[justify:3f8esyv3]Saskia cessa tout mouvement en écoutant quel aurait été le Destin d'Irmingarde si elle était restée chez les Holds. C'était un cauchemar ! Bouche légèrement bée, elle n'en revenait pas qu'on autorise à de tels bouseux de vivre ainsi, et qu'on les laisse traiter ainsi les femmes. C'étaient là des pratiques que Saskia trouvaient répugnantes ! Elle fronça le nez : Irmingarde devait trouver sa vie, ici au Collegium, bien paisible, malgré la montagne de travail quotidien qu'elle devait fournir. Pourtant, la Noble demoiselle ne put s'empêcher de trouver quelques points communs entre les pratiques barbares des Holds, et finalement, ce qui se passait à Valdemar : après tout, depuis quand les filles de nobles famille se mariaient par amour ?
Aah, l'amour, elle y revenait toujours !
Mais finalement, Saskia aurait du être servie sur un plateau d'argent incrusté de pierres précieuses, à un homme qui l'aurait eu comme unique femme. Le plateau d'Irmongarde aurait juste été en terre cuite. C'était la différence, finalement. Saskia eut une moue boudeuse. A Valdemar, on se battait pour des titres et des richesses, et chez les Holds, c'était juste pour agrandir des terres et se garantir de la main d'oeuvre pour les travailler. C'était presque rageant de se rendre compte du nombre de points communs entre des bouseux primaires et les hautes familles de Valdemar !
Entre ses doigt, le fil s'emmêla. Saskia poussa un soupir, teinté d'un grognement rageur, alors qu'elle s'évertuait à le défaire. Pourtant, le discours d'Irmingarde devint passionnant, et surtout passioné. Au point que Saskia arrêta de travailler pour l'écouter, servant une nouvelle tasse de thé pour chacune d'elle, buvant la sienne en écoutant la chef des pages. Des Kyrees, elle n'avait comme seul apperçu que celui qui hantait la bibliothèque, un endroit que la jeune fille détestait et dans lequel elle avait du passer de nombreuses heures... Une sourde paranoïa lui disait que Barrn avait surveillé le moindre de ses faits et geste, alors que Saskia avait été de corvée de tri et de nettoyage du coin qui accumulait toute la poussière possible dans Haven ! Mais il fallait avouer que la fonction de bibliothécaire du seul Kyree qu'elle avait apperçu n'allait pas forcément être une bonne base pour un jugement objectif... Pourtant, la façon dont Irmingarde parlait de son ami Kun était impressionnante. Quand elle se tut, Saskia eut un sourire :
- Et bien ! Vous en avez, de la chance, d'avoir un tel ami. Je savais juste que les Kyree avaient une excellente mémoire, et qu'ils transmettaient par oral légendes et contes précieux. J'ignorai tout le reste ! C'est... Fascinant !"
Et pour que Saskia avoue un tel enthousiasme, il ne pouvait être que réel. Reprenant sa couture, elle parla à son tour. Pour ne pas dire grand chose, mais pour éviter, surtout, que Irmingarde ne bouve sa tisane froide.
- C'est une chance que de pouvoir passer autant de temps avec un être aussi exceptionnel que votre Kun. Un ami aussi fidèle, aussi protecteur, et qui doit avoir des tas de choses à raconter, qui doit connaître des centaines d'histoires ! Au moins, si vous êtes en panne d'inspiration pour endormir l'un de vos pages, vous pouvez l'appeler à l'aide, non ? Et puis, un Kyree, c'est quand même impressionnant... Un sacré garde du corps pour éloigner les indésirables, que vous avez là ! Mina, je me demandais... Pourquoi il n'est pas avec vous, en ce moment ? Je suppose... Qu'il aurait pu venir.
Saskia releva la tête, jetant un regard circulaire sur le capharnaüm de sa chambre...
- Humm... Non, ça n'aurait sans doute pas été une bonne idée. Une maman Griffon ne retrouverait pas ses enfants dans cette chambre...
Simple constatation, exagérée,, et elle nota dans un coin de son esprit de faire le ménage, puisque visiblement, Père avait ordonné à la domestique du Manoir de ne plus venir ici. Saskia avait bien l'intention de se débrouiller... Oui, enfin... Avec beaucoup de motivation, quand même. Reprenant sa concentration sur sa couture, elle reprit la parole :
- Vous avez dit que vous ne saviez pas de quelle maladie vous étiez atteinte ? Vous pensez que votre ami Kyree pourra vous aider, là où les guérisseurs des Collegia ont échoué ?
Elle fit le lien avec la maladie qui frappait Arthon, et certains hérauts et Compagnons. Fronçant les sourcils, elle accéléra les mouvements de son aiguille, les sourcils froncés, avant de relever la tête :
- Vous pensez que votre maladie peut être liée à celle des Compagnons ? Je veux dire... On ne sait pas non plus d'où ça vient, ni à quoi c'est du - avouons que cette histoire de Déesse est un peu tirée par les cheveux... Si votre ami peut vous aider, vous croyez qu'il pourrait aussi aider les Compagnons ?
Un espoir un peu fou, peut-être, mais auquel Saskia décida de se raccrocher. Si elle pouvait aider Ryis - puis, techniquement, les autres Compagnons... - elle n'allait pas passer à côté ![/justify:3f8esyv3]