Dunwyd n'attendit pas un seul instant avant de déplier le morceau de papier, et d'en déchiffrer l'écriture. Tout semblait conforme au portrait de « grande dame » que lui avait peint son ami, dans le soin apporté à la rédaction de la missive et la qualité qui s'en dégageait : sa mère n'était pas n'importe qui, c'était certain. De cela, il ne savait pas trop quoi penser, mais la lecture fit se dessiner un sourire sur ses lèvres. La fin voulait dire qu'elle espérait le rencontrer non ? Par contre, il était presque déçu qu'il 'y ait rien de plus, mais bah, il n'avait plus beaucoup à patienter désormais. Il tendit donc de nouveau la lettre à Yvelin, après tout, c'est à lui qu'elle était adressée, mais avec une expression interrogatrice. Voulait-il la garder ? Sinon, évidemment que le jeune mage ne la dédaignerait pas.
« Oui, c'est vrai. Je devrais me débrouiller tout seul, alors. Et puis, si elle est aussi facile à remarquer que tu l'as dit, ça devrait pas être trop compliqué… »
C'était vraiment agréable d'avoir un ami à ses côtés pour ces moments pleins d'incertitude, malgré la faible tendance de Dunwyd à s'inquiéter lorsque cela n'était pas nécessaire. Mais là, la situation était vraiment hors du commun… Il s'en tira par une de ses pirouettes humoristiques habituelles :
« Mais bon, j'avais espéré me présenter sous un meilleur jour qu'affublé de ce ma-gni-fique uniforme jaunâtre qui nous met tel-le-ment en valeur ! »
Son rire était cependant vaguement nerveux, il n'y avait pas à s'y tromper. Il écoutait malgré tout la réponse du barde sur son programme de festivités.
« J'espère que tu passeras un bon moment là-bas, alors, et que tu auras un peu de temps pour discuter avec eux entre deux morceaux… au moins, c'est signe qu'ils apprécient ton talent. Dis donc, tu vises haut toi ! A peine compagnon, et tu espères attirer l'oreille du roi ? »
Il haussa les épaules. La situation pouvait sembler compliquée, mais il avait bien l'intention de faire comme si tout était normal, donc il irait au rendez-vous, et… advienne que pourra. Les assurances d'Yvelin l'y aidaient bien, en tout cas, et il lui rendit un sourire reconnaissant en hochant la tête.
« En fait, le plus difficile, si ça se trouve, ce sera les jours d'avant, où je devrai patienter, et puis je serais avec papa et Kerydwen, sans pouvoir rien leur dire… enfin, je survivrai. Et je viendrai tout te raconter… peut-être même que j'arriverai à attendre jusqu'au lendemain ! »
conclut-il en reprenant le ton de la plaisanterie.