C'était amusant quand en moins d'une heure, on arrivait à enchaîner des moments de pure déprime, des instants de plaisanteries légères, et des accès de colère impressionnants de part et d'autre. L'humour était clairement fait pour annoncer de graves nouvelles, de sérieux problèmes et en minimiser l'impact... ce qui ne fonctionnait pas toujours malheureusement. Les choses plus dures à annoncer ne pouvaient pas être rabaissées, et il n'y avait - en tout cas aux yeux de Beltran - pas de bonne manière de les faire entrer dans la tête de quelqu'un qui refusait de le voir. C'était ce qui se passait avec la maîtrise des armes d'abord, et la maîtrise de son Don ensuite, avec Irmingarde.
La rage de Mina n'avait d'égale que la colère brûlante de Beltran - qui elle, était largement nourrie par son inquiétude pour la jeune femme. Être quasiment mis à la porte avait aiguisé le ressentiment du Capitaine, qui ne comprenait pas lui-même pourquoi il était aussi touché alors qu'il avait l'habitude du mauvais caractère des gens, surtout dans l'armée. Ellia elle-même (paix à son âme) n'avait pas été une enfant de choeur et ils avaient failli en venir aux mains plusieurs fois sans que cela ne lui fasse le même effet que là.
Le blond capitaine était déjà en train de tourner la poignée de la porte quand la voix d'Irmingarde l'interrompit. Elle était si faible et malheureuse qu'il ne put s'empêcher de se retourner. Devant l'état catastrophique de la jeune femme, il sentit sa colère et sa vexation fondre comme neige au soleil. Elle avait les yeux presque pleins de larmes, l'air coupable - et elle s'excusait déjà. Beltran se maudit de ne pas savoir être plus diplomate - mais c'était un guerrier à la base, pas un homme à faire des ronds de jambe à la Cour (où il ne se montrait que le moins possible).
Il revint vers le lit, le visage le plus froid possible mais déjà en train de pardonner. Il la regarda sans bouger une seconde, touché par l'aveu qu'il savait difficile pour la jeune femme. Puis il s'assit sur le bord du lit et la regarda de nouveau avant de répondre:
"Tu es une des personnes les moins égoïstes que je connaisse. Tu as pris sur toi pour utiliser ton Don pour nous permettre de rentrer alors que tu en as peur, ça demande beaucoup de courage et pas du tout d'égoïsme. Tout le monde a le droit de craquer un peu de temps en temps, et je suis là pour partager si tu ne dis pas trop de bêtises."
Il l'empêcha de se relever:
"Je suis aussi handicapé des sentiments ne t'inquiète pas. Je ne pars pas fâché, mais tu as raison que tu dois te reposer. Alors je vais quand même y aller, je vais voir Isabeau si Raimon n'est pas déjà à son chevet et toi tu vas dormir. Je reviendrai demain matin. Dors bien ma chérie. "
La dernière phrase d'un ton très fraternel
évidemment. Il lui caressa la joue, l'embrassa sur le front et ajouta:
"Dis à Ezarell de ma part de te surveiller, d'accord. Et obéis aux Guérisseurs sinon je te rappelle qu'Isabeau n'est sans doute pas loin... "
En son for intérieur, il souffrait encore de son rejet même si elle venait de se dire son amie, et il se promit de laisser "trainer" un homme à lui ou au moins un guérisseur dans le coin histoire d'être sûr qu'elle n'allait pas faire une bêtise dans les jours qui viennent.
Il lui embrassa de nouveau la joue ( deux bisous en moins de six mois, un miracle ) avant de s'éclipser ( de fuir? )- immédiatement remplacé par un Guérisseur qui vint vérifier l'état général de la patiente.
[ Il revient te voir le lendemain comme promis. On pourra jouer un cours ou une autre discussion un peu plus tard si tu le veux

]