Arthon attendait. Son coeur battait à tout rompre, et l'information qu'il venait de donner était primordiale pour la suite de l'entretien. C'était effarant comme il pouvait se distancier d'Uriens au point de le voir pratiquement uniquement comme son souverain - et comment lui pouvait se considérer uniquement comme Héraut et sujet. Mais l'un comme l'autre restait père et fils, et cela comptait. Pour Aranel, le royaume passerait peut-être avant Arthon mais il la savait assez futée pour comprendre ses arguments et trouver l'équilibre entre Valdemar et l'Héritier.
Arthon ne fut pas étonné que ses deux compagnons "s'en doutent". Tous les Hérauts devaient le deviner depuis un moment. Ce n'était pas parce que lui avait été assez aveugle pour mettre des mois à réaliser que les autres, moins impliqués, n'avaient rien soupçonné.
L'Histoire de Randale, et de ses enfants, tous les Hérauts la connaissaient. Arthon, Uriens, Aranel... Mais en parler, c'était déjà une demi-victoire. C'était accepter que la situation soit compliquée et insoluble si on ne faisait qu'écarter l'une des deux parties.
Uriens reprit son discourt, ayant pris en compte les arguments développés il y a quelques secondes par son fils. Impassible, Arthon écouta. Le néanmoins du Roi (et le rire discret d'Aranel) le soulagea intérieurement mais il s'attendait au reste.
Il hocha la tête: lui aussi, le DeFeriel ne lui disait rien qui vaille. Il secoua alors doucement la tête:
"Jamais un DeFeriel n'acceptera que sa fille, surtout sa fille ainée, ne devienne la "putain du Prince". Je ne peux pas la prendre comme maîtresse, ce serait les insulter, et ne résoudrait pas les problèmes intérieurs, tout en ne satisfaisant sûrement pas une potentielle épouse qui se sentirait insultée. Je ne peux pas faire ça à Saskia, ni à une autre femme. J'y avais déjà réfléchi." avoua-t-il.
Déjà que le jour où Saskia préviendrait sa famille, il risquait d'y avoir du sang... Il reprit:
" Saskia ne se laissera pas faire par sa famille, elle ne nous trahirait pas. Et pour éloigner sa famille, on pourrait, en tant que famille de la princesse leur donner un titre bien ronflant qui ne sert à rien... ou les envoyer à la Frontière..."
La dernière solution lui plaisait plus mais bien sûr était moins facile à réaliser sans les vexer.