Juste avant qu'elle ne se rende compte de ce qui clochait, Irmingarde eut mal au cœur de voir l'état dans lequel était Beltran sans en connaître la cause. Il semblait vraiment souffrir, et ça la rendait malade.
Puis après vint la colère. Et la jeune femme s'attendait à tout, sauf à une rage supérieure à la sienne qui lui déferla dessus sans qu'elle puisse rien y faire.
L'agression psychologique était violente, ses insinuations et ses accusations scandaleuses.
Elle en resta bouché bée, le temps pour elle d'analyser le flot d'injure venant du Capitaine. Il avait eut le temps d'essayer de s'enfuir avant que ses pieds acceptent de se décoller du sol.
Alors elle courut pour se placer entre la porte et lui. Fragile petite Héraut prise entre un simple morceau de bois et un soldat deux fois plus lourd qu'elle. De son index droit, elle lui martela la poitrine comme pour faire intégrer avec plus de force les phrases qu'elle lui cracha à la figure:
"Excuse-moi? Mais pour qui tu te prends pour faire des allusions pareilles! J'ai eu tort de te faire confiance, tu me connais bien mal! Tu crois réellement que j'ai cherché à te séduire? Moi?!"
Elle ponctua ce mot avec une incrédulité non-feinte.
"Si tu as cru à ce genre de numéro de ma part, c'est que tu le voulais bien mon pauvre Beltran, parce que ce n'est pas mon genre, et tu devrais parfaitement le savoir! Tu joue à celui qui me comprend, qui sait par quoi je suis passé et tu tires ce genre de conclusion? Mais tu n'as pas une once de psychologie Capitaine, même le moins gradé de tes soldats aurait comprit!"
Ca, c'était un coup bas, mais en même temps, il ne la ménageait pas.
"Je suis une femme désirable?! Fabuleux, absolument fa-bu-leux comme découverte! Moi ce que je sais, c'est que j'étais naturelle avec toi, si tu vois ça comme une invitation à là débauche, c'est toi qui a un gros problème! Je ne jouais pas avec toi de la façon dont tu l'entends Beltran, pour qui me prends-tu bon sang?!"
Elle laissa retomber sa main pour pouvoir exprimer sa colère avec ses deux bras qui volaient en tout sens, près de son visage à lui sans pour autant le menacer, elle était folle de rage, mais pas folle tout court.
"Tu me prends pour une fille facile, de petite vertu? Pour une catin de la porte de l'Exil?"
Son ton était monté dans les aigu vers la fin, et, sachant parfaitement ce qu'elle faisait, sachant parfaitement qu'il détestait ça, elle avisa la vielle cheminée où dormait un vieux morceau de bois dans l'angle de la pièce et y provoqua un feu ronflant qui s'éteignit aussitôt, faute de combustible pour le maintenir, mais assez pour faire étinceler la pièce.
Il ne comprenait rien! Et comme de toute manière, Mina ne maîtrisait pas ses paroles, elle fut honnête:
"Je ne sais pas ce que j'ai fait pour te mettre dans un tel état, si tu as cru des choses, c'était innocent de ma part, ou alors, je ne m'en suis pas rendu compte. Tu crois que je sais comment on séduit les hommes?! Tu crois que j'ai eu des aventures à tous les coins de rues pour le savoir?! Jusqu'à quelques jours, je ne savais même pas comment se manifestait ne serait-ce que le désir dans le corps d'une femme, comment je saurais comment le provoquer chez les autres hein? Je ne sais rien de tout ça, absolument RIEN! Je t'ai taquiné, par amitié, et si j'ai parut gêné, ce n'était pas de la coquetterie, je ne suis pas le genre de femme à jouer à ça, je ne connais même pas les règles de ce jeu!"
Mina espérait franchement que personne ne se promenait dans le coin, parce que si elle n'hurlait pas, ce n'était pas loin.
"Par contre, je sais que j'ai perdu. J'ai perdu quelqu'un que je pensais être mon ami. Mais j'ai de la chance au fond... A la différence d'Elryk, tu n'a tué personne en montrant ton vrai visage! Juste l'espoir que je commençais à avoir dans les hommes comme toi, juste quand je pensais que peut-être je pourrais, que..."
Sa voix s'éteignit et ses yeux perdirent de leur éclat colérique. A la place, il se remplirent de larmes. Elle le toisa avec hauteur, comme pour faire oublier qu'elle était en train de pleurer, et l'accusa:
"Mais bravo, félicitation. J'ai grandit dans une famille qui ne m'aimait pas, dans une région remplie de vieux libidineux et de jeunes tordus, entouré de frères, dont un ne s'est pas contenté de regarder, mais jamais, jamais Beltran, je ne suis sentie aussi sale de toute ma vie...'
La voix d'Irmingarde se brisa, pendant quelques secondes elle ne le quitta pas des yeux, puis finalement elle se tourna vers la porte et posa sa main sur la poignée, pour fuir d'ici et aller pleurer ailleurs sa douleur et sa déception.