le petit mot de Mina. Il le toucha par réflexe en se présentant.

Micha de Girier

Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #2 le: 30 août 2020, 11:56:53 »
Micha intercepta Kate qui descendait les escaliers. Lui aussi avait repéré l'arrivée du capitaine éclopé chez ses parents. Et il tenait à accueillir comme il se devait le prétendant de sa cousine.

"Remonte. Je vous l'amène. S'il est sage."

Le majordome était en congé, ce fut la gouvernante qui lui ouvrit. Et déjà elle se crispa devant le ton péremptoire du Capitaine. Mais elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que le fils de ses Maitres intervenait.

"Laissez, Sonia, je m'en occupe."


"Oui, Monsieur Micha."

Et elle retourna à ses taches. Micha fit les quelques pas qui le séparaient de la porte.

"Le Commandant des armées de Valdemar en personne. Hum. Ce doit être important en effet. Mais c'est bête, le Héraut Mina a interdiction de recevoir des visites professionnelles actuellement. Ordre du guérisseur."

Toi, mon lapin, si tu veux voir ma cousine, tu vas devoir ramper. Et tu vas t'entrainer devant moi...

Beltran

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Re : Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #3 le: 30 août 2020, 12:33:06 »
Sonia, le cerbère qui avait ouvert à Beltran, partit sans insister, sûre que Micha saurait gérer "le Commandant". Mais il y avait pire, et cela, Beltra ne  l'avait pas préparé. Il avait espéré trouver Mina entourée de servantes - et son grade aurait fait effet. Mais il avait affaire à Micha, le frère d'Isabeau. Celui qui célébrait son mariage quand il s'était comporté en imbécile fini. Le souvenir n'était guère agréable... et visiblement, Micha avait envie de jouer avec le commandant. Celui-ci se sentit vaciller. Son mollet et son épaule le lançaient. Il ne tiendrait pas indéfiniment debout. Il avait blanchi. Pourtant c'est d'une voix ferme qu'il commença sa réponse à Micha:

"POur être honnête, il m'a fallu tellement chercher que seul mon rang m'a ouvert les portes qui se présentaient à moi. Vous avez caché Irmingarde loin des regards, et je ne peux que vous en remercier."


Le ton était un peu hésitant sur la fin. Dans le coin de l'oeil de Beltran, la goutte d'eau annonciatrice de migraine venait de faire son apparition.

"Je ne suis que Beltran pour Mina. Et ce que j'ai à lui dire est de la plus haute importance tant pour elle que pour moi. J'ai besoin de la voir, je vous assure."

Le Commandant hésita:

"Mais peut-être qu'elle est encore trop faible? Je peux revenir... Mais... Dîtes moi ce qui s'est passé? Après qu'elle m'ait touché au mollet je veux dire? C'est une vraie héroïne hors de vos murs. Mais on raconte tout et son contraire..."

Micha de Girier

Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #4 le: 30 août 2020, 12:57:24 »
"Vraiment?"

Le cercle héraldique, sans doute au grand complet, vu les commères que lui avait décrits Isabeau, savait que Mina était chez son Oncle. Mais apparemment personne n'avait parlé. Micha ne pouvait pas leur reprocher d'avoir caché Mina aux yeux des... Importuns.

Mais très vite, le commandant se dégonfla. Bien. C'était ce que Micha voulait. Il voulait bien laisser entrer Beltran, mais le bon commandant pouvait aller se faire voir. Surtout quand il se servait de son rang pour forcer le seuil de la maison de ses parents.

"Bien... Venez attendre au petit salon, je vais voir si elle veut vous recevoir."

Micha guida le commandant vers la pièce pendant que celui-ci demandait plus de précision sur ses aventures.

"Elle est tombée sur le toit du tribunal, a ce qu'on m'a dit. Nous nous sommes plus inquiétés de la soigner que de ce qu'elle avait fait. Ne bougez pas, je reviens."

Il laissa le commandant, et une fois qu'il eut fermé la porte du petit salon, il fit signe a un domestique de rester a cette porte. Le message était clair: Le Commandant ne devait pas sortir si Micha ne venait pas le chercher. Puis il monta à l'étage et toqua à la porte de Mina:

"Chaton, ton Beltran est là, il veut te parler. Je le fais monter ou je le mets dehors?"

Héraut Irmingarde

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Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #5 le: 30 août 2020, 13:42:53 »
Quand la porte s'ouvrit sur Kate, la déception de Mina pu se lire sur son visage. Celle-ci haussa les épaules et expliqua juste:

"Micha..."

"Pitié..."

La Héraut tendit l'oreille pour écouter ce qu'il se disait, et elle reconnu le timbre de Beltran. Son coeur fit une embardée, mais le silence se fit de nouveau alors que la femme de Micha fermait la porte.

"Kate!" râla Mina.

Mais Kateerid de Girier s'amusait trop, au fond. Et Micha les rejoint très rapidement.
Sa question la fit voir rouge, et elle haussa la ton, et tant pis si on l'entendait dans toute la maison.

"Non mais tu as cru qu'on avait seize ans pour jouer le chaperon ? Micha, Kate, je vous remercie jamais assez pour le soin que vous prenez de moi" même si objectivement elle n'avait pas vraiment eu le choix "mais ça, je devrais pouvoir gérer.".

Elle se calma légèrement, inquiète d'avoir pu les vexer. Ils étaient si attentifs à son bien-être. Que Micha la surnomme "Chaton" l’exaspérait autant que ça la touchait. A bien des égards, il avait agit envers elle comme un frère plutôt qu'un vague cousin.

"Fait-le monter Micha. S'il te plait. Je veux le voir."

Savoir qu'il était si près sans être là était difficile à supporter dans son état. Ce n'était pourtant pas son genre. Mais une saison entière séparait la dernière fois qu'elle lui avait parlé,et entre les deux, il s'était passé bien trop de choses.

Mina se cala un peu plus droite contre la tête de lit, et refit maladroitement sa tresse. Puis elle lissa sa tenue d'intérieure, sentant les contours de son corps amaigri par la convalescence.

Micha de Girier

Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #6 le: 30 août 2020, 13:53:27 »
"Bien, chef!" Répondit Micha, pas plus touché que ca par la pointe de rébellion qu'avait exprimé Mina. Cet homme lui avait fait du mal, il était hors de question qu'il l'introduise sans vérifier qu'elle voulait le voir. Il en aurait fait de même pour sa sœur, ou sa femme. Et sa femme en aurait fait autant pour lui. Il descendit rapidement l'escalier puis retourna au salon:

"Elle va vous recevoir, suivez moi."

Il guida le commandant vers la chambre de sa bien aimée et toqua une nouvelle fois. Il laissa le commandant entrer et signifia à sa cousine:

"On est pas loin, Kate et moi, si tu as besoin de quelque chose, hurle."

Il et un petit signe de tête pour Beltran:

"Commandant."

Puis il referma la porte.

Beltran

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Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #7 le: 30 août 2020, 16:18:49 »
Beltran attendit ce qui lui sembla être des lustres avant que Micha ne revienne. Malgré ses blessures le Commandant était resté debout et la douleur augmentait. Il faillit souffler de soulagement quand la porte s'ouvrit sur le cousin d'Irmingarde - autant pour sa jambe que parce qu'il apportait une bonne nouvelle: Mina acceptait de le recevoir. Une seconde, il frémit à l'idée qu'elle aurait pu dire non. Comment rentrer chez lui dans ces conditions? Il ne lui aurait resté que son épée et le désespoir d'un homme écarté malgré lui. Mais Beltran se ressaisit et écarta d'un battement de cils ces pensées suicidaires: Elle voulait bien le voir.

Beltran suivit Micha jusqu'à une porte de chambre à l'étage, porte qu'il ouvrit rapidement. Le Commandant sentit que dans la boutade d'Irmingarde criant si elle était en danger n'était pas une simple plaisanterie. Il pénétra dans la pièce en saluant Micha à son tour, puis le laissa fermer la porte pour regarder vers Mina.

La jeune femme faisait peine à voir malgré les tentatives d'arrangement. Immédiatement, Beltran oublia ses propres blessures pour s'inquiéter de celles de la femme qui avait été son amante. Son premier réflexe fut de se précipiter vers elle. Il faillit en tomber, ayant oublié pourquoi il se trimbalait avec une béquille.

"Mina..." fit-il d'un ton lamentable en se rapprochant moins rapidement que prévu de la malade.

Beltran ne savait que dire. Il tendit sa main invalide vers Mina et dut la ramener vers lui sans l'avoir touchée.

"Les rumeurs te disaient dans un sale état mais... c'est pire! Si tu es trop fatiguée ou endolorie, je reviendrai, c'est toi qui choisis..." chuchota-t-il, trop marqué par la douleur - beaucoup plus que ce qu'un soldat est habitué à voir. Mais il ne voulait pas partir et finit clopin clopant à se retrouver au chevet de la blessée.

"J'ai reçu ton mot pendant mon... traitement de faveur."
fit-il en indiquant son propre corps éclopé. 'J'y ai beaucoup réfléchi. Je pense que nous devons parler. Ne pas te parler a été une épreuve bien assez dure pour ne pas la continuer..."
:

Beltran se tut. Il sortit le petit mot de Mina et le lui montra comme preuve de ses bonnes intentions. Puis il le rangea et attendit la sentence.

Héraut Irmingarde

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Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #8 le: 30 août 2020, 17:38:45 »
Mina déglutit quand elle vit enfin Beltran.
Avec un bras dans un sale état. Mais surtout une béquille. Par les Dieux, Elle l'avait handicapé à vie ?!

Il s'approcha et elle entendit ce qu'il lui dit d'une oreille distraite, épouvantée par ce qu'elle lui avait fait.
Elle garda la bouche entrouverte de stupeur,
Elle vit le mot qu'il avait sur lui, repensa à ses mots maladroits et raturés et le soulagement faillit la faire pleurer, la submergeant toute entière. Tout son corps tremblait, sa main droite aussi quand elle la tendit son bras droit pour l'attraper par le bout de sa chemise - il s'était fait beau pour venir la voir - et le forcer à s’asseoir.

"J'ai cru... j'ai cru que tu l'avais jeté, et que tu ne voulais pas me revoir, je..."


Elle croisa ses jambes en grimaçant pour s'approcher un peu plus de lui.

"Beltran je suis tellement désolée."

Elle désigna sa jambe blessée. Ezarel, qui s'était renseignée sur l'état de santé du Commandant, avait finit par lui dire à contre-cœur que c'était son carreau qui avait fait ces dégâts. Mina avait cru qu'elle allait en mourir de honte et de culpabilité.

"Je n'ai jamais voulu ça. Je te le jure ! J'espère que tu n'as pas pense que j'étais... j'étais capable de faire une chose pareille par dépit ou.... ou jalousie. J'étais dans le feu de l'action, le bouclier venait de tomber, je voulais aider, et j'ai raté mon tir. Je ne voyais même pas que c'était toi, j'avais le soleil dans les yeux. Est-ce que c'est si douloureux que ça en a l'air ? Est-ce que c'est grave ? Par les Dieux, j'ai honte..."

Elle crevait d'envie de le toucher.

"C'est moi qui devrait te demander si tu veux bien rester dans la même pièce que moi. Moi ça va. Je sais que je suis pas très belle à voir mais je suis tirée d'affaire. J'ai juste un rein en moins et un poignet cassé, en gros. Comment va ton bras? "

Elle le regardait sans baisser les yeux, attentive à tous les détails de sa personne. Est-ce qu'il l'avait cru capable de vouloir lui faire du mal ? Est-ce qu'il voulait parler de ça ? Lui dire que la femme qu'il avait rencontré quand ils étaient séparés était plus bien plus simple, et surtout n'essayait pas de le tuer ?

Beltran

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Re : Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #9 le: 30 août 2020, 18:57:14 »
Beltran nota un changement sur le visage de son ancienne amante mais par les Dieux il était bien incapable de les interpréter. Il faillit ne pas s'approcher mais il le fit quand même parce qu'il en avait encore le courage. Il lui présenta plus ou moins les choses qui l'avaient ramené dans cette chambre mais Mina semblait n'écouter que d'une oreille. Elle remit son attention sur le papier que tenait Beltran. Avant de répondre, la fine main d'Irmingarde autorisa Beltran à s'asseoir, ce qu'il fit avec un manque d'élégance certain. Puis il répondit à ses peurs:

"J'ai voulu répondre mais ... ce genre de chose se discute de vive voix. Et tu - nous n'étions pas visible. Je suis venu le plus vite possible selon les circonstances. Mais j'aurai dû ... oui j'aurais dû m'assurer que tu n'attendais pas encore une réponse. Mais jamais ça n'a été parce que je ne voulais pas te voir. C'était plutôt l'inverse."

Soudain ce fut au tour de Mina de s'excuser. Beltran leva la tête qu'il avait baissé de honte. Il ne comprit pas sur le coup ce qui pouvait bien mériter un pardon. Mais cela semblait important aux yeux de la blessée. Quand il comprit qu'elle parlait de sa jambe, il eut un petit rire.

"Ca fait longtemps que je n'avais pas eu une blessure comme ça. Ca fait mal mais ça guérit. Avec les soins adaptés je retrouverai la jambe de mes vingt ans.. ou presque."


Il hésita une seconde puis avoua:

"J'ai cru un instant que c'était délibéré. Mais tu es une Héraut et je te connais assez pour savoir que tu ne serais pas assez mesquine pour ça. N'aie pas honte, dans ta situation même les plus héroïques des personnages de légende auraient agi comme toi."


Beltran laissa Mina faire le bilan de ses blessures. Un rein en moins. Grosse opération. Vu l'état dans lequel il voyait Irmingarde ça n'avait pas dû être de tout repos.

"Mon bras s'est infecté... avoua-t-il... Interdiction de l'utiliser même à l'entrainement. Alors je fais comme je peux avec l'autre bras. Tant qu'il m'en reste un" conclut-il avec un sourire.

Beltran se tut un moment. Il regarda longuement Irmingarde sans parler, tentant de lui transmettre de tout son être ce qu'il venait de confirmer par ce bref échange: il était toujours amoureux d'elle. Il mourrait d'envie de le lui dire. Mais comment?
Beltran rapprocha son fauteuil du lit et se pencha pour prendre la petite main de Mina dans les siennes, toujours silencieux. Puis il prit une grande inspiration:

"Je suis là pour parler. Maintenant que nous avons parlé de nos blessures de vétérans, je voudrais passer au vrai sujet qui m'amène ici. SI tu es d'accord...?"


Beltran se redressa sur son fauteuil sans pour autant lâcher la main de la convalescente.

"S'il te plait, ne m'interromps pas ou je n'aurais plus le courage de dire ce que je dois te dire."
commença-t-il. "J'ai été un parfait imbécile. Je n'ai pas pris en compte tout ce que tu m'avais confié, notamment sur ton passé, et j'ai cru... j'ai voulu aller plus vite que la musique en te demandant en mariage comme l'idiot fini que je suis. Je t'ai fait peur et je t'ai perdue. Je ne savais pas qu'on pouvait autant souffrir pour la disparition d'un être qui n'est même pas mort. J'ai attendu que tu me pardonnes mais tu ne l'as pas fait et je l'ai bien mérité. J'ai tenté de t'oublier dans les bras d'une autre et ça a été une catastrophe absolue. Donc je m'en suis tenu à mon célibat, comme avant et avec la guerre j'ai bien eu de quoi m'occuper. Mais dans chaque mouvement que je faisais, je pensais à toi... comment tu allais quand Haven a été attaquée, comment tu contrôlais ton Don, peut-être que tu as trouvé quelqu'un à ta mesure et que tu m'avais oublié... J'ai prié pour que tu m'oublies, je t'avoue. Tu serais tellement plus heureuse avec... un Héraut, qui te comprendrait, qui aurait un Compagnon comme toi, avec qui tu pourrais faire des missions et compte sur ses dons... pas avec un vieux soldat comme moi, à moitié éclopé, qui a déjà un enfant et qui ne peut pas assurer ta vie sentimentale de rêve qu'une jeune femme de ton  âge est en droit de réclamer. Mais t'imaginer dans les bras d'un autre. Oh Mina, je suis vraiment désolé de te le dire: je t'aime. Beaucoup trop pour ma santé. Si tu veux qu'on parle des sentiments, voici les miens: je t'aime, et je t'épouserai ou ne t'épouserai pas, ça ne changera rien au fait tel qu'il est. Et tu es en droit de me repousser, ce qui me permettra de faire le deuil de notre relation que je n'ai toujours pas réussi à faire."
« Modifié: 30 août 2020, 19:28:49 par Beltran »

Héraut Irmingarde

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Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #10 le: 30 août 2020, 21:24:12 »
Ce n'était pas grave.
Ce n'était pas grave et ça allait aller.
Ce n'était pas grave, ça allait aller, et il ne lui en voulait pas.

Le soulagement fut si intense que Mina ne fut pas sûre de pouvoir le supporter. Les larmes n'étaient pas loin, ses yeux brillaient, et il ne valait mieux pas qu'elle ouvre la bouche si elle ne voulait pas éclater en sanglot.
Cela tombait bien, puisque Beltran lui demanda de ne pas l'interrompre. Il prit sa main, et sentir sa peau contre la sienne la fit rougir de plaisir.
Il lui parla de ce qu'il avait vécu, seul, il évoqua aussi l'autre femme, et il était clair qu'il n'ignorait pas son incartade à elle également. Il lui dit surtout qu'il l'aimait malgré tout, et encore. Au fur et à mesure, Mina avait tourné sa main pour sur ses doigts se mêlent à ceux du soldat.

Elle aussi avait beaucoup à dire, mais n'avait pas vraiment préparé tout un discours. Elle ne savait pas vraiment par où commencer. Elle se lança:

"J’ai regretté d’être partie à l’instant où j’ai quitté le mariage, je te le jure. Mais je me trouvais tellement ridicule, et je ne comprenais pas pourquoi je prenais les choses aussi mal… J'ai parlé à des tas de personnes, j'ai aussi beaucoup cogité, et quand j'ai compris pourquoi j'étais si en colère, j'avais honte, je ne savais pas comment revenir vers toi. Et Saskia a eut sa vision, et nous avons tous eu assez de travail pour se noyer dedans, surtout moi, ça m'arrangeait au fond. Moi aussi... moi aussi j'ai tenté d'oublier avec quelqu'un d'autre, et je veux que tu saches que ça n'a pas marché. J'ai pas pu..."

Et ça,ce n'était vraiment pas évident à avouer.

"J’ai beaucoup réfléchit, et quand je disais que je ne voulais pas que tu ailles à l’encontre de ce que tu es, j’avais raison sauf que je ne me suis pas posée les bonnes questions. J’ai réagi comme si je découvrais quel homme tu étais et ce que ça impliquait, mais j’ai toujours su qui tu étais, et je suis quand même tombée amoureuse de toi."

Là, elle récupéra sa main et la posa sur sa joue, où son pouce traça une caresse affectueuse et maladroite.

"C’est moi la fautive, c’est moi qui ai choisi d’oublier ce qui pourrait arriver, parce que ça m’arrangeait de ne pas avoir à y penser. Je me suis voilée la face. Je me suis convaincu que tu oublierai qui tu es par amour pour moi, ce qui est incroyablement prétentieux. Soyons honnêtes, on a jamais vraiment pris le temps de parler de ça, parce qu’il y a eu la guerre, et que ça nous arrangeait, et que je reconnais que c’était déjà pas évident de m’apprivoiser. Beltran, je t’aime. Toi, tes qualités, qui sont aussi tes défauts. J’ai oublié que pour moi, tu as été patient, plus que n’importe qui, et tu as gardé en toi tes désirs les plus secret pour ne pas m’effrayer. Et quand la réalité m'a explosé à la figure, qu'est-ce que j'ai fait ? Je t'ai chassé. J'ai encore plus honte de ça que pour ta blessure."

Ils furent interrompu par l'arrivé de la domestique venu apporter un lourd plateau de thé, café et chocolat chaud  - le péché mignon de Mina - ainsi que des gâteaux. Ca, c'était signé Kate, qui savait combien Mina avait de choses sur le cœur à dire.
La boutefeu se servit elle-même une tasse de chocolat, avec sa force de moineau, et laissa à Beltran le choix de faire de même s'il le voulait. Elle regarda son breuvage tourner sans sa tasse quelques secondes avant de lâcher:

"Le mariage donc. Beltran, on n'a jamais vraiment parlé de ma jeunesse dans les Holds. Je sais que c'est parce que tu ne veux pas me faire souffrir, et moi ça m'arrangeait, mais voilà, toute cette histoire est bien la preuve qu'on ne peut pas faire comme si ça n'avait pas existé. J'ai passé seize ans là-bas, plus de la moitié de ma vie. Que je le veuille ou non, ça fait partie de ce que je suis..."

Elle but une gorgée de chocolat et soupira, les yeux baissés :

"Je ne sais pas ce que c’est que de vouloir a tout prix rendre un parent fier de soi et de l’éducation qu’il nous a donné. Mon père, moi j’essayais juste de me tenir le plus loin de lui pour qu’il m’oublie. Et les autres femmes de mon père, je ne les ai jamais vu comme des figures maternelles. Tout au mieux des victimes de mariages arrangés, certaines à peine plus vieilles que moi quand elles se sont mariées à mon père, tu imagines ? Ce que j’ai vu, et pire, ce que j’ai entendu, là-bas..." elle eut un hoquet paniqué "Oh Beltran, quand je te vois avec Liane, quand je vois ce que c'est vraiment, d'être une gamine dans ce royaume. A son âge, on m'avait déjà inculqué que je n'étais qu'une marchandise! C'était ça le mariage pour moi.Si terrifiant que seule cette perspective m'a donné la force de m'enfuir. Je t'en ai voulu de ne pas l'avoir pris en compte avant de demander ma main, et je m'en suis encore plus voulu de pas m'être préparée à cette éventualité. J'ai beau avoir vu depuis quantités de mariages d'amour, ici, j'ai beau savoir comment tu le vois, toi, sentir combien c'est une preuve d'amour à tes yeux, et vouloir de toutes mes forces partager ta vision des choses, j'ai seize ans d'horreur à dépasser. Et je crois bien que c'est ça qui m'a pris le plus de temps, qui explique pourquoi je ne suis pas revenu tout de suite."

Elle avait envie de se blottir contre Beltran, mais ni son corps ni le sien n'aurait apprécié. Les mains autour de sa tasse, elle se perdit dans des souvenirs douloureux. Sa respiration s'affola, et des larmes finirent par couleur dans son breuvage.

BackGround - Réticences
« Modifié: 31 août 2020, 07:36:49 par Héraut Irmingarde »

Beltran

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Re : Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #11 le: 31 août 2020, 11:31:35 »
[Beltran voyait bien les changements sur le visage d'Irmingarde mais il n'avait jamais été doué pour les décrypter (tant qu'elle ne comptait pas l'attaquer...). Avant qu'elle ne puisse lui demander de sortir, il se lança et lui demanda de l'écouter. Le flot de paroles qui sortit l'étonna lui-même: c'est avec surprise qu'il réussit à se livrer autant. Oh, il manquait plein de choses à dire mais l'essentiel était là. Il était là, il l'aimait et ne partirait que si elle le souhaitait.
Au fur et à mesure qu'il parlait, il sentait la main de Mina se tourner pour entremêler ses doigts aux siens. Beltran faillit pleurer en comprenant le mouvement: elle ne voulait pas qu'il parte. Il serra la petite main dans la sienne et laissa Mina parler à son tour.

Quelque chose en lui se brisa quand elle prit la parole. Il avait essayé de s'imaginer les sentiments d'Irmingarde lorsqu'elle l'avait abandonné comme un idiot au mariage. Mais entre imaginer et entendre, il y a un gouffre qu'il dût franchir à ce moment. Les excuses de Mina quant à sa distance non rattrapée à cause de la guerre et du reste planèrent vers lui et le soulagèrent. La fin du petit discours se termina sur l'aventure de Mina. Là, Beltran ne put s'empêcher d'intervenir:

"Tu étais ... tu es libre de partager la couche de qui tu veux... Et si tu veux savoir, j'ai tenté d'avoir une aventure mais... tu étais trop présente, elle est rentrée chez elle..."

Beltran en était presque rouge de honte: sa virilité était mise en jeu, mais il sentait qu'il devait dire la vérité à Mina sinon cela lui trotterait dans un coin de sa pensée sans s'arrêter.
Mina reprenait déjà. Il était question de sentiments, sujet difficile pour le Commandant mais il écouta, caressant du pouce la main de son amie. Cellle-ci lui retira sa main pour la poser sur sa joue. La main de Beltran vint l'y maintenir. Ce contact physique après des décades leur fit du bien à tous les deux. L'aveu des sentiments de sa mie faillit faire pleurer de soulagement le Commandant des Armées de Valdemar. Elle l'avait dit. Elle l'avait dit qu'elle était amoureuse. Et qu'elle le comprenait - ça il en doutait mais c'était sur la bonne voie. Avant qu'il ne puisse répondre Mina continuait déjà, s'accusant de tout ce qui n'allait pas entre eux. Elle avait mis le doigt sur leur problème principal: ils ne parlaient pas assez.

"Tu n'es la fautive de rien. J'aurais dû mieux résister à la pression familiale, à mon sens du devoir envers toi... Je ne t'ai pas demandé en mariage pour les bonnes raisons même si j'ai tenté de me convaincre que ça l'était. Tu aurais pu - tu aurais dû me brûler sur place. Tu n'es pas la jeune fille fragile sans famille que mon âme de héro veut sauver de la vie. tu es un Héraut accompli, encore plus dangereux que moi. C'est à moi de te demander ma protection..."
  tenta-t-il de plaisanter. il reprit immédiatement: "tu n'as pas à avoir honte. J'aurai fui à ta place et je ne serai pas là à discuter de... tout ça."

La servante entra avec un plateau de gourmandises. Beltran eut du mal à séparer sa main de celle de Mina pendant que celle-ci se servait un chocolat. Beltran fit de même et plaisanta:

"Nous avons tous les deux du poids à reprendre je crois. Cela fait une éternité que je n'ai pas bu de chocolat. Tu remercieras tes cousins. Tu sais, j'ai cru que  Micha allait m'interdire de te voir... Je suis heureux qu'il ait pris le risque. Mais si tu es trop fatiguée, dis le moi et nous continuerons plus tard..."


Beltran but une gorgée pendant que Mina regardait sa tasse. Il la laissa reprendre. C'était un sujet décidément très sensible: le mariage. Il avait compris la leçon, était-il nécessaire d'y revenir? Visiblement c'était resté en travers de la gorge de la jeune femme parce qu'elle y revint. Et elle parla des Holds, de sa famille - comment un tel modèle de famille avait pu laisser grandir un Héraut de cette nature? Beltran aurait presque souhaité qu'elle les crâme tous autant qu'ils étaient.

"Je connais la situation dans les Holds, Mina. J'aurais dû accepter que tu n'as pas eu une jeunesse facile et qu'on t'a traitée comme une marchandise. Permet moi de te poser une question Mina... Tu peux ne pas y répondre. Mais au vu du temps que tu as mis à accepter mon désir, je me dois de te la poser avant d'aller plus loin.
" IL se tut une seconde puis demanda: "est-ce que ton père ou quelqu'un que tu connais des Holds t'a violée? Est-ce pour cela que l'amour - physique- te fait si peur?"

Après sa gorgée de chocolat, Mina s'était lancée dans son explication sur le mariage, ce qui répondait en soi plus ou moins à la question de Beltran. Ce dernier hocha la tête.

"Je comprends. Et il est de mon devoir de te montrer que la vie peut être douce... Au travers de Liane - qui soit dit en passant me demande souvent après toi- qui profite bien  de sa jeunesse maintenant qu'elle a surmonté ses traumatismes. Et au travers de notre relation qui, si elle n'est pas parfaite, est censée quand même te montrer ce que c'était d'aimer inconditionnellement. "

Beltran posa sa tasse et regarda Irmingarde pleurer. Il maudit son corps éclopé et insulta copieusement mentalement ceux qui avaient mis son aimée dans cet état. Avec un gémissement, il se leva et alla s'asseoir au bord du lit. Il retira la tasse des mains de son amie, puis prit les deux dans ses propres mains.

"Pleure, ma douce, si tu en as besoin. Je suis là maintenant et crois moi je ne te laisserai plus jamais partir si facilement... Je te le promets. "


Il avait lui-même les larmes aux yeux. Il serra les mains de la jeune femme et tout doucement, il chuchota:

"Je t'aime Irmingarde. Je t'aime parce que tu es toi et personne d'autre et que tu te bats pour tes valeurs, même quand ça signifie partir. Mais j'espère que tu n'as plus envie de partir?"

Héraut Irmingarde

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Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #12 le: 31 août 2020, 17:01:12 »
Mina n'était pas plus douée en lecture de sentiments d'autrui que Beltran, cependant, elle vit bien qu'il était aussi ému qu'elle.
C'est avec un sourire satisfait qu'elle l'entendit confier avec embarras que son éphémère aventure n'avait mené à rien. Elle ne rajouta rien. Pour le moment.
Il superposa sa main sur celle qu'elle posa sur sa joue, Mina ferma les yeux une seconde pour savourer ce contact. Habituellement, elle aurait pu se suffire de cette caresse qui se passait de mot. Mais ce n'était définitivement pas une bonne idée.
Il prit sa part d'erreur dans l'histoire, et elle le laissa faire. Après tout il avait raison, elle n'était pas la seule fautive.
Elle réagit toutefois à ce qu'il dit sur Micha:

"Micha et Kate on été plus que prévenant avec moi. Ils ont veillés sur moi. Kate surtout. Elle m'a dit qu'elle n'aimait pas le sang, et pourtant, je suis arrivé dans un tel état, et elle est restée..."

De ces marques-là, elle ne se souvenait de pas grand chose, sinon d'Ezarel qui essayait de l'empêcher de sombrer.
Il l'écouta parler de son enfance, et posa pour la première fois crûment la question sur ce qu'on lui avait, ou non, forcé à faire. Elle n'avait pas vraiment prévu de parler de ça, mais elle répondit, amère:

"Sauf ton respect Beltran, tu ne connais pas la situation dans les Holds. Y'a que les gens comme moi qui peuvent en parler. Même si tu en a une bonne idée, et devant toi un parfait exemple de ce qu'ils sont capable de produire en terme d'humain complexé. Quant à ma famille... Mon père n'a m'a jamais touché de cette façon, me taper lui suffisait. Mon frère aîné en revanche..."

Mina n'avait pas repensé à lui depuis des années. Elle le souhaitait mort dans un accident de cheval. Ou n'importe quoi d'autre. Tout plutôt que l'imaginer à la tête d'une Famille, tout puissant.

"... il ne m'a pas violé. Pas... à proprement parlé. Je sais pas si ça revient au même, je sais pas..."

Elle n'avait pas fait attention au moment où il s'était levé pour venir la consoler, réalisant tardivement que ses mains étaient autour des siennes.  Elle entendit ses mots, et ils lui firent du bien.

Elle renifla d'une façon peu élégante, et du s'essuyer sur le bord de sa tunique, charmant, vraiment...

"Désolée..."

Elle avait envie de garder ses mains dans les siennes, il était si près qu'il lui aurait suffit de pencher pour l'embrasser. Mais se pencher était difficile, et puis elle avait faim. Elle récupéra une main pour grignoter un gâteau tout en scrutant Beltran de haut en bas.
Le plus difficile été fait. Presque. Ou pas.

"Tout ça Beltran, ça n'a été qu'une partie du problème, je dirai. Tu dis que tu m'a demandé en mariage pour les mauvaises raisons. Je ne suis pas d'accord. Ces raisons ont du suffire à... à faire déborder un vase plein à ras-bord depuis longtemps. Tu parles maintenant de pression familiale, Au mariage de Micha, je me souviens de chacun de tes mots. L'officialisation, l'honneur, l'amour bien sûr, mais aussi ta famille, l'obéissance, et le respect. Les attentes de ta famille, ce sont les tiennes aussi, que tu le veuilles ou non. Que je le veuille ou non aussi d'ailleurs. Ca fait partie de toi. Et comme je t'aime aussi inconditionnellement, c'est une partie de toi que je dois prendre en compte."

Mina reposa sa main sur la sienne, maladroitement, le poignet maintenu par une attelle rigide. Et elle s'obligea à la regarder dans les yeux:

"Beltran, depuis toujours, tu as tout fait pour me rendre heureuse. Tu as su attendre derrière chacune des barrières que j'ai dressée entre nous, tu as respecté chacune de mes limites. Au détriment de certaines de tes convictions les plus profondes. Parce que tu m'aimes. Je t'aime aussi. Et je veux que tu sois heureux. Avec moi. Alors si pour ça, je dois t'épouser... D'accord."

Respirant un grand coup, elle réalisa qu'elle avait débité ces dernières phrases presque en apnée.

"Enfin sauf si tu ne veux plus."

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Re : Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #13 le: 01 septembre 2020, 11:16:43 »
C"était dans l'intérêt de Beltran de ne pas avoir à s'intéresser à sa pauvre libido - il se souvenait de la seule fois où il avait craqué, bien avant qu'Irmingarde prenne autant d'importance pour lui. Il se souvenait de la honte qu'il avait ressenti et dans un sens, il remercia les Dieux de l'avoir empêché de bander pour une autre femme.

Mina continuait à parler, de Kate et Micha. Beltran hocha la tête:

"Tu saurais toutes les rumeurs sur ta mort... En héroïne, évidemment. Et ils décrivent ta mort avec beaucoup de détails. J'imagine bien ton état arrivée ici - je vois le résultat. J'ai peur que si je remercie Micha et Kate, ils  me rembarrent... Mais je leur suis très reconnaissant. Et quand tu seras apte à rentrer dans tes appartements, tu peux évidemment venir continuer ta convalescence chez moi... Mais tu es bien, ici. Tu ne t''ennuie pas trop? Tu peux voir Ezarell?"

Beltran continua brusquement sur un sujet sensible. Il se fit rembarrer gentiment par Mina quant à sa connaissance des Holds. Mais il n'avait pas l'intention d'argumenter à ce propos même s'il était préposé aux sujets "Holds" de l'armée et du Conseil. Elle avait sans doute raison de toute façon. Et elle devrait s'attendre à devoir intervenir au Conseil pour aider à la gestion des Familles. Dans la Famille des Holds, le patriarche avait tous les droits. Mais il n'avait "que" battu son enfant. Le frère, l'héritier, avait "en revanche" eu des gestes déplacés. Il ne l'avait pas violée mais... mais ça devait être grave et difficile d'en parler. Beltran se permit d'insister.

"Pas à proprement parler? S'il t'a touché sans ton consentement, c'est un viol. Ca l'est autant que forcer tes barrières pour t'imposer des ordres..."


Beltran s'était levé et rassit sur le lit. Il tenait les mains de son amie et il tentait de lui transmettre sa compassion - pas sa pitié, elle n'en voudrait pas et elle était une survivante, pas une victime.

"Tu n'as pas à être désolée..." chuchota Beltran en allant à la pêche au mouchoir dans son veston. Il le tendit à la pauvre Mina qui venait de s'essuyer le nez sur sa tunique.

Une des mains de Mina lui échappa et Beltran eut un sourire en voyant sa gourmande amie se mettre à manger. Il récupéra sa main et but un peu de chocolat. Il reposa sa tasse avec précaution avant de se reconcentrer sur ce que disait Irmingarde. On revenait sur un sujet difficile. Ok, Beltran était là pour ça, mais il n'en était pas moins qu'il redoutait de parler de tout ça. La Liée d'Ezarell s'excusa de son comportement, ce qui amena le Commandant à s'excuser aussi. Puis Irmingarde lui "pardonna". Et ça il ne s'y attendait pas. Elle avait compris son compagnon mieux que lui-même visiblement. Mina se lança - "je t'aime aussi inconditionnellement" laissa le Commandant muet car il aurait voulu trouver les mots... Ces mots dont  elle se souvenait n'avait pas été assez forts puisqu'ils ne l'avait pas rattrapée. Il s'attendit au pire. Sa main reprit sa place sur celles de Mina. Il la regarda avec une grande inspiration... Qu'il coupa court quand il capta le regard de sa bien-aimée. Pas de blague pour détendre l'atmosphère. Très sérieusement, Irmingarde rouvrit la bouche et ce qui en sortie coupa la chique au Commandant.

"Ce n'est rien,  tout ça..." commença-t-il, mais il s'interrompit alors qu'elle parlait de ses convictions les plus profondes... Immédiatement, Beltran imagina le pire - qu'il doive revenir en arrière et regagner sa confiance (il fallait avouer qu'il était prêt à tout refaire du début...) Puis elle finit sa phrase.

Beltran s'interrompit brusquement de respirer. Il ouvrit la bouche. La referma. Mina ajouta "sauf si tu ne veux plus". Dans le cerveau de Beltran, un neurone se mit à courir en rond dans son cerveau, incapable de se décider sur la manoeuvre à effectuer. Un deuxième neurone se mit en branle et fit le signal d'urgence. Beltran ferma la bouche. Il était au stade de la panique. Est-ce qu'elle lui en voudrait plus tard s'il l'épousait maintenant? Avait-il le droit de l'épouser puisque c'était ses valeurs mais pas les siennes? Allait-elle regretter sa proposition? Personne n'avait jamais fait une demande en mariage à Beltran, et celle-ci était bien particulière.

Beltran serra les mains de sa bien-aimée, toujours silencieux. Puis au moment où le silence allait être gêné, il reprit la parole:

"Tu me mets dans une situation difficile, ashke. Si je t'épouse, tu auras tout le loisir de me rappeler jusqu'à ma mort que tu m'as épousé pour mes valeurs et pas les tiennes. Mais moi, moi Beltran, pas Beltran de Greenhaven, juste Beltran... Moi je veux t'épouser. Je ne veux pas un grand mariage - sauf si tu le décides- je veux juste nous unir devant la Déesse et nos familles. Mais uniquement, et je le répète, seulement si tu es sûre d'être prête... Pas que ça change grand chose à notre amour, et j'avais renoncé à mon idéal du mariage, donc je peux continuer sans difficulté. Mais oui, oui Mina je t'épouse. Sur le champ s'il le faut. "
plaisanta-t-il à moitié, les larmes aux yeux.

Héraut Irmingarde

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Re : [Beltran/Mina] Panser les blessures
« Réponse #14 le: 01 septembre 2020, 14:49:18 »
"Une héroïne, vraiment ? D'après ce que je sais, c'est Fitz qui a fait le gros du travail. Moi j'ai cramé des hommes, ce n'est jamais glorieux."

Aussi vils soient ses ennemis, et même s'ils avaient voulu sa mort, jamais Mina n'avait la volonté de tuer. C'est ce qui faisait d'ellle un Héraut, d'après Ezarell.

"Je peux voir Ezarell. Elle est aussi bien logée que moi ici. Je suis capable de marcher, mais en général Micha me porte. Je ne pèse pas grand chose pour lui ! Et oui, je serai ravie de revenir dans tes appartements. Si tu penses que deux blessés ne risquent pas de se compliquer le quotidien."

Cette tendre perspective fut ternie par le reste, les mauvais souvenirs, les traumatismes, et les questions de Beltran au sujet de son frère. La dernière lui arracha d'ailleurs un rire froid.

"Je ne crois même pas que le mot consentement ait une définition là-bas. Les femmes existent pour obéir et faire des enfants. Crois-moi quand je te dis qu'ils savent s'y prendre pour faire taire toute envie de révolte. Et en ce qui me concerne, c'est une affaire réglée, ou au moins apaisée."


Elle rajouta d'un ton bien plus doux.

"Il faut croire que tu sais t'y prendre..."

Ils se réconciliaient, c'était maintenant certain, et quand Mina enfonça définitivement le clou en lui déclarant qu'elle était prête à l'épouser, la réaction de Beltran fut, il fallait bien le dire, à la hauteur de ses espérances. Il fallait au moins ça. Et le lui réexpliqua:

"Tes valeurs font de toi l'homme que j'aime. C'est l'oublier qui nous a entraîné dans cette situation. Je ne me sens pas forcée si tu me dis que ça te rend heureux. Je n'ai pas de grandes aspirations dans la vie Beltran. Je n'ai eu quelque temps que celle d'être digne de l'uniforme que je porte, et quand j'ai enfin accepté mes sentiments pour toi, celle de profiter au mieux et le plus longtemps de ta compagnie et ton affection. Le principe du mariage en lui-même, si je me détache de ce qu'il représentait à mes yeux de bâtarde Hold, m'est indifférent. Je peux te promettre amour, et fidélité devant Aanor, c'est ainsi que je vois les choses de toute façon."

Elle voyait bien ses larmes et lui sourit avec tendresse. Ca lui réchauffait le coeur de voir combien il était heureux.

"Maintenant ? Dans l'état lamentable où nous sommes toi et moi ? Je suis peut-être pas la femme la plus croyante de Valdemar et cérémonieuse, quand même, j'aimerai qu'on puisse tenir debout... Et je suis lucide. Ce mariage ne pourra jamais être petit. Ta famille est grande, et tu es l'héritier de Greenhaven. Je sais que tu te passeras de leur avis si je te le demande, mais je doute que ta famille acceptera une cérémonie intime. J'en ai bien conscience et je n'ai aucune envie de les mécontenter, je serai déjà une future Dame de Greehaven calamiteuse, autant ne pas en rajouter... Si ca peut m'accorder un peu de légitimité, c'est toujours ça de pris."


Elle repensa à ce que lui avait dit Eloïse à ce sujet, et se racla la gorge. Il y en avait un dernier à évoquer, et non des moindres.
Elle récupéra ses mains pour les tordre entre elle, mal à l'aise.

"On doit parler d'autre chose, et maintenant. Beltran... est-ce que tu... est-ce que tu voudras des enfants ?"

La question était sortie à toute vitesse, mais elle était certaine qu'il avait compris et préféra le court-circuiter:

"Pour éviter les quiproquo, je préfère te donner mon avis tout de suite. Si tu veux que Liane reste fille unique et que ce soient les enfants de ton frère qui héritent, ça me va. Si en revanche la descendance fait partie du lot avec le mariage, je ne suis pas contre, mais ne me le demande pas maintenant."

Comme elle l'avait compris chez les Thornton, elle n'avait jamais pensé sérieusement à faire des enfants, parce que Beltran avait Liane, et qu'ils ne comptaient pas se marier. C'était simple. Mais les choses allaient changer.
Irmingarde aimait les enfants, depuis toujours. En avoir un, d'elle et de Beltran ? L'idée n'était pas si insensée en théorie. Mais en pratique, ca devrait attendre. Peut-être toujours. Elle était une Héraut active, avec un don unique. Elle ne priverait pas le royaume de ses compétences pour faire un enfant. Ca attendrai la paix, qui ne serait peut-être maintenu jamais assez longtemps. Ou elle mourrait avant.
« Modifié: 01 septembre 2020, 17:31:51 par Héraut Irmingarde »