La pression semblait s'amoindrir, très lentement, mais sûrement, et la douleur s'estompait.
Elle ouvrit doucement les yeux et vit que la jeune guérisseuse semblait très concentrée sur ce qu'elle faisait, et à la fois inquiète de ne pas lui faire de mal. Elle balbutia:
- Pa' grav... Vous faîtes de vot' mieux...
Elle aurait voulu dire plus, beaucoup plus, elle se rendait bien compte du mal qu'elle se donnait pour la soulager mais elle ne trouvait pas les mots, et les trouverait-elle qu'elle n'aurait pas la force de les prononcer.
Puis l'inconfort qu'elle ressentait changea de nature. Ses jambes devinrent lourdes, si lourdes qu'elle n'aurait plus jamais la force de les bouger, et elle avait l'impression qu'elles s'enfonçaient dans le matelas, comme si elle en perdait définitivement l'usage. La panique l'envahit, et elle repensa à la Karsiste - même si on éducation la poussait à rejeter les originaires de cette contrée - qu'elle avait vu sur son fauteuil, qui n'avait plus l'usage de ses jambes.
Qu'arriverait-il si elle ne pouvait plus jamais marcher?
Elle deviendrai inutile alors, on la renverrai, elle n'aurait plus de quoi vivre et alors quoi? Elle retournerai vivre chez son Père? Ce n'était même pas imaginable.
Elle décevrait Dame Riannon, qui lui avait fait confiance, elle serait un boulet pour elle...
Non, elle devait se relever, retourner travailler, oublier tout ça, mais elle avait beau donner des ordres à ses muscles, c'était comme si les messages se perdaient en route dans son corps.
Elle eut alors encore plus de mal à respirer et ne put répondre à la question de Léanor, mais Kun', alerté par l'état mental de Mina, s'assit et transmit, inquiet, à la Guérisseuse:
Elle panique...